Les dogmes de Jansénius.
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Re: Les dogmes de Jansénius.
.28. Si les jansénistes invoquent tant saint Augustin, c'est pour abuser d'une de ses méprises. Impudence avec laquelle ils altèrent la sainte Écriture elle-même.(suite)
Luther lui-même reconnaît jusqu'à deux fois que l'interprétation des catholiques est juste et que le texte de saint Paul veut dire : « Tout ce qui n'est pas selon la bonne foi, selon la conscience, est péché. » Baïus, Jansénius et leurs sectateurs montrent moins de bonne foi que Luther ; nulle part ils ne reconnaissent le vrai sens du texte ; toujours ils abusent de la méprise de saint Augustin pour soutenir que toutes les actions des infidèles sont des péchés. Baïus le cite dans l'apologie de sa vingt-cinquième proposition ; Jansénius l'allègue plus d'une fois ; Arnauld en fait le fondement d'une de ses apologies. Dans la version imprimée française du Nouveau Testament, le même Arnauld, au lieu de traduire le passage de saint Paul : Tout ce qui ne se fait pas selon la conscience est péché, ose bien mettre : Tout ce qui ne se fait point selon la foi ou par la foi est péché, afin de pouvoir dire que toutes les actions des infidèles sont des péchés et que toutes leurs vertus sont des vices.
Ce n'est pas la seule infidélité que les sectaires ont osé commettre dans cette traduction pour insinuer leurs erreurs. Le Sauveur dit à la Samaritaine : « Si vous connaissiez le don de Dieu, et que vous sussiez quel est Celui qui vous dit: Donnez-moi à boire, peut-être lui eussiez-vous demandé, et il vous aurait donné de l'eau vive 2; » et aux Juifs : « Si vous croyiez Moïse peut-être me croiriez-vous aussi 3. » Cette expression peut-être,dans la bouche du Sauveur, indique le libre arbitre de l'homme ; les jansénistes l'ont supprimée dans leur traduction.
Ailleurs ils ajoutent au texte. Ainsi, quand saint Paul dit aux Romains : « La loi donne la connaissance du péché 4, » les jansénistes lui font dire : « La loi ne nous donne que la connaissance du péché. » C'est la répétition fidèle de ce qu'a fait Luther. Saint Paul dit, dans la même épître : Nous pensons que l'homme est justifié par la foi 1 ; Luther lui fait dire : Nous pensons que l'homme est justifié par la foi seule.
Les jansénistes falsifiant ainsi la parole de Dieu, peut-on s'étonner qu'ils falsifient la parole des saints Pères ?...
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2. Jean, 4, 10. — 3. Ibid., 5, 46. — 4. Rom., 3. — 1. Rom., 28.
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Re: Les dogmes de Jansénius.
.29. Ils falsifient et calomnient de même les Pères, notamment saint Augustin. Raisonnement qu'ils font pour cela.
Les jansénistes falsifiant ainsi la parole de Dieu, peut-on s'étonner qu'ils falsifient la parole des saints Pères ? Par exemple saint Chrysostome dit, sur l'Épitre aux Éphésiens : « C'est un prodige beaucoup plus étonnant de persuader les esprits que de ressusciter un mort.... Jésus-Christ dit à un mort : « Lazare, sortez, » et aussitôt il obéit ; saint Pierre dit à Tabith : « Levez-vous, » et elle ne fit aucune résistance. Il n'en est pas ainsi du consentement qu'on donne à la foi. Car écoutez ce que dit encore Jésus-Christ : Combien de fois ai-je voulu rassembler vos enfants, et vous ne l'avez pas voulu?... »
Saint Chrysostome conclut: « Car il est beaucoup plus difficile de persuader le libre arbitre par des raisons humaines que de former la nature. La raison de cela est que Dieu veut que nous devenions bons de notre plein gré. C'est pourquoi l'Apôtre dit que la vertu qui a opéré en nous, qui avons cru, est suréminente 2. » L'auteur des Hexaples jansénistes cite la conclusion du saint Père, mais en supprimant ces paroles : La raison de cela est que Dieu veut que nous devenions bons de notre plein gré, afin de lui faire dire tout l'opposé de ce qu'il dit.
Mais il n'y a pas de saint Père que les jansénistes aient tant calomnié, au sujet duquel ils aient dit tant de mensonges, que saint Augustin. Ils se disent ses disciples parce qu'ils lui attribuent leurs erreurs ; en quoi ils ne font que copier leurs devanciers en hérésie. Les prédestinatiens ou jansénistes du cinquième siècle se couvraient du nom et de l'autorité de saint Augustin. Le moine Gotescalch, janséniste du neuvième siècle, s'appelait lui-même un autre Augustin. Jean Wiclef, janséniste anglais du quatorzième siècle, se nommait Jean d'Augustin, pour insinuer l'identité de leur doctrine. Nous avons vu Luther commencer la guerre contre l'Église par ces trois thèses : « Quiconque dit que saint Augustin a dit quelque chose de trop en écrivant contre les hérétiques, celui-là dit que saint Augustin a menti presque partout. Ceci va contre le dire commun. C'est donner lieu aux pélagiens et à tous les hérétiques de triompher, et même leur attribuer la victoire. C'est encore exposer au mépris l'autorité de tous les anciens Pères. » Voilà ce que dit Luther dans ses premières thèses.
Calvin dit de même : « Nous ne suivons qu'Augustin. Augustin est tellement nôtre en tout que, s'il me fallait écrire une confession de foi, j'en produirais facilement une composée de ses propres paroles 1. »
Lors donc que le chef des prédestinatiens du dix-septième siècle intitulera l'arsenal de son hérésie Augustin de Jansénius …
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2. Chrysost., Hom. 3 in c. 1 ad Ephes. — 1. L. de Æterna Prædestinatione.
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Re: Les dogmes de Jansénius.
29. Ils falsifient et calomnient de même les Pères, notamment saint Augustin. Raisonnement qu'ils font pour cela.(suite)
Lors donc que le chef des prédestinatiens du dix-septième siècle intitulera l'arsenal de son hérésie Augustin de Jansénius , il ne fera que varier un peu le thème de ses devanciers.
Comme nous l'avons vu au quarantième livre de cette histoire, l'hérésie des prédestinatiens consiste à dire que Dieu ne veut sincèrement sauver que les prédestinés et que Jésus-Christ n'est mort que pour eux ; que les grâces efficaces qui leur sont accordées les mettent dans la nécessité de faire le bien et d'y persévérer, puisque jamais l'homme ne résiste à la grâce intérieure; que, néanmoins, ils sont libres parce que, pour l'être, il suffit d'agir volontairement et sans contrainte ; que les réprouvés sont dans l'impuissance de faire le bien, parce qu'ils sont ou déterminés positivement au mal par la volonté de Dieu, ou privés des grâces nécessaires pour s'en abstenir ; qu'ils sont néanmoins punissables, parce qu'ils ne sont ni contraints ni forcés au mal, mais entraînés invinciblement par leur propre concupiscence.
Les prédestinatiens de tous les siècles prétendent que ce système d'horrible fatalisme est la pure doctrine de saint Augustin. Cette prétention fût-elle bien fondée, le catholique ne s'en inquiéterait pas ; il dit tous les jours dans son acte de foi : Je crois la sainte Église catholique, et non pas : « Je crois saint Augustin. » Il approuve dans ce Père tout ce que l'Église catholique y approuve, ni plus, ni moins ; mais si, dans ses nombreux écrits, il se trouve certaines choses peu claires ou peu exactes, il ne s'en fait pas plus une règle de foi que de ce qui a échappé de peu clair ou de peu exact à d'autres Pères. Nous disons, avec Augustin lui-même : « Je ne croirais pas même à l'Évangile si l'autorité de l'Église catholique ne m'y déterminait. »
Les jansénistes ne l'entendent pas ainsi; ils en savent plus sur saint Augustin que saint Augustin lui-même; ils savent que saint Augustin, entendu à leur manière, doit être préféré, lui seul, à tous les Pères, à tous les docteurs, à tous les Papes, à toute l'Église catholique.
Et pourquoi ?
Parce que plusieurs Papes ont loué saint Augustin et approuvé sa doctrine contre Pélage. Et, de fait, nous avons vu, dans le cinquième siècle, le Pape saint Célestin écrire aux évêques des Gaules :…
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Re: Les dogmes de Jansénius.
29. Ils falsifient et calomnient de même les Pères, notamment saint Augustin. Raisonnement qu'ils font pour cela.(suite)
Et, de fait, nous avons vu, dans le cinquième siècle, le Pape saint Célestin écrire aux évêques des Gaules :
« Augustin, homme de sainte mémoire, a toujours été dans notre communion pour son mérite et n'a jamais été flétri du moindre bruit d'aucun mauvais soupçon. Sa science était telle, je m'en souviens, que mes prédécesseurs le comptaient entre les principaux docteurs ; il était aimé et honoré de tout le monde. C'est pourquoi vous devez résister à ceux qui osent attaquer sa mémoire et leur imposer silence. »
A cette lettre du Pape saint Célestin sont joints neuf articles touchant la grâce, comme renfermant ce que les Papes avaient déjà défini sur cette matière et cité comme partie de la même lettre, dès le commencement du siècle suivant. A la suite de ces articles on lit ces mots :
« Quant aux questions plus profondes et plus difficiles qui ont été traitées amplement par ceux qui ont combattu contre les hérétiques, nous ne les méprisons pas, mais nous n'avons pas besoin de les traiter ; car, quant à ce qui est à confesser touchant la grâce de Dieu, nous croyons que ce que nous enseignent les écrits du Siège apostolique suffit, en sorte que nous ne regardons nullement comme catholique ce qui serait contraire aux sentences décrétées plus haut. »
Cette lettre de saint Célestin, avec son appendice, est extrêmement remarquable. Le Pape y venge la mémoire de saint Augustin ; il le place parmi les principaux docteurs de l'Église ; il témoigne que jamais soupçon fâcheux n'a flétri sa renommée ; mais il n'approuve pas pour cela, en détail, tout ce qu'il a pu dire, même sur la grâce.
La dernière règle à cet égard, ce n'est pas ce que les docteurs ont pu écrire sur ces questions ardues, mais ce que le Siège de Pierre a défini, soit directement par lui-même, soit en approuvant les définitions des conciles.
Or, comme il a été dit au concile œcuménique d'Éphèse, saint Pierre, jusqu'à présent et toujours, vit et juge dans ses successeurs.
Donc les définitions qu'il donnera sur la grâce au dix-septième et au dix-huitième siècle n'auront pas moins d'autorité que celle qu'il donnait au cinquième.
Les jansénistes ne l'entendent pas ainsi. Voici comment ils raisonnent : « Le Pape…
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Re: Les dogmes de Jansénius.
29. Ils falsifient et calomnient de même les Pères, notamment saint Augustin. Raisonnement qu'ils font pour cela.(suite)
Les jansénistes ne l'entendent pas ainsi. Voici comment ils raisonnent :
« Le Pape Célestin et quelques autres ont loué saint Augustin et approuvé formellement plusieurs points de sa doctrine ; donc tout ce que saint Augustin a dit, et même ce qu'il n'a pas dit, mais que nous lui faisons dire, est article de foi; y contredire c'est manquer de respect à saint Augustin, de respect aux Papes, de respect à toute l'Église. »
Telle est la quintessence du gros livre de Jansénius, et des livres innombrables des jansénistes, réduits à leur plus simple expression.
De là tout le monde conclura : Mais, si l'autorité du Pape a tant de force quand il approuve en général les écrits et la doctrine d'Augustin, elle n'en aura pas moins quand il condamne les écrits et la doctrine de Jansénius, quand il déclare expressément que le livre de Jansénius ne contient pas la pure doctrine d'Augustin, mais une doctrine hérétique, résumée dans les cinq propositions.
Le janséniste ne raisonne pas comme tout le monde, mais de cette manière-ci :
« Le Pape moderne qui condamne les écrits et la doctrine de notre père Jansénius se trompe, parce que notre père Jansénius ne dit pas autre chose que saint Augustin, approuvé par l'ancien Pape : cela me paraît tout évident. Quoi qu'en dise le Pape moderne, les cinq propositions ne sont pas dans notre père Jansénius, parce que je ne les y ai pas vues : cela me paraît tout évident. D'ailleurs l'Église, non moins que la lune, éprouve des éclipses, des obscurcissements, et l'on peut dire, avec notre vénérable patriarche de Saint-Cyran, que, depuis cinq cents ans, il n'y a plus d'Église. »
Telle est la substance de toutes les argumentations jansénistes sur ce chapitre.
Nous ayons vu saint Vincent de Paul combattre le jansénisme…
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Re: Les dogmes de Jansénius.
30. Sophisme des jansénistes pour décrier la morale des Jésuites. À quoi se réduit la morale janséniste.
Nous ayons vu saint Vincent de Paul combattre le jansénisme dès l'origine et en signaler les funestes conséquences pour la piété et les mœurs. Les Jésuites, pour lesquels il eut toujours grande affection et estime, ne montrèrent ni moins de pénétration ni moins de zèle ; aussi les Jansénistes décochèrent-ils contre eux tous leurs traits. Les fils de Jansénius, petits-fils de Calvin, représentèrent comme des corrupteurs de la morale les fils de saint Ignace, les frères des saints François-Xavier, François Borgia, François Régis, Stanislas Kostka, Louis de Gonzague. Pour cela ils s'y prirent de cette façon.
On appelle casuistes les théologiens qui s'occupent non-seulement d'étudier les principes généraux de la morale, sur quoi tout le monde est d'accord, mais de les appliquer en détail aux cas les plus difficiles qui peuvent se présenter dans la pratique, et qui varient singulièrement selon les pays, les temps et les circonstances, en sorte que bien souvent une décision qui s'applique à l'un ne s'applique pas à l'autre, quoique sous certains rapports ils paraissent les mêmes. Dans cette multitude et cette variété de décisions il y en a qui excèdent, soit du côté de la rigueur, soit du côté de l'indulgence. Parmi les casuistes de la Compagnie de Jésus quelques-uns excèdent quelquefois de ce dernier côté, mais pas plus que certains casuistes d'autres ordres religieux ni du clergé séculier.
Voici maintenant de quoi s'est avisée l'industrie janséniste : ramasser çà et là ces décisions trop indulgentes ; pour en augmenter l'effet, faire dire à certains auteurs ce qu'ils ne disent pas, ou autrement et plus qu'ils ne disent; former de ces lambeaux épars un plan régulier de corruption universelle, attribuer ce plan aux Jésuites et à eux seuls. C'est à ourdir élégamment et plaisamment cette calomnie infernale que le janséniste Pascal a prostitué sa plume et son génie.
Mais alors qu'est-ce donc que la morale janséniste, puisqu'elle permet un pareil procédé ?
La morale janséniste n'est pas une morale; car quelle morale, quelle règle de mœurs, veut-on qu'il y ait pour nous si nous ne sommes que des machines, si nous faisons nécessairement ce que nous faisons ?
Quelle morale, quelle religion veut-on qu'il y ait sous un Dieu janséniste, sous un Dieu qui nous punit, comme celui de Luther et de Calvin, non-seulement du mal que nous ne pouvons éviter, mais du bien que nous faisons de notre mieux ?
FIN.
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