DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
2 participants
Page 7 sur 13
Page 7 sur 13 • 1, 2, 3 ... 6, 7, 8 ... 11, 12, 13
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X. L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE III. TROIS HYPOTHÈSES SUR L'ORIGINE DE L’ÂME.
5. Quant à la troisième hypothèse, il est bien difficile de la concilier avec le principe incontestable que l'homme fut créé, le sixième jour, à l’image de Dieu, et ne reçut qu'après le sixième jour une forme visible. Prétendre que Dieu crée des âmes nouvelles sans les avoir créées le sixième jour, soit en elles-mêmes, soit dans un principe qui les contient au même titre que le père renferme son fils, et sans les avoir faites conjointement avec ses œuvres à la fois inachevées et complétés dont il se reposa le septième jour; c'est rendre inutile le soin minutieux avec lequel l'Ecriture nous apprend que Dieu acheva toutes ses œuvres le sixième jour et les trouva excellentes, car c'est supposer qu'il devait après cette époque créer des substances sans les avoir formées primitivement en elles-mêmes ou dans leurs causes.
Voudrait-on dire que Dieu garde en lui-même le principe selon lequel il crée au moment de la conception chaque âme en particulier au lieu de l'avoir établi dans la créature ? Mais comme l'âme aujourd'hui est de la même espèce que celle qui fut donnée à l'homme le sixième jour et lui valut sa ressemblance avec Dieu, on ne saurait dire que Dieu crée aujourd'hui une âme qu'il n'aurait point alors achevée. A ce moment, en effet, il avait créé l'âme telle qu'il la crée encore aujourd'hui: par conséquent il ne crée pas aujourd'hui une espèce nouvelle, sans rapport avec les œuvres qu'il acheva primitivement. Loin donc de s'accomplir en dehors des causes que contiennent les êtres futurs et qui ont été déposées dans l'univers, l'opération divine n'en est que le développement; les corps humains n'étant qu'une propagation à travers les siècles d'une cause primitive, c'est en vertu d'une loi analogue que doivent s'y associer les âmes, telles que Dieu les crée et les unit aux organes.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE III. TROIS HYPOTHÈSES SUR L'ORIGINE DE L’ÂME.
6. Nous pouvons maintenant, sans craindre de contredire l'Ecriture sur la création primitive, faire ressortir la probabilité plus ou moins grande d'une de ces trois hypothèses; entrons donc dans la question en lui donnant, avec l'aide de Dieu, tout le développement qu'elle comporte. Si nous ne pouvons arriver à ce degré d'évidence qui exclut le doute, tâchons au moins de nous former une opinion qu'on puisse adopter en attendant la pleine lumière, sans tomber dans l'absurdité. Si nous ne pouvons atteindre ce modeste résultat, si les arguments se balancent et se détruisent, nous prouverons, en restant dans le doute, que nous n'évitons pas les recherches laborieuses mais les affirmations inconsidérées. De la sorte, celui qui posséderait la vérité, daignera nous la communiquer: quant à ceux dont l'assurance tient de la présomption plus qu'elle n'est fondée sur l'autorité de l'Ecriture ou sur l'évidence du raisonnement, ils ne dédaigneront pas de partager nos doutes.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE IV. DE QUELQUES PRINCIPES INCONTESTABLES
À PROPOS DE LA NATURE ET DE L'ORIGINE DE L’ÂME.
7. Tout d'abord, tenons pour certain que l'âme ne peut ni se changer en corps et devenir matérielle, ni dégénérer en âme déraisonnable et s'identifier avec celle des bêtes, ni enfin se confondre avec la substance divine, et qu'également ni le corps ni l'âme des bêtes ni la nature divine ne peuvent se transformer et devenir âme humaine. Un point aussi incontestable, c'est que l'âme humaine n'est et ne peut être qu'une création de Dieu. Or, si Dieu ne l'a fait sortir ni de la matière, ni d'une âme sans raison, ni de sa propre substance, la question se réduit à savoir s'il l'a tirée du néant ou d'une substance spirituelle et intelligente. Qu'il la fasse de rien, après avoir achevé les œuvres où il créa tout à la fois, c'est une thèse qu'il serait par trop fort de vouloir démontrer, et s'il existe des preuves sérieuses en faveur de cette opinion, je ne les connais pas. Qu'on ne vienne pas nous imposer des idées que l'homme ne peut comprendre; le pourrait-il, je m'étonnerais fort qu'on pût les communiquer à d'autres esprits qu'à ceux qui par leurs propres forces et sans avoir besoin des lumières d'autrui sont capables de les concevoir. En de telles matières il est plus sûr de laisser de côté les opinions humaines et de se borner à peser attentivement le sens des témoignages divins.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE V. L’ÂME N'EST UNE ÉMANATION NI DES
ANGES, NI DES ÉLÉMENTS, NI DE LA SUBSTANCE DIVINE.
8. L'opinion d'après laquelle Dieu donnerait les anges pour principe et comme pour pères aux âmes, ne s'appuie sur aucun témoignage des Livres canoniques: du moins je ne le connais pas. A plus forte raison ne sauraient-elles sortir des éléments matériels. On sera peut-être embarrassé par le passage du prophète Ézéchiel annonçant la résurrection des morts, qui fait venir l'esprit des quatre vents du ciel, afin qu'il les vivifie par son souffle et les ressuscite. Voici ce passage: "Le Seigneur me dit: Prophétise et adresse-toi à l'Esprit. Prophétise, fils de l'homme et dis à l'Esprit: Viens des quatre vents, souffle sur ces morts et qu'ils revivent. Je prophétisai donc, comme le Seigneur me l'avait commandé, et l'Esprit entra en eux, et ils reprirent la vie, et ils se tinrent sur leurs pieds et ils formaient une troupe considérable (1)."
Ces paroles cachent selon moi une prophétie et nous révèlent que les hommes ressusciteront non seulement dans la campagne où s'est montrée la vision, mais encore dans le monde entier, désigné par les vents qui soufflent des quatre coins de l'univers. N'allons pas voir en effet la substance même de l'Esprit-Saint dans le souffle que Notre-Seigneur tira de son corps pour le répandre sur ses disciples, quand il leur dit: "Recevez l'Esprit-Saint (2)," non; Jésus-Christ révèle que le Saint-Esprit procède de lui comme le souffle procède de son corps. Mais le monde n'étant point uni à Dieu hypostatiquement, comme le corps de Jésus-Christ l'est au Verbe, Fils unique de Dieu, nous ne saurions dire que l'âme sort de la substance divine, au même titre que le souffle, qui part des quatre coins de l'univers, est formé de ses éléments. A mes yeux, ce souffle était une réalité et un symbole, comme on peut très bien le concevoir par le souffle que le Seigneur tire de son corps, et lors même que le prophète aurait moins exposé la résurrection de la chair, telle qu'elle doit un jour s'accomplir, qu'il n'aurait révélé par une allégorie le rétablissement inespéré d'un peuple détruit en apparence, par la vertu de l'Esprit qui a rempli l'univers (3).
1. Ézéchiel XXXVII, 9-10.
2. Jean XX, 22.
3. Sagesse I, 7.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VI. TEXTES DE L'ÉCRITURE QUI PEUVENT S'ENTENDRE
DE LA CRÉATION SUCCESSIVE ET DE LA TRANSMISSION DES ÂMES.
9. Voyons maintenant en faveur de quelle hypothèse l'Écriture fait pencher la balance: en d'autres termes est-il plus conforme à l'Écriture que Dieu ait créé et donné au premier homme une âme destinée à produire toutes les autres, par une loi analogue à celle qui devait faire sortir du corps d'Adam le corps de tous les hommes, ou que Dieu crée successivement les âmes comme il en a créé une pour le premier homme, sans que celle-ci ait servi de principe générateur aux autres ? Le passage d'Isaïe: "C'est moi qui ai créé tout souffle (4)," tout en s'appliquant à l'âme, comme on le voit clairement par le contexte, s'explique dans les deux hypothèses. En effet, que Dieu tire les âmes de l'âme du premier homme, ou qu'il les crée d'après une loi qu'il s'est réservé d'appliquer, il est toujours et absolument le créateur des âmes.
4. Isaïe LVII, 18.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première
fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VI. TEXTES DE L'ÉCRITURE QUI PEUVENT S'ENTENDRE
DE LA CRÉATION SUCCESSIVE ET DE LA TRANSMISSION DES ÂMES.
10. Ces paroles du Psalmiste: "Il a formé le cœur de chacun d'eux (1), " à prendre le coeur pour une expression qui désigne l'âme, se concilient également bien avec l'une ou l'autre des deux hypothèses que nous discutons. Dieu, en effet, forme chaque âme soit qu'il la tire de celle qu'il souffla sur la face du premier homme, de la même manière qu'il forme chaque corps, soit qu'il les façonne et les envoie dans chaque corps, ou même qu'il les façonne dans le corps même où il les a envoyées. A mon sens toutefois, ces paroles ne s'appliquent qu'à la régénération qui s'accomplit chez l'âme par la vertu de la grâce et y renouvelle l'image de Dieu. "C'est la grâce, dit l'Apôtre, qui vous a sauvés par la foi. Cela ne vient pas de vous, c'est un pur don de Dieu, et non le fruit de vos œuvres, de sorte que l'homme ne peut s'en rapporter la gloire. En effet, nous sommes son œuvre, créés en Jésus Christ, pour opérer de bonnes œuvres (2)." Il ne faudrait pas voir dans cette grâce de la création une formation matérielle; il faut l'entendre d'après ces paroles du Psalmiste: "O Dieu, créez en moi un cœur pur (3)."
1. Psaume. XXXII,15.
2. Ephésiens II, 8-10.
3. Psaume L,12.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première
fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VI. TEXTES DE L'ÉCRITURE QUI PEUVENT S'ENTENDRE
DE LA CRÉATION SUCCESSIVE ET DE LA TRANSMISSION DES ÂMES.
11. J'expliquerai encore de la même manière le passage où il est dit que Dieu façonna l'esprit de l'homme au-dedans de lui (4). L'acte par lequel Dieu crée l'âme et l'envoie dans le corps y semble distinct de l'acte par lequel il la crée dans l'homme lui-même, c'est-à-dire la renouvelle. Mais supposons qu'il soit ici question de l'origine de l'homme et non de sa régénération par la grâce: ce texte peut s'expliquer dans les deux opinions. Dieu en effet peut tirer de l'âme unique du premier homme le germe de l'âme, pour ainsi dire, et le façonner au-dedans de l'homme afin de vivifier son corps; il peut encore répandre l'esprit de vie dans le corps par une autre voie que la transmission, et le façonner dans cette organisation mortelle, pour faire de l'homme une âme vivante.
4. Zacharie XII,1.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VII. D'UN PASSAGE DE LA SAGESSE: À QUELLE HYPOTHÈSE EST-IL FAVORABLE ?
12. Voici un texte du livre de la Sagesse qui demande un examen plus attentif: "J'ai reçu une âme bonne, et devenant meilleur, je m'unis à un corps pur (1)." Ce texte, en effet, semble être favorable, non à l'hypothèse selon laquelle toutes les âmes sortiraient d'une seule par propagation, mais à celle qui fait descendre les âmes d'en-haut pour s'associer à un corps. "J'avais reçu une âme bonne," qu'est-ce à dire ? Il semblerait que dans le principe où les âmes sont renfermées, si toutefois ce principe existe, les unes sont bonnes, les autres non, et qu'elles en sortent selon la destinée imposée à chaque homme, ou que Dieu, au moment de la conception, de la naissance même, en crée de bonnes et de mauvaises qui se repartissent au hasard.
Il serait par trop étrange que ce texte fût favorable aux partisans de la création successive des âmes plutôt qu'à ceux qui prétendent que les âmes sont envoyées dans tel ou tel corps selon les mérites qu'elles ont acquis dans une vie antérieure. Quelle autre raison que celle des bonnes œuvres pourrait expliquer l'arrivée d'une âme bonne ou mauvaise dans le corps d'un homme ? Elles ne peuvent être telles assurément dans l'essence qu'elles tiennent de Celui qui a créé toutes les substances elles a créées excellentes. Mais loin de moi la pensée de contredire l'Apôtre qui nous révèle que les enfants de Rebecca, étant encore dans son sein, n'avaient fait ni bien ni mal avant leur naissance, et qui prouve par là que cette prédiction: "L'aîné sera assujetti au plus jeune," n'avait aucun rapport à leurs œuvres, mais à la volonté de celui qui appelle (2). Oublions donc un moment ce passage du livre de la Sagesse; car, il faut aussi tenir compte de l'opinion vraie ou fausse d'après laquelle ces paroles concernent uniquement l'âme du Christ, Médiateur entre Dieu et les hommes. S'il le faut, nous examinerons plus bas quel est le sens de ce texte, à supposer qu'il ne s'applique pas à Jésus-Christ, de peur de contredire un dogme enseigné par l'Apôtre, en croyant que les âmes acquièrent des mérites personnels, avant de vivre unies à un corps.
1. Sagesse VIII, 19-20.
2. Romains IX, 10-13.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VIII. D'UN PASSAGE DU PSALMISTE:
QU'IL NE CONTRARIE AUCUNE DE CES HYPOTHÈSES.
13. Examinons maintenant cet autre passage: "Vous retirerez leur souffle, elles détailleront dans leur poussière. Vous renverrez votre souffle, elles seront créées et vous renouvellerez la face de la terre (1)." Ces paroles semblent offrir un sens favorable à ceux qui pensent que les parents produisent l'âme aussi bien que le corps de leurs enfants. Le Psalmiste en disant "leur souffle" propre, indique une transmission d'homme à homme. Mais les hommes ne sauraient rendre le souffle aux morts pour les ressusciter, parce que loin de le recevoir d'une âme humaine comme au moment de la naissance, on le recouvre par la puissance du Dieu "qui ressuscite les morts. (2)"
Voilà pourquoi le Psalmiste dit à la fois le souffle des hommes et le souffle de Dieu: le souffle des hommes quand ils meurent, le souffle de Dieu quand ils ressuscitent. D'autre part ceux qui prétendent que les âmes ne sont point transmises par les parents, mais que Dieu les envoie, peuvent concilier ce texte avec leur opinion, en disant que le souffle est propre à l'homme quand il meurt, en ce sens qu'il était en lui et qu'il en sort; et qu'il appartient à Dieu au moment de la résurrection, parce qu'il rend l'âme qu'il avait envoyée au moment de la naissance. Ainsi ce témoignage ne contredit aucune des deux hypothèses.
1. Psaume CIII, 29-30.
2. II Macchabées VII, 23.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE VIII. D'UN PASSAGE DU PSALMISTE :
QU'IL NE CONTRARIE AUCUNE DE CES HYPOTHÈSES.
14. A mon sens, ce texte s'entendrait mieux de la grâce divine qui nous renouvelle intérieurement. L'orgueilleux qui vivait d'après les instincts de l'homme terrestre et qui rapportait tout à sa vanité, voit se retirer en quelque sorte son souffle propre, lorsqu'il se dépouille du vieil homme, qu'il s'abaisse, afin de bannir l'orgueil pour devenir parfait, et qu'il dit au Seigneur avec un humble aveu: "Souvenez-vous que je suis poussière (3),"après avoir entendu cet avis de l'Ecriture: "Pourquoi la cendre et la poussière s'enorgueillit-elle ? Contemplant avec les yeux de la foi la justice de Dieu , pour ne plus chercher à établir la justice de ses œuvres, (4)" il se méprise comme dit Job, se dessèche et ne voit en lui que cendre et poussière, et c'est ainsi "qu'il rentre dans sa poussière." Mais quand il a reçu l'esprit de Dieu, il s'écrie: "Ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi, (5)" et c'est ainsi que la grâce du nouveau Testament "renouvelle la face de la terre" et multiplie les saints.
3. Psaume CII, 14.
4. Romains X, 3.
5. Galates II, 20.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italique ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE IX. D'UN PASSAGE DE L'ECCLÉSIASTE:
QU'IL S'APPLIQUE INDIFFÉREMMENT AUX DEUX HYPOTHÈSES.
15. Quant à ce passage de l'Ecclésiaste: "Que la poudre retourne dans la terre; comme elle y avait été, et que l'esprit retourne à Dieu, qui l’a donné (1)," loin de favoriser une hypothèse aux dépens de l'autre, il s'applique indifféremment au deux. Ce texte, diront les uns, prouve bien que l'âme, loin d'émaner des parents, est donnée par Dieu; car, tandis que la poussière, c'est-à-dire la chair qui en a été faite, rentrera dans la poussière, l'esprit retournera à Dieu qui l'avait donné. Oui sans doute, répondront les autres, l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné au premier homme quand il souffla sur sa face (2), et la poussière, en d'autre termes, le corps humain rentrera dans la terre dont elle est venue primitivement (3). L'âme ne doit point retourner aux parents, bien qu'elle en sorte par une transmission qui remonte jusqu'au premier homme, au même que titre la chair ne retourne point après la mort aux parents, dont elle est un produit manifeste. Par conséquent, de même que la chair rentre, non dans les corps dont elle s'est formée, mais dans la terre dont elle est sortie pour composer le corps du premier homme; de même l'esprit ne retourne point aux hommes qui l'ont transmis, mais à Dieu qui l'avait uni à la chair du premier homme.
1. Ecclésiaste XII, 7.
2. Genèse II, 7.
3. Genèse III, 19.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques ajoutés.
à suivre…
Dernière édition par ROBERT. le Sam 14 Déc 2013, 4:38 pm, édité 1 fois (Raison : mise en forme)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE IX. D'UN PASSAGE DE L'ECCLÉSIASTE:
QU'IL S'APPLIQUE INDIFFÉREMMENT AUX DEUX HYPOTHÈSES.
16. Ce texte sert du moins à nous rappeler que Dieu a tiré l'âme qu'il donna au premier homme du néant, et non de quelque être préexistant, comme il tira le corps de la terre: par conséquent l'âme ne peut revenir qu'à celui là même qui l'a donnée; n'ayant point été formée d'une créature, elle n'y saurait rentrer comme le corps rentre dans la terre. Or elle n'a été formée d'aucun être, puisqu'elle a été faite de rien. C'est donc à son Créateur, à celui qui l'a faite de rien, qu'elle se rend, du moins quand elle accomplit son retour. Toutes en effet ne l'accomplissent pas, parce qu'il y a "des esprits qui passent, comme dit l'Ecriture, et qui ne reviennent point (4)."
4. Psaume LXXVII, 30.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE X. IL EST DIFFICILE DE RÉSOUDRE LA QUESTION DE
L'ORIGINE DE L’ÂME AVEC LES TEXTES DE L'ÉCRITURE SAINTE.
17. Il est donc bien difficile de rassembler sur cette question des passages décisifs. On peut sans doute recueillir des textes, les citer, leur donner même de longs développements; mais si on ne peut en déduire des vérités aussi incontestables que la création de l'âme par Dieu, et le don qu'il y en a fait au premier homme, je ne vois plus comment on pourrait trouver dans les témoignages de l'Écriture la solution du problème. S'il avait été écrit que Dieu souffla également sur la face de la femme, après l'avoir formée, et qu'elle devint ainsi une âme vivante, ce serait pour lui un rayon de lumière, et nous pourrions croire que l'âme associée aux organes n'est point une émanation de l'âme des parents.
Toutefois il resterait encore à savoir ce qu'on devrait penser de la génération, acte d'après lequel l'homme sort d'un autre homme. Car la première femme ne se forma point par cette voie, et à ce titre, on pourrait dire que l'âme qu'elle reçut de Dieu ne fut point une émanation de celle d'Adam, puisqu'elle n'en sortit point comme un enfant de son père. Si seulement l'Écriture nous avait révélé que le premier enfant d'Adam et d'Ève reçut son âme, non par propagation, mais par un don d'en-haut, c'est alors qu'on aurait pu induire la même chose pour toutes les âmes, malgré le silence des livres saints.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XI. DU PASSAGE DE SAINT PAUL RELATIF
AU PÉCHÉ ORIGINEL, ET DU BAPTÊME DES ENFANTS.
18. Examinons encore un passage de l'Apôtre et voyons si, sans contredire ces hypothèses, il se concilie également avec chacune d'elles;. voici ce passage: "Un seul homme a introduit le péché dans le monde et par le péché la mort, qui a ensuite passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui;" et un peu plus bas: "De même donc que par le péché d'un seul, tous les hommes sont tombés dans la condamnation de la mort, ainsi par la justice d'un seul tous ont reçu la justification de la vie. Car de même que par la désobéissance d'un seul, beaucoup ont été faits pécheurs, ainsi par l'obéissance d'un seul beaucoup deviendront justes (1)."
C'est sur ce passage de l'Apôtre que les partisans de l'hypothèse de la propagation des âmes cherchent à édifier leur système. S'il n'y que la chair, disent-ils, pour avoir péché et pour rendre pécheur, ces paroles n'entraînent pas rigoureusement pour conséquence que les âmes des parents produisent celles des enfants: mais si l'âme seule pèche, quelque amorce que lui jette la chair, comment admettre "que tous aient péché en Adam," sans reconnaître que leur âme, comme leur corps, soit issue d'Adam ? Comment seraient-ils devenus pécheurs par la désobéissance d'un seul, si leur âme comme leur corps n'avait point péché en lui ?
1. Romains V, 12;18-19.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XI. DU PASSAGE DE SAINT PAUL RELATIF
AU PÉCHÉ ORIGINEL, ET DU BAPTÊME DES ENFANTS.
19. Prenons garde en effet de faire de Dieu l'auteur du péché, en supposant qu'il associe l'âme à un corps qui la condamne à pécher, ou bien d'admettre qu'indépendamment de Jésus-Christ, le seul qui n'ait point péché en Adam, d'autres âmes peuvent s'affranchir du péché originel sans le concours de la grâce, en reconnaissant que le péché originel est relatif au corps qu'on tient d'Adam, et non à l'âme. Cette dernière opinion est si opposée à la foi catholique, que les parents s'empressent de faire recevoir à leurs enfant nouveau-nés la grâce du saint Baptême.
Or, si le baptême affranchit du péché originel en ce qui touche le corps, sans purifier l'âme, on pourrait se demander avec raison quel malheur il résulterait pour les âmes de sortir du corps avant le baptême, dans un âge si tendre. La vertu de ce sacrement ne s'étend-elle qu'à la chair, sans produire aucun effet sur l'âme ? Il faudrait alors baptiser jusqu'aux morts. Mais, comme nous voyons par la pratique constante de l'Eglise, qu'on se précipite au secours de ceux qui vivent encore, dans la crainte de rencontrer un cadavre pour lequel il n'y aurait plus rien à faire, il faut bien en conclure, à mon sens, qu'il n'y a point de nouveau-né qui ne soit un Adam, en corps et en âme, et qui n'ait besoin de la grâce de Jésus-Christ. En effet, cet âge est incapable par lui-même de faire le bien et le mal, et l'âme serait en ce moment innocente et pure, si elle ne sortait d'une tige corrompue. Que les partisans de l'opinion contraire démontrent qu'une telle âme subit une juste condamnation, quand elle quitte le corps avant le baptême; ils auront accompli un prodige de logique.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XII. LA CONCUPISCENCE DE LA CHAIR
TIENT À L’ÂME ET À LA CHAIR TOUT ENSEMBLE.
20. La Vérité même se fait entendre dans ces paroles: "La chair convoite contre l'esprit, et l'esprit contre la chair (1);" toutefois, s'il est un point incontestable pour le savant comme pour l'ignorant, c'est que la chair ne pourrait sans l'âme éprouver aucune convoitise. Le principe de la concupiscence charnelle ne réside donc pas exclusivement dans l'âme, à plus forte raison dans la chair: il suppose l'âme et la chair; l'âme, sans laquelle aucun plaisir ne serait perçu; la chair, sans laquelle aucune volupté sensuelle n'existerait. Lors donc que l'Apôtre nous parle de la chair qui convoite contre l'esprit, il entend sans aucun doute les plaisirs que la chair provoque dans l'âme et lui fait goûter de concert avec elle, à l'encontre des plaisirs purement spirituels.
Par exemple, l'esprit éprouve un désir sans aucun mélange de volupté ou de passions sensuelles, "quand l'âme soupire ardemment et se sent défaillir après les parvis du Seigneur (2)." C'est un plaisir également spirituel qu'on propose à l'âme, en disant: "Tu as désiré la sagesse; garde le commandement et le Seigneur te la donne [/i](3)." Quand l'esprit commande aux organes et les fait docilement concourir à un désir qui n'enflamme que lui, par exemple, quand on prend un livre, quand on s'occupe à lire, à écrire, à engager ou à suivre une discussion; quand on donne un morceau de pain à un pauvre affamé, bref, quand on remplit les autres devoirs de miséricorde et de charité, la chair se montre obéissante sans irriter la concupiscence. Mais ces nobles plaisirs dont l'âme seule est capable entrent-ils en lutte avec les plaisirs que la chair fait sentir à l'âme ? Alors il est vrai de dire que la chair convoite, s'élève contre l'esprit et l'esprit contre la chair.
1. Galates V, 17.
2. Psaume LXXXIII, 9.
3. Ecclésiastique I, 33.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première
fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XII. LA CONCUPISCENCE DE LA
CHAIR TIENT À L’ÂME ET À LA CHAIR TOUT ENSEMBLE.
21. Le mot chair dans ce passage n'est que l'âme agissant conformément aux suggestions de la chair, d'après l’analogie qui fait dire que l'oreille entend ou que l’œil voit. Qui ne sait en effet que l'âme seule entend par l'organe de l'ouïe et voit par les yeux ? C'est la même figure de langage qui permet de dire une main bienfaisante, la main s'étendant en effet pour secourir autrui. Si en parlant des yeux de la foi, seuls capables d'atteindre les vérités inaccessibles aux sens, on a pu dire: "Toute chair verra le Sauveur envoyé de Dieu [/i](1);" quoiqu'elle ne puisse le voir que par l'âme qui la fait vivre, et quoique pour voir pieusement, avec les yeux du corps, le Christ sous la forme dont il s'est revêtu pour nous, il n'y ait aucun mouvement de concupiscence, mais seulement un acte de la chair; et qu'ainsi il ne faille pas voir une pure opération de l'esprit dans ces mots: "Toute chair verra le Sauveur envoyé de Dieu (2);" combien est-il plus juste encore de dire que "la chair convoite" lorsque l'âme abandonne le corps à la vie des sens ou même accède aux désirs de la chair; lorsqu'il n'est point au pouvoir de l'âme d'être au-dessus de pareilles convoitises, aussi longtemps que domine dans les membres le péché, je veux dire, ce fougueux penchant à la volupté qui naît dans ce corps de mort en punition du péché an sein duquel nous naissons tous et qui fait de nous, avant le don de la grâce, des enfants de colère (3), ce péché contre lequel luttent ceux qui sont établis en grâce ? Ils ne réussissent pas sans doute à l'étouffer dans ce corps mortel ou plutôt mort, mais il l'empêchent d'y régner.
Or, pour que le péché ne règne pas, il faut qu'on n'obéisse point aux désirs qu'il fait naître, je veux dire à la concupiscence que la chair rebelle irrite contre l'esprit. Delà vient que l'Apôtre ne dit pas: que le péché ne soit plus dans votre chair mortelle, il savait trop bien que le péché a pour nous un attrait qui est la suite de la corruption originelle; mais: "Que le péché ne domine plus dans votre chair mortelle, pour vous faire obéir à ses désirs déréglés et n'abandonnez par vos membres au péché comme des instruments d'iniquité (4)".
1. Luc, III, 6.
2. Luc III, 6.
3. Ephésiens II, 3.
4. Romains VI, 12-13.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première
fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIII. DE L'AVANTAGE QU'ON TROUVE À COMPRENDRE
AINSI LA CONCUPISCENCE. — DU PÉCHÉ CHEZ LES ENFANTS.
22. Ce point de vue offre plusieurs avantages; d'abord il n'y aucune inconséquence à dire que la chair sans l'âme serait étrangère à la concupiscence; puis on ne tombe pas dans l'erreur des Manichéens, qui, voyant avec raison que la chair sans l'âme serait étrangère à la concupiscence, ont imaginé une seconde âme, en lutte avec Dieu; laquelle gouverne la chair, et la fait se révolter contre l'esprit. Enfin nous ne sommes point condamnés à dire que certaines âmes pourraient se passer de la grâce de Jésus-Christ, pour répondre à cette objection: Quel est donc ce crime qui rend si affreux pour l'âme d'un jeune enfant le malheur de sortir du corps avant d'avoir reçu le baptême, si elle n'est coupable d'aucune faute personnelle, ou si elle ne vient pas de cette âme qui la première a péché en Adam ?
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIII. DE L'AVANTAGE QU'ON TROUVE À
COMPRENDRE AINSI LA CONCUPISCENCE. — DU PÉCHÉ CHEZ LES ENFANTS.
23. Il n'est point ici question des enfants déjà grands auxquels on ne peut, selon quelques personnes, reprocher aucune faute, avant l'âge de quatorze ans, époque où ils entrent dans l'adolescence. Nous serions de cet avis, si l'enfance n'avait d'autre vice que l'appétit grossier du sexe; mais qui aurait le front de soutenir que le vol, le mensonge, le parjure ne sont point des péchés, à moins d'être intéressé à voir de pareils méfaits se commettre impunément ? Or, les fautes de ce genre se multiplient chez l'enfant et si elles paraissent moins graves que dans un âge plus avancé, c'est qu'on espère que la raison s'étant fortifiée avec les années, les règles de la saine morale seront mieux comprises et plus docilement pratiquées.
Mais je ne veux point ici parler de ces enfants, encore qu'on les voie protester de toutes leurs forces, en actes et en parole, contre la vérité ou la justice, quand elles contrarient cet instinct de volupté qui, malgré leur âge, trouble leur âme et leur corps; et quel est le motif qui leur fera paraître légitime l'attrait pour le plaisir, la répugnance pour la douleur, sinon un amour secret du mensonge et de l'injustice ? J'ai en vue les enfants plus petits, non parce qu'ils naissent trop souvent de l'adultère. La corruption des mœurs n'est point un motif pour reprocher à la nature ses bienfaits; à ce titre, en effet, il faudrait que le blé semé par un voleur ne germât pas dans la terre; il faudrait encore que l'iniquité des parents retombât sur eux, malgré leur retour au Seigneur; combien moins en seront châtiés les enfants, s'ils mènent une vie vertueuse ! à suivre ...
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIV. L'EXISTENCE DU PÉCHÉ CHEZ LES ENFANTS
ET LEUR BAPTÊME PROUVENT-ILS LA PROPAGATION DES ÂMES ?
Le problème se pose avec toute sa force, quand on se demande comment l'âme, à cet âge où elle n'a encore commis aucune faute personnelle, peut être justifiée par l'obéissance d'un seul homme, si elle n'est pas coupable par la désobéissance d'un seul. Tel est le raisonnement de ceux qui prétendent que les âmes sont produites par celles des parents, bien qu'elles n'aient, comme les corps eux-mêmes, d'autre créateur que Dieu; car ce serait une erreur de croire que les parents puissent produire même le corps sans le concours de Celui qui a dit: "Je t'ai connu avant de te former dans le sein de ta mère (1)."
24. Voici comment on leur répond. Dieu crée et donne successivement aux hommes des âmes nouvelles, afin qu'en vivant bien dans cette chair de péché issue du péché originel, et qu'en domptant la concupiscence de la chair sous l'influence de la grâce, elles acquièrent des mérites qui leur vaudront de passer à un état plus parfait avec le corps même au temps de la résurrection, et de vivre éternellement en Jésus-Christ dans la société des Anges.
Mais comme l'âme est associée par une mystérieuse union à des organes de boue, périssables, ayant pour ainsi dire leur racine dans la chair du péché, il faut, pour qu'elle puisse les vivifier d'abord et les gouverner ensuite avec le temps, qu'elle soit plongée en quelque sorte dans l'oubli. Si elle était incapable de sortir de ce désordre, on pourrait alors s'en prendre au Créateur: mais puisqu'elle est capable de secouer cette torpeur, de sentir son oubli et de revenir à son Dieu; puisqu'elle peut, dis-je, mériter les dons de sa miséricorde et de sa vérité, d'abord par une pieuse conversion, ensuite par la fidélité persévérante à garder ses commandements; qui l'empêcherait de sortir peu-à-peu de son sommeil, de s'éveiller à la lumière intellectuelle, fin de la créature raisonnable, et de choisir la vie du bien par l'effort d'une bonne volonté ? Cet effort toutefois est au dessus d'elle, sans le secours de la grâce de Dieu par l'entremise du Médiateur. Si l'homme néglige ces devoirs, il sera un autre Adam en chair comme en âme; s’il les accomplit, il n'aura plus d'Adam que la chair; en vivant selon la loi de l'esprit, il purifiera des souillures du péché la chair coupable qui lui est venue d'Adam, et méritera de recouvrer un corps pur en passant par la transformation que la résurrection fait attendre aux saints.
1. Jérémie I, 6.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
Dernière édition par ROBERT. le Lun 23 Déc 2013, 3:22 pm, édité 3 fois (Raison : mise en forme)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XIV. L'EXISTENCE DU PÉCHÉ CHEZ LES ENFANTS
ET LEUR BAPTÊME PROUVENT-ILS LA PROPAGATION DES ÂMES ?
25. En attendant que l'âme puisse avec l'âge vivre de la vie de l'esprit, elle doit nécessairement recevoir le sacrement du Médiateur, afin qu'elle doive à la foi de ceux qui l'aiment l'affranchissement qu'elle ne peut obtenir par la sienne. Car ce sacrement a la vertu de remettre la peine du péché originel même dans l'âge le plus tendre: sans ce secours, on ne saurait dompter dans la jeunesse la concupiscence de la chair; la chair elle-même domptée, on ne saurait entrer en possession de la vie éternelle, sans la grâce de Celui qu'on s'est appliqué à mériter. Le baptême est donc indispensable à tout nouveau-né vivant, pour arracher l'âme à la contagion de la chair de péché, laquelle ne peut rester en communication avec l'âme de l'enfant sans la rendre incapable de toute affection spirituelle. La faute originelle pèse sur l'âme même après la mort, à moins qu'elle ne l'ait expiée avant d'être sortie des liens du corps par la vertu du sacrifice unique du véritable prêtre, le sacrifice du Médiateur.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XV. MÊME SUJET.
26. Et qu'arrivera-t-il, dira-t-on, si les parents par incrédulité ou par indifférence, négligent d'accomplir ce devoir ? On pourrait en dire autant des personnes plus âgées; car, elles peuvent mourir subitement ou tomber malades chez des gens qui ne leur offriraient aucun moyen de recevoir le baptême. Or, ajoute-t-on, ces personnes ont de plus des fautes personnelles à expier, et, à moins d'en recevoir le pardon, il sera de toute justice quelles soient punies des fautes dont elles se seront volontairement rendues coupables en cette vie; quant à l'âme d'un enfant, à qui on ne saurait reprocher d'avoir contracté les souillures de la chair de péché, si on ne veut pas admettre qu'elle sorte de la première âme qui ait péché; comme ce n'est point sa faute, mais la nature et Dieu même qui l'ont unie au corps, pourquoi serait-elle exclue de la vie éternelle, quand l'enfant n'a point trouvé de main secourable pour le faire baptiser ? Dirait-on qu'il n'en résultera pour elle rien de fâcheux ? A quoi donc servirait de recevoir cette grâce, s'il n'y a aucun inconvénient à en être privé ?
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première
fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XV. MÊME SUJET.
27. Quelle réponse peuvent faire ceux qui prétendent que les enfants reçoivent une âme nouvelle, qu'elle n'a point été produite par celle des parents, et qu'on cherche à appuyer cette thèse sur l'Écriture parce qu'on l'y trouve ou du moins qu'elle n'y est pas combattue ? Je l'avoue, je ne l'ai jamais lue, ni entendu faire. Toutefois, pour ne pas négliger la cause des absents, je ne voudrais pas cacher une idée qui se présenterait à mon esprit pour défendre leur système. Or, ils pourraient encore observer que, sachant par sa prescience la vie que mènerait chaque âme, si elle restait longtemps dans le corps, Dieu accorde le bienfait du baptême à celui dont il prévoit la piété, à l'âge qui la comporte, si une raison mystérieuse n'exigeait pas qu'il mourût d'une mort prématurée. Oui c'est un mystère impénétrable pour l'intelligence humaine, ou du moins pour la mienne, qu'il naisse des enfants destinés à mourir bientôt ou même après leur naissance: mais ce mystère est tellement insondable qu'on ne peut en tirer aucune conséquence pour ou contre ces deux hypothèses.
Or, comme il faut renoncer à l'opinion suivant laquelle les âmes seraient envoyées ici-bas, d'après leurs mérites dans une vie antérieure, et qu'elles seraient d'autant plus vite affranchies qu'elles auraient commis moins de fautes, pour ne pas contredire l'Apôtre qui nous assure qu'avant de naître on ne fait ni bien ni mal; on ne saurait expliquer ni dans l'hypothèse de la création successive des âmes, ni dans celle de leur propagation, par quel secret la mort arrive plus tôt pour les uns, plus tard pour les autres. C'est un mystère insondable dont on ne peut tirer parti, à nos yeux, pour réfuter ou pour soutenir l'une de ces deux opinions.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première
fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVI. MÊME SUJET ENCORE.
28. Quand on demande à ceux qu'embarrassait déjà la mort des petits enfants, quelle peut être la nécessité de recevoir le baptême pour les âmes, si elles ne sont point sorties de celle dont la désobéissance a fait beaucoup de pécheurs, voici leur réponse: Tous sont devenus pécheurs au point de vue de la chair; sous le rapport de l'âme, ceux-là seuls deviennent pécheurs qui vivent dans le mal au lieu de faire le bien ici-bas; le baptême est donc nécessaire aux âmes en général et en particulier à celles des enfants, parce qu'il serait funeste pour elles de quitter la vie sans avoir reçu ce sacrement; car, la contagion du péché se communiquant à l'âme par la chair de péché, se glisse dans les membres et les accable d'un poids qui doit se faire sentir après la mort, si l'âme n'en est pas délivrée en cette vie par le sacrement du Médiateur; ce bienfait est accordé d'en-haut à tout âme dont Dieu prévoit la pieuse existence si elle vit jusqu'à l'époque où commence la pratique de la vertu, quand il veut, par un secret particulier, qu'elle prenne naissance dans un corps pour le quitter aussitôt après.
On oppose à cette réponse une objection: c'est que nous sommes dans une incertitude terrible sur le salut des âmes qui, après une vie pieuse, ont rencontré la mort dans la paix de l'Eglise, si nous devons être jugés, non-seulement sur les œuvres que nous aurons faites, mais encore sur celles que nous aurions pu faire dans l'hypothèse où notre vie se serait prolongée. Si Dieu tient compte non-seulement des fautes passées, mais encore des fautes futures et si la mort n'empêche pas la responsabilité des crimes qu'elle a prévenus, le juste ne gagne rien quand une mort prématurée empêche le vice de corrompre son âme (1)? Car Dieu connaît d'avance ce vice: pourquoi donc n'en fait-il pas de préférence la règle de ses jugements, si, pour empêcher que la contagion du péché originel ne gâte l'âme d'un enfant destiné à mourir, il décide qu'elle recevra le bienfait du baptême, par ce motif seul qu'il sait d'avance qu'elle mènera, si la vie se prolonge pour elle, une existence de piété et de foi ?
1. Sagesse IV, 11.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
.
LIVRE X.
L’ORIGINE DES ÂMES.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVI. MÊME SUJET ENCORE.
29. Voudrait-on rejeter ce raisonnement par cela seul qu'il m'est personnel ? Eh bien que ceux qui voient dans leur hypothèse l'expression de la vérité citent des témoignages de l'Écriture, proposent des arguments qui lèvent toute équivoque, ou du moins prouvent que leur opinion ne contredit pas le passage significatif où l'Apôtre, mettant en relief la grâce qui fait notre salut, dit: "De même que tous meurent en Adam, de même tous seront vivifiés en Jésus-Christ (2)," ou celui-ci: "De même que par la désobéissance d'un seul beaucoup ont été faits pécheurs, ainsi par l'obéissance d'un seul beaucoup deviendront justes." Par ces nombreux pécheurs, il entend tous les hommes sans exception, puisqu'il disait plus haut qu'en Adam "tous ont péché (3)." Le mot tous et l'usage d'administrer le baptême aux enfants ne permettent donc pas de faire une exception en leur faveur, disent les partisans de l'hypothèse de la propagation des âmes; et cette conséquence semble juste tant qu'on n'avance pas, pour la combattre, une proposition évidente et nullement opposée à l'Ecriture ou un témoignage de l'Ecriture même.
2. I Corinthiens XV, 22.
3. Romains V, 19;12.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première
fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
.
Italiques, gras et
soulignés ajoutés
à suivre…
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Page 7 sur 13 • 1, 2, 3 ... 6, 7, 8 ... 11, 12, 13
Page 7 sur 13
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum