DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL (EXTRAITS). Par Saint Augustin.
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LIVRE III.
LES ÊTRES VIVANTS.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE X. ON PEUT ACCORDER QUE LES DÉMONS HABITENT L'AIR,
SANS CONTREDIRE LE RÉCIT OÙ L'ÉCRITURE NOUS RÉVÈLE
QUE LES POISSONS SONT SORTIS DES EAUX. DES MÉTÉORES.
15. Si au contraire les anges rebelles avaient un corps céleste, avant leur péché, on ne sera pas surpris qu'ils l'aient échangé pour une enveloppe d'air, afin de pouvoir être tourmentés par le feu, l'élément de la région supérieure. Dieu leur a permis d'occuper, non la partie pure et élevée de l'air, mais l'atmosphère: c'est leur prison en attendant le jour du jugement. D'autres passages de l'Écriture nous donneront occasion de parler plus à fond des anges prévaricateurs. Bornons donc ici nos réflexions et concluons que, si l'atmosphère, grâce à l'air qui s'étend jusqu'à la surface de la terre et des eaux, est assez lourde pour porter les substances aériformes, elle peut aussi soutenir les oiseaux sortis de l'eau, grâce aux vapeurs: on sait en effet que ces exhalaisons se mêlent à l'air le plus voisin de la terre et des eaux et composent ces nuages qui se distillent en douce rosée dans les nuits fraîches et tombent sous la forme de givres par un froid plus intense.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la
première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
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LES ÊTRES VIVANTS.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE XVI. POURQUOI DES ESPÈCES SONT-ELLES ENNEMIES ?
25. Je prévois une objection: Pourquoi les animaux s'attaquent-ils entre eux ? Ils n'ont point de péché à expier ni de vertu à perfectionner dans les épreuves. Assurément; mais les espèces vivent les unes aux dépens des autres. Il serait peu juste de souhaiter une loi qui permit aux animaux de vivre sans se manger entre eux. Tant que durent les êtres, ils offrent proportion, symétrie, hiérarchie dans l'ensemble; cet ordre est merveilleux, mais il y a une beauté mystérieuse et non moins réelle dans cette loi d'équilibre qui renouvelle les animaux en les transformant les uns parles autres. Inconnue aux ignorants, cette loi se découvre à mesure qu'on avance dans l'étude de la nature et devient évidente pour les savants accomplis.
Le spectacle du mouvement qui anime les créatures moins parfaites, doit au moins offrir à l'homme d'utiles leçons, et lui apprendre à quelle activité l'oblige le salut éternel de son âme, ce magnifique privilège qui fait sa supériorité sur tous les êtres privés de raison. Depuis l'éléphant jusqu'au ciron(insecte microscopique), les animaux déploient pour sauver l'organisation éphémère qui forme leur lot dans l'ordre où ils ont été créés, tous leurs moyens de défense, toutes les ressources de la ruse; cette activité n'apparaît que dans le besoin, lorsqu'ils cherchent à réparer leurs organes aux dépens de la substance des autres; et ceux-ci, pour se conserver, luttent, s'enfuient ou cherchent un refuge dans les cavernes. La sensibilité physique chez tous les êtres est un ressort d'une énergie merveilleuse: répandue dans tout l'organisme par une mystérieuse union, elle en fait un système vivant, elle en maintient l'unité, et triomphe si bien de l'indifférence, qu'aucun être ne voit son corps s'altérer ou se dissoudre sans un mouvement intérieur de résistance.
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CHAPITRE XIX. POURQUOI LE MOT "FAISONS" N'A-T-IL ÉTÉ
PRONONCÉ QUE DANS LA CRÉATION DE L'HOMME ?
29. "Et Dieu dit: Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sûr les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques, sur toute la terre et sur tout reptile qui rampe Sur la terre. Dieu créa donc l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu; il les créa mâle et femelle. Et Dieu les bénit et leur dit: Croissez et multipliez-vous, et remplissez la terre assujettissez-là, et dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui se meut sur la terre. Et Dieu dit: Voici que je vous ai donné toute herbe ayant sa semence et tout arbre portant sa semence en soi : ce sera votre nourriture. Mais j'ai donné à toutes les bêtes de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout animal qui se meut sur la terre et a la vie en soi, toute herbe verte pour leur servir de « nourriture. Et il en fat ainsi; et Dieu vi tout ce qu'il avait fait: et voici que tout était très bon. Et le soir arriva et au matin s'accomplit le sixième jour (1)."
La nature de l'homme offrira bientôt un vaste sujet à nos réflexions. Bornons-nous maintenant à remarquer, pour terminer nos considérations sur les oeuvres des six jours, que Dieu a employé jusqu'ici l'expression du commandement: "fiat," et qu'il dit en parlant de l'homme: "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance." Ce tour n'est point indifférent: il marque la pluralité des personnes divines, Père, Fils, Saint-Esprit.L'unité reparaît immédiatement dans l'expression: "Et Dieu fit l'homme à l'image de Dieu," en d'autres termes, le Père ne le fit pas à l'image du Fils, ou le Fils à l'image du Père; autrement l'expression collective "à notre image," n'aurait pas été exacte; mais Dieu le fit à l'image de Dieu, c'est-à-dire, à sa propre image. Ainsi les deux expressions: "à l'image de Dieu" et "à notre image," comparées entre elles, ne désignent pas l'intervention des trois Personnes comme si elles formaient plusieurs divinités: la première nous fait entendre un seul Dieu, la seconde, les trois Personnes.
1. Genèse I, 26-31.
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CHAPITRE XX. EN QUOI L'HOMME EST-IL FAIT À L'IMAGE DE DIEU ET QUE LA FORMULE
"IL EN FUT AINSI" N'EST PAS EMPLOYÉE DANS LA CRÉATION DE L'HOMME; ET POURQUOI.
30. Un point essentiel qu'il faut aussi remarquer, c'est qu'après avoir dit: "Faisons l'homme à notre image," Dieu ajoute immédiatement: "Et qu'il commande aux poissons de la mer et aux oiseaux du ciel," en un mot, à tous les êtres privés de la raison. C'était nous montrer que le trait de ressemblance entre l'homme et Dieu consiste dans le privilège même qui l'élève au-dessus des animaux dépourvus de la raison. Ainsi cette ressemblance consiste dans le don de la raison, de l'intelligence, peu importe le mot. Voilà pourquoi l'Apôtre dit: "Renouvelez-vous dans l'intérieur de votre âme et revêtez l’homme nouveau (1), qui, par la connaissance de la vérité, se renouvelle selon l'image de Celui qui l'a créé (2);" et par là, il indique nettement que, si l'homme a été fait à l'image de Dieu, le point de ressemblance n'est pas dans la forme du corps, mais dans l'essence immatérielle d'un esprit que la vérité éclaire.
1. Éphésiens IV, 13;24.
2. Colossiens III, 10.
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CHAPITRE XX. EN QUOI L'HOMME EST-IL FAIT À L'IMAGE DE DIEU ET QUE LA FORMULE
"IL EN FUT AINSI" N'EST PAS EMPLOYÉE DANS LA CRÉATION DE L'HOMME; ET POURQUOI.
31. Aussi l'Écriture n'a-t-elle point ici employé les formules habituelles: "Cela se fit," et "Dieu fit;" elle les a supprimées comme elle l'avait déjà fait pour la lumière primitive, s'il est permis d'entendre par cette expression la lumière de l'intelligence, en communication avec la Sagesse éternelle et immuable de Dieu: c'est un point que j'ai déjà longuement développé. Alors, en effet, le Verbe ne se révélait à aucune créature primitive; le type éternel ne se reflétait pas dans une intelligence pour se réaliser ensuite en un être d'un ordre inférieur: car, il s'agissait de créer la lumière ou l'intelligence première à qui devait se révéler l'idée de son Créateur, et cette révélation avait pour but de la soustraire à son imperfection pour la diriger vers Dieu, principe de son être et de son perfectionnement.
Dans les créations subséquentes, l'Écriture emploie la formule: "cela se fit;" ce qui signifie que le dessein du Verbe se produisit d'abord dans la lumière ou l'intelligence primitive; puis elle ajoute: "Dieu fit donc" telle ou telle œuvre, pour nous apprendre la réalisation sous une forme déterminée de l'être qui avait été appelé à l'existence dans le Verbe divin. Or, la création de l'homme est racontée comme celle de la lumière. "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance," dit Dieu; puis l'Écriture ajoute immédiatement: "Dieu fit donc l'homme à son image,"sans s'arrêter à la formule: "cela se fit." C'est que l'homme est, comme la lumière primitive, une intelligence, et que, pour l'intelligence, exister, n'est au fond que prendre conscience du Verbe Créateur.
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CHAPITRE XX. EN QUOI L'HOMME EST-IL FAIT À L'IMAGE DE DIEU ET QUE LA FORMULE
"IL EN FUT AINSI" N'EST PAS EMPLOYÉE DANS LA CRÉATION DE L'HOMME; ET POURQUOI.
32. Si l'Écriture conservait ici cette double formule, on s'imaginerait que l'idéal de l'homme fut d'abord reflété dans l'intelligence d'une créature raisonnable, puis réalisée dans un être qui n'aurait pas eu le privilège de la raison: or, l'homme étant un être intelligent, avait besoin, pour être créé avec toute sa perfection, d'avoir conscience de son Créateur. De même que l'homme après sa chute se renouvelle selon l'image de Celui qui l'a créé, par la connaissance de la vérité; de même il fut créé par la connaissance même qu'il eut de son Créateur, avant de tomber, par l'effet du péché, dans la dégradation d'où la même lumière devait le tirer en le renouvelant. Quant aux êtres à qui cette révélation a été refusée, parce qu'ils étaient tout matériels ou avaient la vie sans la raison, leur existence a d'abord été révélée à la créature intelligente par le Verbe qui leur commandait de se produire, et c'est pour montrer que le dessein du Verbe était connu de cette créature, qui avait le privilège de le découvrir la première, qu'il a été dit: "Et cela fut fait;" puis les corps, les animaux dépourvus de raison, se formèrent: c'est dans ce sens qu'on ajoute les paroles: "Dieu fit donc" telle ou telle œuvre.
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CHAPITRE XXI. DIFFICULTÉ DE CONCEVOIR L'IMMORTALITÉ
JOINTE À LA NÉCESSITÉ DE SE NOURRIR.
33. Par quel mystère l'homme a-t-il été créé immortel et tout ensemble a-t-il reçu l'ordre de se nourrir, comme les autres animaux, d'herbes portant semence, d'arbres fruitiers, de végétaux ? Si le péché seul lui a enlevé sa prérogative, il n'avait pas besoin de pareils aliments dans l'état d'innocence, la faim était incapable d'épuiser ses organes. On pourrait encore remarquer que l'ordre de croître, de se multiplier et de remplir la terre, ne pouvait guère s'exécuter que par l'union de l'homme et de la femme, et que cette union supposait des corps mortels. Cependant il n'y aurait aucune invraisemblance à dire que des corps immortels pouvaient se reproduire par un pur sentiment de pieuse tendresse, en dehors de la corruption de la concupiscence, sans que les enfants dussent remplacer leur parents morts ou mourir eux-mêmes; qu'ainsi la terre se serait remplie d'hommes immortels, et qu'elle aurait vu naître un peuple de saints et de justes, semblable à celui qui, selon la foi, paraîtra après la résurrection. Cette opinion peut se soutenir, nous verrons bientôt comment; mais il y aurait trop de hardiesse à prétendre qu'un organisme peut avoir besoin d'aliments pour se réparer sans être condamné à périr.
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CHAPITRE XXII. DE L'OPINION QUI RAPPORTE LA CRÉATION
DU CORPS ET DE L’ÂME À DEUX MOMENTS DISTINCTS.
34. Quelques personnes ont pensé que l'homme intérieur pourrait bien avoir été créé d'abord et qu'il ne reçut un corps qu'au moment où, selon l'Ecriture, "Dieu façonna l'homme du limon de la terre." De la sorte, le mot créer aurait rapport à l'âme, le mot façonner au corps. Mais on ne réfléchit pas que l'homme fut créé mâle et femelle, et que l'âme n'a pas de sexe. On a beau soutenir fort subtilement que l'intelligence, qui forme le trait de ressemblance entre Dieu et l'homme, est au fond la vie raisonnable, avec la double fonction de contempler l'éternelle vérité et de régler les choses temporelles, et qu'on retrouve ainsi l'homme dans la faculté maîtresse, la femme, dans la matière obéissante; cette distinction supprime la ressemblance de l'homme avec Dieu, ou ne la laisse subsister que dans la faculté de contempler la vérité. L'Apôtre a représenté ce rapport entre deux sexes: "L'homme, dit-il, est l'image et la gloire de Dieu, la femme est la gloire de l'homme (1)." Il est bien vrai que les facultés qui constituent l'homme intérieur ont pris au dehors la double forme qui caractérise l'homme d'après les sexes; mais la femme n'est telle que par son organisation: elle se renouvelle dans l'intérieur de son âme, par la connaissance de Dieu, selon l'image de son Créateur, et le sexe n'a aucun rapport avec cette régénération.
Par conséquent, de même que la femme est indistinctement appelée avec l'homme à la grâce de se régénérer et de reformer en elle l'image du Créateur, et que son organisation spéciale seule l'empêche d'être proclamée, comme l'homme, l'image et la gloire de Dieu; de même, aux premiers jours de la création, elle avait la prérogative de la nature humaine, l'intelligence, et, à ce titre, avait été faite à l'image de Dieu. C'est pour marquer le rapport qui unit les deux sexes que l'Ecriture dit: "Dieu fit l'homme à l'image de Dieu." Et de peur qu'on ne vit dans cet acte que la création de l'intelligence, formée seule à l'image de Dieu, elle ajoute: "Il le fit mâle et femelle," ce qui implique la création du corps. L'Écriture sait également couper court à l'opinion qui ferait du premier homme un monstre réunissant les deux sexes, un hermaphrodite comme il s'en produit quelquefois: elle fait sentir, en employant le singulier, qu'elle désigne l'union des sexes, et la naissance de la femme tirée du corps de l'homme, comme elle l'expliquera bientôt; aussi ajoute-elle immédiatement au pluriel: "Et Dieu les créa et il les bénit." Mais nous approfondirons ce sujet, quand nous traiterons de la création de l'homme dans la suite de la Genèse.
1. Corinthiens XI, 7.
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CHAPITRE XXIV. POURQUOI LA CRÉATION DE L'HOMME
N'A-T-ELLE PAS ÉTÉ SPÉCIALEMENT APPROUVÉE ?
36. On doit remarquer qu'il n'a pas été dit pour l'homme comme pour les autres créatures: "Dieu vit qu'il était bon." Après avoir créé l'homme, lui avoir donné le droit de commander, de se nourrir, Dieu embrasse l'ensemble de son œuvre: "Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et ces œuvres étaient parfaitement bonnes." C'est une question qui vaut la peine d'être discutée. On aurait pu, en effet, accorder expressément à l'homme la faveur accordée à chaque espèce d'êtres, puis donner à l'ensemble l'approbation marquée par ces paroles: "Dieu vit que tout ce qu'il avait fait et ces œuvres étaient parfaitement bonnes." Dira-t-on que l'œuvre du Créateur s'étant achevée le sixième jour, l'approbation divine devait porter sur l'ensemble de la création et non sur la création spéciale accomplie ce jour-là ? Pourquoi alors qualifier de bons les animaux domestiques ou sauvages et les reptiles, dont l'Écriture fait l'énumération dans le passage relatif au sixième jour ? Ces animaux auraient donc eu le privilège d'être approuvés à la fois en particulier et en général, et l'homme, créé à l'image de Dieu, n'aurait plu que dans l'ensemble de la nature ? Serait-ce qu'il n'avait pas encore atteint sa perfection, parce qu'il n'était point placé encore dans le Paradis ? Mais l'Écriture ne songe guère à réparer cette omission, quand l'homme est introduit dans ce séjour.
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CHAPITRE XXIV. POURQUOI LA CRÉATION DE L'HOMME
N'A-T-ELLE PAS ÉTÉ SPÉCIALEMENT APPROUVÉE ?
37. Comment donc expliquer cette exception ? N'est-il pas vraisemblable que Dieu, prévoyant la chute de l'homme et sa dégradation, l'a jugé bon, non en lui-même, mais comme partie de la création, et a en quelque sorte révélé sa déchéance ? Les êtres qui ont gardé la perfection relative où ils ont été créés, et qui n'ont point péché soit par choix soit par impuissance, sont parfaitement bons en eux-mêmes comme dans l'ensemble de la création. Remarquez ici la forme du superlatif. Les membres ont chacun leur beauté, et l'ensemble leur donne une beauté nouvelle. L'œil, par exemple, est admirable et plait en lui-même; isolé du corps, il n'aurait plus la beauté que lui valait sa place dans l'ensemble, son rôle dans le concert des organes. Mais en perdant sa dignité première par l'effet du péché, la créature ne cesse pas d'être assujettie à l'ordre: elle est bonne, si on la considère dans l'ensemble des êtres.
Ainsi l'homme avant sa faute, était bon en soi; mais l'Ecriture a passé sous silence cette bonté pour faire sentir sa déchéance future, elle l'a mis à sa place: car, si un être est bon en lui-même, il est meilleur encore dans le tout dont il fait partie; mais, quoiqu'il soit bon dans le tout, il ne s'ensuit pas qu'il soit bon en lui-même. Les expressions sacrées unissent donc, par un juste tempérament, la vérité actuelle avec la prescience de l'avenir. Dieu n'est pas seulement le Créateur excellent des êtres, il est aussi l'ordonnateur équitable qui règle le sort des pécheurs: par conséquent un être peut se dégrader par ses fautes, sans cesser d'être une beauté dans l'ordre universel. Mais poursuivons notre sujet et commençons un nouveau Livre.
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LIVRE IV.
LES JOURS DE LA CRÉATION.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE III. EXPLICATION DU PASSAGE DE LA SAGESSE:
"DIEU A TOUT DISPOSÉ AVEC POIDS, NOMBRE ET MESURE."
7. En voyant donc que Dieu a employé six jours pour achever toutes ses œuvres, et que la suite de ses créations répond à la série même des nombres dont la somme est égala au nombre parfait 6, songeons au passage où l'Ecriture dit de Dieu: "Vous avez tout disposé avec poids, nombre et mesure (1)." Que notre âme, après avoir appelé Dieu à son aide et sous son inspiration, considère si ces trois idées de mesure, de nombre et de poids, d'après lesquelles Dieu a tout disposé, étaient quelque part avant la création de l'univers ou si elles-mêmes ont été créées. Si elles sont antérieures au monde, où étaient-elles ? Avant la création, il n'y avait que le Créateur: elles étaient donc en lui, mais de quelle manière ? Car nous lisons dans l'Ecriture que les choses créées sont également en lui (2).
Est-ce que les unes sont Dieu même, tandis que les autres y subsistent comme dans le principe qui les gouverne ? Mais comment peuvent-elles être Dieu même ? Dieu n'est assurément ni mesure, ni nombre, ni poids, par plus qu'il n'est le monde. Faut-il dire que ces idées ne sont point Dieu, en tant qu'elles nous apparaissent dans les objets, dont nous apprécions les dimensions, la symétrie, la pesanteur; qu'au contraire, en tant qu'elles maintiennent en toute chose la juste mesure, l'harmonie, l'équilibre, elles sont primitivement et par essence Celui qui donne à tout ses limites, ses formes, ses lois ? Le passage de la Sagesse: "Vous avez tout disposé avec poids, nombre et mesure," n'est-il que l'expression, la plus vive de cette vérité vous avez tout disposé en vous ?
C'est par un vigoureux effort et dont peu d'esprits sont capables, qu'on peut s'élever au-dessus de tous les objets qui se mesurent, se comptent et se pèsent, et atteindre la mesure en dehors de la mesure, le nombre en dehors du nombre, le poids en dehors du poids.
1. Sagesse XI, 2.
2. Romains XI, 36.
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LIVRE IV.
LES JOURS DE LA CRÉATION.
DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
Par Saint Augustin.
CHAPITRE IV. EN DIEU LA MESURE, LE NOMBRE, LE POIDS SUBSISTENT
INDÉPENDAMENT DU NOMBRE, DU POIDS, DE LA MESURE.
8. En effet, la mesure, le nombre, le poids ne sont pas seulement des propriétés inhérentes aux pierres, au bois, et en général aux corps que l'on peut observer ou concevoir sur la terre ou dans le ciel. Les actes moraux admettent une juste mesure, qui les empêche d'aboutir à des excès sans bornes et sans retour; les sentiments et les vertus sont susceptibles d'une harmonie ou d'un nombre, qui bannit de l'âme le désordre des passions et y fait régner la sagesse dans toute sa beauté; la volonté et l'amour ont comme une balance qui, par leurs désirs ou leurs répugnances, leur préférences ou leurs dégoûts, marque le prix des objets. Mais dans les âmes une mesure est remplacée par une autre, un nombre est limité par un autre, un poids a son contrepoids. Or, la mesure indépendante de toute mesure, est adéquate à elle-même et ne suppose qu'elle-même; le nombre indépendant de tout nombre, forme tous les autres sans être formé par aucun; le poids absolu est le centre où tout aboutit pour y trouver l'équilibre, et ce repos est la joie inaltérable.
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LES JOURS DE LA CRÉATION.
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CHAPITRE IV. EN DIEU LA MESURE, LE NOMBRE, LE POIDS SUBSISTENT
INDÉPENDAMENT DU NOMBRE, DU POIDS, DE LA MESURE.
9. Si on ne voit ces idées que dans la nature physique, on les voit en esclave des sens. Qu'on s'élève donc au-dessus de ces perceptions sensibles, ou si on est encore incapable de ces efforts, qu'on ne s'attache plus à des mots qui n'inspirent que des idées grossières. Les vérités supérieures plaisent d'autant mieux qu'on considère moins les vérités subalternes avec les yeux du corps. Si on ne veut pas épurer les termes dont un usage vulgaire et grossier a fait connaître le sens et les appliquer aux vérités sublimes dont la contemplation élève l'âme, soit; toute exhortation serait inutile. Pourvu qu'on ait l'idée, peu importe le mot qui l'exprime. Il est bon toutefois de connaître les rapports qui lient les vérités contingentes aux vérités absolues: c'est la seule méthode qui permette à la raison de passer d'un sujet à un autre.
DE LA GENÈSE. COMMENTAIRES SUR L'ANCIEN TESTAMENT. Ouvrages tirés des Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour
la première fois en français sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, 1866, tome Quatrième p. 88-322. Cette traduction est l'œuvre de M. Citoleux.
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DE LA GENÈSE AU SENS LITTÉRAL.
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CHAPITRE IV. EN DIEU LA MESURE, LE NOMBRE, LE POIDS SUBSISTENT
INDÉPENDAMENT DU NOMBRE, DU POIDS, DE LA MESURE.
10. Veut-on regarder comme des choses contingentes la mesure, le nombre, le poids, qui ont servi à Dieu pour tout disposer, au témoignage de l'Écriture ? Mais s'il s'en est servi pour disposer le monde, avec quoi a-t-il disposé ces rapports eux-mêmes ? Avec d'autres rapports. Mais alors ils n'ont pas servi à tout disposer, puisqu'eux-mêmes ont été réglés suivant d'autres rapports. Il est donc hors de doute que les idées selon lesquelles le monde a été disposé sont en dehors du monde.
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CHAPITRE V. C'EST EN DIEU QU'EXISTE L'IDÉE DE MESURE, DE POIDS
ET DE NOMBRE QUI PRÉSIDE À LA DISPOSITION DES OBJETS.
11. Ne vaut-il pas mieux croire que ce passage de l'Écriture revient à dire: Vous avez tout disposé de façon à établir partout la mesure, le nombre et le poids ? Je suppose que l'Écriture eût dit: Dieu a disposé les corps avec leurs couleurs; il serait absurde d'en inférer que la Sagesse de Dieu, principe de la création, contenait en elle-même les couleurs pour les répandre sur les corps. On entendrait par là que Dieu a donné aux corps des formes susceptibles de se colorer. Mais comment comprendre que Dieu ait disposé les corps avec leurs couleurs ou qu'il leur ait donné des formes susceptibles de se colorer, à moins d'admettre qu'il y avait, dans la sagesse de l'ordonnateur, un plan selon lequel les couleurs devaient se distribuer sur les corps avec toutes leurs nuances ? A coup sûr ce dessein conçu par l'intelligence divine ne peut s'appeler la couleur elle-même. Je le répète, pourvu qu'on conçoive bien l'idée, peu importe le mot.
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CHAPITRE V. C'EST EN DIEU QU'EXISTE L'IDÉE DE MESURE, DE POIDS
ET DE NOMBRE QUI PRÉSIDE À LA DISPOSITION DES OBJETS.
12. Supposons donc que la pensée de l'Écriture peut se traduire ainsi: tout a été disposé de façon à renfermer en soi mesure, nombre et poids, et tel est le principe qui fait varier dans chaque être, selon sa nature, la grandeur, la quantité, la pesanteur; dira-t-on, parce que ces rapports varient sans cesse, que le plan selon lequel Dieu a tout combiné, varie avec eux ? Que Dieu lui-même nous préserve d'un tel aveuglement !
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CHAPITRE VI. COMMENT DIEU VOYAIT-IL CES RAPPORTS ?
13. Pendant que tout s'organisait selon ces rapports de nombre, de mesure et de pesanteur, où l'organisateur les voyait-il ? Il ne les distinguait pas sans doute hors de lui, comme nous voyons les corps: d'ailleurs les corps n'existaient pas encore, puisqu'ils se combinaient pour se former. Il ne les apercevait pas non plus en lui-même, comme nous faisons par l'imagination qui nous représente les objets en leur absence, ou à l'aide des formes que nous avons vues, nous en fait concevoir de nouvelles. Comment donc apercevait-il-les objets dont il réglait les proportions ? Comment, dis-je, sinon de la manière dont seul il est capable de les voir ?
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CHAPITRE VI. COMMENT DIEU VOYAIT-IL CES RAPPORTS ?
14. Pour nous, êtres bornés et esclaves du péché, dont l'âme gémit sous le poids d'un corps périssable et dont la raison, malgré toutes ses pensées, reste emprisonnée dans sa demeure terrestre (1), nous aurions beau avoir le cœur le plus pur et l'intelligence la plus dégagée des sens, nous aurions beau ressembler aux anges, l'essence divine ne saurait jamais se révéler à nous comme elle se manifeste à elle-même.
1. Sagesse IX,15.
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CHAPITRE VII. COMMENT DÉCOUVRONS-NOUS LA PERFECTION DU NOMBRE ?
14. Cependant, quand nous découvrons la perfection du nombre 6, nous ne la voyons pas hors de nous, comme les corps par l’intermédiaire des yeux; ni en nous, comme les formes des objets absents ou les images du monde extérieur: nous les saisissons par une voie toute différente. En effet, bien que des images presque imperceptibles se présentent à l'esprit quand on considère les éléments dont se compose le nombre 6 et leur série, toutefois la raison, par son énergie souveraine, dissipe ces fantômes et contemple les propriétés absolues de ce nombre: cette perception lui fait reconnaître sans le plus léger doute que l'unité est simple et indivisible, tandis que la matière peut se diviser à l'infini, et que le ciel et la terre construits sur le type du nombre 6, passeront avant que la somme de ses parties aliquotes (un aliquote=un diviseur propre pour un entier naturel wiki ) cesse de lui être égale. Que l'esprit de l'homme rende donc éternellement grâces au Créateur, qui lui a donné la faculté de voir des merveilles invisibles pour les oiseaux et les animaux, quoiqu'ils puissent apercevoir comme nous le ciel, la terre, les luminaires du ciel, la mer et tout ce qu'ils renferment.
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CHAPITRE VII. COMMENT DÉCOUVRONS-NOUS LA PERFECTION DU NOMBRE ?
15. Ainsi, nous ne devons pas dire que le nombre 6 est parfait, parce que Dieu a achevé tous ses ouvrages en six jours: loin de là, Dieu a achevé tous ses ouvrages en six jours parce que le nombre 6 est parfait; supprimez le monde, ce nombre resterait également parfait; mais s'il n'était pas parfait, le monde, qui reproduit les mêmes rapports, n'aurait plus la même perfection.
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CHAPITRE VIII. DU REPOS DE DIEU LE SEPTIÈME JOUR:
QUEL SENS FAUT-IL ATTACHER À CE MOT ?
16. L'Écriture nous apprend que Dieu se reposa le septième jour de toutes ses œuvres, et qu'à ce titre il le bénit et le sanctifia. Si nous voulons comprendre ce mystérieux repos, selon la portée de notre intelligence soutenue par la grâce divine, commençons par bannir de notre esprit toute idée charnelle. Peut-on sans impiété se figurer et dire que la création a coûté quelque travail à Dieu, quand nous voyons les choses sortir du néant à sa parole ? Que l'exécution suive le commandement, ce n'est plus une fatigue, même pour l'homme. Sans doute, la parole exigeant qu'on frappe l'air, finit par devenir une fatigue: mais, quand il s'agit de prononcer quelques mots, comme ceux que Dieu fait entendre dans l'Écriture: fiat lux, fiat firmamentum, et ainsi de suite, jusqu'à l'achèvement de la création au septième jour, il y aurait une extravagance par trop ridicule a soutenir qu'elles lassent, je ne dis pas Dieu, mais un homme.
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CHAPITRE VIII. DU REPOS DE DIEU LE SEPTIÈME JOUR:
QUEL SENS FAUT-IL ATTACHER À CE MOT ?
17. Dirait-on que la fatigue consistât pour Dieu, non à donner des ordres immédiatement exécutés, mais à méditer profondément les moyens de réaliser ses plans; que délivré de cette préoccupation à la vue de la perfection de ses œuvres, il se reposa et voulut avec raison bénir, sanctifier le jour où, pour la première fois, il n'eut plus à déployer une si grande attention ? Un pareil raisonnement serait le comble de la déraison. L'intelligence est en Dieu infinie, illimitée, comme la puissance elle-même.
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CHAPITRE IX. SUITE DU CHAPITRE PRÉCÉDENT.
— LE PRINCIPE DE LA TRISTESSE EST QUELQUEFOIS EXCELLENT.
18. A quelle idée faut-il donc s'arrêter ? Ne faudrait-il pas voir ici le repos que prennent en Dieu les créatures intelligentes dont l'homme fait partie, après avoir atteint leur développement, par le secours du Saint-Esprit qui répand la charité dans nos cœurs (1), et que nos désirs les plus ardents doivent nous porter au centre du repos heureux où nous n'aurons plus rien à désirer ? On dit avec raison que Dieu fait tout ce que nous faisons par son secours; de même, on se repose en lui, quand le repos est un de ses bienfaits.
1. Romains V, 3.
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CHAPITRE IX. SUITE DU CHAPITRE PRÉCÉDENT.
— LE PRINCIPE DE LA TRISTESSE EST QUELQUEFOIS EXCELLENT.
19. Cette idée est facile à concevoir. S'il est une vérité aisée à comprendre, c'est que Dieu se repose, lorsqu'il nous accorde le repos, au même titre qu'il connaît, lorsqu'il éclaire notre intelligence. En effet Dieu ne prend pas connaissance avec le temps de ce qu'il ignorait auparavant; et pourtant il dit à Abraham: "Je sais maintenant que tu crains Dieu (2)." Or, que peuvent signifier ces paroles, sinon, j'ai fait connaître à quel point tu crains Dieu ? Ces sortes d'expressions, où nous attribuons à Dieu des actes qui ne s'accomplissent pas en lui, ont pour but de nous apprendre qu'il en est le principe: j'entends des actes conformes au bien, sans dépasser la portée des termes de l'Écriture. Car nous ne devons hasarder sur Dieu aucune proposition de ce genre, sans l'avoir lue dans l'Écriture.
2. Genèse XXII, 12.
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CHAPITRE IX. SUITE DU CHAPITRE PRÉCÉDENT.
— LE PRINCIPE DE LA TRISTESSE EST QUELQUEFOIS EXCELLENT.
20. A ce genre d'expressions se rattache, selon moi, le passage où l'Apôtre nous dit: "Gardez-vous de contrister l'Esprit de Dieu, qui vous a marqué de son sceau, au jour de votre délivrance (3)." Assurément la tristesse ne peut atteindre la substance de l'Esprit-Saint ou l'Esprit-Saint lui-même, qui jouit d'un bonheur éternel, ou plutôt qui est la béatitude immuable et souveraine. Mais l'Esprit-Saint habite dans le cœur des justes, pour les remplir de la charité, qui seule ici-bas apprend aux hommes à voir avec joie les progrès des fidèles dans la vertu et leurs bonnes œuvres; aussi sont-ils attristés par les fautes ou la chute même des chrétiens dont ils considéraient avec bonheur la foi et la piété, tristesse digne d'éloges, puisqu'elle à pour principe la charité que l'Esprit-Saint leur inspire. Si donc on dit que l'Esprit-Saint est contristé par les pécheurs, c'est uniquement en vue de faire entendre que les âmes saintes, ses hôtes, déplorent de pareils crimes, et qu'elles sont animées par une charité assez vive pour s'affliger sur le sort de ces malheureux, surtout si elles les avaient connus ou crus vertueux. Cette tristesse, loin d'être une faiblesse, est une vertu qu'on ne saurait trop louer.
3. Ephésiens IV, 30.
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