De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
. VIII. La véritable gloire de la femme est dans son action religieuse et dans la pratique de la charité.
Mais à quoi bon parler de nos salons, de nos arts et de nos théâtres? Ce n'est pas là qu'est la véritable gloire de la femme; elle est dans l'exercice des vertus religieuses, dans la pratique de la charité, dans cette longue suite de vierges, d'épouses et de veuves qui continuent depuis dix-huit cents ans la tradition des grands exemples chrétiens.
Nous aimerions à suivre à travers les siècles une si Belle histoire; mais comment suffire à pareille tâche? Que de noms il faudrait citer, depuis ces veuves illustres, en qui saint Jérôme saluait la gloire des dames romaines, jusqu'à ces humbles sœurs de la Charité qui sont aujourd'hui l'orgueil de la religion!
Chaque siècle d'ailleurs nous raconterait les mêmes prodiges de vertu, de piété, de sacrifices. Ne pouvant donc dérouler tout au long ces merveilleuses annales, nous essayerons, dans un dernier article, d'en détacher une page et d'en redire quelques noms.J.-CH. DABAS.
A suivre: 9e et dernier article.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Date d'inscription : 26/01/2009
Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
. IX. Femmes chrétiennes du 17e siècle.
Il est un siècle, assez voisin du nôtre, dont le nom est devenu synonyme de la gloire. Une plume brillante, mais égarée 1 l'outrageait récemment d'une sanglante façon. Pourquoi cela? Parce que fécond en œuvres chrétiennes aussi bien qu'en œuvres d'art et en illustrations de tout genre, ce siècle a vu s'accomplir, au profit du catholicisme, un de ces grands mouvements qui accusent sa vitalité! Eh quoi! fallait-il donc, pour nous prouver que la vie est la mort, décrier encore la gloire et la vertu? Est-ce vrai que pour accuser la direction catholique d'endormir la volonté, et la confession de la corrompre, on en soit réduit à ravaler un saint François de Sales, à déshonorer une sainte de Chantal, à rapetisser une révolution religieuse jusqu'aux proportions d'une intrigue dévote, à flétrir le grand siècle du nom que Molière a imprimé pour jamais sur le front de l'hypocrisie.
Laissons le siècle des François de Sales, des Vincent de Paul, des Bérulle, des Bossuet, des Fénelon, des Bourdaloue ; laissons le siècle des Corneille et des Pascal, des Lafontaine et des Racine, des Turenne et des Condé protester contre l'injurieuse dénomination de Tartufe. Il s'en défendra bien tout seul, je pense, et n'a pas besoin qu'on plaide ici sa cause devant la postérité 1.
Mais se peut-il qu'on traite de réaction factice un mouvement auquel s'associa tout ce qu'il y avait alors en France de grands esprits et de nobles cœurs, les familles les plus honorables de la magistrature, ce que la cour avait de plus sain, ce que le peuple avait de plus fort?
Se peut-il qu'on appelle esprit de mort l’esprit de charité qui produisit tant d'œuvres admirables, tant de dévouements sublimes, une activité si prodigieuse, que le détracteur lui-même, ne pouvant la nier, la qualifie d'intrigue jésuitique.
Qu'on parcoure seulement le tableau des institutions religieuses fondées au dix-septième siècle 2 : on est confondu de leur nombre vraiment incroyable. Ce sont partout des hospices qui s'ouvrent pour les malades, des asiles pour les indigents, des maisons de refuge pour le repentir, des écoles pour l'instruction de l'enfance. Nous ne parlons ni des églises, ni des couvents, ni des séminaires ; mais combien d'établissements consacrés au soulagement de la pauvreté et du malheur!
Combien de pieuses congrégations dont le seul but est d'assister la misère et d'éclairer l'ignorance, de sécher les larmes et de guérir les plaies de l'humanité! Pas une ville, pas un village, pour ainsi dire, qui ne voie se former dans son sein quelqu'une de ces associations charitables dont se couvre le sol de la France! C'est une œuvre particulière à ce grand siècle, c'est sa vocation la plus commune : il semble que le christianisme ait répandu sur lui ses fruits les plus mûrs, et l'ait chargé de reverser sur le monde tous les trésors de la charité.
Et quels sont les ministres qui distribuent ces immenses bienfaits?...
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1. M. Michelet a été mon maître, et je tâcherai de ne pas l'oublier ; mais la reconnaissance que je lui dois ne saurait aller jusqu'à faire taire la conscience du chrétien.— 1. Qu'il y ait eu des relâchements et des scandales dans ce siècle, que l'exemple même de la piété ait forcé quelquefois le vice à y prendre le masque de l'hypocrisie, je ne le conteste pas ; mais on l'a dit avec raison : l'hypocrisie est un hommage rendu à la vertu. Condamner un siècle sur des exceptions est une étrange injustice. — 2. Voir surtout le savant ouvrage de M. Picot, intitulé : Essai historique sur l'influence de la Religion en France pendant le 17e siècle; Paris, 1821, deux tomes.
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Louis- Admin
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Femmes chrétiennes du 17e siècle.(suite)
Et quels sont les ministres qui distribuent ces immenses bienfaits? Des femmes, pour la plupart ; des femmes agissant sous l'inspiration de leur foi, mais dirigées par des saints, ou tout au moins par de dignes prêtres, honneur de l'Église catholique. Aveuglement étrange de l'erreur, on va, pour attaquer la direction, choisir précisément l'époque où elle fait des miracles !
Comme autrefois les dames romaines, sous la conduite de saint Jérôme, que la malice de son temps n'épargnait pas non plus, c'est sous la direction des saint François de Sales, des saint Vincent de Paul, des Bérulle, que ces grandes âmes de femmes chrétiennes conçoivent et réalisent leurs admirables créations. Si on n'en veut pas croire les lumières et la sainteté de l'illustre évêque de Genève, recommandant cette pratique de l'Église catholique, en même temps qu'il enseigne à en éviter les dangers 1, qu'on en croie au moins les œuvres; qu'on ne refuse pas au moins d'ouvrir les yeux aux faits !
Pour commencer par l'objet des plus vives censures, qu'est-ce donc que cette Frémiot de Chantal, qu'on se plaît à nous représenter comme une femme d'un caractère austère et violent dès l'enfance, comme un esprit tout à la fois positif et passionné, cœur profond, qui couvre des abîmes de passion inconnus, âme endolorie , qui emporte au tombeau le secret de son martyre intérieur? C'est une femme dont la vie 2, comme on en fait l'aveu, est pleine d'œuvres et doublement remplie, vie de sainte et de fondatrice, mais d'abord vie d'épouse, de mère de famille et de sage maîtresse de maison.
Élevée par un père chrétien, au sein d'une de ces religieuses familles qui honoraient alors la magistrature, elle annonce, dès l'âge le plus tendre, une foi ferme et une piété vire. A cinq ans, on l'entend répondre avec une naïve horreur aux blasphèmes de l'hérésie ; à quinze, elle sacrifie à sa foi les intérêts d'un riche mariage ; et voilà son premier crime : c'est l'indice d'un esprit violent 1 !
Mariée ensuite, suivant la volonté paternelle, elle gouverne admirablement la maison et la fortune dérangée de son mari; veuve, elle administre successivement, et avec la même sagesse, celle de son père, de son beau-père, de ses enfants ; voilà son second crime, c'est un esprit positif!
Cependant cet esprit positif ne se laisse pas absorber par les intérêts matériels. Elle s'attache à former le cœur et l'esprit de son fils, de ses filles; elle s'occupe de l'âme de ses serviteurs; elle travaille pour les églises et pour les pauvres; elle ne se contente pas de visiter et d'assister en secret les membres souffrants de Jésus-Christ, elle les recueille dans sa maison, les soigne et les panse, dans leurs maladies, avec une humilité touchante.
Dans une famine, malgré le délabrement de sa fortune, elle nourrit, pendant toute la durée du fléau, tous les pauvres à sept lieues à la ronde de ses terres; elle épuise pour eux jusqu'à son dernier muid de farine, et, après l’avoir épuisé, elle continue de donner encore.
Après avoir prodigué les soins les plus tendres à son mari, elle se voue à soigner la vieillesse chagrine de son beau-père 2 .
Condamnée, chez le vieux baron, à supporter l'insolence d'une servante, elle s'y résigne avec une douceur angélique, et pousse l'héroïsme de la charité jusqu'à traiter les enfants de cette malheureuse comme ses propres enfants.
Mais où donc se révèle, à moins que ce ne soit dans la pratique des bonnes œuvres, cette âme passionnée qu'un feu secret dévore?
Nous y voici : madame de Chantal a rencontré un saint évêque à qui elle a ouvert son cœur, confié les peines de sa vie, confessé son…
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1. Introduct. à la Vie dévote, 1. I, ch. IV : de la Nécessité d'un Conducteur pour entrer et faire progrès en la Dévotion. « Cherchez-y, est-il dit, quelque homme de bien qui vous dirige et vous conduise; vous ne trouverez jamais si assurément la volonté de Dieu que par le chemin de cette humble obéissance. » Et après avoir cité l'exemple de la bienheureuse mère Thérèse, s'obligeant à suivre la directive et conduite d'un excellent homme; celui de sainte Catherine de Sienne, qui loue infiniment cette soumission; celui de la dévote princesse Élisabeth, qui se soumit avec une extrême obéissance au docteur M. Conrard; enfin les conseils de saint Louis à son fils. L'auteur ajoute, avec la prudence d'un saint directeur qui connut les difficultés aussi bien que l'importance de sa tâche : « Et pour cela, choisissez-en un entre mille, dit Avila. Et moi, je dis : Choisissez-en un entre dix mille; car il s'en trouve moins que l'on ne saurait dire qui soient capables de cet office. Il le faut plein de charité, de science, de prudence. Si l'une de ces trois parties lui manque, il y a du danger. » — Est-ce là le système des endormeurs, que saint François de Sales fut, dit-on, le premier à introduire?
— 2. Voir, pour cette vie et les suivantes, la Vie des Dames françaises les plus illustres par les services qu'elles ont rendus à la religion dans le 17e siècle.— Paris. 1801. Ce livre est, si je ne me trompe, d'an ancien évêque de Metz, Mgr Jauffret.
— 1. J'oublie un argument : elle était née, dit M. Michelet, l'année de la Saint-Barthélemy.
— 2. Elle le fait par deux motifs : par dévouement pour le père de son mari, et par dévouement aussi pour les intérêts de ses enfants. M. Michelet trouve mauvais qu'elle songe aux intérêts de ses enfants !
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Louis- Admin
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Femmes chrétiennes du 17e siècle.(suite)
Nous y voici : madame de Chantal a rencontré un saint évêque à qui elle a ouvert son cœur, confié les peines de sa vie, confessé son dégoût du monde et son désir ardent de la vie religieuse. Il l’a consolée dans ses chagrins ; il l’a guidée dans l’accomplissement de ses devoirs; il a différé longtemps d'exaucer les vœux de sa piété; et parce qu'après l'avoir si bien éprouvée, il consent à lui ouvrir enfin la porte d'un cloître, parce qu'après avoir acquitté ses obligations envers le monde, et comme fille et comme mère 1, elle s'en retire, non sans veiller encore de loin sur les objets de sa tendresse, on les accuse tous les deux, on les blâme, on les condamne !
Parce que deux âmes d'élite se sont liées d’une amitié sainte, et que cette affection toute spirituelle s'épanche dans un langage pur (on le reconnaît), mais plein des ardeurs de la charité, on cherche dans leur correspondance la trace de quelque secret honteux, on dénature leurs sentiments les plus respectables 2 on interprète d'une manière inouïe les manifestations les plus simples d’une foi qu'on ne comprend pas 3, on voit enfin des finesses et des mystères, là où il n'y a que l'expression chaste et profonde de l'amour de Dieu ! — Mais une âme peut-elle donc brûler à la fois de deux flammes contraires? Si celle de madame de Chantal est si faible et si malade, comment se fait-il qu'elle soit si forte et si ardente pour le service de Jésus-Christ?
Ce n'est pas seulement pendant la vie du cher évêque qu'elle travaille courageusement aux œuvres qu'ils ont fondées ensemble. C'est le même zèle et la même activité après sa mort. Je la vois toujours braver la fatigue des voyages et les maladies, pour donner à la Visitation des maisons nouvelles. Je la vois toujours répandre sur les pauvres les dons inépuisables de sa charité. Une peste arrive, et elle se multiplie pour assister les malades; la mort lui enlève son fils, et elle offre à Dieu les douleurs d'un cœur maternel. Jusqu'à la dernière heure enfin, elle veille avec la tendresse d'une mère sur le troupeau qui lui a été confié, et c'est avec une tranquillité extraordinaire qu'au milieu des larmes de sa nombreuse famille elle entre dans le repos éternel, en baisant son crucifix, et en répétant avec amour le nom de Jésus.
Près de la sainte fondatrice de la Visitation, une des plus dignes de lui être associées…
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1. Elle avait obtenu, bien qu'avec peine, le consentement de son père, qui ne demandait pas d'ailleurs à la garder auprès de lui, puisqu'il eût voulu la remarier. Elle avait établi sa fille aînée et emmené avec elle ses deux autres filles. Pour son fils, il était en âge de suivre ses études, et elle le confiait à un sage gouverneur. Le désespoir imprévu de cet enfant ébranla un moment sa mère; mais elle savait que les séparations de ce genre ne se font jamais sans déchirement, et elle savait aussi que le temps efface bientôt la douleur.
— 2. Voir ce que dit M. Michelet de la douleur profonde de madame de Chantal, à la mort d'une jeune sœur de l'évêque, que celui-ci lui avait donnée à élever. — Du Prêtre, de la Femme et de la Famille, p. 23.
— 3. Voir ce qu'il dit des communions de saint François de Sales. (Ibid., p. 19.) « Il l'associe non-seulement à sa pensée religieuse, mais, ce qui étonne, aux actes mêmes du prêtre. C'est généralement avant ou après la messe qu'il lui écrit; c'est à elle, à ses enfants qu'il pense, dit-il, au moment de la communion. Ils font pénitence aux mêmes jours, communient ensemble, quoique séparés. Il l'offre à Dieu lorsqu'il lui offre son fils. » Je souligne ce que l'auteur souligne, mais est-il possible qu'il soit assez étranger à nos croyances pour s'étonner de tout cela?
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Louis- Admin
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Femmes chrétiennes du 17e siècle.(suite)
Près de la sainte fondatrice de la Visitation, une des plus dignes de lui être associées dans le partage de la gloire et des outrages était la fondatrice des Carmélites réformées de France, la bienheureuse veuve Acarie 1. L'injure ne l'a point épargnée, car on la représente comme une femme singulièrement active et ardente, engagée dans toute l'intrigue dévote. C'est qu'elle aussi pourrait se glorifier d'une vie doublement remplie, vie de sainte et de fondatrice , mais d'abord vie d'épouse et de mère de famille. Fille excellente, femme et mère accomplie, elle se trouve à vingt-huit ans dans la position la plus gênée et la plus périlleuse, loin d'un mari exilé, chargée d'un vieux père et de six enfants en bas âge, embarrassée d'un procès où il y va de l'honneur et de la vie. Cependant son courage fait face à tout avec une activité, avec une intelligence admirable.
Qu'on juge de cette foi et de ce cœur!
A la porte des magistrats qui vont décider de son sort, elle conserve assez de liberté d'esprit pour enseigner les voies de Dieu à de pauvres femmes qui l'ont accompagnée dans le chemin. Oh! oui, ce fut une âme active et ardente, celle qui débutait ainsi dans la carrière de la charité ! Après avoir racheté la vie et réparé la fortune de son mari 2, madame Acarie consacre aux pauvres et aux bonnes œuvres tout le temps que lui laisse le soin de sa maison. En même temps qu'elle instruit ses enfants et soigne ses domestiques avec un dévouement sans exemple 3 elle visite les prisons, les hospices, la maison de la veuve et celle de l'indigent. Une partie de sa vie s'écoule à l'Hôtel-Dieu de Paris et à l'hôpital de Saint-Gervais, où, malgré des infirmités croissantes, elle passe des jours entiers et des nuits même à panser les plaies des malades, à prêter la main aux opérations des médecins. Pendant le siège et la famine de Paris 4, elle nourrit les pauvres gens du pain dont elle se prive. Quand elle a enfin épuisé les ressources d'une fortune immense, elle recourt à la bienfaisance de nos rois, et se fait la dispensatrice de leurs aumônes 5.
Est-ce là du dévouement? est-ce là de la charité?
Oui; mais cette femme est engagée dans l'intrigue dévote. C'est-à-dire qu'elle se montre plus jalouse encore du salut des âmes que du soin des corps; elle parle de Dieu aux malades qu'elle assiste et aux moribonds qu'elle console; elle travaille à la conversion des pécheurs et des femmes dissolues; elle dispute contre les hérétiques qu'elle confond par sa connaissance des Écritures, et qu'elle ramène quelquefois par une douceur égale à sa foi. Bien que mariée, et vivant au milieu du monde, elle se mêle d'introduire la réforme dans des maisons religieuses; elle établit, avec M. de Bérulle, l'ordre si sévère et si saint du Carmel; elle contribue ensuite, avec l'illustre cardinal, à la fondation de l'Oratoire; puis, devenue veuve, afin sans doute qu'il ne manquât rien aux vertus de sa vie chrétienne 6, elle prend l'habit et meurt, fille de sainte Thérèse, en édifiant le cloître par sa mort comme elle avait édifié le monde par sa vie. Si c'est là le reproche qu'on fait à sa mémoire, puissent beaucoup de femmes le mériter!
Mais pourquoi s'arrêter à ces deux noms, quand il en est tant d'autres…
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1. Elle est aussi connue sous le nom de Marie de l'Incarnation. — 2. Il n'est pas si rare alors que le prétend M. Michelet, de voir les femmes s'occuper des soins domestiques. Ce mérite, qu'il veut bien reconnaître à madame de Chantal, appartient à toutes les femmes chrétiennes que nous mentionnons ci-après.— 3. Un de ses domestiques ayant été attaqué d'une maladie pestilentielle, elle le fit transporter dans l'endroit le plus reculé de sa maison. C’était elle qui faisait son lit, qui lui donnait à boire, qui lui rendait les services les plus humiliants, qui le veillait pendant la nuit, et qui pansait une plaie dont l'odeur était si infecte, que le malade lui-même avait peine à la supporter. Après sa guérison, il ne parlait qu'avec enthousiasme du service que sa maîtresse lui avait rendu. — Vie de la bienheureuse Marie de l'Incarnation. — 4. L'an 1590. — Elle avait tous les jours à sa table un certain nombre de pauvres convives. Pour avoir un peu plus de pain à donner à ceux qui en manquaient, elle faisait mettre des cretons dans celui qu'elle mangeait. Les cretons sont les restes de la graisse dont on a tiré le suif qui forme la chandelle, et les animaux les plus voraces ont peine à s'en nourrir. Vie de la bienheureuse Marie de l'Incarnation. — 5. Henri IV lui envoyait vingt-cinq écus toutes les fois qu'il prenait le divertissement du jeu. (Ibid.) — 6. C'est une chose digne de remarque que toutes ces nobles femmes chrétiennes ont passé par le veuvage, et ainsi par les trois états de la femme, pour les sanctifier tous les trois. Beaucoup d'entre elles n'ont même vécu que très-peu de temps dans le mariage et ont atteint de bonne heure à la perfection des veuves, c'est-à-dire à l'état le plus saint après celui des vierges.
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Louis- Admin
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Femmes chrétiennes du 17e siècle.(suite)
Mais pourquoi s'arrêter à ces deux noms, quand il en est tant d'autres à qui l'on pourrait faire le même honneur? Pourquoi ne rien dire, par exemple, de la vénérable Louise de Marillac, de cette illustre veuve si chrétiennement appelée mademoiselle Legras 4qui fut, avec saint Vincent de Paul, la fondatrice des filles de la Charité?
L'auteur à qui nous répondons a-t-il reculé de respect devant des noms que poursuit encore la bénédiction publique? Qu'il en soit loué! mais alors l'ennemi de la direction catholique néglige un argument qui se retourne en arme invincible contre lui; car si jamais femme chrétienne a subi l'influence de la direction, c'est mademoiselle Legras; si jamais directeur a gouverné ceux qui le prenaient pour guide, c'est saint Vincent de Paul.
A peine ces deux saintes âmes se sont-elles connues, qu'elles se lient d'une amitié étroite. Après avoir commencé, dans la vie du monde, l'apprentissage de la charité, mademoiselle Legras l'achève auprès de cet homme apostolique, et, pour être plus à portée de recevoir ses conseils, elle se loge auprès de lui. C'est alors qu'elle devient réellement la servante des pauvres malades, titre touchant que la reconnaissance de l'Église lui a décerné.
Vincent se l'associe dans l'œuvre de ses pieuses missions; il l'envoie dans les villages visiter les confréries de charité qu'il établit dans toute la France, et instruire les filles des campagnes des devoirs de la religion. Elle, instrument docile, n'entreprend rien que d'après ses avis, d'après ses ordres; car il est pour elle l'interprète de la volonté de Dieu. Il commande et elle obéit, il dit un mot et elle part; mais avant de partir elle reçoit ses instructions écrites, et elle communie de sa main. Et comme il la suit dans ses voyages, où, a l'exemple du fils de Dieu, elle va par les villes et par les bourgs en faisant du bien !
Comme il s'intéresse à ses actions, à ses progrès dans la charité, à sa santé même! Un jour il apprend qu'elle a risqué sa vie pour soigner une fille malade de la peste, et il lui écrit pour l'en féliciter, en lui disant que cette nouvelle lui a attendri le cœur, et que la Providence divine veut certainement se servir d'elle pour quelque chose qui regarde sa gloire. Un autre jour il apprend qu'on lui a fait une ovation dans une ville où elle arrivait, et il lui écrit pour lui recommander avec un admirable à-propos l'esprit d'humilité 1. Dans d'autres circonstances il s'informe avec inquiétude si son poumon n'est pas incommodé de tant parler, et sa tête de tant d'embarras et de bruit.
Il l'engage à ne pas faire trop, et à conserver sa santé pour l'amour de Notre-Seigneur et de ses pauvres membres. On lui a dit qu'elle est toujours à l'Hôtel-Dieu, et il l'en blâme; il se voit même forcé d'en venir à des reproches sévères, et de lui faire envisager, touchante et pieuse exagération, l'excès de son zèle comme un crime !
« Craignez, lui dit-il, de faire plus que Dieu ne vous donne le moyen de faire. La pensée d'aller au delà me fait trembler de peur, parce qu'elle me semble un crime aux enfants de la Providence qui la suivent pas à pas, mas ne la préviennent jamais. » — Et cependant quels fardeaux ne lui impose-t-il pas lui-même dans son infatigable activité ! Ce n'est pas assez de l'employer aux missions, au service des malades et des pauvres, à la formation des confréries et des assemblées charitables, à l'établissement de cette communauté bénie dont il la fait supérieure, et qui va grandir par ses soins, comme le grain de sénevé de l'Évangile, jusqu'à embrasser bientôt toute la France 1. C'est à elle encore qu'il confie le soin de ses enfants trouvés; c'est à elle et à ses filles qu'il donne la charge de servir les galériens. Il l'approuve d'ouvrir des maisons de retraite aux femmes du monde, des écoles aux femmes du peuple, des asiles aux filles des campagnes chassées de leurs provinces par la famine ou par les armées.
Quand on songe à tant de prodiges opérés par la charité d'une femme, on ne sait ce qu'on doit admirer le plus de cette grande âme ou de celle qui la dirigeait; il est pourtant une chose qu'on admire davantage, c'est la puissance de la religion divine qui les inspirait toutes les deux.
Maintenant parlerai-je de madame de Pollalion…
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4. Les vierges chrétiennes qui étaient élues diaconesses, dans les premiers temps du christianisme, recevaient avec ce titre le nom de veuves, parce qu'elles vivaient comme des veuves, pour les œuvres extérieures de la charité. Au contraire, mademoiselle Legras, qui semble une veuve des premiers temps du christianisme, reçoit le titre de Mademoiselle, parce qu'elle vit en vierge chrétienne, après un vœu solennel de viduité. — 1. « Un esprit humble, lui dit-il, s'humilie autant dans les honneurs que dans les mépris : il est comme l'abeille, qui fait son miel aussi bien de la rosée qui tombe sur l'absinthe que de celle qui tombe sur le lis. » — Lettre de saint Vincent de Paul à mademoiselle Legras. — 1. Je pourrais ajouter les royaumes étrangers, car mademoiselle Legras eut la gloire d'envoyer un certain nombre de ses filles en Pologne.
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Louis- Admin
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Femmes chrétiennes du 17e siècle.(suite)
Maintenant parlerai-je de madame de Pollalion, cette autre missionnaire de saint Vincent de Paul, cette digne émule de mademoiselle Legras, qui institue les filles de la Providence 2, et, comme sainte Catherine de Sienne, s'applique surtout à la conversion des femmes débauchées?
Citerai-je l'autre Marie de l'Incarnation 3, cette institutrice des Ursulines de la Nouvelle-France, que son zèle pour le salut des âmes emporte vers les missions du Canada, et voue, pour le reste de ses jours, à l'instruction des filles sauvages?
Rappellerai-je la célèbre madame de Miramion, que sa charité ne laisse étrangère à aucune des bonnes œuvres du temps, et dont la vie, résumé de toutes les autres, semble rassembler toutes leurs vertus, comme un bouquet composé de toutes les sortes de fleurs 1 ?
Comment taire cette admirable duchesse de Montmorency qui, après avoir étonné la cour de ses vertus, et rempli la France de ses aumônes, frappée au cœur du coup le plus cruel 2, s'ensevelit toute vivante dans un couvent de Moulins, avec sa douleur immense et Dieu pour la consoler?
Comment ne pas nommer encore Jeanne de Lestonnac 3, la princesse de Conti 4, mesdames de Magnelais 5 et de Caumont 6, mesdemoiselles de Lamoignon et de Dampierre? On se lasserait de citer, avant d'épuiser la liste glorieuse de ces noms chers à l'humanité comme à la religion.
Tant de sacrifices ne pouvaient être perdus…
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2. Œuvre destinée à préserver les jeunes personnes de la corruption du monde. — Madame de Pollalion établit aussi les Nouvelles Catholiques avec les libéralités du maréchal de Turenne.
— 3. Marie Guyard, veuve à 19 ans de M. Martin. Ce furent les conseils d'un prêtre éclairé qui guidèrent sa vocation. Elle s'embarqua pour Québec, en 1639, en compagnie d'une autre veuve, non moins admirable, madame de la Peltrie, et de six religieuses Hospitalières et Ursulines. Là, pour accomplir son difficile apostolat, elle se mit d'abord à apprendre la langue des sauvages, puis les dialectes. A l'âge de 70 ans, malade et avec un corps tout cassé, elle transcrivait encore de gros dictionnaires en langue sauvage pour en faciliter l'étude à ses filles, en même temps qu'elle écrivait un nombre prodigieux de lettres, et qu'elle faisait toutes les affaires de son couvent, sans manquer à une seule observance. Cette femme héroïque était aussi l'une des femmes les plus spirituelles de son siècle. Sa mort, au milieu des petites filles sauvages qui entourent son lit et reçoivent ses adieux, est ce qu'on peut imaginer de plus sublime.
— 1. Orpheline à 14 ans, veuve et mère à 16, elle se livre, sous la direction de l'abbé du Festel, à tous les travaux de la charité, et leur consacre tout le temps qu'elle ne donne pas à l'éducation de sa fille. Comme mademoiselle Legras, elle sert les malades à l'Hôtel-Dieu, fait des missions dans les campagnes, ouvre des asiles, des écoles, des maisons de retraite, contribue à l'établissement de l'œuvre des enfants trouvés. Comme madame de Pollalion, elle fonde un refuge pour les femmes pécheresses, celui de Sainte-Pélagie. Comme l'apôtre du Canada, elle concourt, sinon par le sacrifice de sa personne, au moins par son argent, ses efforts et ses veilles, au développement des missions étrangères. Comme elles toutes enfin, elle institue sa communauté, celle de la Sainte-Famille, qu'elle réunit à celle de Sainte-Geneviève, et dont elle meurt professe et supérieure.
— 2. La mort de son mari, le fameux duc de Montmorency, qui monta sur l'échafaud dressé par Richelieu.
— 3. Jeanne de Lestonnac, nièce de Montaigne, qui fonda à Bordeaux la congrégation toujours existante des filles de Notre-Dame.
— 4. Elle donna aux pauvres, en peu d'années, plus de 900,000 livres.
— 5. Sœur des ducs de Retz. Elle revenait quelquefois des hôpitaux et de la maison des pauvres couverte de vermine, et elle disait avec un sourire que c'étaient là ses perles et ses diamants.
— 6. Veuve du comte de Saint-Pol.— On la vit un jour, à travers la treille de vigne qui cachait l'entrée d'une pauvre cabane, après avoir consolé une pauvre femme couverte d'ulcères, et lui avoir mis une pièce d'or dans la main, baiser humblement le visage de cette infortunée, qui faisait horreur à la nature.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Femmes chrétiennes de nos jours.
Tant de sacrifices ne pouvaient être perdus : la Providence, qui avait béni les œuvres de ces femmes illustres pendant leur vie, leur a donné la consécration du temps après leur mort.
Depuis lors, en effet, de grands événements se sont accomplis, de grandes ruines ont été faites; on a renversé les autels, on a voulu anéantir Dieu lui-même, et la foi a compté, dans notre France, de nouveaux martyrs, parmi lesquels les femmes n'ont pas été les dernières à donner leur sang.
Aujourd'hui [ Note de Louis : au XIXes.] , cependant, la plupart des institutions chrétiennes quelles ont fondées au dix-septième siècle sont encore debout, avec la foi et l'Église. Les filles de saint Vincent de Paul, que la révolution elle-même n'a jamais dépossédées tout à fait de leur héritage, le service des pauvres 1, continuent d'exercer parmi nous leur touchant ministère et de remplir nos hôpitaux, nos prisons, nos établissements de charité. Grâce à leur dévouement et à celui de leurs dignes sœurs 2 l'éducation gratuite des filles a fait d'immenses progrès dans nos villes et dans nos campagnes. Les missions étrangères recrutent sans cesse pour l'Afrique, pour l'Orient, pour le Nouveau-Monde d'autres Marie de l'Incarnation.
Les refuges ouverts au repentir se sont multipliés de toutes parts, et, sans aller bien loin, tout Bordeaux sait les miracles opérés chaque jour dans celte étonnante maison de la Miséricorde, que l'esprit et la mémoire d'une sainte fondatrice dirigent encore 3, par l'intermédiaire d'une autre sainte femme, héritière du même sang et des mêmes vertus.
Qui ne connaît enfin, malgré l'indifférence et la corruption du siècle, quelqu'une de ces femmes chrétiennes qui vivent au milieu du monde comme de véritables sœurs de Charité, visitant les pauvres, les prisonniers et les malades, peuplant les maisons de miséricorde des victimes qu'elles arrachent au vice, mêlées à toutes les pieuses entreprises, et créant quelquefois, par une inspiration soudaine, des œuvres que le génie leur envierait?
C'est une dame de Lyon qui a conçu l'idée d'une contribution hebdomadaire pour l'assistance des missions, et jeté les fondements de cette œuvre magnifique qui sera peut-être la gloire religieuse du 19e siècle, l'œuvre de la Propagation de la foi.
Voilà les grandes choses que le catholicisme accomplit tous les jours; voilà ce qu'il fait tous les jours par la femme et pour la femme. Quelle autre religion ou quelle autre doctrine pourrait se vanter d'en faire autant?
Ce n'est, sans doute…
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1. « La Révolution même, en supprimant les congrégations de toute nature, a permis aux sœurs de Charité de desservir encore l'hôpital de la Charité comme simples citoyennes, servantes des pauvres malades. Le génie révolutionnaire, grâce à leur abnégation et à leur pauvreté, n'a trouvé que leur nom dont il ait pu les dépouiller. » (Rapport de M. le baron Ch. Dupin sur le premier prix de statistique remporté par M. Demay, pour l'ouvrage intitulé : Monographie des Secourt publics de Paris. — Compte rendu des Séances de l'Académie des Sciences, L xx, 10 mars 1845.) — 2. On peut citer, par exemple, les sœurs de Saint-André ou filles de la Croix, fondées en 1817 par un vénérable prêtre du diocèse de Poitiers, M. Fournet, pour faire le pendant de l'institut des Frères de la Doctrine chrétienne. Le nombre de ces sœurs atteint maintenant le chiffre de 1200. (Voir le livre de M. Rodière.) — 3. Voir Vie de mademoiselle de Lamourous, dite la Bonne Mère, fondatrice et première supérieure de la maison de la Miséricorde, à Bordeaux; par M. l'abbé Pouget. —1843.
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Louis- Admin
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. La femme chez les peuples Infidèles, schismatiques et protestants.
Ce n'est, sans doute, pas aux nations infidèles qu'il faut demander ces miracles. A l'heure qu'il est, ne voyons-nous pas la femme, servante sous la loi de Moïse, esclave sous le Coran, bête de somme chez le sauvage 1, reproduire aux yeux de notre civilisation étonnée tous les degrés divers de la dégradation antique?
La juive, je ne parle pas de celle qui vit au contact d'un monde chrétien, sous l'influence bienfaisante de nos principes et de nos mœurs, mais la véritable juive, celle qui est exclusivement placée sous l'influence rabbinique, celle-là est avilie et traitée comme un être d'une nature inférieure, qu'on ne juge pas digne de l'instruction.
Chez les peuples musulmans, turcs, arabes ou maures, la femme est sans valeur morale; quand ce n'est point une esclave utile, c'est une créature dissolue, créée pour les plaisirs du maître; et telle est sa destinée que la mort elle-même ne la doit pas affranchir d'une si honteuse servitude : après avoir fait d'elle une odalisque dans ce monde, Mahomet en fait dans l'autre une houri.
Faut-il parler du Tartare, qui achète sa femme, vend sa fille ou sa sœur au prix de quelques vaches, et les fait travailler, sous la menace du fouet, à des ouvrages serviles 2 ?
Faut-il parler de l'insulaire anthropophage, qui vit comme une brute avec sa femelle, maître absolu de celle que la violence a mise sous son empire, et que sa tyrannie contient?
Il est certainement digne de remarque que la femme honorée partout où règne le christianisme, soit déshonorée, au contraire, partout où ses lumières n'ont pas pénétré ; mais une chose plus remarquable encore, c'est que, dans le christianisme lui-même, le degré d'estime et de dignité qu'il lui est donné d'atteindre soit partout en raison de l'excellence et de la pureté de la foi. Une seule église, disons-le hautement, une seule église, l'Église catholique, a su mettre et conserver sur son front le signe d'un affranchissement complet et la couronne de toutes les vertus. Chaque pas qui éloigne d'elle détache un fleuron et fait tomber une liberté.
Chez les Abyssins, dont l'église hérétique ne sait plus lire l'évangile et a presque oublié le nom de Jésus-Christ, la femme est retombée sous les infâmes coutumes du paganisme. À peine a-t-elle une famille, à peine connaît-elle le mariage ; elle appartient quelquefois à plusieurs époux ; et les prêtres, qui le croirait? les prêtres eux-mêmes trafiquent de son honneur.
Loin de nous la pensée d'assimiler à ces peuples dégénérés les églises schismatiques de la Russie et de l'Orient! mais le pope maintient-il bien sévèrement l'unité et l'indissolubilité du lien conjugal? La femme qu'il est chargé d'instruire à la vertu, pratique-t-elle bien glorieusement, et dans toute la liberté chrétienne, les sublimes devoirs de la charité ?
On en dirait autant des communions et des sectes protestantes…
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1. De Maistre, Éclaircissement sur le Sacrifice.—2. II en est ainsi chez les Tartares Nogaya, dans la Russie asiatique.
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. La femme chez les peuples Infidèles, schismatiques et protestants.(suite)
On en dirait autant des communions et des sectes protestantes. Assurément il existe chez nos frères séparés un grand nombre de femmes vraiment chrétiennes, vertueuses, charitables, amies du pauvre et des bonnes œuvres; mais où trouver chez elles le zèle qui dévore, le dévouement qui fait les apôtres, et au besoin les martyrs? Où sont leurs sœurs de Charité? Honteux de nous céder cette gloire, le protestantisme aurait voulu nous la dérober, ou du moins la partager avec nous. Il l'a essayé; qu'a-t-il produit? Il est resté impuissant à faire une sœur grise, comme il est impuissant à faire un missionnaire; j'entends un missionnaire digne de ce nom, qui ne se borne pas à colporter des Bibles, mais qui paie de sa parole et de son sang le tribut que l'amour seul ne refuse pas à la vérité.
— Pour l'honneur du mariage, on sait les atteintes qu'il lui a portées. C'est Luther qui est venu le premier, l'Évangile à la main, attaquer une des plus belles institutions de l'Évangile et de l'Église, rouvrir la porte au divorce, et donner une approbation scandaleuse à la polygamie. Ce sont des ministres, héritiers de son esprit, qui ont autorisé chez des princes chrétiens ce qui n'était permis qu'aux enfants du prophète 1, et favorisé par là une corruption devenue si grande, après la réforme, que les disciples les plus zélés du maître la comparaient à la licence du mahométisme 2 ». Ajoutez que les réformateurs ont encore nui au mariage en croyant le servir, lorsqu'ils ont immolé à la chair la virginité et le célibat.
Que si du protestantisme nous descendons à la philosophie du dernier siècle et aux différentes sectes d'incrédules qui en sont sorties, quel abîme nouveau de déchéance!
Quand on écoute le langage flatteur et doucereux qu'adresse à la femme la philosophie du 18e siècle, on croit entendre l'antique serpent qui siffle encore à son oreille, et qui emploie cette fois, pour la séduire, l'exquise politesse de la civilisation chrétienne. Qu'est-ce en effet que ces hommages adulateurs? Qu'est-ce que cette galanterie raffinée? Ces sentiments sont-ils ceux d'un respect tendre et sincère? Non ; que la femme regarde au front de cet ennemi, elle y verra deux signes, l'orgueil et la luxure. L'hypocrite lui cache, sous de fastueux compliments, le mépris qu'il a pour sa faiblesse et la haine qu'il porte à sa vertu. Mais ôtez-lui ce masque, ou bien attendez qu'il le dépose. Le voilà qui insulte ouvertement à la religion des femmes, il les raille de leur foi dans l'espoir de les en dépouiller. Il s'attaque à leur esprit, à leur cœur, à leurs mœurs, à tout ce qu'elles ont de plus saint et de plus cher.
Toujours l'homme, depuis sa chute…
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1. D'avoir jusqu'à quatre femmes. — « Le feu roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, avait trois femmes, et, lorsqu'avec ces trois femmes vivantes il voulut épouser encore mademoiselle de Voss, il trouva ses pasteurs disposés à le lui permettre. » De Bonald, du Divorce, p. 186. — 2. Ibid., p. 213.
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Comment elle est traitée par la philosophie du 18e siècle
et par les différents systèmes socialistes.
Toujours l'homme, depuis sa chute, a fait la guerre à la femme 3, toujours le vice a tendu des pièges à celle qui fut jadis l'auteur ou l'instrument de la séduction. Mais au 18e siècle, c'est la philosophie qui conspire avec le vice contre l'honneur des filles d'Ève, en outrageant Dieu et la pudeur 4, en abattant les autels du christianisme, pour relever ceux de la volupté. Conséquente à ses principes, à peine est-elle devenue maîtresse de l'État, qu'elle reprend et continue, dans l'ordre civil, l'œuvre de la réforme; elle proclame le divorce, l'établit sur des bases si larges que ses législateurs eux-mêmes en seront bientôt effrayés 1, et, non contente d'ébranler ainsi le mariage, elle lui enlève son caractère religieux et le réduit à une formalité légale.
Pourquoi s'arrêter dans une si belle voie?
Les plus hardis de ces libres penseurs pousseront à l'abolition même du mariage civil; ils encourageront la maternité honteuse du libertinage, et, pour consommer par un dernier crime cette suite d'attentats à la dignité de la femme, ils viendront jusqu'à l'adorer elle-même sous la figure d'une prostituée. D'une prostituée ! voilà la dernière forme du culte déshonorant que le 18e siècle offrait à la vanité féminine. La déesse est une esclave, et la dernière des esclaves, l'esclave publique des plus brutales volontés.
Nos révolutionnaires du moins n'affichaient pas la prétention d'émanciper la femme ; ils se contentaient de dresser des autels à sa servitude et à son infamie ; mais voici que de nouveaux réformateurs lui tendent la main pour la relever : ceux-ci s'apitoient sur son esclavage, ils gémissent de ses flétrissures, ils lui prêchent l'affranchissement et l'émancipation.
Qui sont-ils, ces nouveaux messies, qui viennent ajouter une page à l'Évangile, et accomplir ce que le Christ n'a fait qu'ébaucher ? Hélas ! voyez leurs œuvres : ils veulent effacer les inégalités apparentes que nos lois maintiennent entre l'homme et sa compagne, et ils oublient les différences réelles que la nature a mises entre elle et lui. Ils parlent de tarir, au profit des femmes, la source toujours ouverte de la débauche publique, et ils ne trouvent à la prostitution d'autre remède que la promiscuité. En vain repoussent-ils un mot qui fait horreur.
Disciples de Fourier, de Saint-Simon ou d'Owen 1, tous voudraient nous ramener, sous des formes diverses, à la hideuse liberté des sauvages et à l'égalité menteuse des Spartiates. Pauvres philosophes qui croient inventer des systèmes nouveaux, et ne font que reproduire servilement les utopies de la philosophie grecque!
Qu'ils écoutent ce qu'un Père de l'Église disait, il y a 1400 ans, des rêveurs qui les ont devancés : …
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3. Ibid. (De Bonald, du Divorce ?) — 4. Les apologistes de Voltaire éprouvent quelque embarras à parler d'un certain poème qui le déshonore à jamais. L'un d'eux, l'auteur du Discours couronné en 1844 par l'Académie Française, l'appelle un détestable chef-d'œuvre, comme si l'art pouvait produire un chef-d'œuvre, même détestable, en dehors de toute moralité. Les autres confessent que c'est une mauvaise action, et que ce n'est pas un bon ouvrage (voir le Discours mentionné au même concours de M. H. Baudrillart) ; mais ils insinuent que c'est un simple écart, un de ces caprices d'imagination qu'il faut regretter et pardonner au génie. Malheureusement pour la gloire de leur auteur, les souillures répandues dans le reste de ses écrits protestent contre cette indulgente appréciation. Le poème dont ils rougissent n'est que l'expression la plus cynique d'une corruption qui tantôt se déguise et tantôt s'étale, mais qui est au cœur de l'homme et de la société qu'il gouverne ; car elle est au fond de leur philosophie. — 1. Dans les trois premiers mois de 1793, le nombre des mariages rompus fut égal au tiers des mariages contractés. Il fallut poser quelques limites à la licence du divorce. — 1. Owen établit franchement la communauté de la femme. Saint-Simon et Fourier se défendent de la vouloir; mais ils y arrivent, l'un par l'institution de la femme libre, l'autre par la satisfaction donnée à la passion papillone,et l'abolition de l'article du Code civil civilisé sur le mariage.
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Louis- Admin
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Espoir du catholicisme et de l'avenir.
… Pauvres philosophes qui croient inventer des systèmes nouveaux, et ne font que reproduire servilement les utopies de la philosophie grecque!
Qu'ils écoutent ce qu'un Père de l'Église disait, il y a 1400 ans, des rêveurs qui les ont devancés :
« Quelqu'un de ces philosophes veut que les vierges combattent et s'exercent nues sous les yeux des hommes. Soyez bénis de ce que vous ne pouvez pas même supporter d'entendre ces choses; cependant des philosophes n'en rougissent pas. Un autre philosophe, leur coryphée, les conduit à la guerre, et veut qu'elles soient communes, comme l'entend un marchand de chair et un pourvoyeur de débauche. Si telles sont les lois que proposent les esprits voués à la philosophie, que dire de ceux qui ne sont pas philosophes? Si c'est là le langage de ceux qui portent la longue barbe et le manteau, que penser des autres?
« Non, la femme n'est point faite, ô homme, pour être commune! O vous, qui bouleversez toutes choses, qui changez des hommes en femmes, et conduisez les femmes à la guerre comme des hommes, c'est là l'ouvrage du démon, de confondre et de bouleverser tout, de remuer et de transporter les limites que Dieu lui-même a marquées dès le commencement à la nature. Dieu a donné à la femme la garde de la maison, à l'homme le soin des affaires publiques; vous, vous transportez la tête aux pieds, et vous faites des pieds la tête 2…. »
— Et ailleurs :
« À l'homme appartient le commandement, à la femme l'obéissance; intervertir cet ordre naturel, sanctionné par la loi divine, c'est attenter à l'honneur de tous les deux. On ne s'enrichit pas en envahissant un bien qui n'est pas à soi, on s'appauvrit. La femme qui se révolte contre le commandement s'avilit elle-même, car la gloire de la femme est dans son obéissance 3. »
Les femmes l'ont compris. Elles n'ont pas voulu d'un affranchissement qui les eût déshonorées. On offrait de les arracher à l'oppression, et elles ont refusé de tendre la main à leurs libérateurs. Qu'elles persévèrent! La femme libre, vraiment libre, qu'on affecte de demander à de nouvelles formes sociales, est trouvée depuis 18 siècles : c'est la femme émancipée par Jésus-Christ.
Grande et glorieuse par les mœurs, elle n'est pas, comme nous l'ayons montré, si déshéritée sous le rapport du rôle social…
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2. S. J. Chrysost., in Epist. ad Tit., c. III, homil. v. — 3. lbid. , in Epist. I ad Corinth., homil. XXVI.
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Espoir du catholicisme et de l'avenir.(suite)
Grande et glorieuse par les mœurs, elle n'est pas, comme nous l'ayons montré, si déshéritée sous le rapport du rôle social. Elle obéit, il est vrai, mais le commandement auquel elle obéit est doux 1 ; le joug sous lequel elle courbe sa tête est un joug d'amour, qui courbe aussi celle de son seigneur 2. Elle règne, d'ailleurs, en obéissant : elle règne par les vertus que le christianisme lui enseigne, par sa douceur, par sa modestie, par son dévouement; elle règne par ces dons supérieurs de la sagesse que la grâce de Dieu semble avoir attachés à son état; car c'est là un avantage immense qu'on ne peut méconnaître : la femme chrétienne occupe, au foyer domestique, la place de la sœur de Marthe aux pieds de Jésus.
« Tandis que l'homme est agité par les choses extérieures, comme par les vagues de la mer, elle, libre de toute affaire, est tranquillement assise dans le port; elle est à la maison comme dans une école de philosophie; elle y recueille son esprit, elle y fortifie son âme par la prière et par la méditation 3. »
Aussi, lorsque son époux rentre après le jour, fatigué, troublé ou chagrin, elle le délasse, le calme, le console; elle partage avec lui les biens qu'elle a amassés dans la solitude; elle relève son esprit et retrempe son âme; elle reçoit ses confidences, et lui fait entendre ses conseils, souvent plus écoutés que ceux d'un docteur ou d'un prince 4.
Que si l'homme apporte, comme il arrive si fréquemment dans notre malheureux siècle, une âme flétrie par le doute et tourmentée par le besoin de la vérité, elle a des paroles d'espérance et de vie; pour peu qu'elle joigne une piété noble à une foi sincère, l'infidèle ne résistera pas à la douceur de son éloquence, ou à la force de ses vertus. Combien de Clotildes obscures qui, chaque jour, convertissent au Dieu de Clovis les esprits les plus rebelles ! Comme au premier âge du christianisme, c'est sur des femmes crédules et ignorantes que l'Église aime à s'appuyer, et, comme au premier âge du christianisme, les païens du siècle le lui reprochent avec mépris. Laissons-les dire; la femme, comme on l'a si bien définie, est le cœur de l'homme, et, tant que le cœur sera sain, l'esprit peut être sauvé 1.
Des adversaires habiles ont fini par le comprendre : …
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1. « N'oubliez pas que vous êtes homme. Le jour où elle s'est donnée à vous, elle vous a reconnu son chef, le maître de la maison, ayant droit de gouverner sa faiblesse. Que votre tutelle ne soit donc pas une oppression ! Honorez votre propre commandement et n'avilissez pas votre autorité. Rappelez-vous l'instant où vous la reçûtes des mains de celui qui lui donna le jour : son père vint la remettre entre vos mains comme un dépôt confié à votre fidélité, à votre honneur ; elle passa des bras d'une mère dans les vôtres. Pour elle, plus d'autre maison que celle de son mari; vous devîntes tout pour elle. C'est elle qui vous a donné des enfants, et avec eux le nom de père. Ne soyez donc pas son tyran. » (S. J. Chrysost., homil. XXVI.) — 2 « Ce sont des esclaves attachés à une même chaîne : ils ne peuvent marcher l'on sans l'autre. » (Ibid.) — 3. S. J. Chrysost., in Joan., c. x, homil. LXI. — 4. lbid. — 1. On se rappelle les belles pages qui ont été écrites sur la femme chrétienne par M. de Cormenin. Qu'on me permette d'en citer quelques mots qui expriment ma pensée avec une éloquence que tout le monde envierait :« Il n'y a que la moitié de la société de perdue ; l'autre moitié ne l'est pas. Dieu, dans sa prévoyante sagesse, a voulu que ce qui périssait par l'homme se sauvât par la femme. Les femmes ont retenu cette virilité de l'âme qui n'a point de sexe et que les hommes ont perdue dans les débauches du doute et de la matière. Les femmes ont pris sur leurs maris cette sorte d'empire que les esprits fermes prennent toujours sur les esprits faibles..........Qu'elles gardent pour elles le gouvernement moral des esprits, ce gouvernement qui est le signe le plus manifeste des créatures que Dieu a faites à son image ! Les hommes ont abdiqué le commandement de leur espèce, c'est à la femme à le reprendre et à l'exercer dans le sein du foyer domestique, avec la sainte autorité d'une épouse et d'une mère.....On a fait, je le sais, et on fait encore des efforts inouïs pour corrompre la moralité de la famille ; on a dissous l'homme, on veut dissoudre la femme. La femme a résisté, elle résistera; elle s'adossera à la religion en ce monde qui s'ébranle et qui craque de toutes parts, et elle restera debout, pour les relever, au milieu de nos ruines. »
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Louis- Admin
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
IX. Espoir du catholicisme et de l'avenir.(suite)
Des adversaires habiles ont fini par le comprendre : étonnés 2, et plus alarmés encore de ne pas trouver d'auxiliaires au foyer domestique, de voir que leurs mères, leurs femmes, leurs filles échappaient à l'influence de leur incrédulité, ils ont dit : « Le prêtre est la cause de ce désordre, c'est lui qui gouverne nos familles. Le prêtre est notre ennemi, chassons le prêtre, imposons 1 à nos femmes nos idées et nos systèmes ; puis, marchons tous, en nous donnant la main, vers la religion de l'avenir. »
Il faut l'avouer, ce trait est parti d'une main sûre et dirigée par un coup d'œil juste : il va droit au but, et, s'il l'atteint, c'en est fait du catholicisme dans notre patrie. Heureusement, pour pénétrer jusqu'au siège de la vie, il faudrait qu'il brisât une forte cuirasse; car, fortifié par la charité, le cœur de la femme est capable de soutenir plus d'un assaut. Faut-il croire, d'ailleurs, que beaucoup d'incrédules se décident à lui livrer ce combat? Au lieu d'attaquer, plus d'un rendrait volontiers les armes. Combien en est-il qui, témoins de la paix et de l'innocence d'une épouse fidèle, ne se reprocheraient pas comme un crime d'attenter à sa foi, de troubler son âme, d'ébranler peut-être sa vertu, en voulant lui faire partager les visions éphémères d'un esprit malade ou les angoisses d'un cœur souffrant?
La conscience et l'intérêt de l'incrédule protègent la femme contre ses entreprises.
Que la femme, cependant, ne se fie pas trop dans ces dispositions : c'est sur Dieu seul qu'elle doit compter. Qu'elle s'affermisse au dedans, pour mieux résister aux attaques du dehors, et si jamais on tente de lui arracher sa foi, qu'elle se souvienne qu'il y va de son honneur et de sa liberté 2 ! Il y a solidarité entre elle et le christianisme. C'est lui qui l'a rachetée de la honte et de la servitude, à la condition qu'elle servirait d'instrument à son triomphe. Du jour où elle romprait ce contrat, signé au pied de la croix, du sang de Jésus-Christ, elle ne serait plus rien qu'une chose. Elle s'est élevée avec le christianisme; elle a régné par lui, elle périrait après lui.J.-CH. DABAS.
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2. Les femmes, dit M. Michelet, suivent volontiers les forts. Comment se fait-il donc ici qu'elles aient suivi les faibles? Il y a là, en effet, un grand mystère. Si M. Michelet en voulait chercher l'explication ailleurs que dans l'art ténébreux du prêtre, il comprendrait qu'il y a dans cette faiblesse apparente du catholicisme une force cachée et comme un attrait puissant qui sollicite tous les nobles penchants de la femme. Je suis de son avis quand il ajoute : le cœur seul et la raison donnent droit au fort près du faible . La religion n'établit si facilement son empire sur la femme que parce qu'elle satisfait à la fois son cœur et sa raison : son cœur, plus aimant que celui de l'homme, est par là meilleur juge d'une religion d'amour; sa raison, plus faible et plus désarmée, mais conduite aussi par un instinct d'autant plus sûr à s'abriter derrière l'autorité divine qui la protégera. — 1. M. Michelet dit : que le mari s'associe la femme dans sa route d'idées et de progrès! Mais qui ne voit que cette association de la force et de la faiblesse, c'est le despotisme, le despotisme de la raison privée asservissent la raison? Le R. P. Lacordaire le fait admirablement comprendre dans celle de ses conférences où il établit la nécessité d'une Église enseignante. — (Voir les Conférences de Notre-Dame de Paris, t. 1, p. 19, 26.) — 2. « Avant d'effacer l'Évangile, il faudrait enfermer les femmes. » (De Maistre, Éclaircissement sur les Sacrifices.)
FIN.
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Arthur- Nombre de messages : 1614
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
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Merci Louis pour cet excellent dossier.
Merci Louis pour cet excellent dossier.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: De la déchéance de la femme, et de sa réhabilitation par le christianisme.
LA FEMME CHEZ LES DÉNÉS - Par le R. P. A.-G. Morice, O.M.I., Missionnaire au Lac Stewart C.B. - 1906 :
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Roger Boivin- Nombre de messages : 13221
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