Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
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Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
AU MEXIQUE ROUGE
Maria de la Luz Camacho
Première martyre de l'Action catholique
Montréal - L'ACTION PAROISSIALE - 1936.
DU MÊME AUTEUR : Le Père Pro. Ouvrage traduit en anglais, espagnol, italien, allemand, hollandais, polonais, portugais, roumain, hongrois, slovène, grec, maltais, etc.
Imprimi potest : Adélard Dugré, S. J. Praep. Prov. Canadae Inf. 19 novembre 1936
Nihil obstat : Louis C. de Léry, S. J. Cens. dioc. Montréal, 1 er décembre 1936
Imprimatur : + Em.-A. Deschamps, V. G., Ep. Thenessensis Aux. Marianop. Marianopoli, die 2a Dcembris 1936
Conformément au décret du Pape Urbain VIII, l'auteur, en employant au sujet de Maria de la Luz les mots de sainteté, martyre, miracle, etc., n'a nullement l'intention de prévenir les décisions de la Sainte Église.
Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:16 pm, édité 6 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
« ... Quand à ceux qui ... dans le laïcat, par amour pour la religion et par fidélité envers ce Saint Siège Apostolique, ont accompli des actes mémorables dignes d'être enrégistrés dans les fastes les plus récents de l'Église mexicaine, nous ne pouvons que les glorifier hautement. »
Pie XI ( Encycique Acerba animi. )
Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:18 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Ce qui se passe à Mexico
Impression de voyage ( Décembre 1935 )11 . L'auteur a écrit ce livre d'après les documents qu'il a recueillis au cours d'un récent voyage à Mexico. Il a cru bon d'insister sur l'histoire générale de la persécution mexicaine. Depuis vingt ans, la politique du gouvernement n'a cessé de faire du problème religieux le point essentiel de son programe ; son esprit de haine, d'ostracisme et de violence pèse lourdement sur la vie des catholiques. Le lecteur pourra se faire une idée de ce qu'ils souffrent ; il verra aussi dans quelle atmosphère a vécu Maria de la Luz Camacho.
Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:19 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Pour un simple touriste, un voyage à Mexico est une partie de plaisir, surtout en hiver, car le climat y est idéal.
Pour un prêtre déguisé, c'est une belle aventure. La loi du Mexique interdit en effet aux prêtres étrangers de résider à l'intérieur du pays. Ils y vont à leurs risques et périls.
Les prêtres mexicains eux-mêmes sont hors la loi. Au moment où j'entre au Mexique, en décembre 1935, cinq évêques, y compris le Délégué Apostolique, vivent en exil à la frontière américaine; douze évêques chassés de leurs diocèses sont cachés dans la ville de Mexico. D'autres ont parfois été jetés en prison comme de vulgaires malfaiteurs ; ceux qui restent dans leurs diocèses sont toujours sur le qui-vive, partageant la vie des plus pauvres.
Dans le train qui m'amène à Mexico, je regarde ce malheureux pays que je traverse. La voie ferrée coupe en deux l'État de Chihuahua : six cents milles en lignes droite; quinze heures de chemin de fer. Et je songe que tout cet immense territoire est privé de prêtres.
Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:21 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Le train ne passe qu'une fois par jour; il s'arrête à chaque station. C'est le grand événement pour ces populations isolées dans ces plaines sablonneuses. Les journeaux, qu'on lit d'ailleurs fort peu, leur apportent des nouvelles qui se ressemblent toutes; des récits d'attentats et de grèves, des portraits d'actrices ou de toréadors fameux.
D'énormes chapeaux de paille aux larges bords retroussés recouvrent les faces brunies au soleil ardent de ces terres arides. Des yeux tristes, énigmatiques, se tournent vers nous. Des mains de femmes se tendent pour demander l'aumône; les enfants, pieds nus, se précipitent sur les sous que les voyageurs leur jettent.
Tout ce pauvre monde a l'air simple et bon; il ne demanderait qu'à vivre en paix du fruit de la terre. Quatre siècles de catholicisme ont fait germer ici l'amour du travail et l'attachement à la foi. Les nouveaux maître ont privé ces braves gens de leurs prêtres qui les consolaient et leur parlaient du ciel.
Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:22 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Il faut quarante-huit heures de chemin de fer pour arriver à Mexico. Le matin du deuxième jour, grand émoi dans notre wagon. Calles a quitté sa retraite de Los Angeles ; il vient d'arriver à Mexico par avion. Que va-t-il se passer ? J'entends des commentaires discrets. Un catholique mexicain me dit à table :
« Bonne nouvelle !
- Comment, bonne nouvelle ?
- Oui, Calles va essayer encore une fois de reprendre le pouvoir. Les révolutionnaires vont se déchirer entre eux. les catholiques pourront respirer. Quand chien et chat se battent, les souris sont tranquilles ! »
A chaque station de quelque importance, montent des officiers, des députés : il faut aller voir ce qui se passe dans la capitale que l'arrivée de Calles a mise en émoi. Le wagon-restaurant se remplit ; on boit, on parle fort.
Le soir, le train s'arrête près de deux heures en pleine campagne. Personne ne sait pourquoi. Les touristes sont nerveux. Au pays du Mexique les bombes et les grèves éclatent à tout moment. Durant la seule année 1934, il y eut plus de quatre mille grèves. Je sais aussi qu'un des grands sports des mécontents, au Mexique, consiste à faire sauter les trains. Dans un journal qui me tombe sous la main, je lis qu'une locomotive chargée d'explosifs a été lancée, sans mécaniciens, sur la voie nationale de Mexico à Loredo, pour le plaisir de réduire en miettes le premier train venu à sa rencontre. Averti à temps, un chef de gare fit aiguiller la locomotive qui s'écrasa dans un champ.
Aurons-nous ce soir un aussi bienvaillant chef de gare ? Resterons-nous ainsi en panne longtemps ? D'ordinaire les grèves de cheminots durent plusieurs jours, même au Mexique...
Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:23 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Je me disposais à dormir, quand des brancardiers montent dans mon wagon ; ils portent un blessé qu'ils déposent précisément sur une banquette voisine de la mienne. C'est un homme encore jeune; sa figure, éclairée par les lampes, semble sereine. Il ne parle pas. Sa femme est là pleurant à ses côtés. Je n'ose poser de questions. Mais le lendemain mon compagnon m'apprend que c'est un aviateur blessé mortellement.
« Un accident, lui dis-je ?
- Non. Au moment où il atterrissait, trois ou quatre individus l'ont entouré, et, sans dire mot, ont déchargé sur lui leurs revolvers à bout portant. »
Mon ami racontait cela d'un air indifférent, comme un fait-divers de journal. « Ne vous épouvantez pas, me dit-il. A Mexico, ces choses-là arrivent tous les jours. Ici, la vie d'un homme ne compte pour rien.
De Torreon à Zacatecas, le train gravit une pente très rude, en serpentant à travers les champs d'agaves. Je cherche à découvrir Guadalupe, la petite ville minière où est né le grand martyr mexicain, le P. Pro, mon ancien compagnon d'études. Mais il fait déjà trop noir.
Le train longe la ville de Zacatecas ; quelques lumières, qui scintillent sur le flanc d'une colline, permettent de la situer. Mon compagnon me rejoint à la fenêtre :
Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:24 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
« Voyez, me dit-il, Zacatecas est mort à présent. Il y a quinze ans, il comptait 70,000 habitants. Les révolutionnaires ont tout ravagé. Ses mines étaient célèbres; tout est maintenant abandonné ; l'eau est entrée dans les galeries. Les ouvriers, débauchés par les promesses d'une prospérité acquise aux dépends des patrons, ont quitté le travail. les riches ont fui à Mexico. Aujourd'hui, la ville compte à peine 17,000 habitants. »
Les villes se succèdent ensuite plus rapidement : Aquascalientes, Léon, Irapuato, Salamanca. Chacune me rappelle l'histoire de son héroïque résistance aux lois persécutrices. A gauche, c'est Queretaro, que Carranza a rendu célèbre en 1917. Il y fit voter la nouvelle Constitution mexicaine, la loi impie que Calles a mise en vigueur.
Enfin, voici Mexico.
La ville est bâtie sur un grand plateau, entouré de montagnes. Son altitude, - plus de 2, 400 mètres, - lui vaut un air très pur. En été la brise descend des montagnes couvertes de neige; en hiver, le soleil brille dans un ciel toujours bleu. C'est un perpétuel printemps.
Le sol trop mouvant ne peut pas porter de gratte-ciel; la ville en garde mieux sa physionomie latine à côté de la grande République voisine.
Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:25 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
.Avant de continuer le récit, je veux vous dire que, pour leur dévouement désintéressé pour la gloire de Dieu, l'exaltation de la sainte Église et le salut des âmes, c'est en reconnaissance et en hommage à nos femmes catholiques, célibataires, veuves ou mariées, Sandrine, Catherine, Via Crucis, Diane, Monique, Gabrielle, de même celles que le grand âge ou jeune âge, la maladie ou le devoir, retiennent dans le silence mais n'en sont pas moins fidèles, actives et combatantes et efficaces ; ainsi que celles que j'oublie, ou que je ne connais pas comme celles du Mexique et du Guatémala par exemple, que je mets en posts cette histoire édifiante de la vie de Maria de la Luz Camacho, tertiaire dans l'ordre de saint François d'Assise.
Que Dieu vous bénisse et vous donne grâces et longue vie, c'est-à-dire la vie éternelle !
( Roger )
Que Dieu vous bénisse et vous donne grâces et longue vie, c'est-à-dire la vie éternelle !
( Roger )
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Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:27 pm, édité 5 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Je pense que ces images vous feront plaisir Roger, et ainsi nous pourrons mettre un beau visage sur cette jeune fille martyre de la Foi.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Merci Gabrielle; et mon technicien en rajoutera d'autres au cours du récit.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
La grande pitié de l'Église
Deux choses font la beauté du Mexique : ce que le bon Dieu y a fait, ce que les catholiques y ont construit. Depuis cent ans, le pays est au mains des ennemis de l'Église ; ils ont tracé des routes et quelques lignes de chemin de fer ; ils ont creusé des puits de mines et construit des ponts; mais ils n'ont rien ajouté de véritablement artistique. Par contre, les monuments splendides que les colons espagnols avaient semés à travers tout le pays peuvent soutenir la comparaison avec les plus beaux édifices d'Europe. Et l'on s'étonne de trouver, après tant de révolutions et de luttes fraticides, une profusion de chefs-d'oeuvre qui remontent à trois ou quatre siècles.
Le touriste non averti pourrait croire au génie constructeur du gouvernement. Les nouveaux tyrans sont installés dans de magnifiques bureaux, mais ils n'ont guère d'autre mérite que celui de les avoir hérités des anciens vice-rois, ou de les avoir volés à l'Église. Toutes les maisons d'éducation laïques de quelque importance, la plupart des palais du gouvernement, ne sont que d'anciennes églises, des collèges, des écoles, des séminaires désafectés.
Dans la ville même de Mexico, la bibliothèque nationale est l'ancienne église Saint-Augustin, la bibliothèque de la Chambre des députés est l'église de Santa Clara. Du couvent des Servantes de Marie, les Agrariens ont fait leur bureau central; dans l'église Sainte-Thérèse le gouvernement a installé son imprimerie ; le grand édifice du séminaire de Conciliar est transformé en centre de formation socialiste. L'église Saint-Joachim sert de caserne ; celle de Saint-Diégo devint un club pour les jeunes révolutionnaires. Les beaux grands collèges actuels d'enseignement secondaire sont simplement des maisons volées aux Jésuites, aux Dames du Sacré-Coeur, aux frères des Écoles chrétiennes. 1 Je demandai un jour au Père Cuevas, le célèbre historien de l'Église au Mexique :
« Combien d'écoles, de collèges, ou de couvents ont été pris par le gouvernement ?
- Le chiffre n'est pas facile à établir exactement, me répond-il, mais il est facile à retenir : on a tout pris ! »
Dernière édition par roger le Lun 05 Jan 2015, 1:30 pm, édité 3 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
1 . Le Secrétariat de l'Éducation a publié une liste officielle des écoles d'enseignement secondaire pour le district fédéral; ces écoles sont maintenant désignées par de simples numéros : l'école n° 1, n° 2, etc. Elles occupent des édifices confisqués par le gouvernement et s'appelaient autrefois : le séminaire de la rue Régina, le collège des Dames du Sacré-Coeur, le collèges des religieuses du Saint-Sacrement, le collège Mascarones de la Compagnie de Jésus, le collège Saint-Pierre-et-Saint-Paul de la Compagnie de Jésus, le collège Térésiano de Mixcoac, etc.
Dernière édition par Roger Boivin le Sam 08 Avr 2023, 12:21 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
L'Excelsior, un journal de Mexico, annonçait dans son numéro du 5 mai 1928 que plus de cent cinquante églises avaient déjà été confisquées par l'État. Et le journal note que c'est une grande économie pour le gouvernement !
Le touriste peut passer des semaines à Mexico sans s'apercevoir que la persécution la plus insidieuse continue toujours de sévir. C'est comme à Moscou. Mexico cache son vrai visage sous un masque charmeur. La ville présente une façade honnête aux visiteurs étrangers : le Mexique officiel autorise le culte catholique. A Mexico même, quelques églises sont ouvertes; un prêtre est autorisé à y dire la messe. La cathédrale, la basilique de Notre-Dame de Guadeloupe sont des stations obligatoires pour les agences de tourisme. Les fidèles peuvent y prier librement. Cette condescendance du gouvernement est pure hypocrisie : vingt-cinq églises sont ouvertes, mais on compte quatre fois plus d'églises fermées. Les prêtres y confessent, prêchent, et disent la messe, mais au risque d'être jetés en prison et de payer de fortes amendes ; un seul prêtre peut légalement exercer le ministère dans chaque église ouverte au culte.
Dernière édition par Roger Boivin le Sam 08 Avr 2023, 12:22 pm, édité 3 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Merci cher Roger de mettre en ligne, cette étonnante et édifiante histoire de Maria de la Luz Camacho ! qui est à suivre...
Que Dieu bénisse votre bon travail !
Que Dieu bénisse votre bon travail !
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Dans une lettre collective du 11 février 1936, les évêques du Mexique dressent le bilan actuel de l'église :
- La Constitution du Mexique ne reconnaît pas la personnalité morale de l'Église;
- Elle ne reconnaît pas la hiérarchie ecclésiastique;
- Le nombre des prêtres dépends du bon vouloir des législateurs de chaque État; officiellement, cent quatre-vingt-dix-sept prêtres sont autorisés à exercer le saint ministère pour seize millions de catholiques dispersés sur un territoire de deux millions de kilomètres carrés;
- Tous les séminaires sont fermés;
- Tous les biens d'Église et des associations religieuses ont été déclarés propriété de la Nation;
- Au simple soupson qu'une maison ou qu'un terrain appartient à l'Église ou sert à l'exercice du culte, l'État peut s'en emparer;
- L'Église ne peut plus diriger ni entretenir d'écoles;
- L'enseignement socialiste, radicalement athée, est le seul autorisé;
- Tous les Ordres ou Congrégations religieuses sont proscrits;
- L'Église ne peut plus avoir d'hôpitaux, ni d'asiles, ni d'orphélinats;
- Les prêtres et les religieux ne peuvent plus paraître en public revêtus de l'habit ecclésiastique, ni même porter un simple insigne qui rappelle la religion;
- Toute cérémonie religieuse est prohibée en dehors des quelques églises qui restent ouvertes aux fidèles;
- Ces églises sont biens d'État et peuvent être fermées à volonté, données à d'autres dénominations religieuses ou converties en maison profanes;
- Tous les cimetières sont sécularisés;
- L'instruction publique est antireligieuse et obligatoire;
- Dans six États, toutes les églises ont été fermées;
- Dans l'État de Tabasco, toutes les églises ont été détruites;
- Dans les États de Colima, Campeche, Tabasco, les prêtres sont tenus, d'après la loi, à se marier pour exercer le saint ministère;
- Les catholiques, qui, d'après les recensements officiels, forment 97% de la population, ne peuvent pas élire de représentants, ni voter des lois, ni manifester librement leurs opinions, ni se réunir pacifiquement pour prendre part aux affaires publiques : le simple fait de paraître catholique est un délit.
Dernière édition par roger le Mar 06 Jan 2015, 12:14 pm, édité 3 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Cette liste qui vient d'être dressée, n'y reconnaissez-vous pas le portrait tout craché de notre société actuelle, théâtre et cible de tout ce que je ne saurais qualifier de déchristianisation; et des plus hypocrite, subversive qui soit, et dont depuis tant d'années nous sommes victimes, nous catholiques ! ? ( Note de Roger )
.
Dernière édition par roger le Mar 06 Jan 2015, 12:15 pm, édité 5 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
. Merci Monique.
.
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Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
« Quel moyen nous reste-t-il ? ajoutent les évêques. Humainement parlant, aucun. Tout a été employé sans résultat. Nos peines sont grandes en vérité. Nous avons la responsabilité du troupeau que le Seigneur nous a confié, nous aimons notre patrie et nous voyons de nos yeux se dérouler une tragédie sans pouvoir en arrêter le cours... Priez pour nous, priez pour nos petits enfants, pour nos jeunes filles en péril, pour nos jeunes gens inexpérimentés, pour nos héroïques mères de famille, pour nos hommes désorientés, pour nos viellards qui tremblent pour l'avenir des leurs; priez pour nos prêtres sacrifiés... »
Les catholiques ne resteront pas indifférents aux angoisses de l'épiscopat mexicain. Ses émouvantes déclarations rappellent les paroles du prophète pleurant sur les ruines de Jérusalem :
Sion est dans le deuil...
Ses prêtres gémissent...
ses oppresseurs ont le dessus, ses ennemis prospèrent...
L'oppresseur a étendu la main sur tous ses trésors,
Car elle a vu les nations entrer dans son sanctuaire...
Seriez-vous insensibles, vous tous qui passez par le chemin ?
Regardez et voyez s'il y a une douleur comme la douleur qui m'accable !
Mes vierges et mes jeunes hommes sont tombés par l'épée;
Les petits enfants demandent du pain, et personne ne leur en donne.
L'ennemi n'a eu ni respect pour les prêtres, ni pitié pour les viellards.
( Jérémie, Lament., passim. )
Dernière édition par roger le Mar 06 Jan 2015, 12:16 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
L'épopée sanglante
Le Mexique serait-il perdu pour l'Église ?
Non, pas encore.
Le courage et la bonne humeur des catholiques mexicains résistent depuis vingt ans; ils ne sont pas lassés. Chaque nouvelle attaque les a trouvés prêts à se défendre. L'heure est très grave; mais elle n'est pas désespérée.
L'attaque brutale fut un échec. Calles a renouvelé l'expérience de Néron. Il s'est aperçu que le sang des chrétiens est une semence. La grande persécution sanglante, de 1926 à 1929, n'a fait que susciter l'héroïsme des prêtres, des jeunes gens et des mères.
En veut-on des exemples ?
Devant les soldats qui vont le tuer, l'abbé Batis dit aux jeunes gens qui l'accompagnent au martyre : « Mourons pour la cause de Dieu. Qu'importe si nous partons; d'autres après nous verront le triomphe. Dieu ne meurt pas ... Vive le Christ-Roi ! » Il tombe criblé de balles. ses trois compagnons meurent avec lui en criant : « Vive le Christ-Roi ! »
Dernière édition par roger le Mar 06 Jan 2015, 12:42 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Un dimanche de mars 1926, dans le territoire de Nayarit, le député Moreno fait irruption dans une église. Le curé célébrait la messe, entouré de ses paysans. Il s'empresse de consommer les saintes espèces, et au pied de l'autel il tombe sous les balles.
Le 14 avril 1927, les troupes de Calles entrent à Tototlan, mettent la main sur le vicaire, l'abbé Reyes, le clouent au portique de l'église : « Où est le curé Vizcarra ? » lui demande-t-on. L'abbé répond qu'il ne peut trahir son supérieur. « Vous me faites souffrir en haine du Christ, ajoute-t-il ; j'accepte ces tourments pour son amour. » Les soldats lui enfoncent leurs sabres et leurs baïllonnettes dans la chair. Enfin, les soldats l'arrosent d'essence et y mettent le feu.
L'abbé Robles est en prison. « O mon Roi, je n'ai ni sceptre ni couronne à te présenter, écrit-il. Jadis je t'offrais mon troupeau. Mais de cette prison sacrée, en union mystique avec mes fils, voici que je te donne tout ce que j'ai : mon coeur. » Sur le point de mourir, il bénit la corde avec laquelle on va le pendre, trace le signe de la croix sur les soldats, il leur pardonne et leur promet de prier pour eux. « Que mon sang retombe sur mon peuple, ajoute-t-il, en gage de bénédiction et de pardon. »
Pour un peso et demi, une femme livre le Curé Sedano. Du camion qui l'emporte au lieu du supplice, il crie à ses paroissiens : « Venez, venez voir comment meurent les chrétiens ! » Entouré de fidèles comme dans la chaire de son église, il leur fait ses dernières recommandations : « Mes frères, ce n'est pas la mort qui m'inquiète ... Mon seul délit c'est d'être prêtre, c'est d'être du nombre de ceux qui, en cette vie, sont chargés de conduire les âmes au Christ ... Je ne vous demande qu'une chose : c'est de confesser Jésus-Christ toujours, en tout, à tout instant ... courage, mes frères; luttez jusqu'à la fin; nous nous reverrons au ciel ... »
Dernière édition par roger le Mar 06 Jan 2015, 12:44 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Roger a écrit:Dans une lettre collective du 11 février 1936, les évêques du Mexique dressent le bilan actuel de l'église :
- La Constitution du Mexique ne reconnaît pas la personnalité morale de l'Église;
- Elle ne reconnaît pas la hiérarchie ecclésiastique;
- Le nombre des prêtres dépends du bon vouloir des législateurs de chaque État; officiellement, cent quatre-vingt-dix-sept prêtres sont autorisés à exercer le saint ministère pour seize millions de catholiques dispersés sur un territoire de deux millions de kilomètres carrés;
- Tous les séminaires sont fermés;
- Tous les biens d'Église et des associations religieuses ont été déclarés propriété de la Nation;
- Au simple soupson qu'une maison ou qu'un terrain appartient à l'Église ou sert à l'exercice du culte, l'État peut s'en emparer;
- L'Église ne peut plus diriger ni entretenir d'écoles;
- L'enseignement socialiste, radicalement athée, est le seul autorisé;
- Tous les Ordres ou Congrégations religieuses sont proscrits;
- L'Église ne peut plus avoir d'hôpitaux, ni d'asiles, ni d'orphélinats;
- Les prêtres et les religieux ne peuvent plus paraître en public revêtus de l'habit ecclésiastique, ni même porter un simple insigne qui rappelle la religion;
- Toute cérémonie religieuse est prohibée en dehors des quelques églises qui restent ouvertes aux fidèles;
- Ces églises sont biens d'État et peuvent être fermées à volonté, données à d'autres dénominations religieuses ou converties en maison profanes;
- Tous les cimetières sont sécularisés;
- L'instruction publique est antireligieuse et obligatoire;
- Dans six États, toutes les églises ont été fermées;
- Dans l'État de Tabasco, toutes les églises ont été détruites;
- Dans les États de Colima, Campeche, Tabasco, les prêtres sont tenus, d'après la loi, à se marier pour exercer le saint ministère;
- Les catholiques, qui, d'après les recensements officiels, forment 97% de la population, ne peuvent pas élire de représentants, ni voter des lois, ni manifester librement leurs opinions, ni se réunir pacifiquement pour prendre part aux affaires publiques : le simple fait de paraître catholique est un délit.
Roger a écrit:.
Cette liste qui vient d'être dressée, n'y reconnaissez-vous pas le portrait tout craché de notre société actuelle, théâtre et cible de tout ce que je ne saurais qualifier de déchristianisation; et des plus hypocrite, subversible qui soit, et dont depuis tant d'années on est victimes, nous catholiques ! ? ( Note de Roger ).
.
D'accord Roger.... on change les noms mexicains pour des noms connus et on se retrouve dans la même situation ici... en plus
hypocrite...
Merci Roger pour votre narration de cette belle histoire du Mexique catholique...
.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Bienvenue Robert ! je continue.
Dernière édition par Roger le Mar 01 Sep 2009, 9:14 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
Dans une maison privée, l'abbé Francesco Vera est à l'autel, revêtu des ornements sacerdotaux. Les soldats de Calles entrent, le saisissent, et le poussent au lieu du supplice. Devant les fusils pointés sur lui, il joint les mains, lève les yeux au ciel, en disant : Introibo ad altare Dei ... et il tombe.
L'abbé Cristobal Magallanes meurt en disant : « Je suis innocent. Que mon sang scelle l'union des catholiques mexicains ! » L'abbé Augustin Caloca, son vicaire, lui succède au lieu du martyre. « Nous vivons pour Dieu, s'écrit-il. Pour Lui nous mourons ! »
Les soldats demandent au Père Franciscain Junipère, arrêté en même temps que le Frère Humilde : « Combien avez-vous dit de messes ?
- Monsieur se le figurera aisément. Je suis prêtre depuis quarante-cinq ans ... J'en ai dit beaucoup.
- Mais, depuis qu'il est défendu d'en dire ?
- Monsieur, j'en ai dit autant que j'ai pu. »
Criblé de balles, le cadavre du Père reste debout. Un soldat, intrigué d'un fait qui lui semble extraordinaire, le tire par les cheveux et le traine sur la voie ferrée.
- Les larmes trahissent la véritable idendité du Frère Humilde, qui, grâce à ses vêtements laïcs, n'avait pas été reconnu. Les soldats l'abattent sans autre forme de procès.
L'abbé Sola est fait prisonnier parce qu'on trouve sur lui une photographie qui le représente donnant la première communion à sa soeur. Broyé par les coups, il gît à terre, mais il a encore la force de laisser un message pour sa mère : « Informez-la de ma mort, mais dites-lui que son fils est martyr.» Son âme s'envole au ciel avec une dernière prière : « Mon Jésus, miséricorde ! ... C'est pour votre cause, ô Jésus, que je meurs ! »
Ainsi moururent plus de cent prêtres mexicains.
Dernière édition par roger le Mar 06 Jan 2015, 12:45 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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Re: Maria de la Luz Camacho, martyre , 1907-1934 ( Mexique )
L'héroïsme des fidèles ne le cède en rien à celui des prêtres. En voici quelques exemples.
Le 11 août 1927, un billet de faire-part circule dans la ville de Léon :
Viva Cristo Rey !
« Monsieur Florentino Alvarez, né à Léon ( Guanajuato ), est mort en confessant Jésus-Christ, à l'âge de trente-sept ans, le 10 août. Sa Mère, son épouse, ses parents et amis vous communiquent avec joie cette nouvelle, afin que vous priiez pour le triomphe de la religion au Mexique, par l'intercession de l'âme de Florentino. »
Florentino Alvarez était président de l'Association de la jeunesse catholique à Léon. Ses boureaux le meurtrissent de coups. « Vive le Christ-Roi ! s'écrit-il au milieu des tourments. - Qui est-ce qui vit ? demandent les brutes en ricanant. - Le Christ-Roi vit en moi, et moi je vis en Lui. »
Une décharge de fusil l'abat.
Le père de Miguel et Humberto Pro dit à sa fille, en contemplant le visage de ses deux fils martyrs : « Ma fille, il n'y a pas de raison de pleurer ! » Puis, debout près du cercueil de Miguel qu'on vient de déposer au caveau, en présence de vingt mille personnes, il clôt la cérémonie triomphale en disant : Te Deum laudamus !
Georges et Raymond vargas viennent de mourir sous les yeux de leur jeune frère Florentino. L'enfant apporte la nouvelle à la maison; sa mère l'accueille avec ces mots : « Et toi ? Tu n'as donc pas pu, comme tes frères, atteindre la couronne ! Deviens encore meilleur pour la mériter! »
Dernière édition par roger le Mar 06 Jan 2015, 12:46 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13227
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