Les Soeurs Grises dans l'Extrême-Nord : Cinquante ans de Missions

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Message  Louis Ven 12 Fév 2016, 8:09 am

CHAPITRE VIII

NOUVELLES  FONDATIONS

Fort-Smith —  Fort-Simpson  — MacMurray

Les Esquimaux


(1914-1916)


LES ESQUIMAUX

(suite)

Dieu attendait-il que les missionnaires eussent jeté sur ces glaces la semence de leur sang?... C'est fait. Et c'est pourquoi Mgr Breynat a décidé de poursuivre l'évangélisation de ces païens dont le P. Rouvière écrivait, le 14 septembre 1912:

"J'ai encore bien plus d'espoir que l'année dernière, au sujet de mes Esquimaux. Le peu que je leur avais montré, non seulement ils ne l'ont pas oublié, mais ils l'ont appris à ceux qui ne le connaissaient pas. Dans quelques années, s'ils persévèrent dans leurs bonnes dispositions, on aura de bons auxiliaires parmi eux aussi bons, sinon meilleurs, que nos autres indiens."

Mais il faut des prêtres!

Veuille le divin Maître combler les vides faits dans nos rangs, et dans nos scolasticats, par les balles meurtrières de cette guerre, plus encore que par le poignard des Esquimaux... Qu'il se souvienne des âmes rachetées de son sang, et que sur elles retombe, en pluie de grâces, le sang de leurs propres missionnaires.

Il faudra des religieuses aussi.

Seule, une oeuvre de dévouement à toutes leurs misères physiques et morales convaincra ces sauvages, intelligents il est vrai, hardis, énergiques et habiles, mais défiants par-dessus tout
.


Quelles seront-elles? Encore les Sœurs Grises. L'hôpital esquimau est accepté d'avance, dût-ce être sur l'Océan Glacial.

—Que Monseigneur fasse un signe du doigt, et nous partons, a dit la T. H. Mère Générale.

Et voilà que, par la vénérable Mère d'Youville, autant que par Mgr de Mazenod, aura été accomplie la prophétie: Les extrémités de la terre ont vu le salut de Dieu.

N'allez point leur représenter l'hiver perpétuel, les iglous infects, les huttes de glace, les dégradations abominables de ces barbares. C'est de quoi elles ne s'inquiètent. "Elles ne refuseront aucun ouvrage", leur a-t-il été prescrit.

Nous entendions, il y a peu de jours, ici même, au Mackenzie, où nous écrivons ces lignes, des religieuses, vétérans des missions du Nord, dire le plus simplement du monde :

— Que j'aimerais donc être envoyée là !... Cela vaudrait la peine, au moins! Ce serait du missionnaire, ça !

Et lorsque le vicaire apostolique traverse son vicariat, dans toutes les missions des Sœurs Grises ce sont les mêmes instances :

—Monseigneur, quand recommencerez-vous les Esquimaux?...  Ce qu'on a hâte!... Vite donc!
A suivre : Chapitre IX. Les sources du dévouement.

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Message  Louis Sam 13 Fév 2016, 8:02 am

CHAPITRE IX

LES SOURCES DU DÉVOUEMENT

D'où vient à de frêles et humbles religieuses tant de courage? Quelle fascination les attire à des sacrifices constamment surhumains? Quelle force agit en elles?   Quelles sont les sources de ces dévouements?

Ces questions ne seraient-elles pas une énigme, aux yeux d'un lecteur étranger à notre foi? Parcourant nos pages, ne se croirait-il pas en présence du mystère ou de la folie, et ne trouverait-il pas cent raisons de conclure à celle-ci?

Le mystère n'est point pour nous. Nous savons de quel ''Coeur transpercé" jaillit la flamme apostolique, et notre consolation sera toujours de le redire, à la gloire de notre Dieu comme à l'honneur de l'Eglise catholique, "la grande faiseuse d'âmes".

D'abord "la Bonté qui s'étend sur toute la nature" a mis dans les privations mêmes qui constituent la vie, aux pays glacés, un soutien puissant des forces du corps. La circulaire de mars 1878 annonce de cette originale façon la mort de Sr Hedwidge Dandurand:


" Une première victime des Missions de l'Extrême-Nord.—Depuis près de vingt ans, la foi, l'obéissance, le zèle le plus désintéressé conduisent dans les vastes plaines de la Saskatchewan et sur le bord des grands lacs, plusieurs d'entre nous. Là, les privations, les souffrances et les sacrifices ont éprouvé les courageuses missionnaires. Chose étrange cependant, avec une santé débile chez la plupart, constamment privées de pain, souvent affamées après s'être rassasiées d'un poisson insipide, la vie s'est soutenue dans leur constitution délicate si fortement ébranlée. Aujourd'hui, aujourd'hui seulement, la mort a fait sa première victime... Elle repose dans le cimetière de l'Ile à la Crosse, au milieu des sauvages qu'elle avait désirés comme la part de son héritage... "


D'où se confirme l'adage: La misère ne tue pas.

"Quoique nous soyons réduites à manger du poisson sec, écrit-on d'Athabaska en 1879, nos santés n'en sont nullement altérées; au contraire, on dirait qu'elles se refont, puisque nous ne nous sommes jamais si bien portées que maintenant; tant il est vrai que quand Dieu retire d'un côté, il donne de l'autre."

Le mot est dit: Il donne de l'autre. Il donne à la fade nourriture la santé, et au rude climat sec la salubrité... Combien de Sœurs Grises, dont la phtisie eût consumé les vingt ans parmi les remèdes, les médecins et les douceurs de Montréal, ont fourni chez les sauvages du Nord, une longue et forte carrière!

Avec la santé, reluit sur les fronts du Mackenzie la gaieté, fleur de la paix. Coeur content bat longtemps. Les croyez-vous moroses, sombres, sous leurs toits, sept mois ensevelis sous la neige? Nulle part dans ce monde, religieuses n'ont ri davantage. La première relation des jubilaires de Providence, 1867, porte déjà l'hymne à la joie:

"L'hiver a commencé le premier octobre. Tout gèle. Le matin on trouve l'eau et l'encre durs comme pierre, et ce matin encore, par un froid de quarante-trois degrés, j'ai été obligée de faire dégeler mon encre, avant de continuer à vous écrire. J'ai oublié, ou plutôt je me suis trompée, tout ne gèle pas: il faut en excepter la gaieté, le bonheur, la joie, le contentement, car aucune de ces si bonnes choses, surtout dans les missions du Nord-Ouest, n'a fait encore défaut.. "

Et puis, on se contente de si peu!

Chateaubriand a dit dans ses "Mémoires d'outre tombe": "Le vrai bonheur coûte peu; s'il est cher, il n'est pas d'une bonne espèce." Vers le même temps, en 1849, et mieux que Chateaubriand, le P. Taché écrivait de l'Ile à la Crosse:

"Vive le Nord! Je crois que c'est le pays du monde où l'on apprend le plus efficacement, et le plus pratiquement, combien il faut peu de chose pour rendre l'homme heureux."

Est-il sœur missionnaire qui, montrant le pauvre grabat de son repos, n'eût trouvé la réponse de Louise de  France, devenue carmélite, â  Gustave de Suède. C'est ici, Monsieur, qu'on dort mieux qu'à Versailles!

Personne ne s'y méprendra toutefois…

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Les Soeurs Grises dans l'Extrême-Nord : Cinquante ans de Missions  - Page 4 Empty L'Église catholique, "la grande faiseuse d'âmes."

Message  ROBERT. Sam 13 Fév 2016, 11:17 am

Louis a écrit:
CHAPITRE IX
LES SOURCES DU DÉVOUEMENT

...Nous savons de quel ''Coeur transpercé" jaillit la flamme apostolique, et notre consolation sera toujours de le redire, à la gloire de notre Dieu comme à l'honneur de l'Eglise catholique, "la grande faiseuse d'âmes".
.
https://messe.forumactif.org/t6795p75-les-soeurs-grises-dans-l-extreme-nord-cinquante-ans-de-missions#125869
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Message  Louis Dim 14 Fév 2016, 7:49 am

CHAPITRE IX

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(suite)

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Personne ne s'y méprendra toutefois. Les quelques avantages d'un affreux désert ne retiendraient pas un mortel à qui la naissance ne l'aurait donné pour patrie. Les pourchassants de la fourrure regagnent, dès qu'ils le peuvent, la chaude civilisation, et laissent d'ordinaire sans regret les hivers qui les ont enrichis. Le bonheur des missionnaires n'était pas naturellement du sol glacé, ni du souffle des tempêtes.

D'un coup d'aile, cette pensée de l'une des recluses de Providence nous transporte à la vraie hauteur, à la vraie source du courage et du sacrifice joyeux :

" Qu'est-ce que d'avoir soin de quarante enfants, comparé aux œuvres si prospères de nos autres missions! Et pourtant, en réfléchissant sur la valeur d'une âme, nous estimons à un haut prix le peu de bien que nous pouvons faire à celles qui nous sont confiées dans ce pauvre pays, et qui seraient, sans les missionnaires, privées de la connaissance de la vérité et plongées dans l'erreur par les ministres protestants."

En réfléchissant sur la valeur d'une âme. Autrement dit: la foi, la foi qui a découvert Jésus et le prix de son sang, dans l'âme des petits enfants, voilà le levier.



Le regard de la foi tourné vers le ciel, en fera sans cesse venir la joie et l"espérance :

"Nos trente mille poissons semblent vouloir se gâter sous l'influence du temps doux. Pauvre poisson sans saveur, il faudra te manger quand même, en dépit de nos goûts. Au ciel, les mets raffinés et délicats..."

Sr Saint-Michel des Saints vient de raconter la terrible disette de 1883. Au lac Athabaska, alors que des mères mangèrent leurs enfants morts dans les bois, et que des enfants mangèrent leurs mères. Bien des fois, les sœurs, qui se réservaient les restes du repas des orphelins, se couchèrent sans souper...

" Un de ces soirs, dît-elle, un petit de six ans vient frapper à la salle des sœurs:

— Ma Sœur, comme j'suis pas capable de dormir, parce que j'ai trop faim !...

"De tous les pays qui existent sur le globe, il serait difficile, je crois, d'en trouver un semblable à celui-ci, où les misères de toutes sortes se trouvent réunies. C'est assurément le chemin du ciel, parce qu'il en a toutes les marques.''

Sur ce chemin du ciel qu'est le Mackenzie…

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Message  Louis Mar 16 Fév 2016, 7:48 am

CHAPITRE IX

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(suite)

Les Soeurs Grises dans l'Extrême-Nord : Cinquante ans de Missions  - Page 4 Page_110

Sur ce chemin du ciel qu'est le Mackenzie, les sœurs missionnaires trouvèrent toujours en abondance la  nourriture qui soutient   les âmes, car elles avaient appris à quelles sources inépuisables s'alimentent la foi, l'espérance, la charité et le zèle pour la gloire de Dieu.

Ce fut, en premier lieu, dans la dévotion au Sacré-Cœur.

De cette grande dévotion, Mère d'Youville avait été l'un des premiers apôtres, au Canada. Elle remit à ses religieuses le soin de la faire fleurir, parmi elles d'abord, et ensuite dans toutes leurs missions. Aussi, partout où elles travaillent, les fêtes du Sacré-Cœur, les premiers vendredis du mois, deviennent-ils autant de triomphes. Leur première fondation du Mackenzie fut l'Hôpital du Sacré-Coeur. Le Coeur de Jésus, gravé sur la croix de leur poitrine, enflamme leur coeur virginal de toutes les ardeurs du sacrifice, et oriente leur vie entière vers le divin Modèle, Victime d'amour. Et c'est pourquoi Notre-Seigneur a béni leurs entreprises, consolé leurs peines, donné à leur âme le talent de toucher les pécheurs les plus endurcis, et écrit leur nom dans son Coeur, d'où il ne se sera jamais effacé.

Elles ont compris, au surplus, que la dévotion profonde au Coeur de Jésus s'unit à la dévotion à la sainte Eucharistie.

Mgr Grandin ne pensait pas uniquement à ses missionnaires, mais aussi aux religieuses qui allaient venir, et dont il avait bâti lui-même la première maison, à Providence, lorsque, dans une audience du saint pape Pie IX, il demandait la permission de conserver le Saint-Sacrement, sans la lampe du sanctuaire.

— Mais, dit le Pape, je ne puis accorder pareille chose que dans le cas de persécution, et, grâce à Dieu, vous n'en êtes pas encore là.


—Très Saint Père, répondit Mgr Grandin avec émotion, nous ne sommes pas persécutés, c'est vrai, mais nous avons tant à souffrir! Il nous arrive souvent de ne pouvoir célébrer la sainte messe qu'avec une seule lumière... Si vous nous enlevez le bon Dieu, que deviendrons-nous !

Le Pape céda.

— Gardez le bon Dieu, dit-il... Vous avez tant besoin de Notre-Seigneur ! Mon cher évêque de Satala, dans votre vie, toute de sacrifices et de privations, vous avez le mérite du martyre sans en avoir la gloire.

Dans leurs chapelles froides et pauvres, si froides et si pauvres qu'en effet elles ne purent, pendant près de cinquante ans…

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Message  Louis Mer 17 Fév 2016, 7:28 am

CHAPITRE IX

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(suite)

Dans leurs chapelles froides et pauvres, si froides et si pauvres qu'en effet elles ne purent, pendant près de cinquante ans, donner à Jésus la petite lampe de son tabernacle, les sœurs gardent le bon Dieu. Et le bon Dieu les garde. Chaque matin, elles vont unir de nouveau à la sienne leur immolation religieuse, et de l'autel, par la divine Hostie, descend en elles la force de porter le poids d'un autre jour... Fera-t-on sur la terre des communions plus ferventes, plus fructueuses que celles des solitudes du Nord, où rien ne distrait, dans cette retraite qui n'a de douceur que la présence et l'amour du divin Maître? Aussi quels élans à l'Eucharistie s'échappent de leur plume, quand elles racontent à la maison-mère les événements de leur vie!... Une enfant de Montréal, Sr Galipeau, venait de mourir au Mackenzie, couvent de Providence, le 27 juin 1893. Sa supérieure rapporte ainsi ses sentiments intimes:

"Administrée le 28 mai, dernier samedi du mois de Marie, voyant pleurer les sœurs, elle pleura aussi. On lui représenta que ce n'était pas à elle de s'affliger ainsi, puisqu'elle allait bientôt entrer dans la vie bienheureuse. — C'est bien vrai, répondit-elle; mais pour aller au ciel il me faut vous quitter. Ah, si nous pouvions partir ensemble!... Son unique désir fut celui de la communion. L'état de sa gorge, gagnée par le mal qui l'emportait, menaçait de l'en empêcher. Un docteur en route pour le Klondyke passa. Son verdict fut que la malade ne tarderait pas à partir pour le ciel. Il le lui dit; c'était une bonne nouvelle. " Mais en attendant, répliqua-t-elle, ne pourriez-vous pas soulager ma gorge que je puisse communier!" Communier, pour apprendre à mieux mourir, était devenu sa seule prière. Grâce aux remèdes du docteur, elle en eut jusqu'au bout le bonheur. C 'est deux heures après cette divine et puissante consolation, qu'elle s'endormit pieusement dans le Seigneur."

Près de Jésus-Hostie, la  divine Mère, la Très Sainte Vierge Marie, veille aussi sur ses enfants. Elle leur envoya, des Pyrénées à Providence, sa statue blanche et bleue de Lourdes, par une voie merveilleuse. Le précieux colis venait d'arriver à l'Ile à la Crosse, quand éclata la guerre de 1885. Les sauvages et les métis païens se ruèrent sur le dépôt des missions et le saccagèrent sans merci. Un coup de hache s'abattit sur la caisse contenant la statue, et rouvrit, entaillant légèrement la figure de la Vierge. A la vue de "cette femme couchée dans ce cercueil", les vandales épouvantés prirent la fuite. Un sauvage catholique restitua la sainte image. Cette statue de l'Immaculée-Conception, qui sourit encore dans la chapelle de l'hôpital du Sacré-Cœur, et un ciboire, furent les seule épaves sauvées du pillage.   (1)

Et saint Joseph, le grand pourvoyeur, que n'en dirions-nous pas! …

____________________________________________________________________

(1) La nouvelle de l'insurrection arriva aux Sœurs, l'année suivante. Elles l'apprirent des sauvages qui, interrogés par elles, au sujet de caisses ensanglantées qu'ils débarquaient en les touchant avec une extrême répugnance, répondirent:

—C'est du sang qui vient de l'Ile à la Crosse. On se bat par là-bas, et on tue des Sœurs comme vous autres.

On devine l'angoisse des religieuses, qui demeurèrent longtemps sous l'impression de ce rapport, dont elles ne pouvaient déterminer l'exagération.

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Message  Louis Jeu 18 Fév 2016, 12:26 pm

CHAPITRE IX

LES SOURCES DU DÉVOUEMENT

(suite)

Et saint Joseph, le grand pourvoyeur, que n'en dirions-nous pas! Avec quelle confiance ne l'a-t-on pas invoqué, et invoqué encore, aux jours de peine! Saint Joseph est personnage vivant et agissant dans les missions du Nord.   De lui, on parle le plus natu-


rellement, le plus familièrement, comme s'il était là, tout à côté, membre de la communauté et qu'il ne manquerait que de le voir.—"Saint Joseph a fait ceci; saint Joseph a donné cela.— Tiens, c'est le temps de prier saint Joseph.— Allons, une neuvaine à saint Joseph!" Les neuvaines au bon saint s'enchevêtrent parfois, et se compliquent au point qu'il est bien le seul à s'y pouvoir reconnaître. Il va à la pêche, à la chasse, au jardin, au fond de l'eau... Mgr Faraud lui avait depuis longtemps confié son vicariat; Mgr Breynat l'a nommé officiellement premier procureur vicariat, et Père Lefebvre le second. Des interventions de saint Joseph, le mot "miracle'' ne se prononce pas tout haut, par respect pour l'Eglise qui se le réserve; mais les convictions sont faites. On le croit même capable de reproduire le prodige de la bonté compatissante, opéré un jour par Jésus, pour la grande foule qui le suivait et avait faim.

Athabaska, 8 septembre 1912.— "L'an dernier, notre récolte de patates fut mince. On parla d'abord de rationner les enfants pour prolonger notre provision. Au bout de quinze jours, les patates pourrissaient tellement dans la cave qu'il fallut en faire le triage complet. Mieux vaut ne pas les ménager alors, pensa-t-on ; quand il n'y en aura plus, on s'en passera. Mais non, saint Joseph n'est pas dans la cave pour rien; il s'agit, non seulement de garder, mais de pourvoir au besoin.   Ainsi fut fait, de part et d'autre, puisque loin notre personnel a été servi de patates trois fois par jour jusqu' 'au commencement de septembre, et qu'elles étaient meilleures que jamais à pareille époque.   Merci à notre cher pourvoyeur."

Après Notre-Seigneur, la Sainte Vierge et saint Joseph, la confiance des sœurs missionnaires va tout entière à la vénérable Mère d'Youville, qui demeure vraiment l'âme de leur apostolat. Jalousement, elles accumulent toutes les occasions de mérites que leur procure l'Extrême-Nord et les joignent au capital des prières et des sacrifices qui, de tous les couvents des Sœurs Grises, montent vers Dieu pour obtenir la glorification solennelle de la fondatrice. Déjà les sœurs du Mackenzie comptent des grâces extraordinaires obtenues par sa puissance, et qui, dans leur humble espoir, suffiraient à appeler le jugement de l'Eglise: ainsi la guérison du P. Rapet, à l’Île à la Crosse, en 1885; trois incendies subitement éteints, au lac Athabaska, et nombre d'autres prodiges. Comment n'être pas heureuses sons la particulière protection d'une si bonne Mère!

Dans la dévotion filiale à Mère d'Youville s'avive et s'entretient pareillement la passion qui transportait Saint Paul : "la folie de la croix". Nous croyons que le plus amer désappointement d'une sœur missionnaire, arrivant au Mackenzie, serait de n'y plus trouver les souffrances du passé.   Une jeune professe…

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Message  Louis Ven 19 Fév 2016, 8:00 am

CHAPITRE IX

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(suite)

Nous croyons que le plus amer désappointement d'une sœur missionnaire, arrivant au Mackenzie, serait de n'y plus trouver les souffrances du passé. Une jeune professe de la première phalange du Grand Lac des Esclaves ne peut s'empêcher de s'écrier:

" Notre-Seigneur veut que toutes nos missions soient fondées sur la croix, afin que nous soyons les vraies filles de Mère d'Youville. Voici venu l'honneur de l'imiter dans les privations de sa vie religieuse, et de montrer à notre Epoux céleste que nous sommes heureuses d'accomplir les promesses que nous lui avons faites, le jour de notre profession. "

Un trait des "Annales" de Montréal trouve ici sa place toute naturelle:

"La nouvelle du départ de Sr Pigeon avait jeté sa mère dans une extrême désolation. N'écoutant que sa tendresse maternelle, Mme Pigeon multiplie ses instances pour qu'on lui épargne ce sacrifice; elle allègue par-dessus tout que sa fille ne peut manger de poisson, et que par conséquent elle mourra bientôt là-bas, puisque c'est l'unique nourriture du pays. Cette représentation parut juste à notre T. H. Mère; elle crut devoir s'y rendre. A l'insu de Sr Pigeon, elle fait venir Sr Métivier, de Lawrence, pour la remplacer. Mais quand Sr Pigeon apprend tout ce qui s'est passé, et qu'elle voit sa compagne toute prête à se sacrifier pour elle, elle devient à son tour inconsolable. Sans tarder un instant, elle accourt supplier notre T. H. Mère de maintenir sa première décision. — "Il est vrai que je n'ai jamais mangé de poisson, parce qu'ayant toujours eu d'autres mets à ma disposition, je n'y ai jamais été forcée; mais quand je n'aurai pas d'autre nourriture, je saurai bien m'y habituer. Laissez-moi partir, ma Mère, ou je mourrai de peine.'' Puis, en ayant obtenu la permission, elle fait venir sa mère, et, avec les termes les plus persuasifs, elle lui représente que Dieu lui demande ce sacrifice, et qu'il saura bien pourvoir à sa subsistance. Vaincue, Mme Pigeon ne voulut plus s'opposer au départ de sa fille, elle la bénit. Triomphante cette fois, Sr Pigeon eut une dernière épreuve à subir. Sr Métivier, ayant goûté par anticipation au bonheur du sacrifice, n'était pas d'avis de lui céder son obédience. De là, assaut de générosité entre ces deux âmes courageuses, assaut auquel certains témoins ne purent assister sans verser des larmes d'attendrissement. Finalement la victoire décida en faveur de Sr Pigeon."

Les vraies épreuves, les uniques inconsolables, sont les bornes mises au dévouement par la pauvreté.

" Le séjour que j'ai fait dans nos maisons du Nord, témoigne la Mère Charlebois…

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Message  Louis Sam 20 Fév 2016, 8:10 am

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" Le séjour que j'ai fait dans nos maisons du Nord, témoigne la Mère Charlebois, m'a fait comprendre la pénible position dans laquelle se trouvent nos chères sœurs, lorsqu'elles sont forcées de refuser, faute de moyens, de pauvres orphelins, des jeunes filles abandonnées, des vieilles femmes délaissées; leurs sacrifices, leurs privations continuelles ne sont rien, comparés à cette peine que je partage avec elles, en priant Notre-Seigneur d'inspirer aux âmes généreuses de leur venir en aide. "

Que dirons-nous de l'ecce quam bonum ? Comment doivent donc s'aimer et se chérir des Sœurs de la même Charité, pressées dans les bras de la même Mère, Marie, au pied du même tabernacle, loin de la patrie, au fond du même exil !... A redire les scènes d'affection fraternelle dont ces cinquante hivers furent les témoins, nous couvririons trop de pages.

Mais ce flot de la charité fraternelle, qui circule au sein des communautés rejetées aux extrémités du monde, ne s'y renferme pas; il en déborde, et reflue par un canal ininterrompu de pensées, de désirs, de souhaits, à l'écluse d'où il s'est épanché, à la chère maison-mère.

Nous avons beaucoup lu des Sœurs Grises; nous avons écouté, observé aussi, puisque tel fut notre devoir; nous permettra-t-on d'exprimer ce qui nous a le plus frappé, ce qui nous a le plus fortement établi dans la conviction que leur Congrégation est un édifice élevé par Dieu qui en a joint toutes les parties par le ciment indestructible de la divine charité, et contre lequel ne prévaudront ni la mort, ni les persécutions, ni les ruines, ni le temps? C'est le spectacle de l'union qui rattache les filles à leur Mère; c'est la fidélité des missionnaires au berceau de leur vie religieuse et apostolique, c'est, en un mot, l'amour filial. La maison-mère, la supérieure, générale, ses assistantes, les compagnes du noviciat, les anciennes vénérées, tout ce monde habite l'Extrême-Nord : il est là, allant venant, parlant, souriant avec les sœurs missionnaires; le souvenir en revient chaque jour; il dicte les lettres; inspire et anime les conversations; il a tissé, si l'on peut ainsi parler, les récits des premières sœurs parties, et des dernières encore.

Celles de la Rivière-Rouge d'abord:…

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Message  Louis Dim 21 Fév 2016, 7:23 am

CHAPITRE IX

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(suite)

Celles de la Rivière-Rouge d'abord:

"Je ne sais ce qui m'a soutenu au matin du 24, quand nous avons fait nos adieux. Je ne me console de mon exil dans ce pays lointain, qu'en pensant que je puis m'unir toujours à toutes nos sœurs, et participer à leurs bonnes œuvres... "

A mesure que les missionnaires de 1867 s'éloignent vers le Mackenzie, les cœurs se pressent autour de celles qui demeurent au foyer:

"'30 juin, Dimanche. C'est le dimanche surtout, bien-aimée Mère, que l'esprit se transporte à la chère maison-mère... Nous avons des tentes: si nous allions camper quelque bon soir pour avoir le plaisir de passer la récréation avec vous toutes, que cela serait bon! Que la pensée même d'une telle jouissance fait du bien ! Que de choses à raconter après une si longue séparation! Mais, non, jamais plus ici-bas, nous n'aurons ce bonheur.   Mais au ciel ! ! !... "

"8 juillet. — Fête de notre chère Sœur assistante. Après une fervente prière pour notre bien-aimée Mère des missions lointaines, nous prîmes congé le plus gaiement possible...  Bonsoir, Très Honorée Mère, bien-aimée Sœur assistante, et bien chères sœurs;



nous vous souhaitons un heureux et gai congé, et nous vous demandons un petit souvenir aux pieds de notre Mère commune, pour les soeurs missionnaires qui s'éloignent tous les jours de celles qu'elles aiment tant..."

"28 juillet. La solitude des prairies nous invite à la réflexion; nous en profitons pour nous unir à nos bien-aimées sœurs, que nous trouvons réunies pour la retraite mensuelle, si nous nous transportons à Montréal."

"21 août. — Fête de notre T. H. Mère Générale. Point de messe, point de communion, hélas! Mais à Montréal, à Saint Boniface, il y a de joyeuses réunions, pour fêter cette bonne Mère, si tendrement aimée. Nous nous unîmes donc à ces bien-aimées soeurs qui jouissent du bonheur de vivre auprès de vous, ma bonne Mère, et à celles qui, comme nous, sont privées de ce plaisir, confiant aux anges de porter sur leurs ailes d'azur, jusqu'aux pieds de sainte Jeanne de Chantal, nos voeux et nos souhaits. Oui, nos prières étaient ardentes en ce beau jour; nous l'avons passé en esprit auprès de vous, et la douce pensée que nous vous fêterions plus tard là-haut, est venue nous consoler dans notre lointaine demeure... Là, il n'y aura plus de missions du Nord-Ouest, plus de séparation; nous serons assemblées pour jamais dans le sacré-coeur de notre divine Mère; c'est là que vous nous avez donné rendez-vous, ma bonne Mère, en nous faisant don de la charmante petite statue de Notre-Dame du Sacré-Cœur, que nous conservons précieusement..."

Il s'ensuit que la rareté des courriers est profondément ressentie. Cette triste spécialité du Nord a nom, au vocabulaire des Sœurs Grises: le jeûne de lettres. Il est entendu qu'au jeûne de lettres, on ne se fait pas. Si la curiosité en recevait toute seule les coups, la mortification finirait peut-être par s'en accommoder; mais l'affection en souffre plus encore. De là, les longs et fréquents regards interrogateurs sur l'horizon du lac, aux époques de la "malle''. De là, les plaintes: …

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Message  Louis Lun 22 Fév 2016, 6:48 am

CHAPITRE IX

LES SOURCES DU DÉVOUEMENT

(suite)


. . .  Si la curiosité en recevait toute seule les coups, la mortification finirait peut-être par s'en accommoder; mais l'affection en souffre plus encore. De là, les longs et fréquents regards interrogateurs sur l'horizon du lac, aux époques de la "malle''. De là, les plaintes:

"Aucune lettre de la maison-mère, ni du côté de Montréal! Notre chère Sœur Supérieure (Sr Lavoie), à l'apprentissage du "jeûne de lettres", trouve la besogne dure. C'est bien en effet le grand sacrifice du Nord, auquel nous ne nous habituons guère, quelque temps que nous y passions.

En septembre 1907, la supérieure de Providence jette ce cri d'alarme:

"Le bon Dieu semble vouloir ajouter à nos privations; au lieu de trois courriers que nous avions par année, nous n'en avons qu'un, en hiver, et encore ne retournera-t-il pas, et l'autre en juillet, avec la navigation. II en résulte que nous ne pourrons écrire qu'une fois l'année, et n'attendre les réponses à nos lettres que l'année suivante. Toutes nous sentons vivement ce sacrifice, et je le sens plus que les autres, à raison des incertitudes où il me fera languir. Cette réduction est due à notre bourgeois en chef qui quitte Simpson pour aller résider au Fort-Smith. Le progrès n'est pas pour nos parages... Je prie Notre-Seigneur de m'apprendre à attendre... "

Mais la circulaire qui rapporte cette lettre ajoute :

"Pendant que nos chères sœurs s'attristaient, S. G. Mgr Breynat se rendait à Ottawa pour plaider la cause de ses missionnaires. Reçue avec courtoisie par les ministres et le Maître Général des Postes, Sa Grandeur a obtenu trois courriers, en hiver, pour le Fort-Résolution, et deux jusqu'à la mer glaciale. Comme nous sommes heureuses de cet adoucissement!"

Ces rares courriers forment des volumes : chacune y va de sa plume et de son cœur, aussi bien en prose qu'en vers... Une lettre de Providence, 1880, contenait des pensées, de vraies pensées en corolles et parfum, cultivées au Mackenzie, avec cette dédicace à la T. H. Mère Deschamps, supérieure générale:


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Les grandes fêtes, les incomparables fêtes…

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Message  Louis Mar 23 Fév 2016, 8:24 am

CHAPITRE IX

LES SOURCES DU DÉVOUEMENT

(suite)

Les grandes fêtes, les incomparables fêtes, après lesquelles il n'y a plus que le ciel, sont les visites des supérieures. Des années on s'y prépare; des années on en revit. Le vide du départ achève de faire mesurer le bonheur savouré dans les bras de la bonne Mère...

"Chère Mère, comment vous décrirons-nous l'état de nos cœurs, depuis votre départ? Ah, que nous nous sentons orphelines! La première fois que nous nous .sommes réunies au "balcon", nous étions là, muettes, et regardant la Colline d'en face. Une des jeunes tendit la main et s'écria: "C'est par là qu'elle s'en est allée!" Personne ne demanda d'explication, et les larmes de couler. Dites, ma Mère, de torrent vous a-t-il atteinte? Madame Swetchine avait bien raison de dire que les joies d'éclair et de passage font retomber plus bas le pauvre coeur dans l'obscurité! Pendant quinze jours, vous vous êtes faite toute à toutes; vous nous avez choyées, aimées, consolées et puis... vous vous en êtes allée... C'est le temps d'entonner votre cantique : J'attends le ciel... Adieu Mère bien-aimée, et grand merci pour la consolation de votre visite, qui a ranimé la ferveur, et rendu tout le monde content de soi, et de vous surtout, bonne Mère..."

Le couvent jubilaire de Notre-Dame de la Providence n'a goûté qu'une fois le bonheur d'embrasser sa supérieure générale. La Très Honorée Mère Piché



y aborda, le premier juillet 1912. Trois fêtes se réunissaient : le jubilé d'or des Oblats à Providence; le jubilé d'argent sacerdotal du dévoué supérieur, le P. Giroux, et la première visite de l'autorité la plus haute des Sœurs Grises.

La méditation des Sources de la force apostolique pourrait-elle se clore sur vision plus douce? Présentons-la avec la plume qui, hâtivement, dans le journal du soir, consignait les événements. Du même coup, sera ouvert notre chapitre des " Fruits ".

"Toute la journée, de tous les postes d'observation, nous avons guetté... Tout à coup, les enfants arrivés au bout du Fort aperçoivent le point fumant. Nous entendons distinctement d'ici crier: Le steamboat! Vite, de sonner la cloche extérieure, pour appeler les petites qui sont dans le bois. En moins d'une demi-heure tout le monde est à la côte. Le temps est magnifique: une légère brise agite les pavillons; les enfants sont rangés, une oriflamme à la main; les sœurs saluent de leurs mouchoirs blancs le Sainte-Marie qui approche. Il approche... approche... il arrive à niveau du Fort... La longue-vue distingue parmi les passagers deux Sœurs Grises... C'est bien notre Mère, la Mère tant aimée, tant désirée... L'émotion gagne les coeurs... Le vapeur passe assez près de nous, nous le saluons, et l'accompagnons le long de la grève, jusqu'au débarcadère. Là, chacun se place en amphithéâtre.

Mais voici que nous reconnaissons…

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Message  Louis Mer 24 Fév 2016, 7:56 am

CHAPITRE IX

LES SOURCES DU DÉVOUEMENT

(suite)


Mais voici que nous reconnaissons S. G. Mgr Breynat, le R. P. Lefebvre, quatre Sœurs Grises... Les enfants entonnent :


Bienvenue, bienvenue, cri de l'âme;
Bienvenue, tout ici vous acclame.
Bienvenue, cri de l'âme,
Bien-Bien, vous êtes bienvenue...


Et cela répété trois fois en agitant les oriflammes... Les sœurs volent sur le bateau accostant, pour saluer Monseigneur qui nous bénit, et notre chère Mère qui nous ouvre ses bras bien grands, en nous disant: "Vous êtes donc loin!..." Nous avons, en même temps, le plaisir de saluer ses bonnes compagnes, Sr Sainte-Angèle, Sr McQuillan. Sr McGuirk. Monseigneur et notre T. H. Mère débarquent et font le tour des rangs. Notre Mère pousse la condescendance à toucher la main à tous les Indiens, qui sont très nombreux cette année. La procession se forme ; nos enfants ouvrent la marche. Nous nous rendons à l'église, où un Laudate est exécuté par tous les enfants, tandis que les coeurs s'épanchent dans l'adoration et la reconnaissance. Au signal donné, tous de reprendre la procession. Nous passons devant l'évêché, sous l'arche. Monseigneur est là avec les Révérends Pères. Les enfants s'arrêtent devant le couvent, forment deux haies, et saluent encore une fois notre chère Mère et ses compagnes... La plus chaude accolade échangée, à la salle de communauté, ainsi que les premières nouvelles, notre T. H. Mère entre à la salle de réception, où les chiffres 50 et 25 brillent partout, et sur chaque poitrine. Les enfants, échelonnés par groupes, représentent les huit missions d'où ils nous viennent. Ils chantent avec entrain :


Salut, joyeux anniversaire.
O jubilé d'or et d'argent,
Heureux, heureux cinquantenaire,
Pour nous délicieux moments.
Mais en ce jour, d'un tendre Père
Chantons aussi les vingt-cinq ans
D'ordination, de dévouement.
Ardente soit notre prière,
En cette fête d or et d'argent.


Choeur


Depuis longtemps, ô bonne Mère,
Nous vivions d'un unique espoir
Qui rendait toute oeuvre légère:
C'était celui de vous voir!
Vous voici, Mère, quelle allégresse!
On ne pout dire notre bonheur!
Daignez agréer la tendresse
Qui déborde de tous les coeurs.


Grand choeur


Enfants chantons, enfants chantons un hymne d'honneur:
Vive Monseigneur!
Vive notre Mère!
Chantons notre reconnaissance:
Amour, honneur et bienvenue...


Suit un dialogue, préparé pour la circonstance:…

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Message  Louis Jeu 25 Fév 2016, 7:38 am

CHAPITRE IX

LES SOURCES DU DÉVOUEMENT

(suite)

Suit un dialogue, préparé pour la circonstance:

Cinq petits garçons et cinq petites filles arrivent, un peu essoufflés.

Joseph. — Enfin, nous voilà arrivés!

Mario. — Mais aussi pas mal fatigués.

Paul. — Car nous venons de joliment loin.

Julienne — Mais si nous nous adressions à ces demoiselles pour connaître ce dont il s'agit; elles sauront sans doute nous renseigner sur ce qui se passe ici.

Pierre. — Oui, Il y a de l'extraordinaire.

Joseph. — Que veulent dire cette croix, ces chiffres, ces décorations, ces fleurs?

Delphine. — Mes chères amies, il y a en effet des choses extraordinaires qui se passent ici. Vital, le plus grand de nous, pourra vous l'expliquer, puisque vous le désirez.

Pierre. — Nous ne demandons pas mieux, car notre curiosité est vivement excitée.

Vital. — Eh bien! Je le ferai avec d'autant plus de plaisir que c'est toujours avec bonheur que l'on parle des bienfaits dont on a été comblé, et que la reconnaissance est toujours ce qui doit rester le plus profondément gravé au fond de nos coeurs. Il y a en ce moment trois grandes circonstances qui nous réunissent, trois grandes fêtes, pour chacune desquelles il y aurait autant de raisons de nous réjouir et d'exalter bien haut les miséricordes du bon Dieu envers notre pays. Moi, Je vous expliquerai ce que veulent dire tous ces 50. Ce sont des chiffres d'or qui nous disent: Noces d'or. Il y a cinquante ans que des missionnaires, à la tête desquels le Grand-Prêtre, comme disait le patriarche Beaulieu, venaient s'établir ici, à l'ombre de la Croix, et sous sa protection. Ils élevèrent la première église et quelques bâtisses. Ces bons missionnaires étaient Mgr Grandin et les Pères Gascon et Petitot. Depuis ce jour, la mission a prospéré, puisque nous y voyons aujourd'hui des enfants venus de tous les Forts, depuis la Petite Rivière-Rouge arctique, même du Fort-Rae, et du Fort-Nelson. Ici nous recevons le bienfait de l'instruction; nous apprenons à connaître et à aimer le bon Dieu, et tout cela nous le devons au dévouement des RR. PP. Oblats qui, depuis cinquante ans, se sont succédé pour remplir l'humble et dure tâche que parfois nous leur imposons.

Tous. — Vive Monseigneur, et les RR.  PP. Oblats!

Anna. — Je vais maintenant vous faire connaître la deuxième fête que nous célébrons. Les murs de notre modeste couvent nous redisent des noms bénis, des jours mémorables, et que, bien qu'au bout du monde, nous avons eu des visites célèbres. Mais jamais nos portes ne s'étaient ouvertes pour la Mère bien aimée de nos bonnes maîtresses. Néanmoins, son nom ne nous était pas étranger ; aussi l'annonce de sa visite n'eut pas plutôt franchi nos rapides et nos bois, qu'elle fit naître la plus vive allégresse. Vous comprenez que nous avons raison de nous réjouir.

Jules.— A moi le plaisir de vous dire ce que représente le chiffre 25. Il est d'argent: ce sont donc des noces d'argent. Oui. il y a vingt cinq ans que notre digne Père Supérieur recevait le sacrement qui lui conférait le pouvoir auguste de faire descendre du ciel Jésus, que le plus grand nombre d'entre nous reçoivent tous les jours: grâce immense due à notre Très Saint Père le Pape Pie X. Vous le voyez, nous allons de bienfaits en bienfaits. Aussi jamais nous ne pourrons payer cette dette de reconnaissance, que nous contractons chaque jour envers notre dévoué Père Supérieur. Le seul moyen de nous acquitter sera notre bonne conduite, non seulement au couvent, mais lorsque nous en  serons partis, et retournés dans les bois.

Marie. — Mais il faut nous expliquer aussi pourquoi cette croix, ces fleurs.

Léonie. — Partout où le missionnaire vient s'établir, il plante la croix. La vue de la croix soutient son courage. Les Révérends Pères sont des Oblats de Marie Immaculée; alors, si vous le voulez, le lys, emblème de la pureté, symbolisera nos bons Pères, tout comme la marguerite nous fait penser à nos maîtresses dont la première Mère s'appelait Marguerite. La marguerite est aussi la fleur du Sacré-Cœur, et ce couvent n'est-il pas l'Hôpital du Sacré-Cœur? Eh bien! C'est la Croix qui unit ces fleurs, comme l'amour de la Croix a réuni, dans notre pauvre pays, nos Pères et nos Mères, venus de si loin pour nous faire connaître et aimer le bon Dieu.

Anna.— Avant de nous séparer, mes bons amis, redisons ensemble notre joyeux refrain:

Enfants, chantons… etc. (1)

14 juillet — Grand'messe d'actions de grâces par le R. P. Supérieur. Il annonce…

______________________________________________________________

(1) Le lecteur aura remarqué la délicatesse des Révérendes Sœurs, qui ne furent pas étrangères à la préparation de cette petite saynète, à donner le meilleur du relief aux Oblats. Elles cultivèrent toujours, avec un soin spécial, le sentiment de la reconnaissance dans l'âme de leurs enfants. Elles en furent elles-mêmes récompensées souvent par de touchantes et naïves manifestations.

"Le 18 octobre (1889), fête de la Supérieure de l'Ile à la Crosse, Baptiste, jeune homme de la mission, vient la saluer et elle se recommande à ses prières ; ce qu'il lui promet. Tout de suite, il va demander un chapelet au Père.

— Mais as-tu déjà perdu celui que je t'ai donné dernièrement?

—Non, mais fort je l'aime la Sœur Supérieure, et pour elle je veux prier des deux bords. Le lendemain, à la messe. Il tenait un chapelet de chaque main. C'est ainsi qu'il priait des deux bords."

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Message  Louis Ven 26 Fév 2016, 6:05 am

CHAPITRE IX

LES SOURCES DU DÉVOUEMENT

(suite)

14 juillet—Grand'messe d'actions de grâces par le R. P, Supérieur. Il annonce à la population que l'intention du saint sacrifice est de remercier Dieu d'avoir envoyé une si bonne Mère visiter notre mission. Cette bonne Mère, dit-il, n'a pas craint, malgré une santé débile, d'affronter les fatigues d'un si long voyage pour venir encourager ses filles qui se dévouent avec tant d'abnégation, dans cette maison. Elle a renoncé à faire le voyage de Rome et à voir Notre S. Père le Pape, pour venir au Mackenzie...

17 juillet — Monseigneur annonce la messe pour minuit. Les grandes filles viennent présenter à notre Mère une très jolie paire de souliers sauvages. Elles lui ont déjà offert plusieurs ouvrages, entre autres une paire de gants blancs pour le Dr Masson, avec une lettre écrite par Marie-Rose, pour le remercier d'avoir bien voulu permettre à notre Mère d'entreprendre !e voyage, lui disant que cela lui ferait du bien.

Nous passons le reste de la nuit avec notre Mère. Nous nous pressons toutes autour d'elle, Les coeurs se gonflent... A minuit, sainte messe par Sa Grandeur, aux intentions de notre Mère. Tous les enfants y assistent, et chantent comme jamais. (Il n'y a plus de nuit, à cette époque, dans les régions arctiques.) Après la messe nous descendons au réfectoire; c'est bien le dernier repas, analogue à celui de la Cène... Ainsi passent les joies de la terre!... A 3 h. 30, les adieux... Nous nous rendons au bateau silencieusement, le coeur gros de larmes. ..A 4 heures, le Sainte-Marie lève l'ancre, et s'éloigne doucement, emportant notre Mère bien-aimée.... "

A suivre : Chapitre X. Les Fruits.

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Message  Louis Sam 27 Fév 2016, 7:45 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

Ce chapitre est-il nécessaire? Avoir parcouru les neuf autres, n'est-ce pas avoir formulé la conclusion : une enfance confiée à des tels auxiliaires du missionnaire, rendue à sa tribu par de telles mains consacrées, ne peut que s'épanouir, après cinquante ans, en une génération chrétienne accomplie, devant Dieu et devant les hommes!

Ici donc pourrait se fermer notre livre. Mais non, pourtant. II est bon au jardinier, pour se reposer, et s'encourager à de nouvelles fatigues, de compter les fruits qu'avec peine il a cultivés, de les contempler, et de reconnaître, à l'honneur de Dieu qui donne l'accroissement, qu'ils sont beaux, dignes de sa puissance et de sa bonté.

L'influence des Sœurs de la Charité sur les Peaux-Rouges fut profonde.

Le premier bienfait, fruit d'une prédication muette et permanente, a été la réhabilitation de la femme. Le spectacle de la dignité extérieure et de l'élévation morale des Filles de la Prière, releva aux yeux de ces hommes, si durs jadis, et si cruels pour sa faiblesse, l'épouse, la mère, la fille, l'aïeule. A voir les religieuses, ils eurent l'idée vivante de ce qui leur avait été enseigné de la Très Sainte Vierge Marie, la plus parfaite des créatures du ciel et de la terre.

La population entière fut rapidement conquise par le dévouement de sœurs aux affamés et aux malades.

Nous l'avons déjà dit de l'Hôpital du Sacré-Cœur île Providence. Le couvent des Saints-Auges écrivait récemment, 1914:

"Nous avons ici un véritable dispensaire à toutes les heures du jour, et la visite des malades régulièrement. Il n'y a pas dans le pays un individu qui n'ait recours aux sœurs, en cas de maladie légère ou grave. Sr Laverty est non seulement garde-malade, mais aussi docteur, chirurgien, dentiste; si bien que des étrangers, et les principaux du pays, se sont cotisés pour lui acheter une chaise de dentiste, l'an dernier... "

Aussi, tous unanimement, "traiteurs" et voyageurs, protestants comme catholiques, répondent-ils par le respect et la confiance.

Mais c'est à l'enfance premièrement, que venaient se consacrer les sœurs missionnaires. Qu'est-elle devenue ?...

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Message  Louis Dim 28 Fév 2016, 7:27 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

Mais c'est à l'enfance premièrement, que venaient se consacrer les sœurs missionnaires. Qu'est-elle devenue ?

Le sauvageon trouva dans la Sœur de Charité l'affection d'une mère. Il ne la vit jamais rebutée de sa vermine, de sa grossièreté, de son inconstance, ni de l'ingratitude de plusieurs. Elle s'est penchée sur sa misère et son ignorance, avec toutes les tendresses de l'amour surnaturalisé. Elle s'est attachée à imprégner de la sève chrétienne son esprit, sa volonté et son cœur.



La tâche devait être ardue. Il ne se trouvait, pour y aider, aucun sillon tracé par d'autres, aucun précédent d'éducation dans la vérité. C'était la terre tout embroussaillée du paganisme, à défricher et à ameublir. Les sœurs comprirent que cette éducation se compliquait de...

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Message  Louis Lun 29 Fév 2016, 7:49 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

… Les sœurs comprirent que cette éducation se compliquait de la difficulté des méthodes à créer. Elles comprirent que l'erreur serait grande d'élever un sauvage à l'instar d'un civilisé; de donner à l'enfant, destiné à reprendre ses forêts, sa butte, ses raquettes, ses filets, ses fusils, l'impulsion qui dirige l'enfant de nos pays vers la profession d'avocat, de médecin, de commerçant, de simple ouvrier, ou même vers les travaux du ménage dans nos villes ou nos campagnes. La méprise sur ce point eût été fatale, et le bien poursuivi, pire que le mal combattu. Elles ne se trompèrent pas. La preuve en est que chasseurs et pêcheurs d'aujourd'hui, anciens de Providence, d'Athabaska et de Résolution, "font honneur à la Mission", selon l'expression du Mackenzie, par leur conduite et leur vie exemplaire. Ils ont gagné, au couvent, de mépriser la vanité des mises et des prétentions; d'apprendre que le travail n'avilit pas; que les heures de peine peuvent élever à Dieu, comme les heures de plaisir ; que la voie du chrétien est celle de la croix; qu'il n'est rien de petit dans la sanctification d'une âme. Le sauvage vivait autrefois sa vie dure, naturellement; aujourd'hui, il la vit aussi dure — plus dure même, car son sang va s'appauvrissant, et ses terres de chasse se dépeuplant —, mais il la vit surnaturellement. La Sœur de Charité l'y a initié, jour par jour, détail par détail ; elle l'a convaincu que plus on est petit et pauvre, plus on est l'ami du divin Pauvre. Ces enseignements, l'enfant de l'école les répète en sa langue à ceux qui, laissés dans les bois, n'ont pas eu son bonheur. Il se fait apôtre, et il est éloquent, l'indien. Enfin, lorsque ayant peiné toute sa vie en chrétien, il s'endort roulé dans une peau de bête, pour s'en aller "par-dessus le firmament", c'est en se souvenant des leçons de la Sœur qu'il sanctifie son dernier souffle, et qu'il se présente à Dieu.

Cette transformation de l'âme sauvage est le chef-d'œuvre du christianisme. A la patiente persévérance des Sœurs Grises d'en partager, avec le prêtre, la récompense.

La consolation d'assister chaque jour à la transformation de son enfant des bois, est largement départie d'ailleurs à la religieuse institutrice. Elle le voit grandir, pour ainsi dire, comme en certains pays exubérants on voit monter la végétation.

Le premier terrain qu'elle doit cultiver, se présente, en effet, tout intéressant en ces natures neuves. Les facultés sensibles de l'indien atteignent un degré d'impressionnabilité et d'acuité qui paraît inaccessible à la race blanche. Rien, chez nous, n'égale la puissance de son œil à percer les distances, ni celle de son ouïe à discerner les moindres bruits. Observateur très fin, il saisit du premier abord la physionomie d'un étranger, comme celle d'un nouveau paysage. Son oreille est juste et sa voix pareillement. Aussi aime-t-il le chant. Les chorales d'enfants d'Athabaska et de Providence ne le céderaient pas de beaucoup aux maîtrises de nos cathédrales. De cette perfection des sens, et de la mémoire locale, leur suivante ordinaire, résulte la puissance d'assimilation rapide aux idiomes divers. Nous avons rencontré des petits, n'ayant pas leurs sept ans, et s'exprimant en français et en anglais, après quelques mois de couvent. Jamais cependant le son de ces langues n'avait pénétré leurs forêts.

S'ensuit-il que l'intelligence, qui s'alimente aux images fournies par les sens, s'élève plus haut…

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Message  Louis Mar 01 Mar 2016, 7:39 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

S'ensuit-il que l'intelligence, qui s'alimente aux images fournies par les sens, s'élève plus haut, chez le Peau-Rouge du Nord, qu'en notre race? Il ne serait pas moins humiliant que difficile de l'affirmer. L'indien semble naturellement moins capable que le blanc de l'abstraction et de la généralisation qui sont les premières opérations propres de l'esprit; le concret, l'actuel, absorbe plutôt son attention ; sa langue, si nuancée, si apte à exprimer descriptivement les moindres particularités d'un objet une fois vu, est dépourvue de mots abstraits. Quoi qu'il en soit, il nous fut donné de lire des comptes-rendus de discours assez élevés, rédigés en anglais et en français indifféremment, sans aucun apprêt, de tout premier jet, par des élèves des couvents de l'Athabaska et du Mackenzie, et presque irréprochables de plan, de développements, de style et d'orthographe.

Des inspecteurs du gouvernement ont visité les écoles du Nord. A remarquer, en les citant, qu'ils n'appartiennent pas à notre foi.



Le premier se présenta, tout à fait inattendu, an lac Athabaska, en 1908:

"Un inspecteur nous arrive, ce qui émeut tout le monde dans la maison. Mgr Grouard l'accompagne, ainsi que M. Harris, bourgeois du Fond-du-lac. L'inspecteur prend des notes très détaillées sur le local et sur les enfants; il fait peu de questions lui-même, mais invite la maîtresse à faire la classe, comme d'ordinaire. L'examen dure de une heure à cinq heures, sans interruption. Quand tout est fini. Monseigneur prie M. l'inspecteur de vouloir bien excuser les manquements qu'il a pu remarquer, se souvenant que ces enfants n'ont jamais rien vu, et ne savaient pas un mot d'anglais, ni de français, avant de venir au couvent, etc. M. l'inspecteur comprend facilement cette observation.

— Mais, ajoute-t-il, l'évêque a dit un mot que je ne puis accepter, c'est le mot manquement . Je dois à la vérité de vous dire que ce mot ne paraîtra pas dans mon rapport. Je suis satisfait, et c'est là toute ma pensée. En vérité, je ne sais comment les sœurs peuvent obtenir de tels résultats avec leurs enfants. Mon rapport surprendra tout le monde, comme je suis surpris moi-même de l'oeuvre qui se fait ici...

M. Macrae avait averti qu'il passerait dans quelques jours.

"Nous nous sommes donc mises à préparer une séance. Elle eut lieu en présence de M. Macrae et de sa suite : le Dr Edwards et cinq officiers de police, ainsi que de plusieurs bourgeois et commis de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Une petite lampe brûlait devant le Saint-Sacrement, dans l'intention d'attirer les bénédictions de Notre-Seigneur sur les enfants. Les bons anges se sont sans doute mis de la partie, car nos sauvageons ont exécuté leurs différents rôles avec le succès le plus complet ; si du moins on en croit les éloges de M. Macrae. Ce monsieur nous a répété plusieurs fois, depuis près de vingt ans qu'il s'occupe des sauvages, comme agent ou inspecteur d'écoles, il n'avait pas encore rencontré un pareil succès. Sa surprise était grande, en voyant avec quelle aisance nos indiens, plus habitués à la langue française, s'acquittaient de leurs dialogues en anglais. Il a dit aux enfants qu'il ne s'attendait pas à une semblable réception, et que les Messieurs d'Ottawa étaient loin de croire qu'il y eût à Athabaska une école si prospère; mais qu'il allait le leur dire, et leur montrer les programmes..."

D'Ottawa, quelques mois plus tard, M. Macrae écrivit: …


Dernière édition par Louis le Mer 02 Mar 2016, 10:46 am, édité 1 fois (Raison : Orthographe)

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Message  Louis Mer 02 Mar 2016, 7:33 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

D'Ottawa, quelques mois plus tard, M. Macrae écrivit:

"Votre communauté est une oasis dans le désert du Nord, créée par votre noble courage, votre abnégation, par l'exercice de bien des vertus, et le fidèle accomplissement de rudes labeurs; et cela dans des conditions si difficiles. L'admirable succès que vous avez atteint est au-delà de toute louange."

En 1883, le "bourgeois" protestant du Vermillon faisait plus de trois cents milles en canot, pour amener ses enfants au couvent d'Athabaska.

L'un des témoignages les plus précieux venus des représentants du gouvernement, est la phrase écrite sur le cahier des visiteurs, au couvent de Providence, par l'Honorable Frank Oliver, ministre de l'Intérieur:


"Mission bien connue pour la bonne oeuvre qu'elle accomplit. La confiance de ses fondateurs a été justifiée par le travail de leurs successeurs. C'est à l'honneur du Canada et du Christianisme." (1)

Plusieurs élèves des Sœurs Grises occupent présentement des positions enviées des blancs; "traiteurs", commis, interprètes, etc. L'un d'eux se prépare au sacerdoce, dans un de nos juniorats. D'autres aspirent à le suivre.

Les sœurs du Mackenzie ont trouvé le moyen de prolonger l'enseignement du couvent, à travers le Grand-Nord, par la bonne presse.

Depuis 1910, une petite feuille lithographiée paraît à Providence, deux fois l'année. Les deux courriers annuels la distribuent: l'un l'hiver, et l'autre l'été. Elle s'appelle La Voix Amie. Le P. Giroux,



son premier rédacteur en chef, en a remis la présidence, en 1915, au P. Le Guen, nouveau supérieur de N.-D. de la Providence. Elle est tout simplement délicieuse. Toutes les nouvelles du semestre s'y consignent, avec les réflexions pratiques qu'elles suggèrent. La rédaction en est spirituelle, joyeuse, pieuse surtout. Les anciens élèves en sont les destinataires. Qu'il soit appris, aux quartiers généraux de la rédaction, que l'un d'eux ne fait plus "honneur à la Mission", le numéro suivant ne lui parvient pas, et le recommande même aux prières des autres fidèles. Il est rare que le délinquant résiste à la honte, et ne se convertisse bientôt.

La Voix Amie mérite bien que nous transcrivions ici, à titre d'exemples, sans nous préoccuper d'ailleurs, plus qu'elle ne le fait elle-même, de les rattacher par un ordre quelconque, quelques-uns de ses "faits-divers"…

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(1) A noted mission doing good work. The faith and enterprise of its founders is justified by the work of their successors and credit to Canada and Christianity.

FRANK OLIVER.
June 26th, 1910.

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Message  Louis Jeu 03 Mar 2016, 7:01 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

La Voix Amie mérite bien que nous transcrivions ici, à titre d'exemples, sans nous préoccuper d'ailleurs, plus qu'elle ne le fait elle-même, de les rattacher par un ordre quelconque, quelques-uns de ses "faits-divers".

"Les vingt-neuf petits garçons du couvent écoutent assez bien en classe, et les trente-six petites filles ne veulent pas se laisser surpasser en science et en sagesse. Les douze grandes de l'ouvroir tachent de satisfaire tout le monde, même leur petite Marie-Rose qui n'a pas encore deux ans, et que ne se lève pas toujours de bonne humeur."

"Oblation du Frère Joseph qui nous remplit de joie, d'autant plus qu'il est un enfant de la maison et le premier religieux du Mackenzie. Et la cérémonie était d'autant plus touchante, que le cantique d'oblation était chanté par sa sœur, religieuse aussi. Que leurs bons parents, du haut du ciel, durent éprouver de la joie, en voyant leurs enfants se donner au  bon  Dieu!"

"Sr Davy se rapproche du ciel, en montant chez les grandes filles, et Sr De Lorimier se rend chez les petits garçons, sans renoncer au ciel, mais pour le mériter davantage."

"A la messe basse, Monseigneur est charmé d'entendre une bien petite voix, chantant le solo: O res mirabilis. Et, en effet, c'était admirable de penser à la bonté de Dieu, qui donnait à la petite Marie Rose, âgée de trois ans à peine, de chanter: 0 chose admirable...,!"

"Depuis le commencement de ce mois, pour gagner le paradis, tout le monde travaille fort l'anglais, même Sr Marie-Anne, qui ne parle presque plus le français, et qui rêve et mange en anglais, dit-on."

"Les gens de Simpson, qui ont bon goût, aiment La Providence, et tiennent à y demeurer: c'est pourquoi Céline épouse Joseph. Tous nos voeux de bonheur à nos anciens élèves qui se conduisent en vrais chrétiens et nous font honneur."

"Nous éprouvons une grande joie, en ce premier novembre, par l'abjuration du "traiteur" Mr. G..,, qui devient catholique et se fait baptiser."

"Notre cher Barnabé, qui était si charmant, qui ne nous avait jamais causé la moindre peine, le modèle des bons enfants, et que nous aimions si tendrement, après avoir souffert à peine pendant quelques jours, nous quittait pour aller jouir de la présence de ce bon Jésus, qu'il avait tant aimé.

"Depuis un an, nous avions une petite fille bien sage. Toujours souriante, pleine de vie, empressée à s'amuser avec ses petites compagnes, elle était aimée de tout le monde. Aussi son père, la revoyant, l'été dernier, si joyeuse, était heureux. Mais depuis un mois, le sourire avait disparu de la figure de Noëlla, elle n'aimait plus le jeu; c'était la petite fleur qui commençait a pâlir. Marie vient de la prendre, en ce jour, dans les bras de sa tante Sœur Noëlia, pour lui rendre son sourire, près de Jésus, en la fête de l'Immaculée Conception.

"Comme nos besoins sont grands…

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Message  Louis Ven 04 Mar 2016, 7:56 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

La Voix Amie


(suite)

"Comme nos besoins sont grands Dieu envole deux beaux renards argentés dans les pièges de notre bon Frère Olivier.

"23 décembre 1914. — Touchant anniversaire d'une Mère, qui, un jour, voyant son hôpital qui lui avait coûté tant de fatigues et de privations, dévoré entièrement par le feu, entonna le Magnificat, ce même Magnificat que, ce matin, ses filles et ses orphelins chantaient de tout leur coeur, pendant la messe d'actions de grâces, pour remercier Dieu de nous avoir épargné la même épreuve hier, en montrant à une des religieuses le feu qui avait pris dans le toit du couvent et que nous avons pu alors maîtriser tacitement. A un autre moment, c'était un malheur irréparable. Merci, de toute notre âme, vénérable Mère d'Youville!

"Messe de minuit d'une incomparable beauté, pour notre pauvre pays, L'autel, avec ses petits anges et ses lumières si bien variées, les tentures et les guirlandes si bien disposées, élève notre esprit vers le ciel. Les chants rivalisent avec ceux des anges. Le bonheur intime de chacun devient d'autant plus complet que Jésus descend dans le coeur de tous, et avec Jésus on est toujours heureux.

"Dans l'après-midi, les Pères et les Frères se rendent au couvent pour juger un différend qui ne semble pas facile à régler, car tous les enfants sont en dispute. Voici: les petits garçons prétendent que leur dortoir est si bien peinturé maintenant qu'il est le plus bel appartement de la maison. Les petites filles soutiennent, au contraire, que leur grande salle est devenue la plus belle. De leur côté, les grandes avancent que le réfectoire l'emporte sur tout le reste. Après avoir visité et admiré ces trois appartements, les juges concluent par les paroles d'un beau cantique: Votre partage à tous trois est bien doux..."

"Récit du Père Supérieur….

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Message  Louis Sam 05 Mar 2016, 9:09 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

La Voix Amie


(suite)

"Récit du Père Supérieur. — Depuis trois semaines, notre petite Anastasie a été tenue entre la vie et la mort par une fièvre épidémique. Elle a été administrée et a reçu le saint viatique. Ou l'a veillée jour et nuit. Les soins maternels des bonnes Sœurs, les prières de tous, et surtout de sa grand'mère, qui, ne mangeant plus, ne dormant plus, tenait sans cesse son chapelet à la main, l'ont arrachée à la mort. Encore faible, mais semblant être hors de danger, je me suis rendu aujourd'hui à la triste nécessité d'avoir avec elle un entretien bien pénible, que vous allez comprendre, mes chers enfants.

— Eh bien, ma petite Anastasie, te voilà  bien?

—  Oh. oui, mon Père, me dit-elle avec un sourire si candide, et je veux rejoindre mes petites compagnes.

— Tu as été bien mal, mon enfant: mais le bon Dieu a eu pitié de nous, et t'a laissée à notre affection... Mais, tu n'étais pas seule malade, t'en souviens-tu?

—  Oh, oui, c'est vrai, nous étions plusieurs bien malades: ma sœur Thérèse, Marca, Jeanne, Zénaïde et Anna.

— Eh  bien, quelques-unes de tes compagnes que tu aimais beaucoup, sont allées rejoindre Jésus, et, avec lui, elles ne souffrent plus; elles sont heureuses.

— Oui...?   Mais, Thérèse, où est-elle?

— Thérèse ne souffre plus.

— Alors, qu'elle vienne me voir donc! J'ai tant hâte de la voir!

— Mon enfant, Thérèse te voit, près de Jésus, où elle ne souffre plus.

— Jésus est venu chercher ma sœur?

— Ma chère petite, le huit de ce mois, où je t'ai administrée, ta chère sœur se rendait près de Jésus, pour le prier de te laisser la vie, afin de consoler tes bons parents de sa mort...

—Ma sœur est morte! ! ! Et les larmes la suffoquent péniblement...

— Oh! pleure, mon enfant, mais pense aussi combien Thérèse est heureuse, près de Jésus si bon, qui lui accordera tout ce qu'elle demandera. Elle prie pour toi, pour tes chers parents: elle te protégera jusqu'au moment où tu iras l'embrasser, pour ne plus t'en séparer..."


La nouvelle suivante est la dernière annoncée dans la Voix Amie. C'est encore le Père supérieur qui l'a rédigée: …

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Message  Louis Dim 06 Mar 2016, 7:59 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

La nouvelle suivante est la dernière annoncée dans la Voix Amie. C'est encore le Père supérieur qui l'a rédigée:

La Voix Amie

(fin)

"Le premier vendredi d'octobre 1915, nous avons inauguré la chapelle neuve du couvent, qui est assez grande pour servir d'église paroissiale, en attendant la future grande église. Chers amis, vous rappelez-vous la vieille chapelle de la mission? Cette église, dans laquelle vous alliez, chaque dimanche, est aujourd'hui abandonnée; et, sans doute, elle disparaîtra bien vite. Nous le disons franchement: ce n'est pas sans éprouver un sentiment de tristesse et de regret, que nous avons quitté la chapelle, où, depuis cinquante ans, avaient lieu tous les offices. Tous nos anciens évêques, Mgr Faraud, Mgr Clut, Mgr Grouard y avaient officié, et plusieurs ordinations à la prêtrise, chose rare en ce pays, y avaient été faites. En célébrant pour la dernière fois la sainte messe, à son autel, nous avons pensé à vous tous, anciens élèves du couvent, comme aussi à tous ceux qui ont fréquenté cette église, et pour tous nous avons remercié Dieu des grâces reçues dans le temple, qui fut si longtemps sa demeure parmi nous."

Le couvent Saint-Joseph du Grand Lac des Esclaves vient, lui aussi, de lancer son journal. "Saint-Joseph's Messenger'', qui n'entend pas rester inférieur à son confrère de Notre-Dame de La Providence.

Enseignement des connaissances humaines, préparation soignée d'examens publics, bonne presse, tout a été employé par les efforts patients des Sœurs Grises pour former l'intelligence et le coeur de l'enfant sauvage.

Et quels beaux fruits déjà!

Incomparablement plus précieux cependant, les fruits de leur travail sur ces pauvres âmes pour les conduire et les donner à Dieu. Ce fut la grâce d'état des sœurs missionnaires de réussir excellemment, dans la transformation surnaturelle de leurs orphelins.

Il est impossible de décrire leurs nombreuses industries pour atteindre cette fin. Disons seulement que toutes ont convergé à faire fructifier abondamment les grands moyens de salut fournis par la religion chrétienne, en les adaptant, par une sainte habileté, aux conditions particulières des personnes et des lieux.

La première fontaine de sa vie spirituelle fut montrée à l'indien, dans la divine Eucharistie.

Avec quelle ferveur il a répondu au désir de Notre-Seigneur et de l'Eglise, les démonstrations, qui eurent lieu au couvent le plus lointain du Canada, à l'occasion du congrès eucharistique de Montréal, suffiraient a l'établir. La Voix Amie raconte les préparatifs de la procession de clôture:…

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Message  Louis Lun 07 Mar 2016, 7:40 am

CHAPITRE  X

LES FRUITS.

A leurs fruits vous les reconnaîtrez.

(suite)

La Voix Amie raconte les préparatifs de la procession de clôture:

"Nous avons voulu faire un triomphe à Jésus dans la sainte Eucharistie, pour nous unir à la fête de Montréal. Les religieuses organisèrent une procession, comme on n'en avait jamais vu à Providence. Que n'avez-vous été ici, pour contempler plus de trois cents "épinettes", décorant le chemin par lequel Notre-Seigneur devait passer; pour admirer le dais qu'on devait porter au-dessus du Saint-Sacrement, les trois magnifiques bannières, le splendide reposoir, gardé par six petits garçons habillés en anges, et enfin toutes les petites filles revêtues d'habits blancs, et portant des couronnes... ? "

Pie X venait d'ouvrir alors, tout grand et accessible à tous, le tabernacle. Les sœurs l'expliquèrent aux enfants, en les convainquant qu'ils étaient libres de répondre, ou non, à l'invitation du Vicaire de Jésus-Christ. Tous allèrent à la communion fréquente, et souvent quotidienne. Leur attitude à la sainte table, au moment où ils reçoivent "le Pain de Celui qui a fait la terre", est ravissante. Ils savent et comprennent ce qu'ils font; mais leurs prêtres et leurs religieuses, qui assistent à la croissance des fruits, le savent encore mieux. Le P. Le Doussal, le vénérable chapelain du couvent des Saints-Anges, écrit :


"Contrairement aux appréhensions, ce décret inattendu a provoqué l'élan le plus enthousiaste vers la sainte Eucharistie. Et rien de plus salutaire que sa mise en pratique, dans les âmes les plus abâtardies par les vices naissants. On a vu même des enfants qui étaient déjà tellement embourbés dans les habitudes criminelles, qu'on ne pouvait espérer sans miracle les voir se déprendre des incroyables immondices dans lesquelles ils se plaisaient si tristement, et qui, à l'aide de la sainte communion, devinrent en peu de temps de petits êtres tout nouveaux, par leur innocence et leur amour pour Dieu. Ce qui prouve manifestement que la pensée du retour universel à la discipline primitive ne pouvait venir que de Dieu."


Plusieurs de ces enfants sont devenus comme affamés de la sainte Eucharistie, et les priver d'une communion serait leur infliger une peine sans pareille.

A la dévotion à la Très Sainte Vierge revient aussi une grande part des fruits obtenus. Les sœurs missionnaires ont conduit leurs petits enfants à Jésus par Marie, et la bonne Mère s'est faite le refuge de leur pureté, la gardienne de leur foi. Les congrégations des enfants de Marie fonctionnent, avec leurs privilèges d'affiliation à Rome, leurs règlements et leurs sanctions. Les jeunes filles portent toujours ostensiblement le ruban bleu, insigne de leur consécration.

Le 8 décembre 1915, la statue de l'Immaculée-Conception…

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