Les dogmes de Jansénius.

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Message  Louis Jeu 17 Nov - 16:31

Les dogmes de Jansénius. Rohrba10
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Pour la source, cliquez sur l'image en haut à gauche.

Des Nos seront placés au devant des SOMMAIRES suivants, tirés de Rohrbacher, afin d’éviter de surcharger inutilement cette page; elle sera éditée pour y déposer les liens, dès que possible.  

Bonne lecture à tous.

Bien à vous.

___________________________________

§ v.

SERVICE ÉMINENT QUE VINCENT DE  PAUL REND À L'ÉGLISE
PAR SON ZÈLE ÉCLAIRÉ CONTRE L'HÉRÉSIE JANSÉNISTE.
COMMENCEMENT  ET CARACTÈRE DE CETTE HÉRÉSIE.

.

1. L'hérésiarque de Hauranne découvre le fond de son cœur à Saint Vincent de Paul, croyant pouvoir le séduire. Conduite du saint à son égard.  

2. Notice sur Jean du Verger de Hauranne. Ses liaisons avec Jansénius, la famille Arnauld et Port-Royal. Son livre de la Question royale. Ses lettres.    

3. Sa doctrine n'est autre que celle de Luther, Calvin, Wiclef, Jean Hus, Richer et Antoine de Dominis. Portrait qu'un magistrat contemporain fait de la secte janséniste.

4. Barcos, neveu de Hauranne, soutient que l'hérésie des deux chefs qui n'en font qu'un.

5. Duplicité janséniste dans Pascal et Nicole.

6. Tendance schismatique de l'avocat janséniste Simon Vigor. Observation de Fleury.

7. Tendance schismatique des avocats Pithou et Dupuis, condamnés par vingt-deux évêques de France et même par Fleury, qui les imite.

8. Portrait que l'évêque Fléchier trace des magistrats de son temps.

9. Pour éloigner les fidèles de la sainte communion, le docteur Arnauld publie son livre de la Fréquente Communion. Jugement qu'en porte saint Vincent de Paul.

10. De Hauranne compose dans le même but le Chapelet secret du Saint-Sacrement. Échantillon de sa doctrine et de son style.

11. Projet de Bourg-Fontaine.

12. Biographie de Jansénius. Ses dispositions équivoques, même à la mort. Son peu de délicatesse en fait de probité.    

13. Publication de son Augustinus. Premières condamnations que cet ouvrage subit.

14. A Paris, Isaac Habert est le premier à s'élever publiquement contre la nouvelle hérésie.

15. Le docteur Cornet réduit la doctrine du livre de Jansénius à cinq propositions qu'il dénonce à la faculté de théologie. Plus de quatre-vingts évêques défèrent le même livre au Pape et lui demandent un jugement. Onze évêques lui écrivent en sens contraire.

16. Innocent X condamne les cinq propositions tirées du livre de Jansénius. La doctrine de cet hérésiarque se réduit à nier le libre arbitre de l'homme et à faire Dieu même auteur du péché, à l'exemple et à la suite de Hobbès, Spinosa, Luther, Calvin, Wiclef, Manès et Mahomet.

17. La constitution d'Innocent est reçue sans opposition en France. Lettre mémorable que l'assemblée du clergé écrit au Pape.

18. Ce que saint Vincent de Paul écrit là-dessus à un de ses missionnaires.  

19.Lettres mémorables du même saint à plusieurs évêques.    

20. Son zèle pour faire condamner l'erreur; sa charité pour ramener les errants.

21. Retour sincère de trois d'entre eux.    

22. Duplicité des jansénistes. Tant que les cinq propositions ne sont pas condamnées, ils les soutiennent comme véritables et contenues dans le livre de Jansénius. Après la condamnation ils soutiennent le contraire en public, mais toujours la même chose entre eux.

23. Le Pape condamne l'explication janséniste.

24. Arnauld la renouvelle dans sa lettre à un duc et pair. La faculté de théologie censure deux propositions de ces lettres.

25. Nouvelle subtilité des jansénistes. Ils prétendent que l'Église .n'est infaillible que sur les questions de droit, et non sur les faits dogmatiques, par exemple si telle proposition de tel livre est hérétique ou non. Syllogisme des jansénistes pour échapper à l'autorité de l'Église et au formulaire de soumission qu'elle prescrit.    

26. Ce syllogisme soutenu et diversifié par Pascal et Nicole dans les Lettres provinciales. Ce qu'il en est de ces Lettres.

27. Mensonge des jansénistes quand ils se disent disciples de saint Thomas. Opposition entre leur doctrine et la [s]ienne.

28. Si les jansénistes invoquent tant saint Augustin, c'est pour abuser d'une de ses méprises. Impudence avec laquelle ils altèrent la sainte Écriture elle-même.    

29. Ils falsifient et calomnient de même les Pères, notamment saint Augustin.Raisonnement qu'ils font pour cela.

30. Sophisme des jansénistes pour décrier la morale des Jésuites. À quoi se réduit la morale janséniste.


Dernière édition par Louis le Mer 11 Jan - 7:42, édité 31 fois

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Message  Louis Jeu 17 Nov - 16:37

1. L'hérésiarque de Hauranne découvre le fond de son cœur à Saint Vincent de Paul, croyant pouvoir le séduire.
Conduite du saint à son égard.
 
Dans une conférence qu'il fit aux siens sur les dangers du royaume de Pologne, attaqué tout ensemble par la guerre, la peste, la famine, le schisme et l'hérésie, les Russes et les Suédois, Vincent de Paul leur dit ces paroles mémorables :

« Un auteur d'hérésie me disait un jour : « Dieu est enfin lassé des péchés de toutes ces contrées ; il est en colère, et il veut résolument nous ôter la foi, de laquelle on s'est rendu indigne. Ne serait-ce pas, ajoutait-il, une témérité de s'opposer aux desseins de Dieu et de vouloir défendre l'Église quand il a résolu de la perdre? Pour moi, disait-il encore, je veux travailler à ce dessein de détruire. »

Hélas! Messieurs, peut-être disait-il vrai quand il avançait que Dieu, pour nos péchés, veut nous ôter l'Église ; mais cet auteur d'hérésie mentait en disant que c'était une témérité de s'opposer à Dieu en cela et de s'employer pour conserver son Eglise et la défendre ; car Dieu le demande, et il le faut faire. Non, il n'y a pas de témérité de jeûner, de s'affliger, de prier pour apaiser sa colère, et de combattre jusqu’à la fin pour soutenir et défendre l'Église en tous les lieux où elle se trouve. Que si jusqu’à présent, du moins à ce qu'il paraît, nos efforts semblent avoir été inutiles à cause de nos péchés, il ne faut pas nous désister pour cela, mais, en nous humiliant profondément, continuer nos jeûnes, nos communions et nos oraisons avec tous les bons serviteurs de Dieu qui prient incessamment pour le même sujet; et nous devons espérer qu'enfin Dieu, par sa grande miséricorde, se laissera fléchir et nous exaucera. Humilions-nous donc autant que nous pourrons en vue de nos péchés; mais ayons confiance et grande confiance en Dieu, qui veut que nous continuions de plus en plus à le prier pour ce pauvre royaume de Pologne si désolé, et que nous reconnaissions que tout dépend de lui et de sa grâce 1. »

Telles sont les paroles mémorables de Vincent de Paul.

Mais quel était cet auteur d'hérésie qui entreprit alors de travailler à la ruine de la religion et de l'Église ? Vincent de Paul voyait à Paris un de ses compatriotes, Jean du Verger de Hauranne, né à Bayonne et abbé de Saint-Cyran, au diocèse de Poitiers. On vantait sa vertu, son érudition et ses autres qualités. Vincent le fréquenta ; une amitié particulière s'établit entre eux. Hauranne, voyant en lui un compatriote humble et modeste, commença de lui découvrir peu à peu l'ensemble de ses idées et de ses projets. Le serviteur de Dieu fut d'abord surpris d'entendre une doctrine et des maximes bien extraordinaires ; plus il allait avant dans cette découverte, plus les sentiments de son compatriote lui paraissaient dangereux.

Un jour, entre autres…
_______________________________

1. Collet, l. 8. Abelly, 1. 4, c. 10.

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Message  Louis Ven 18 Nov - 7:10

1. L'hérésiarque de Hauranne
découvre le fond de son cœur
à Saint Vincent de Paul,
croyant pouvoir le séduire.
Conduite du saint à son égard.

(suite)


Un jour, entre autres, étant tombés en discourant ensemble sur quelque point de la doctrine de Calvin, il fut fort étonné de voir cet abbé prendre le parti et soutenir l'erreur de cet hérésiarque. Sur quoi lui ayant représenté que cette doctrine de Calvin était condamnée de l'Église, l'abbé lui répondit « que Calvin n'avait pas eu tant mauvaise cause, mais qu'il l'avait mal défendue; » et il ajouta ces paroles latines : Bene sensit, male locutus est.

Une autre fois, comme cet abbé s'échauf¬fait à soutenir une doctrine qui avait été condamnée par le concile de Trente, Vincent, croyant que la charité l'obligeait de lui en faire quelque avertissement, lui dit : « Monsieur, vous allez trop avant. Quoi ! voulez-vous que je croie plutôt à un docteur particulier comme vous, sujet à faillir, qu'à toute l'Église, qui est la colonne de la vérité ? Elle m'enseigne une chose, et vous en soutenez une qui lui est contraire. O Monsieur ! comment osez-vous préférer votre jugement aux meilleures têtes du monde et à tant de saints prélats assemblés au concile de Trente, qui ont décidé ce point ? — Ne me parlez pas de ce concile, repartit Hauranne; c'était un concile du Pape et des scolastiques, où il n'y avait que brigues et que cabales. »

Le serviteur de Dieu étant allé un jour lui rendre visite le trouva dans sa chambre lisant la Bible. Comme il demeura quelque temps sans rien lui dire, de peur d'interrompre sa lecture, Hauranne tournant les yeux vers lui : « Voyez-vous, Monsieur Vincent, dit-il, ce que je lis? C'est l'Écriture sainte. » Et là-dessus il s'étendit beaucoup pour lui faire entendre que Dieu lui en donnait une intelligence parfaite et quantité de belles lumières pour son explication, et ensuite il alla jusqu'à dire que la sainte Écriture était plus lumineuse dans son esprit qu'elle ne l'était en elle-même. Ce sont ses propres termes, que Vincent a rapportés plusieurs fois.

Un autre jour, après avoir célébré la messe en l'église de Notre-Dame…

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Message  Louis Sam 19 Nov - 8:35

1. L'hérésiarque de Hauranne
découvre le fond de son cœur
à Saint Vincent de Paul,
croyant pouvoir le séduire.
Conduite du saint à son égard.

(suite)

Un autre jour, après avoir célébré la messe en l'église de Notre-Dame, Vincent de Paul étant allé visiter le même abbé, il le trouva renfermé dans son cabinet; d'où étant sorti quelque temps après, Vincent lui dit en souriant, avec sa douceur et sa civilité ordinaires :

«Avouez, Monsieur, que vous venez d'écrire quelque chose de ce que Dieu vous à donné en votre oraison du matin.»

A quoi l'abbé, après l'avoir convié de s'asseoir, répondit : « Je vous confesse que Dieu m'a donné et me donne de grandes lumières. Il m'a fait connaître qu'il n'y a plus d'Église. »  

Et sur ce qu'il vit le saint homme tout surpris de ce discours, il reprit : « Non, il n'y a plus d'Église. Dieu m'a fait connaître qu'il y a plus de cinq ou six cents ans qu'il n'y a plus d'Église. Avant cela l'Église était comme un grand fleuve qui avait ses eaux claires ; mais maintenant ce qui nous semble l'Église n'est plus que de la bourbe ; le lit de cette belle rivière est encore le même, mais ce ne sont plus les mêmes eaux. — Quoi ! Monsieur, lui dit Vincent, voulez-vous plutôt croire vos sentiments particuliers que la parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ, lequel a dit qu'il édifierait son Église sur la pierre et que les portes de l'enfer ne prévaudraient point contre elle? L'Église est son épouse; il ne l'abandonnera jamais et le Saint-Esprit l'assiste toujours. »

Hauranne lui répondit : « II est vrai que Jésus a édifié son Église sur la pierre; mais il y a temps d'édifier et temps de détruire. Elle était son épouse, mais c'est maintenant une adultère et une prostituée ; c'est pourquoi il l'a répudiée, et il veut qu'on lui en substitue une autre qui lui sera fidèle. »

Vincent lui représenta que les sentiments dont il était préoccupé étaient très-mauvais, qu'il devait se défier de son propre esprit et qu'il s'éloignait fort du respect dû à l'Église.

Hauranne, qui perdait aisément patience, reprit d'un ton aigre : « Mais vous-même, Monsieur, savez-vous bien ce que c'est que l'Église? »

Vincent répondit, avec le catéchisme, que l'Église est l'assemblée des fidèles unis par la profession de la même foi, la participation des mêmes sacrements, sous la conduite des pasteurs légitimes, principalement de notre Saint-Père le Pape.

« Vous n'y entendez que le haut allemand, repartit Hauranne tout en colère. Vous êtes un ignorant; bien loin de mériter d'être à la tête de votre  congrégation vous mériteriez d'en être chassé, et je suis fort surpris qu'on vous y souffre. — J'en suis plus surpris que vous, Monsieur, répondit le saint homme, et je sais bien que, si on me rendait justice, on ne manquerait pas de me renvoyer 1.»  

Vincent de Paul rompit dès lors avec l'orgueilleux novateur. De leur côté le supérieur général de l'Oratoire, le Père de Condren, avec plusieurs prêtres de sa congrégation, se plaignaient de plus en plus des mauvais sentiments de Hauranne.

Vincent fit un dernier effort pour le garantir du précipice…
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1. Abelly, 1. 2, c. 38.; l. 3, c. 13. Collet, 1. 3.

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Message  Louis Dim 20 Nov - 6:39

1. L'hérésiarque de Hauranne découvre
le fond de son cœur à Saint Vincent de Paul,
croyant pouvoir le séduire.
Conduite du saint à son égard.


(suite)

Vincent fit un dernier effort pour le garantir du précipice ; il s'en alla donc un jour le trouver chez lui, par forme de visite, et, après avoir préparé son esprit par quelques entretiens convenables pour bien recevoir le remède qu'il voulait lui appliquer, il lui parla de l'obligation où il était de soumettre son jugement à celui de l'Église et d'avoir pour le saint concile de Trente plus de respect qu'il n'en avait témoigné. Il lui fit voir en particulier que quelques-unes des propositions qu'il avait soutenues en sa présence étaient contraires à la doctrine de l'Église ; il lui représenta qu'il se perdrait en s'engageant dans un labyrinthe d'erreurs, et surtout qu'il avait eu grand tort de vouloir l'y engager, lui et toute sa congrégation. Le saint s'anima dans la suite de cet entretien, il parla avec tant de force et de solidité que Hauranne en fut interdit et ne répliqua pas un mot. C'était en 1637.    

Un mois après le novateur écrivit du Poitou une longue lettre à Vincent. Il y proteste d'abord qu'il n'a nullement le cœur chargé des quatre choses que Vincent lui a reprochées dans sa dernière visite. Il soutient que celles de ses opinions qu'on regarde comme des erreurs sont des vérités catholiques; qu'elles ne passent pour des mensonges et des faussetés que parmi ceux qui aiment mieux la lueur et l'éclat que la lumière et la vérité; il n'y a aucun des évêques qui fréquentent la maison de Saint-Lazare à qui il ne les fasse autoriser quand il lui plaira de leur en parler à loisir ; qu'il les lui fera voir à lui-même dans les livres saints ; que Vincent lui a fait ces reproches moins parce qu'il le jugeait coupable que pour s'excuser de l'avoir abandonné comme un criminel au temps de la persécution; qu'il a toutefois facilement supporté cela de la part d'un homme qui depuis longtemps l'honorait de son amitié, et qui était à Paris en créance d'un parfaitement homme de bien.

« Seulement, ajoute-t-il, m'est restée cette admiration dans l'âme que vous, qui faites profession d'être si doux et si retenu partout, ayez pris sujet, d'un soulèvement qui s'est fait contre moi par une triple cabale et des intérêts assez connus, de vous joindre aux autres pour m'accabler, ajoutant cela de plus à leurs excès que vous avez entrepris de me le venir dire dans mon propre logis, ce que nul des autres n'avait osé faire. »

Le novateur finit en témoignant au saint la bonne volonté qu'il a eue de servir sa compagnie autant pour le spirituel que pour le temporel, et, pour lui prouver que, quoi qu'on dise, il est peu attaché à son sens et disposé à écouter ses amis, il l'assure qu'il a soutenu ses intérêts contre le jugement de sa conscience, qui ne le lui permettait pas 1.

Jean du Verger de Hauranne naquit…
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1. Collet, l. 3. Abelly, 1. 2, c. 38.

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Message  Louis Lun 21 Nov - 5:40

2. Notice sur Jean du Verger de Hauranne. Ses liaisons avec Jansénius, la famille Arnauld et Port-Royal. Son livre de la Question royale. Ses lettres.    

Jean du Verger de Hauranne naquit à Bayonne, en 1581, d'une famille qui s'était rendue considérable par le commerce. Étudiant la théologie à Louvain il fit connaissance avec Jansénius. Ils se retrouvèrent en 1604 à Paris, où ils renouvelèrent leurs anciennes liaisons. Quelques années après, de retour à Bayonne, Hauranne renonça entièrement aux affaires de sa famille et se retira dans une maison de campagne de son père ; l'étude y fut toute son occupation pendant deux ans. Au bout de ce temps il engagea son ami Jansénius, qu'il avait laissé précepteur à Paris, à venir partager avec lui le loisir de sa retraite. Jansénius se rendit auprès de lui; ce fut là qu'ils jetèrent ensemble les premiers fondements du jansénisme.

Le premier fruit de l'étude de Hauranne fut le livre intitulé Question royale. Il le composa à l'occasion d'un cas proposé à la cour. Il n'y traite de rien moins que de ce cas, mais il y enseigne fort au long qu'on peut se tuer soi-même et qu'il y a des occasions où on est obligé en conscience de le faire. Un de ses principes dans ce livre est celui des gnostiques : Omnia munda mundis, tout est pur pour les purs.

L'évêque de Bayonne ayant été transféré à Tours, Hauranne le suivit à Paris, où ce prélat le donna à l'évêque de Poitiers, qui le fit  son grand-vicaire et lui céda l'abbaye de  Saint-Cyran. Dans ce poste Hauranne commença à répandre ses erreurs et à faire sourdement des prosélytes à la nouvelle secte dont il devait être le patriarche.

Il sut gagner le Père de Bérulle et le tromper pendant longtemps par le zèle qu'il témoignait à procurer à sa congrégation de nouveaux établissements en Flandre et en France.

Il gagna aussi la supérieure de la Visitation de Poitiers et beaucoup d'autres personnes.

Mais, de toutes les connaissances qu'il fit, la plus avantageuse à son dessein fut celle de Robert Arnauld d'Andilly, qui passa par Poitiers, à la suite de la cour, en 1620. Quelque temps après Hauranne lui écrivit une lettre où se trouvent ces paroles : «Tous les esprits de la terre, pour aigus et savants qu'ils soient, n'entendent rien à notre cabale s'ils ne sont initiés à ses mystères, qui rendent, comme en de saintes orgies, les esprits plus transportés les uns envers les autres que ne sont ceux qui tombent en manie, en ivresse et en passion d'amour impudique 1. »

Ces paroles indiquent bien clairement une société secrète.

La conquête d'Arnauld d'Andilly pouvait paraître très-importante, il était en quelque crédit à la cour ; il était l'aîné d'une très-nombreuse famille, que son exemple pouvait attacher à Hauranne, deux moyens efficaces pour avancer le projet de la cabale.

Hauranne ne tarda pas de se rendre à Paris, où il cultiva toute la famille des Arnauld; elle l'introduisit au monastère de Port-Royal, où Arnauld père, avocat, s'était rendu tout-puissant, sous prétexte d'en gérer le temporel. Il y avait deux de ses filles, Agnès et Angélique, que Hauranne jugea très-propres à recevoir ses nouveautés et à les mettre en vogue quand il serait temps. Il jeta dès lors les yeux sur cette maison pour en faire sa place d'armes. L'évêque de Langres, Sébastien Zamet, en était supérieur…
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1. Réalité du projet de Bourg-Fontaine, 1re partie, p. 33, t. 1, Paris, 1755.

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Message  Louis Mar 22 Nov - 8:06

2. Notice sur Jean du Verger de Hauranne. Ses liaisons avec Jansénius, la famille Arnauld et Port-Royal. Son livre de la Question royale. Ses lettres.    

(suite)

L'évêque de Langres, Sébastien Zamet, en était supérieur ; il fallait l'éloigner ; c'est ce dont il vint à bout par le moyen des mères Arnauld, qui firent remercier l'évêque de ses bons offices.

Port-Royal devint bientôt un lieu de fréquentes assemblées; elles avaient tout l'air de cabale et déplurent au cardinal de Richelieu, qui, entendant d'ailleurs beaucoup parler des nouveautés que débitait le supérieur de Port-Royal, résolut de le faire arrêter. Il en parla au Père Joseph, Capucin, son confident, et à l'abbé de Prières, et leur demanda ce qu'ils pensaient de ce nouveau dogmatiste. Comme il vit qu'ils n'osaient s'expliquer il dit lui-même ce qu'il en pensait. « Il est Basque, dit-il, et a les entrailles chaudes et ardentes par tempérament; cette ardeur excessive lui envoie à la tête des vapeurs dont se forment ses imaginations mélancoliques qu'il prend pour des réflexions spéculatives ou pour des inspirations du Saint-Esprit, se faisant ainsi de ses extravagances des oracles et des mystères. »

Ce fut vers ce temps que le Père de Condren et saint Vincent de Paul se déclarèrent hautement contre le novateur et signalèrent ses détestables maximes. Le cardinal le fit observer ; Hauranne jugea prudent de s'éclipser et ne reparut  à Paris que six mois après. A son retour il s'attacha un Oratorien nommé Seguenot et l'engagea à faire imprimer sous son nom la traduction de la lettre de Saint Augustin sur la Virginité, avec des notes remplies des erreurs de Hauranne contre les vœux, notamment contre celui de chasteté. Ce livre scandalisa tous les gens de bien ; la Sorbonne le censura comme hérétique. Hauranne, le véritable auteur, fut arrêté et enfermé au château de Vincennes le 15 mai 1638. On saisit tous ses papiers, entre autres les lettres à d'Andilly et à Vincent de Paul, et celle que Jansénius lui écrivait, qui découvrirent beaucoup de mystères de leur cabale.

Les partisans de Hauranne prêtèrent à Richelieu bien des mauvais desseins pour cette détention ; Hauranne les démentit tous sans y penser en écrivant, avec sa modestie ordinaire, qu'il était dans les prisons de Vincennes pour avoir voulu suivre exactement la théologie de sainte Thérèse 1.

On entendit juridiquement des témoins pour lui faire son procès…
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1. Lettres de saint Cyran., 1re édit., lettre 23, p. 179.

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Message  Louis Mer 23 Nov - 7:37

2. Notice sur Jean du Verger de Hauranne. Ses liaisons avec Jansénius, la famille Arnauld et Port-Royal. Son livre de la Question royale. Ses lettres.    

(suite)

On entendit juridiquement des témoins pour lui faire son procès ; ce furent l'abbé de Prières, Tardif, son ami intime; Antoine Vigier, supérieur des Pères de la Doctrine chrétienne; Pormorant, abbé de Pleine-Selve; Nicolas Victon, aumônier du roi ; Marie d'Aquaviva, fille du duc d'Atrie, au royaume de Naples ; François de Caulet, depuis évêque de Pamiers, et plusieurs autres. Quant à l'évêque de Langres, au Père de Condren et à Vincent de Paul, ils ne voulurent pas parler devant un juge laïque, mais ils donnèrent par écrit leurs dépositions au cardinal. Toutes se réduisaient, pour le fond, à ce que nous avons déjà vu de saint Vincent  de Paul.

Hauranne s'occupa dans sa prison à composer ses Lettres spirituelles à différentes personnes de condition, vraies ou supposées, pour donner du relief au parti. D'Andilly les a données au public après la mort de son ami. Dans la quatre-vingt-treizième il enseigne, avec Wiclef et Jean Hus, que les mauvais prêtres ne sont plus prêtres. II traça aussi le plan du livre contre la fréquente communion et donna ses Mémoires au jeune bachelier Antoine Arnauld, son élève, frère d'Arnauld d'Andilly. Le cardinal de Richelieu étant mort, le comte de Chavigny, devenu ministre d'État, trouva moyen de faire élargir le prisonnier, son ami, qui ne survécut guère à cette grâce; il tomba malade sur la fin de septembre 1643 et mourut le 11 octobre. Ses amis ne songèrent à lui faire administrer les sacrements que quand ils le virent tombé en apoplexie; il expira aux premières onctions. Les auteurs de la Gallia Christiana firent de Hauranne un éloge comme d'un saint et orthodoxe personnage; le clergé de France ordonna que cet éloge serait effacé. Les ministres huguenots Samuel Desmarets et Jurieu ont revendiqué ce saint personnage comme étant des leurs et pensant comme eux.                  

Et, de fait, la secte de Hauranne, plus connue sous le nom de jansénisme…

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Message  Louis Jeu 24 Nov - 8:00

3. Sa doctrine n'est autre que celle de Luther, Calvin, Wiclef, Jean Hus, Richer et Antoine de Dominis. Portrait qu'un magistrat contemporain fait de la secte janséniste.

Et, de fait, la secte de Hauranne, plus connue sous le nom de jansénisme, n'est qu'une phase du calvinisme, un calvinisme plus artificieux. Un magistrat contemporain disait à l'historien Fleury, qui le rapporte et l'approuve : « Le jansénisme est l'hérésie la plus subtile que le diable ait tissue. Ils ont vu que les protestants, en se séparant de l'Église, se sont condamnés eux-mêmes et qu'on leur avait reproché cette séparation; ils ont donc mis pour maxime fondamentale de leur conduite de ne s'en séparer jamais extérieurement, et de protester toujours de leur soumission aux décisions de l'Église, à la charge de trouver tous les jours de nouvelles subtilités pour les expliquer, en sorte qu'ils paraissent soumis sans changer de sentiments 1. »

Luther et Calvin attaquent ouvertement l'Église, sa hiérarchie, la primauté de son chef; le patriarche du jansénisme, Hauranne, pense comme Luther et Calvin. Nous avons vu avec quel emportement, dans ses entretiens familiers, il s'exprimait sur l'Église, sur le Pape, sur le concile de Trente, il est plus réservé dans ses écrits, mais il y pose des principes qui enferment les mêmes conséquences. Il écrit à d'Andilly : « La religion n'est rien qu'une confrérie de gens vivant et mourant ensemble, » définition dont les athées mêmes pourraient s'accommoder. Dans la sixième leçon de sa Théologie familière Hauranne demande : Qu'est-ce que l'Église ? et il répond, avec Luther et Wiclef : C'est la compagnie de ceux qui servent Dieu dans la lumière et dans la profession de la vraie foi et dans l'union de la vraie charité. Cette doctrine, qui n'admet dans l'Église que les justes et les élus, et qui en exclut tous les pécheurs, vient originairement des Donatistes et a été condamnée dans le concile de Constance.

En outre, comme les justes ne sont connus que de Dieu, l'Église de Jésus-Christ ne sera visible qu'à Dieu. Les luthériens, les calvinistes, qui ne veulent ni Pape, ni évêques, ni prêtres, ni visibilité de l'Église, adopteront sans peine cette définition. Il est vrai que dans son Petrus Aurelius il se donne l'air de défendre la hiérarchie, le Pape, les évêques, les prêtres ; mais en même temps il l'y ruine de fond en comble par ce principe de Jean Hus et de Wiclef : « On cesse d'être prêtre et évêque par un seul péché mortel contre la chasteté : Extinguitur sacerdotalis dignitas... simul atque castitas defîcit. » Comme Dieu seul sait qui ne s'est pas rendu coupable d'une pareille faute, Dieu seul sait qui est prêtre ou évêque et qui ne l'est pas : pour les hommes c'est chose impossible à savoir, la hiérarchie est invisible, elle est comme n'étant pas.

Nous avons vu l'apostat Marc-Antoine de Dominis, dans sa République ecclésiastique , s'efforcer d'anéantir la monarchie de l'Église, de détruire la primauté du Pape et la nécessité d'un chef visible, de prouver enfin que saint Pierre n'était pas le seul chef de l'Église, mais que saint Paul lui était égal en autorité ; refuser à l'Église toute véritable juridiction et confondre l'Église enseignante avec l'Église enseignée. L'ouvrage de cet apostat fut condamné par la Sorbonne en 1617 ; Richer, syndic de la faculté de théologie, refusa de souscrire à la condamnation. Dès 1611 lui-même avait publié un ouvrage,  de la Puissance ecclésiastique et politique, où il soutient les mêmes erreurs. Il se rétracta l'an 1629 et déclara, par un écrit signé de sa main, qu'il reconnaissait l'Église romaine pour mère et maîtresse de toutes les Églises et pour juge infaillible de la vérité. Les jansénistes reprirent sous main les erreurs de Richer et de l'apostat Marc-Antoine de Dominis.

Barcos, neveu de Hauranne, publia…
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1. Nouveaux Opuscules de Fleury, p. 227 et 228.

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Message  Louis Ven 25 Nov - 7:58

4. Barcos, neveu de Hauranne, soutient que l'hérésie des deux chefs qui n'en font qu'un.

Barcos, neveu de Hauranne, publia jusqu’à deux ouvrages pour soutenir l'hérésie des deux chefs, qui n'en font qu'un ; elle fut condamnée par un décret d'Innocent X, du 24 janvier 1647. Saint Vincent de Paul ne contribua pas peu à cette condamnation; le 4 octobre 1646 il écrivait à un cardinal qui l'honorait de son amitié :

« Je supplie très-humblement Votre Éminence d'agréer que je lui adresse quelques écrits contre l'opinion des deux chefs, saint Pierre et saint Paul. Ces écrits ont été composés par un des plus savants théologiens que nous ayons et des plus honnêtes hommes, qui ne veut point être nommé. Il a appris, par la gazette de Rome, que l'on y examine le livre qu'il réfute, et que deux docteurs de Sorbonne, qui y sont, soutiennent que la doctrine de ce livre est celle de leur faculté; et cette même faculté, ayant été informée qu'on lui attribuait cette opinion des deux chefs, s'est assemblée et a député vers monsieur le nonce pour désavouer ces docteurs et l'assurer qu'elle est du sentiment contraire, et pour le supplier en même temps de faire en sorte que la prochaine gazette fasse mention qu'on lui attribue à faux cette doctrine. C'est ce qui a mû ce bon et vertueux personnage à m'apporter aujourd'hui ces écrits, à dessein que je les envoie à Rome pour servir de mémoire à ceux que Sa Sainteté a députés pour examiner ledit livre. Ils trouveront dans cet ouvrage les passages qu'on rapporte pour la prétendue égalité de saint Paul avec saint Pierre réfutés par les mêmes auteurs qu'on allègue, les uns après les autres 1. » Comme nous l'avons vu, les sollicitations du saint homme eurent un plein succès.

Cette duplicité janséniste se voit dans…
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1. Abelly, l. 2, c. 38. Collet, l. 5.

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Message  Louis Sam 26 Nov - 7:40

5. Duplicité janséniste dans Pascal et Nicole.

Cette duplicité janséniste se voit dans Pascal d'une manière frappante ; il dira dans la dix-septième de ses Lettres provinciales : « Je vous déclare donc que je n'ai, grâce à Dieu, d'attache sur la terre qu'à la seule Église catholique, apostolique et romaine, dans laquelle je veux vivre et mourir, et dans la communion avec le Pape, son souverain chef, hors de laquelle je suis persuadé qu'il n'y a point de salut. »

Voilà Pascal catholique et jouissant pleinement de sa raison; mais, Rome ayant condamné ses lettres, Pascal dira :  

« J'ai craint que je n'eusse mal écrit en me voyant condamné ; mais l'exemple de tant de pieux écrits me fait croire au contraire. Il n'est plus permis de bien écrire, tant l'inquisition est corrompue et ignorante. Il est meilleur d'obéir à Dieu qu'aux hommes. Je ne crains rien, je n'espère rien. Le Port-Royal craint, et c'est une mauvaise politique.... Quand ils ne craindront plus ils se feront plus craindre. Le silence est la plus grande persécution; jamais les saints ne se sont tus. Il est vrai qu'il faut vocation; mais ce n'est pas des arrêts du conseil qu'il faut apprendre si l'on est appelé, mais de la nécessité de parler. Si mes lettres sont condamnées à Rome, ce que j'y condamne est condamné dans le ciel. L'Inquisition (le tribunal du Pape pour l'examen et la condamnation des livres) et la Société (des Jésuites) sont les deux fléaux de la vérité 1. » « Certainement, dirons-nous avec le comte de Maistre. Calvin n'aurait ni mieux ni autrement dit 2
                                                         
Nicole n'est pas moins dangereux que Pascal. Dans son explication du Symbole, sur l'article : Je crois la sainte Église catholique, il dit quelques mots de la primauté du Pape, mais supprime l'infaillibilité de l'Église dispersée ; dans son traité de l'Unité de l'Église il dissimule l'unité de son chef; enfin, dans le quatrième volume de ses Essais, il dit : « L'Église n'est presque plus composée que de monceaux de sable, c'est-à-dire de membres secs ; » ce qui revient à l'impiété de Hauranne sur la caducité, le dépérissement ou même l'entière destruction de l'Église.

Nicole se détacha des Jansénistes vers la fin de sa vie ; mais ses ouvrages ne sont pas moins infectés du venin de leur doctrine et feront toujours plus de mal que de bien à ceux qui les lisent. On ne peut guère en excepter que sa Perpétuité de la foi sur l'Eucharistie, dont Arnauld a jugé à propos de se faire honneur, comme le geai des plumes de paon ; encore trouve-t-on aussi bien et mieux dans Bellarmin, dans les frères Wallembourg et dans le chanoine régulier Garet, qui a écrit précisément sur le même sujet, et où se trouve cette foule de textes cités par Arnauld et Nicole. Le style de Nicole est généralement sec, froid et lourd. Pour louer le Jésuite Bourdaloue on a dit : « C'est Nicole éloquent. » Ce qui veut dire que Nicole, le plus élégant écrivain de Port-Royal, Pascal excepté, est égal à Bourdaloue, moins l'éloquence.

Un avocat janséniste, Simon Vigor…
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1. Pensées de Pascal, t. 2, art 17, n. 82. — 2. De l'Eglise gallicane, c. 9.

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Message  Louis Dim 27 Nov - 6:49

6. Tendance schismatique de l'avocat janséniste Simon Vigor. Observation de Fleury.

Un avocat janséniste, Simon Vigor, écrivait de son côté pour diminuer l'autorité du Pape, lui substituer une aristocratie épiscopale, même le gouvernement démocratique, afin d'asservir chaque Église nationale au gouvernement séculier et aux avocats 3. Dans son discours sur les libertés de l'Église gallicane Fleury fait cette observation :

« Les Français, les gens du roi, ceux-là mêmes qui ont fait sonner plus haut ce nom de libertés, y ont donné de rudes atteintes en poussant les droits du roi jusqu'à l'excès ; en quoi l'injustice de Dumoulin est insupportable: Quand il s'agit de censurer le Pape il ne parle que des anciens canons ; quand il est question des droits du roi aucun usage n'est nouveau ni abusif, et lui et les jurisconsultes qui ont suivi ces maximes inclinaient à celles des hérétiques modernes, et auraient volontiers soumis la puissance même spirituelle de l'Église à la temporelle du prince. Cependant ces droits exorbitants du roi et des juges laïques, ses officiers, ont été un des motifs qui ont empêché la réception du concile de Trente 1. »

Charles Dumoulin, né en 1500, mort en 1566, fut successivement catholique, calviniste, luthérien, et redevint catholique quelque temps avant sa mort. Clément VII condamna ses ouvrages à être brûlés.

Un autre avocat, Pierre Pithou…
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3. Réalité du projet de Bourg-Fontaine, 6e partie. — 1. Nouv. Opusc. de Fleury, 1818, p. 156 et 157.

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Message  Louis Lun 28 Nov - 8:11

7. Tendance schismatique des avocats Pithou et Dupuis, condamnés par vingt-deux évêques de France et même par Fleury, qui les imite.

Un autre avocat, Pierre Pithou, demi-protestant, publia vers la fin du seizième siècle son grand traité des Libertés de l'église gallicane : au commencement du siècle suivant l'avocat Pierre Dupuis publia les preuves de ces libertés. Les deux ouvrages sont réunis en quatre volumes in-folio, et cette compilation, infiniment condamnable, est cependant le grand arsenal où tous les successeurs de Pithou et de Dupuis n'ont cessé de puiser.

Vingt-deux évêques, qui examinèrent le livre en 1639, le dénoncèrent, dans une lettre encyclique, à tous leurs confrères, comme un ouvrage détestable, rempli des propositions les plus venimeuses et masquant des hérésies formelles sous le beau nom de libertés 2. Fleury ; dira comme ces évêques : « La grande servitude de l'Église gallicane, s'il est permis de parler ainsi, c'est l'étendue excessive de la juridiction séculière 3 »

Toutefois le même Fleury, dans le même discours, dira de ces maximes parlementaires de la servitude ecclésiastique : « La doctrine ancienne est demeurée à des docteurs souvent moins pieux et moins exemplaires en leurs mœurs que ceux qui enseignent la nouvelle (celle de l'Eglises romaine). Quelquefois même ceux qui ont résisté aux nouveautés ont été des jurisconsultes ou des politiques profanes ou libertins, qui ont outré les vérités qu'ils soutenaient et les ont rendues odieuses. C'est  une merveille que l'ancienne et sainte doctrine se soit conservée au milieu de tant d'obstacles 1. »

Un contemporain de Fleury, Fléchier…
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2. Procès-verbaux du clergé de France,  t. 3, pièces justificatives, n. 1, — 3. Nouv. Opusc. de Fleury, 1818, p. 166.  — 1.  P. 155.

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Message  Louis Mar 29 Nov - 7:51

8. Portrait que l'évêque Fléchier trace des magistrats de son temps.

Un contemporain de Fleury, Fléchier, évêque de Nîmes, nous fait ce portrait des jurisconsultes et des magistrats de son siècle :

« Quel magistrat aujourd'hui veut interrompre ses divertissements quand il s'agirait, je ne dis pas du repos, mais de l'honneur et peut-être même de la vie d'un misérable ? La magistrature n'est que trop souvent un titre d'oisiveté qu'on n'achète que par honneur et qu'on n'exerce que par bienséance. C'est ne savoir pas vivre et faire injure aux magistrats que de leur demander justice lorsqu'ils ont résolu de se divertir. Leurs amusements sont comme la partie sacrée de leur vie, à laquelle on n'ose toucher, et ils aiment mieux lasser la patience d'un malheureux et mettre au hasard une bonne cause que de retrancher quelques moments de leur sommeil, de rompre une partie de jeu ou une conversation inutile, pour ne rien dire de plus 2. »

Tels étaient les jurisconsultes profanes et libertins qui, suivant Fleury, soutinrent l'ancienne doctrine des parlements contre les nouveautés de Rome ! Fleury fut lui-même avocat et le fut toujours plus que prêtre.

Nous avons vu tous les saints…
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2. Fléchier, Panégyrique de saint Louis.

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Message  Louis Mer 30 Nov - 7:37

9. Pour éloigner les fidèles de la sainte communion, le docteur Arnauld publie son livre de la Fréquente Communion. Jugement qu'en porte saint Vincent de Paul.

Nous avons vu tous les saints, notamment dans ces derniers siècles, engager les fidèles à fréquenter les sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, leur en donner l'exemple, et en retirer des fruits merveilleux de sanctification tant pour eux que pour les autres. La secte de Hauranne et de Jansénius avait un esprit tout différent. En l'année 1643 l'un de ses chefs, Antoine Arnauld, publia, sous le titre de Fréquente Communion, un ouvrage pour détourner les fidèles de fréquenter les sacrements de Pénitence et d'Eucharistie. Cet ouvrage portait l'approbation de seize évêques, dont plusieurs ne l'avaient pas lu.

Ce ne fut d'abord qu'un cri général de tous les catholiques contre un écrit si dangereux; le Pères Yves, Capucin ; Raconis, évêque de Lavaur ; le Père Petau, Jésuite; Isaac Habert, depuis évêque  de Vabres, réclamèrent pour la doctrine de l'Église. Les prélats approbateurs envoyèrent à Rome le sieur Bourgeois, docteur de Sorbonne, pour empêcher que le livre qu'ils protégeaient n'y fût censuré. Ensuite ils firent présenter au Pape une soumission du docteur Arnauld, dont ils prièrent instamment Sa Sainteté de se contenter. Le Saint-Siège s'en contenta en effet et poussa la condescendance jusqu'à ne pas condamner directement le livre de la Fréquente Communion .

Mais l'abbé de Barcos, neveu de Hauranne, ayant publié, en 1645, deux traités pour soutenir l'hérésie des deux chefs qui n'en font qu'un, Innocent X, par un décret du 24 janvier 1647, condamna non-seulement ces traités comme hérétiques, mais encore tous les autres livres où cette proposition est établie et soutenue, tant ceux qui étaient déjà imprimés que ceux qui pourraient l'être à l'avenir. Clause remarquable qui tombe sur le livre de la Fréquente Communion dont la préface contenait ladite hérésie. L'ouvrage fut formellement condamné en 1648 par l'archevêque de Besançon, plusieurs de ses propositions flétries en 1690 par le Pape Alexandre VIII, sa lecture défendue en 1695 par l'archevêque de Malignes, et enfin réprouvé dans son entier en 1705, par la faculté de Louvain.

Voici le jugement qu'en porta saint Vincent de Paul dans deux lettres…

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Message  Louis Jeu 1 Déc - 8:17

9. Pour éloigner les fidèles de la sainte communion, le docteur Arnauld publie son livre de la Fréquente Communion. Jugement qu'en porte saint Vincent de Paul.

(suite)

Voici le jugement qu'en porta saint Vincent de Paul dans deux lettres à l'un de ses missionnaires, qui l'avait consulté à cet égard. Vincent y dit en substance :

« Il se peut faire que quelques personnes aient profité de la lecture de cet ouvrage ; mais, s'il a servi à une centaine, en les rendant plus respectueux à l'égard des sacrements, il y en a pour le moins dix mille à qui il a nui en les en retirant tout à fait. On ne voit plus que la sainte communion soit fréquentée comme elle l'était autrefois, pas même à Pâques ; plusieurs curés de Paris s'en plaignent; à Saint-Sulpice on avait trois mille communions de moins qu'à l'ordinaire; à Saint-Nicolas-du-Chardonnet quinze cents personnes avaient manqué à ce devoir de religion, et il en est ainsi des autres. Il est vrai qu'il n'y a que trop de gens qui abusent de l'Eucharistie, et moi, misérable, dit-il, plus que tous les hommes du monde ; mais il ne faut pas corriger un abus par un autre. C'en est un l'éloigner de la sainte table, non pour huit ou dix jours, mais pour cinq ou six mois, de bonnes religieuses qui vivent dans une grande pureté, comme on sait que ces nouveaux réformateurs le pratiquent. Saint Charles a été bien éloigné de ces excès, lui qui ne recommande rien tant dans ses conciles que la communion fréquente, et qui décerne de grièves peines contre les prédicateurs qui en détournent les fidèles directement ou indirectement. »

Comme, pour défendre le livre et l'auteur, le missionnaire répétait ce qu'on disait alors, que le docteur Arnauld n'en voulait qu'à ceux qui admettaient trop aisément les pécheurs à la participation des saints mystères, Vincent avoue que c'est un excès que saint Charles déplore ; mais il soutient en même temps que les principes du livre de la Fréquente Communion vont plus loin, et que ce n'est que pour mieux couvrir son jeu que l'auteur paraît adoucir les termes.

« En effet, dit notre saint, ne loue-t-il pas hautement dans sa préface, page 36, la piété de ceux qui voudraient différer la communion jusqu'à la fin de leur vie, comme s'estimant indignes l'approcher du corps de Jésus-Christ? N'assure-t-il pas qu'on satisfait plus à Dieu par cette humilité que par toutes sortes de bonnes œuvres ? Ne dit-il pas, dans le chapitre second de la troisième partie, que c'est parler indignement du Roi du ciel que de dire qu'il soit honoré par nos communions?

« Quand même, continue-t-il, on fermerait les yeux à toutes ces considérations, peut-on ne pas apercevoir que les dispositions qu'exige ce jeune docteur pour la réception des saints mystères sont si hautes, si éloignées de la faiblesse humaine, qu'il n'y a personne sur la terre qui puisse s'en flatter ? Si, comme il le soutient sans aucun adoucissement, il n'est permis de communier qu'à ceux qui sont entièrement purifiés des images de la vie passée par un amour divin, pur et sans aucun mélange, qui sont parfaitement unis à Dieu seul, entièrement parfaits et entièrement irréprochables, peut-on se dispenser de dire avec lui que ceux qui, selon la pratique de l'Église, communient avec les dispositions ordinaires, sont des chiens et des antechrists? Non, continue-t-il ; avec de tels principes, il n'appartient plus de communier qu'à M. Arnauld, qui, après avoir mis ces dispositions à un si haut point qu'un saint Paul en serait effrayé, ne laisse pas de se vanter plusieurs fois dans son Apologie qu'il dit la messe tous les jours, etc. »

Le missionnaire consultant…

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Message  Louis Ven 2 Déc - 8:12

9. Pour éloigner les fidèles de la sainte communion, le docteur Arnauld publie son livre de la Fréquente Communion. Jugement qu'en porte saint Vincent de Paul.

(suite)

Le missionnaire consultant prétendait qu'il était faux que l'auteur du livre de la Fréquente Communion voulût introduire l'usage de ne donner l'absolution qu'à ceux qui auraient déjà fait pénitence, et que sur ce point il ne pensait même, par rapport à ceux qui étaient tombés dans des péchés griefs, que ce que pensait saint Charles Borromée ; d'où il suivait encore que le docteur Arnauld n'avait jamais songé à introduire la pénitence publique pour les péchés secrets.

Vincent attaque ces deux réponses. Il dit à la première que M. Arnauld ne veut pas seulement introduire la pénitence avant l'absolution pour les grands pécheurs, mais qu'il en fait une loi générale pour tous ceux qui sont coupables d'un péché mortel. Pour s'en convaincre il n'y a qu'à lire le huitième chapitre de la seconde partie de son livre. Il y fait dire au Pape saint Grégoire qu'il est nécessaire que le pécheur fasse pénitence de ses péchés, non-seulement avant de communier, mais même avant de recevoir l'absolution. Il ajoute que, selon les règles saintes que le Pape Innocent a données à toute l'Eglise après les avoir apprises de la tradition perpétuelle de la même Église, l'ordre que les prêtres doivent garder dans l'exécution de la puissance que le Sauveur leur a donnée de lier et de délier les âmes, c'est de n'absoudre les pécheurs qu'après les avoir laissés dans les gémissements et dans les larmes et leur avoir fait accomplir une pénitence proportionnée à la qualité de leurs péchés. Ces paroles et beaucoup d'autres qui suivent montrent que, selon M. Arnauld, il est nécessaire de différer l'absolution pour tous les péchés mortels jusqu'à l'accomplissement de la pénitence.

Au reste, Vincent sait que c'était la pratique de l'abbé de Saint-Cyran et qu'on y soumet encore ceux qui se livrent à la conduite du parti.

De ces principes, selon lesquels on ne doit donner l'absolution que quand le péché est déjà expié par une satisfaction proportionnée, Vincent infère avec raison que l'absolution n'est que déclaratoire. Il ajoute qu'il est inutile d'alléguer que l'auteur du livre a dit ailleurs le contraire ; car il est d'usage chez tous les novateurs de semer des contradictions dans leurs ouvrages pour s'échapper. Calvin nie trente fois qu'il fasse Dieu auteur du péché, quoiqu'il fasse d'ailleurs tous ses efforts pour établir cette maxime détestable que tous les catholiques lui attribuent.

«  J'ai ouï dire, continue-t-il, à feu M. de Saint-Cyran, que…

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Message  Louis Sam 3 Déc - 9:06

9. Pour éloigner les fidèles de la sainte communion, le docteur Arnauld publie son livre de la Fréquente Communion. Jugement qu'en porte saint Vincent de Paul.

(suite)

«  J'ai ouï dire, continue-t-il, à feu M. de Saint-Cyran, que, s'il avait dit dans une chambre des vérités à des personnes qui en seraient capables, et qu'il passât dans une autre où il en trouverait d'autres qui ne le seraient pas, il leur dirait le contraire. Il prétendait même que Notre-Seigneur en usait de la sorte et recommandait qu'on fit de même. »

Le serviteur de Dieu reconnaît volontiers que saint Charles a rétabli dans son diocèse la pénitence et les décrets qui la concernent; mais le missionnaire consultant doit reconnaître à son tour que ce saint cardinal n'a pas fait consister la pénitence à se retirer de la communion, si ce n'est dans les cas portés par les canons, tels que sont ceux des occasions prochaines et autres semblables. Jamais il n'a ordonné ni qu'on refusât l'absolution à tous ceux qui n'auraient pas encore satisfait pour leurs péchés, ni qu'on fît des pénitences publiques pour des péchés secrets. Il n'a jamais dit, comme fait M. Arnauld au troisième chapitre de sa seconde partie, qu'on ne trouve dans les anciens Pères, et surtout dans Tertullien, que la pénitence publique en laquelle l'Église exerçât le pouvoir des clefs.

C'est à toutes ces nouveautés que se réduit le livre de la Fréquente Communion.

Quoiqu'il fasse quelquefois semblant de ne proposer ces anciennes pratiques que comme plus avantageuses, ses raisonnements vont à en établir la nécessité. Partout il donne ces sentiments comme les grandes vérités de la religion, comme la pratique des apôtres et de toute l'Église durant douze siècles, et enfin comme une tradition immuable. Vincent ajoute que toutes ces idées ont une parfaite liaison avec le principe de ceux qui les avancent ; ils sont persuadés que l'Église a cessé d'être depuis qu'elle a cessé de garder ces sortes d'usages. Deux des coryphées de ces opinions ayant cru que la mère de Sainte-Marie était disposée pour eux lui avaient dit que depuis cinq cents ans il n'y a point d'Église ; « Et c'est elle-même, ajoute Vincent, qui me l'a dit et écrit 1 »

De Hauranne composa dans le même but…
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1. Collet, l. 5.

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Message  Louis Dim 4 Déc - 7:57

10. De Hauranne compose dans le même but le Chapelet secret du Saint-Sacrement. Échantillon de sa doctrine et de son style.

De Hauranne composa dans le même but le Chapelet secret du Saint-Sacrement. Chaque grain est un attribut de Dieu sur lequel le fanatique auteur débite ses rêveries dans un incroyable galimatias. La Sorbonne, qui condamna l'ouvrage dès qu'il parut, déclare qu'il contient plusieurs extravagances, impertinences, erreurs, blasphèmes et impiétés qui tendent à séparer et à détourner les âmes de la pratique des vertus, spécialement de la foi, espérance et charité, qu'il détruit la façon de prier instituée par Jésus-Christ. Elle ajoute ces termes bien remarquables, que «  cet ouvrage tend à introduire des opinions contraires aux effets d'amour que Dieu a témoignés pour nous, et nommément au sacrement de la sainte Eucharistie et au mystère de l'Incarnation. »

Ce chapelet fut également censuré à Rome.

En voici deux grains pour échantillon de doctrine et de style.

« 8. ÉMINENCE. Afin que Jésus-Christ entre en tous ses droits, qu'il s'élève glorieusement dans toutes ses prééminences, qu'il fasse une SÉPARATION de grandeur entre lui et la créature, que les âmes acceptent leurs bassesses en hommage à cette grandeur, qu'il soit un Dieu Dieu, c'est-à-dire se tenant dans les grandeurs divines, selon lesquelles il ne peut être dans rien moindre que lui. — 9. POSSESSION... Il faut que les âmes adorent en Jésus-Christ la possession qu'il a de lui-même, et QU’ELLES N'AIENT POINT DE VUE S’IL LUI PLAIT LES POSSÉDER OU NON, étant assez qu'il se possède lui-même. »

En un mot la foi du nouvel Évangile oblige ses sectateurs à regarder Jésus-Christ comme un Dieu Dieu, et rien de plus. La sublimité de la vertu, sous ce même Évangile, consiste à faire une séparation de grandeur entre Jésus-Christ et la créature, à ne s'embarrasser pas s'il possède nos cœurs ou non. Les principaux devoirs seront de renoncer au pouvoir qu'a l'homme de s'assujettir à Dieu, de ne faire aucun fond sur les promesses de Dieu : l'aventurier réformateur ne veut pas que les âmes fondent leurs espérances sur cela. Jamais hérésiarque tint-il un langage plus blasphématoire ?

Ce n'est pas tout. L'union avec Jésus-Christ fait le bonheur du chrétien dans cette vie ; ce Dieu fait homme fait ses délices de se communiquer aux âmes pures avec une familiarité ineffable ; cela déplaît à Hauranne ; il faut que ses disciples disent à Jésus-Christ de se retirer, de ne pas se rabaisser jusqu'à eux, que ces abaissements sont indignes de lui, qu'il ne doit point s'embarrasser de ce qui est fini, c'est-à-dire être indifférent au salut ou à la réprobation des âmes qui lui ont coûté si cher 1.

A ces traits sataniques qui ne reconnaîtrait…
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1. Réalité du projet de Bourg-Fontaine, 2e partie, art. 2. Dictionn. des Livres jansénistes, art. CHAPELET SECRET DU TRÈS-SAINT-SACREMENT.

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Message  Louis Lun 5 Déc - 8:31

11. Projet de Bourg-Fontaine.

A ces traits sataniques qui ne reconnaîtrait cet auteur d'hérésie qui disait confidemment à Vincent de Paul qu'il voulait travailler à détruire la religion et l'Église? qui ne reconnaîtrait cette cabale mystérieuse dont Hauranne parlait à d'Andilly ? Quand nous n'aurions pas d'autres preuves pour croire au projet de Bourg-Fontaine, ces faits seuls suffiraient.

En 1654 Jean Filleau, conseiller et avocat du roi, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, publia une Relation juridique de ce qui s'est passé à Poitiers touchant la nouvelle doctrine des Jansénistes. Filleau, issu d'une famille d'Orléans distinguée dans la magistrature, mais qui sortit de cette ville vers 1562, lorsque le calvinisme y prévalait, pour cause de son attachement à la religion catholique, naquit à Poitiers l'an 1600. Voici donc ce qu'il rapporte dans sa relation, imprimée par le commandement de la reine.

Un ecclésiastique de mérite passant par Poitiers et y ayant entendu parler de son zèle pour la bonne doctrine s'adressa à lui en sa qualité d'avocat du roi, et lui déclara qu'il avait, en 1621, assisté à Bourg-Fontaine, chartreuse près de Paris, à une assemblée de six personnes, outre lui, dont une seule dans le moment était survivante, mais toutes attachées à la nouvelle doctrine, et que dans cette conférence il ne s'était agi de rien moins que de renverser la religion chrétienne pour établir le déisme sur ses débris.

L'ecclésiastique ajouta que, ayant paru aux membres de l'assemblée qu'il y aurait trop de danger et trop peu d'espoir de succès si on attaquait la religion de front, il avait été convenu qu'on commencerait par décréditer les sacrements les plus fréquentés par les adultes, savoir l'Eucharistie et la Pénitence.

Les six membres de la cabale ne sont désignés dans la relation que par leurs initiales : J. D. V. D. H. (Jean du Verger de Hauranne) ; C. J. (Corneille Jansénius); A.:A. (Arnauld d'Andilly; S. V, (Simon Vigor);.P. C. (Philippe Cospéan, évêque de Nantes); P. C. (Pierre Camus, évêque de Belley).

Maintenant, que cette cabale se soit concertée à Bourg-Fontaine ou ailleurs, entre ces six personnes ou d'autres, toujours est-il qu'il existait une cabale dont Hauranne était le chef, où l'on se moquait du Pape, du concile de Trente et de l'Église entière, qu'on disait morte depuis cinq à six siècles, et où l'on travaillait à rendre cette ruine plus complète. Nous l'avons entendu de la bouche même de Hauranne, et nous voyons les œuvres tendre à ce but 1

Ce qui révolte le plus dans Luther et Calvin c'est de dire que nous n'avons point de libre arbitre, que Dieu opère en nous le mal comme le bien, qu'il nous punit du mal que nous ne pouvons éviter, et enfin de mettre cette affreuse doctrine sur le compte de saint Augustin. C'est là nous faire un dieu pire que Satan. Or l'ami intime de Hauranne, Corneille Jansen, plus connu sous le nom de Jansénius, reproduira, mais avec plus d'artifice, l'impiété et l'imposture des deux hérésiarques.                              

Corneille Jansénius naquit en 1585…
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1. Voir Port-Royal, par M. Sainte-Beuve, t. I, p, 303.

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Message  Louis Mar 6 Déc - 7:41

12. Biographie de Jansénius. Ses dispositions équivoques, même à la mort. Son peu de délicatesse en fait de probité.

Corneille Jansénius naquit en 1585 au village d'Acquoi, près Léerdam, en Hollande. Il commença ses études à Utrecht et vint les  continuer à Louvain, où il trouva un vieux docteur nommé Janson, fort attaché aux erreurs de Baïus, quoique condamnées. Il fit aussi connaissance avec Jean du Verger de Hauranne et vint ensuite à Paris pour achever ses études. De là Hauranne l'emmena à Bayonne, où l'évêque de cette ville le mit à la tête du collège qu'il venait de fonder. Jansénius remplit cette place jusqu'en 1617 et retourna à Louvain, où il fut fait principal du collège de Sainte-Pulchérie. Il prit le bonnet de docteur en théologie en 1619, et devint, en 1630, professeur d'Écriture sainte. Nommé évêque d'Ypres en 1635, il occupa ce siège peu de temps, étant mort de la peste le 6 mai 1638.

Il avait publié lui-même un discours moral sur la Réforme de l'homme intérieur ; l'Alexipharmacum, contre les ministres protestants de Bois-le-Duc; une défense de cet ouvrage, sous le titre d'Éponge des notes, contre le ministre Voët ; des commentaires sur le Pentateuque et les quatre Évangiles ; le parallèle entre les erreurs des semi-pélagiens de Marseille et celles des semi-pélagiens modernes ; le Mars Gallicus, où les Français étaient assez maltraités à l'occasion de leur alliance avec les Hollandais ; on a même de lui une thèse où il soutient l'infaillibilité du Pape.

Occupé d'un ouvrage bien plus considérable, il écrivait à Hauranne le 5 mars 1621 : « Je n'ose dire à personne du monde ce que je pense, selon les principes de saint Augustin, d'une grande partie des opinions de ce temps, et particulièrement de celle de la grâce et de la prédestination, de peur qu'on ne me fasse le tour à Rome qu'on a fait à d'autres (à Baïus) avant que toutes choses soient mûres et à son temps... Je suis dégoûté un peu de saint Thomas après avoir sucé saint Augustin... Je vous en dirai plus si Dieu nous fait la faveur de nous voir un jour. »

Le 4 novembre de la même année il manda au même que l'ouvrage avançais mais que…

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Message  Louis Mer 7 Déc - 8:30

12. Biographie de Jansénius. Ses dispositions équivoques, même à la mort. Son peu de délicatesse en fait de probité.

(suite)

Le 4 novembre de la même année il manda au même que l'ouvrage avançais mais que, s'il le faisait voir à ses adversaires, il serait décrié comme le plus extravagant rêveur qu'on eût vu de son temps. Peu de jours avant sa mort il écrivit au Pape Urbain VIII, qu'il soumettait sincèrement à sa décision et à son autorité l'Augustinus, qu'il venait d'achever, et que, si le Saint-Père jugeait qu'il fallût y faire quelques changements, il y acquiesçait avec une parfaite obéissance. Cette lettre était édifiante; mais elle fut supprimée par ses exécuteurs testamentaires, et, selon toutes les apparences, on n'en aurait jamais eu connaissance, si après la réduction d'Ypres, elle n'était tombée entre les mains du prince de Condé, qui la rendit publique.

Jansénius, quelques heures avant que de mourir et dans son dernier testament, soumit encore et sa personne et son livre au jugement et aux décisions de l'Église romaine. Voici les termes qu'il dicta une demi-heure avant que d'expirer : «  Mon sentiment est que difficilement peut-on y trouver à changer quelque chose ; si cependant le Siège de Rome veut y faire quelque changement, je suis enfant d'obéissance et enfant obéissant de l'Église romaine, dans laquelle j'ai toujours vécu jusqu'à ce lit de mort. Fait le 6 mai 1628. »

Ainsi, d'un côté, Jansénius soumettait son livre à Rome pour y faire quelque changement, et, de l'autre, il s'attendait à être, condamné par Rome, qui effectivement l'avait déjà condamné dans la personne de Baïus, dont il renouvela sciemment les erreurs.

On voit encore ailleurs que Jansénius n'avait pas la conscience excessivement délicate.

Principal du collège de Sainte-Pulchérie, il écrivait à Hauranne, dont le neveu, Barcos, étudiait à Louvain: « Je lui fournirai, tant que vous voudrez, tout ce qu'il lui faudra, de l'argent du collège, je le dis naïvement, que j'ai entre les mains. » Et dans une autre lettre :
« Quant à Barcos, vous vous mettez trop en peine du fournissement de ce qu'il aura besoin, et me semble que vous n'apportez pas en cela votre rondeur accoutumée ; car je vous ai tant de fois répété que cela ne m'incommode aucunement, et le dirais franchement s'il était autrement; non que j'aie tant de moyens de moi-même, qui n'était rien, sinon ma vie ; mais c'est l'argent du collège qui est dans mes mains, qui permet bien cela, et davantage, sans qu'aux comptes que je rends toutes les années personne du monde en sache rien 1. »

L'Augustin de Jansénius parut…
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1. Lettres 1 et 4 de Jansénius à Saint-Cyran.

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Message  Louis Jeu 8 Déc - 7:46

13. Publication de son Augustinus. Premières condamnations que cet ouvrage subit.

L'Augustin de Jansénius parut pour la première fois à Louvain en 1640, puis à Paris et à Rouen. Ce livre, accueilli par les uns, attaqué par les autres, excita dès l'origine de vives disputes, et l'on commença dès lors à donner aux partisans de l'Augustinus le nom de jansénistes, comme eux donnèrent à leurs adversaires celui de molinistes. Les Jésuites avaient opposé des   thèses à l'Augustinus.

Le 6 mars 1642 Urbain VIII défendit par une bulle le livre et les thèses, et déclara que le livre renouvelait des propositions de Baïus condamnées par ses prédécesseurs Pie V et Grégoire XIII. Cette bulle, à cause de divers obstacles, ne fut publiée en Flandre et reçue dans l'université de Louvain que longtemps après. On la porta à la faculté de théologie de Paris le 2 janvier 1644, avec une lettre du roi qui enjoignait à la faculté de la recevoir suivant l'intention du Pape. Le 15 du même mois la faculté fit défense à tous les docteurs et bacheliers d'approuver ou de soutenir les propositions censurées  par les  bulles de Pie V, Grégoire XIII et Urbain VIII, quoiqu’elle jugeât à propos de différer l'enregistrement de la dernière à l'occasion de quelque clause dont on souhaitait de s'éclaircir, mais qui ne regardait point le fond.

Isaac Habert, docteur de Sorbonne…

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Message  Louis Ven 9 Déc - 6:53

14. A Paris, Isaac Habert est le premier à s'élever publiquement contre la nouvelle hérésie.

Isaac Habert, docteur de Sorbonne et théologal de l'Église de Paris, depuis évêque de Vabres, fut le premier en France qui commença de se déclarer publiquement contre la doctrine du livre de Jansénius. Il le fit par trois sermons qu'il prêcha dans la cathédrale sur la fin de 1643 et au commencement de 1644.

Antoine Arnauld prit hautement la défense de l'auteur et fit imprimer un livre qu'il intitula Apologie pour Jansénius. Habert écrivit pour la défense de ses sermons et pour répondre à cette apologie, qui fut bientôt suivie d'une seconde et d'une troisième, où Arnauld prétend faire voir que Jansénius n'avait d'autres sentiments que ceux de saint Augustin et des autres Pères de l'Église.

Le 1er juillet 1649 le docteur Nicolas Cornet…

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Message  Louis Sam 10 Déc - 8:52

15. Le docteur Cornet réduit la doctrine du livre de Jansénius à cinq propositions qu'il dénonce à la faculté de théologie. Plus de quatre-vingts évêques défèrent le même livre au Pape et lui demandent un jugement. Onze évêques lui écrivent en sens contraire.

Le 1er juillet 1649 le docteur Nicolas Cornet, syndic de la faculté de théologie, autrefois novice chez les Jésuites, où il ne put rester à cause de son peu de santé, déféra à la Sorbonne sept propositions, réduites depuis à cinq, qu'il avait tirées du livre de Jansénius ; la faculté les condamna. Les docteurs jansénistes en appelèrent au parlement, qui défendit de passer outre. La faculté porta l'affaire devant l'assemblée du clergé en 1650. Quatre-vingt-cinq évêques, auxquels il s'en joignit trois dans la suite, s'adressèrent au Pape Innocent X, par la lettre suivante:

« Très-saint Père, la foi de Pierre, qui ne défaut jamais, désire, avec grande raison, que cette coutume reçue et autorisée dans l'Église soit perpétuellement conservée, qui veut que l'on rapporte les causes majeures au Saint-Siège apostolique. Pour obéir à cette loi si équitable, nous avons estimé qu'il était nécessaire d'écrire à Votre Sainteté touchant une affaire de très-grande importance qui regarde la religion. Il y a dix années que la France, à notre grand regret, est émue par des troubles très-violents à cause du livre posthume et de la doctrine de M. Cornélius Jansénius, évêque d'Ypres. Ces mouvements devaient être apaisés tant par l'autorité du concile de Trente que de la bulle d'Urbain VIII, d'heureuse mémoire, par laquelle il a prononcé contre les dogmes de Jansénius et a confirmé les décrets de Pie V et de Grégoire XIII contre Baïus. Votre Sainteté a établi, par un nouveau décret, la vérité et la force de cette bulle ; mais, parce que chaque proposition en particulier n'a pas été notée d'une censure spéciale, quelques-uns ont cru qu'il leur restait encore quelque moyen d'employer leurs chicanes et leurs fuites. Nous espérons qu'on leur fermera entièrement le passage s'il plaît à Votre Sainteté, comme nous l'en supplions très-humblement, définir clairement et distinctement quel sentiment il faut avoir en cette matière. C'est pourquoi nous la supplions de vouloir examiner et donner son jugement clair et certain sur chacune des propositions qui suivent, sur lesquelles la dispute est plus dangereuse et la contention plus échauffée 1. »

Viennent ensuite les cinq propositions.

Onze évêques, qui n'avaient point voulu approuver la lettre commune des quatre-vingt-huit, en écrivirent au Pape une particulière, où ils blâment leurs collègues de s'être adressés directement au Saint-Siège, et cela pour des propositions inventées à plaisir, au lieu de les examiner d'abord en France même 1. C'est du moins ce que le janséniste Gorin Saint-Amour leur fait dire dans son Journal.

Cinq cardinaux et treize consulteurs tinrent, dans l'espace de deux ans et quelques mois, trente-six congrégations ; le Pape présida en personne aux dix dernières. Les propositions tirées du livre de Jansénius y furent discutées ; le docteur Gorin, dit Saint-Amour, l'abbé Bourzéis et quelques autres qui défendaient la cause de cet auteur furent entendus, et l'on vit paraître, le 31 mai 1653, le jugement d'Innocent X, qui censure et qualifie les cinq propositions suivantes : …
___________________________________________________

1. Actes du clergé de France, t. 1, c. 2. — 1. Dumas, Hist. des cinq Propositions, l., 1

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