Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)

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Message  Louis Mar 24 Oct 2017, 7:22 am

Article 20e.

L'époux de Madeleine de Verchères.

Pierre Thomas Tarieu, de la Pérade, était lieutenant d'une compagnie dans les troupes de la marine.

Son père, Thomas Tarieu, sieur de la Naudière, était enseigne dans le régiment de Carignan. Il était devenu seigneur d'une partie de Sainte-Anne.

Sa mère, Marguerite Renée Denis de la Ronde, une trifluvienne, appartenait à une famille qui a bien mérité de la Nouvelle-France. Elle n'avait que quinze ans lorsqu'elle épousa Thomas Tarieu de la Naudière.

Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747) - Page 2 Iamge_13

De cette union naquirent trois enfants.

Louise-Rose, religieuse ursuline à Québec, puis à Trois-Rivières.

Louis qui mourut sans postérité.

Pierre-Thomas, vaillant officier, époux de Madeleine de Verchères.

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Message  Louis Mer 25 Oct 2017, 8:27 am

Article 21e.

Madame Pierre-Thomas de la Naudière.

Madelon a changé son nom !. . . Et pourtant, il était doux ce nom qui disait vaillance, "amour de la patrie"; nom que les habitants de Verchères prononçaient avec amour et respect.

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Message  Louis Jeu 26 Oct 2017, 7:07 am

Article 22e.

Madame Pierre-Thomas de La Naudière à Sainte-Anne de la Pérade.

Le manoir du seigneur de la Naudière était agréablement situé au confluent du Saint-Laurent et de la rivière Ste.-Anne, en face de Saint-Pierre-les-Becquets.

La vie de Madame de la Naudière à Sainte-Anne de la Pérade fut la vie de la femme forte de l'Evangile.

Il y avait chez elle autant de prudence et d'énergie dans la conduite des affaires que de force dans l'action.

Madame de La Naudière, aussi zélée pour la gloire de Dieu que pour le bien des censitaires, rendait à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

Elle mérita de recevoir une lettre spéciale de Mgr de Saint-Vallier, évêque de Québec. En voici le texte :

"Je suis aussi sensible, Madame, que je le dois être aux marques que vous me donnez de votre souvenir, et de ce que vous voulez faire pour une nouvelle église dans votre seigneurie" —

"Monsieur de la Gondalie mon grand vicaire, pourra régler avec vous tout ce qui sera convenable."

"Je m'en rapporterai à lui et à vous, soyez-en persuadée, et de la parfaite considération avec laquelle je suis

Votre très humble et très obéissant serviteur

Jean,  évêque de  Québec.

De  Québec, ce 18 janvier 1727.

Madame de La Naudière.

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Message  Louis Ven 27 Oct 2017, 6:35 am

Article 23e.

Madeleine sauve  une 1ère fois la vie de Mr de La Naudière.

L'abbé Daniel nous dit, page 519 de son Histoire des grandes familles françaises du Canada :

"Un nouveau trait de courage en achevant de lui gagner tous les cœurs, confirma la bonne opinion que l'on avait conçue du mérite de Marie-Madeleine. Mr. de la Pérade était à la poursuite des Iroquois aux environs de la rivière Richelieu, d'autres disent de la rivière Ste-Anne. Tout à coup, une multitude de ces barbares, qui jusque-là s'étaient tenus cachés dans les broussailles, se précipite sur lui au moment où il s'y attendait le moins. Il est sur le point d'être saisi. Mademoiselle de Verchères voit le danger. Aussitôt s'armant d'un mousquet, elle vole à son secours, et, aidée de quelques hommes, elle parvint à le dégager et à mettre les Iroquois en fuite. C'est alors qu'elle devint à son tour, la conquête de celui dont elle avait sauvé la vie."

La présence de Madeleine, fille, sur le Richelieu ou sur la rivière Ste-Anne, nous paraît chose plus ou moins acceptable.

Madeleine devait être mariée, lors de  cette aventure.

Le fait que plusieurs citent la rivière Ste-Anne donne de la valeur à cette opinion.

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Message  Louis Sam 28 Oct 2017, 7:12 am

 
Article 24e.

Marie-Madeleine de Verchères sauve une deuxième fois la vie à son mari, Mr de La Naudière, en 1722.

Laissons Madeleine nous raconter elle-même, son aventure, dans un mémoire écrit sur la demande de Mr le marquis de Beauharnois, gouverneur de la Nouvelle-France; mémoire qui fut présenté à Louis XIV.

Depuis que je suis mariée, je me suis trouvée, en 1722, dans une occasion assez délicate où il s'agissait de sauver la vie à Mr. de la Pérade, mon mari et à moi.

Deux Abénaquis des plus grands hommes de leur nation étant entrés chez nous, cherchèrent querelle à Mr. de la Pérade. Il leur dit en iroquois : sortez d'ici. Ils sortirent tous deux très fâchés. Leur sortie qui fut fort brusque nous fit croire la querelle finie. Nous n'examinâmes point leur démarche, persuadés qu'ils avaient pris le parti de s'en aller. Dans un moment nous fûmes fort surpris de les entendre tous dans le tambour de la maison, faisant le cri de mort et disant : Tagariauguen, qui est le nom iroquois de mon mari, tu es mort. Ils étaient armés : l'un d'un casse-tête et l'autre d'une hache; celui-ci enfonce, brise la porte à coups de hache, entre comme furieux, la rage peinte sur le visage, lève la hache sur la tête de Mr. de la Pérade, qui fut assez adroit et assez heureux pour parer le coup en se jetant à corps perdu sur le sauvage; mais il était trop faible pour pouvoir résister longtemps à un sauvage d'une stature gigantesque et dont les forces répondaient à la haute taille.

Un homme de résolution qui se trouva fort à propos à la porte de la maison…

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Message  Louis Dim 29 Oct 2017, 6:25 am

 
Article 24e.

Marie-Madeleine de Verchères sauve une deuxième fois la vie à son mari, Mr de La Naudière, en 1722.

SUITE

Un homme de résolution qui se trouva fort à propos à la porte de la maison donna du secours à Mr de la Pérade. Le sauvage qui était armé d'un casse-tête voyant son compagnon pressé, entre, lève le bras pour décharger son coup sur la tête de mon mari ; résolue de périr avec lui et suivant les mouvements de mon cœur, je sautai, ou plutôt, je volai vers ce sauvage, j'empoigne son casse-tête, je le désarme. Il veut monter sur un coffre, je lui casse les reins avec son casse-tête et je le vois tomber à mes pieds. Je ne fus jamais plus surprise que de me voir enveloppée à l'instant par quatre sauvagesses; l'une me prend à la gorge, l'autre aux cheveux, après avoir arraché ma coiffe; les deux autres me saisissent par le corps pour me jeter dans le feu.

A ce moment un peintre me voyant aurait bien pu tirer le portrait d'une Madeleine; décoiffée, mes cheveux épars et mal arrangés, mes habits tout déchirés n'ayant rien sur moi qui ne fût par morceaux, je ne ressemblais pas mal à cette sainte, aux larmes près, qui ne coulèrent jamais de mes yeux. Je me regardais comme la victime de ces furieuses outrées de douleur de voir, l'une son mari, les autres leur parent, étendu sur la place sans mouvement et presque sans vie.

Bientôt, j'allais être jetée dans le feu, lorsque mon fils Tarieu, âgé seulement de douze ans, animé comme un lion à la vue de son père qui était encore aux prises avec le sauvage et de sa mère prête à être dévorée par les flammes, il s'arme de ce qu'il rencontre, frappe avec tant de force et de courage sur la tête et sur les bras de ces sauvagesses, qu'il les obligea à lâcher prise. Débarrassée de leurs mains, je cours au secours de Mr de la Pérade, passant sur le ventre de celui que j'avais étendu par terre. Les quatre sauvagesses s'étaient déjà jetées sur Mr de la Pérade, pour lui arracher la hache qu'il tenait et dont il voulait casser la tête au malheureux qui venait de le manquer.

Prenant le sauvage par les cheveux, je lui dis : tu es mort, je veux avoir ta vie. Le Français dont j'ai parlé qui donnait secours à Mr de la Pérade me dit : Madame, ce sauvage demande la vie, je crois qu'il faut lui donner quartier.

En même temps ces sauvagesses qui jusqu'alors, avaient toujours poussé des cris effroyables qui nous empêchaient de nous entendre, demandèrent aussi la vie. Nous voyant les maîtres, nous crûmes qu'il était plus glorieux de laisser la vie à notre ennemi vaincu que de le faire mourir.

Ainsi je sauvai la vie à mon mari, et mon fils âgé de douze ans sauva la vie à sa mère. Cette action fut aux oreilles de Mr de Vaudreuil, il voulut s'informer du fait par lui-même, il vint exprès sur les lieux, il vit la porte cassée, il parla au Français témoin de l'action et sut dans la suite des sauvages mêmes, la vérité de ce que je viens d'exposer.

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Message  Louis Lun 30 Oct 2017, 6:41 am

Article 25e

Marie-Madeleine sauve une 3e fois la vie à son mari.

Le récit qui suit vient du juge Baby, allié à la famille de La Naudière:

"Plusieurs années après son mariage avec Tarieu de La Naudière, Mlle Jarret de Verchères sauva la vie à son mari pour la seconde fois. Les Iroquois, qui ne pardonnent rien, leur avaient juré une grande haine à raison des affronts que l'un et l'autre leur avaient infligés. Aussi, ne laissaient-ils jamais, chaque fois qu'ils passaient à Ste-Anne de la Pérade, de leur donner quelques marques de leur ressentiment.

Un jour, croyant, sans doute, que Mr de La Naudière était absent ou qu'elle pourrait tomber à l'improviste, une forte bande de ces cruels sauvages se présente au manoir seigneurial, au coucher du soleil, dans le mois de septembre, avec l'intention évidente de faire un mauvais parti à ses habitants.

"Située à une faible distance des bords du St-Laurent, cette résidence se trouvait assez éloignée des autres habitations, et les grands arbres séculaires qui l'environnaient en rendaient l'isolement encore plus complet. Mr de La Naudière, retenu au lit par un mal aigu et dangereux, un vieillard de quatre-vingts ans, une jeune servante de seize printemps à peine et la dame de céans en étaient les seuls occupants dans le moment."

Tous les canots soigneusement cachés dans les joncs, le chef et trois de ses sanguinaires compagnons se dirigent en courant vers la maison, tandis que les autres s'empressaient de se tapir derrière les arbres, attendant sournoisement le dénouement de leur trame.

"Madelon de Verchères, bien heureusement, vit venir ces misérables, et connaissant parfaitement leurs roueries, s'empressa de fermer la porte du logis, de la barricader du mieux possible, pendant que la jeune fille, sur ses ordres, lui apporta et plaça à ses côtés les deux seuls fusils à leur disposition, les serviteurs absents ayant emporté les autres.

"Ainsi préparée, elle attend de pied ferme, bien décidée à ne pas les laisser entrer dans la place, s'il est possible.

"A peine le chef et les siens étaient-ils parvenus au haut du large perron qui ornait la devanture de la maison, que sans attendre aucune interpellation de leur part, elle leur demande, dans leur langue qu'elle connaissait bien, ce qu'ils voulaient.

"Le chef un peu surpris de se voir apostropher de la sorte par une femme…

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Message  Louis Mar 31 Oct 2017, 7:26 am

Article 25e

Marie-Madeleine sauve une 3e fois la vie à son mari.

SUITE

" Le chef un peu surpris de se voir apostropher de la sorte par une femme, s'empressa de lui répondre doucereusement qu'il avait affaire à Mr de la Naudière, et devait lui communiquer des choses de grande importance, ajoutant que lui et ses compagnons avaient faim et soif et qu'ils savaient Mr de La Naudière assez généreux pour les recevoir et surtout leur faire distribuer un peu "d'eau de feu."

" D'une voix ferme qui ne traduisait en rien la crainte, elle répond aussitôt que son mari est trop occupé dans le moment pour les recevoir, et qu'ils font bien mieux de porter leurs pas ailleurs.

" Convaincu alors qu'il n'avait affaire qu'à une femme, ce rusé sauvage après avoir échangé quelques paroles à voix basse avec les autres auprès de lui, élevant tout à coup le ton, lui dit, avec insolence, d'avoir à lui ouvrir immédiatement, sans quoi il allait se frayer un passage lui-même, ajoutant: "Nous sommes les maîtres ici, puisque ton mari n'y est pas."

" Cette femme courageuse savait à n'en pas douter, le sort terrible qui leur était réservé à tous dans le cas où ces barbares effectueraient leur entrée. Son mari, témoin auriculaire de ce qui se passe ne peut pas, cependant, lui venir en aide. Que faire? Elle implore Dieu, remonte son courage et leur fait savoir on ne peut plus énergiquement que la porte allait leur rester fermée au nez, et que s'ils ne déguerpissaient pas au plus vite, elle prendrait les moyens, à l’instant même de les faire éconduire !

" Pleins de colère, et sentant qu'ils ne pourraient réussir dans leur affreux dessein, qu'en employant la force au lieu de l'astuce, ils se mirent en voie d'y avoir recours. Tout d'abord ils tentèrent d'enfoncer la porte, mais ne parvinrent qu'à l'ébranler quelque peu seulement. Rebutés ici, ils descendent précipitamment le perron en poussant des cris terribles et s'élancent vers une des fenêtres par laquelle ils comptent bien pénétrer à l'intérieur. Tous ensemble, ils y déchargent leurs fusils dans la maison. Les carreaux volent en éclats et les balles et le plomb vont se loger dans les soliveaux et les cloisons. Ne donnant pas le temps à ses assaillants de s'assurer de leur feu, prompte comme l'éclair, armée de ses deux fusils, Madame de La Naudière se jette dans l'embrasure de la croisée et tire successivement sur les deux sauvages qui, surpris de se voir rendre le feu d'une manière si imprévue, crurent qu'en effet ils allaient avoir à rencontrer forte partie; ils hésitent, puis lâchent pied, emportant un des leurs légèrement blessé à la jambe.

" Notre héroïne, témoin de ce mouvement, recharge prestement son arme…

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Message  Louis Mer 01 Nov 2017, 7:59 am

Article 25e

Marie-Madeleine sauve une 3e fois la vie à son mari.

SUITE

" Notre héroïne, témoin de ce mouvement, recharge prestement son arme et en vide le contenu sur ces barbares, qu'elle a l'indicible plaisir de voir disparaître à ses regards en pleine déroute, dans les ombres du soir. Ceux qui étaient restés en arrière, entendant le bruit de la fusillade, sentirent d'instinct qu'il devait y avoir résistance au manoir dont les maîtres étaient si bien connus pour leur bravoure, et que ce qu'ils avaient de mieux à faire était de retraiter, sans perdre le temps.

" En effet, ce fut un sauve-qui-peut général vers les embarcations, où ils sont aussitôt rejoints par leur chef et son escorte, et tous s'éloignent précipitamment du rivage sous l'impression que Mr de La Naudière et les siens sont à leurs trousses : c'est une véritable panique. Mais les épreuves de Madame de La Naudière n'étaient pas encore finies. A peine les Iroquois s'étaient-ils enfuis, que la jeune domestique accourt auprès de sa maîtresse et lui annonce avec effroi que la toiture est en feu. Ce sont deux sauvages qui l'y ont mis en lançant, dessus plusieurs flèches enflammées, avant de se retirer. Nouveau sujet de crainte et d'inquiétude pour cette épouse dévouée, au sujet de son mari!

" N'avait-il échappé aux Iroquois que pour devenir la proie des flammes? D'ailleurs ces rusés et méchants hommes n'étaient sans doute que cachés dans le bois tout auprès, pour revenir les exterminer à leur manière, du moment que l'incendie serait dans toute sa violence ! Elle ignorait qu'ils étaient eux-mêmes, dans le moment, sous le coup d'une grande frayeur, et se sauvaient de toute la vitesse de leurs canots, devant un ennemi imaginaire.

" Cependant, sans hésitation aucune, elle s'élance à l’intérieur et d'un coup d'œil, elfe mesure l'étendue du danger qui les menace. Déjà, les flammes montent tranquillement sur le toit à pic de l'édifice et sont sur le point de s'attaquer aux pièces du comble.

" Il fait calme plat heureusement. Avec l'aide de la jeune fille et les faibles efforts du vieillard dont j'ai parlé ci-dessus, une échelle est immédiatement appuyée sur le mur. On y est monté avec un peu d'eau. Mais que peuvent ces deux femmes contre l'élément dévorant déjà entièrement hors de leur contrôle ?  Madame de La Naudière voyait le feu gagner peu à peu…

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Message  Louis Jeu 02 Nov 2017, 6:52 am

Article 25e

Marie-Madeleine sauve une 3e fois la vie à son mari.

SUITE

" …Madame de La Naudière voyait le feu gagner peu à peu du terrain, malgré ses efforts surhumains pour ainsi dire, pour en arrêter les progrès, et il était déjà à l'intérieur lorsque soudain, elle se rappelle que son mari cloué sur un lit de douleurs, pouvait être exposé à un danger imminent. Elle se jette à terre pour ainsi dire, et rentre. Déjà une épaisse fumée remplissait la maison, le craquement des poutres en partie embrasées, et le pétillement des flammes se faisaient entendre. Elle se précipite dans la chambre où elle a laissé son mari quelques instants auparavant, appelant avec des cris de douleur celui que son intrépidité avait fait échapper à la fureur des barbares, mais qui va, peut-être, périr maintenant dans un brasier ardent. D'un bond, elle arrive auprès de lui et constate qu'il réalise parfaitement la position extrêmement critique dans laquelle il se trouve. Elle l'implore de vouloir bien faire un suprême effort, afin de se soustraire à une mort presque inévitable, en se sauvant au dehors avec  elle.

" Non, je ne le  puis pas, dit-il, car mes forces physiques m'ont complètement abandonné; mon sacrifice est fait, ajouta-t-il, et je suis prêt à me soumettre à la volonté de Dieu, qui après m'avoir sauvé du tomahawk, grâce à ton héroïsme, semble avoir décrété tout de même que ce jour sera le dernier de ma vie. Adieu, chère femme, laisse-moi ici à mon propre sort.

" Elle le voyait là devant elle, calme et résigné, attendant l'instant suprême. Alors, cette femme réellement extraordinaire, puisant dans son amour le courage voulu et trouvant une force qu'elle ne s'était jamais connue, enlève son mari dans ses bras, le traîne en quelque sorte au dehors et le dépose sur l'herbe à quelques pas de la porte où, épuisée physiquement aussi bien que moralement, elle s'évanouit à ses côtés. Au même instant une pluie qui menaçait déjà depuis quelques heures, éclate avec force et, de suite, les flammes qui, le calme aidant, n'avaient pas trop fait de progrès, commencèrent à s'éteindre.

" Les censitaires, attirés par la réverbération de l'incendie, accoururent en toute hâte et bientôt, sous les généreux efforts de leurs bras vigoureux, les flammes sont tout à fait éteintes. Madame de La Naudière, reprenant bientôt ses sens, s'empresse autour de son mari qui est rapporté soigneusement sur son lit. Quelques semaines plus tard, il reprenait son train de vie ordinaire."

" C'est ainsi, dit Mr Baby, que cette femme d'une bravoure éprouvée et d'une force morale au-dessus de tout éloge, sauva son mari deux fois, dans la même journée, d'une mort qui semblait inévitable assurément. L'intention bien arrêtée des Iroquois était d'assassiner Mr de La Naudière et son épouse. Des Sauvages amis leur en donnèrent l'assurance peu de temps après, et ils leur dévoilèrent tous les détails du complot. D'un autre côté, si Mr de La Naudière n'eût pas été transporté au dehors, il eût tout probablement été asphyxié."

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Message  Louis Ven 03 Nov 2017, 6:59 am

Article 26e.
Mort de  Marie-Madeleine.

Il faut finir par où toutes choses finissent.

Marie-Madeleine mourut peu après Mr de La Naudière, à Ste-Anne de la Pérade, le 8 août 1747, âgée de 69 ans.

Mr le chanoine Laflèche curé de Ste-Anne de la Pérade, nous envoyait dernièrement une copie de l'acte de sépulture de Marie-Madeleine :

L'an mil sept cent quarante-sept, huitième jour d'août, fut inhumée dans l'église de la paroisse de Ste-Anne près Batiscan, sous son banc, Marie-Madeleine de Verchères, Dame de la Pérade âgée d'environ soixante-neuf ans, par monsieur Ménage, curé de St-Joseph, le dit enterrement fait en présence de nous curé de la dite paroisse de Ste-Anne, des Sieurs Richard, curé de Batiscan, Poileau, curé de Ste-Geneviève, Desroches curé de St-Charles, des Roches et Parent, curés de St-Pierre les Becquets et de St-Jean Deschaillons, etc. Lequel enterrement fut précédé d'un service chanté par mon dit Sieur Richard, curé de Batiscan. Fait et passé à Ste-Anne, les an et jour que cy-dessus.

Rouillard, prêtre

L'affluence considérable de prêtres — on n'en nomme qu'une partie — qui assiste aux funérailles de Marie-Madeleine indique assez la considération dont elle jouissait durant sa vie, de la part du clergé comme de celle des habitants de Ste-Anne.

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Message  Louis Sam 04 Nov 2017, 7:11 am


Article 27e.

Les enfants de Madeleine.


Elle eut cinq enfants :

1° Marie-Madeleine qui décéda en bas âge.

2° Louis-Joseph qui décéda célibataire.

Jean-Baptiste de la Pérade, dit le chevalier. Héritier d'un grand nom, il y fit honneur. On le surnomma le chevalier. Telle mère, tel fils !

Jean-Baptiste mourut le 10 juillet 1755, des blessures qu'il avait reçues à la bataille de la Monongahela. Mr de Beaujeu expirait près de lui, et Washington s'écriait : nous avons été battus et battus honteusement.

Marie-Anne :

Mr le chanoine Rheault dit de la fille de Madeleine :

"Elle était de haute taille et d'une grande dignité de maintien, d'une beauté assez remarquable."

Elle épousa (en 1728) Richard Testu, sieur de la Richardière.

Charles-François:

Brave comme sa mère, et désireux de venger son frère, Charles-François se livra tout entier à la défense de la patrie de plus en plus menacée. A la tête des miliciens de Sainte-Anne, il se dépense partout. Il est à Oswego; il est au fort St-George; il est à Carillon.

C'est à Carillon qu'il reçoit la croix de  St-Louis.

C'est après la victoire de Carillon que Montcalm écrivait à Marie-Anne (dont nous avons parlé plus haut) :

"Aussi persuadé que reconnaissant, Mademoiselle, de la part que vous avez prise à l'avantage que j'ai remporté sur l'ennemy; je ne m'en glorifie pas davantage. J'y ai fait de mon mieux, mais Dieu et la valeur des troupes ont segondé les mesures que nous avions prises pour la défense de nos frontières.

Vostre frère (Charles-François), citoyen trop vertueux pour qu'on fasse rien pour luy, pleurait de joie en m'embrassant. Je vous voudrais à tous,  tous les bonheurs possibles....

Montcalm.

Charles-François fut dans la suite employé à de difficiles missions. Il s'agissait de demander aux habitants une partie de leurs bestiaux et de leurs provisions pour le ravitaillement de l'armée.

Le gouverneur de Vaudreuil, lui écrivait, après lui avoir donné cette mission :

"Vos manières insinuantes sont ce qu'il y a de mieux pour les amener (les habitants) [à] faire ce qu'on exige d'eux."

C'est-à-dire que Charles-François tout brave qu'il fut, était doux et sensible.

Ces deux traits accentués à ce point dans le fils se trouvaient donc aussi dans sa mère. Oui, Madeleine, qui était forte, n'en était pas moins douce et sensible.

Il faut savoir par le portrait des enfants compléter celui de leurs parents.
FIN

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Message  ROBERT. Sam 04 Nov 2017, 10:30 am

.
Merci Louis.
ROBERT.
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Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747) - Page 2 Empty Re: Marie-Madeleine de Verchères (1678-1747)

Message  ROBERT. Sam 04 Nov 2017, 11:58 am

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Au contraire des aventures de Batman et Robin qui sont pure fiction,

celles de Madeleine-de-Verchères sont vraies.  cheers    Encore merci Louis. 
ROBERT.
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