Les Soeurs Grises dans l'Extrême-Nord : Cinquante ans de Missions

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Message  Louis Sam 27 Fév 2016, 7:45 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

Ce chapitre est-il nécessaire? Avoir parcouru les neuf autres, n'est-ce pas avoir formulé la conclusion : une enfance confiée à des tels auxiliaires du missionnaire, rendue à sa tribu par de telles mains consacrées, ne peut que s'épanouir, après cinquante ans, en une génération chrétienne accomplie, devant Dieu et devant les hommes!

Ici donc pourrait se fermer notre livre. Mais non, pourtant. II est bon au jardinier, pour se reposer, et s'encourager à de nouvelles fatigues, de compter les fruits qu'avec peine il a cultivés, de les contempler, et de reconnaître, à l'honneur de Dieu qui donne l'accroissement, qu'ils sont beaux, dignes de sa puissance et de sa bonté.

L'influence des Sœurs de la Charité sur les Peaux-Rouges fut profonde.

Le premier bienfait, fruit d'une prédication muette et permanente, a été la réhabilitation de la femme. Le spectacle de la dignité extérieure et de l'élévation morale des Filles de la Prière, releva aux yeux de ces hommes, si durs jadis, et si cruels pour sa faiblesse, l'épouse, la mère, la fille, l'aïeule. A voir les religieuses, ils eurent l'idée vivante de ce qui leur avait été enseigné de la Très Sainte Vierge Marie, la plus parfaite des créatures du ciel et de la terre.

La population entière fut rapidement conquise par le dévouement de sœurs aux affamés et aux malades.

Nous l'avons déjà dit de l'Hôpital du Sacré-Cœur île Providence. Le couvent des Saints-Auges écrivait récemment, 1914:

"Nous avons ici un véritable dispensaire à toutes les heures du jour, et la visite des malades régulièrement. Il n'y a pas dans le pays un individu qui n'ait recours aux sœurs, en cas de maladie légère ou grave. Sr Laverty est non seulement garde-malade, mais aussi docteur, chirurgien, dentiste; si bien que des étrangers, et les principaux du pays, se sont cotisés pour lui acheter une chaise de dentiste, l'an dernier... "

Aussi, tous unanimement, "traiteurs" et voyageurs, protestants comme catholiques, répondent-ils par le respect et la confiance.

Mais c'est à l'enfance premièrement, que venaient se consacrer les sœurs missionnaires. Qu'est-elle devenue ?...

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Message  Louis Dim 28 Fév 2016, 7:27 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

Mais c'est à l'enfance premièrement, que venaient se consacrer les sœurs missionnaires. Qu'est-elle devenue ?

Le sauvageon trouva dans la Sœur de Charité l'affection d'une mère. Il ne la vit jamais rebutée de sa vermine, de sa grossièreté, de son inconstance, ni de l'ingratitude de plusieurs. Elle s'est penchée sur sa misère et son ignorance, avec toutes les tendresses de l'amour surnaturalisé. Elle s'est attachée à imprégner de la sève chrétienne son esprit, sa volonté et son cœur.



La tâche devait être ardue. Il ne se trouvait, pour y aider, aucun sillon tracé par d'autres, aucun précédent d'éducation dans la vérité. C'était la terre tout embroussaillée du paganisme, à défricher et à ameublir. Les sœurs comprirent que cette éducation se compliquait de...

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Message  Louis Lun 29 Fév 2016, 7:49 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

… Les sœurs comprirent que cette éducation se compliquait de la difficulté des méthodes à créer. Elles comprirent que l'erreur serait grande d'élever un sauvage à l'instar d'un civilisé; de donner à l'enfant, destiné à reprendre ses forêts, sa butte, ses raquettes, ses filets, ses fusils, l'impulsion qui dirige l'enfant de nos pays vers la profession d'avocat, de médecin, de commerçant, de simple ouvrier, ou même vers les travaux du ménage dans nos villes ou nos campagnes. La méprise sur ce point eût été fatale, et le bien poursuivi, pire que le mal combattu. Elles ne se trompèrent pas. La preuve en est que chasseurs et pêcheurs d'aujourd'hui, anciens de Providence, d'Athabaska et de Résolution, "font honneur à la Mission", selon l'expression du Mackenzie, par leur conduite et leur vie exemplaire. Ils ont gagné, au couvent, de mépriser la vanité des mises et des prétentions; d'apprendre que le travail n'avilit pas; que les heures de peine peuvent élever à Dieu, comme les heures de plaisir ; que la voie du chrétien est celle de la croix; qu'il n'est rien de petit dans la sanctification d'une âme. Le sauvage vivait autrefois sa vie dure, naturellement; aujourd'hui, il la vit aussi dure — plus dure même, car son sang va s'appauvrissant, et ses terres de chasse se dépeuplant —, mais il la vit surnaturellement. La Sœur de Charité l'y a initié, jour par jour, détail par détail ; elle l'a convaincu que plus on est petit et pauvre, plus on est l'ami du divin Pauvre. Ces enseignements, l'enfant de l'école les répète en sa langue à ceux qui, laissés dans les bois, n'ont pas eu son bonheur. Il se fait apôtre, et il est éloquent, l'indien. Enfin, lorsque ayant peiné toute sa vie en chrétien, il s'endort roulé dans une peau de bête, pour s'en aller "par-dessus le firmament", c'est en se souvenant des leçons de la Sœur qu'il sanctifie son dernier souffle, et qu'il se présente à Dieu.

Cette transformation de l'âme sauvage est le chef-d'œuvre du christianisme. A la patiente persévérance des Sœurs Grises d'en partager, avec le prêtre, la récompense.

La consolation d'assister chaque jour à la transformation de son enfant des bois, est largement départie d'ailleurs à la religieuse institutrice. Elle le voit grandir, pour ainsi dire, comme en certains pays exubérants on voit monter la végétation.

Le premier terrain qu'elle doit cultiver, se présente, en effet, tout intéressant en ces natures neuves. Les facultés sensibles de l'indien atteignent un degré d'impressionnabilité et d'acuité qui paraît inaccessible à la race blanche. Rien, chez nous, n'égale la puissance de son œil à percer les distances, ni celle de son ouïe à discerner les moindres bruits. Observateur très fin, il saisit du premier abord la physionomie d'un étranger, comme celle d'un nouveau paysage. Son oreille est juste et sa voix pareillement. Aussi aime-t-il le chant. Les chorales d'enfants d'Athabaska et de Providence ne le céderaient pas de beaucoup aux maîtrises de nos cathédrales. De cette perfection des sens, et de la mémoire locale, leur suivante ordinaire, résulte la puissance d'assimilation rapide aux idiomes divers. Nous avons rencontré des petits, n'ayant pas leurs sept ans, et s'exprimant en français et en anglais, après quelques mois de couvent. Jamais cependant le son de ces langues n'avait pénétré leurs forêts.

S'ensuit-il que l'intelligence, qui s'alimente aux images fournies par les sens, s'élève plus haut…

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Message  Louis Mar 01 Mar 2016, 7:39 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

S'ensuit-il que l'intelligence, qui s'alimente aux images fournies par les sens, s'élève plus haut, chez le Peau-Rouge du Nord, qu'en notre race? Il ne serait pas moins humiliant que difficile de l'affirmer. L'indien semble naturellement moins capable que le blanc de l'abstraction et de la généralisation qui sont les premières opérations propres de l'esprit; le concret, l'actuel, absorbe plutôt son attention ; sa langue, si nuancée, si apte à exprimer descriptivement les moindres particularités d'un objet une fois vu, est dépourvue de mots abstraits. Quoi qu'il en soit, il nous fut donné de lire des comptes-rendus de discours assez élevés, rédigés en anglais et en français indifféremment, sans aucun apprêt, de tout premier jet, par des élèves des couvents de l'Athabaska et du Mackenzie, et presque irréprochables de plan, de développements, de style et d'orthographe.

Des inspecteurs du gouvernement ont visité les écoles du Nord. A remarquer, en les citant, qu'ils n'appartiennent pas à notre foi.



Le premier se présenta, tout à fait inattendu, an lac Athabaska, en 1908:

"Un inspecteur nous arrive, ce qui émeut tout le monde dans la maison. Mgr Grouard l'accompagne, ainsi que M. Harris, bourgeois du Fond-du-lac. L'inspecteur prend des notes très détaillées sur le local et sur les enfants; il fait peu de questions lui-même, mais invite la maîtresse à faire la classe, comme d'ordinaire. L'examen dure de une heure à cinq heures, sans interruption. Quand tout est fini. Monseigneur prie M. l'inspecteur de vouloir bien excuser les manquements qu'il a pu remarquer, se souvenant que ces enfants n'ont jamais rien vu, et ne savaient pas un mot d'anglais, ni de français, avant de venir au couvent, etc. M. l'inspecteur comprend facilement cette observation.

— Mais, ajoute-t-il, l'évêque a dit un mot que je ne puis accepter, c'est le mot manquement . Je dois à la vérité de vous dire que ce mot ne paraîtra pas dans mon rapport. Je suis satisfait, et c'est là toute ma pensée. En vérité, je ne sais comment les sœurs peuvent obtenir de tels résultats avec leurs enfants. Mon rapport surprendra tout le monde, comme je suis surpris moi-même de l'oeuvre qui se fait ici...

M. Macrae avait averti qu'il passerait dans quelques jours.

"Nous nous sommes donc mises à préparer une séance. Elle eut lieu en présence de M. Macrae et de sa suite : le Dr Edwards et cinq officiers de police, ainsi que de plusieurs bourgeois et commis de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Une petite lampe brûlait devant le Saint-Sacrement, dans l'intention d'attirer les bénédictions de Notre-Seigneur sur les enfants. Les bons anges se sont sans doute mis de la partie, car nos sauvageons ont exécuté leurs différents rôles avec le succès le plus complet ; si du moins on en croit les éloges de M. Macrae. Ce monsieur nous a répété plusieurs fois, depuis près de vingt ans qu'il s'occupe des sauvages, comme agent ou inspecteur d'écoles, il n'avait pas encore rencontré un pareil succès. Sa surprise était grande, en voyant avec quelle aisance nos indiens, plus habitués à la langue française, s'acquittaient de leurs dialogues en anglais. Il a dit aux enfants qu'il ne s'attendait pas à une semblable réception, et que les Messieurs d'Ottawa étaient loin de croire qu'il y eût à Athabaska une école si prospère; mais qu'il allait le leur dire, et leur montrer les programmes..."

D'Ottawa, quelques mois plus tard, M. Macrae écrivit: …


Dernière édition par Louis le Mer 02 Mar 2016, 10:46 am, édité 1 fois (Raison : Orthographe)

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Message  Louis Mer 02 Mar 2016, 7:33 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

D'Ottawa, quelques mois plus tard, M. Macrae écrivit:

"Votre communauté est une oasis dans le désert du Nord, créée par votre noble courage, votre abnégation, par l'exercice de bien des vertus, et le fidèle accomplissement de rudes labeurs; et cela dans des conditions si difficiles. L'admirable succès que vous avez atteint est au-delà de toute louange."

En 1883, le "bourgeois" protestant du Vermillon faisait plus de trois cents milles en canot, pour amener ses enfants au couvent d'Athabaska.

L'un des témoignages les plus précieux venus des représentants du gouvernement, est la phrase écrite sur le cahier des visiteurs, au couvent de Providence, par l'Honorable Frank Oliver, ministre de l'Intérieur:


"Mission bien connue pour la bonne oeuvre qu'elle accomplit. La confiance de ses fondateurs a été justifiée par le travail de leurs successeurs. C'est à l'honneur du Canada et du Christianisme." (1)

Plusieurs élèves des Sœurs Grises occupent présentement des positions enviées des blancs; "traiteurs", commis, interprètes, etc. L'un d'eux se prépare au sacerdoce, dans un de nos juniorats. D'autres aspirent à le suivre.

Les sœurs du Mackenzie ont trouvé le moyen de prolonger l'enseignement du couvent, à travers le Grand-Nord, par la bonne presse.

Depuis 1910, une petite feuille lithographiée paraît à Providence, deux fois l'année. Les deux courriers annuels la distribuent: l'un l'hiver, et l'autre l'été. Elle s'appelle La Voix Amie. Le P. Giroux,



son premier rédacteur en chef, en a remis la présidence, en 1915, au P. Le Guen, nouveau supérieur de N.-D. de la Providence. Elle est tout simplement délicieuse. Toutes les nouvelles du semestre s'y consignent, avec les réflexions pratiques qu'elles suggèrent. La rédaction en est spirituelle, joyeuse, pieuse surtout. Les anciens élèves en sont les destinataires. Qu'il soit appris, aux quartiers généraux de la rédaction, que l'un d'eux ne fait plus "honneur à la Mission", le numéro suivant ne lui parvient pas, et le recommande même aux prières des autres fidèles. Il est rare que le délinquant résiste à la honte, et ne se convertisse bientôt.

La Voix Amie mérite bien que nous transcrivions ici, à titre d'exemples, sans nous préoccuper d'ailleurs, plus qu'elle ne le fait elle-même, de les rattacher par un ordre quelconque, quelques-uns de ses "faits-divers"…

____________________________________________________________

(1) A noted mission doing good work. The faith and enterprise of its founders is justified by the work of their successors and credit to Canada and Christianity.

FRANK OLIVER.
June 26th, 1910.

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Message  Louis Jeu 03 Mar 2016, 7:01 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

La Voix Amie mérite bien que nous transcrivions ici, à titre d'exemples, sans nous préoccuper d'ailleurs, plus qu'elle ne le fait elle-même, de les rattacher par un ordre quelconque, quelques-uns de ses "faits-divers".

"Les vingt-neuf petits garçons du couvent écoutent assez bien en classe, et les trente-six petites filles ne veulent pas se laisser surpasser en science et en sagesse. Les douze grandes de l'ouvroir tachent de satisfaire tout le monde, même leur petite Marie-Rose qui n'a pas encore deux ans, et que ne se lève pas toujours de bonne humeur."

"Oblation du Frère Joseph qui nous remplit de joie, d'autant plus qu'il est un enfant de la maison et le premier religieux du Mackenzie. Et la cérémonie était d'autant plus touchante, que le cantique d'oblation était chanté par sa sœur, religieuse aussi. Que leurs bons parents, du haut du ciel, durent éprouver de la joie, en voyant leurs enfants se donner au  bon  Dieu!"

"Sr Davy se rapproche du ciel, en montant chez les grandes filles, et Sr De Lorimier se rend chez les petits garçons, sans renoncer au ciel, mais pour le mériter davantage."

"A la messe basse, Monseigneur est charmé d'entendre une bien petite voix, chantant le solo: O res mirabilis. Et, en effet, c'était admirable de penser à la bonté de Dieu, qui donnait à la petite Marie Rose, âgée de trois ans à peine, de chanter: 0 chose admirable...,!"

"Depuis le commencement de ce mois, pour gagner le paradis, tout le monde travaille fort l'anglais, même Sr Marie-Anne, qui ne parle presque plus le français, et qui rêve et mange en anglais, dit-on."

"Les gens de Simpson, qui ont bon goût, aiment La Providence, et tiennent à y demeurer: c'est pourquoi Céline épouse Joseph. Tous nos voeux de bonheur à nos anciens élèves qui se conduisent en vrais chrétiens et nous font honneur."

"Nous éprouvons une grande joie, en ce premier novembre, par l'abjuration du "traiteur" Mr. G..,, qui devient catholique et se fait baptiser."

"Notre cher Barnabé, qui était si charmant, qui ne nous avait jamais causé la moindre peine, le modèle des bons enfants, et que nous aimions si tendrement, après avoir souffert à peine pendant quelques jours, nous quittait pour aller jouir de la présence de ce bon Jésus, qu'il avait tant aimé.

"Depuis un an, nous avions une petite fille bien sage. Toujours souriante, pleine de vie, empressée à s'amuser avec ses petites compagnes, elle était aimée de tout le monde. Aussi son père, la revoyant, l'été dernier, si joyeuse, était heureux. Mais depuis un mois, le sourire avait disparu de la figure de Noëlla, elle n'aimait plus le jeu; c'était la petite fleur qui commençait a pâlir. Marie vient de la prendre, en ce jour, dans les bras de sa tante Sœur Noëlia, pour lui rendre son sourire, près de Jésus, en la fête de l'Immaculée Conception.

"Comme nos besoins sont grands…

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Message  Louis Ven 04 Mar 2016, 7:56 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

La Voix Amie


(suite)

"Comme nos besoins sont grands Dieu envole deux beaux renards argentés dans les pièges de notre bon Frère Olivier.

"23 décembre 1914. — Touchant anniversaire d'une Mère, qui, un jour, voyant son hôpital qui lui avait coûté tant de fatigues et de privations, dévoré entièrement par le feu, entonna le Magnificat, ce même Magnificat que, ce matin, ses filles et ses orphelins chantaient de tout leur coeur, pendant la messe d'actions de grâces, pour remercier Dieu de nous avoir épargné la même épreuve hier, en montrant à une des religieuses le feu qui avait pris dans le toit du couvent et que nous avons pu alors maîtriser tacitement. A un autre moment, c'était un malheur irréparable. Merci, de toute notre âme, vénérable Mère d'Youville!

"Messe de minuit d'une incomparable beauté, pour notre pauvre pays, L'autel, avec ses petits anges et ses lumières si bien variées, les tentures et les guirlandes si bien disposées, élève notre esprit vers le ciel. Les chants rivalisent avec ceux des anges. Le bonheur intime de chacun devient d'autant plus complet que Jésus descend dans le coeur de tous, et avec Jésus on est toujours heureux.

"Dans l'après-midi, les Pères et les Frères se rendent au couvent pour juger un différend qui ne semble pas facile à régler, car tous les enfants sont en dispute. Voici: les petits garçons prétendent que leur dortoir est si bien peinturé maintenant qu'il est le plus bel appartement de la maison. Les petites filles soutiennent, au contraire, que leur grande salle est devenue la plus belle. De leur côté, les grandes avancent que le réfectoire l'emporte sur tout le reste. Après avoir visité et admiré ces trois appartements, les juges concluent par les paroles d'un beau cantique: Votre partage à tous trois est bien doux..."

"Récit du Père Supérieur….

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Message  Louis Sam 05 Mar 2016, 9:09 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

La Voix Amie


(suite)

"Récit du Père Supérieur. — Depuis trois semaines, notre petite Anastasie a été tenue entre la vie et la mort par une fièvre épidémique. Elle a été administrée et a reçu le saint viatique. Ou l'a veillée jour et nuit. Les soins maternels des bonnes Sœurs, les prières de tous, et surtout de sa grand'mère, qui, ne mangeant plus, ne dormant plus, tenait sans cesse son chapelet à la main, l'ont arrachée à la mort. Encore faible, mais semblant être hors de danger, je me suis rendu aujourd'hui à la triste nécessité d'avoir avec elle un entretien bien pénible, que vous allez comprendre, mes chers enfants.

— Eh bien, ma petite Anastasie, te voilà  bien?

—  Oh. oui, mon Père, me dit-elle avec un sourire si candide, et je veux rejoindre mes petites compagnes.

— Tu as été bien mal, mon enfant: mais le bon Dieu a eu pitié de nous, et t'a laissée à notre affection... Mais, tu n'étais pas seule malade, t'en souviens-tu?

—  Oh, oui, c'est vrai, nous étions plusieurs bien malades: ma sœur Thérèse, Marca, Jeanne, Zénaïde et Anna.

— Eh  bien, quelques-unes de tes compagnes que tu aimais beaucoup, sont allées rejoindre Jésus, et, avec lui, elles ne souffrent plus; elles sont heureuses.

— Oui...?   Mais, Thérèse, où est-elle?

— Thérèse ne souffre plus.

— Alors, qu'elle vienne me voir donc! J'ai tant hâte de la voir!

— Mon enfant, Thérèse te voit, près de Jésus, où elle ne souffre plus.

— Jésus est venu chercher ma sœur?

— Ma chère petite, le huit de ce mois, où je t'ai administrée, ta chère sœur se rendait près de Jésus, pour le prier de te laisser la vie, afin de consoler tes bons parents de sa mort...

—Ma sœur est morte! ! ! Et les larmes la suffoquent péniblement...

— Oh! pleure, mon enfant, mais pense aussi combien Thérèse est heureuse, près de Jésus si bon, qui lui accordera tout ce qu'elle demandera. Elle prie pour toi, pour tes chers parents: elle te protégera jusqu'au moment où tu iras l'embrasser, pour ne plus t'en séparer..."


La nouvelle suivante est la dernière annoncée dans la Voix Amie. C'est encore le Père supérieur qui l'a rédigée: …

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Message  Louis Dim 06 Mar 2016, 7:59 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

La nouvelle suivante est la dernière annoncée dans la Voix Amie. C'est encore le Père supérieur qui l'a rédigée:

La Voix Amie

(fin)

"Le premier vendredi d'octobre 1915, nous avons inauguré la chapelle neuve du couvent, qui est assez grande pour servir d'église paroissiale, en attendant la future grande église. Chers amis, vous rappelez-vous la vieille chapelle de la mission? Cette église, dans laquelle vous alliez, chaque dimanche, est aujourd'hui abandonnée; et, sans doute, elle disparaîtra bien vite. Nous le disons franchement: ce n'est pas sans éprouver un sentiment de tristesse et de regret, que nous avons quitté la chapelle, où, depuis cinquante ans, avaient lieu tous les offices. Tous nos anciens évêques, Mgr Faraud, Mgr Clut, Mgr Grouard y avaient officié, et plusieurs ordinations à la prêtrise, chose rare en ce pays, y avaient été faites. En célébrant pour la dernière fois la sainte messe, à son autel, nous avons pensé à vous tous, anciens élèves du couvent, comme aussi à tous ceux qui ont fréquenté cette église, et pour tous nous avons remercié Dieu des grâces reçues dans le temple, qui fut si longtemps sa demeure parmi nous."

Le couvent Saint-Joseph du Grand Lac des Esclaves vient, lui aussi, de lancer son journal. "Saint-Joseph's Messenger'', qui n'entend pas rester inférieur à son confrère de Notre-Dame de La Providence.

Enseignement des connaissances humaines, préparation soignée d'examens publics, bonne presse, tout a été employé par les efforts patients des Sœurs Grises pour former l'intelligence et le coeur de l'enfant sauvage.

Et quels beaux fruits déjà!

Incomparablement plus précieux cependant, les fruits de leur travail sur ces pauvres âmes pour les conduire et les donner à Dieu. Ce fut la grâce d'état des sœurs missionnaires de réussir excellemment, dans la transformation surnaturelle de leurs orphelins.

Il est impossible de décrire leurs nombreuses industries pour atteindre cette fin. Disons seulement que toutes ont convergé à faire fructifier abondamment les grands moyens de salut fournis par la religion chrétienne, en les adaptant, par une sainte habileté, aux conditions particulières des personnes et des lieux.

La première fontaine de sa vie spirituelle fut montrée à l'indien, dans la divine Eucharistie.

Avec quelle ferveur il a répondu au désir de Notre-Seigneur et de l'Eglise, les démonstrations, qui eurent lieu au couvent le plus lointain du Canada, à l'occasion du congrès eucharistique de Montréal, suffiraient a l'établir. La Voix Amie raconte les préparatifs de la procession de clôture:…

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Message  Louis Lun 07 Mar 2016, 7:40 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

La Voix Amie raconte les préparatifs de la procession de clôture:

"Nous avons voulu faire un triomphe à Jésus dans la sainte Eucharistie, pour nous unir à la fête de Montréal. Les religieuses organisèrent une procession, comme on n'en avait jamais vu à Providence. Que n'avez-vous été ici, pour contempler plus de trois cents "épinettes", décorant le chemin par lequel Notre-Seigneur devait passer; pour admirer le dais qu'on devait porter au-dessus du Saint-Sacrement, les trois magnifiques bannières, le splendide reposoir, gardé par six petits garçons habillés en anges, et enfin toutes les petites filles revêtues d'habits blancs, et portant des couronnes... ? "

Pie X venait d'ouvrir alors, tout grand et accessible à tous, le tabernacle. Les sœurs l'expliquèrent aux enfants, en les convainquant qu'ils étaient libres de répondre, ou non, à l'invitation du Vicaire de Jésus-Christ. Tous allèrent à la communion fréquente, et souvent quotidienne. Leur attitude à la sainte table, au moment où ils reçoivent "le Pain de Celui qui a fait la terre", est ravissante. Ils savent et comprennent ce qu'ils font; mais leurs prêtres et leurs religieuses, qui assistent à la croissance des fruits, le savent encore mieux. Le P. Le Doussal, le vénérable chapelain du couvent des Saints-Anges, écrit :


"Contrairement aux appréhensions, ce décret inattendu a provoqué l'élan le plus enthousiaste vers la sainte Eucharistie. Et rien de plus salutaire que sa mise en pratique, dans les âmes les plus abâtardies par les vices naissants. On a vu même des enfants qui étaient déjà tellement embourbés dans les habitudes criminelles, qu'on ne pouvait espérer sans miracle les voir se déprendre des incroyables immondices dans lesquelles ils se plaisaient si tristement, et qui, à l'aide de la sainte communion, devinrent en peu de temps de petits êtres tout nouveaux, par leur innocence et leur amour pour Dieu. Ce qui prouve manifestement que la pensée du retour universel à la discipline primitive ne pouvait venir que de Dieu."


Plusieurs de ces enfants sont devenus comme affamés de la sainte Eucharistie, et les priver d'une communion serait leur infliger une peine sans pareille.

A la dévotion à la Très Sainte Vierge revient aussi une grande part des fruits obtenus. Les sœurs missionnaires ont conduit leurs petits enfants à Jésus par Marie, et la bonne Mère s'est faite le refuge de leur pureté, la gardienne de leur foi. Les congrégations des enfants de Marie fonctionnent, avec leurs privilèges d'affiliation à Rome, leurs règlements et leurs sanctions. Les jeunes filles portent toujours ostensiblement le ruban bleu, insigne de leur consécration.

Le 8 décembre 1915, la statue de l'Immaculée-Conception…

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Message  Louis Mar 08 Mar 2016, 7:51 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

Le 8 décembre 1915, la statue de l'Immaculée-Conception fut couronnée en grande solennité, par les Enfants de Marie d'Athabaska. La présentation des couronnes à Marie, faite par les petites sauvagesses vêtues de blanc, à la fin de la retraite 1916 du couvent et des fidèles de Providence, fut également d'une touchante beauté. Les assistants auraient voulu passer la nuit aux pieds de la Sainte Vierge. (1)

Les garçons forment le bataillon du Sacré-Cœur. Ils gardent son étendard et portent à leur boutonnière sa médaille enrubannée. Mais comme pour être admis dans cette élite il le faut mériter, l'ambition ne désempare pas ; tous veulent gagner le grade, et ils le gagnent.

Le couvent Saint-Joseph du Grand Lac des Esclaves inaugura, en 1914, pour tous indistinctement, y compris les sœurs, le Trésor du Sacré-Cœur. Une boîte discrète, gardée par saint Joseph, au bout du corridor, reçoit, sur de petits billets anonymes, tous les actes de vertu faits en l'honneur du Sacré-Cœur. Le dépouillement a lieu le premier vendredi du mois. La Sœur Supérieure compte les actes par catégories, afin d'en conserver le relevé dans un grand registre, copie de celui du ciel. Les billets sont déposés aux pieds du Sacré-Cœur pendant la messe, et la corbeille monte la garde d'honneur, toute la journée, devant le T. S. Sacrement Après le salut, tout est brûlé, comme en holocauste. Trente-cinq mille sept cent dix-neuf sacrifiées furent faits et déclarés, de décembre 1914, à mai 1915...

Les traits édifiants cueillis dans les couvents du Nord…

____________________________________________________

(1) Au moment d'aller sous presse, nous arrive une lettre du Grand-Lac des Esclaves, racontant la mort d'une Enfant de Marie, de quatorze ans, que nous n'avions point particulièrement distinguée d'ailleurs, durant notre séjour au Mackenzie. Nous la résumons.

Baptistine ayant perdu sa mère à l'âge de quatre ans, fut aussitôt placée par son père au couvent Saint-Joseph. Elle fit sa première communion le 8 décembre 1911. Sa dévotion à la Très Sainte Vierge était grande. Elle fut admise dans la chère congrégation, le 8 décembre 1913.

Au mois de mars 1916, son père la prévint qu'il viendrait le reprendre au mois de juillet suivant, afin de l'emmener avec lui dans la forêt. Elle en fut désolée, et demanda à la Sainte Vierge de la prendre plutôt elle-même, car elle ne voulait plus quitter le couvent, Elle se portait très bien alors.

En avril, à la fin de la retraite annuelle, Baptistine écrivit sa résolution, que l'on trouva aux pieds d'une statue de Marie: "Vivre pure, pour plaire à la Sainte Vierge." Aussitôt après la retraite, la santé de l'enfant se mit a décliner, et aucun remède ne put enrayer le mal mystérieux. Le 4 juillet, entourée de toutes ses compagnes, enfants de Marie. Baptistine reçut le saint Viatique et fit joyeusement le sacrifice de sa vie. Le matin du 13, elle communia pour la dernière fois. Dans l'après-midi, elle expira dans les bras de la Sœur Supérieure, en invoquant Marie et en baisant la croix de missionnaire du P. Duport.

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Message  Louis Mer 09 Mar 2016, 6:58 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

Les Soeurs Grises dans l'Extrême-Nord : Cinquante ans de Missions  - Page 5 Page_110

Les traits édifiants cueillis dans les couvents du Nord, et tous charmants de simplicité indienne, foisonnent. Chaque religieuse, chaque missionnaire, a les siens, et les raconte avec plaisir.

La belle gerbe qui se composerait à les glaner!

Il y a au couvent Saint-Joseph, depuis six ans, un petit sauvage de la tribu des Flancs-de-Chien, nommé Louis. Enfants, directeurs et directrices s'accordent à reconnaître, qu'il porte les marques d'une extraordinaire sainteté. Il arriva des bois assez vigoureux; mais la tuberculose des os se déclara. Peu à peu, il devint difforme, bossu, couvert de plaies, et ne put marcher qu'à l'aide de béquilles. Aujourd'hui la paralysie des membres inférieurs est complète. Deux de ses petits compagnons le portent sur sa chaise, d'une salle à l'autre. Quoique ce mal lui cause des souffrances très vives, jamais une plainte ne les trahit. Pendant le pansement des plaies suppurantes qui couvrent le malade, la sueur et les larmes jaillissent malgré lui, mais ses lèvres s'efforcent de sourire. Le Père supérieur lui apprenait un jour, qu'il venait de voir, dans une des loges du Fort, un petit garçon affligé de la même maladie;



—Oh, alors, fit Louis, il doit bien souffrir!

Ce fut le seul aveu de ses douleurs que l'on put surprendre. Le cher petit infirme unit ses souffrances à celles de Notre-Seigneur, sans perdre jamais ce point de vue.   Avide d'entendre raconter la vie et la passion de Jésus,  il s'applique à faire la volonté de Dieu en tout, comme le divin Patient. La communion quotidienne est son bonheur. Sa figure paraît alors s'illuminer comme d'un rayon céleste. Très intelligent, et possédant parfaitement le montagnais, le français et l'anglais, il fait le catéchisme en ces langues, selon le besoin, aux nouveaux venus, et ses explications sont d'une clarté qui vient de plus haut que lui-même. Les sermons du P. Falaize sont pareillement répétés, développés, commentés. Ses condisciples le tiennent en une vénération dont il ne se doute pas. Selon toutes prévisions, lorsque ce que nous écrivons de lui sera au jour, Louis aura paru devant Dieu... Quelle consolation pour les Sœurs de Charité d'avoir formé un saint ! Que fût devenu cet enfant, loin d'elles, dans la forêt ?

En 1913, un jeune Montagnais…

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Message  Louis Jeu 10 Mar 2016, 7:09 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

En 1913, un jeune Montagnais, Pierre, mourait au couvent des Saints-Anges. Tous ceux qui le connurent se déclarent plus portés à l'invoquer qu'à prier pour lui. En 1909, étant encore dans sa famille, il fit une grave maladie. Ses parents, le croyant perdu, firent vœu de le donner aux Pères Oblats, s'il revenait à la santé. Son état changea si promptement que le fait fut considéré comme miraculeux.
Admis au couvent, il s'y montra aussitôt un modèle de piété et d'obéissance... Il retomba malade.

— Si je guéris encore, dit-il, je deviendrai Oblat de Marie Immaculée.

— Que préférerais-tu cependant, lui demanda un petit compagnon, ou mourir, ou devenir Oblat?

— Mourir, parce que, même Oblat, je pourrais encore offenser le bon Dieu.

Un jour que la sœur infirmière l'engageait à prendre courageusement un remède très amer, il avala le tout, et dit:

—Quand ce serait plus mauvais, Notre-Seigneur n'avait pas mieux sur la croix.

An cours d'une conversation avec le père, il lui fit cette question:

— Voit-on le bon Dieu, dans le purgatoire?

— Non, mon enfant, on l'entrevoit au jugement; puis on ne le voit plus qu'au ciel.

— Alors, moi, je ne veux pas aller dans le purgatoire; j'aime mieux souffrir plus longtemps sur la terre, et aller au ciel tout de suite.

Son vœu dut être exaucé, car il souffrit beaucoup. Après avoir eu, dans son agonie, comme une vision terrible qu'il essayait de repousser, sa figura redevint sereine et il expira doucement.


La Sœur supérieure de Providence, qui vient d'ensevelir une de ses orphelines, écrit cette note:

"Elle est belle, notre Julie. Elle semble sourire. Elle repose aux pieds de la Sainte Vierge, cette bonne Mère qu'elle a tant aimée. Que de fois, elle passait des heures entières devant son autel, à la chapelle, même durant sa longue maladie! Que d'exemples édifiants elle laisse à ses compagnes. Jamais elle ne proféra une plainte; aucun nuage ne semblait assombrir son espérance. Elle était très charitable. Tous les soirs, avant de s'endormir, elle demandait à son bon ange de la protéger, et lui gardait une place sur son oreiller. A son chevet, elle avait écrit elle-même cette petite phrase: "La fréquente communion est le noviciat du ciel."

Le couvent du lac Athabaska admire en ce moment la grâce de Dieu, portant vers l'Eucharistie une petite sauvagesse de la tribu des…

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Message  Louis Sam 12 Mar 2016, 10:50 am

Désolé Embarassed , hier j'ai mis la photo de la Petite Christine mais j'avais oublié de mettre l'article s'y rapportant; le voici :

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

Le couvent du lac Athabaska admire en ce moment la grâce de Dieu, portant vers l'Eucharistie une petite sauvagesse de la tribu des Cris. (1) Cette enfant serait-elle plus précoce que Nellie, la Violette du Saint-Sacrement ? ... Elle fit sa première communion le 8 décembre 1915, à l'âge de deux ans et onze mois. On aurait pu l'admettre six mois plus tôt, car non seulement elle distinguait déjà le pain eucharistique du pain ordinaire, ce qui est la condition requise, mais elle possédait si bien les vérités essentielles du catéchisme, qu'ayant eu l'occasion de la questionner alors, il nous fut impossible de surprendre dans ses réponses une seule contradiction.

Elle eut ses deux ans tout juste, au deuxième Noël de sa vie. Ou lui expliqua ce qu'étaient la crèche, les bergers, les mages ; pourquoi les lumières, les décorations, autour du divin Enfant. Que faisait Christine? Elle allait droit devant le tabernacle, s'agenouillait, et récitait sa prière.

— Pourquoi, lui dit la sœur, ne te voit-on jamais à la crèche? Elle est si belle! Et toutes les autres pettites filles vont y voir le petit Jésus!,.. Toi, jamais.

— Mais, répondit-elle, là, le petit Jésus il vit pas. Ici, dans sa petite maison, il vit, et moi lui parle.

Elle n'eut de repos, que lorsqu'il lui fut permis de se lever pour assister à la messe. Pendant les bénédictions du T. S. Sacrement, elle fixe la sainte Hostie, et rien ne la distrait. Un soir cependant, au salut, elle babilla. La Sœur supérieure, saisissant cette occasion de l'humilier, vint chez les petites filles, durant la récréation :

— Christine n'a pas été sage du tout... Elle n'ira plus à la messe, ni au salut. C'est fini; elle restera au lit.

L'enfant ne répondit rien; mais dans ses yeux, levés sur son accusatrice, on voyait monter de grosses larmes. Quelques moments après, les sœurs réunies à leur salle de communauté entendent de petits doigts frapper à la porte.    C'est Christine:

— Ma Sœur, voulez-vous pardonner? Sera bonne petite fille. Va emmener encore moi à la messe ?...

Une après-midi qu'on l'avait oubliée, elle se mit à pleurer. Une sœur s'en aperçut:



— Voyons, qu'as-tu donc?

— Moi, toute seule!

— Mais non, mon enfant, Jésus est avec toi; il est partout,

La douleur fut calmée.

L'un des jours suivants, Christine, traversant les salles, trouva la sœur, isolée à son tour:

— Toi, toute seule, ma Sœur?

— Mais, oui.

— Mais non!  Le petit Jésus est avec toi. Il est partout...

Se hissant alors sur ses pieds, et atteignant de la main la poitrine de la sœur:

—Il est là, le petit Jésus. Il a venu dans ton coeur, à la messe!...

Enfin, le jour tant désiré arriva. Souvent elle avait échappé à la vigilance de ses gardiennes, et s'étant faufilée jusqu'à la table sainte parmi les autres. Mais le père passait outre, et c'était chaque fois un chagrin!... Le 8 décembre, fête de l'Immaculée-Conception, il s'arrêta, et déposa la blanche hostie sur les lèvres de cette innocence... Depuis lors, Christine ne vit plus que par la communion du matin, et pour celle du lendemain,

— Je l'aime mieux, mon coeur, depuis que le petit Jésus est là, dit-elle.

Le ciel laissera-t-il cet ange à la terre ? Des signes encore imprécis, mais inquiétants déjà, semblent indiquer que la petite âme serait bientôt mûre pour prendre son vol... Pie X, l'ami des enfants, la recevra, et le sourire du bon Pape ira aux Sœurs de la Charité de l'Extrême-Nord, qui donnent à Jésus ses petits frères des bois.

______________________________________________________________

(1) Nous ne rapportons ce trait qu'afin de louer Notre Seigneur, qui se plait parmi les lys de l'enfance, d'avoir choisi les Sœurs de la Charité pour cultiver ses fleurs privilégiées du Mackenzie. Aucune mère de famille, nous le savons, ne s'en autorisera pour diriger ses petits enfants, si intelligents qu'ils lui paraissent, dans une voie que n'approuverait point le confesseur, seul juge du travail de la grâce dans les âmes.

A suivre : Épilogue.

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Message  Louis Dim 13 Mar 2016, 12:31 pm

EPILOGUE


Cinquante ans...

Un demi-siècle a suffi à quelques apôtres dépourvus des forces du monde, tout semblables aux missionnaires de Galilée, pour faire lever la foi de Jésus-Christ dans l'immense désert païen, domaine séculaire de la mort, de l'Athabaska-Mackenzie.

Les premiers ont semé, les autres, récolté. Tous, apportant leurs épis au Maître de la moisson, lui redisent :

—  Les pauvres sont évangélisés..

Parmi ces apôtres, apparaissent les Sœurs Grises de 1867. De ces vaillantes, quatre ont reçu leur couronne éternelle, deux survivent pour le Jubilé de la terre.

Ni Sœur Michon, ni Sœur Brunelle ne revirent la maison-mère.

Sœur Michon mourut à l'Hôpital du Sacré-Cœur de Notre-Dame de La Providence, le 23 octobre 1896, après vingt-neuf ans de travaux dans cette mission. Elle avait demandé en grâce de n'être point rappelée a Montréal, de peur de mourir loin de ses sauvages.

Sa mort fui douce comme sa vie: "Elle partit sans secousse, sans une minute d'agonie, la physionomie reposée, comme dans un sommeil"...

"Ouvrière de la première heure du jour dans nos missions de l'Extrême-Nord, la dernière restée du groupe des fondatrice du Sacré-Cœur, elle est tombée au champ d'honneur, dans toute la fleur de la plus parfaite obéissance et de la plus filiale conformité à la sainte volonté de Dieu, laissant sa chère communauté tout embaumée du parfum de ses vertus religieuses."

Sœur Brunelle décédée le 10 décembre 1908, au lac Athabaska, donna de sa vie apostolique vingt-six années à l'Hôpital du Sacré-Cœur, et quinze au couvent des Saints-Anges. Un cancer, enduré avec la résignation des prédestinées, eut raison de sa constitution robuste.

" ... Tout est sombre chez nous; la salle de communauté est déserte; en y entrant, le coeur se serre: celle qui y demeurait n'est plus de ce monde. Il y a deux semaines, Sr Brunelle était encore là, à sa table de travail, ici sont des livres sous presse; elle excellait dans la reliure; là des fleurs inachevées; elle les confectionnait si bien! Le raccommodage du linge était son occupation ordinaire. D'une scrupuleuse exactitude dans les plus petites choses, elle ne perdait pas une minute; tout était prévu, réglé dans sa vie. Enfin, elle était pour nous le modèle de la parfaite religieuse. Chargée de la sacristie et de la chapelle, elle put à loisir satisfaire sa dévotion, Il nous semble la voir encore courbée pieusement au pied du tabernacle. .."

Sœur Michon repose à…

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Message  Louis Lun 14 Mar 2016, 7:37 am

EPILOGUE

(suite)

Sœur Michon repose à Notre-Dame de La Providence, et Sœur Brunelle à Athabaska, au milieu de leurs chers enfants qui les ont précédées ou suivies au ciel. Sur leurs restes bénis, les sœurs vont prier souvent, reprendre courage parfois, et s'attacher plus fort à leur vocation. Les tombes sont les racines des coeurs.

Près de Mère d'Youville, à Montréal, furent déposées Sœur Saint-Michel des Saints, le 23 novembre 1909, et Sœur Lapointe, le 6 janvier 1911. Leur vœu de mourir au premier poste, parmi les sauvages, ne fut pas exaucé. L'obéissance, qui rappela Sœur Saint-Michel des Saints après vingt ans d'apostolat, et Sœur Lapointe après quinze, combla le mérite du désir par celui du sacrifice.

Plus près du Mackenzie, à Saint-Albert, une petite sœur, dont le joyeux esprit et le courage n'ont pas vieilli, sert encore le bon Dieu dans ses pauvres, c'est Marie-Domithilde Letendre. Les simples tertiaires franciscaines assistaient depuis longtemps les Sœurs Grises. A ce titre, Marie-Domithilde avait accompagné les fondatrices de 1867.

En 1889, un chapitre extraordinaire fut convoqué par la T. H. Mère Filiatrault, à l'effet de constituer, comme partie intégrante de la Congrégation des



Sœurs de la Charité de Montréal, l'Association des "Petites Sœurs Auxiliatrices". Jamais bénédiction plus féconde ne descendit sur les oeuvres de Mère d'Youville.

Petites soeurs auxiliaires, elles le sont si bien!

Petites: la modestie, l'humilité, la pratique des abnégations obscures, l'effort constant d'imiter les vertus des sœurs vocales, dont elles ne possèdent pas l'instruction, les rendent dignes enfants de la vénérable fondatrice. Elles sont auxiliaires, et auxiliaires puissantes, surtout aux missions du Nord. Les travaux manuels nécessaires, sans lesquels on ne subsiste pas, sont leur partage d'honneur. A leur fourneau, à leur jardin, à leur salle de couture, elles se sanctifient sans bruit, simplement. Elles ressemblent à nos bons frères convers Oblats. Ce sont des sœurs: Sœurs vocales et Sœurs auxiliaires sont pareillement Sœurs Grises par leur consécration religieuse, par leur habit à peu près semblable, par la croix sur leur poitrine, et surtout par la mise en pratique du testament de leur Mère commune: "Faites en sorte que l'union la plus parfaite règne parmi vous.''

Dieu attendait les Petites Sœurs Auxiliaires pour susciter à l'Église d'admirables vocations indiennes et métisses. Cinq jeunes filles du Mackenzie sont religieuses, deux novices, et plusieurs postulantes. La première, Sœur Louis d'Athabaska, mourut, au dire unanime de son entourage, parée de son innocence baptismale.

Marie-Domithilde est ainsi devenue "petite sœur auxiliaire", sous le nom de Sœur Domithilde.

L'un des douze apôtres fut réservé par Jésus à une longue vie…

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Message  Louis Mar 15 Mar 2016, 8:17 am

EPILOGUE

(suite)

L'un des douze apôtres fut réservé par Jésus à une longue vie. Il devait rester comme témoin des premiers temps, jusqu'à la propagation universelle de l'évangile... De l'une des cinq fondatrices, le divin Maître n’aurait-il pas dit :

— Celle-là, je veux qu'elle demeure, jusqu'au jour où la conversion de la nation à laquelle j'ai envoyé mes apôtres sera accomplie?

Et celle-là, comme le disciple bien-aimé, ne peut-elle pas répondre aujourd'hui :

— De tout ce qui s'est passé, je rends témoignage; et mon témoignage est vrai?

La vénérée Mère Ward fut donc le "saint Jean" des premières religieuses du Mackenzie.

A ses sauvages de Providence, elle donna les vingt-cinq ans de sa jeunesse. A eux encore, ainsi qu'à tous les pauvres des Sœurs de la Charité, les vingt-cinq autres furent dévoués, car successivement maîtresse des novices, assistante de la T. H. Mère Générale, supérieure locale de l'Hôpital-Général de Montréal, provinciale, elle forma d'exemple et de parole, la légion des nouvelles missionnaires. Novices et professes ont lu, dans sa mémoire et dans son coeur, les leçons des temps apostoliques.



Qu'elle se réjouisse dans le Seigneur des grandes choses que le Tout-Puissant a faites par elle, et que Dieu multiplie ses jours, près de la première Mère des sœurs apôtres... N'a-t-elle pas écrit, en 1885:

"Notre poisson est si bon ! Nous le mangeons de si bon appétit, que nous courons risque de mourir de vieillesse?"

Lorsque la Mère Ward alla visiter, et fortifier ses remplaçantes du Mackenzie, en 1906, le bonheur de ses anciens de Providence, devenus grands, et échelonnés sur son parcours, ne se contenait plus, dit-on; les petits enfants venaient voir de leurs grands yeux aimants, et saluer de leurs mains caressantes, la mère de leurs mères, leur "grand'maman". Cette fête la consola. Mais sa plus grande joie vint d'autre source: elle pouvait témoigner que les missionnaires des derniers temps n'avaient point dégénéré, et faire siennes les paroles de sa Supérieure Générale de 1898:

"Partout c'est le même zèle pour faire connaître, aimer et bénir le bon Dieu aux enfants; c'est la même charité auprès des orphelins, des vieillards et des délaissés; c'est le même dévouement, la même abnégation auprès des malades; c'est la même générosité dans l'acceptation des sacrifices multiples, résultant de l'éloignement et de l'isolement dans lesquels l'obéissance a placé ces ouvrières, pour accomplir leur apostolat de charité et d'amour; partout, en un mot, se reconnaît le cachet de notre sainte fondatrice."

Au-dessus tels éloges, un seul se pouvait placer encore; celui du Pape…

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Message  Louis Mer 16 Mar 2016, 6:56 am

EPILOGUE

(suite)

Au-dessus de  tels éloges, un seul se pouvait placer encore; celui du Pape.  

Nous l'avons.

S. G. Mgr Grouard raconte son audience de 1898.

" Léon XIII me demanda combien j'avais de missionnaires, et je lui répondis, en lui donnant le nombre des pères et des frères. J'ajoutai :

—  Nous avons aussi de bonnes religieuses qui élèvent les enfants du pays.

—  D'où viennent-elles?

—  Très Saint Père, ce sont des Canadiennes. Elles viennent de Montréal, de la communauté des Sœurs Grises, qui ont deux établissements dans le vicariat depuis un temps assez long, et d'autres viennent de la communauté des Sœurs de la Providence, de Montréal également; mais elles sont plus récentes.

Alors le Saint-Père me demanda comment elles faisaient pour vivre dans ce pays, si elles se portaient bien. etc.... J'eus à lui apprendre que ces bonnes sœurs ont à souffrir de grandes privations; qu'une d'entre elles, Sœur Galipeau, venait de mourir au Mackenzie. Le bon Pape, levant les yeux et les mains vers le ciel :

—  Ces bonnes filles font le sacrifice de leur vie !... semblant dire: Que peuvent-elles faire de mieux? Dieu les récompensera!"

Le dernier mot de notre hommage aux Sœurs Grises missionnaires, expression aussi de notre humble souhait pour la belle Congrégation de la vénérable Mère d'Youville, sera celui de l'évêque Oblat qui les connut si bien, les ayant accueillies lui-même au Mackenzie, ayant été leur premier père, et ayant partagé toutes leurs joies et toutes leurs souffrances. Mgr Grouard répond à des vœux et promesses de prières, qui lui venaient de Montréal:

"Ma Très Révérende Mère,

Je vous suis très reconnaissant des bons souhaits que vous avez eu la charité de former pour moi et nos missions, et surtout des prières que vous et votre communauté voulez bien offrir au bon Dieu pour nous. Nous avons en tout temps besoin de la grâce de Dieu, il est vrai; mais pour moi, je ne l'ai jamais mieux senti que dans le moment présent, où je me trouve accablé de nombreuses et cruelles épreuves dont il serait trop long de vous faire le récit détaillé. Trois excellents frères noyés, un moulin à scie à vapeur détruit par le feu, etc. A peine ai-je le courage de dire; Que votre volonté soit faite!

Au milieu de ces peines, je dois vous dire que vos chères filles me donnent de vraies consolations. Elles sont bonnes religieuses, et fidèles à leurs devoirs. Leur oeuvre est saintement prospère. Puissiez-vous voir leur nombre se multiplier, et les nouvelles marcher sur les traces de leurs devancières !... "
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FIN

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