Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )

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Message  Roger Boivin Ven 21 Aoû 2009, 8:34 pm


La mystique de Maria de la Luz ne nous révèle pas les arcanes du troisième ciel, mais elle établit la hiérarchie de la vraie piété d'une apôtre laïque. C'est clair et net : le service de Dieu, le service du prochain. La prière du matin, la messe et la communion quotidienne autant que possible, la pratique soutenue des vertus de charité, de pureté, l'esprit de sacrifice.

Elle a pour saint François d'Assise une dévotion spéciale. A vingt-trois ans elle devient Tertiaire. Les Pères Franciscains à qui est confiée la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Coyoacan ont pu la suivre de très près. Le P. Torres, son directeur, affirme qu'il n'a jamais rencontré de Tertiaire plus constante dans la pratique des vertus et plus fidèle aux exercices de piété imposées par la Règle du Tiers-Ordre. Elle avait, note-t-il, une véritable soif de perfection chrétienne; toute sa vie mortifiée l'a préparée au suprême holocauste.

En vraie Mexicaine, Maria de la Luz aime de tout son coeur la Vierge de Guadeloupe. Quand les grandioses cérémonies du quatrième centenaire de l'apparition de la Vierge furent célébrées sur la colline du Tepeyac, chaque paroisse voulut avoir sa fête.

A Coyoacan, c'est Maria de la Luz qui en fut la principale organisatrice. Elle fit elle-même les démarches auprès des autorités civiles pour obtenir les autorisations requises. Puis elle se mit à l’œuvre, entraînant tout le monde par son enthousiasme; de ses mains elle confectionna des centaines de lanternes en papier rose et bleu pour orner les maisons. Chaque soir du triduum préparatoire à la fête, lampions et lanternes japonaises s'allumaient partout, au bruit des pétards.

chaque pays a sa fête populaire, mais je ne sais si l'on peut en trouver au monde qui égalent en délicatesse et en fraîcheur certaines coutumes mexicaines. Quand arrive le jour de fête d'une jeune fille, son fiancé se lève au petit jour et, vêtu de son costume régional, s'en vient, accompagné de ses amis, vers la maison de sa  fiancée et, là, sous la fenêtre, entonne une chanson appelé Mananitas ( littéralement : « la chanson des petits matins » ). L'air en est si suave que le fameux chœur des Cosaques du Don, l'ayant entendu dans une tournée au Mexique, le met habituellement à son programme. C'est le chant qui traduit peut-être le mieux les sentiments de l'âme populaire mexicaine.



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Message  gabrielle Sam 22 Aoû 2009, 9:16 am

" Dieu nous a donné le temps, écrit-elle, un temps mesuré. Selon les oeuvres que nous faisons , nous le convertissons en monnaie. Ces monnaies peuvent être de fausses monnaies, des monnaies de cuivre, d'argent ou d'or.

" La femme qui se donne complètement au monde, celle qui, si jamais elle va à la messe le dimanche, y arrive en retard, convertit son temps en fausse monnaie.

" Celle qui ne profite pas des occasions que Dieu fournit de faire le bien et n'a qu'une piété superficielle, convertit son temps en monnaie de cuivre.

" Celle qui va à la messe non seulement les jours de précepte, mais y assiste même en semaine; celle qui profite des occasions que Dieu lui fournit pour faire le bien, convertit son temps en monnaie d'argent.

" La femme qui, non contente de profiter de ces occasions que Dieu lui présente, les cherche en dépit des sacrifices qu'elle lui imposent; celle qui a un coeur plein d'amour de Dieu et du prochain, celle-là convertit son temps en monnaie d'or. "

Voilà un escalier de perfection...simple et pas facile à monter.
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Message  Roger Boivin Sam 22 Aoû 2009, 11:36 pm


A l'occasion des grandes fêtes de Notre-Dame de Guadeloupe, le Père de Heredia adapta une chanson à la Vierge sur cet air connu de tous les Mexicains. Des copies en furent distribuées par tout le pays; celle que j'ai sous les yeux avait été donnée à Maria de la Luz. Pour se rendre compte de l'émotion que cette prière produisit durant les fêtes, il faut se rappeler que le peuple, réuni de très bonne heure devant l'église, s'adresse à sa Fiancée, qui, pour ce jour-là, est la Vierge Marie :


O Vierge la plus belle
De la vallée de l'Anahuac 1,
Tes enfants, au petit jour,
Viennent te saluer.

Éveille-toi, Mère , éveille-toi,
Vois : c'est déjà le matin,
Les passereaux chantent,
La lune commence à se cacher.

***

De ce joyeux matin
Quand tu te fis voir à Juan 2
Tant que Dieu me prêtera vie
Je garderai le souvenir.

Éveille-toi, Mère, éveille-toi,
Vois : c'est déjà le matin.
Vois, ô Reine, les montagnes
Sont teintées de rouge par le soleil.

***

Quand je vois ton visage
Si plein de candeur,
Je voudrais te donner mille baisers
Pour te prouver combien je t'aime.

Éveille-toi, Mère, éveille-toi,
Vois : c'est déjà le matin.
Regarde mon canot rempli de fleurs
Que j'ai cueillies pour toi de ma main.

***

Mère des Mexicains,
Tu as dit que tu veux l'être :
Eh bien ! regarde, Mère au visage brun,
Si nous savons t'aimer !

Éveille-toi, Mère, éveille-toi :
Vois, c'est déjà le matin.
N'entend-tu pas le teponaztle 3
Qui a déjà mis tout le monde en éveil ?

***

Vois, je suis Mexicain,
Et c'est pour cela que je suis tien;
Cherche, si tu veux, de par le monde :
Tu ne verra pas qui t'aime comme moi.

Éveille-toi, Mère, éveille-toi.
Vois, c'est déjà le matin.
Tu vois : je suis à tes genoux,
Mère, daigne me bénir.


1. i.e. de Mexico
2. Juan Diego. C'est à lui qu'apparut la Vierge de Guadeloupe comme à Bernadette la Vierge de Lourdes.
3. Sorte de tambour.




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Message  Roger Boivin Dim 23 Aoû 2009, 12:01 am


La chanson eut une vogue extraordinaire. Durant le triduum préparatoire à la fête du 12 décembre 1931, des millions de voix, bien avant l'aurore, montèrent de tout le Mexique pour dire à la Vierge de s'éveiller enfin et de sauver ses enfants.

Un Père Jésuite me raconta qu'ayant passé toute la nuit du 11 au 12 décembre dans la basilique de Guadeloupe remplie de fidèles, il entendit au petit jour une rumeur immense autour de l'église : c'était la foule qui s'approchait. Bientôt des milliers de voix d'hommes firent retentir cette clameur de l'âme mexicaine :

Éveille-toi, Mère éveille-toi !


A Coyoacan, la famille Camacho devançait tout le monde, pendant les fêtes du triduum. Dès deux heures du matin, les cantiques résonnaient dans la maison. Avant même le lever du soleil, Maria de la Luz, suivie de quelques amies, parcourait les rues de la ville, et au son des guitares et des tambourins, réveillait les pieux habitants de Coyoacan, en chantant les Mananitas :


O Vierge la plus belle
De la vallée de l'Anahuac,
Tes enfants, au petit jour,
Viennent te saluer.

Éveille-toi, Mère, éveille-toi !


Devant l'église paroissiale, plusieurs centaines de fidèles se trouvèrent réunis. Les Mananitas et les cantiques résonnèrent. Les portes de l'église s'ouvrir et, chaque matin, la cérémonie s'acheva par la Sainte Messe.

Grâce au zèle de Maria de la Luz, la paroisse de Coyoacan fut tout embaumée de dévotion mariale.



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Message  Roger Boivin Dim 23 Aoû 2009, 8:09 pm


L'idéal forcé


Son directeur ne nous a pas dit si Maria de la Luz s'était consacrée à Marie par le vœu de virginité, mais il est sûr qu'elle ne songea pas au mariage.

Elle ne fréquenta jamais de bals et n'eut aucune relation d'amitié avec les jeunes gens de Coyoacan.

sans ostentation, au témoignage d'un Père Franciscain qui la connut intimement, elle parlait de choses pieuses et toute sa personne respirait la pureté. Le ton de sa voix ne s'élevait que pour rappeler le droit des pauvres à la charité des riches. Ses paroles, comme sa vie, étaient empreintes de simplicité et de loyauté.

Un jour, dans une réunion d'amies, une dame fit tomber la conversation sur le mariage :

« Dis-moi, Maria, ce que tu en penses ?
- Madame, répondit la jeune fille, la question ne m'a jamais préoccupée, car je n'ai jamais été attirée de ce côté. Du reste, je ne crois pas que je sois née pour cette vocation. Je m'imagine que celles qui veulent se marier doivent s'y sentir fortement appelées et je plains celles qui s'engagent dans le mariage sans se rendre compte de leurs grandes responsabilités. Emportées par une illusion qui tombe vite, elles restent en face du devoir nu, sans la vertu qu'il faut pour porter la croix de leur état. appelez-moi vieille fille tant que vous voudrez, ajouta-t-elle; joignez-y toutes les épithètes qu'il vous plaira, mais, à moins que le bon dieu n'en dispose autrement, je ne veux pas m'exposer de moi-même à une vie qui ne serait pas heureuse. »

Quand ses compagnes remettaient la question sur le tapis, elle se tenait sur la réserve et les laissait bavarder, conservant pour elle le secret de son cœur virginal voué à Dieu seul.

Dans sa famille on soupçonnait qu'elle pensait à embrasser la vie religieuse. Une de ses tantes était religieuse. Maria de la Luz passait des heures à causer avec elle. Une fois, elle dit à brûle-pourpoint à son frère cadet : « Pourquoi n'entrez-vous pas au séminaire, toi et Raphaël ? Si tu veux, nous allons faire un pari à qui partira le plus tôt : moi au couvent ou bien vous autres au séminaire ! »

A sa sœur Lupita, elle dit un jour en confidence :

« Est-ce que tu n'aimerais pas entrer au couvent ? » Lupita branla la tête, sans enthousiasme.

« Eh bien ! moi, j'aimerais être religieuse. Je pense souvent au bonheur que j'aurais le jour de ma vêture. Je vous vois tous assister à la fête. Puis, les portes se referment derrière moi. Le couvent devient mon chez-moi, et toi... tu rentres à la maison. »



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Message  Roger Boivin Lun 24 Aoû 2009, 12:15 am


A ses parents, elle ne disait rien. M. Camacho se doutait bien de quelque chose, mais il n'osait s'arrêter à la pensée du sacrifice qu'imposerait la séparation définitive.

Or, Maria de la Luz lui écrivit la lettre suivante. Elle ne se sentit pas la force de lui parler de vive voix.


Mon cher papa,

Il y a longtemps que je voulais te faire connaître mon désir, mais je n'en avais pas le courage. Depuis le 17 mai de cette année ( 1932 ), jour où j'ai eu mes vingt-cinq ans, je voulais t'adresser cette lettre pour te faire part de la décision que j'ai prise.

Dieu Notre-Seigneur m'a déjà donné vingt-cinq ans de vie, dont j'ai mal profité. Aussi, maintenant, je veux lui consacrer les années qu'Il voudra bien m'accorder encore, nombreuses ou non, en me vouant totalement à son service.

Je crois que Notre-Seigneur nous tiendra compte du sacrifice que nous ferons pour Lui; je dis sacrifice, oui, parce que te quitter est la plus grande peine que je puisse m'imposer, puisque je ne me suis jamais séparée de toi. Ce sacrifice, pourtant, je le fais avec bonheur, car Notre-Seigneur a dit : Celui qui quittera ses parents, ses frères et ses soeurs à cause de moi, recevra le centuple. Pour toi aussi mon départ sera un sacrifice, car bien que je n'ai pas su pleinement correspondre à tes bontés à mon égard, je ne doute pas que tu ne m'aimes comme ta fille. Oui, mon départ te sera douloureux. Mais il me semble que ce sera pour toi, papa, une grande joie de donner à Celui qui t'a tant donné, une part de ce que tu as reçu, et que cette part, ce soit moi. Moi qui fus ta première-née; ce sera vraiment les prémices que tu offriras au Seigneur !

Je crois que tu ne t'opposeras pas à ma demande.

Mon entrée au couvent, hélas ! entraînera des dépenses. Je sais bien que tu ne pourrais pas les couvrir toutes. C'est pourquoi je désire tant travailler, travailler pour ramasser peu à peu tout ce dont j'ai besoin ou au moins une partie. Puisque, grâce à Dieu, j'ai déjà commencé à le faire, je te serais très reconnaissante de bien vouloir me permettre de continuer, au moins pendant un an, afin d'atteindre l'idéal que je me suis forgé, celui de
ME SACRIFIER POUR DIEU NOTRE-SEIGNEUR ( c'est elle qui souligne ces mots ).

Maintenant que je t'ai ouvert mon cœur, je te demande de m'accorder cette faveur.

C'est chez les Mères Capucines de l'Ordre de Notre Père Saint François que je veux aller, mon cher papa. Pour entrer, il faut au moins trois cents piastres; mais tu peux me les donner en me permettant de continuer à travailler.

Tu comprends maintenant pourquoi j'ai prié Adelita de me procurer du travail. Ne pense pas que si j'ai voulu travailler, c'était pour éviter les besognes de la maison. Au reste, tout en travaillant au dehors, je tâcherai d'aider ma sœur Lupita dans les travaux du ménage.

Ta fille,


Maria de la Luz.



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Message  Roger Boivin Lun 24 Aoû 2009, 12:29 am


Pour atteindre l'idéal qu'elle s'est forgé !... Le mot Forgé est traduit littéralement de l'espagnol Forjado. Les mots de cette lettre, dont on conserve le brouillon, sont bien pesés. L'âme généreuse et calme de Maria de la Luz se montre dans la phrase qu'elle souligne : se sacrifier pour dieu Notre-Seigneur. Son désir de vie religieuse est la conclusion d'un dur travail opéré en elle, avec l'aide de la grâce. Elle ne se fait pas d'illusion sur la vie religieuse : une enclume où Dieu se fabrique des saints avec le marteau du sacrifice.

Les circonstances empêchèrent Maria de la Luz de réaliser dans un cloître l'idéal qu'elle s'était forgé. Le bon Dieu lui réservait un martyre moins lent que celui de la vie religieuse !

Elle n'a plus que deux ans devant elle pour se préparer à cette grâce insigne, mais le bon Dieu lui fait brûler les étapes et la soumet à des peines intérieures très crucifiantes.


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Message  Roger Boivin Lun 24 Aoû 2009, 10:05 pm


Peines intérieures


Les âmes vulgaires ne pardonnent pas aux autres de trop bien réussir. Parmi les compagnes de Maria de la Luz, il s'en trouva qui, par les intrigues et les calomnies que suggère la jalousie, gâtèrent tout le bonheur humain que l'exercice de sa charité surnaturelle pouvait lui apporter.

Le bon Dieu lui a confié des talents; elle juge qu'elle ne doit pas les cacher. Elle met toute son âme aux choses qu'elle entreprend pour la gloire de Dieu, et les réussit. Dans les drames qu'elle monte, elle joue les premiers rôles; quand l'Action catholique est instituée à Coyoacan, elle est nommée trésorière et prosecrétaire; ses allocutions sont remarquées; dans les réunions l'attention se tourne naturellement vers elle. Pour les œuvres de charité, c'est elle qui recueille le plus d'aumônes.

Cela devient intolérable.

On l'accuse de vouloir briller. Oh ! pas en face, pas tout haut; mais dans les coulisses, elle entend les rires sarcastiques de celles qu'elle a crues ses amies. Après les représentations théâtrales, elle reçoit simplement les félicitations que d'ailleurs elle mérite bien. Mais son plaisir ne dure guère. Ses amies, les lèvres pincées, branlent la tête. De petites cabanes se forment pour rompre le cercle de ses collaboratrices. Une fois même on lui attribue faussement les lettres anonymes les plus vilaines.

Ces petitesses la révoltent. Elle en souffre profondément, mais elle garde sa peine pour elle. Bien faire et laisser dire.

Quand elle rentre à la maison, blessée par quelque trait amer, elle paraît parfois un peu triste. Mais elle se domine bientôt, et personne ne devine ce qu'elle souffre.

« Quand on peut porter sa peine tout seul, disait-elle, pourquoi en faire souffrir un autre ? »

Elle ne cache rien à son directeur, mais quand elle doit lui confier ses peines, elle excuse celles qui en sont la cause, et leur pardonne de tout coeur.

Ce n'est pas pour se plaindre qu'elle parle, mais pour chercher un remède à sa douleur et trouver le moyen de renouer les liens d'une amitié que la jalousie a brisés.

« Une fois, raconte son directeur, elle me posa le cas de conscience suivant : J'avais une amie que j'aimais beaucoup. J'allais chez elle, elle venait chez moi. Ensemble nous allions chaque matin à la messe; nous étions toujours côte à côte à la table de communion. Nos récréations étaient communes. Nous n'avions pas de secret l'une pour l'autre. Quand me furent enlevées, dans les circonstances que vous savez, les charges que j'occupais dans l'Action catholique, mon amie s'est retirée peu à peu de moi et je sens chaque jour d'avantage l'abîme qui nous sépare. Que dois-je faire ? Si je lui demandais pardon ?

- Pardon de quoi ?...
- Si je la priais au moins de ne pas me mépriser si elle ne veux pas m'aimer ? Ferais-je bien ?
- Non, lui répond le prêtre. Si le bon Dieu permet que tu perde cette amie, c'est peut-être qu'il veut être seul à posséder tout ton cœur.
- Je sais, répliqua-t-elle. Mais il est dur de supporter les dédains de celle que j'ai tant aimé... Dois-je faire mon sacrifice pour toujours ?
- Oui, pour toujours, si le bon Dieu le demande. »

Maria de la Luz se leva sans rien ajouter et s'en alla à  l'église. Là, seule, à genoux devant le tabernacle, elle offrit à Jésus, avec tout l'amour de son âme, le sacrifice de l'amitié humaine - pour toujours !



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Message  Roger Boivin Mar 25 Aoû 2009, 10:35 pm


Ces victoire intimes des âmes fortes font peu de bruit en ce monde. Le Seigneur était seul au jardin des Olives. Mais son agonie sauvait le monde.

Quand le bon Dieu rencontre une âme généreuse qui consent à se laisser travailler par la grâce, il ne laisse pas son œuvre inachevée. Maria de la Luz, abandonnée par ses amies, se sentit parfois aussi comme abandonnée de Dieu.

C'est l'épreuve classique des plus saintes âmes. Sainte Thérèse de Lisieux fut, pendant les deux dernières années de sa vie, terriblement tentée contre la foi. Elle avait l'impression qu'il n'y avait plus de ciel, plus de Dieu, et que toutes ses pénitences et ses actes d'amour tombaient dans le vide.

Notre-Seigneur réservait pareille angoisse à Maria de la Luz. C'était quatre mois avant sa mort; la tentation n'a pas dû venir tout d'un coup, mais l'héroïque jeune fille parvenait à garder le secret de ses batailles intimes qui, après beaucoup de luttes sans doute, s'achevaient en victoires. Cette fois le choc fut si violent qu'il éclata au dehors. Il s'opéra en elle un changement étrange. Pendant vingt-quatre heures, elle ne veut prendre aucune nourriture et s'enferme seule dans sa chambre. son père n'y comprend rien. Il ne reconnaît plus son enfant dont toute la vie a été dévouée au service de Dieu. Il essaye de la raisonner. Elle répond que c'est fini, qu'elle ne croit plus à rien ni à personne. Inutile d'insister. « Prenez mon chapelet, ajoute-t-elle, prenez mon missel, mes médailles et donnez tout cela à ma tante religieuse... Laissez-moi toute seule. »



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Message  Roger Boivin Mar 25 Aoû 2009, 10:56 pm


M. Camacho voit qu'il ne s'agit pas d'un simple caprice, mais d'une tentation violente. Il s'assied près d'elle, lui rappelle tout son passé, tâche de lui faire entendre raison. Elle reste indifférente.

Il se rappelle alors qu'il est père : il ne peut pas laisser périr son enfant. D'une voix ferme, il lui dit : « Au nom de l'amour que tu as toujours porté à ton père, je te demande d'obéir. Je veux que tu mange. » Le diable était vaincu.

« Eh bien ! soit, papa, reprit-elle en souriant. Je mangerai, mais à une condition, c'est que tu me pardonnes et que tu viennes manger avec moi ! »

Elle voulut se confesser le jour même. Le prêtre, mandé par M. Camacho, accourut. La confession laissa la pauvre âme calme et consolée. Elle alla se jeter aux pieds de ses parents et leur demanda pardon de les avoir contrister.

La bourrasque étonna d'autant plus son entourage que Maria de la Luz, naturellement gaie, avait toujours fait preuve d'une piété simple et franche. Dans l'histoire de sa vie, c'est l'unique trait de ce genre qui ait percé au dehors. Elle reprit avec amour son chapelet et son missel et retrouva sa gaîté. Elle redevint la pieuse jeune fille, joyeuse et soumise, qu'elle avait toujours été. Sa piété ne lui donna jamais en effet cet air compassé qu'affectent parfois les gens de bien, ni cet air maniéré, figé dans l'extase, que certains imagiers croient devoir donner à la figure des saints.



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Message  Roger Boivin Mar 25 Aoû 2009, 11:02 pm


Maria de la Luz sait s'amuser et amuser les autres. Dans les drames, elle remplit aussi bien les rôles comiques que les plus tragiques. A l'occasion, elle se joint volontiers à ses compagnes dans les parties de plaisirs. Une photographie nous montre une de ces excursions organisées par ses amies. A dos d'âne, on s'est rendu à Tepelpa, près de Tisapan, où elle se donne avec entrain à tous les divertissements d'une promenade dans un pays fort pittoresque.


Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique ) - Page 5 Numari21


Une autre photographie la représente au milieu d'un groupe de douze jeunes filles, dont chacune a revêtu l'un des nombreux costumes nationaux mexicains. Maria de la Luz a choisi l'habit régional que portent les jeunes filles de Jalisco quand elles dansent le fameux jarabe tapatio.


Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique ) - Page 5 Numari22



Elle ne laisse pas non plus passer la fête ou l'anniversaire de ses amies sans les réunir dans une fête intime qu'elle anime de sa bonne humeur.

Au fond, ce qui commande ses paroles et ses actes, c'est l'esprit de charité. C'est à n'en pas douter la vertu qui domine sa vie.

Un Père Franciscain de la paroisse de Coyoacan parle en ces termes de la charité de Maria de la Luz :

« En novembre 1933, les membres du Tiers-Ordre furent invités à recueillir du linge et des habits pour les pauvres. Mlle Camacho prit la chose tant à coeur qu'à elle seule elle arriva à recueillir trois cents pièces de linge. Puis, aidée de ses compagnes, elle organisa elle-même une représentation théâtrale pour réjouir « les pauvres de Jésus-Christ ». Elle expliqua ainsi à ses auditeurs le sens de la réunion :

« Le groupe des jeunes Tertiaires qui a fondé le Cercle dramatique de sainte-Isabelle a cru répondre au désir de son Père Directeur en vous réunissant dans cette salle pour fêter nos pauvres. c'est une fête simple, mais combien significative, que nous avons organisée en l'honneur de notre auguste Patronne ( Sainte Isabelle ) avant de procéder à la répartition des objets destinés à nos chers pauvres.

« Comment, en effet, laisser passer cette glorieuse fête, sans convoquer les pauvres de Jésus-Christ que notre sainte aimait tellement ? Malgré la noblesse de sa naissance, elle s'est toujours penchée vers eux avec affection; elle  leur montrait sa charité par ses largesses et de ses mains elle aimait travailler à la confection des objets qu'elle leur distribuait elle-même. Tout son bonheur était de rendre les autres heureux.

« Nous n'avons qù'à suivre l'exemple de notre sainte Patronne. Avec notre infatigable Directeur, nous voulons jouir du bonheur de répandre sur nos chers pauvres un rayon de soleil. C'est le but de cette petite fête. Puisse-t-elle soulager un peu leur misère ! Les objets que nous avons recueillis ne sont pas aussi abondants que nous l'aurions voulu, mais leur distribution nous offre l'occasion de suivre le noble exemple de sainte Isabelle; elle nous donne aussi la joie d'avoir imité son grand esprit de charité. »



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Message  Roger Boivin Mer 26 Aoû 2009, 10:15 am


Chef de groupe


La grande affection que Maria de la Luz portait aux pauvres de Jésus-Christ n'était qu'un aspect de sa charité. Entreprenante, enthousiaste, ayant la passion de faire rayonner le bien, elle était préparée à se joindre au grand mouvement d'Action catholique, quand l'Archevêque de Mexico l'introduisit dans la paroisse de Coyoacan au début de l'année 1930. Elle occupa bientôt les premières charges de son groupe. Elle a déjà l'âme et l'élan d'un chef. En lisant ses fragments de discours, on sent qu'elle domine son sujet et qu'elle s'impose à ses auditeurs. Une simple photographie nous en fournie la meilleure preuve. Elle est prise dans une salle de réunion du Comité central et diocésain de l'Action catholique de la jeunesse. Tous les membres du comité sont sur la scène : six jeunes gens et six jeunes filles. Maria de la Luz est assise à la table au tapis vert, en train de donner sa conférence; elle parle devant l'élite de la paroisse de Coyoacan qu'elle a soin de nous présenter avec la solennité qui convient :

« Très dignes assistants ecclésiastiques du comité central et diocésain de l'Action catholique de cette paroisse,
Mes Révérends Pères,
Très honorable membre de la ligue internationale de la jeunesse catholique,
Membres très distingués du comité central et diocésain de la jeunesse catholique mexicaine,
Membres très respectables de la société et du comité d'Action catholique de Coyoacan,
Messieurs,
Mesdames,
Mesdemoiselles,
Mes chères compagnes. »



Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique ) - Page 5 Numari27



L'Action catholique venait de s'implanter à Coyoacan. D'autres orateurs en avaient exposé la nature et le programme. A Maria de la Luz était échue la tâche de parler des cercles de jeunes filles.

Son travail va nous renseigner sur les cercles de l'Action catholique à Mexico; il nous montre aussi que Maria de la Luz, à 23 ans, maîtresse d'elle-même et de sa parole, exerce déjà une influence profonde autour d'elle. On nous pardonnera d'en citer quelques passages :



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Message  Roger Boivin Ven 28 Aoû 2009, 7:15 pm


« Je me propose de vous dire en quelques mots ce qu'est un cercle d'études de la jeunesse catholique mexicaine.

« C'est la réunion d'un groupe de jeunes filles qui désirent étudier pour se former, s'instruire et pouvoir ensuite être utiles à l'Église et à la société. Le cercle est une école où se complète l'éducation et l'instruction religieuse, morale et intellectuelle dont la jeunesse a besoin pour accomplir la mission que Dieu lui a confiée.

« Les cercles d'études ont un double but : augmenter chez la jeune fille son bagage d'idées, lui former un jugement raisonné et sensé et lui apprendre à exposer ses idées d'une manière intelligente. Il n'est pas rare, en effet, de rencontrer des jeunes filles qui ont des idées saines, mais qui, faute de savoir les exposer clairement, n'exercent guère d'influence.

« Les membres du cercle apprennent aussi à résoudre les difficultés; à l'occasion elles pourront mettre en garde celles de leurs amies que l'erreur ou les préjugés auraient atteintes. En un mot, leur ambition est de connaître et de faire connaître la vérité, d'en propager le culte et l'amour.

« Pour la jeunesse, quel plus bel instrument de formation que les cercles ? L'échange habituel d'idées, d'opinions, de projets établit inévitablement entre les membres une intimité, une certaine camaraderie, un esprit de confiance réciproque qui va jusqu'à la plus ingénue franchise. Les jeunes filles n'y trouvent pas seulement des compagnes et des amies, mais des soeurs toujours prêtes à les aider dans leurs travaux et à les soutenir dans leurs difficultés.

« La culture intellectuelle est d'une importance primordiale; les cercles y pourvoient par des lectures qui développent l'esprit, par des commentaires, des discussions, par des réponses aux difficultés proposées. Il y a sans doute de belles exceptions, mais, en général, les jeunes filles au sortir de l'école négligent complètement le développement de leur intelligence, passent le meilleur de leur temps à s'amuser, à lire des romans parfois peu recommandables, sans jamais se donner la peine de poursuivre à fond une étude qui pourrait leur être utile dans la vie. Elles ont pourtant une excuse : l'étude individuelle se bute souvent à des problèmes que seuls des esprits supérieurs sont en mesure de résoudre. Isolée, la jeune fille se décourage et abandonne l'étude.

« Dans les cercles, au contraire, les difficultés, pourvu qu'elles soient résolues de façon satisfaisante, affermissent les convictions. La jeune fille s'arme et se prépare à l'action. Elle acquiert, au contact des autres, le don d'initiative, la pratique de la propagande et le souci du progrès. La volonté aussi se forme; le simple fait d'avoir à parler devant des compagnes, pour peu nombreuses qu'elles soient, force la jeune fille à vaincre sa timidité naturelle et l'habitue à s'exprimer avec aisance. C'est ainsi que peu à peu elle met en valeur les qualités dont la femme mexicaine est douée, mais qu'elle développe d'ordinaire si peu, à cause de sa grande timidité.



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Message  ROBERT. Ven 28 Aoû 2009, 8:53 pm

gabrielle a écrit:
" Dieu nous a donné le temps, écrit-elle, un temps mesuré. Selon les oeuvres que nous faisons , nous le convertissons en monnaie. Ces monnaies peuvent être de fausses monnaies, des monnaies de cuivre, d'argent ou d'or.

" La femme qui se donne complètement au monde, celle qui, si jamais elle va à la messe le dimanche, y arrive en retard, convertit son temps en fausse monnaie.

" Celle qui ne profite pas des occasions que Dieu fournit de faire le bien et n'a qu'une piété superficielle, convertit son temps en monnaie de cuivre.

" Celle qui va à la messe non seulement les jours de précepte, mais y assiste même en semaine; celle qui profite des occasions que Dieu lui fournit pour faire le bien, convertit son temps en monnaie d'argent.

" La femme qui, non contente de profiter de ces occasions que Dieu lui présente, les cherche en dépit des sacrifices qu'elle lui imposent; celle qui a un coeur plein d'amour de Dieu et du prochain, celle-là convertit son temps en monnaie d'or. "

Voilà un escalier de perfection...simple et pas facile à monter.

C'est drôle, chère amie. Quand je suis arrivé à cette citation aujourd'hui, je l'ai copiée dans MES DOCUMENTS. Cette échelle me fait penser aux trois degrés de perfection de Saint Jean de la Croix (?)...
ROBERT.
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Message  Roger Boivin Ven 28 Aoû 2009, 9:59 pm


« Pour atteindre son plein épanouissement, nous le savons, une organisation doit nécessairement trouver un appui, quelqu'un qui s'intéresse à son fonctionnement, à ses progrès. Les cercles d'études sont régis par un comité chargé d'y veiller. Ce comité, qui doit toujours agir de concert avec le comité paroissial, se compose d'une présidente, d'une secrétaire et d'une trésorière. Le cercle a aussi un directeur, qui sera de préférence un prêtre. Le prêtre, par ses connaissances et son expérience, est un précieux appui. Il est en quelque sorte l'âme du cercle : il assiste aux réunions, rédige les discussions, les oriente, résout les difficultés qui paraissent insolubles aux membres, toujours avec cet esprit d'abnégation et de dévouement que l'on sait.

« Les réunions ont lieu toutes le semaines.

« Quand un membre est désigné pour développer un sujet à la prochaine réunion, toutes ses compagnes s'empressent de l'aider; elles lui prêtent les livres qui peuvent lui être utiles, elles lui suggèrent les moyens de s'acquitter de sa tâche d'une manière satisfaisante. En un mot, c'est une sœur aidée par ses sœurs. La critique de son travail se fait avec cet esprit de délicatesse qui évite le trait blessant; sans parti pris, elle s'efforce avant tout de faire briller la vérité. Pendant la discussion qui suit et à laquelle tous les membres doivent prendre part, on veille à la distinction, on évite toute parole blessante pour une compagne; on tâche de faire preuve en tout de bonne éducation, de culture et de charité fraternelle.

« Les cercles d'études constituent donc un des moyens les plus efficaces sur lesquels l'Action catholique puisse compter, puisqu'ils sont une œuvre commune à laquelle chacune apporte ses lumières, ses idées, son enthousiasme, afin de réaliser, par un effort commun, une même tâche et d'atteindre l'idéal que nous poursuivons.

« Vous vous rendez compte, Mesdemoiselles, j'en suis sûre, de l'importance de nos cercles d'études.

« Puissent le Saint-Esprit et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, patronne de notre association, aviver dans vos coeurs la flamme de l'enthousiasme et susciter d'autres membres qui viendront se joindre à nous, dans l'Association de la Jeunesse catholique mexicaine de Coyoacan. Quant à vous, mes chères compagnes, membres de notre cercle, encouragez-vous mutuellement à progresser chaque jour d'avantage dans vos études afin que plus tard vous puissiez en faire profiter les autres; vous ferez ainsi honneur à notre devise et porterez toujours plus haut le nom de Jeunesse. »



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Message  Roger Boivin Ven 28 Aoû 2009, 10:20 pm


Le comité paroissial de la Jeunesse catholique féminine de Coyoacan avait été fondé le 15 janvier 1930. Dans les papiers de Maria de la Luz, j'ai trouvé le rapport de trésorière qu'elle présenta un an plus tard. Les recettes et les dépenses y sont minutieusement inscrites, mois par mois. Ce travail, tout matériel, est, comme tout ce que faisait Maria de la Luz, exécuté avec esprit surnaturel. Au bas de chaque page elle a soin d'écrire : « Eucharistie, Apostolat, Héroïsme », ces trois mots de rappel qui résument le sens et le but de son travail.

Les années 1930-31 furent les plus favorables à l'extension de l'Action catholique mexicaine.

Les évêques rappelés d'exil ou sortis de leurs cachettes, parcourent leurs diocèses, suscitant le zèle, encourageant les efforts. Monseigneur Ruiz y Flores, que Pie XI a nommé Délégué Apostolique le 1er juin 1929 et qu'il a confirmé dans sa charge le 14 novembre, organise partout les œuvres; il s'emploie surtout à promouvoir l'Action catholique, l’œuvre qui tient tant à cœur au Souverain Pontife dont il est le représentant officiel au Mexique.

Les critiques ne l'arrêtent pas.

Le 2 juin 1930, il réprouve par la voie de la presse l'attitude prise par quelques mécontents, et précise ce qu'il faut entendre par Action catholique. Il met en garde les catholiques trop pressés ou trop ardents qui voudraient la faire glisser sur le terrain politique.

« L'impatience de certains éléments, dit-il, s'explique par notre tempérament et par les motifs sacrés qui sont mis en avant... Il est sûr que la condition précaire actuelle de l'Église catholique au Mexique ne peut satisfaire personne. Mais... l'Action catholique ne peut ni ne doit se confondre avec l'action civique ou politique. La fin de l'Action catholique est de former des catholiques pratiquants, conscients de leurs devoirs, des hommes de caractère qui font entrer la religion dans toutes leurs activités, dans leur conscience, dans la famille, dans leur profession, dans leurs relations sociales, ainsi que dans les devoirs qui se rattachent au bien public. L'Action catholique doit cependant rester étrangère à toute pertubation, étrangère à tout parti politique, laissant au catholique la liberté de penser selon sa conscience et d'embrasser le parti qu'il croit le meilleur... »

Le 4 octobre 1932, Monseigneur Ruiz y Flores sera expulsé du Mexique. Le souverain Pontife avait, quelque temps auparavant, protesté à la face du monde contre l'évidente mauvaise foi du gouvernement mexicain. A la Chambre, les députés attaquèrent violemment le Pape, dénaturant le sens de l'Encyclique Acerba animi. Le Délégué, dans une lettre très digne, remit les choses au point. La raison du plus fort n'est pas toujours la meilleure, mais c'est elle qui s'impose à Mexico. Monseigneur Ruiz y Flores dut partir pour l'exil.



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Message  Roger Boivin Sam 29 Aoû 2009, 12:36 pm


Au fond, le gouvernement attendait un prétexte pour se débarrasser du Délégué. Depuis les accords, il est trop actif. Il dirige les évêques, il forme les prêtres à l'Action catholique; il est partout, il préside les assemblées les plus imposantes comme les plus simples. Une photographie nous le montre à une réunion des membres de l'Action catholique de Coyoacan. L'Élite de la paroisse l'entoure. Maria de la Luz est debout, dissimulée parmi ses compagnes. Elle était dans les honneurs et sa place aurait dû être au premier rang. Mais l'expérience lui a montré qu'il n'est pas toujours bon d'user de son droit. Elle sait que les yeux de ses compagnes sont sur elle, et elle veut éviter les prétextes aux petites jalousies.

Une fois, elle assistait à un thé : une fête intime qui groupait quelques amies autour du Directeur de l'Action catholique de Coyoacan. A table, elle se mit près de lui et, avec la plus grande simplicité du monde, elle s'entretenait allègrement avec lui. Son petit succès parut insupportable à ses compagnes. Des remarques amères commencent à circuler. Des chuchotements. Maria de la Luz s'en aperçoit. Avec un accent de tristesse, elle dit à l'oreille du prêtre qui raconte lui-même l'incident : « Je crois que je joue un rôle qui ne m'appartient pas; je ne devrais peut-être pas occuper cette place. » Le prêtre essaie de la rassurer. Mais la pensée qu'elle pourrait contrister quelqu'un lui est intolérable. Elle se lève et va se joindre à ses compagnes, avec un sourire qui leur demande pardon. Elle disait après coup : « J'aurais eu trop de chagrin de causer la moindre peine à si bonnes compagnes. »


Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique ) - Page 5 Numari28


Elle tâchait d'oublier ces petits traits de jalousie qui lui perçaient le cœur et continuait de son mieux à remplir les charges qu'on lui avait confiées. Un des derniers travaux préparés pour son cercle d'études nous a été conservé. C'est sur la formation morale de la jeune fille. En voici quelques passages :



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Message  Roger Boivin Sam 29 Aoû 2009, 7:25 pm


« Un des points les plus importants du programme de l'Association catholique de la Jeunesse féminine mexicaine est la formation morale de ses associées. Cette formation est indispensable à la jeune fille. Celle-ci est appelée à former le cœur de l'enfant, elle doit donc commencer par former le sien.

« Une infinité de dangers et d'obstacles se rencontrent sur son chemin; mais si elle est bien préparée, si sa formation est solide, elle saura, avec le secours divin, vaincre les obstacles et, malgré toutes les difficultés, elle ira toujours de l'avant.

« Pour cela il faut que nous unissions nos efforts... Il faut que les jeunes filles, et nous surtout, les membres de l'Association de la Jeunesse catholique féminine mexicaine, nous sachions toujours distinguer où se trouve le bien et où se trouve le mal, de sorte que nous puissions guider les autres et les aider. Oui, les aider, car il ne suffit pas de savoir, il faut pouvoir agir sur les autres, apaiser les discordes, unir les coeurs divisés, et à l'occasion leur donner de bons conseils. Avant tout, il faut édifier par le bon exemple. »



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Message  Roger Boivin Sam 29 Aoû 2009, 8:02 pm


Elle se hasarde ensuite à parler de l'amour.


« Dieu, dit-elle, a créé la femme pour aimer et être aimée. L'amour, qu'il soit divin, qu'il soit légitime ou non, est une des armes les plus puissantes mises entre ses mains : elle peut s'en servir pour grandir les forces humaines ou pour les dominer.
« L'amour divin anime et perfectionne toutes les œuvres, comme on le voit dans la vie des grandes saintes.

« L'amour légitime chez les femmes peut rendre son action héroïque et sublime.

« L'amour profané et dégradé l'entraîne à la ruine.

« La femme possède la grande force du monde : elle peut mener le cœur de l'homme, et l'homme mène le monde...

« Il faut donc bien former nos cœurs.

« A cette fin, je propose que pendant les trois mois qui précèdent nos cours réguliers de religion, nous commencions par un cours de morale dans lequel le prêtre voudra bien se charger de nous parler de la vocation. Car, avant tout, il faut savoir ce à quoi le bon Dieu nous destine. S'il nous veut dans le monde, nous nous préparerons à bien remplir les devoirs de notre état et, à la suite du divin Maître, nous tâcherons de marcher sur les traces des saints qui ont vécu au milieu du monde.

« Si Notre-Seigneur nous veut totalement à lui, s'il veut que nous lui consacrions notre vie  en renonçant au monde et ses vanités, nous le ferons sans tarder.

« Ce cours, me semble-t-il, nous sera de grande utilité. Combien n'y a-t-il pas de jeunes filles qui savent bien que le monde ne comble pas leurs aspirations ? Elles ne le quittent pas, parce qu'elles ne connaissent pas leur vocation. Or, qui ne connaît pas sa vocation chemine hors de sa voie...

« Je me permets, en terminant, de faire une proposition. Celle d'installer une boite aux lettres où les membres du cercle pourront déposer par écrit leurs difficultés sur les questions de religion ou sur les problèmes que soulève la formation morale de la jeune fille. Ces points pourraient ensuite faire l'objet de discussions au cours de morale. Leur solution sera utile aux intéressées et servira aussi de règle de conduite pour toutes les associées.

« Eucharistie, Apostolat, Héroïsme. »


L'Action catholique était donc très vivante à Coyoacan. Les cercles se multipliaient et on y faisait du bon travail. Le cercle des jeunes filles, sous l'impulsion de Maria de la Luz, promettait de former une belle équipe d'apôtres laïques.

C'était le beau temps, le rayon de soleil avant la tempête.



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Message  Roger Boivin Sam 29 Aoû 2009, 8:22 pm


Obstacles et triomphes


Les francs-maçons n'avaient jamais été inquiets. Portes Gil avait rassuré ses chers Frères dès le lendemain des accords de 1929; il avait juré que les lois impies seraient observées à la lettre. A partir de 1932, ils n'entretiennent plus de doute : la persécution a recommencé. Le Délégué Apostolique est en exil. A la suite d'un incident, le culte a été suspendu pendant deux mois dans tout le district fédéral. L'État restreint de plus en plus le nombre des prêtres. Le 29 mai, l'église de Jésus-Maria de Guadalajara est incendié; deux religieuses sont brûlées vives dans un orphelinat adjacent. Le 19 juin, la police charge la foule réunie devant la cathédrale de Morelia. Le 26 juillet, des mains criminelles répandent de l'essence dans l'église paroissiale de Panuco ( État de Vera Cruz ) et y mettent le feu; dans le même État, les églises de Puerto Mexico sont fermées le 23 août par ordre du gouvernement. Le 5 septembre, Bassols devient ministre de l'éducation publique. Le 23 septembre, le gouvernement de Vera Cruz ordonne de changer les noms qui rappellent même de loin le culte catholique. Le 30 octobre, la police ferme les églises de la ville de Mexico. Le 14 décembre, à Vera Cruz, des ministres d'État assistent au premier baptême officiel socialiste de treize enfants, etc.

La liste des vexations pourrait s'allonger indéfiniment; il suffit de noter que chaque jour elles augmentent en nombre et en violence.

Le bel essor qu'avait pris l'Action catholique se ralentit peu à peu; les œuvres catholiques doivent se cacher pour vivre.

Par ailleurs, certaines difficultés surgissent dans le comité d'Action catholique de Coyoacan. Maria de la Luz doit céder à d'autres les premières charges qu'elle occupe. Elle n'en garde rancune à personne. Ni les dangers du dehors ni les déceptions intimes ne peuvent abattre sa patience ou modérer son zèle. Elle ne profère jamais un mot de plainte ou de reproche; elle raconte sa peine à son directeur et conclut par ces mots : « Dieu le veut ainsi. Fiat ! »

Elle en souffre, mais sa douleur ne la décourage pas.

Dans son cahier de notes, j'ai trouvé écrite au crayon l'ébauche d'une pensée qui devait mûrir en son âme :

« Pour apprécier la joie, il faut avoir connu la douleur... La douleur est nécessaire comme l'amour. Dieu se sert de la douleur comme d'un instrument pour... » ( tremper les âmes ? ). La phrase est inachevée.



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Message  Roger Boivin Sam 29 Aoû 2009, 11:03 pm


Son action catholique va déborder sous une autre forme. Elle organise des fêtes où les jeunes filles se divertissent sans offenser Dieu. Elle multiplie les thés, où, loin des compagnies douteuses, on s'amuse et on parle d'autres choses que de théâtre, de fiancés, de toilettes. Quelles heures charmantes passées en compagnie de Maria de la Luz ! Tout en causant, elle enseigne à ses compagnes la broderie, la coupe, le tissage; elle les intéresse à ses chers pauvres qui ont besoin de vêtements ou à ses catéchistes qui attendent des récompenses.

Elle n'oublie jamais le jour de fête de ses compagnes. Elle s'y prend d'avance. Elle recueille un peu d'argent. Le jour venu, elle les conduit à la messe qu'elle fait dire à l'intention de celle qui est l'objet de la fête. Chacune d'elles offre sa communion. Dans l'après-midi, réunion où l'on s'amuse bien.

Toutes ses activités sont animées d'un même zèle : procurer aux jeunes filles une solide formation chrétienne.

L’œuvre du bon théâtre qui l'occupe surtout durant les dernières années de sa vie n'a pas d'autre but. Elle fonde le cercle dramatique de Sainte-Isabelle. Elle explique en ces termes le but de l’œuvre à ses collaboratrices :

« Notre cercle essayera de détourner les jeunes filles des divertissements mauvais, des cinémas, des bals et de tous les autres amusements mondains où le bon Dieu est tellement offensé. » Il faut la voir à l'oeuvre. C'est elle qui choisit les pièces, distribue les rôles, exerce les jeunes actrices. Ses parents sont parfois d'avis qu'elle ne réserve pas assez de temps pour les travaux de la maison. Puisque le temps manque, elle en crée, c'est-à-dire qu'elle le dérobe à ses nuits. Pendant les longues semaines de préparation, elle se lève deux heures plus tôt que de coutume.

Le souvenir des fêtes dramatiques organisées par Maria de la Luz est encore vivace à Coyoacan. Au témoignage des spectateurs, elles faisaient toujours salle comble.

Nous avons sous les yeux quelques programmes élaborés par elle.

Le 10 mai 1933, elle fit jouer le Martyre d'une mère pour célébrer la fête des mères chrétiennes.

Le 18 août, une autre grande séance où elle tient le premier rôle dans une pièce comique, le Juguete Comico et dans un drame en trois actes : Marie Stuart. Quelques mois plus tard, elle monte une pièce sur Jeanne d'Arc. Une séance tous les deux ou trois mois.

Elle ne se réservait pas toujours les rôles les plus importants; elle choisissait plutôt les plus tragiques. Elle les rendait à merveille. On la voyait pleurer de vraies larmes.



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Message  Roger Boivin Dim 30 Aoû 2009, 1:40 pm


Dans un drame où la femme de l'infortuné empereur Maximilien est représentée tout en larmes et comme folle de douleur, Maria de la Luz joue le rôle d'une religieuse qui, par ses soins et ses prières, essaye de calmer l'impératrice en délire.

Elle disait :

Notre Père qui êtes aux cieux
Prenez pitié de cette âme;
Et s'il faut, pour la consoler,
Prenez ma vie en échange...

En 1933, les catholiques mexicains vivaient dans une atmosphère d'héroïsme. Le sang coulait encore. La pensée du sacrifice pour la grande Cause était dans tous les esprits, et comme les pièces choisies par Maria de la Luz mettaient le plus souvent en scène quelque victime de la persécution religieuse, les allusions à la vie mexicaine sautaient aux yeux. Les noms changeaient, mais au fond c'était le drame mexicain qui se jouait sur la scène. On devine l'émotion des spectateurs.

Une fois, par exemple, Maria de la Luz joue le rôle d'une esclave chrétienne dans la pièce de Fabiola. Je conserve la copie écrite de sa main. On connaît cette émouvante étude du cardinal Wiseman sur la société chrétienne des premiers siècles. Fabiola est encore païenne et Myrian ( Maria de la Luz ) s'efforce de la convertir à la foi. Myrian est prête à sacrifier sa vie pour Fabiola. Les applications se font d'elles-mêmes : Maria de la Luz est dans son rôle d'apôtre; Fabiola, c'est la chère patrie mexicaine, qu'elle veut sauver.

Maintenant que Maria de la Luz s'est sacrifiée pour le salut de son pays, les paroles qu'elle prononçait dans la pièce prennent un sens encore plus pathétique :


J'ai un désir immense
De l'arracher à la mort...
De semer sur ce terrain fertile
La semence de la vérité et du bien.
Je veux la faire tomber
Prisonnière des filets
De l'amour de Jésus-christ...

***

Les mystères de ma vie ?...
Ils peuvent ainsi se résumer :
Ma mère bénie mourut
Et un épouvantable deuil
Enveloppa notre foyer...

***

Ah ! pour préparer et hâter
Ce que je désire tant.
C'est avec joie que je verserais
Le sang de mes veines !

***

Nos chrétiens ne t'inspirent-ils pas
Respect et bienveillance ?
Vois l'abnégation avec laquelle
Ils souffrent tant de tortures
Sans même exhaler une plainte !
...........................................
Je vois donc aussi la mort
Qui me caresse le visage...
Jésus ! si tant de délices
Peuvent s'unir à la mort,
Laisse-moi mourir maintenant;
Mais accorde-moi de voir
Mon œuvre achevée
Avant que je ne meure !

( Myrian, blessée à mort par un païen, dit à Fabiola qui s'agenouille : )

Ce sang, ce sang virginal
fut versé pour te sauver !

( Elle baptise Fabiola. )

Toutes deux ensemble,
chacune à sa manière
Nous naissons aujourd'hui
A une vie nouvelle...

( Un chœur invisible se fait entendre. )

Ce sont les anges de Dieu
Penchés sur notre berceau :
Ils nous appellent toutes deux :
Toi, aux saintes luttes de la terre,
Moi, au grand repos du ciel !


En récitant ces vers, Maria de la Luz y mettait un accent de sincérité qui frappait les auditeurs. Prévoyait-elle alors la mort qui l'attendait ?



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Message  Roger Boivin Dim 30 Aoû 2009, 2:25 pm


Une fois, elle eut en plein jour, en pleine rue, une sorte de vision qui la tint profondément émue pendant plusieurs jours. Elle venait de quitter la maison d'une dame de Coyoacan, chez qui elle était allée précisément repasser son rôle en compagnie de sa sœur Lupita. Elle se vit morte, baignée dans son sang, au milieu d'un grand parc et tout entourée de rouges coquelicots. Imagination ou non, la scène devait se reproduire telle quelle : elle mourra, devant l'église paroissiale, dans le grand parc où les Rouges déchargeront sur elle leurs revolvers.

Au témoignage de Mme Camacho, Maria de la Luz préparait ses rôles avec un soin extrême. « Mieux nous réussirons, disait-elle, plus on viendra nous entendre. Plus il y aura de monde, plus abondantes seront les recettes. Si jamais nos prêtres sont mis en prison, nous pourrons payer la rançon de leur délivrance. » Ses représentations faisaient ainsi d'une pierre deux coups : donner au public de Coyoacan une récréation saine et instructive, et recueillir des fonds pour soutenir les bonnes œuvres.

On l'accusa de vouloir briller : le bon Dieu lisait dans son âme les intentions très pures qui l'animaient.



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Message  Roger Boivin Dim 30 Aoû 2009, 3:15 pm


Les derniers traits

Entre temps, Maria de la Luz continuait à donner ses leçons de catéchisme aux enfants de la paroisse qu'elle réunissait chez elle. Elle aimait particulièrement cet exercice d'apostolat. Personne n'était là pour l'épier et lui reprocher de vouloir briller. Le bon Dieu voyait son travail et cela lui suffisait.

Parfois le bien à faire l'appelait au dehors. Elle y courait sans penser que son audace apostolique pourrait lui attirer des ennuis.

Durant l'été de 1934, le cinéma Espoir, de Coyoacan, mit à l'affiche un film d'une immoralité scandaleuse : la Vallée du nu. Maria de la Luz en fut indignée. « Cela ne se passera pas à Coyoacan », se dit-elle. Elle avertit son père et l'engage à organiser un boycottage en règle. Un texte est bientôt rédigé. Avec motifs à l'appui, il invite les citoyens de Coyoacan à ne pas encourager de leur présence le cinéma corrupteur qui ose présenter un tel film. L'honneur de Coyoacan est en jeu. M. Camacho fait imprimer le texte et Maria de la Luz se charge de le répandre. Le temps presse. Elle répartit la besogne entre plusieurs. Sa sœur Lupita prend son paquet d'imprimés; d'autres jeunes filles se partagent le reste avec Maria de la Luz. Le soir, les feuilles volantes avaient pénétré dans toutes les familles de la ville.

Il fallait du courage pour braver la colère du propriétaire de l'Espoir. Maria de la Luz n'avait pas trouvé facilement des jeunes filles pour l'aider. Beaucoup avaient peur et s'étaient fait tirer l'oreille . ce manque de courage l'attrista profondément. « C'est dommage, soupira-t-elle, qu'il n'y ait pas parmi nous plus de Consuelito Madrigal ! »

Consuelito Madrigal est une héroïne mexicaine dont tous les enfants du pays ont lu l'histoire. C'est une sorte de Jeanne d'Arc moderne incarnant l'âme de la résistance aux lois persécutrices.

« Consuelito Madrigal était cette femme sans égale que le sol mexicain sait encore produire... Douée de cet esprit vivace et pratique qu'on rencontre plus fréquemment de nos jours, elle portait dans l'âme, gravée comme dans un camée, les traits caractéristiques d'un christianisme pur et cultivé. Elle regardait le monde bien en face, dans l'attitude sereine d'une apôtre qui sait, croit et aime... »

L'héroïsme de Consuelito se retrouve dans Maria de la Luz. Même zèle, même élévation de sentiments. Mais Consuelito n'est qu'un personnage symbolique; Maria de la Luz est un modèle vivant. Cosuelito donne son temps et son âme à la grande cause; Maria de la Luz y ajoute son sang. L'une offre un sacrifice; l'autre un holocauste.



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Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique ) - Page 5 Empty Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )

Message  Roger Boivin Dim 30 Aoû 2009, 3:39 pm


Encore un trait de sa charité.

Pendant les jours d'accalmie qui suivirent les accords, les catholiques furent invités à verser leur obole pour aider à l'embellissement du sanctuaire national de Notre-Dame de Guadeloupe. Un comité central se forma pour la Colecta Guadalupana. Les membres les plus zélés et les plus habiles furent choisis comme quêteurs. Ils devaient recueillir les aumônes de porte en porte. Maria de la Luz fut désignée avec sa mère pour faire le tour de Coyoacan. voici la lettre de recommandation qu'elles devaient présenter :

« Par les présentes nous certifions que Mademoiselle Maria de la Luz Camacho, dont la signature ci-jointe servira d'identification, a été déléguée par Son Excellence Monseigneur l'Archevêque de Mexico pour recevoir les fonds dans les familles de la Colonie del Carmen de Coyoacan qui désirent contribuer aux œuvres de la Basilique. »

Mme Camacho eût préféré faire la tournée entière avec sa fille. Deux quêteuses ont plus de courage qu'une seule pour affronter des réceptions froides et parfois des refus. Les petites aventures ne manquèrent pas à Maria de la Luz, mais la Consuelito Madrigal de Coyoacan n'oublia aucune maison. Une dame protestante, entre autres, se montra indignée : « Vous demandez une aumône, à moi, protestante, pour votre Basilique ?

- Oh ! excusez-moi, alors, madame, dit Maria de la Luz. Je me suis trompée d'adresse... » et elle passe chez la voisine.

Elle riait ensuite de ses bonnes surprises « qui lui donnaient de belles couleurs » !



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