Sanctoral
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Re: Sanctoral
Le 15 juin
Sts VITE (GUY), MODESTE et CRESCENCE
Sts VITE (GUY), MODESTE et CRESCENCE
Leçon des Matines avant 1960 a écrit:Vite fut baptisé tout enfant à l’insu de son père, qui, l’ayant appris, n’omit rien pour détacher son fils de la religion chrétienne ; et comme l’enfant demeurait inébranlable, il le livra au juge Valérien pour être battu de verges ; Vite persistant néanmoins dans sa résolution, on le rendit à son père. Pendant que celui-ci cherchait de plus grands châtiments, le jeune Vite, averti par un Ange et conduit par Modeste et Crescence, qui l’avaient élevé, gagna une terre étrangère. Là, sa sainteté arriva à un tel éclat, que sa renommée parvint jusqu’à Dioclétien. L’empereur, qui avait un fils tourmenté par le démon, appela le Saint pour l’en délivrer ; mais, cette délivrance une fois obtenue, le prince ingrat tenta, par l’offre des plus grandes récompenses, d’amener le libérateur de son fils au culte des faux dieux, et, ne pouvant y réussir, il le fit jeter en prison, chargé de chaînes, avec Modeste et Crescence. Les trouvant plus inébranlables que jamais, l’empereur donna l’ordre de les plonger dans une chaudière remplie de plomb fondu, de poix et de résine embrasée ; comme les trois enfants hébreux, ils y chantèrent des hymnes au Seigneur. On les en retira pour les jeter à un lion ; mais le lion se coucha devant eux et lécha leurs pieds. Enflammé de colère de voir la foule touchée par ce miracle, Dioclétien les fit étendre sur le chevalet, où leurs membres furent mis en pièces et leurs os rompus. Au même moment se produisirent des éclairs, du tonnerre et de grands tremblements de terre qui renversèrent les temples des dieux et tuèrent beaucoup de monde. Une femme noble, appelée Florence, recueillit les restes des Martyrs et, les ayant embaumés de parfums, les ensevelit honorablement.
http://deojuvante.forumactif.org/t945-sts-vite-guy-modeste-et-crescence#13293
gabrielle- Nombre de messages : 19796
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Re: Sanctoral
Le 18 juin
Saint Ephrem, diacre, confesseur et docteur
Saint Ephrem, diacre, confesseur et docteur
Leçons des Matines avant 1960 a écrit: Éphrem de nationalité syrienne naquit à Nisibi, ville de Mésopotamie. Son père, qui était prêtre des idoles en même temps qu’il s’adonnait aux travaux des champs le chassa de sa demeure. Il était alors jeune encore, et il se rendit chez l’évêque saint Jacques de qui il reçut le baptême. Il fit en peu de temps de tels progrès dans la sainteté et dans la science, qu’il ne tarda pas à être chargé d’enseigner dans la florissante école de Nisibi. Après la mort de l’évêque Jacques, les Perses s’étant emparés de Nisibi, Éphrem partit pour Édesse : il y demeura quelque temps parmi les moines de la montagne, puis, pour se soustraire à des visites trop nombreuses, embrassa la vie érémitique. Ordonné diacre de l’Église d’Édesse et refusant par humilité le sacerdoce, il brilla de l’éclat de toutes les vertus et s’appliqua à acquérir, par la vraie pratique de la sagesse, la piété et la religion. Fixant en Dieu seul toute son espérance, il dédaignait tout ce qui est humain et éphémère, et aspirait assidûment à ce qui est divin et éternel.
Une inspiration divine le conduisit à Césarée, en Cappadoce. Là il rencontra Basile le porte-parole de l’Église, et tous deux se lièrent d’une heureuse amitié. A cette époque, d’innombrables erreurs assaillaient l’Église de Dieu. Pour les réfuter et pour expliquer avec soin les mystères de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Éphrem publia de nombreux travaux écrits en syrien et presque tous traduits en grec ; saint Jérôme atteste qu’il s’acquit ainsi une telle célébrité que, dans certaines églises, on faisait la lecture publique de ses écrits après celle des Saintes Écritures.
Ces publications, pleines d’une doctrine si lumineuse, méritèrent à ce grand Saint que, de son vivant déjà, on l’honora comme un Docteur de l’Église. Il composa aussi des hymnes poétiques en l’honneur de la Très Sainte Vierge Marie et des Saints, ce qui lui valut d’être justement appelé par les Syriens, la cithare du Saint-Esprit, et se fit surtout remarquer par son extraordinaire et tendre dévotion à la Vierge immaculée. Il mourut plein de mérites à Édesse, en Mésopotamie, le quatorze des calendes de juillet, sous le règne de Valens. Cédant aux instances de nombreux Cardinaux, Patriarches, Archevêques, Évêques, abbés et familles religieuses, le Pape Benoît XV, après avoir pris l’avis de la Sacrée Congrégation des Rites, le déclara Docteur de l’Église universelle.
http://deojuvante.forumactif.org/t582-saint-ephrem#7442
Le même jour
Sts Marc et Marcellien, martyrs
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:Nous connaissons déjà les athlètes généreux dont la victoire excite aujourd’hui l’allégresse de l’Église. Dans le récit qu’elle consacre le 20 janvier à son grand martyr et défenseur saint Sébastien, Marc et Marcellien apparaissent comme la plus illustre conquête du vaillant chef des cohortes prétoriennes. D’autres héros, gagnés au Christ par son zèle intrépide, remplissent de leurs noms les fastes sacrés du Martyrologe ; mais c’est à l’occasion des deux chevaliers romains dont ce jour rappelle le triomphe, que Sébastien, préparant par l’apostolat son propre martyre, engendra au Seigneur tant de valeureux chrétiens qui forment autour de lui une phalange glorieuse.
La captivité, les tourments pour la foi, la condamnation à mort, n’avaient point ébranlé le courage des deux frères. Une épreuve plus terrible leur était réservée, dans le spectacle de la désolation où cette sentence plongea tous ceux qu’ils aimaient sur la terre ; leur famille, qui n’était point chrétienne, n’avait pas assez de larmes pour déplorer un tel sort. Le père, la mère, chargés d’années, les femmes des confesseurs amenant avec elles leurs petits enfants, reprochaient aux soldats du Christ l’abandon où leur mort allait les réduire tous. Sébastien, qui profitait des libertés que lui donnait son titre pour fortifier les chrétiens dans les prisons, était présent à la scène ; son noble cœur comprit l’affreux combat livré dans ces âmes que rien de personnel n’avait pu émouvoir. Allant lui-même au-devant de la mort en se révélant chrétien dans une telle circonstance, il raffermit les martyrs. Dieu donna en outre une efficacité si grande à ses paroles, qu’elles convertirent tous les païens présents. Marc et Marcellien eurent la joie de voir ceux dont les plaintes déchirantes avaient tout à l’heure un si douloureux retentissement dans leurs âmes, applaudir maintenant à leur constance et demander le baptême. Aussi montrèrent-ils un bonheur sans mélange dans le redoutable supplice qui ouvrit devant eux le ciel, et que raconte leur courte Légende.
L’Esprit-Saint vous remplissait de sa force, glorieux martyrs ; et l’amour qu’il versait dans vos cœurs changeait en délices des tourments qui effraient notre faible courage. Mais combien peu, en effet, devaient compter pour vous les souffrances de ce corps périssable, après avoir triomphé des tortures de l’âme ! La désolation de ceux que vous aimiez plus que la vie, et qu’il vous fallait laisser dans un désespoir en apparence sans issue, fut bien le point culminant de votre martyre. Celui-là seul ne le comprendrait pas, qui mériterait le reproche fait par saint Paul aux païens de son temps d’être sans affection [2] : or, quand le monde présentera de nouveau cette note odieuse, ce sera le signe des derniers jours, dit encore l’Apôtre [3]. Et pourtant l’amour humain le plus pur doit céder à celui de Dieu : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, dit le Seigneur, n’est pas digne de moi ; et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi » [4]. Vous le comprîtes, ô saints martyrs ; vos proches, qui cherchaient à vous séparer du Seigneur, n’allaient plus être que des ennemis à vos yeux [5]. Et au même moment, le Seigneur, qu’on ne dépasse point en générosité, vous rendait ces êtres si chers, en les prenant, par un miracle de sa grâce, avec vous et comme vous pour lui-même. Ainsi complétez-vous les enseignements qui nous furent donnés dans ces derniers jours par sainte Julitte et saint Cyr, par saint Vite et ses glorieux compagnons. Faites, ô vainqueurs de si rudes combats, que le courage et l’amour croissent en nous dans la même mesure que la lumière et la connaissance de nos devoirs envers Dieu.
[2] Rom. I, 31.
[3] II Tim. III, 1-3.
[4] Matth. X, 37.
http://deojuvante.forumactif.org/t946-saints-marc-et-marcellin-martyrs#13295
gabrielle- Nombre de messages : 19796
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Re: Sanctoral
Le 19 juin
Sainte Julienne Falconieri, vierge
Sainte Julienne Falconieri, vierge
Leçons des Matines avant 1960 a écrit:Julienne, de la noble famille des Falconiéri, eut pour père l’illustre fondateur de l’église dédiée à la Mère de Dieu saluée par l’Ange, monument splendide dont il fit tous les frais et qui se voit encore à Florence. Il était déjà avancé en âge, ainsi que Reguardata, son épouse, jusque-là stérile, lorsqu’on l’année mil deux cent soixante-dix, leur naquit cette enfant. Au berceau, elle donna un signe non ordinaire de sa sainteté future, car on l’entendit prononcer spontanément de ses lèvres vagissantes les très doux noms de Jésus et de Marie. Dès l’enfance, elle s’adonna tout entière aux vertus chrétiennes et y excella de telle sorte que saint Alexis, son oncle paternel, dont elle suivait les instructions et les exemples, n’hésitait pas à dire à sa mère qu’elle avait enfanté un ange et non pas une femme. Son visage, en effet, était si modeste, son cœur resta si pur de la plus légère tache, que jamais, dans tout le cours de sa vie, elle ne leva les yeux pour considérer le visage d’un homme, que le seul mot de péché la faisait trembler et qu’il advint un jour qu’au récit d’un crime, elle tomba soudain presque inanimée. Elle n’avait pas encore achevé sa quinzième année, que, renonçant aux biens considérables qui lui venaient de sa famille et dédaignant les alliances d’ici-bas, elle voua solennellement à Dieu sa virginité entre les mains de saint Philippe Béniti, et la première reçut de lui, l’habit dit des Mantellates.
L’exemple de Julienne fut suivi par beaucoup de nobles femmes, et l’on vit sa mère elle-même se ranger sous la direction de sa fille. Aussi, leur nombre augmentant peu à peu, elle établit ces Mantellates en Ordre religieux, leur donnant pour vivre pieusement, des règles qui révèlent sa sainteté et sa haute prudence. Saint Philippe Béniti connaissait si bien ses vertus que, sur le point de mourir, il ne crut pouvoir recommander à personne mieux qu’à Julienne non seulement les religieuses, mais l’Ordre entier des Servîtes, dont il avait été le propagateur et le chef. Cependant elle n’avait sans cesse que de bas sentiments d’elle-même ; maîtresse des autres, elle servait ses sœurs dans toutes les occupations domestiques même les plus viles. Passant des jours entiers à prier, elle était très souvent ravie en extase. Elle employait le temps qui lui restait, à apaiser les discordes des citoyens, à retirer les pécheurs de leurs voies mauvaises et à soigner les malades, auxquels, plus d’une fois, elle rendit la santé en exprimant avec ses lèvres le pus qui découlait de leurs ulcères. Meurtrir son corps par les fouets, les cordes à nœuds, les ceintures de fer, prolonger ses veilles ou coucher sur la terre nue lui était habituel. Chaque semaine, pendant deux jours, elle n’avait pour seule nourriture que le pain des Anges ; le samedi, elle ne prenait que du pain et de l’eau, et, les quatre autres jours, elle se contentait d’une petite quantité d’aliments grossiers.
Cette vie si dure lui occasionna une maladie d’estomac qui s’aggrava et la réduisit à l’extrémité alors qu’elle était dans sa soixante-dixième année. Elle supporta d’un visage joyeux et d’une âme ferme les souffrances de cette longue maladie ; la seule chose dont elle se plaignit, c’était que, ne pouvant retenir aucune nourriture, le respect dû au divin Sacrement la tint éloignée de la table eucharistique. Dans son angoisse, elle pria le Prêtre de consentir au moins à lui apporter ce pain divin que sa bouche ne pouvait recevoir et à l’approcher de sa poitrine. Le Prêtre, ayant acquiescé à son désir, à l’instant même, ô prodige ! Le pain sacré disparut et Julienne expira, le visage plein de sérénité et le sourire aux lèvres. On connut le miracle lorsque le corps de la Vierge dut être préparé selon l’usage pour la sépulture : on trouva, en effet, au côté gauche de la poitrine, imprimée sur la chair comme un sceau, la forme d’une hostie représentant l’image de Jésus crucifié. Le bruit de cette merveille et de ses autres miracles lui attira la vénération non seulement des habitants de Florence, mais de tout l’univers chrétien ; et cette vénération s’accrut tellement pendant près de quatre siècles entiers, qu’enfin le Pape Benoît XIII ordonna qu’au jour de sa Fête il y eût un Office propre dans tout l’Ordre des servites de la Bienheureuse Vierge Marie. Sa gloire éclatant de jour en jour par de nouveaux miracles, Clément XII, protecteur généreux du même Ordre, inscrivit Julienne au catalogue des saintes Vierges.
http://deojuvante.forumactif.org/t489-sainte-julienne-de-falconieri
Le même jour
Saints Gervais et Protais, martyrs
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:
La simple mémoire consacrée en ce jour aux glorieux frères dont le nom fut autrefois si célèbre dans tout l’Occident, ne doit pas diminuer leur mérite à nos yeux. L’Esprit du Fils de Dieu, chargé de maintenir en l’Épouse cette note divine de la sainteté qui doit, jusqu’aux derniers jours, la faire reconnaître à la fois des anges et des hommes, ne cesse, à chaque génération, de susciter des saints nouveaux qui attirent plus spécialement les hommages des siècles dont leurs vertus sont l’exemple et la gloire. Mais si, dans tous les âges, un juste mouvement de gratitude pour les bienfaits présents du Paraclet conduit l’Église à célébrer, d’une façon particulière, ceux de ses enfants qui viennent d’accroître ainsi plus récemment par le spectacle de leur vie l’éclat de sa noble parure, les dernières manifestations de l’Esprit d’amour ne lui font pas oublier pour cela les anciennes. Gervais et Protais ne sont plus honorés par cette fête solennelle, précédée d’une vigile, dont le sacramentaire Gélasien nous a conservé le souvenir ; mais la place qu’ils occupaient dans les litanies de l’Église romaine, comme représentants de l’armée des martyrs, leur a été maintenue. De préférence à un grand nombre de saints dont la fête est d’un rit supérieur à la leur, c’est vers eux que se tourne l’Église dans les plus solennelles de ses supplications : qu’il s’agisse d’obtenir à la terre, en de pieuses processions, l’éloignement des fléaux et les bénédictions de la vie présente ; ou que, prosternée, l’assemblée sainte du peuple chrétien uni à ses pontifes implore les grâces d’une consécration abondante pour ses autels ou ses temples, pour les futurs dépositaires du sacerdoce, les vierges ou les rois.
Les historiens des rites sacrés nous apprennent que l’Introït qui se chante à la Messe de nos deux saints martyrs : Le Seigneur donnera la paix à son peuple, est un monument de la confiance de saint Grégoire le Grand dans leur secourable puissance. Reconnaissant des résultats déjà obtenus, il remettait à leurs soins, par le choix de cette antienne, la pacification complète de l’Italie en butte à l’invasion lombarde et aux revendications de la cour de Byzance.
Deux siècles auparavant, saint Ambroise avait éprouvé le premier la vertu spéciale de pacification que le Seigneur Christ, en retour de leur mort, semble attacher aux ossements mêmes de ses glorieux témoins. Pour la deuxième fois, l’impératrice Justine et l’arien Auxence dirigeaient contre l’évêque de Milan l’assaut des puissances réunies de la terre et de l’enfer ; pour la deuxième fois, sommé d’abandonner une église, Ambroise avait répondu : « Ce n’est pas au prêtre à livrer le temple » [4]. Aux soldats envoyés pour prêter main-forte aux envahisseurs du saint lieu, il avait dénoncé l’excommunication s’ils passaient outre ; et, sachant qu’ils étaient engagés à Dieu par leur baptême avant de l’être au prince, les soldats avaient fait le cas qu’il convenait d’une consigne sacrilège. A la cour, effrayée de l’indignation universelle et qui le priait maintenant de calmer le peuple soulevé par des mesures odieuses : « Il est en mon pouvoir de ne pas l’exciter, avait-il dit ; mais l’apaisement appartient à Dieu ». Lorsqu’enfin les troupes ariennes qu’on put rassembler cernèrent la basilique où se trouvait Ambroise, on vit au nom de l’indivisible et pacifique Trinité tout ce peuple s’enfermer dans l’église avec son évêque, et soutenir par la seule force de la divine psalmodie et des hymnes sacrées un siège d’un nouveau genre. Mais le dernier acte de cette guerre de deux ans contre un homme désarmé, l’événement qui acheva la déroute de l’hérésie, fut la découverte des reliques précieuses de Gervais et de Protais, que Milan possédait sans les connaître, et qu’une inspiration du ciel révéla au pontife.
Écoutons l’évêque raconter les faits, dans la simplicité si suave de sa grande âme, à sa sœur Marcelline. Consacrée depuis longtemps par le Pontife suprême à l’Époux des vierges, Marcelline était de ces âmes toutes-puissantes dans leur humilité, que le Seigneur place presque toujours à côté des grands noms de l’histoire de l’Église, pour être leur force devant Dieu : coopératrices ignorées des œuvres éclatantes, dont le plus souvent l’intervention de prière et de souffrances ne doit être connue qu’au jour où se révéleront les réalités éternelles. Déjà Ambroise avait tenu sa sœur informée des détails de la première campagne dirigée contre lui : « Puisque dans presque toutes vos lettres, lui disait-il alors, vous vous enquérez avec sollicitude de ce qui touche l’Église, voici ce qui se passe. Le lendemain du jour où vous me mandiez l’anxiété que vous donnaient vos songes, le poids des graves inquiétudes fondit sur nous » [5].
La lettre suivante, au contraire, respire déjà le triomphe et la liberté reconquise. « Le frère à sa dame et sœur, plus chère que ses yeux et sa vie. J’ai l’habitude de ne rien laisser ignorer à votre sainteté de ce qui arrive ici en votre absence ; sachez donc aussi que nous avons trouvé des saints martyrs. Lorsqu’en effet je m’occupais de dédier la basilique que vous savez, beaucoup se mirent à m’interpeller d’une seule voix, disant : Dédiez-la comme la basilique Romaine. Je répondis : Je le ferai, si je trouve des reliques de martyrs. Et aussitôt m’envahit comme l’ardeur de quelque présage. Qu’ajouterai-je ? Le Seigneur a donné sa grâce. Malgré la crainte des clercs eux-mêmes, j’ordonnai de creuser la terre au lieu qui est devant la balustrade des saints Félix et Nabor. Je trouvai les signes voulus : on amena même des possédés auxquels nous devions imposer les mains, et il arriva qu’à la première apparition des saints martyrs, lorsque nous gardions encore le silence, une femme [6] d’entre eux fut saisie et renversée à terre devant le saint tombeau. Nous y trouvâmes deux hommes d’une grandeur étonnante, comme dans les temps anciens, tous les ossements entiers, quantité de sang. Il y eut grand concours de peuple durant ces deux jours. A quoi bon les détails ? Les saints corps dans leur intégrité, disposés comme il était convenable, nous les avons transportés sur le soir à la basilique de Fausta ; là, veilles toute la nuit, imposition des mains. Le jour suivant, translation à la basilique qu’ils appellent Ambrosienne ; pendant le trajet, guérison d’un aveugle » [7].
Ambroise ensuite rapporte à Marcelline les discours qu’il prononça dans la circonstance. Nous n’en citerons qu’un passage : « Seigneur Jésus, disait le pontife, je vous rends grâces d’avoir suscité près de nous l’esprit des saints martyrs en un temps où votre Église réclame de plus grands secours. Que tous connaissent quels défenseurs je désire, qui puissent défendre et n’attaquent pas. Je t’ai acquis ceux-là, peuple saint, utiles à tous, funestes à personne. Ce sont là les gardiens que j’ambitionne, ce sont là mes soldats. A leur sujet, je ne crains point l’envie ; je souhaite leur secours à ceux-là même qui me jalousent. Qu’ils viennent donc, et qu’ils voient mes gardes ; je ne nie pas m’entourer de telles armes. Comme pour le serviteur d’Élisée, quand l’armée des Syriens assiégeait le prophète, Dieu a ouvert nos yeux. Nous voici, mes frères, déchargés d’une honte qui n’était pas minime : avoir des défenseurs, et n’en rien savoir !... Voici que d’un sépulcre sans gloire sont tirés de nobles restes, trophées que le ciel voit enfin. Contemplez ce tombeau humide de sang, taches glorieuses, marques du triomphe, ces reliques inviolées en leur lieu, dans le même ordre qu’au premier jour, cette tête séparée des épaules. Les vieillards se rappellent maintenant avoir autrefois entendu nommer ces martyrs, et lu l’inscription de leur tombe. Notre ville avait perdu ses martyrs, elle qui avait ravi ceux des cités étrangères. Quoique cela soit un don de Dieu, cependant je ne puis nier la grâce par laquelle le Seigneur Jésus daigne illustrer les temps de mon épiscopat : ne méritant pas d’être martyr moi-même, je vous ai acquis ces martyrs. Qu’elles viennent maintenant, ces victimes triomphales, prendre place au lieu où le Christ est hostie ; mais, sur l’autel celui qui a souffert pour tous, sous l’autel ceux-ci qu’a rachetés sa passion. Je m’étais destiné cette place, car il est digne que le pontife repose où il avait coutume de présenter l’oblation ; mais je cède la droite aux victimes sacrées : ce lieu était dû aux martyrs » [8].
Ambroise devait en effet, dix ans plus tard, venir prendre place à son tour sous l’autel de la basilique Ambrosienne ; il occupa le côté de l’Épître, laissant celui de l’Évangile aux deux martyrs. Au IXe siècle, un de ses successeurs, Angilbert, réunit les trois corps vénérés dans un même sarcophage de porphyre, qui fut établi dans le sens de la longueur de l’autel, au-dessus des deux tombes primitives. C’est là qu’après mille ans écoulés, grâce aux travaux nécessités par les réparations de la basilique, ils apparurent de nouveau, le 8 août 1871, non plus dans le sang qui avait au IVe siècle révélé les martyrs, mais sous une nappe d’eau profonde et limpide : image touchante de cette eau de la Sagesse [9] qui avait coulé si abondamment des lèvres d’Ambroise, devenu l’hôte principal du saint tombeau. C’est là que, non loin de la tombe de Marcelline devenue elle-même un autel, le pèlerin de nos temps amoindris, l’âme remplie des souvenirs du vieil âge, vénère encore ces restes précieux ; car ils demeurent inséparables toujours, dans la châsse de cristal où, placés sous la protection immédiate du Pontife romain [10], ils attendent maintenant la résurrection.
Il est court, le récit de vos combats, ô saints martyrs ! Mais si les enseignements de votre vie ne sont point parvenus jusqu’à nous dans le détail que nous aurions souhaité, nous pouvons dire avec Ambroise, lorsqu’il vous présentait à son peuple : « Cette éloquence est la meilleure, qui sort du sang ; car le sang a une voix retentissante, pénétrant de la terre au ciel » [11]. Faites-nous comprendre son fort langage. Les veines des chrétiens doivent être toujours prêtes à rendre leur témoignage au Dieu rédempteur. Nos générations n’auraient-elles plus de sang dans leurs veines appauvries ? Guérissez leur incurable affaissement ; ce que ne peuvent plus les médecins des âmes, Jésus-Christ le peut toujours.
Levez-vous donc, ô glorieux frères ; enseignez-nous la voie royale du dévouement et de la souffrance. Ce ne peut être en vain que nos yeux misérables ont pu, dans ces temps, vous contempler comme ceux d’Ambroise ; si Dieu vous révèle de nouveau à la terre après tant de siècles, il a en cela les mêmes vues qu’autrefois : relever par vous l’homme et la société d’une servilité funeste, chasser l’erreur, sauver l’Église qui ne peut périr, mais qu’il aime à délivrer par ses saints. Reconnaissez par de dignes services la protection dont Pierre, malgré sa captivité, couvre vos restes. Que Milan soit digne de vous et d’Ambroise. Visitez encore tant de contrées, proches ou lointaines, qu’enrichit autrefois le sang trouvé dans votre tombe. La France, qui vous fut si dévouée, qui plaça cinq de ses cathédrales sous votre vocable glorieux, attend de vous un secours spécial : ranimez en elle, ô martyrs, la dévotion des anciens jours ; dégagez-la des sectes et des traîtres ; qu’elle se retrouve bientôt le soldat de Dieu !
http://deojuvante.forumactif.org/t947-saints-gervais-et-protais-martyrs#13297
[4] Ambr. Ep. XX.
[5] Ep. XX.
[6] Urna du texte latin est pris pour una par les meilleurs interprètes.
[7] Ep. XXII.
[8] Ep. XXII.
[9] Prov. XVIII, 4 ; XX, 5 ; Eccli. XV, 3 ; etc.
[10] Constitutio Pii IX fortiter qui attingit a fine usque ad finem.
[11] Ep. XXII.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
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Re: Sanctoral
Le 20 juin
Saint Silvère, pape et martyr
Saint Silvère, pape et martyr
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:La succession des Papes est l’un des objets principaux auxquels s’emploie l’Esprit-Saint depuis sa venue dans le monde. Leur légitimité, comme successeurs de Pierre, est en effet intimement liée à la légitimité de l’Église elle-même en qualité d’Épouse du Fils de Dieu ; et c’est pourquoi, chargé de conduire l’Épouse à l’Époux, l’Esprit ne permet pas qu’elle s’égare à la suite des intrus. L’inévitable jeu des passions humaines, intervenant dans l’élection du vicaire de l’Homme-Dieu, peut quelque temps parfois rendre incertaine la transmission du pouvoir spirituel ; mais lorsqu’il est avéré que l’Église, en possession de sa liberté gardée ou reconquise, reconnaît dans un Pape jusque-là douteux le Pontife souverain, cette reconnaissance est la preuve que, de ce moment du moins, l’occupant du Siège apostolique est investi par Dieu même. Cette doctrine, l’Esprit-Saint la confirme en lui donnant, dans le Pontife que nous célébrons aujourd’hui, la consécration du martyre.
Saint Agapit Ier venait de mourir à Constantinople, où Théodat, roi des Goths, avait obtenu qu’il se rendît pour apaiser la colère de Justinien excitée par ses trahisons. A peine la nouvelle de cette mort fut-elle parvenue au prince arien, que, dans la crainte de voir porter au trône pontifical un élu défavorable à ses prétentions, il désigna impérativement comme successeur du Pape défunt le diacre Silvère. Deux mois après, la justice de Dieu frappait le tyran et délivrait l’Église. Nul doute que Rome n’eût alors été dans son droit, en rejetant le chef qu’on avait prétendu lui imposer de vive force : ce n’est point aux princes que le Seigneur a remis l’élection de son vicaire en terre. Mais, étranger aux violences dont sa personne avait été l’occasion, Silvère par ailleurs était digne en tout du pontificat suprême ; le clergé romain, redevenu libre, ne songea point à lui retirer une adhésion jusque-là discutable ; et dès ce moment, chef incontesté de l’Église, le successeur d’Agapit apparut comme le véritable élu du Seigneur. Dans un temps plein d’embûches, il comprit ce qu’exigeait le devoir de sa charge, et préféra un exil qui devait lui coûter la vie à l’abandon du poste où l’avait mis l’Esprit-Saint. L’Église reconnaissante le constate en sa courte Légende. Aussi, lorsque la mort vint frapper le Pontife dans la terre de son bannissement, l’armée des martyrs ouvrit ses rangs pour le recevoir.
Les eaux de la tribulation ont traversé votre âme [2], saint Pontife. Ce ne sont point les césars idolâtres qui furent vos persécuteurs. Ce ne fut pas même, comme pour Jean Ier votre prédécesseur presque immédiat sur le siège pontifical et dans l’arène du martyre, un prince hérétique qui déchargea sur vous sa haine de sectaire. Mais la rancune d’une femme indigne, servie par des trahisons parties du sanctuaire, s’acharna contre vous. Avant même que la mort eût fait en vous son œuvre, il se serait trouvé quelqu’un parmi vos fils pour convoiter le lourd fardeau de votre héritage. Mais quel homme donc eût pu dénouer l’indissoluble lien qui vous attachait à l’Église ? L’usurpateur n’eût été qu’un intrus ; jusqu’à ce que les mérites tout-puissants de votre mort glorieuse eussent obtenu le changement du mercenaire en légitime pasteur, et fait de Vigile lui-même l’héritier de votre courage [3]. Ainsi l’invisible chef de l’Église aurait-il permis, pour la honte de l’enfer, que l’ambition portât ses scandales dans le Saint des Saints même. L’inébranlable foi des peuples, en ce siècle qui fut le vôtre, n’en devait point souffrir ; et la lumière résultant de ces faits lamentables apprendrait mieux aux âges suivants que le caractère personnel d’un pape, et ses fautes mêmes, n’affectent point les célestes prérogatives assurées par Dieu au vicaire de son Christ. Gardez en nous, ô Silvère, le fruit de ces tristes enseignements. Bien pénétré des vrais principes, le peuple chrétien ne verra jamais s’affaiblir en lui le respect dû à Dieu dans ses représentants, quels qu’ils soient ; et le scandale, d’où qu’il vienne, sera impuissant à entamer sa foi.
2] Psalm. LXV, III, 2.
[3] Notre rôle ici n’est point de devancer l’Église dans la défense de quelques-uns de ses Pontifes. Toutefois, l’apologétique a d’autres devoirs ; le nôtre est de rappeler que la mémoire du successeur de saint Silvère a trouvé de savants défenseurs. Vigile n’est point, il est vrai, l’objet d’un culte public, et dès lors l’Église n’a pas à répondre de sa sainteté ; il en est autrement pour Silvère ; mais toute apologie du premier qui ne va pas à diminuer la grandeur morale de ce dernier, garantie par l’Église, est licite et louable.
http://deojuvante.forumactif.org/t948-saint-sylvere-pape-et-martyr#13298
gabrielle- Nombre de messages : 19796
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Re: Sanctoral
Le 21 juin
Saint Louis de Gonzague, confesseur
Saint Louis de Gonzague, confesseur
Leçons des Matines avant 1960 a écrit: Louis, fils de Ferdinand de Gonzague, marquis de Castiglione et d’Esté, parut naître au ciel avant de naître à la terre, car sa vie se trouvant en danger, on se hâta de le baptiser. Il garda avec tant de fidélité cette première innocence, qu’on l’aurait cru confirmé en grâce. Dès qu’il eut l’usage de sa raison il s’en servit pour s’offrir à Dieu, et mena chaque jour une vie plus sainte. A l’âge de neuf ans, il fit, à Florence, devant l’autel de la bienheureuse Vierge, qu’il ne cessa d’honorer comme sa mère, le vœu d’une perpétuelle virginité ; par un insigne bienfait du Seigneur, il devait la conserver sans qu’aucune révolte du corps ou de l’âme vînt jamais l’éprouver. Il se mit, dès cet âge, à réprimer si fortement les autres troubles intérieurs, qu’il n’en ressentit, dans la suite, plus même le premier mouvement. Il maîtrisait si bien ses sens et surtout ses yeux, que, non seulement il ne regarda jamais Marie d’Autriche, quoiqu’il dût la saluer presque tous les jours pendant plusieurs années, étant au nombre des pages d’honneur de l’infant d’Espagne ; mais qu’il s’abstenait même de considérer le visage de sa propre mère. Aussi fut-il appelé à juste titre un homme sans la chair, ou un ange dans la chair.
A la garde des sens, Louis joignait la mortification corporelle. Il jeûnait trois fois la semaine, se contentant d’ordinaire d’un peu de pain et d’eau ; mais, à vrai dire, son jeûne semble avoir été, en ce temps, perpétuel, puisque la quantité de nourriture prise à ses repas égalait à peine une once. Souvent aussi il déchirait sa chair, trois fois en un même jour, au moyen de cordes ou de chaînes ; quelquefois des laisses de chien lui servaient de discipline et des éperons remplaçaient pour lui le cilice. Trouvant sa couche trop molle, il y glissait secrètement des morceaux de bois, afin de la rendre plus dure et de s’éveiller plus tôt pour prier ; il passait en effet une grande partie de la nuit dans la contemplation des choses divines, couvert d’un seul vêtement, même au plus fort de l’hiver, demeurant à genoux sur le sol, ou bien encore courbé et prosterné par faiblesse ou fatigue. Parfois il gardait une complète immobilité dans la prière, trois, quatre ou cinq heures de suite, tant qu’il n’avait pas au moins durant une heure, évité toute distraction. La récompense de cette constance fut une stabilité d’esprit telle que sa pensée ne s’égarait jamais durant l’oraison, mais restait perpétuellement fixée en Dieu comme en une sorte d’extase. Pour s’attacher uniquement au Seigneur, Louis, ayant enfin triomphé des résistances de son père, après un très rude combat de trois années, et renoncé en faveur d’un frère à ses droits sur la principauté de ses ancêtres, vint à Rome s’associer à la Compagnie de Jésus, à laquelle il s’était entendu appeler par une voix céleste, lorsqu’il se trouvait à Madrid.
Dès le noviciat, on commença à le regarder comme un maître en toutes sortes de vertus Sa fidélité aux règles, et même aux moindres lois était d’une exactitude extrême ; son mépris du monde sans égal ; sa haine de lui même, implacable ; son amour pour Dieu, si ardent, qu’il consumait peu à peu ses forces corporelles. Aussi en vint-on à lui prescrire de détourner pour un temps sa pensée des choses divines ; mais en vain s’efforçait-il de fuir son Dieu, qui partout se présentait à lui. Également animé d’une admirable charité envers le prochain, Louis contracta auprès des malades qu’il servait avec zèle dans les hôpitaux publics, un mal contagieux, qui dégénéra en une lente consomption. Au jour qu’il avait prédit, le treize des calendes de juillet, au début de sa vingt-quatrième année, il passa de la terre au ciel, après avoir demandé qu’on le flagellât et qu’on le laissât mourir étendu sur le sol. Dieu le montra à sainte Madeleine de Pazzi en possession d’une si grande gloire, que la sainte n’aurait pas cru qu’il y en eût de semblable en paradis. Elle affirma qu’il avait été d’une sainteté extraordinaire, et que la charité avait fait de lui un martyr inconnu. De nombreux et éclatants miracles le rendirent illustre et leur preuve juridique décida Benoît XIII à inscrire aux fastes des Saints cet angélique jeune homme, et à le donner, principalement à la jeunesse studieuse, comme un modèle d’innocence et de chasteté, en même temps qu’un protecteur.
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Re: Sanctoral
Le 22 juin
Saint Paulin, évêque et confesseur
Saint Paulin, évêque et confesseur
Leçons des Matines avant 1960 a écrit:Pontius Meropius Anicius Paulin, né l’an trois cent cinquante-trois de la Rédemption, d’une famille très distinguée de citoyens romains, à Bordeaux, en Aquitaine, fut doué d’une intelligence vive et de mœurs douces. Sous la direction d’Ausone il brilla de la gloire de l’éloquence et de la poésie. Très noble et très riche, il entra dans la carrière des charges publiques et, à la fleur de l’âge, conquit la dignité de sénateur. Ensuite, en qualité de consul, il se rendit en Italie et, ayant obtenu la province de Campanie, il établit sa résidence à Nole . Là, touché de la lumière divine, et à cause des signes célestes qui illustraient le tombeau de saint Félix, prêtre et martyr, il commença à s’attacher avec plus d’énergie à la véritable foi chrétienne, qu’il méditait déjà dans son esprit. Il renonça donc aux faisceaux et à la hache, qui n’avait encore été souillée par aucune exécution capitale ; retourné en Gaule, il fut ballotté par diverses épreuves et par de grands travaux sur terre et sur mer et perdit un œil ; mais guéri par le bienheureux Martin, évêque de Tours, il fut lavé dans les eaux lustrales du baptême par le bienheureux Delphin, évêque de Bordeaux.
Méprisant les richesses qu’il possédait en abondance, il vendit ses biens, en distribua le prix aux pauvres et, quittant sa femme Therasia, changeant de patrie et brisant les liens de la chair, il se retira en Espagne, s’attachant ainsi à la pauvreté admirable du Christ, plus précieuse à ses yeux que l’univers entier. Un jour qu’à Barcelone, il assistait dévotement aux sacrés mystères, le jour solennel de la naissance du Seigneur, le peuple, transporté d’admiration, l’entoure avec tumulte et, malgré ses résistances, il fut ordonné prêtre par l’évêque Lampidius. Il retourna ensuite en Italie, fonda à Nole, où il avait été amené par le culte de saint Félix, un monastère près du tombeau de ce saint ; s’étant adjoint des compagnons, il commença une vie cénobitique. Illustre déjà par la dignité sénatoriale et la dignité consulaire, embrassant la folie de la croix, à l’admiration du monde presque entier, Paulin, revêtu d’une robe sans valeur, demeurait, au milieu des veilles et des jeûnes, la nuit et le jour, les yeux fixés dans la contemplation des choses célestes. Mais, comme son renom de sainteté croissait de plus en plus, il fut élevé à l’évêché de Nole et, dans l’accomplissement de sa charge pastorale, il laissa des exemples merveilleux de piété, de sagesse et surtout de charité.
Au cours de ces travaux, il avait composé des écrits remplis de sagesse, traitant de la religion et de la foi ; souvent aussi, se laissant aller à la versification, il avait célébré dans des poèmes les actes des saints, acquérant un renom supérieur de poète chrétien . Il s’attacha par l’amitié et par l’admiration tout ce qu’il y avait à cette époque d’hommes éminents par la sainteté et la doctrine. Beaucoup affluaient de toutes parts vers lui, comme chez le maître de la perfection chrétienne. La Campanie ayant été ravagée par les Goths , il employa à nourrir les pauvres et à racheter les prisonniers tout son avoir, ne gardant pas même pour lui les choses nécessaires à la vie. Plus tard, lorsque les Vandales ravageaient le même pays, une veuve le supplia de racheter pour elle son fils, pris par les ennemis ; comme il avait absorbé tous ses biens dans l’exercice de la charité, il se livra lui-même en esclavage pour cet enfant, et, jeté dans les fers, il fut emmené en Afrique. Enfin, gratifié de la liberté, non sans le secours visible de Dieu et revenu à Nole, le bon pasteur retrouva ses brebis chéries et là, dans sa soixante dix-huitième année, s’endormit dans le Seigneur d’une fin très tranquille. Son corps, enseveli près du tombeau de saint Félix, fut plus tard, à l’époque des Lombards, transféré à Bénévent, puis sous l’empereur Othon III, à Rome, dans la basilique de Saint-Barthélemy en l’île du Tibre. Mais le pape Pie X ordonna que les dépouilles sacrées de Paulin fussent restituées à Nole et éleva sa fête au rite double pour toute l’Église.
http://deojuvante.forumactif.org/t949-saint-paulin-eveque-et-confesseur#13300
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Re: Sanctoral
Le 23 juin
Vigile de la nativité de Saint Jean-Baptiste
Vigile de la nativité de Saint Jean-Baptiste
Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
Aux jours d’Hérode, roi de Judée, il y eut un prêtre nommé Zacharie, de la classe d’Abia ; et son épouse, d’entre les filles d’Aaron, s’appelait Élisabeth. Et le reste.
Homélie de saint Ambroise, Évêque.
Aux jours d’Hérode, roi de Judée, il y eut un prêtre nommé Zacharie, de la classe d’Abia ; et son épouse, d’entre les filles d’Aaron, s’appelait Élisabeth. Et le reste.
Homélie de saint Ambroise, Évêque.
La divine Écriture nous apprend qu’il ne suffit pas d’exalter les vertus de ceux qui sont dignes de louanges, mais qu’il faut encore louer leurs parents : la vertu, transmise comme un héritage de pureté sans tache, sera par là plus éclatante dans ceux que nous louerons. Quel autre but en effet a pu avoir le saint Évangéliste en ce passage, sinon d’anoblir saint Jean-Baptiste en parlant de ses parents, de ses miracles, de ses vertus, de sa mission, de son martyre ? C’est ainsi que la mère de Samuel, Anne, est glorifiée ; c’est ainsi qu’Isaac reçoit de ses parents cette illustration de la piété qu’il transmit à sa postérité. Zacharie était donc prêtre, et de plus, prêtre de la classe d’Abia, c’est-à-dire illustre entre les illustres.
« Et sa femme, est-il dit, était d’entre les filles d’Aaron » [3]. Ce n’est donc pas seulement à ses parents, mais à ses ancêtres, que remonte l’illustration de saint Jean ; ce n’était pas par les honneurs de la puissance séculière, mais par la religion qu’était vénérable la lignée de sa famille. De tels ancêtres convenaient au précurseur du Christ : il ne devait pas recevoir en naissant, mais tenir de ses pères et avoir comme un héritage, la foi à l’avènement du Seigneur pour la prêcher. « Ils étaient tous deux justes devant Dieu, est-il dit, marchant sans reproche dans les commandements et toutes les lois du Seigneur » [4]. Que répondront à cela, ceux qui cherchent des excuses pour leurs péchés et prétendent que l’homme ne peut vivre sans pécher souvent ? Ils s’appuient sur un petit verset du livre de Job : « Personne n’est exempt de tache, pas même celui qui n’a vécu qu’un jour sur terre » [5].
On peut leur demander d’abord de définir ce que veut dire : un homme sans péché ; est-ce de n’avoir jamais péché, ou d’avoir cessé de pécher ? S’ils pensent qu’être sans péché, c’est n’avoir jamais péché, j’y consens. Car « tous ont péché et ont besoin de la gloire de Dieu » [6]. Mais s’ils nient que celui qui a corrigé ses anciens égarements, et qui a transformé sa vie de sorte qu’il a cessé de pécher, puisse s’abstenir de péché, je ne peux être d’accord avec eux, puisque nous lisons : « Le Seigneur a tellement aimé l’Église qu’il l’a fait paraître devant lui une Église glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais qu’il l’a faite sainte et immaculée » [7].
[3] Luc. 1, 5.
[4] Luc. 1, 6.
[5] Job. 14, 4, sec. LXX.
[6] Rom. 3, 23.
[7] Ephes. 5, 25.
http://deojuvante.forumactif.org/t950-vigile-de-la-nativite-de-saint-jean-baptiste
gabrielle- Nombre de messages : 19796
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Re: Sanctoral
La divine Écriture nous apprend qu’il ne suffit pas d’exalter les vertus de ceux qui sont dignes de louanges, mais qu’il faut encore louer leurs parents : la vertu, transmise comme un héritage de pureté sans tache, sera par là plus éclatante dans ceux que nous louerons.
On pourrait faire la même chose pour les ennemi de Dieu et de l'Église, mais à l'inverse, en ce qui regarde leurs vices :
Il ne suffit pas de stigmatiser les vices de ceux qui sont dignes de réprobation, mais qu'il faut encore blâmer leurs parents : le vice, transmis comme héritage de perversion, sera par là plus flétris dans ceux que nous blâmerons.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
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Re: Sanctoral
24 juin
Fête de la nativité de Saint Jean-Baptiste.
Patron des Canadiens-Français
Sermon de saint Augustin, Évêque.
Fête de la nativité de Saint Jean-Baptiste.
Patron des Canadiens-Français
Sermon de saint Augustin, Évêque.
[25] Ps. 57, 4.Après le très saint jour de la Nativité du Seigneur, nous ne lisons point qu’on célèbre la naissance d’aucun homme, si ce n’est uniquement celle du bienheureux Jean-Baptiste. Nous savons que pour les autres saints et élus de Dieu, on solennise le jour auquel, ayant achevé leurs travaux et triomphé du monde par une victoire complète, ils ont été comme enfantés du sein de la vie présente à l’éternité glorieuse. Ainsi, pour les autres saints, on honore le dernier jour qui a comblé leurs mérites ; et, pour saint Jean, c’est le premier jour, ce sont les commencements mêmes de sa vie qu’on célèbre évidemment pour cette raison, que le Seigneur a voulu manifester par lui son avènement, de peur, que s’il venait d’une manière subite et inattendue, les hommes ne le reconnussent point. Or saint Jean a été la figure de l’ancien Testament, l’image de la loi, précédant le Sauveur, comme la loi servit de messagère à la grâce.
Du sein maternel, Jean prophétise avant de naître, et sans avoir encore paru à la lumière, il rend déjà témoignage à la vérité ; et cela nous donne à comprendre que, personnifiant l’Esprit caché sous le voile et dans le corps de la lettre, il manifeste au monde le Rédempteur et nous annonce comme du sein de la loi, notre Seigneur ; et c’est parce que les Juifs s’étaient égarés dès le sein de leur mère, ou de la loi d’où le Christ devait sortir « ils ont erré dès le sein (de leur mère), ils ont dit des choses fausses » [25], que Jean est venu « comme témoin pour rendre témoignage à la lumière » [26].
Et dans Jean, détenu en prison et envoyant ses disciples au Christ, c’est la loi qui passe à l’Évangile. A l’instar de Jean, cette loi, captive dans la prison de l’ignorance, gisait comme au fond d’un réduit obscur, où l’aveuglement des Juifs laissait le sens spirituel enfermé dans l’obscurité de la lettre. C’est ce que l’écrivain sacré fait entendre, en disant de Jean-Baptiste : « Il était une lampe ardente » [29] ; en d’autres termes, il brûlait du feu de l’Esprit-Saint, afin qu’il montrât la lumière du salut au monde enfoncé dans la nuit de l’ignorance, et qu’au travers des ténèbres si épaisses du péché, ii découvrit au monde, à la clarté de ses rayons, le soleil de justice dans toute sa splendeur, lorsque, parlant de lui-même, il disait : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert » [30].
[26] Jn. 1, 7.
[29] Jn. 5, 35.
[30] Jn. 1, 23.
http://deojuvante.forumactif.org/t468-saint-jean-baptiste-nativite-24-juin
Au sujet de l'Hymne aux 2emes Vêpres
Pour que tes serviteurs puissent à pleine voix, célébrer les merveilles de tes hauts faits, bannis l’indignité de nos lèvres souillées ô saint Jean.
Un messager venu des célestes sommets annonce à ton père ta grandeur, ta naissance, ton nom, et le cours entier de ta vie, il expose par ordre toutes choses.
Lui doute des célestes promesses, perd le pouvoir d’articuler les sons ; mais, en naissant, vous restaurez l’organe de sa voix éteinte.
Couché dans le secret du sein maternel, tu as senti le roi en sa couche nuptiale ; c’est pourquoi, les parents par le mérite de leur fils, découvrirent tous deux les mystères.
Honneur au Père, et au Fils qu’il engendre, ainsi qu’à vous, puissance égale aux deux, ô Esprit éternel, Dieu unique, dans toute la suite des âges.
Ainsi soit-il.
Paul Warnefrid. VIIIe siècle. On raconte que le pieux diacre Paul Warnefrid, au moment d’entonner l’Exsúltet le samedi saint, fut soudain privé de sa voix. Invoquant alors celui dont la naissance mit fin au mutisme d’un père, il vit Jean-Baptiste exaucer sa prière et composa alors les Hymnes de cette fête. L’air primitif sur lequel on chantait l’Hymne de Vêpres, offrait cette particularité que la syllabe initiale de chaque hémistiche s’élevait d’un degré sur la précédente dans l’échelle des sons ; on obtenait, en les rapprochant, la série des notes fondamentales qui forment la base de notre gamme actuelle. Guy d’Arrezzo introduisit l’usage de donner aux notes elles-mêmes les noms de ces syllabes.
gabrielle- Nombre de messages : 19796
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Re: Sanctoral
Le 25 juin
Saint Guillaume, abbé
Saint Guillaume, abbé
Leçons des Matines avant 1960 a écrit:
Né de parents nobles, à Verceil, en Piémont, Guillaume avait à peine achevé sa quatorzième année, qu’embrasé des ardeurs d’une admirable piété il entreprit de se rendre en pèlerinage à Compostelle, au célèbre sanctuaire de saint Jacques. Il fit ce voyage, vêtu d’une seule tunique, ceint d’un double cercle de fer et nu-pieds ; il y souffrit du froid et de la chaleur, de la faim et de la soif et l’accomplit au péril même de sa vie. De retour en Italie, Guillaume médita un nouveau pèlerinage au saint sépulcre du Seigneur ; mais divers obstacles très sérieux s’opposèrent à son projet, la divine Providence entravant les desseins du jeune homme, pour tourner vers des œuvres plus élevées et plus parfaites ses religieux penchants. C’est alors qu’il passa deux ans au mont Solicchio, priant assidûment, prolongeant ses veilles, couchant sur la dure, et multipliant ses jeûnes ; ayant, par le secours divin, rendu la vue à un aveugle, le bruit du miracle se répandit, aussi Guillaume, qui ne pouvait plus rester caché, songea de nouveau à se rendre à Jérusalem, et, plein de joie, se mit en route.
Mais Dieu, qui voulait de lui une vie plus utile et plus profitable pour l’Italie et d’autres contrées, lui apparut et l’avertit de renoncer à sa résolution. Gagnant donc le mont Virgilien, appelé depuis mont de la Vierge, il bâtit avec une rapidité étonnante un monastère au sommet, en dépit des difficultés que présente ce lieu inaccessible. Des compagnons laïques et religieux s’adjoignirent à lui, et Guillaume les forma à un genre de vie parfaitement en rapport avec les préceptes et les conseils de l’Évangile, tant par des lois déterminées, qu’il tira en grande partie de celles instituées par saint Benoît, que par sa parole et les exemples de sa très sainte vie.
D’autres monastères s’élevèrent dans la suite, et de jour en jour la sainteté de Guillaume brillant davantage, de tous côtés l’on vint à lui, attiré par le parfum de cette sainteté et par la renommée de ses miracles. Car, à son intercession, la parole était rendue aux muets, l’ouïe aux sourds, la vigueur aux membres desséchés, la santé à tous ceux qu’affligeaient les plus diverses et les plus irrémédiables maladies. Il changea l’eau en vin, et accomplit une multitude d’autres merveilles, entre lesquelles on ne peut taire le trait suivant : une femme perdue ayant été envoyée pour tenter sa chasteté, il se roula, sans éprouver aucun mal, sur des charbons ardents répandus sur le sol. Roger roi de Naples, ayant eu connaissance de ce fait, conçut dès lors une vénération profonde pour l’homme de Dieu. Après avoir annoncé le moment de sa mort, au roi et à d’autres personnes, Guillaume, illustre par ses vertus et ses miracles, s’endormit dans le Seigneur, l’an du salut mil cent quarante-deux.
http://deojuvante.forumactif.org/t951-saint-guillaume-abbe
gabrielle- Nombre de messages : 19796
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Re: Sanctoral
Le 26 juin
Saints Jean et Paul, martyrs
Saints Jean et Paul, martyrs
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:Parmi les sanctuaires nombreux qui décorent la capitale de l’univers chrétien, l’Église des Saints-Jean-et-Paul est restée, depuis sa lointaine origine, un des centres principaux de la piété romaine. Du sommet du Cœlius elle domine le Colisée. On a retrouvé dans ses substructions les restes primitifs de la maison même qu’habitaient nos deux saints. Derniers des martyrs, ils achevèrent la couronne glorieuse offerte au Christ par cette Rome qu’il avait choisie pour siège de sa puissance. La lutte où leur sang fut versé consomma le triomphe dont l’heure avait sonné sous Constantin, mais qu’un retour offensif de l’enfer semblait compromettre.
Aucune attaque ne fut plus odieuse à l’Église, que celle du César apostat qu’elle avait nourri. Néron et Dioclétien, violemment et dans toute la franchise de leur haine, avaient déclaré au Dieu fait homme la guerre du glaive et des supplices ; et, sans récrimination, les chrétiens étaient morts par milliers, sachant que le témoignage ainsi réclamé d’eux était dans l’ordre, non moins que ne l’avait été, devant Ponce Pilate et sur la croix, celui de leur Chef [14]. Avec l’astucieuse habileté des traîtres et le dédain affecté du faux philosophe, Julien se promit d’étouffer le christianisme dans les réseaux d’une oppression savamment progressive, et respectueuse du sang humain : écarter les chrétiens des charges publiques, les renvoyer des chaires où ils enseignaient la jeunesse, c’était tout ce que prétendait l’apostat. Mais le sang qu’il eût voulu éviter de répandre, devait couler quand même sur ses mains hypocrites ; car l’effusion du sang peut seule, selon le plan divin, dénouer les situations extrêmes, et jamais plus grand péril n’avait menacé l’Église : elle qu’on avait vue garder sa royale liberté devant les bourreaux, on la voulait esclave, en attendant qu’elle disparût d’elle-même dans l’impuissance et l’avilissement. Aussi les évêques d’alors trouvèrent-ils à l’adresse de l’apostat, dans leur âme indignée, des accents que leurs prédécesseurs avaient épargnés aux princes dont la violence avait inondé de sang chrétien tout l’empire. On rendit au tyran mépris pour mépris ; et le dédain, dont les témoignages arrivaient de toutes parts au fat couronné, finit par lui arracher son masque de fausse modération : Julien n’était plus qu’un vulgaire persécuteur, le sang coulait, l’Église était sauvée.
Ainsi nous est expliquée la reconnaissance que cette noble Épouse du Fils de Dieu n’a point cessé de manifester, depuis lors, aux glorieux martyrs que nous célébrons : parmi les chrétiens généreux dont l’indignation amena le dénouement de la terrible crise, il n’en est point de plus illustres. Julien eût été fier de les compter parmi ses familiers ; il les sollicitait dans ce sens, nous dit la Légende, et on ne voit pas qu’il y mît pour condition de renoncer à Jésus-Christ. N’auraient-ils donc pu, dira-t-on, se rendre au désir impérial, sans blesser leur conscience ? Trop de raideur devait fatalement indisposer le prince ; tandis que l’écouter, c’était l’adoucir, l’amener, peut-être, à relâcher quelque chose de ces malheureuses entraves administratives que son gouvernement prévenu imposait à l’Église. Et, qui sait ? La conversion possible de cette âme, le retour de tant d’égarés qui l’avaient suivie dans sa chute, tout cela ne méritait-il pas, tout cela n’imposait-il pas quelque ménagement ? Eh ! oui : ce raisonnement eût paru à plusieurs d’une sage politique ; cette préoccupation du salut de l’apostat n’eût rien eu, sans doute, que d’inspiré par le zèle de l’Église et des âmes ; et, véritablement, le casuiste le plus outré n’aurait pu faire un crime à Jean et à Paul, d’habiter une cour où l’on ne leur demandait rien de contraire aux préceptes divins. Telle ne fut point pourtant la résolution des deux frères ; à la voie des ménagements, ils préférèrent celle de la franche expression de leurs sentiments qui mit en fureur le tyran et causa leur mort. L’Église jugea qu’ils n’avaient point tort ; et il est, en conséquence, peu probable que la première de ces voies les eût conduits au même degré de sainteté devant Dieu.
Les noms de Jean et de Paul, inscrits au diptyque sacré, montrent bien leur crédit près de la grande Victime, qui ne s’offre jamais au Dieu trois fois saint sans associer leur souvenir à celui de son immolation. L’enthousiasme excité par la noble attitude des deux vaillants témoins du Seigneur, a prolongé jusqu’à nous ses échos dans les Antiennes et Répons propres à la fête. Autrefois précédée d’une Vigile avec jeûne, cette fête remonte au lendemain même du martyre des deux frères, ainsi que le sanctuaire qui s’éleva sur leur tombe. Par un privilège unique, exalté au Sacramentaire Léonien, tandis que les autres martyrs dormaient leur sommeil en dehors des murs de la ville sainte, Jean et Paul reposaient dans Rome même, dont la conquête définitive était acquise au Dieu des armées grâce à leurs combats. Un an jour pour jour après leur trépas victorieux [15], Julien mourait, lançant au ciel son cri de rage : « Tu as vaincu, Galiléen ! »
De la cité reine de l’univers, leur renommée, passant les monts, brilla aussitôt d’un éclat presque égal en notre terre des Gaules. Au retour des luttes que lui aussi avait soutenues pour la divinité du Fils de Dieu, Hilaire de Poitiers propagea leur culte. A peine cinq années s’étaient écoulées depuis leur martyre, que le grand évêque s’en allait au Seigneur ; mais il avait eu le temps de consacrer sous leur nom l’église où ses mains pieuses avaient déposé la douce Abra et celle qu’elle avait eue pour mère, en attendant que lui-même vînt, entre elles deux, attendre la résurrection. C’est de cette Église des Saints-Jean-et-Paul, devenue bientôt après Saint-Hilaire-le-Grand, que Clovis, à la veille de la bataille de Vouillé, vit sortir et se diriger vers lui la mystérieuse lumière, présage du triomphe qui devait chasser l’arianisme des Gaules et fonder l’unité monarchique. Les saints martyrs continuèrent de montrer, dans la suite, l’intérêt qu’ils prenaient à l’avancement du royaume de Dieu par les Francs ; lorsque l’issue de la seconde croisade abreuvait d’amertume saint Bernard qui l’avait prêchée, ils apparurent ici-bas pour relever son courage, et lui manifester par quels secrets le Roi des cieux avait tiré sa gloire d’événements où les hommes ne voyaient que désastres et fautes [16].
Nous donnons à la suite Antiennes et Répons propres dont il est parlé plus haut, et qui se trouvent quant à l’ensemble, avec quelques variantes, dans les plus anciens Responsoriaux et Antiphonaires parvenus jusqu’à nous. Le personnage mentionné dans l’une de ces Antiennes, sous le nom de Gallicanus, est un consulaire qui fut amené par les deux frères à la foi et à la sainteté ; sa mémoire était célébrée hier même au Martyrologe (voir le texte de l’Office plus haut)
Un double triomphe éclate au ciel et renvoie une double joie à la terre, en ce jour où votre sang répandu proclama la victoire du Fils de Dieu. C’est par le martyre de ses fidèles, en effet, que le Christ triomphe. L’effusion de son propre sang marqua la défaite du prince du monde ; le sang de ses membres mystiques garde toujours, et possède seul, la vertu d’établir son règne. La lutte ne fut jamais un mal pour l’Église militante ; la noble Épouse du Dieu des armées se complaît dans les combats ; car elle sait que l’Époux est venu apporter sur terre, non la paix, mais le glaive [17]. Aussi, jusqu’à la fin des siècles, proposera-t-elle en exemple à ses fils votre chevaleresque courage, et la franchise qui ne vous permit pas de dissimuler votre mépris au tyran apostat, de songer même aux considérations par lesquelles peut-être, en l’écoutant d’abord, votre conscience se fût tenue sauve. Malheur aux temps où le mirage décevant d’une paix trompeuse égare les intelligences ; où, parce que le péché proprement dit ne se dresse pas devant elle, l’âme chrétienne abaisse la noblesse de son baptême à des compromis que répudierait l’honneur même d’un monde redevenu païen ! Illustres frères, écartez des enfants de l’Église l’erreur fatale qui les porterait à méconnaître ainsi les traditions dont ils ont reçu l’héritage ; maintenez la race des fils de Dieu à la hauteur de sentiments que réclament leur céleste origine, le trône qui les attend, le sang divin dont ils s’abreuvent chaque jour ; loin d’eux toute bassesse, et cette vulgarité qui attirerait, contre leur Père qui est aux cieux, le blasphème des habitants de la cité maudite ! Nos temps ont vu s’élever une persécution qui rappelle en tout celle où vous avez remporté la couronne : le programme de Julien est remis en honneur ; si les émules de l’apostat ne l’égalent point en intelligence, ils le dépassent dans sa haine et son hypocrisie. Mais Dieu ne fait pas plus défaut à l’Église maintenant qu’autrefois ; obtenez que de notre part la résistance soit la même qu’en vos jours, et le triomphe aussi sera le même.
Jean et Paul, vous nous rappelez par vos noms et l’Ami de l’Époux dont l’Octave poursuit son cours, et ce Paul de la Croix qui fit revivre au dernier siècle l’héroïsme de la sainteté dans votre maison du Cœlius. Unissez votre protection puissante à celle que le Précurseur étend sur l’Église mère et maîtresse, devenue, en raison de sa primauté, le but premier des attaques de l’ennemi ; soutenez la milice nouvelle que les besoins des derniers temps ont suscitée près de votre tombe, et qui garde dans une commune vénération vos restes sacrés et le corps de son glorieux fondateur. Vous souvenant enfin du pouvoir que vous reconnaît l’Église d’ouvrir et de fermer les portes du ciel, pour répandre ou arrêter la pluie sur les biens de la terre : bénissez les moissons prêtes à mûrir ; soyez propices aux moissonneurs, allégez leurs pénibles travaux ; gardez du feu du ciel l’homme et ses possessions, la demeure qui l’abrite, les animaux qui le servent. Ingrate, oublieuse, trop souvent criminelle, l’humanité n’aurait droit qu’à votre colère ; montrez-vous les fils de Celui dont le soleil se lève pour les méchants comme pour les bons, et qui fait pleuvoir également sur les justes et les pécheurs [18].
[13] Ps. 149, 5.
[14] I Tim. VI, 13.
[15] 26 juin 363.
[16] Bern. Ep. 386, al. 333, Joannis Casae-Marii ad Bern.
[17] Matth. X, 34.
[18] Matth. V, 45.
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Re: Sanctoral
Le 28 juin
Saint Irénée, évêque et martyr
Saint Irénée, évêque et martyr
Leçons des Matines avant 1960 a écrit:Irénée, né dans l’Asie proconsulaire non loin de la ville de Smyrne se mit dès son enfance sous la conduite de saint Polycarpe, disciple de saint Jean l’Évangéliste et Évêque de cette Église de Smyrne. Grâce à la direction de cet excellent maître, ses progrès dans la connaissance et la pratique de la religion chrétienne furent remarquables. Quand Polycarpe lui eut été enlevé pour le ciel par un glorieux martyre, Irénée, bien qu’admirablement instruit des saintes Écritures, brûlait cependant encore du plus ardent désir d’étudier au lieu même où elles avaient été confiées à leur garde, les traditions que d’autres pouvaient avoir reçues quant à l’enseignement et aux institutions apostoliques. Il put rencontrer plusieurs disciples des Apôtres ; ce qu’il apprit d’eux, il le grava dans sa mémoire, et il devait dans la suite opposer fort à propos ce qu’il en avait recueilli, aux hérésies qu’il voyait s’étendre chaque jour davantage non sans grand péril pour le peuple chrétien, et qu’il se proposait de combattre avec soin et abondance de preuves. S’étant rendu dans les Gaules, Irénée fut ordonné prêtre de l’Église de Lyon par l’Évêque Pothin. Il remplit les devoirs de son ministère avec tant d’assiduité pour la prédication et tant de science qu’au témoignage de saints Martyrs qui combattirent courageusement pour la vraie religion sous l’empereur Marc-Aurèle, il se montra le zélateur du testament du Christ.
Comme les Confesseurs de la foi eux-mêmes et le clergé de Lyon étaient au plus haut point préoccupés de la paix des Églises d’Asie que troublait la faction des Montanistes, ils s’adressèrent à Irénée qu’ils proclamaient être l’homme le plus capable d’obtenir gain de cause, et le choisirent avec grande unanimité pour aller prier le Pape Éleuthère de condamner les nouveaux sectaires par l’autorité du Siège apostolique et de supprimer ainsi la cause des discordes. Déjà l’Évêque Pothin était mort martyr, Irénée lui ayant succédé s’acquitta de la charge épiscopale avec tant de succès, par sa sagesse, sa prière et son exemple, qu’en peu de temps il vit non seulement tous les habitants de Lyon, mais ceux de beaucoup d’autres cités gauloises, rejeter l’erreur et la superstition et s’inscrire dans la milice chrétienne. Tandis qu’il se livrait à ces labeurs apostoliques une discussion s’était élevée au sujet du jour auquel il convenait de célébrer la fête de Pâques et, le Pontife romain Victor voyant les Évêques d’Asie se séparer presque tous de leurs frères dans l’épiscopat quant au jour de cette célébration, les traitait avec rigueur ou menaçait de les excommunier. Irénée, ami de la paix, intervint respectueusement auprès du Pape et, faisant valoir l’exemple des Pontifes précédents, il l’amena à ne pas souffrir que tant d’Églises se séparassent de l’unité catholique à propos d’un rite qu’elles affirmaient avoir reçu par tradition.
Irénée composa de nombreux ouvrages qu’ont cité Eusèbe de Césarée et saint Jérôme ; mais dont une grande partie a disparu par le malheur des temps. On a encore de lui cinq livres contre les hérésies, écrits vers l’année cent quatre vingt, quand Éleuthère régissait encore la chrétienté. Dans le troisième de ces livres, l’homme de Dieu, instruit par ceux qu’il déclare avoir ouï l’enseignement direct des Apôtres, dit au sujet de l’Église romaine et de sa succession de Pontifes, que son témoignage est le plus grand et le plus éclatant parce qu’elle a la garde fidèle perpétuelle et très sûre de la tradition divine. Aussi, ajoute-t-il, est-il nécessaire qu’avec cette Église, en raison de sa puissante primauté, s’accorde toute Église, c’est-à-dire les fidèles de tous les lieux. En même temps que d’innombrables chrétiens qui lui devaient le bonheur d’être parvenus à la vraie foi, Irénée obtint enfin la couronne du martyre et partit pour le ciel l’an du salut deux cent deux, alors que Septime Sévère avait ordonné de vouer à la torture et à la mort tous ceux qui voudraient persévérer avec constance dans la pratique de la religion chrétienne. Le Souverain Pontife Benoît XV a ordonné d’étendre la fête de saint Irénée à l’Église universelle. »
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Re: Sanctoral
Le 28 juin
Vigile des Saints Apôtres Pierre et Paul
Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
En ce temps-là : Jésus dit à Simon Pierre. : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Et le reste.
Homélie de saint Augustin, Évêque.
Vigile des Saints Apôtres Pierre et Paul
Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
En ce temps-là : Jésus dit à Simon Pierre. : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Et le reste.
Homélie de saint Augustin, Évêque.
A son triple reniement, Pierre oppose une triple confession, voulant que sa langue n’obéisse pas moins à l’amour qu’elle n’a obéi à la crainte, et que la mort entrevue de loin ne semble pas lui avoir donné plus de voix que la présence de la Vie. Renier le Pasteur a été l’effet de la crainte : que l’office de l’amour soit de paître le troupeau du Seigneur ! Ceux qui paissent les brebis du Christ avec la disposition de vouloir qu’elles soient à eux et non au Christ, sont convaincus de s’aimer eux-mêmes et de ne point aimer Jésus-Christ, avides qu’ils sont d’honneurs, de domination, de richesses, et vides de cette charité qui fait obéir, soulager, plaire à Dieu.
L’Apôtre gémit d’en voir certains chercher leur intérêt et non celui du Christ Jésus. La voix du Christ nous met avec insistance en garde contre eux. Que signifie, en effet : "Si tu m’aimes, pais mes brebis" sinon "si tu m’aimes, fais bien attention à ne pas te faire paître toi-même" ! Ce sont mes brebis, fais-les paître, comme miennes, et non comme tiennes. Cherche en elles ma gloire et non la tienne, mon domaine et non le tien, mon gain et non le tien. De peur que tu ne t’associes à ceux qui surviennent dans des temps difficiles, qui sont des égoïstes et ont tous les défauts liés à cette racine du mal".
Le Seigneur dit à bon droit à Pierre : "M’aimes-tu ?" Il répond : "Oui" ! Jésus lui dit alors : "Pais mes agneaux," et cela deux et trois fois. Là nous est prouvée l’identité de l’amour et de la dilection. Car, la dernière fois, le Seigneur ne dit pas : "As-tu pour moi de la dilection ?" mais : "m’aimes-tu ?" Aimons-le donc lui, et non pas nous ! et, en faisant paître ses brebis, recherchons ses intérêts et non les nôtres. Je ne sais par quel inexplicable moyen on peut s’aimer (soi et non Dieu) sans s’aimer ; ou aimer Dieu (non pas soi) et s’aimer pourtant ! En effet, qui ne peut pas vivre de soi-même, meurt en s’aimant lui-même. Il ne s’aime donc pas, celui qui s’aime de manière à fuir la vie !
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Re: Sanctoral
Le 29 juin
Saint Pierre et Saint Paul, apôtres
Saint Pierre et Saint Paul, apôtres
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
En ce temps-là : Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples, disant : Quel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ? Et le reste.
Homélie de saint Jérôme, Prêtre.
En ce temps-là : Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples, disant : Quel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ? Et le reste.
Homélie de saint Jérôme, Prêtre.
C’est avec justesse que le Sauveur demande : « Quel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ? » Ceux qui ne voient en lui rien de plus que le Fils de l’homme, sont en effet des hommes ; mais ceux qui reconnaissent sa divinité, sont appelés des dieux et non pas des hommes. « Les disciples répondirent : Les uns (disent que c’est) Jean-Baptiste ; d’autres, Élie » . Je m’étonne que certains interprètes se demandent la cause de ces erreurs, et cherchent à établir, par de longues discussions, pourquoi les uns ont pensé que notre Seigneur Jésus-Christ était Jean-Baptiste, les autres Élie, d’autres Jérémie ou quelqu’un des Prophètes, puisqu’ils ont pu se tromper en le prenant pour Élie et Jérémie, tout comme Hérode se trompa en le prenant pour Jean-Baptiste, quand il disait : « Ce Jean, à qui j’ai fait trancher la tête, est ressuscité d’entre les morts, et c’est pour cela que des miracles s’opèrent par lui » .
« Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Lecteur intelligent, fais attention, d’après la suite et le texte du discours, que les Apôtres ne sont point du tout appelés des hommes, mais des dieux ; car c’est après avoir dit : « Quel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ? » qu’il ajouta ceci : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Pendant que les autres, parce qu’ils sont des hommes, pensent de moi des choses tout humaines, vous qui êtes des dieux, qui croyez-vous que je suis ? Pierre, au nom de tous les Apôtres, fait cette profession de foi : « Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant » . Il dit Dieu vivant, à la différence de ces dieux qui passent pour des dieux, mais qui sont morts.
« Jésus, répondant, lui dit : Tu es heureux, Simon Bar-Jona » . Il paie de retour le témoignage que l’Apôtre a rendu de lui. Pierre avait dit : « Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant » . La confession de la vérité fut récompensée. « Tu es heureux, Simon Bar-Jona » . Pourquoi ? « Car ce n’est ni la chair ni le sang qui t’ont révélé ceci, mais mon Père ». Ce que la chair et le sang n’ont pu révéler, la grâce du Saint-Esprit l’a révélé. C’est donc par suite de sa profession de foi, qu’il reçoit un nom où se trouve exprimée la révélation du Saint-Esprit, et qu’il mérite même d’être appelé fils de cet Esprit ; car Bar-Jona se traduit dans notre langue par fils de la colombe.
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Re: Sanctoral
Le 30 juin
Commémoraison de Saint Paul.
Commémoraison de Saint Paul.
Du livre de saint Augustin, Évêque : De la grâce et du libre arbitre.
Que l’Apôtre Paul ait reçu sans aucun mérite, et malgré de nombreux démérites, la grâce du Dieu qui rend le bien pour le mal, nous en avons la certitude. Voyons comment il parle, un peu avant sa passion, en écrivant à Timothée. « Pour moi, dit-il, me voici à la veille d’être immolé, et l’heure de ma dissolution approche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » . Ces choses qui assurément lui sont des mérites, il les mentionne d’abord, pour en venir bientôt à la couronne qu’il espère obtenir en récompense de ses mérites, lui qui, malgré ses démérites, a obtenu la grâce. Aussi remarquez bien ce qu’il ajoute : « Il me reste la couronne de justice que le Seigneur, juste juge, doit me rendre en ce jour » . A qui ce juste juge rendrait-il la couronne, si le Père miséricordieux n’avait point donné sa grâce ? Et comment serait-ce une couronne de justice, si la grâce qui justifie le pécheur n’avait point précédé ? Comment pourrait-il y avoir des mérites à récompenser, si des grâces gratuites n’avaient pas été données auparavant ?
Considérant donc en l’Apôtre Paul ses mérites eux-mêmes, auxquels le juste juge rendra la couronne, voyons s’ils lui appartiennent comme étant de lui, c’est-à-dire, comme se les étant acquis de lui-même, ou bien s’il faut y reconnaître les dons de Dieu : « J’ai combattu le bon combat, dit-il, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » . Remarquons d’abord que ces bonnes œuvres seraient nulles, si de bonnes pensées ne les avaient précédées. II faut donc examiner ce qu’il dit des pensées elles-mêmes. Or voici comment il parle, en écrivant aux Corinthiens : « Non que nous soyons capables par nous-mêmes de produire, comme de nous, une seule pensée ; mais notre capacité vient de Dieu » Après cela, entrons dans le détail.
« J’ai combattu le bon combat » . Je demande par quelle force il a combattu. Est-ce par une force qu’il aurait eue de lui-même, ou par une force reçue d’en haut ? Mais loin de nous la pensée qu’un tel docteur ait ignoré la loi de Dieu, parlant ainsi dans le Deutéronome : « Ne dis pas dans ton cœur : C’est ma force et la puissance de mon bras qui m’a rendu capable de cette grande œuvre ; mais souviens-toi du Seigneur ton Dieu, parce que c’est lui qui te fortifie pour bien faire » . Mais que sert-il de bien combattre, si le combat n’est point suivi de la victoire ? Et qui rend victorieux, si ce n’est celui dont l’Apôtre dit lui-même : « Grâces à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ »
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Re: Sanctoral
Le 1er juillet
FÊTE DU TRÈS PRÉCIEUX SANG DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
FÊTE DU TRÈS PRÉCIEUX SANG DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
Sermon de saint Jean Chrysostome.
Veux-tu apprendre la vertu du sang du Christ ? Remontons à ce qui l’a figuré et rappelons-nous sa première image, en puisant aux récits de l’Écriture ancienne. C’était en Égypte, Dieu menaçait les Égyptiens d’une dixième plaie, il avait résolu de faire périr leurs premiers-nés, parce qu’ils retenaient son peuple premier-né. Mais afin que le peuple juif qu’il aimait ne risquât pas d’être frappé avec eux (car ils habitaient tous un même pays), le Seigneur lui indiqua un remède qui devait servir au discernement des Israélites et des Gentils. C’est un exemple admirable et propre à vous faire véritablement connaître la vertu du sang de Jésus-Christ. Les effets de la colère divine étaient attendus, et le messager de la mort allait de maison en maison. Que fait donc Moïse ? « Tuez, dit-il, un agneau d’un an, et de son sang, marquez vos portes » [23]. Que dis-tu, Moïse ? Le sang d’un agneau peut-il donc préserver l’homme doué de raison ? Certainement, nous répond-il ; non parce que c’est du sang, mais parce que le sang du Seigneur y est représenté.
Comme les statues des rois, inertes et muettes, protègent d’ordinaire les hommes doués d’une âme et de raison qui se réfugient près d’elles, non parce qu’elles sont d’airain, mais parce qu’elles sont l’image du prince ; ainsi ce sang privé de raison délivra des hommes ayant une âme, non parce que c’était du sang, mais parce qu’il annonçait pour l’avenir le sang du Christ. Et alors l’Ange destructeur, en voyant les portes teintes, passa plus loin et n’osa pas entrer. Si donc aujourd’hui, au lieu de voir des portes teintes du sang d’un agneau figuratif, l’ennemi voit les lèvres des fidèles, portes des temples de Jésus-Christ, reluire du sang de l’Agneau véritable, cet ennemi s’éloignera bien plus. Car si l’Ange se retira devant la figure, à combien plus forte raison l’ennemi sera-t-il saisi de frayeur s’il aperçoit la réalité elle-même ? Voulez-vous sonder encore une autre vertu de ce sang ? Je le veux bien. Voyez d’où il s’est d’abord répandu, et de quelle source il est sorti. C’est de la croix même qu’il commença à couler ; le côté du Seigneur fut sa source. Car, est-il dit, Jésus étant mort et encore suspendu à la croix, un soldat s’approche, lui frappe le côté avec sa lance, et il en sort de l’eau et du sang : l’une, symbole du baptême ; l’autre, du Sacrement. C’est pourquoi l’Évangile ne dit pas : Il en sortit du sang et de l’eau, mais de l’eau d’abord, et puis du sang ; parce que nous sommes d’abord lavés dans l’eau baptismale, et consacrés ensuite par le très saint Mystère [26]. Un soldat ouvre le côté, il fait une ouverture dans la muraille du temple saint. Et moi j’ai trouvé un trésor précieux, et je me félicite de découvrir de grandes richesses.
Ainsi a-t-il été fait de cet Agneau. Les Juifs ont tué l’Agneau, et moi j’ai connu le fruit du Sacrement. Du côté coulèrent le sang et l’eau. Je ne veux pas, mon auditeur, passer si rapidement sur les secrets d’un si grand mystère, car il me reste encore à vous dire des choses mystiques et profondes. J’ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des Mystères. D’eux, en effet, a été fondée l’Église, par la régénération du bain et la rénovation du Saint-Esprit : je dis par le baptême et les Mystères, qui paraissent être sortis du côté. De son côté donc le Christ a édifié l’Église, comme du côté d’Adam fut tirée Ève, son épouse. Saint Paul atteste aussi cette origine, lorsqu’il dit : « Nous sommes les membres de son corps, formés de ses os » , faisant allusion au côté du Christ. Oui, ainsi que Dieu fit la femme du côté d’Adam, de même le Christ nous donna de son côté l’eau et le sang, destinés à l’Église comme éléments réparateurs. –
A l’occasion du dix-neuvième centenaire de la rédemption du genre humain, le pape Pie XI a promulgué un jubilé solennel pour commémorer un bienfait si ineffable. Voulant multiplier les grâces du précieux sang par lequel nous avons été rachetés dans le sang du Christ, l’agneau sans tache, et recommander plus intensément son souvenir aux fidèles, le Souverain Pontife a élevé au rang de première classe la fête du Précieux Sang de notre Seigneur Jésus Christ, que l’Église célèbre tous les ans . (1)
Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : "Tout est consommé", et inclinant la tête il rendit l’esprit. Et le reste.
Homélie de saint Augustin, Évêque.
Homélie de saint Augustin, Évêque.
L’Évangéliste s’est servi d’une expression choisie à dessein, il ne dit pas : Il frappa son côté, ou : Il le blessa, ou, toute autre chose, mais : « Il ouvrit », pour nous apprendre qu’elle fut en quelque sorte ouverte au Calvaire, la porte de la vie d’où sont sortis les sacrements de l’Église, sans lesquels on ne peut avoir d’accès à la vie qui est la seule véritable vie. Ce sang qui a été répandu, a été versé pour la rémission des péchés ; cette eau vient se mêler pour nous au breuvage du salut ; elle est à la fois un bain qui purifie et une boisson rafraîchissante. Nous voyons une figure de ce mystère dans l’ordre donné à Noé d’ouvrir, sur un côté de l’arche, une porte par où pussent entrer les animaux qui devaient échapper au déluge et qui représentaient l’Église. C’est en vue de ce même mystère que la première femme a été faite d’une des côtes d’Adam pendant son sommeil, et qu’elle fut appelée vie et mère des vivants. Elle était la figure d’un grand bien, avant le grand mal de la prévarication. Nous voyons ici le second Adam s’endormir sur la croix, après avoir incliné la tête, pour qu’une épouse lui fût formée par ce sang et cette eau qui coulèrent de son côté pendant son sommeil. O mort qui devient pour les morts un principe de résurrection et de vie ! Quoi de plus pur que ce sang ? Quoi de plus salutaire que cette blessure ?
Les hommes servaient le démon et étaient ses esclaves, mais ils ont été rachetés de la captivité. Car ils ont pu se vendre, mais non se racheter. Le Rédempteur est venu et il a donné la rançon ; il a répandu son sang et il a racheté le monde entier. Vous demandez ce qu’il a acheté ? Voyez ce qu’il a donné et vous verrez ce qu’il a acheté. Le sang de Jésus-Christ est le prix. Que vaut-il, si ce n’est l’univers entier ? Que vaut-il, si ce n’est toutes les nations ? Ils sont très ingrats et n’apprécient pas son prix, ou sont démesurément superbes, ceux qui disent qu’il valait si peu qu’il n’a acheté que les Africains, ou qu’ils sont eux-mêmes si grands, que tout le prix leur a été consacré. Qu’ils ne s’élèvent pas, qu’ils ne s’enorgueillissent pas. Il a donné pour tous, tout ce qu’il a donné.
Il eut, lui, du sang au prix duquel il pouvait nous sauver ; et c’est pour ceci qu’il l’a pris ; afin que ce sang fût celui qu’il répandrait pour notre rédemption. Le sang du Seigneur, si vous le voulez, il est donné pour vous ; si vous ne voulez pas qu’il en soit ainsi, il n’est pas donné pour vous. Car vous dites peut-être : Mon Dieu eut du sang qui pouvait me sauver ; mais maintenant qu’il a souffert déjà, il l’a donné tout entier. Que lui en est-il resté, qu’il pût encore donner pour moi ? Mais voici ce qui est grand : c’est qu’il l’a donné une fois et qu’en même temps, il l’a donné pour tous. Le sang du Christ est le salut pour qui l’accepte et le supplice pour qui le refuse. Pourquoi donc hésitez-vous, vous qui ne voulez pas mourir et ne voulez-vous pas plutôt être délivré d’une seconde mort ? Et vous en êtes délivré si vous voulez porter votre croix et suivre le Seigneur ; car il a porté, lui, la sienne, et a cherché un serviteur.
1 Historique de la fête rajouté en 1934.
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Re: Sanctoral
Le 2 juillet
La Visitation
La Visitation
Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
En ce temps-là : Marie partit et s’en alla en hâte vers la montagne, en une ville de Juda. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. Et le reste.
Homélie de saint Ambroise, Évêque
Remarquons-le : la supériorité vient à l’infériorité pour lui être utile ; Marie se rend vers Élisabeth, le Christ va trouver Jean. C’est aussi pour sanctifier le baptême de Jean, que le Seigneur ira plus tard à ce baptême. Remarquons en outre que les bienfaits de la divine présence ne tardent pas à se manifester. Distinguez bien tout, et notez la signification propre de chacun des termes. Ce fut Élisabeth qui, la première, entendit la voix, suivant l’ordre de la nature ; mais Jean fut le premier à recevoir la grâce, d’après l’économie du mystère. Élisabeth s’est ressentie de l’approche de Marie, et Jean, de l’approche du Seigneur. Élisabeth et Marie s’entretiennent de la grâce ; les deux enfants la produisent en elles : mystérieux et premier office d’une piété filiale qui s’annonce par les biens procurés à leurs mères ; un double miracle fait qu’elles prophétisent l’une et l’autre sous l’inspiration de leurs enfants. Jean tressaillit. Élisabeth fut remplie de l’Esprit-Saint ; la mère n’est pas remplie avant son fils, mais le fils a été rempli d’abord, et ensuite il remplit sa mère.
« Et d’où me vient-il que la Mère de mon Seigneur me visite ? » Ce qui veut dire : Quel grand bien c’est pour moi, que la Mère de mon Seigneur me visite ! J’aperçois le miracle, je m’explique le mystère : celle qui est appelée ici la Mère du Seigneur a conçu le Verbe, elle est remplie de la divinité. « Or, Marie demeura trois mois avec Élisabeth, et s’en retourna dans sa maison » . L’Évangéliste a bien raison de nous présenter la sainte Vierge accomplissant un devoir de charité et observant, dans la durée de son séjour, un nombre consacré.
En effet, elle ne resta pas tout ce temps auprès d’Élisabeth uniquement pour jouir de son intimité : ce fut encore au profit d’un si grand Prophète. Car s’il y eut de prime abord un effet de grâce si prodigieux, qu’à la salutation de Marie, Jean tressaillit dans le sein de sa mère, et que celle-ci fut remplie de l’Esprit-Saint, combien, pensons-nous, que dans toute la durée de la visite, la présence de Marie y ait surajouté ? C’est ainsi que le Précurseur reçut l’onction du Saint-Esprit et fut exercé dans le sein de sa mère, comme un athlète vaillant. C’est ainsi que sa vigueur était préparée en vue des plus rudes combats.
http://deojuvante.forumactif.org/t659-la-visitation#8939
le même jour
Sts Processus et Martinien, martyrs
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:En ce jour où Satan voit pour la première fois reculer son infernale milice devant l’arche sainte, deux combattants de l’armée des élus font cortège à leur Reine. Députés vers Marie par Pierre lui-même en son Octave glorieuse, ils ont dû cet honneur à la foi qui leur fit reconnaître dans le condamné de Néron le chef du peuple de Dieu.
Le prince des Apôtres attendait son martyre au fond de la prison Mamertine, lorsque la miséricorde divine amena près de lui deux soldats romains, ceux-là mêmes dont les noms sont devenus inséparables du sien dans la mémoire de l’Église. L’un se nommait Processus, et l’autre Martinien. Ils furent frappés de la dignité de ce vieillard confié à leur garde pour quelques heures, et qui ne devait remonter à la lumière que pour périr sur un gibet. Pierre leur parla de la vie éternelle et du Fils de Dieu qui a aimé les hommes jusqu’à donner son sang pour leur rachat. Processus et Martinien reçurent d’un cœur docile cet enseignement inattendu, ils l’acceptèrent avec une foi simple, et demandèrent la grâce de la régénération. Mais l’eau manquait dans le cachot, et Pierre dut faire appel au pouvoir de commander à la nature que le Rédempteur avait confié à ses Apôtres, en les envoyant dans le monde. A la parole du vieillard, une fontaine jaillit du sol, et les deux soldats furent baptisés dans l’eau miraculeuse. La piété chrétienne vénère encore aujourd’hui cette fontaine, qui ne diminue ni ne déborde jamais. Processus et Martinien ne tardèrent pas à payer de leur vie l’honneur qu’ils avaient reçu d’être initiés à la foi chrétienne par le prince des Apôtres, et ils sont honorés entre les martyrs [1].
Leur culte remonte aussi haut que celui de Pierre même. A l’âge de la paix, une basilique s’éleva sur leur tombe. Saint Grégoire y prononça, en la solennité anniversaire de leurs combats, la trente-deuxième de ses Homélies sur l’Évangile ; le grand Pape rend témoignage aux miracles qui s’opéraient dans ce lieu sacré, et il célèbre en particulier le pouvoir que les deux saints martyrs ont de protéger leurs dévots clients au jour des justices du Seigneur [2]. Plus tard, saint Paschal Ier enrichit de leurs corps la basilique du prince des Apôtres. Ils occupent aujourd’hui la place d’honneur dans le bras gauche de la croix latine formée par l’immense édifice, et donnent leur nom à tout ce côté du transept où le concile du Vatican a tenu ses sessions immortelles ; il convenait que l’auguste assemblée poursuivît ses travaux sous le patronage des deux vaillants soldats, gardiens de Pierre et sa conquête aux jours de sa glorieuse confession. N’oublions point ces illustres protecteurs de l’Église. La fête de la Visitation, d’institution plus récente que la leur, ne l’a cependant point amoindrie ; si maintenant leur gloire se perd, pour ainsi dire, en celle de Notre-Dame, leur puissance n’a pu que s’accroître à ce rapprochement avec la douce souveraine de la terre et des deux.
[1] Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles.
[2] In Ev. Hom. XXXII, 7-9.
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Re: Sanctoral
Le 3 juillet
Saint Léon II, pape et confesseur
Saint Léon II, pape et confesseur
Leçons des Matines avant 1960 a écrit:Le souverain Pontife Léon II, Sicilien d’origine, était versé dans la science des saintes Écritures et des lettres profanes ; il possédait à fond les deux langues grecque et latine. Non moins habile dans le chant sacré, il perfectionna les mélodies des Psaumes et des Hymnes de l’Église. Il approuva et traduisit en latin les actes du sixième concile, tenu à Constantinople sous la présidence des légats du Siège apostolique, en présence de l’empereur Constantin, des deux Patriarches de Constantinople et d’Antioche, et de soixante-dix Évêques.
Dans ce concile furent condamnés Cyrus, Sergius et Pyrrhus, qui enseignaient qu’il n’y avait dans le Christ qu’une seule volonté et opération. Léon II brisa l’orgueil des Évêques de Ravenne, qui, forts de l’appui des exarques, n’obéissaient plus au Siège apostolique. C’est pourquoi il décréta que l’élection du clergé de Ravenne serait nulle, si elle n’était approuvée par l’autorité du Pontife romain.
Il fut vraiment le père des pauvres, car il ne soulageait pas seulement de son argent, mais de ses soins, de ses fatigues, de ses conseils, la misère et le délaissement des nécessiteux, des veuves et des orphelins. Son exemple et sa parole portaient tout le monde à une pieuse et sainte vie. Il s’endormit dans le Seigneur au onzième mois de son pontificat, le cinq des nones de juillet, l’année six cent quatre-vingt-trois, et fut enseveli dans la basilique de Saint-Pierre. Dans une ordination au mois de juin, il ordonna neuf Prêtres, trois Diacres et sacra vingt-trois Évêques pour divers lieux.
http://deojuvante.forumactif.org/t954-saint-leon-ii#13314
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Re: Sanctoral
Le 5 juillet
Saint Antoine-Marie Zaccaria, confesseur
Saint Antoine-Marie Zaccaria, confesseur
Leçons des Matines avant 1960 a écrit: Antoine-Marie Zaccaria, né de famille noble à Crémone dans le Milanais fit pressentir dès son enfance sa sainteté future. On vit en effet briller en lui de bonne heure les indices de vertus éminentes, de piété envers Dieu et la bienheureuse Vierge, d’une remarquable charité, surtout à l’égard des pauvres dont il soulagea plus d’une fois la misère, même en se dépouillant pour eux de ses riches vêtements. Après avoir fait ses humanités dans son pays natal, puis sa philosophie à Pavie, il se livra à l’étude de la médecine à Padoue ; et comme il se distinguait entre tous ses condisciples par l’intégrité de sa vie, il les surpassait facilement aussi par la pénétration de son esprit. Ayant conquis ses grades et regagné la maison paternelle, il y comprit, sur un avertissement de Dieu, qu’il était appelé à guérir les maladies des âmes, plutôt que celles des corps, et s’appliqua aussitôt avec le plus grand soin à l’acquisition des sciences sacrées, sans cesser néanmoins de visiter les malades, de donner l’instruction religieuse aux enfants, de réunir des jeunes gens pour cultiver en eux la piété et d’exhorter aussi les personnes avancées en âge à réformer leurs mœurs. Ordonné prêtre, il parut, dit-on, aux yeux du peuple émerveillé, entouré d’une lumière céleste et d’une couronne d’anges, la première fois qu’il offrit le saint Sacrifice. A partir de cette époque, il se mit à pourvoir, avec un zèle plus ardent encore, au salut des âmes et à combattre de toutes ses forces la dépravation des mœurs. Accueillant avec une tendresse paternelle les étrangers, les pauvres et les affligés, il les relevait et les consolait si bien par ses douces paroles et ses secours, que sa maison était regardée comme le refuge des malheureux et qu’il mérita d’être appelé par ses concitoyens le père et l’ange de la patrie.
Pensant que les intérêts chrétiens seraient servis avec plus de fruit s’il s’adjoignait des compagnons pour travailler avec lui à la vigne du Seigneur, il communiqua, dans la ville de Milan, son dessein à Barthélémy Ferrari et à Jacques Morigia, personnages d’une haute noblesse et d’une grande sainteté, et il jeta avec eux les fondements de l’Ordre des Clercs réguliers, qu’il nomma Clercs réguliers de saint Paul, à cause de son amour pour l’Apôtre des Gentils. Cette Société, approuvée par le souverain Pontife Clément VII et confirmée par Paul III, se répandit bientôt dans divers pays. Une Congrégation de saintes Religieuses, les Angéliques, eut également Antoine Marie pour fondateur et père. Lui, cependant, était si désireux de demeurer dans l’humilité et la dépendance, que jamais il ne voulut en aucune manière être à la tête de son Ordre. Si grande fut sa patience, qu’il essuya avec confiance et courage les tempêtes les plus terribles suscitées contre les siens ; si grande sa charité, que jamais il ne cessa d’enflammer d’amour de Dieu les cœurs des religieux par ses pieuses exhortations, de rappeler les prêtres à la vie apostolique, de fonder des associations de pères de famille pour les amener à une vie meilleure. Bien plus, cette charité le poussa quelquefois à parcourir avec les siens les rues et les places publiques, en faisant porter devant lui la croix, pour ramener dans la voie du salut, par la chaleur et la véhémence de ses exhortations, les âmes commençant à s’égarer ou déjà perverties.
Il faut rappeler encore qu’Antoine-Marie Zaccaria, brûlant d’amour pour Jésus crucifié, s’efforça de faire honorer par tous le mystère de la Croix, en réunissant à cet effet, chaque vendredi, vers le soir, le peuple fidèle, au son de la cloche. Le très saint nom du Christ revient à chaque instant dans ses écrits, comme il était toujours sur ses lèvres ; vrai disciple de saint Paul, il reproduisait en lui-même les tourments du Sauveur. Un attrait d’amour tout spécial le portrait vers la sainte Eucharistie ; on dit qu’il rétablit l’habitude de recevoir fréquemment la sainte communion et introduisit celle de faire des triduums d’adoration publique en l’honneur du Saint Sacrement, exposé sur un trône élevé. Il pratiqua avec un tel soin la chasteté et la modestie, qu’il donna même un témoignage de son amour pour la pudeur après sa mort, son corps inanimé paraissant pour cela reprendre la vie. A ces vertus vinrent s’ajouter des faveurs célestes, les extases, le don des larmes, la connaissance des événements futurs, le don de scruter les cœurs, une grande puissance contre l’ennemi du genre humain. Enfin, après avoir accompli partout de grands travaux, il tomba gravement malade à Quastallo, où il avait été appelé pour rétablir la paix. Ramené à Crémone, au milieu des larmes des siens et des embrassements de sa très pieuse mère, à laquelle il annonça qu’elle mourrait très prochainement, consolé par la vision céleste des Apôtres et prophétisant le progrès de son Ordre, il mourut très saintement à l’âge de trente-six ans, le troisième jour des nones de juillet de l’an mil cinq cent trente-neuf. Sa renommée d’éminente sainteté et ses nombreux miracles amenèrent aussitôt le peuple chrétien à honorer d’un culte particulier ce grand serviteur de Dieu ; et ce culte, le souverain Pontife Léon XIII l’a ratifié et confirmé, en inscrivant solennellement Antoine-Marie Zaccaria dans les fastes des Saints, le jour de la fête de l’Ascension de notre Seigneur, de l’année mil huit cent quatre-vingt-dix-sept. »
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Re: Sanctoral
Le 7 juillet
Saints Cyrille et Méthode, évêques et confesseurs
Saints Cyrille et Méthode, évêques et confesseurs
Leçons des Matines avant 1960 a écrit:De l’Encyclique du Pape Léon XIII
Cyrille et Méthode étaient frères. Nés à Thessalonique de très nobles parents, ils se rendirent de bonne heure à Constantinople pour étudier les arts libéraux dans cette capitale de l’Orient. L’un et l’autre firent de grands progrès en peu de temps ; Cyrille surtout acquit dans les sciences une telle réputation, qu’on lui décernait, par une considération singulière, le surnom de philosophe. Méthode commença à mener la vie monastique. De son côté, Cyrille s’attira tant d’estime, que l’impératrice Théodora, sur le conseil du Patriarche Ignace, lui confia la mission d’initier au christianisme les Khazares, qui habitaient au delà de la Chersonèse. Instruits par sa parole et touchés par la grâce de Dieu, ces peuples, délivrés d’une foule de superstitions, s’attachèrent bientôt à Jésus-Christ. Lorsque la nouvelle communauté de chrétiens fut parfaitement constituée, Cyrille se hâta de revenir à Constantinople pour se retirer au monastère de Polychrone, où Méthode se trouvait déjà. Mais pendant ce temps, la renommée faisait connaître à Ratislas, prince de Moravie, les succès obtenus au delà de la Chersonèse, et ce prince demanda quelques ouvriers évangéliques à Michel III, empereur de Constantinople. Cyrille et Méthode furent destinés à cette mission, et ce fut avec une grande joie qu’on les accueillit à leur arrivée en Moravie. Ils entreprirent avec tant d’énergie et d’activité de faire pénétrer dans les esprits les enseignements chrétiens, que bientôt la nation entière se donna volontiers à Jésus-Christ. Pour arriver à ce résultat, la connaissance de la langue slave, que Cyrille avait acquise auparavant, lui fut d’un grand secours ; comme aussi les saintes lettres de l’Ancien et du Nouveau Testament, qu’il traduisit dans l’idiome propre à ce peuple. Cyrille et Méthode sont en effet les inventeurs des caractères de la langue slave, et c’est à juste titre qu’on regarde ces deux Saints comme les auteurs de cette langue.
Le bruit de ces grandes actions se répandit promptement jusqu’à Rome, et le Pape saint Nicolas 1er ordonna aux deux illustres frères de se rendre en cette ville. Ils prirent le chemin de Rome, portant avec eux les reliques du Pape saint Clément 1er, que Cyrille avait découvertes en Chersonèse. A cette nouvelle, Adrien II, qui avait remplacé Nicolas récemment décédé, alla au-devant d’eux en grande pompe, accompagné du clergé et du peuple. Cyrille et Méthode rendirent compte au souverain Pontife, en présence du clergé, de la charge apostolique qu’ils avaient remplie si saintement et si laborieusement. Comme ils étaient accusés par des envieux de s’être servis de la langue slave dans l’accomplissement des saints Mystères, ils apportèrent pour se défendre des raisons si décisives et si lumineuses, qu’ils eurent l’approbation et les félicitations du Pape et de l’assistance. Tous deux s’étant alors engagés sous serment à persévérer dans la foi du bienheureux Pierre et des Pontifes romains, ils furent consacrés Évêques par Adrien. Mais la divine Providence avait décidé que Cyrille, plus mûr par la vertu que par l’âge, terminerait à Rome le cours de sa vie. Le corps du défunt, enlevé de sa demeure au milieu des témoignages d’un deuil public, fut déposé dans le tombeau qu’Adrien s’était fait construire à lui-même, puis transporté à la basilique de saint Clément et enseveli près des reliques de ce saint Pape. En portant ce corps à travers la Ville, au chant solennel des Psaumes, avec une pompe qui ressemblait plus à un triomphe qu’à des funérailles, le peuple romain sembla avoir décerné à cet homme très saint les prémices des honneurs célestes. Méthode, retourné en Moravie et s’y faisant de cœur le modèle du troupeau, s’appliqua de jour en jour avec plus de zèle à servir les intérêts catholiques. Bien plus, il affermit dans la foi chrétienne les Pannoniens, les Bulgares et les Dalmates, et travailla beaucoup à convertir les populations de Carinthie au culte du seul vrai Dieu.
Accusé, auprès de Jean VIII, successeur d’Adrien, d’avoir altéré la foi et changé les coutumes établies, il fut appelé à Rome pour se justifier devant le Pape, les Évêques et quelques membres du clergé romain. Méthode démontra facilement, et sa fidélité à conserver la foi catholique, et son zèle à l’enseigner aux autres ; quant à l’emploi de la langue slave dans les rites sacrés, il fit voir qu’il avait agi légitimement, pour de sérieux motifs et avec la permission du Pape Adrien, et que d’ailleurs rien dans les Écritures ne s’y opposait. C’est pourquoi le Pontife romain prit alors le parti de Méthode et ordonna de reconnaître son pouvoir archiépiscopal et sa délégation chez les Slaves ; il publia même une lettre à cet effet. De retour en Moravie, Méthode continua de remplir de plus en plus soigneusement la charge qui lui était confiée) et souffrit même l’exil de bon cœur à ce sujet. Il amena le prince des Bohèmes et son épouse à la foi, et répandit de tous côtés dans cette nation le nom chrétien. Ayant porté la lumière de l’Évangile en Pologne, et établi à Léopol un siège épiscopal, il pénétra, au rapport de quelques historiens, dans la Moscovie proprement dite, et fonda l’évêché de Kiev ; enfin il revint en Moravie parmi les siens, et là, sentant approcher la fin de sa carrière, il désigna lui-même son successeur. Ayant exhorté le clergé et le peuple à la vertu, par de suprêmes recommandations, il termina en grande paix cette vie qui avait été pour lui le chemin du ciel. La Moravie entoura ses funérailles des mêmes honneurs que Rome avait rendus à Cyrille. Le souverain Pontife Léon XIII a ordonné que leur Fête, depuis longtemps solennisée parmi les peuples slaves, serait célébrée annuellement dans l’Église universelle avec un Office et une Messe propres.
http://deojuvante.forumactif.org/t955-saints-cyrille-et-methode-eveques-et-confesseurs#13316
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Re: Sanctoral
Le 8 juillet
Sainte Elisabeth du Portugal
Sainte Elisabeth du Portugal
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:Après Marguerite d’Écosse et Clotilde de France, une autre souveraine éclaire de ses rayons le Cycle sacré. Sur la limite extrême qui sépare au midi la chrétienté de l’infidélité musulmane, l’Esprit-Saint veut affermir par elle dans la paix les conquêtes du Christ, et préparer d’autres victoires. Élisabeth est son nom : nom béni, qui, à l’heure où elle vient au monde, embaume depuis un demi-siècle déjà la terre de ses parfums ; présage que la nouvellement née, séduite par les roses qui s’échappent du manteau de sa tante de Thuringe, va faire éclore en Ibérie les mêmes fleurs du ciel.
Hérédité mystérieuse des saints ! En l’année même où notre Élisabeth naissait loin du berceau où la première avait ravi les cieux à son lever si doux et pacifié la terre, une autre nièce de celle-ci, la Bienheureuse Marguerite, partie de Hongrie, quittait la vallée d’exil. Vouée à Dieu dès le sein de sa mère pour le salut des siens au milieu de désastres sans nom, elle avait rempli les espérances qui de si bonne heure étaient venues reposer sur sa tête ; les Mongols refoulés d’Occident, les loups chassés à leur suite de l’antique Pannonie redevenue quelque temps un désert, la civilisation fleurissant à nouveau sur les bords du Danube et de la Theiss : tant de bienfaits furent les fruits des vingt-huit années de prière et d’innocence que Marguerite passa ici-bas, attendant l’heure où elle transmit à la sainte que nous fêtons présentement la mission de continuer sous d’autres cieux l’œuvre de ses devancières.
Il était temps que le Seigneur dirigeât sur l’Espagne un rayon de sa grâce. Le treizième siècle finissait, laissant le monde à la dislocation et à la ruine. Las de combattre pour le Christ et bannissant l’Église de leurs conseils, les rois se retranchaient dans un isolement égoïste, où le conflit des ambitions tendait chaque jour à remplacer l’aspiration commune de ce grand corps qui avait été la chrétienté. Désastreuse pour tout l’Occident, pareille tendance l’était plus encore en face du Maure, dans cette noble contrée où la croisade avait multiplié les royaumes en autant de postes avancés contre l’ennemi séculaire. L’unité de vues, sacrifiant tout à l’achèvement de la délivrance, pouvait seule, dans ces conditions, maintenir les successeurs de Pelage à la hauteur des illustres souvenirs qui les avaient précédés. Malheureusement il s’en fallut que ces princes, presque tous héros sur les champs de bataille, trouvassent toujours la force d’âme suffisante pour mettre au-dessus de mesquines rivalités le rôle sacré que leur confiait la Providence. Vainement alors le Pontife romain s’efforçait de ramener les esprits au sentiment des intérêts de la patrie et du nom chrétien ; les tristes passions de l’homme déchu étouffaient sa voix en des cœurs magnanimes par tant d’autres côtés, et le Croissant applaudissait aux luttes intestines qui retardaient sa défaite. Navarre, Castille, Aragon, Portugal, sans cesse aux prises, voyaient dans chaque royaume le fils armé contre le père, le frère disputant au frère par lambeaux l’héritage des aïeux.
Qui rappellerait l’Espagne aux traditions, encore récentes, grâce à Dieu, de son Ferdinand III ? Qui grouperait de nouveau les volontés discordantes en un faisceau terrible au Sarrasin et glorieux au Christ ? Jacques Ier d’Aragon, le digne émule de saint Ferdinand dans la valeur et la victoire, avait épousé Yolande, fille d’André de Hongrie ; le culte de la sainte duchesse de Thuringe, dont il était devenu le beau-frère, fleurit dès lors au delà des Pyrénées ; le nom d’Élisabeth, transformé le plus souvent en celui d’Isabelle, devint comme un joyau de famille dont aimèrent à s’orner les princesses des Espagnes. La première qui le porta fut la fille de Jacques et d’Yolande, mariée à Philippe III de France, successeur de notre saint Louis ; la seconde fut la petite-fille du même Jacques Ier, l’objet des hommages de l’Église en ce jour, et dont le vieux roi, par un pressentiment prophétique, aimait à dire qu’elle l’emporterait sur toutes les femmes sorties du sang d’Aragon.
Héritière des vertus comme du nom de la chère sainte Élisabeth, elle devait mériter en effet d’être appelée mère de la paix et de la patrie. Au prix d’héroïques renoncements et par la vertu toute-puissante de la prière, elle apaisa les lamentables dissensions des princes. Impuissante un jour à empêcher la rupture de la paix, on la vit se jeter sous une grêle de traits entre deux armées aux prises, et faire tomber des mains des soldats leurs armes fratricides. Ainsi prépara-t-elle, sans avoir la consolation de le voir de ses yeux, le retour à la grande lutte qui ne devait prendre fin qu’au siècle suivant, sous les auspices d’une autre Isabelle, digne d’être sa descendante et de joindre à son nom le beau titre de Catholique. Quatre ans après la mort de notre sainte, la victoire de Salado, remportée sur six cent mille infidèles par les guerriers confédérés de l’Espagne entière, montrait déjà au monde ce qu’une femme avait pu, malgré les circonstances les plus contraires, pour ramener son pays aux nobles journées de l’immortelle croisade qui fait sa gloire à jamais.
Urbain VIII, qui inscrivit Élisabeth au nombre des Saints, a composé en son honneur un Office propre entier.
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Re: Sanctoral
Le 10 juillet
Les 7 Frères et les Stes Rufine et Seconde, martyrs
Les 7 Frères et les Stes Rufine et Seconde, martyrs
Leçons des Matines avant 1960. a écrit: A Rome, pendant la persécution de Marc-Aurèle Antonin, sept frères, fils de sainte Félicité, furent mis à l’épreuve par le préfet Publius, qui eut recours à la flatterie, puis à d’effrayantes menaces pour les amener à renoncer au Christ, et à vénérer les faux dieux ; mais les Martyrs persévérèrent dans la profession de la vraie foi, grâce à leur propre courage et aux exhortations de leur mère, et subirent la mort de différentes façons. On déchira Janvier à coups de fouets garnis de plomb ; Félix et Philippe succombèrent à la bastonnade ; Silvain fut précipité d’un lieu très élevé ; Alexandre, Vital et Martial eurent la tête tranchée. Quatre mois après, leur mère obtint la même palme du martyre. Pour eux, ils rendirent leur âme au Seigneur le six des ides de juillet.
Les deux sœurs, Rufine et Seconde, vierges romaines, avaient été fiancées par leurs parents, l’une à Armentarius et l’autre à Vénirus. Elles refusèrent ces alliances pour garder la virginité qu’elles avaient vouée à Jésus-Christ, et furent arrêtées sous le règne de Valérien et de Gallien. Le préfet Junius ne pouvant leur faire abandonner leur résolution ni par les promesses ni par la crainte des châtiments, donna l’ordre que Rufine, la première, fût bat tue de verges ; pendant qu’on la frappait, Seconde interpella ainsi le juge : « Pourquoi réserver tout l’honneur à ma sœur, et à moi l’ignominie ? Commande que nous soyons frappées en même temps, puisque nous confessons également la divinité du Christ. » Irrité de ces paroles, le juge les fit jeter dans un cachot ténébreux et fétide : la prison s’étant aussitôt remplie d’une vive lumière et d’une suave odeur, on les renferma dans un bain d’eau bouillante d’où elles sortirent saines et sauves ; alors on leur attacha une pierre au cou et on les jeta dans le Tibre ; mais un Ange les délivra de ce nouveau péril. Enfin on leur trancha la tête en dehors de la Ville, au dixième mille sur la voie Aurélia. Leurs corps ensevelis par la matrone Plautilla dans l’une de ses terres, furent transférés plus tard dans la Ville, et déposés dans la basilique Constantinienne, près le baptistère.Sermon de saint Augustin, Évêque. Sermo 110 de diversis.
Mes frères, un grand spectacle a été offert aux yeux de notre foi. Notre oreille a entendu et notre âme a contemplé une mère qui, par des sentiments bien opposés aux vœux ordinaires de la nature, souhaite voir ses fils mourir avant elle. Tous les hommes veulent, en quittant ce monde, précéder leurs enfants, et non les suivre. Mais elle, elle a formé le souhait de mourir la dernière. C’est qu’elle ne perdait pas ses fils, elle ne faisait que les envoyer en avant, considérant, non point quelle vie finissait, mais quelle vie commençait pour eux. Car ils cessaient de vivre ici-bas, où ils devaient mourir un jour ou l’autre, et ils commençaient de vivre pour ne jamais cesser de vivre. Pour elle, c’est peu d’assister à leur mort : nous l’avons admirée les exhortant à mourir ; plus féconde en vertus qu’en enfants, en les voyant au combat, elle-même combattait avec eux tous ; en les voyant remporter la victoire, elle-même en eux tous était victorieuse.
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Re: Sanctoral
Le 11 juillet
Saint Pie Ier , Pape et martyr
Saint Pie Ier , Pape et martyr
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:Un saint Pape du second siècle, le premier de cette série de Pontifes que le nom de Pie a illustrés jusqu’à nos jours, projette sur nous sa douce et sereine lumière. Malgré la situation toujours précaire de la société chrétienne, en face d’édits de persécution que les meilleurs des princes païens n’abrogèrent jamais, il mit à profit la paix relative que valait à l’Église la modération personnelle d’Antonin le Pieux, pour affermir les assises de la tour mystérieuse élevée par le Pasteur céleste à la gloire du Seigneur Dieu [1]. Exerçant ses droits de suprême hiérarque, il établit que, nonobstant la pratique contraire suivie encore en divers lieux, la fête de Pâques serait désormais célébrée au dimanche par toutes les Églises. Bientôt la glorieuse mémoire de Victor, successeur de Pie à la fin de ce siècle, viendra nous rappeler l’importance de la mesure qu’il crut ainsi devoir prendre et le retentissement qu’elle eut dans l’Église entière.
L’ancienne Légende de saint Pie Ier, modifiée récemment, rappelait le décret attribué dans le Corps du droit à notre Pontife [2], touchant celui dont la négligence aurait laissé tomber quelque chose du Sang du Seigneur. Ces prescriptions traduisent bien le respect profond que le saint Pape voulait voir témoigner au Mystère de l’autel : la pénitence, y est-il ordonné, sera de quarante jours, si l’effusion du Sang précieux a lieu jusqu’à terre ; où que ce soit qu’il tombe, on devra le recueillir avec les lèvres s’il se peut, brûler la poussière et déposer la cendre en un lieu non profane.
Glorieux Pontife, nous nous souvenons de ces paroles écrites sous vos yeux, et qu’on dirait le commentaire du décret porté sous votre nom au sujet des Mystères sacrés : « C’est qu’en effet, » proclamait dès le milieu du second siècle à la face du monde Justin le Philosophe, « nous ne recevons pas comme un pain commun, comme un breuvage commun, cet aliment nommé chez nous Eucharistie ; mais de même que, fait chair par la parole de Dieu, Jésus-Christ notre Sauveur a eu et chair et sang pour notre salut, de même il nous a été appris que l’aliment fait Eucharistie par la prière formée de sa propre parole est et la chair et le sang de ce Jésus fait chair » [3]. A cette doctrine, aux mesures qu’elle justifie si amplement, d’autres témoins autorisés faisaient écho, sur la fin du même siècle, en des termes qu’on croirait eux aussi empruntés à la lettre même des prescriptions qui vous sont attribuées : « Nous souffrons anxieusement, si quoi que ce soit du calice ou du pain même qui est nôtre vient à tomber à terre, » disait Tertullien [4] ; et Origène en appelait aux habitués des Mystères divins pour dire « quels soins, quelle vénération, entouraient les dons sacrés de peur que ne s’en échappât la moindre parcelle, ce qui, provenu de négligence, eût été regardé comme un crime » [5]. Et maintenant l’hérésie, pauvre de science comme de foi, prétend de nos jours que l’Église a dévié des antiques traditions, en exagérant ses hommages au Sacrement divin ! Faites en effet, ô Pie, que nous revenions aux dispositions de nos pères : non dans leur foi, qui est toujours la nôtre ; mais dans la vénération et l’amour qu’ils puisaient en cette foi pour le calice enivrant [6], trésor de la terre. Puisse l’Agneau réunir dans la célébration d’une même Pâque, selon vos volontés, tous ceux qu’honore le nom de chrétiens !
1] Herm. Past.
[2] Cap. Si per negligentiam, 27. Dist. II de Consecratione.
[3] Apolog. I, 66.
[4] De corona, III.
[5] In Ex. Homil. XIII.
[6] Psalm. XXII, 5.
La secte qui ose prétende, avec sa parodie de messe et la distribution de la communion, par n'importe quel quidam et de n'importe quelle manière, que c'est un retour au source! Hypocrite.
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Re: Sanctoral
Le 12 juillet
Saint Jean Gualbert, abbé
Saint Jean Gualbert, abbé
Leçons des Matines avant 1960. a écrit: Jean Gualbert, né à Florence de parents nobles, obéissait à son père en suivant la carrière militaire, lorsque Hugues, son unique frère, fut tué par un de ses parents. Le vendredi saint, Jean, tout armé et escorté de soldats, rencontra le meurtrier, seul et sans armes, dans un lieu où ni l’un ni l’autre ne pouvaient s’éviter ; il lui fit grâce de la vie par respect pour la sainte croix, que l’homicide suppliant représentait en étendant les bras au moment où il allait subir la mort. Après avoir traité son ennemi en frère, Jean entra pour prier dans l’église voisine de San-Miniato, et pendant qu’il adorait l’image du Christ en croix, il la vit incliner la tête vers lui. Troublé par ce fait surnaturel, il quitta malgré son père, la carrière des armes, coupa sa chevelure de ses propres mains et revêtit l’habit monastique. Il se distingua bientôt en piété et en vertus religieuses, au point de servir à beaucoup d’autres d’exemple et de règle de perfection ; aussi l’Abbé du Monastère étant mort, fut-il choisi à l’unanimité comme supérieur. Mais aimant mieux obéir que commander, et réservé par la volonté divine pour de plus grandes choses, le serviteur de Dieu alla trouver Romuald, qui vivait au désert de Camaldoli, et apprit de lui une prédiction venue du ciel relative à son institut : c’est alors qu’il fonda son ordre, sous la règle de saint Benoît, dans la vallée de Vallombreuse.
Dans la suite, sa renommée de sainteté lui amena beaucoup de disciples. Il s’appliqua soigneusement et de concert avec ceux qui s’étaient associés à lui, à extirper les faux principes de l’hérésie et de la simonie ainsi qu’à propager la foi apostolique ; c’est pourquoi lui et les siens rencontrèrent des difficultés sans nombre. Pour le perdre, lui et ses disciples, ses adversaires envahirent soudain pendant la nuit le monastère de Saint-Salvien, incendièrent l’église, démolirent les bâtiments et blessèrent mortellement tous les moines, mais l’homme de Dieu rendit ceux-ci à la santé sur-le-champ, par un seul signe de croix. Il arriva aussi qu’un de ses religieux, du nom de Pierre, passa miraculeusement sans en éprouver aucune atteinte, au milieu d’un feu très étendu et très ardent ; Jean obtint ainsi pour lui-même et pour ses frères la tranquillité tant souhaitée. Il parvint en conséquence à bannir de l’Étrurie le fléau de la simonie et à ramener la foi à sa première intégrité dans toute l’Italie.
Il jeta les premiers fondements de nombreux monastères, et affermit par de saintes lois ces mêmes fondations et d’autres, dont il avait restauré les édifices et la régulière observance. Pour nourrir les pauvres, il vendit le mobilier sacré ; pour châtier les méchants, il trouva les éléments dociles ; pour réprimer les démons, la croix lui servit de glaive. Accablé par les abstinences, les veilles, les jeûnes, les prières, les mortifications de la chair et la vieillesse, Jean répétait souvent au cours de sa maladie ces paroles de David : « Mon âme a eu soif du Dieu fort et vivant : quand viendrai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » Sur le point de mourir, il convoqua ses disciples, les exhorta à l’union fraternelle, et fit écrire sur un billet, avec lequel il voulut qu’on l’ensevelît, les paroles suivantes : « Moi, Jean, je crois et je professe la foi que les saints Apôtres ont prêchée et que les saints Pères ont confirmée en quatre conciles. » Enfin, après avoir été honoré pendant trois jours de la présence des Anges, il s’en alla vers le Seigneur, âgé de soixante-dix-huit ans, l’an du salut mil soixante-treize, le quatre des ides de juillet. C’était à Passignano, où il est honoré avec la plus grande vénération. De nombreux miracles l’ayant illustré, Célestin III l’a mis au nombre des Saints.
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Mémoire de
Saint Nabor et Saint Félix, martyrs
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique a écrit:Les saints Nabor et Félix. — « A Milan, la mort des saints martyrs Nabor et Félix qui souffrirent au cours de la persécution de Maximien. Les saints étaient deux soldats chrétiens qui servaient dans les légions de l’empereur Maximien Hercule ; accusés de professer la foi des chrétiens, ils furent traduits devant les juges à Milan, et décapités à Lodi (Italie), en 303 ou 304. Les restes des saints martyrs furent déposés à Milan » (Martyrologe). Au XIIe siècle, lorsque l’empereur Frédéric Barberousse eut conquis Milan, il donna les corps des saints Nabor et Félix à l’archevêque de Cologne, Reinald. Celui-ci les fit aussitôt transporter à Cologne avec les corps des trois saints rois mages. Ils y sont encore conservés dans une magnifique chapelle de la cathédrale.
S. Ambrosii Exposit. in Luc. Lib. VII, 178 ; P. L., XV, col. 1836 : ‘Nos martyrs sont des grains de sénevé : Félix, Nabor et Victor. Ils avaient le parfum de la Foi mais ils étaient cachés. Vint la persécution, ils posèrent les armes et baissèrent leur cou devant le glaive qui les frappa, pour répandre dans le monde entier la grâce de leur martyre’.
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Re: Sanctoral
Le 13 juillet
Saint Anaclet, pape et martyr
Saint Anaclet, pape et martyr
Dom Guéranger, l’Année Liturgique a écrit:Le nom d’Anaclet nous apporte comme un dernier écho de la solennité du 29 juin. Linus, Clément, Cletus, successeurs immédiats de Pierre, avaient reçu de lui la consécration des Pontifes ; Anaclet eut cette gloire moindre, et cependant inestimable, d’être fait prêtre par le vicaire de l’Homme-Dieu. Tandis que les autres Pontifes martyrs qui viendront après lui ne verront pas généralement s’élever leurs fêtes au delà du rite simple, il doit le degré relativement supérieur de la sienne au privilège qui nous montre ainsi en lui le dernier des Papes honorés de l’imposition des mains du prince des Apôtres. Ce fut aussi durant le pontificat d’Anaclet que la Ville éternelle vit porter au comble ses illustrations par l’arrivée du disciple bien-aimé dans ses murs, où il venait dégager la promesse qu’il avait faite au Seigneur de prendre part un jour à son calice [1]. « Heureuse Église, s’écrie Tertullien, dans le sein de laquelle les Apôtres ont versé toute leur doctrine avec leur sang ; où Pierre a imité la Passion du Seigneur par la croix, où Paul a reçu comme Jean-Baptiste la couronne par le glaive, d’où Jean l’apôtre, sorti sain et sauf de l’huile bouillante, a été relégué dans une île » [2].
Par la vertu toute-puissante de l’Esprit de la Pentecôte, les progrès de la foi répondent dans Rome aux largesses du Seigneur. Peu à peu la Babylone ivre du sang des martyrs [3] va se trouver supplantée par la cité sainte. Déjà toutes les classes de la société comptent leurs représentants dans ce peuple né d’hier, qui a les promesses de l’avenir. Près de la chaudière embrasée où le prophète de Pathmos fait hommage du tribut de sa glorieuse confession à la nouvelle Jérusalem, deux consuls, deux représentants à la fois de l’ancien patriciat et de la noblesse plus récente issue des césars, Acilius Glabrio et Flavius Clemens se donnent la main sous le glaive du martyre. A l’exemple d’Anaclet ornant lui-même le tombeau du prince des Apôtres et pourvoyant à la sépulture des Pontifes, d’illustres familles ouvrent et développent sur toutes les voies aboutissant à la ville impériale les galeries des cimetières souterrains ; là déjà reposent nombreux les athlètes du Christ, victorieux dans leur sang ; et près d’eux, accompagnés de l’ancre du salut, dorment dans la paix les plus beaux noms de la terre.
Glorieux Pontife, votre mémoire se rattache de si près à celle de Pierre, qu’aux yeux de plusieurs vous seriez, sous un nom un peu différent, l’un des trois augustes personnages élevés par le prince des Apôtres au rang suprême de la hiérarchie. Pour vous distinguer de Clétus, qui parut en avril au Cycle sacré, il nous suffit pourtant et de cette autorité de la sainte Liturgie vous consacrant une fête spéciale, et du témoignage constant de Rome même qui sait mieux que personne à coup sûr les noms et l’histoire de ses Pontifes. Heureux êtes-vous de vous perdre ainsi dans les fondations sur lesquelles reposent jusqu’à nos temps et pour jamais la force et la beauté de l’Église ! Faites-nous aimer la place qui est nôtre dans l’édifice sacré. Recevez l’hommage reconnaissant de toutes les pierres vivantes appelées à composer le temple éternel, et qui s’appuieront sur vous dans les siècles sans fin.
[1] Matth. XX, 22.
[2] De praescript. XXXVI.
[3] Apoc. XVII, 6.
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gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
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