Les Soeurs Grises dans l'Extrême-Nord : Cinquante ans de Missions

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Message  Louis Mar 08 Mar 2016, 7:51 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

Le 8 décembre 1915, la statue de l'Immaculée-Conception fut couronnée en grande solennité, par les Enfants de Marie d'Athabaska. La présentation des couronnes à Marie, faite par les petites sauvagesses vêtues de blanc, à la fin de la retraite 1916 du couvent et des fidèles de Providence, fut également d'une touchante beauté. Les assistants auraient voulu passer la nuit aux pieds de la Sainte Vierge. (1)

Les garçons forment le bataillon du Sacré-Cœur. Ils gardent son étendard et portent à leur boutonnière sa médaille enrubannée. Mais comme pour être admis dans cette élite il le faut mériter, l'ambition ne désempare pas ; tous veulent gagner le grade, et ils le gagnent.

Le couvent Saint-Joseph du Grand Lac des Esclaves inaugura, en 1914, pour tous indistinctement, y compris les sœurs, le Trésor du Sacré-Cœur. Une boîte discrète, gardée par saint Joseph, au bout du corridor, reçoit, sur de petits billets anonymes, tous les actes de vertu faits en l'honneur du Sacré-Cœur. Le dépouillement a lieu le premier vendredi du mois. La Sœur Supérieure compte les actes par catégories, afin d'en conserver le relevé dans un grand registre, copie de celui du ciel. Les billets sont déposés aux pieds du Sacré-Cœur pendant la messe, et la corbeille monte la garde d'honneur, toute la journée, devant le T. S. Sacrement Après le salut, tout est brûlé, comme en holocauste. Trente-cinq mille sept cent dix-neuf sacrifiées furent faits et déclarés, de décembre 1914, à mai 1915...

Les traits édifiants cueillis dans les couvents du Nord…

____________________________________________________

(1) Au moment d'aller sous presse, nous arrive une lettre du Grand-Lac des Esclaves, racontant la mort d'une Enfant de Marie, de quatorze ans, que nous n'avions point particulièrement distinguée d'ailleurs, durant notre séjour au Mackenzie. Nous la résumons.

Baptistine ayant perdu sa mère à l'âge de quatre ans, fut aussitôt placée par son père au couvent Saint-Joseph. Elle fit sa première communion le 8 décembre 1911. Sa dévotion à la Très Sainte Vierge était grande. Elle fut admise dans la chère congrégation, le 8 décembre 1913.

Au mois de mars 1916, son père la prévint qu'il viendrait le reprendre au mois de juillet suivant, afin de l'emmener avec lui dans la forêt. Elle en fut désolée, et demanda à la Sainte Vierge de la prendre plutôt elle-même, car elle ne voulait plus quitter le couvent, Elle se portait très bien alors.

En avril, à la fin de la retraite annuelle, Baptistine écrivit sa résolution, que l'on trouva aux pieds d'une statue de Marie: "Vivre pure, pour plaire à la Sainte Vierge." Aussitôt après la retraite, la santé de l'enfant se mit a décliner, et aucun remède ne put enrayer le mal mystérieux. Le 4 juillet, entourée de toutes ses compagnes, enfants de Marie. Baptistine reçut le saint Viatique et fit joyeusement le sacrifice de sa vie. Le matin du 13, elle communia pour la dernière fois. Dans l'après-midi, elle expira dans les bras de la Sœur Supérieure, en invoquant Marie et en baisant la croix de missionnaire du P. Duport.

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Message  Louis Mer 09 Mar 2016, 6:58 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

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Les traits édifiants cueillis dans les couvents du Nord, et tous charmants de simplicité indienne, foisonnent. Chaque religieuse, chaque missionnaire, a les siens, et les raconte avec plaisir.

La belle gerbe qui se composerait à les glaner!

Il y a au couvent Saint-Joseph, depuis six ans, un petit sauvage de la tribu des Flancs-de-Chien, nommé Louis. Enfants, directeurs et directrices s'accordent à reconnaître, qu'il porte les marques d'une extraordinaire sainteté. Il arriva des bois assez vigoureux; mais la tuberculose des os se déclara. Peu à peu, il devint difforme, bossu, couvert de plaies, et ne put marcher qu'à l'aide de béquilles. Aujourd'hui la paralysie des membres inférieurs est complète. Deux de ses petits compagnons le portent sur sa chaise, d'une salle à l'autre. Quoique ce mal lui cause des souffrances très vives, jamais une plainte ne les trahit. Pendant le pansement des plaies suppurantes qui couvrent le malade, la sueur et les larmes jaillissent malgré lui, mais ses lèvres s'efforcent de sourire. Le Père supérieur lui apprenait un jour, qu'il venait de voir, dans une des loges du Fort, un petit garçon affligé de la même maladie;



—Oh, alors, fit Louis, il doit bien souffrir!

Ce fut le seul aveu de ses douleurs que l'on put surprendre. Le cher petit infirme unit ses souffrances à celles de Notre-Seigneur, sans perdre jamais ce point de vue.   Avide d'entendre raconter la vie et la passion de Jésus,  il s'applique à faire la volonté de Dieu en tout, comme le divin Patient. La communion quotidienne est son bonheur. Sa figure paraît alors s'illuminer comme d'un rayon céleste. Très intelligent, et possédant parfaitement le montagnais, le français et l'anglais, il fait le catéchisme en ces langues, selon le besoin, aux nouveaux venus, et ses explications sont d'une clarté qui vient de plus haut que lui-même. Les sermons du P. Falaize sont pareillement répétés, développés, commentés. Ses condisciples le tiennent en une vénération dont il ne se doute pas. Selon toutes prévisions, lorsque ce que nous écrivons de lui sera au jour, Louis aura paru devant Dieu... Quelle consolation pour les Sœurs de Charité d'avoir formé un saint ! Que fût devenu cet enfant, loin d'elles, dans la forêt ?

En 1913, un jeune Montagnais…

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Message  Louis Jeu 10 Mar 2016, 7:09 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

En 1913, un jeune Montagnais, Pierre, mourait au couvent des Saints-Anges. Tous ceux qui le connurent se déclarent plus portés à l'invoquer qu'à prier pour lui. En 1909, étant encore dans sa famille, il fit une grave maladie. Ses parents, le croyant perdu, firent vœu de le donner aux Pères Oblats, s'il revenait à la santé. Son état changea si promptement que le fait fut considéré comme miraculeux.
Admis au couvent, il s'y montra aussitôt un modèle de piété et d'obéissance... Il retomba malade.

— Si je guéris encore, dit-il, je deviendrai Oblat de Marie Immaculée.

— Que préférerais-tu cependant, lui demanda un petit compagnon, ou mourir, ou devenir Oblat?

— Mourir, parce que, même Oblat, je pourrais encore offenser le bon Dieu.

Un jour que la sœur infirmière l'engageait à prendre courageusement un remède très amer, il avala le tout, et dit:

—Quand ce serait plus mauvais, Notre-Seigneur n'avait pas mieux sur la croix.

An cours d'une conversation avec le père, il lui fit cette question:

— Voit-on le bon Dieu, dans le purgatoire?

— Non, mon enfant, on l'entrevoit au jugement; puis on ne le voit plus qu'au ciel.

— Alors, moi, je ne veux pas aller dans le purgatoire; j'aime mieux souffrir plus longtemps sur la terre, et aller au ciel tout de suite.

Son vœu dut être exaucé, car il souffrit beaucoup. Après avoir eu, dans son agonie, comme une vision terrible qu'il essayait de repousser, sa figura redevint sereine et il expira doucement.


La Sœur supérieure de Providence, qui vient d'ensevelir une de ses orphelines, écrit cette note:

"Elle est belle, notre Julie. Elle semble sourire. Elle repose aux pieds de la Sainte Vierge, cette bonne Mère qu'elle a tant aimée. Que de fois, elle passait des heures entières devant son autel, à la chapelle, même durant sa longue maladie! Que d'exemples édifiants elle laisse à ses compagnes. Jamais elle ne proféra une plainte; aucun nuage ne semblait assombrir son espérance. Elle était très charitable. Tous les soirs, avant de s'endormir, elle demandait à son bon ange de la protéger, et lui gardait une place sur son oreiller. A son chevet, elle avait écrit elle-même cette petite phrase: "La fréquente communion est le noviciat du ciel."

Le couvent du lac Athabaska admire en ce moment la grâce de Dieu, portant vers l'Eucharistie une petite sauvagesse de la tribu des…

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Message  Louis Sam 12 Mar 2016, 10:50 am

Désolé Embarassed , hier j'ai mis la photo de la Petite Christine mais j'avais oublié de mettre l'article s'y rapportant; le voici :

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

Le couvent du lac Athabaska admire en ce moment la grâce de Dieu, portant vers l'Eucharistie une petite sauvagesse de la tribu des Cris. (1) Cette enfant serait-elle plus précoce que Nellie, la Violette du Saint-Sacrement ? ... Elle fit sa première communion le 8 décembre 1915, à l'âge de deux ans et onze mois. On aurait pu l'admettre six mois plus tôt, car non seulement elle distinguait déjà le pain eucharistique du pain ordinaire, ce qui est la condition requise, mais elle possédait si bien les vérités essentielles du catéchisme, qu'ayant eu l'occasion de la questionner alors, il nous fut impossible de surprendre dans ses réponses une seule contradiction.

Elle eut ses deux ans tout juste, au deuxième Noël de sa vie. Ou lui expliqua ce qu'étaient la crèche, les bergers, les mages ; pourquoi les lumières, les décorations, autour du divin Enfant. Que faisait Christine? Elle allait droit devant le tabernacle, s'agenouillait, et récitait sa prière.

— Pourquoi, lui dit la sœur, ne te voit-on jamais à la crèche? Elle est si belle! Et toutes les autres pettites filles vont y voir le petit Jésus!,.. Toi, jamais.

— Mais, répondit-elle, là, le petit Jésus il vit pas. Ici, dans sa petite maison, il vit, et moi lui parle.

Elle n'eut de repos, que lorsqu'il lui fut permis de se lever pour assister à la messe. Pendant les bénédictions du T. S. Sacrement, elle fixe la sainte Hostie, et rien ne la distrait. Un soir cependant, au salut, elle babilla. La Sœur supérieure, saisissant cette occasion de l'humilier, vint chez les petites filles, durant la récréation :

— Christine n'a pas été sage du tout... Elle n'ira plus à la messe, ni au salut. C'est fini; elle restera au lit.

L'enfant ne répondit rien; mais dans ses yeux, levés sur son accusatrice, on voyait monter de grosses larmes. Quelques moments après, les sœurs réunies à leur salle de communauté entendent de petits doigts frapper à la porte.    C'est Christine:

— Ma Sœur, voulez-vous pardonner? Sera bonne petite fille. Va emmener encore moi à la messe ?...

Une après-midi qu'on l'avait oubliée, elle se mit à pleurer. Une sœur s'en aperçut:



— Voyons, qu'as-tu donc?

— Moi, toute seule!

— Mais non, mon enfant, Jésus est avec toi; il est partout,

La douleur fut calmée.

L'un des jours suivants, Christine, traversant les salles, trouva la sœur, isolée à son tour:

— Toi, toute seule, ma Sœur?

— Mais, oui.

— Mais non!  Le petit Jésus est avec toi. Il est partout...

Se hissant alors sur ses pieds, et atteignant de la main la poitrine de la sœur:

—Il est là, le petit Jésus. Il a venu dans ton coeur, à la messe!...

Enfin, le jour tant désiré arriva. Souvent elle avait échappé à la vigilance de ses gardiennes, et s'étant faufilée jusqu'à la table sainte parmi les autres. Mais le père passait outre, et c'était chaque fois un chagrin!... Le 8 décembre, fête de l'Immaculée-Conception, il s'arrêta, et déposa la blanche hostie sur les lèvres de cette innocence... Depuis lors, Christine ne vit plus que par la communion du matin, et pour celle du lendemain,

— Je l'aime mieux, mon coeur, depuis que le petit Jésus est là, dit-elle.

Le ciel laissera-t-il cet ange à la terre ? Des signes encore imprécis, mais inquiétants déjà, semblent indiquer que la petite âme serait bientôt mûre pour prendre son vol... Pie X, l'ami des enfants, la recevra, et le sourire du bon Pape ira aux Sœurs de la Charité de l'Extrême-Nord, qui donnent à Jésus ses petits frères des bois.

______________________________________________________________

(1) Nous ne rapportons ce trait qu'afin de louer Notre Seigneur, qui se plait parmi les lys de l'enfance, d'avoir choisi les Sœurs de la Charité pour cultiver ses fleurs privilégiées du Mackenzie. Aucune mère de famille, nous le savons, ne s'en autorisera pour diriger ses petits enfants, si intelligents qu'ils lui paraissent, dans une voie que n'approuverait point le confesseur, seul juge du travail de la grâce dans les âmes.

A suivre : Épilogue.

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Message  Louis Dim 13 Mar 2016, 12:31 pm

EPILOGUE


Cinquante ans...

Un demi-siècle a suffi à quelques apôtres dépourvus des forces du monde, tout semblables aux missionnaires de Galilée, pour faire lever la foi de Jésus-Christ dans l'immense désert païen, domaine séculaire de la mort, de l'Athabaska-Mackenzie.

Les premiers ont semé, les autres, récolté. Tous, apportant leurs épis au Maître de la moisson, lui redisent :

—  Les pauvres sont évangélisés..

Parmi ces apôtres, apparaissent les Sœurs Grises de 1867. De ces vaillantes, quatre ont reçu leur couronne éternelle, deux survivent pour le Jubilé de la terre.

Ni Sœur Michon, ni Sœur Brunelle ne revirent la maison-mère.

Sœur Michon mourut à l'Hôpital du Sacré-Cœur de Notre-Dame de La Providence, le 23 octobre 1896, après vingt-neuf ans de travaux dans cette mission. Elle avait demandé en grâce de n'être point rappelée a Montréal, de peur de mourir loin de ses sauvages.

Sa mort fui douce comme sa vie: "Elle partit sans secousse, sans une minute d'agonie, la physionomie reposée, comme dans un sommeil"...

"Ouvrière de la première heure du jour dans nos missions de l'Extrême-Nord, la dernière restée du groupe des fondatrice du Sacré-Cœur, elle est tombée au champ d'honneur, dans toute la fleur de la plus parfaite obéissance et de la plus filiale conformité à la sainte volonté de Dieu, laissant sa chère communauté tout embaumée du parfum de ses vertus religieuses."

Sœur Brunelle décédée le 10 décembre 1908, au lac Athabaska, donna de sa vie apostolique vingt-six années à l'Hôpital du Sacré-Cœur, et quinze au couvent des Saints-Anges. Un cancer, enduré avec la résignation des prédestinées, eut raison de sa constitution robuste.

" ... Tout est sombre chez nous; la salle de communauté est déserte; en y entrant, le coeur se serre: celle qui y demeurait n'est plus de ce monde. Il y a deux semaines, Sr Brunelle était encore là, à sa table de travail, ici sont des livres sous presse; elle excellait dans la reliure; là des fleurs inachevées; elle les confectionnait si bien! Le raccommodage du linge était son occupation ordinaire. D'une scrupuleuse exactitude dans les plus petites choses, elle ne perdait pas une minute; tout était prévu, réglé dans sa vie. Enfin, elle était pour nous le modèle de la parfaite religieuse. Chargée de la sacristie et de la chapelle, elle put à loisir satisfaire sa dévotion, Il nous semble la voir encore courbée pieusement au pied du tabernacle. .."

Sœur Michon repose à…

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Message  Louis Lun 14 Mar 2016, 7:37 am

EPILOGUE

(suite)

Sœur Michon repose à Notre-Dame de La Providence, et Sœur Brunelle à Athabaska, au milieu de leurs chers enfants qui les ont précédées ou suivies au ciel. Sur leurs restes bénis, les sœurs vont prier souvent, reprendre courage parfois, et s'attacher plus fort à leur vocation. Les tombes sont les racines des coeurs.

Près de Mère d'Youville, à Montréal, furent déposées Sœur Saint-Michel des Saints, le 23 novembre 1909, et Sœur Lapointe, le 6 janvier 1911. Leur vœu de mourir au premier poste, parmi les sauvages, ne fut pas exaucé. L'obéissance, qui rappela Sœur Saint-Michel des Saints après vingt ans d'apostolat, et Sœur Lapointe après quinze, combla le mérite du désir par celui du sacrifice.

Plus près du Mackenzie, à Saint-Albert, une petite sœur, dont le joyeux esprit et le courage n'ont pas vieilli, sert encore le bon Dieu dans ses pauvres, c'est Marie-Domithilde Letendre. Les simples tertiaires franciscaines assistaient depuis longtemps les Sœurs Grises. A ce titre, Marie-Domithilde avait accompagné les fondatrices de 1867.

En 1889, un chapitre extraordinaire fut convoqué par la T. H. Mère Filiatrault, à l'effet de constituer, comme partie intégrante de la Congrégation des



Sœurs de la Charité de Montréal, l'Association des "Petites Sœurs Auxiliatrices". Jamais bénédiction plus féconde ne descendit sur les oeuvres de Mère d'Youville.

Petites soeurs auxiliaires, elles le sont si bien!

Petites: la modestie, l'humilité, la pratique des abnégations obscures, l'effort constant d'imiter les vertus des sœurs vocales, dont elles ne possèdent pas l'instruction, les rendent dignes enfants de la vénérable fondatrice. Elles sont auxiliaires, et auxiliaires puissantes, surtout aux missions du Nord. Les travaux manuels nécessaires, sans lesquels on ne subsiste pas, sont leur partage d'honneur. A leur fourneau, à leur jardin, à leur salle de couture, elles se sanctifient sans bruit, simplement. Elles ressemblent à nos bons frères convers Oblats. Ce sont des sœurs: Sœurs vocales et Sœurs auxiliaires sont pareillement Sœurs Grises par leur consécration religieuse, par leur habit à peu près semblable, par la croix sur leur poitrine, et surtout par la mise en pratique du testament de leur Mère commune: "Faites en sorte que l'union la plus parfaite règne parmi vous.''

Dieu attendait les Petites Sœurs Auxiliaires pour susciter à l'Église d'admirables vocations indiennes et métisses. Cinq jeunes filles du Mackenzie sont religieuses, deux novices, et plusieurs postulantes. La première, Sœur Louis d'Athabaska, mourut, au dire unanime de son entourage, parée de son innocence baptismale.

Marie-Domithilde est ainsi devenue "petite sœur auxiliaire", sous le nom de Sœur Domithilde.

L'un des douze apôtres fut réservé par Jésus à une longue vie…

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Message  Louis Mar 15 Mar 2016, 8:17 am

EPILOGUE

(suite)

L'un des douze apôtres fut réservé par Jésus à une longue vie. Il devait rester comme témoin des premiers temps, jusqu'à la propagation universelle de l'évangile... De l'une des cinq fondatrices, le divin Maître n’aurait-il pas dit :

— Celle-là, je veux qu'elle demeure, jusqu'au jour où la conversion de la nation à laquelle j'ai envoyé mes apôtres sera accomplie?

Et celle-là, comme le disciple bien-aimé, ne peut-elle pas répondre aujourd'hui :

— De tout ce qui s'est passé, je rends témoignage; et mon témoignage est vrai?

La vénérée Mère Ward fut donc le "saint Jean" des premières religieuses du Mackenzie.

A ses sauvages de Providence, elle donna les vingt-cinq ans de sa jeunesse. A eux encore, ainsi qu'à tous les pauvres des Sœurs de la Charité, les vingt-cinq autres furent dévoués, car successivement maîtresse des novices, assistante de la T. H. Mère Générale, supérieure locale de l'Hôpital-Général de Montréal, provinciale, elle forma d'exemple et de parole, la légion des nouvelles missionnaires. Novices et professes ont lu, dans sa mémoire et dans son coeur, les leçons des temps apostoliques.



Qu'elle se réjouisse dans le Seigneur des grandes choses que le Tout-Puissant a faites par elle, et que Dieu multiplie ses jours, près de la première Mère des sœurs apôtres... N'a-t-elle pas écrit, en 1885:

"Notre poisson est si bon ! Nous le mangeons de si bon appétit, que nous courons risque de mourir de vieillesse?"

Lorsque la Mère Ward alla visiter, et fortifier ses remplaçantes du Mackenzie, en 1906, le bonheur de ses anciens de Providence, devenus grands, et échelonnés sur son parcours, ne se contenait plus, dit-on; les petits enfants venaient voir de leurs grands yeux aimants, et saluer de leurs mains caressantes, la mère de leurs mères, leur "grand'maman". Cette fête la consola. Mais sa plus grande joie vint d'autre source: elle pouvait témoigner que les missionnaires des derniers temps n'avaient point dégénéré, et faire siennes les paroles de sa Supérieure Générale de 1898:

"Partout c'est le même zèle pour faire connaître, aimer et bénir le bon Dieu aux enfants; c'est la même charité auprès des orphelins, des vieillards et des délaissés; c'est le même dévouement, la même abnégation auprès des malades; c'est la même générosité dans l'acceptation des sacrifices multiples, résultant de l'éloignement et de l'isolement dans lesquels l'obéissance a placé ces ouvrières, pour accomplir leur apostolat de charité et d'amour; partout, en un mot, se reconnaît le cachet de notre sainte fondatrice."

Au-dessus tels éloges, un seul se pouvait placer encore; celui du Pape…

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Message  Louis Mer 16 Mar 2016, 6:56 am

EPILOGUE

(suite)

Au-dessus de  tels éloges, un seul se pouvait placer encore; celui du Pape.  

Nous l'avons.

S. G. Mgr Grouard raconte son audience de 1898.

" Léon XIII me demanda combien j'avais de missionnaires, et je lui répondis, en lui donnant le nombre des pères et des frères. J'ajoutai :

—  Nous avons aussi de bonnes religieuses qui élèvent les enfants du pays.

—  D'où viennent-elles?

—  Très Saint Père, ce sont des Canadiennes. Elles viennent de Montréal, de la communauté des Sœurs Grises, qui ont deux établissements dans le vicariat depuis un temps assez long, et d'autres viennent de la communauté des Sœurs de la Providence, de Montréal également; mais elles sont plus récentes.

Alors le Saint-Père me demanda comment elles faisaient pour vivre dans ce pays, si elles se portaient bien. etc.... J'eus à lui apprendre que ces bonnes sœurs ont à souffrir de grandes privations; qu'une d'entre elles, Sœur Galipeau, venait de mourir au Mackenzie. Le bon Pape, levant les yeux et les mains vers le ciel :

—  Ces bonnes filles font le sacrifice de leur vie !... semblant dire: Que peuvent-elles faire de mieux? Dieu les récompensera!"

Le dernier mot de notre hommage aux Sœurs Grises missionnaires, expression aussi de notre humble souhait pour la belle Congrégation de la vénérable Mère d'Youville, sera celui de l'évêque Oblat qui les connut si bien, les ayant accueillies lui-même au Mackenzie, ayant été leur premier père, et ayant partagé toutes leurs joies et toutes leurs souffrances. Mgr Grouard répond à des vœux et promesses de prières, qui lui venaient de Montréal:

"Ma Très Révérende Mère,

Je vous suis très reconnaissant des bons souhaits que vous avez eu la charité de former pour moi et nos missions, et surtout des prières que vous et votre communauté voulez bien offrir au bon Dieu pour nous. Nous avons en tout temps besoin de la grâce de Dieu, il est vrai; mais pour moi, je ne l'ai jamais mieux senti que dans le moment présent, où je me trouve accablé de nombreuses et cruelles épreuves dont il serait trop long de vous faire le récit détaillé. Trois excellents frères noyés, un moulin à scie à vapeur détruit par le feu, etc. A peine ai-je le courage de dire; Que votre volonté soit faite!

Au milieu de ces peines, je dois vous dire que vos chères filles me donnent de vraies consolations. Elles sont bonnes religieuses, et fidèles à leurs devoirs. Leur oeuvre est saintement prospère. Puissiez-vous voir leur nombre se multiplier, et les nouvelles marcher sur les traces de leurs devancières !... "
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FIN

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