Grand schisme d'Occident...
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Re: Grand schisme d'Occident...
Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.
(suite)
Le nouveau roi d'Angleterre prit le nom de Henri IV. Son règne, commencé par la révolte et la trahison, fut rempli de révoltes, de trahisons et de meurtres. Il fit mourir de faim son prédécesseur, le roi Richard ; suivant d'autres il le fit assassiner en prison. Une foule de seigneurs furent condamnés au supplice des traîtres. Voici en quoi consistait ce supplice. Un écrivain du temps décrit en ces termes l'exécution de sir Thomas Blount, un de ceux qui avait entrepris de délivrer de prison le dernier roi : « II fut d'abord pendu ; mais on coupa bientôt la corde, et on le fit asseoir sur un banc, devant un grand feu. L'exécuteur vint ensuite avec un rasoir à la main, et, s'agenouillant devant sir Thomas, dont les mains étaient liées, il lui demanda pardon de sa mort, forcé qu'il était de remplir son devoir. Sir Thomas lui demanda : « Êtes-vous la personne chargée de me délivrer de ce monde ?» Le bourreau répondit ; « Oui, Monsieur ; je vous prie de me pardonner.» Sir Thomas l'embrassa et lui pardonna sa mort. Le bourreau se mit à genoux et lui ouvrit le ventre, coupa les boyaux au-dessous du passage de l'estomac et lia le reste avec un cordon, afin que le vent du cœur ne pût s'échapper, et il jeta les boyaux au feu. Sir Thomas était alors assis devant le feu, le ventre ouvert et ses entrailles brûlant devant lui. Sir Thomas Erpingham, chambellan du roi Henri, insultant à Blount, lui dit avec dérision : « Allez chercher un maître qui puisse vous guérir. » Blount répondit seulement : « Te Deum laudamus ! Béni soit le jour où je suis né, et béni soit ce jour dans lequel je vais mourir pour le service de mon souverain seigneur, le noble roi Richard ! » L'exécuteur se mit à genoux devant lui, l'embrassa de la manière la plus humble, et, bientôt après, lui coupa la tête et divisa son corps en quartiers 1. » Tel est le récit de l'auteur contemporain. En vérité, ce qu'il y avait alors de plus humain en Angleterre, c'était le bourreau.
L'an 1405, pendant une insurrection, l'archevêque d'York est arrêté par trahison…
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1 Apud. Lingard, t. 4, p. 440, note.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.
(suite)
L'an 1405, pendant une insurrection, l'archevêque d'York est arrêté par trahison. Quoiqu'il proteste de son innocence Henri veut le faire condamner à mort; le grand-juge, Gascoigne, s'y refuse. Henri le fait condamner par un autre, sans acte d'accusation ni jugement. L'archevêque, il se nommait Jean Scroop, s'écrie aussitôt : « Le juste et vrai Dieu sait que jamais je n'ai eu l'intention de faire aucun mal au roi Henri, et je vous engage à prier, afin que ma mort ne soit pas vengée sur lui ou sur ses amis. » On exécute immédiatement la sentence. L'archevêque reçoit la mort avec calme ; le peuple le regarde comme un martyr.
Peu après le visage de Henri se couvrit d'éruptions dégoûtantes, que le peuple considéra comme le châtiment du meurtre de ce prélat; une suite d'attaques d'épilepsie, dont la violence croissait d'un jour à l'autre, l'entraîna rapidement au tombeau. La perspective de la mort rappela, dit-on, à sa mémoire tous les moyens à l'aide desquels il avait obtenu la couronne et le sang versé pour la conserver. Il commença enfin à douter de la vérité de sa maxime favorite, que le succès de l'entreprise était une preuve de l'approbation du Ciel. Quoiqu'il ne fût que dans sa quarante-sixième année, il présentait tous les symptômes de la décrépitude. Aux douleurs du corps, aux remords de la conscience, se joignait l'inconduite de son fils aîné, qui semblait impatient de le voir mourir.
Un jour, après une de ses attaques, et quand toutes les apparences faisaient croire à sa mort, le jeune prince porta dans une autre chambre la couronne, qui, suivant la coutume, était placée sur un coussin à côté du lit. Le roi, revenant à lui, demanda sévèrement qui l'avait emportée, et, sur la réponse de ses gardes, fit appeler immédiatement le prince. Adouci par ses expressions respectueuses, il lui dit en poussant un profond soupir : « Hélas ! beau fils, quel droit avez-vous à la couronne quand vous savez-que votre père n'en avait point ? — Monseigneur, répondit le jeune Henri, vous la conquîtes par l'épée, et par l'épée je la conserverai. » Après une pause le roi répliqua : « Bien, faites ce que vous jugerez le mieux. J'en laisse l'événement à Dieu, et j'espère qu'il fera miséricorde à mon âme. »
Sa dernière attaque le saisit comme il faisait sa prière dans la chapelle de Saint-Edouard, à Westminster. On le porta dans la chambre de l'abbé, où il expira bientôt après, le 20 mars 1413, dans la quatorzième année de son règne ou de son usurpation.
Son fils aîné, Henri de Monmouth, monta immédiatement sur le trône…
(Note de Louis : j'ai aéré le 2e paragraphe.)
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Soulèvements et révolutions en Angleterre par les sectateurs de Wicleff ou lollards.
Richard II est détrôné par Henri IV, qui le fait mourir de faim,
et qui après un règne plein de troubles et de révoltes, meurt lui-même frappé de Dieu.
(suite)
Son fils aîné, Henri de Monmouth, monta immédiatement sur le trône; il était depuis si longtemps considéré comme l'héritier présomptif du trône qu'on ne fit plus mention des droits du comte de la Marche, et, quoique ses égarements eussent inspiré contre lui des préventions défavorables, ses sujets aimèrent mieux les attribuer à la légèreté de la jeunesse qu'à la corruption du cœur. Il ne les trompa point dans leur attente. Dès que son père eut rendu le dernier soupir il se retira dans son cabinet, passa le reste du jour dans la solitude et la prière, et, le soir, se rendit auprès de son confesseur, religieux de l'église de Westminster, qui l'affermit dans sa résolution d'effacer par la régularité de sa conduite le scandale de sa vie passée. Les compagnons dissolus de ses plaisirs furent aussitôt éloignés, les hommes d'instruction et d'expérience rappelés près du trône, et ceux qui s'étaient attiré l'inimitié du prince en blâmant ses excès se trouvèrent, à leur grande surprise, honorés de l'approbation et de l'amitié du roi. Il regarda comme un acte de justice de rendre la liberté au comte de la Marche, détenu depuis son enfance par le feu roi sans autre crime que son droit au trône, et lorsque, par ses ordres, les restes de l'infortuné Richard furent transportés à l'abbaye de Westminster, il témoigna son respect pour ce prince en conduisant le deuil pendant la cérémonie des funérailles 1.
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1 Lingard, t. 5.
A suivre : Son fils, Henri V, étouffe une nouvelle insurrection des lollards.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Son fils, Henri V, étouffe une nouvelle insurrection des lollards.
Nous avons déjà vu quels principes d'anarchie religieuse et politique répandaient les wicléfites, nommés aussi lollards. Henri V en était alarmé, aussi bien que les seigneurs et les propriétaires, dont tous les droits étaient menacés. N'étant encore que prince de Galles il s'était uni aux Lords et aux Communes pour présenter une pétition à son père à l'effet d'obtenir l'arrestation et la punition de ces prédicateurs d'anarchie. Toutefois les chefs de cette secte révolutionnaire, au lieu de travailler à détruire ces impressions défavorables, cherchèrent à intimider leurs adversaires, et, durant la session du premier parlement, ils placèrent aux portes des diverses églises de Londres des affiches par lesquelles ils déclaraient que, si l'on employait l'autorité de la couronne pour combattre leur doctrine, ils pouvaient assembler cent mille hommes prêts à tirer l'épée pour sa défense. Cette audacieuse menace provoqua une enquête, et l'on découvrit que la personne dont les conseils dirigeaient tout le parti, et qui le gouvernait magistralement, était sir Oldcastle, appelé lord Cobham, de l'héritage de sa femme. Son château de Cowling était depuis longtemps le quartier général de wicléfites ou lollards ; ils étendaient de là leur propagande révolutionnaire dans le voisinage, et, protégés par ses serviteurs, ils bravaient les interdictions des évêques et les citations devant les cours spirituelles. Par considération pour cet homme, qui avait été l'un des intimes compagnons de Henri, au lieu de le citer devant le tribunal ordinaire, on l'appela directement devant le roi, qui entreprit sa conversion avec le zèle d'un apôtre. Mais l'opiniâtreté du disciple fatigua bientôt la patience du maître ; après quelques jours le roi commença à fortifier ses arguments par des menaces, et Oldcastle jugea qu'il était temps de quitter Windsor et de regagner sa résidence de Cowling.
Sa fuite fut suivie d'une proclamation du roi qui ordonnait aux magistrats d'arrêter non-seulement les prédicateurs ambulants, mais encore leurs auditeurs et leurs partisans, et d'un mandat à l'archevêque de Cantorbéry, qui lui intimait de procéder au désir de la loi contre les fugitifs. Les pouvoirs spirituels de ce prélat furent bientôt épuisés. Oldcastle désobéit à sa sommation et se moqua de son excommunication; mais il fut forcé de se rendre aux troupes envoyées par le roi et conduit à la tour de Londres comme prisonnier. Pendant son procès sa conduite envers le primat fut aussi arrogante et insultante que celle de son juge était digne et modérée. Non content de témoigner son dissentiment de la profession de foi orthodoxe, il vomit des torrents d'injures contre tous ceux qui la soutenaient. Il soutint que l'Église avait cessé d'enseigner la doctrine de l'Évangile du moment où elle avait été infectée du poison des richesses mondaines; que le clergé était l'antechrist ; que le Pape était la tête du monstre, les évêques et les prélats ses membres, et les ordres religieux la queue de la bête, et que celui-là seul était le véritable successeur de saint Pierre qui pratiquait les vertus de saint Pierre. Il comparut à la barre à deux jours différents, et, comme il persista dans ses erreurs, on le déclara hérétique obstiné. Toutefois le primat, qui était Thomas d'Arundell, en le remettant au magistrat civil, obtint du roi un sursis de cinquante jours, pendant lequel Oldcastle trouva moyen de s'échapper de la tour et de rassembler ses partisans les plus zélés. Ils envoyèrent sur-le-champ des émissaires dans les comtés voisins ; une armée fut secrètement organisée, et des milliers de fanatiques se tinrent prêts à marcher sur la capitale, bien qu'ils ignorassent les projets réels de leurs chefs.
Le premier plan des conspirateurs était de surprendre le roi…
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Louis- Admin
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A suivre : Henri V gagne la bataille d’Azincourt, se voit maître de la France et de l’Angleterre, et meurt dans la force de l’âge.Son fils, Henri V, étouffe une nouvelle insurrection des lollards. (suite)
Le premier plan des conspirateurs était de surprendre le roi à Eltham ; mais son départ inattendu pour Westminster, le 7 janvier 1414, le fit échouer. Les sectaires prirent alors la résolution de réunir tous leurs partisans dans les champs de Saint-Gilles, près de Londres, le lendemain de l'Epiphanie. Le roi, qui était parfaitement instruit de leurs intentions, fit garder avec soin les portes de la cité, afin de séparer les lollards qui se trouvaient dans ses murs de ceux qui étaient dehors, et se rendit un peu après minuit au lieu du rendez-vous, suivi d'un corps de troupes considérable. Les routes étaient couvertes d'insurgés qui se dirigeaient de toutes parts vers Saint-Gilles ; mais les premières compagnies n'y furent pas plus tôt arrivées qu'elles se trouvèrent enveloppées et gardées ; les fugitifs, en s'échappant, répandirent l'alarme ; les autres suspendirent leur marche et se dispersèrent précipitamment.
On calcule que le nombre des insurgés, dans cette circonstance, s'élevait à vingt mille. L'objet que se proposaient les chefs, suivant les proclamations du roi et les rapports faits au parlement, eût amené les résultats les plus désastreux. Les Communes, dans leur Adresse, établissent que les lollards avaient cherché à renverser la foi chrétienne, le roi, les dignités spirituelles et temporelles, et toute espèce de police et de loi. Henri, dans sa proclamation, déclare que les lollards voulaient le détruire, ainsi que ses frères et plusieurs lords spirituels et temporels, confisquer les possessions des églises, séculariser les ordres religieux, diviser le royaume en districts confédérés, et reconnaître sir Oldcastle comme président de la république. Ce dernier échappa, et, encore que le roi offrît à ceux qui l'arrêteraient des récompenses capables de séduire, il parvint à se soustraire pendant plusieurs années à la poursuite et aux recherches de ses ennemis. Un grand nombre de ses complices furent arrêtés, condamnés et exécutés; lui-même, en 1416, ayant trempé dans une nouvelle conspiration contre le roi, fut pris, traduit devant le parlement, et condamné comme traître à être pendu et comme hérétique à être brûlé. Étant sur l'échafaud il prédit à ses partisans qu'il ressusciterait le troisième jour ; ils allaient donc le vénérer comme un martyr. Malheureusement il ne leur tint point parole; il fut bien pendu et brûlé, mais ne ressuscita point1.
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1 Lingard, t b. Rot., parl. IV, 107-110. Walsingham, 399.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Henri V gagne la bataille d’Azincourt, se voit maître de la France et de l’Angleterre, et meurt dans la force de l’âge.
Le roi Henri V, ayant dompté, l'an 1414, l'insurrection des lollards et rétabli la tranquillité dans le royaume, résolut d'en transporter les éléments de trouble et de les utiliser au dehors par la guerre étrangère. En 1415 il vint avec une armée en France pour réclamer tout à la fois et les provinces qui avaient appartenu à ses ancêtres, les Plantagenets d'Anjou, et même le royaume de France, comme descendant d'Isabelle de France, fille de Philippe le Bel. Le 25 octobre il gagne la fameuse bataille d'Azincourt, mais y fait égorger les prisonniers. Les années suivantes il remporte de nouveaux avantages sur les Français, divisés contre eux-mêmes sous un roi en démence. Il joignait le titre de roi de France à celui de roi d'Angleterre. Au printemps 1420 il conclut à Troyes un traité avec le roi Charles VI, la reine Isabelle de Bavière et le duc de Bourgogne. En vertu de ce traité il renonce à son titre de roi de France; mais Charles VI l'adopte pour son fils et son héritier, à l'exclusion du soi-disant Dauphin Charles VII. Henri est déclaré régent et administrateur unique du royaume, en attendant la mort de Charles VI, auquel il succéda; les deux royaumes de France et d'Angleterre seront à jamais réunis sous le même sceptre et gouvernés par le même roi. Le 10 décembre les trois états du royaume de France, assemblés à Paris, acceptent solennellement le traité de Troyes et le déclarent loi de la monarchie.Pour consommer cette alliance Henri V épouse la princesse Catherine, fille de Charles VI et d'Isabelle de Bavière, qui lui donne un fils le 6 décembre 1421.
Henri V, dans la force de l'âge, maître de la France et de l'Angleterre, ayant de plus en son pouvoir le roi d'Ecosse, paraissait au comble de la prospérité humaine. Une maladie que les historiens disent avoir été une dyssenterie, les autres une fistule, vint briser tout à coup cette prospérité du maître de la France et de l'Angleterre. Le roi affecta de la mépriser pendant quelque temps ; mais elle mina d'autant plus vite sa constitution et confondit toute la science des médecins.
A la fin de juillet 1422 Henri allait poursuivre ses conquêtes, lorsque l'épuisement de ses forces l'obligea de se faire transporter à Vincennes, où les progrès du mal ôtèrent toute espérance de guérison. Il se soumit avec résignation à sa destinée et partagea le peu de temps qui lui restait entre les dispositions relatives à son âme et les affaires de sa famille. Quand il eut réglé ce qui regardait le gouvernement des deux royaumes et son fils au berceau, il se tourna vers ses médecins et leur demanda combien de temps il avait encore à vivre; on lui répondit que le Très-Haut avait le pouvoir de le rendre à la santé. Mécontent de ces paroles évasives, il répéta sa question en exigeant une réponse directe. « Eh bien ! Sire, répliqua l'un des médecins en se jetant à genoux, songez au salut de votre âme, car il ne vous reste plus que deux heures à vivre. » Le roi entendit cet arrêt terrible sans s'émouvoir, demanda son confesseur et consacra ce moment à des exercices de dévotion. Comme les assistants, rassemblés autour de son lit, récitaient les psaumes de la Pénitence, il les interrompit à ce verset : Tu relèveras les murs de Jérusalem, et dit d'une voix faible qu'il avait toujours eu l'intention de visiter la Palestine et d'arracher la cité sainte au joug des Sarrasins. Il expira après quelques heures, le 31 août 1422, âgé d'environ trente-six ans, dans la dixième année de son règne, laissant un fils unique âgé de huit mois 1.
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1 Lingard, Tite Live, Monstrelet. Walsingham.
A suivre : Sous ces trois règnes, l’Angleterre continue à reconnaître les Pontifes romains et non celui d’Avignon. Bon usage que les Papes faisaient en Angleterre de certaines nominations.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Sous ces trois règnes, l’Angleterre continue à reconnaître les Pontifes romains et non celui d’Avignon.
Bon usage que les Papes faisaient en Angleterre de certaines nominations à eux réservées.
Sous les trois règnes de Richard II, de Henri IV et de Henri V, qui comprennent toute la durée du grand schisme d'Occident, l'Angleterre continua toujours à reconnaître le Pape de Rome, Urbain VI, Boniface IX, Innocent VII, Grégoire XII, lequel autorisa le concile de Constance, y abdiqua par procureur et reconnut Martin V, dont l'élection mit fin au schisme. L'an 1383, sous Richard II, l'Angleterre entreprit même une croisade contre la France, pour y combattre le schisme et y faire reconnaître Urbain VI. Henri Spenser, jeune et belliqueux évêque de Norwich, fut chargé de cette expédition. Il y fit quelques exploits; mais l'entreprise manqua, dit-on, par la jalousie du duc Jean de Lancastre, père de Henri IV.
Sous le règne de Richard II il y eut quelques difficultés sur les provisions du Pape en Angleterre. On appelle ainsi les lettres par lesquelles le Pape conférait des bénéfices ou offices vacants ou à vaquer dans ce pays. Les évêques s'en plaignaient comme préjudiciables à leurs droits. Le roi, le parlement, le Pape s'en occupèrent. Il y eut enfin cet accommodement: on abolit entièrement les provisions en faveur des étrangers, à l'exception des cardinaux, et, en faveur des indigènes, elles ne furent généralement accordées qu'à des personnes qui avaient obtenu préalablement la licence royale 1.
Or voici ce qui arriva et qui…
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1Wilkins, Concil. Britann., t. 3, p. 237.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
A suivre : Révolution en Allemagne. Wenceslas est déposé de l’empire.Sous ces trois règnes, l’Angleterre continue à reconnaître
les Pontifes romains et non celui d’Avignon.
Bon usage que les Papes faisaient en Angleterre de certaines nominations à eux réservées.
(suite
Or voici ce qui arriva et qui mérite une attention toute particulière; car on y voit quel usage les Papes faisaient généralement de ces provisions.
La durée du schisme permit en Angleterre d'exécuter sans la moindre opposition les statuts relatifs aux provisions pontificales. L'expérience démontra bientôt que l'on s'était engagé sans réflexion dans une route qui conduisait à l'abaissement des lettres et à la destruction des universités. Deux de ces corps présentèrent à l'assemblée du clergé, en 1399, des pétitions où ils établissaient que, tant qu'il avait été loisible aux Papes de conférer des bénéfices par provision, ils les avaient toujours donnés à des hommes d'esprit et de talent, qui avaient pris leurs degrés dans les universités et que le résultat de cette préférence avait été de piquer d'émulation les étudiants et de multiplier leur nombre, mais que, depuis les statuts contre ceux qui obtenaient des provisions pontificales, les patrons ayant négligé les membres des universités, les étudiants avaient disparu et les écoles étaient presque abandonnées. Le mal ne fit que s'accroître. Seize années après il fixa l'attention des Communes, qui, pour arracher les universités à leur ruine complète, demandèrent au roi de rapporter les statuts contre les pourvus ou proviseurs ou bien de pourvoir à leur sort d'une manière convenable. Le roi les informa qu'il en avait référé aux évêques ; mais ces prélats ne se souciaient nullement de la révocation des statuts, et en 1417 le synode publia une ordonnance qui obligeait tout collateur spirituel, durant les dix années suivantes, à faire présent du premier bénéfice vacant à sa présentation, et, après ce temps, du second, à quelque membre de l'une des universités, gradué dans l'une des trois facultés de théologie, de jurisprudence ou de médecine. On espérait que cet expédient apaiserait toutes les réclamations; mais quatre années s'écoulèrent avant qu'on pût exécuter ce règlement, et cela afin de discuter les objections élevées parles universités elles-mêmes 1.
On voit par ces faits que les plaintes contre les empiétements et les abus de la cour de Rome peuvent n'être pas toujours bien fondées, et que les abus peuvent se trouver quelquefois du côté de ceux qui se plaignent.
Autre exemple. On admire la politique de Henri V d'Angleterre, qui, pour pacifier son propre royaume, en emploie les éléments de discorde à la guerre étrangère. Aujourd'hui on admirerait les souverains d'Europe qui conviendraient d'unir leurs forces pour repousser la barbarie et faire triompher la vraie civilisation par tout le monde; et on ne veut pas voir que les Papes faisaient l'un et l'autre par les croisades.
Pendant le grand schisme d'Occident l'Allemagne eut ses révolutions politiques…
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1 Lingard, t. 5, p. 83. Wilkins, t. 3, p. 242, 381, 401.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
A suivre : Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.Révolution en Allemagne. Wenceslas est déposé de l’empire.
Pendant le grand schisme d'Occident l'Allemagne eut ses révolutions politiques, aussi bien que la France et l'Angleterre. L'empereur Charles IV, de la maison de Luxembourg, étant mort l'an 1378, eut pour successeur son fils Wenceslas, roi de Bohême en 1363, élu roi des Romains en 1376. Wenceslas est surnommé tantôt l'Ivrogne et tantôt le Fainéant, Sa vie fut un tissu de débauches, de cruautés et de bassesses. Il continuait, sur le modèle de son père, d'aliéner les droits et les villes de l'empire. Celles de Souabe et du Rhin firent une ligue pour défendre leur liberté contre les seigneurs qui les acquéraient.
L'an 1394 les seigneurs de Bohême, voyant augmenter les excès de Wenceslas en tout genre, l'enferment dans une prison comme une bête féroce. Il s'échappe peu de temps après et reprend le gouvernement; mais ses fureurs, plus insupportables que jamais, deviennent telles que les grands du royaume appellent à leur secours Sigismond, son frère, roi de Hongrie.
L'an 1397 Wenceslas est enfermé pour la seconde fois dans une forteresse; une seconde fois il s'échappe et remonte sur le trône. Il faisait de l'exécuteur des hautes œuvres son ami et son confident, l'appelait son compère, tenait son fils sur les fonts de baptême, inventait de nouvelles agonies, et envoyait à la mort le confesseur de la reine parce qu'il refusait de lui révéler le secret de la confession.
Les princes électeurs, voyant l'empire se précipiter vers sa ruine, s'assemblent à Ladenstein, y déposent Wenceslas le 20 août 1400; puis, étant passés à Rentz, ils y élisent roi des Romains Frédéric, duc de Brunswick, qui est assassiné deux jours après par le comte de Waldeck.
Nouvelle élection à Rentz, le 24 août, en faveur de Robert, comte palatin du Rhin, qui, voulant récupérer le Milanais en 1401, est battu par Galéas Visconti et meurt le 18 mai 1410. Le 20 septembre de la même année une partie des électeurs élisent à Francfort le roi de Hongrie, Sigismond, tandis que les autres, dans la même ville, élisent Josse, margrave de Moravie.
Il y eut ainsi trois, empereurs, comme il y avait alors trois Papes. Mais la mort de Josse, arrivée le 8 janvier 1411, et l'acquiescement de Wenceslas à l'élection de son frère terminèrent promptement le schisme impérial.
Les vices de tout genre par lesquels Wenceslas scandalisait l'empire et la Bohême, surtout la ville de Prague, faisaient admirer d'autant plus les vertus de saint Jean Népomucène…
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Re: Grand schisme d'Occident...
Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.
Les vices de tout genre par lesquels Wenceslas scandalisait l'empire et la Bohême, surtout la ville de Prague, faisaient admirer d'autant plus les vertus de saint Jean Népomucène. Jean naquit vers l'an 1330 à Népomuck, petite ville de Bohême, à quelques lieues de Prague. Ses parents étaient plus distingués par la piété que par le rang et la fortune. Ils étaient déjà très-avancés en âge, sans avoir d'enfants, lorsqu'ils obtinrent ce fils par l'intercession de la sainte Vierge, qu'ils allaient prier devant son image dans une église de Cisterciens, hors la ville. Afin que son nom seul rappelât au nouveau-né quelle affection il devait à Marie, ils le nommèrent Jean. Il lui dut en effet non-seulement sa naissance, mais sa conservation; car, dans ses premières années, il tomba dangereusement malade; mais, ses parents ayant fait un vœu devant la même image de la Vierge et pris certains engagements pour le reste de leur vie, l'enfant se leva aussitôt guéri. A sa naissance même des flammes très-sereines, à la grande joie de la ville de Népomuck, parurent descendre du ciel et entourer, sans faire de mal, toute la maison où il venait de naître. Nous verrons des flammes semblables reparaître à sa mort.
Envoyé de bonne heure à l'école, il y apprit d'abord les répons de la messe. Dès qu'il les sut il allait tous les matins, de lui-même, à l'église des Cisterciens, hors de la ville, et y servait toutes les messes qui s'y disaient. Les personnes sages en auguraient dès lors quelque chose de grand. A la piété la plus tendre il y oignait un esprit très-vif. Ses parents l'envoyèrent étudier la langue latine à, Staaze, ville considérable du pays. Il y fit ses humanités, surtout sa rhétorique, avec la plus grande distinction.
Charles IV, empereur d'Allemagne et roi de Bohême, venait de fonder l'université de Prague sur le modèle de celle de Paris, de Bologne et de Padoue. Il y avait attiré des maîtres habiles de toutes les parties de l'Europe et les y avait fixés en leur promettant de magnifiques récompenses; aussi la nouvelle université fut-elle célèbre dès sa naissance. Il y vint un nombre prodigieux d'étudiants de différentes contrées de l'Allemagne. Jean y fut aussi envoyé. Outre la philosophie il y étudia la théologie et le droit canonique, et il prit le degré de docteur dans ces dernières facultés.
Dès ses premières années il s'était senti une forte inclination pour le sacerdoce ; il y avait rapporté toutes ses études, et en avait fait une espèce d'apprentissage en participant fréquemment à la sainte communion. Le but qu'il se proposait en embrassant cet état était de se consacrer sans réserve à procurer la gloire de Dieu. Plus il voyait approcher le jour de son ordination, plus il redoublait de ferveur dans ses différents exercices. Il ne se présenta à son évêque qu'après avoir passé un mois dans la retraite et purifié son âme par la prière, le jeûne et la mortification.
A peine eut-il reçu l'onction sacerdotale qu'on lui ordonna de faire valoir le rare talent qu'il avait pour la prédication….
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.
(suite)
A peine eut-il reçu l'onction sacerdotale qu'on lui ordonna de faire valoir le rare talent qu'il avait pour la prédication. Son évêque lui confia la chaire de la paroisse Notre-Dame de Tein. Ses premiers travaux produisirent des fruits admirables ; toute la ville s'empressait d'aller l'entendre annoncer la parole de Dieu, et l'on vit en peu de temps une réforme générale. Les étudiants, qui étaient alors au nombre de quatre mille, couraient aussi en foule à ses discours. Les plus effrontés libertins ne pouvaient l'écouter sans être touchés, et ils s'en retournaient chez eux pénétrés des sentiments d'une vive componction.
L'archevêque et le chapitre de Prague résolurent de s'attacher un homme si rempli de l'esprit de Dieu ; ils lui donnèrent donc un canonicat qui vint à vaquer. Jean se montra toujours fort exact à assister au chœur ; mais cela ne l'empêcha pas de trouver encore du temps pour travailler au salut des âmes en exerçant ses premières fonctions.
L'empereur élu Wenceslas, qui demeurait habituellement à Prague, ayant entendu parler du serviteur de Dieu, voulut le connaître par lui-même et le nomma pour prêcher l'Avent à la cour. Jean sentit combien une telle commission était difficile et dangereuse ; il l'accepta cependant, et il s'en acquitta avec l'applaudissement du prince et de tous ses courtisans. Wenceslas fut même touché des discours du saint prédicateur, et il arrêta quelque temps le cours de ses passions déréglées.
Sur ces entrefaites le siège épiscopal de Létoméritz vint à vaquer. L'empereur, pour marquer l'estime qu'il faisait de Jean Népomucène, le lui offrit ; mais il fut impossible de déterminer le vertueux chanoine à l'accepter. On supposa que son refus pouvait être fondé sur les dangers et les travaux indispensables de l'épiscopat ; ainsi on lui offrit la prévôté de Wisegrad, qui, après les évêchés, était la première dignité ecclésiastique de la Bohême ; elle rapportait cent mille florins par an; elle n'exigeait ni soins, ni peines, ni fatigues, et donnait le titre honorable de chancelier héréditaire du royaume. Mais ce n'est guère connaître les saints que de leur faire des offres semblables; s'ils refusent les grandes, lors même qu'elles présentent des travaux à leur zèle et des croix à leur vertu, que doivent-ils penser de celles qui, pour tout attrait, ne leur montrent que des trésors à recueillir et des honneurs à recevoir ? Le vertueux chanoine fut donc, aussi inébranlable dans cette occasion qu'il l'avait été dans la précédente.
Mais plus il méprisait les grandeurs du monde, plus Dieu…
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(suite)
Mais plus il méprisait les grandeurs du monde, plus Dieu permettait que le monde l'estimât. Si, dans la suite, il accepta la place d'aumônier de l'empereur, il ne le fit que pour se mettre à portée d'instruire la cour avec plus d'autorité, et conséquemment avec plus de fruit ; il se voyait aussi par là plus en état de satisfaire sa tendresse pour les pauvres. Cette place, d'ailleurs, ne l'exposait point aux distractions, et elle ne lui offrait ni ces richesses ni ces honneurs qui l'avaient si fort effrayé dans les prélatures ; ce fut ainsi l'humilité qui le fixa à la cour, où l'ambition conduit presque tous les hommes. Il y parut tel qu'il avait été dans la retraite. Son appartement était le rendez-vous de tous les malheureux ; il leur servait d'avocat et de père ; leur cause devenait la sienne, et il leur procurait tous les secours qui dépendaient de lui. Sa charité était ingénieuse à découvrir et à concilier les différends qui s'élevaient à la cour et dans la ville ; il assoupissait beaucoup de querelles et prévenait quantité de procès. Il reste encore des monuments authentiques de ces accommodements que l'on remit à sa décision ; on y admire également l'esprit de pénétration, de sagesse et d'équité. Il trouvait du temps pour tous ces objets, parce que les saints, en oubliant ce qui les concerne personnellement, ont bien plus de loisir que les autres hommes pour s'employer au service du prochain.
L'impératrice Jeanne, fille d'Albert de Bavière, comte de Hainaut et de Hollande, était une princesse ornée de toutes les vertus. Touchée de l'onction qui accompagnait les discours de Jean Népomucène, elle le choisit pour le directeur de sa conscience. Elle avait besoin d'un tel guide au milieu des désagréments qu'il lui fallait essuyer de la part de l'empereur. Wenceslas l'aimait avec passion ; mais, comme il était d'un esprit changeant et capricieux, il se livrait de temps en temps à des accès de jalousie qui, joints à sa férocité naturelle, causaient bien des chagrins à la vertueuse princesse.
Depuis que le monde a été sauvé par les souffrances d'un Dieu, c'est par les afflictions que se forment les saints. Pour sanctifier l'impératrice, en la détachant de tout ce qui pouvait partager son cœur, le Ciel employa d'abord la persécution de son mari, laquelle fut souvent portée aux derniers excès ; en même temps il lui donna Jean Népomucène pour la consoler et la conduire. Sous cet habile directeur elle fit en peu d'années de très-rapides progrès. Soutenue par un homme que son zèle préparait au martyre, elle apprit à supporter ses peines avec joie.
L'impératrice ne fut pas la seule qui se mit sous la conduite du serviteur de Dieu ; toutes les personnes vertueuses de la cour le prièrent de se charger du soin de leur âme. On admirait en lui le talent de former des saints sur le trône, des heureux dans les souffrances, et de faire aimer la vertu au milieu du grand monde, où elle est si souvent méconnue. On l'obligea encore de diriger les religieuses du château de Prague, et il les conduisit si bien dans les exercices de la vie spirituelle que leur maison devint un modèle de la perfection monastique.
L'impératrice avait de tout temps pratiqué la vertu, mais sa vertu augmenta beaucoup lorsqu'elle ne se conduisit plus que par les conseils de Jean Népomucène…
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L'impératrice avait de tout temps pratiqué la vertu, mais sa vertu augmenta beaucoup lorsqu'elle ne se conduisit plus que par les conseils de Jean Népomucène. On s'aperçut bientôt du changement qui s'était opéré en elle. Les églises devinrent le lieu où on la trouvait ordinairement ; elle y passait les journées entières à genoux et dans un recueillement qui faisait l'admiration de tout le monde. Ses prières n'étaient interrompues que par le temps qu'elle employait au soulagement des pauvres, et elle ne dédaignait point de les servir de ses propres mains. Les entretiens avec les dames de sa suite, qui étaient le seul relâchement qu'elle se permît, ne roulaient que sur les vérités éternelles, et ses discours étaient alors accompagnés d'une onction qui annonçait la ferveur de son âme. Elle nourrissait en elle le feu de l'amour divin par la fréquentation des sacrements, par la pratique des austérités et par l'usage d'une mortification continuelle-La crainte de déplaire à Dieu lui faisait fuir jusqu'à l'ombre du péché, et, s'il lui échappait quelqu'une de ces fautes légères dont les plus saints ne sont pas exempts, elle allait aussitôt les porter au tribunal de la pénitence afin de les expier.
Mais comme tout se change en poison pour un cœur corrompu, la piété de l'impératrice ne fit qu'aigrir le caractère féroce de Wenceslas ; il s'offensa même des marques de tendresse et de complaisance qu'elle ne cessait de lui donner. Présente il la haïssait, absente il l'aimait éperdument. Sa jalousie ne connut plus de bornes, et, interprétant mal les actions les plus saintes de son épouse, il en prit occasion d'augmenter ses soupçons sur la conduite de la princesse.
Aveuglé par sa passion, il forma un projet aussi nouveau qu'extravagant…
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Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.Aveuglé par sa passion, il forma un projet aussi nouveau qu'extravagant ; il manda saint Jean Népomucène, lui parla d'abord de chose et d'autre, et prononça comme sans dessein le nom de l'impératrice ; sur quoi il fit observer que, attendu la condition et la soumission de la femme, un mari devait tout savoir, surtout dans la famille des rois et des empereurs. Tout ce que Jean pouvait jamais souhaiter d'honneurs, de richesses et de félicité, il le lui promettait sur parole de roi s'il pouvait se résoudre à lui confier, à lui seul, et si peu que ce fût, ce que l'impératrice lui avait découvert dans le tribunal de la pénitence. Ce serait pour lui la plus grande des consolations, au milieu de ses soins de roi et d'empereur. A cette demande criminelle le saint homme fut saisi d'horreur et représenta gravement et librement au roi quel crime il lui demandait, l'exhortant à condamner sa curiosité et à ne plus désirer l'impossible. Wenceslas dissimula son dépit ; il pensait que celui qui avait résisté à une première attaque pourrait se laisser vaincre à une seconde ou à une troisième.
(suite)
Un jour que le prince était à table on lui servit une volaille qui n'était point assez rôtie; aussitôt, ne se possédant plus de rage il ordonne d'embrocher le cuisinier et de le faire rôtir au même feu. Les courtisans, saisis d'horreur, pâlissent et se regardent l'un l'autre ; ils voyaient que, pour peu qu'ils vinssent à broncher, ils devaient s'attendre au môme supplice ; mais nul n'osait dire un mot d'intercession pour adoucir la cruauté royale. Seul le bienheureux Jean Népomucène, ayant obtenu audience de l'empereur, s'efforça d'abord de l'apaiser par de douces paroles. N'y ayant pu réussir, il commence à lui remontrer avec un langage plus ferme l'atrocité du fait. A peine a-t-il dit quelques mots que le roi Wenceslas s'emporte et ordonne de le plonger au fond d'un cachot. Jean souffrit avec joie cet indigne traitement ; il n'ignorait pas la cause secrète qui le lui avait attiré; Wenceslas lui-même n'en faisait pas mystère, et on alla de sa part dire au saint qu'il ne recouvrerait point sa liberté tant qu'il s'opiniâtrerait à ne pas révéler la confession de l'impératrice ; mais le bienheureux martyr était résolu à plutôt mourir mille fois que de dire un mot de la confession. Quelques jours après un gentilhomme vint le trouver pour lui annoncer son élargissement; il ajouta que l'empereur le priait d'oublier le passé, et qu'il l'invitait à dîner le lendemain avec lui, afin de lui donner la preuve la plus authentique de son estime et de son amitié.
Jean Népomucène se rendit le lendemain au palais et y fut très-bien reçu à l'extérieur. Le repas fini, Wenceslas fit retirer tous ceux qui étaient présents et resta seul avec le saint. Il s'entretint d'abord avec lui de choses indifférentes ; il s'ouvrit ensuite et employa tous les moyens possibles pour l'engager à découvrir tout ce que l'impératrice lui avait dit en confession. « Vous pouvez, disait-il, compter de ma part sur un secret inviolable ; d'ailleurs je vous comblerai d'honneurs et de richesses. Il vous importe extrêmement de vous rendre à ce que j'exige, et je vous déclare qu'en persistant à me désobéir vous vous exposez aux plus cruels supplices et même à la mort. » Le saint répondit, comme auparavant, qu'il était obligé au silence par les lois les plus sacrées, et que rien ne serait jamais capable de lui faire trahir son devoir.
L'empereur, furieux, appelle aussitôt son compère; ainsi appelait-il le bourreau…
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(suite)
L'empereur, furieux, appelle aussitôt son compère; ainsi appelait-il le bourreau. D'après ses ordres le saint est conduit en prison, étendu sur un chevalet ; le bourreau et ses satellites lui appliquent des torches ardentes aux côtés et aux parties du corps les plus sensibles; ils le brûlent à petit feu et le tourmentent avec la plus horrible barbarie. Au milieu de ce supplice Jean Népomucène ne prononçait d'autres paroles que les noms de Jésus et de Marie. A la fin on le retira de dessus le chevalet ; mais il était presque expirant. Le Seigneur visita son serviteur dans la prison et remplit son âme des plus douces consolations.
Cependant l'impératrice apprit ce qui se passait; elle alla se jeter aux pieds de Wenceslas, qu'elle fléchit par ses larmes et ses prières; elle obtint même l'élargissement du serviteur de Dieu, Quelque temps après, Jean Népomucène, ayant guéri ses blessures sans recourir à aucun des siens, reparut en public, reprit ses prédications et ses autres bonnes œuvres avec plus de zèle que jamais, pour se préparer à une mort prochaine, soit qu'il en fût averti par révélation, soit qu'il s’y attendît naturellement d'après le caractère implacable de Wenceslas. Prêchant un jour sur ce texte : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, il répéta si souvent ces autres paroles : Je n'ai plus guère de temps à m'entretenir avec vous, que l'auditoire comprit aisément que son but était de leur apprendre qu'il touchait à sa dernière heure. A la fin du même discours il fut saisi d'une espèce d'enthousiasme prophétique, des larmes abondantes coulèrent de ses yeux, et il prédit les maux qui devaient bientôt fondre sur la Bohême. La prédiction se vérifia par les ravages affreux que causa la guerre des hussites. Le saint, avant de descendre de chaire, dit un dernier adieu à son auditoire, puis il demanda pardon aux chanoines et au clergé de tous les mauvais exemples qu'il pouvait leur avoir donnés.
Depuis ce jour-là il se consacra tout entier aux exercices par lesquels on s'assure une bonne mort…
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(suite)
Depuis ce jour-là il se consacra tout entier aux exercices par lesquels on s'assure une bonne mort. Il avait toujours été persuadé que la protection de la sainte Vierge est fort importante dans les derniers moments ; afin de la mériter il fit le pèlerinage de Buntzel, pour visiter la célèbre image de cette Mère commune des fidèles, que saint Cyrille et saint Méthode, apôtres des Slaves, y avaient placée autrefois et qui était singulièrement révérée dans toute la Bohême.
Il revint sur le soir, après avoir satisfait sa dévotion. L'empereur, regardant par une des fenêtres du palais, l'aperçut dans la rue. Il sentit réveiller tout à coup son indignation et sa curiosité sacrilège; il ordonne qu'à l'heure même on lui amène son aumônier, et, sans lui donner le temps de se reconnaître, il lui dit brusquement qu'il n'avait qu'à opter entre mourir ou révéler les confessions de l'impératrice. Le saint ne répondit rien, mais son silence était assez expressif pour donner à entendre qu'il était inébranlable dans sa première résolution. Alors Wenceslas, ne gardant plus de mesures, s'écria : « Qu'on m'ôte cet homme de devant mes yeux, et qu'on le jette dans la rivière aussitôt que les ténèbres seront assez épaisses pour dérober au peuple la connaissance de l'exécution ! » Jean Népomucène employa le peu d'heures qui lui restaient à se préparer à son sacrifice. On le précipita, pieds et mains liés, dans la Muldaw, de dessus le pont qui joint la grande et la petite Prague. C'était la veille de l'Ascension, 16 mai 1383.
L'empereur voulait tenir cette mort bien secrète, Dieu la manifesta aussitôt par des miracles. A peine le martyr eut-il été asphyxié sous les eaux que son corps, flottant sur la rivière, fut environné d'une clarté céleste qui attira une foule de spectateurs. L'impératrice, qui ne savait rien de ce qui s'était passé, courut chez Wenceslas pour lui demander la raison de cette lumière qu'elle avait aperçue de son appartement. Frappé de terreur il ne fit aucune réponse ; il alla cacher son désespoir à la campagne, où il défendit à qui que ce fût de le suivre. A la pointe du jour le mystère s'éclaircit, et les bourreaux eux-mêmes trahirent le secret du prince.
Toute la ville accourut pour voir le saint corps…
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A suivre : Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.Vie, vertus et martyre de saint Jean Népomucène.
(suite)
Toute la ville accourut pour voir le saint corps. Les chanoines de la cathédrale vinrent processionnellement l'enlever avec toutes les marques d'honneur qu'ils purent imaginer ; ils le portèrent dans l'église de Sainte-Croix-des-Pénitents, voisine du lieu où le crime s'était commis, en attendant qu'ils lui eussent préparé dans leur église un tombeau plus digne de lui. Il se faisait un concours prodigieux au lieu où était le martyr ; chacun s'empressait de lui baiser les pieds et les mains ; on se recommandait à ses prières, et l'on s'estimait heureux de pouvoir se procurer quelque parcelle de ses vêtements et de tout ce qui avait été à son usage.
L'empereur eut avis de ce concours dans sa retraite. Craignant que le peuple ne se soulevât, il fit dire aux religieux pénitents d'empêcher le tumulte dans leur église et de retirer dans un lieu plus écarté le corps du saint. Ils obéirent à l'heure même ; mais le trésor qu'ils avaient caché fut bientôt découvert. Lorsque tout fut prêt pour le recevoir dans la cathédrale, les chanoines et le clergé, accompagnés d'une foule innombrable de peuple, se rendirent en procession à l'église de Sainte-Croix. Ils en tirèrent le corps du martyr, qu'ils portèrent solennellement dans l'église métropolitaine. On l'y enterra, et l'on mit sur son tombeau une pierre où fut gravée depuis cette épitaphe qu'on y lit encore aujourd'hui : « Sous cette pierre repose le corps du très-vénérable et très-glorieux thaumaturge Jean Népomucène, docteur, chanoine de cette église et confesseur de l'impératrice, lequel, pour avoir été constamment fidèle à garder le sceau de la confession, fut cruellement tourmenté et précipité du pont de Prague dans la rivière de la Muldaw, par les ordres de Wenceslas IV, empereur et roi de Bohême, fils de Charles IV, l'an mil trois cent quatre-vingt-trois. »
Plusieurs malades, dont la guérison était désespérée, recouvrèrent la santé durant la translation de son corps ; il s'opéra aussi depuis de semblables miracles à son tombeau. Enfin tous ceux qui réclamèrent son intercession avec foi méritèrent d'obtenir les faveurs qu'ils demandaient.
Les empereurs Ferdinand II et Ferdinand III sollicitèrent la canonisation du serviteur de Dieu, laquelle fut enfin obtenue par Charles VI. On ouvrit son tombeau le 14 avril 1719. On trouva son corps dégarni de ses chairs, mais les os étaient encore entiers et parfaitement joints les uns aux autres ; on voyait seulement derrière la tête et aux épaules les marques de sa chute lorsqu'il avait été précipité dans la rivière ; mais la langue était si fraîche et si bien conservée qu'on eût dit que le saint ne venait que d'expirer. Saint Jean Népomucène avait été honoré comme martyr en Bohême depuis sa mort ; ce fut pour rendre son culte plus authentique et plus universel qu'on demanda sa canonisation, et l'on produisit de nouveaux miracles dont la vérité fut juridiquement constatée à Prague et à Rome. Innocent XIII confirma le culte qu'on lui rendait par un décret équivalent à un décret de béatification.
Enfin Benoît XIII publia la bulle de sa canonisation en l'an 1729 1.
Dans la famille même de l'empereur Wenceslas, qui était la maison de Luxembourg, il y avait, à l'époque de saint Jean Népomucène, un saint illustre, savoir, saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
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1 Acta SS., et Godescard, 16 mai.
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Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
Dans la famille même de l'empereur Wenceslas, qui était la maison de Luxembourg, il y avait, à l'époque de saint Jean Népomucène, un saint illustre, savoir, saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
Pierre, fils de Guy de Luxembourg, comte de Ligny, et de Mathilde, comtesse de Saint-Paul, naquit en 1369 à Ligny, petite ville de Lorraine, au diocèse de Toul, maintenant de Verdun. Il était proche parent de l'empereur Wenceslas, de Sigismond, roi de Hongrie, et de Charles VI, roi de France. Il n'avait que trois ans lorsqu'il perdit son père. L'année suivante la mort lui enleva sa mère. La comtesse d'Orgières, sa tante, qui était en même temps comtesse douairière de Saint-Paul, se chargea du soin de son éducation, et, lorsqu’elle se vit obligée de partager ce soin avec d'autres, elle choisit des personnes recommandables par leur vertu et leur capacité.
Le jeune Pierre seconda parfaitement les vues de sa tante et de ses maîtres. Les exemples qu'il avait sans cesse devant les yeux et les instructions qu'il recevait tous les jours firent sur lui de vives impressions et fortifièrent le goût naturel qu'il avait pour la vertu. Dans un âge encore tendre il prévenait jusqu'aux premières saillies des passions. Son ardeur pour la pratique du bien était si extraordinaire que ceux qui le connaissaient n'en pouvaient assez marquer leur étonnement. On regardait comme un miracle de la grâce sa ferveur et son assiduité à la prière, son zèle pour la mortification, son abstinence, et surtout son amour pour l'humilité, dans un âge où les autres se laissent ordinairement conduire par les sens. Il n'avait point encore atteint sa septième année lorsqu'il promit à Dieu de vivre dans une continence perpétuelle. En quelque lieu qu'il se trouvât il employait mille moyens pour que les pauvres fussent assistés.
A l'âge de dix ans on l'envoya à Paris pour achever ses études…
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Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
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A l'âge de dix ans on l'envoya à Paris pour achever ses études; il s'y appliqua successivement aux belles-lettres, à la philosophie et au droit canonique. Pendant qu'il était dans cette ville, Valeran, son frère aîné, comte de Saint-Paul, fut fait prisonnier par les Anglais, dans une bataille qui se livra en Flandre, et où les Français et les Flamands furent battus. Ayant appris que son frère avait été envoyé à Calais, il interrompit le cours de ses études, se rendit à Londres, et resta en otage pour le comte de Saint-Paul jusqu'à ce que celui-ci eût payé sa rançon. Sa vertu lui gagna l'estime et l'affection des Anglais ; ils lui accordèrent généreusement la liberté après un an de séjour à Londres, en lui disant que sa parole leur suffisait pour la sûreté du payement de la somme stipulée. Le roi Richard II l'invita avenir à sa cour ; mais il apporta divers prétextes pour s'en dispenser, et il se hâta de revenir à Paris pour y reprendre ses études.
Il maltraitait son corps par de longues veilles et par des jeûnes rigoureux. Jamais il ne faisait de visites, à moins qu'elles ne fussent indispensables; encore ne visitait-il que des personnes d'une piété éminente et dans le commerce desquelles il y eût à gagner pour la sanctification de son âme. Il voyait souvent Philippe de Maizières, qui possédait à un haut degré l'esprit de prière et de pénitence. Philippe, ainsi que nous l'avons vu, avait été chancelier des royaumes de Jérusalem et de Chypre. Il menait depuis vingt-cinq ans une vie retirée chez les Célestins de Paris, sans avoir embrassé cependant l'institut de ces religieux. Les avis que Pierre reçut de ce grand serviteur de Dieu devinrent pour lui une source de nouvelles lumières, et le firent merveilleusement avancer dans les voies intérieures de la perfection.
En 1383 le comte de Saint-Paul, son frère, lui obtint un canonicat dans la cathédrale de Paris ; cette dignité lui parut un nouvel engagement à la ferveur dans le service de Dieu. Toute la ville fut singulièrement édifiée de son assiduité au chœur, de sa charité envers tous les hommes, de l'innocence de sa vie, de sa douceur et de son amour pour les mortifications de la pénitence. Sa modestie voulait inutilement couvrir l'éclat de ses vertus, elles brillaient à proportion des efforts qu'il faisait pour en dérober la connaissance aux autres. Il avait une haute idée des moindres fonctions cléricales, et il saisissait avec empressement l'occasion de les exercer dans l'église.
Le pape d'Avignon, Clément VII, qui était reconnu en France, ayant entendu le bruit de sa sainteté, le nomma archidiacre de Dreux, au diocèse de Chartres, et il le choisit en 1384 pour être évêque de Metz. Il crut que sa prudence et sa sainteté étaient une raison suffisante pour le dispenser du défaut d'âge. Peut-être y eut-il encore d'autres motifs. Pierre, qui n'avait que quinze ans, mit tout en œuvre pour ne point accepter l'évêché ; mais il se rendit à la fin, parce qu'on lui répéta souvent qu'il offenserait Dieu s'il persistait avec opiniâtreté dans son refus. Il ne se rendit donc que par la crainte de pécher, et par suite d'un scrupule qu'on lui avait inspiré à cause de sa désobéissance au Pape.
Il fit son entrée à Metz nu-pieds et monté sur un âne, imitant en cela l'humilité de Jésus-Christ…
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Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
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Il fit son entrée à Metz nu-pieds et monté sur un âne, imitant en cela l'humilité de Jésus-Christ. Il bannit de la cérémonie tout ce qui sentait la magnificence, ou plutôt il ne fut magnifique que dans les aumônes qu'il distribua aux pauvres. Toute sa suite ne respirait que la modestie et la piété. Quand il eut pris possession de son église il entreprit la visite de son diocèse avec Bertrand, religieux de l'ordre de Saint-Dominique, qui lui avait été donné pour suffragant, et qui, pour cet effet, avait été sacré évêque de Thessalie. Partout il réforma les abus et donna des preuves étonnantes de zèle et de prudence.
Il divisa son revenu en trois parts : l'une pour l'Église, l'autre pour les pauvres, la troisième pour l'entretien de sa maison ; il ménageait encore sur cette troisième part pour grossir celle des pauvres. Les jours de jeûne d'Église il ne vivait que de pain et d'eau ; il faisait la même chose en Avent, ainsi que les mercredis, les vendredis et les samedis de toute l'année.
Quelques villes se révoltèrent contre lui et se choisirent de nouveaux magistrats sans sa participation, ce qui était attaquer un droit dont ses prédécesseurs avaient toujours joui. Le comte de Saint-Paul, son frère, n'en eut pas plus tôt été averti qu'il s'avança avec des troupes pour faire rentrer les rebelles dans le devoir. Le saint évêque fut extrêmement mortifié de cet accident, et avec son patrimoine il dédommagea même les rebelles des pertes qu'ils avaient essuyées. Une telle charité lui gagna tous les cœurs.
Ceux qui connaissaient le mieux son intérieur ont assuré qu'il n'avait jamais commis aucun péché mortel, ce qui ne l'empêchait pas d'approcher tous les jours du sacrement de Pénitence, tant il avait une haute idée de cette pureté d'âme avec laquelle on doit paraître devant Dieu, surtout quand on participe aux saints mystères. Il avait une conscience si délicate qu'il ne pouvait retenir ses larmes en faisant l'aveu de ses fautes les plus légères ; il craignait jusqu'à l'ombre même du péché.
Le Pape d'Avignon, Clément VII, l'ayant créé cardinal du titre de Saint-Georges, le fit venir à Avignon et l'obligea de rester auprès de sa personne….
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Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
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Le Pape d'Avignon, Clément VII, l'ayant créé cardinal du titre de Saint-Georges, le fit venir à Avignon et l'obligea de rester auprès de sa personne. Pierre ne diminua rien de ses austérités. Lorsque Clément lui eut ordonné de ménager davantage sa santé, qui dépérissait sensiblement, il lui répondit : « Saint Père, si je suis un serviteur inutile, je sais du moins obéir. » Il redoubla ses aumônes pour compenser ce qui avait été retranché de ses pratiques de pénitence. Sa table était frugale, ses domestiques peu nombreux, ses ameublements simples et ses habits pauvres ; encore n'en changeait-il que quand ils étaient entièrement usés. Il paraissait à ceux qui connaissaient ses aumônes qu'elles ne pouvaient aller plus loin ; il trouva cependant de nouveaux moyens de les augmenter en se défaisant de ses meubles et de ses équipages; il vendit jusqu'à son anneau pastoral pour assister les indigents. Tout ce qui l'environnait annonçait en lui l'esprit de pauvreté et témoignait de son immense charité pour les pauvres. Enfin on ne lui trouva que vingt sous à sa mort.
Jamais il ne perdait de vue la présence de Dieu, même dans les actions qui semblaient les plus indifférentes. Plusieurs fois il lui arriva d'avoir des ravissements en public. On garde dans la collégiale de Notre-Dame d'Autun un tableau qui le représente en extase, et au bas duquel on lit ces paroles, qu'il répétait souvent : « Méprisez le monde, méprisez-vous vous-même ; réjouissez-vous dans le mépris de vous-même ; mais prenez garde de mépriser qui que ce soit. »
Dix mois après sa promotion au cardinalat il fut attaqué d'une fièvre violente qui altéra tout à fait son tempérament. Sa santé parut d'abord vouloir se rétablir ; mais ce n'était qu'une guérison imparfaite, qui fut suivie d'une langueur dont on craignit bientôt les suites. On lui conseilla de se retirer à Villeneuve, petite ville fort agréable, située de l'autre côté du Rhône, vis-à-vis d'Avignon. Il saisit volontiers cette occasion pour s'éloigner du tumulte de la cour de Clément VII. Durant sa maladie il se confessait et communiait tous les jours. Sa piété et sa ferveur croissaient à mesure qu'il approchait de sa fin.
André, son frère, étant venu le voir, il lui parla avec tant de force des vanités du monde et des avantages de la piété que ses paroles firent sur le cœur de celui-ci une impression qui ne s'effaça jamais. André prit depuis les Ordres, devint évêque de Cambrai et fut un des plus saints prélats de son temps. Pierre lui recommanda en particulier Jeanne de Luxembourg, sa sœur, qu'il avait engagée à vivre dans une continence perpétuelle et qui fut toute sa vie un modèle de la perfection chrétienne ; il le chargea aussi de lui remettre un petit traité qu'il avait fait pour son instruction.
Sentant que ses forces l'abandonnaient il demanda les derniers sacrements…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Vie de saint Pierre de Luxembourg, évêque de Metz.
(suite)
Sentant que ses forces l'abandonnaient il demanda les derniers sacrements. Ayant fait venir ses domestiques, qui se rangèrent en pleurant autour de son lit, il les pria de lui pardonner le scandale qu'il leur avait donné en ne les édifiant point par ses exemples, comme il aurait dû; il les conjura ensuite de lui promettre tous qu'ils feraient pour l'amour de lui ce qu'il allait leur prescrire. Ils furent extrêmement surpris quand ils l'entendirent leur donner l'ordre suivant : «Prenez la discipline qui est sous mon chevet, et que chacun de vous m'en donne plusieurs coups sur le dos, pour me punir des fautes que j'ai commises envers vous, qui étiez mes frères et mes maîtres. » Malgré la répugnance qu'ils avaient à exécuter un pareil ordre, ils obéirent cependant pour ne pas contrister le saint. Après cet acte de pénitence et d'humilité Pierre s'entretint en silence avec Dieu jusqu’au moment où il rendit l'esprit.
Sa bienheureuse mort arriva le 2 juillet 1387. Il n'avait point encore dix-huit ans accomplis. Quoiqu'il eût le gouvernement de son diocèse il n'était point prêtre. Il semble cependant qu'il était diacre, et sa dalmatique se garde à Avignon. Il fut enterré sans pompe, comme il l'avait demandé, dans le cimetière de Saint-Michel de cette ville.
Les miracles opérés par son intercession portèrent les Avignonnais à construire une chapelle sur son tombeau. On a bâti depuis un couvent de Célestins au même endroit, et c'est dans l'église de ces religieux que s'est gardé le corps du saint, enchâssé sous un magnifique mausolée. La ville d'Avignon le choisit pour patron, l'an 1432, à l'occasion d'un miracle qui s'était opéré à son tombeau. Voici de quelle manière il est rapporté. Un enfant, âgé d'environ douze ans, tomba du haut d'une tour sur un roc escarpé. Son corps fut brisé, sa tête s'ouvrit, et la cervelle se répandit par terre. Le père de cet enfant, instruit de ce qui était arrivé, accourt, se met à genoux, implore l'intercession de saint Pierre ; ramassant ensuite la cervelle avec le corps de son fils, il les porte sur le tombeau du saint. Le peuple et les Célestins se mettent en prières, et, quelques instants après, l'enfant ressuscite. On le plaça sur l'autel, afin que ceux qui l'avaient vu mort pussent le voir vivant. Ce miracle arriva le 5 juillet, jour auquel on a depuis célébré la fête du saint à Avignon.
La vie et les miracles du serviteur de Dieu ayant été juridiquement examinés, la bulle de sa béatification fut expédiée en 1527 par le vrai pape Clément VII, qui était de la famille des Médicis 1.
Jusqu'ici nous avons vu l'Occident bien malade, divisé entre deux Papes…
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1 Acta SS. , 2 juill. Godescard, 5 juillet.
A suivre : État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome. Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
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État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome.
Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
Jusqu'ici nous avons vu l'Occident bien malade, divisé entre deux Papes ; l'Angleterre en guerre contre la France, l'Angleterre et la France en guerre chacune contre elle-même; la France dépérissant sous un chef en démence, l'Allemagne sous un chef extravagant et cruel; et toutefois l'Occident produit encore des saints, des modèles accomplis de toutes les vertus chrétiennes; on sent que le malade n'est pas désespéré, qu'il y a en lui une source cachée de vie et de guérison ; on sent que le schisme ne durera pas toujours et qu'avec l'unité certaine du pasteur suprême et universel reviendront peu à peu tous les biens,
L’Orient est beaucoup plus malade; le schisme et l'anarchie, sources de tous les maux, y paraissent comme dans leur sol natal ; plus de saint, plus de sainte ; la maladie semble de nature à ne guérir que par la mort.
L'empereur de Constantinople, Jean Paléologue, qui, sous le Pape Urbain V, vint à Rome et se réunit à l'Église romaine, avait deux fils, Andronic et Manuel. L'an 1373, Andronic s'étant rencontré avec Guntuza, fils du sultan Amurath, ils conspirent ensemble contre les jours de leurs pères. Le complot ayant été découvert, Amurath fait crever les yeux à son fils ; Andronic est mis en prison par ordre de Jean Paléologue et privé seulement d'un œil. Délivré ensuite par les Génois, il arrête son père et le met lui-même en prison avec Manuel, son autre fils. L'empereur Jean Paléologue s'échappe au bout de deux ans et se réfugie auprès du sultan Bajazet, fils et successeur d'Amurath. Andronic, craignant le Turc, se retire à Sélivrée, où il finit ses jours. Son père, Jean Paléologue, meurt l'an 1391. Manuel Paléologue, second fils de Jean, était en otage à la cour de Bajazet quand il apprit la mort de son père. A cette nouvelle il s'échappe furtivement et se rend à Constantinople. Le sultan, irrité de son évasion, envoie trois armées ravager les terres de l'empire, notamment la Thrace, et bloquer Constantinople. Manuel implore le secours des princes de l'Occident, en particulier du Pape Boniface IX. Sigismond, qui avait succédé à Louis, surnommé le Grand, roi de Hongrie, sollicitait aussi, de son côté, des secours auprès de tous les princes chrétiens. Il avait demandé un accommodement à Bajazet; le sultan répondit à Sigismond qu'il allait porter la guerre dans le sein de ses États; qu'après lui avoir donné des fers il passerait en Italie, irait à Rome déposer au Capitole toutes les couronnes qu'il aurait conquises et faire manger l'avoine à son cheval sur l'autel de Saint-Pierre; qu'il y paraîtrait traînant à sa suite, comme de vils esclaves, l'empereur de Constantinople et les principaux seigneurs de sa cour 1.
Beaucoup de chevaliers français, ayant à leur tête le comte de Nevers et le maréchal de Boucicaut, vont au secours du roi de Hongrie…
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1 Hist. du Bas-Empire, l. 116.
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État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome.
Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
(suite]
Beaucoup de chevaliers français, ayant à leur tête le comte de Nevers et le maréchal de Boucicaut, vont au secours du roi de Hongrie.
En 1396, à la bataille de Nicopolis, abandonnés des Hongrois, ils succombent sous la multitude des Turcs. Sigismond s'enfuit à Constantinople. L'année suivante Bajazet somme l'empereur Manuel de lui livrer sa capitale; il l'oblige du moins d'associer Jean, son neveu, fils d'Andronic, à l'empire. Boucicaut, avec une troupe de Français, vient au secours de Constantinople contre les Turcs. L'an 1399 l'empereur Manuel s'en vient trouver les princes d'Occident avec Boucicaut. Après leur départ Constantinople se voit resserrée de plus en plus par les Ottomans, qui lui coupent les vivres. La ville allait infailliblement tomber entre leurs mains ; mais Boucicaut y a laissé un brave chevalier, Château-Morant, avec quelques Français. Toutefois, malgré leur courage, ils ne la peuvent défendre longtemps. Au dehors ils ont à combattre les Turcs; au dedans, la peste, la famine et la mauvaise volonté des habitants, qui, réduits aux abois, appelaient eux-mêmes les infidèles dans leurs murs. C'était en 1402. Bajazet pouvait donc se promettre d'entrer sous peu dans Constantinople lorsqu'il reçut le message d'un chef de Tartares, qui lui ordonnait de rendre aux musulmans et aux chrétiens tout ce qu'il leur avait pris et de se reconnaître son tributaire. Cet ordre était signé : Tamerlan.
Parmi tous les conquérants ou ravageurs de provinces, Tamerlan…
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Re: Grand schisme d'Occident...
État de l’Orient. Le sultan Bajazet menace de faire manger l’avoine à ses chevaux à Saint-Pierre de Rome.
Il est vaincu et mis dans une cage de fer par Tamerlan. Guerres effroyables de ce dernier.
(suite)
Parmi tous les conquérants ou ravageurs de provinces, Tamerlan ou Timour-Lenk, c'est-à-dire Timour le Boiteux, descendu de Ginguiskan par les femmes, fut peut-être le plus atroce. Jusqu'en 1380 il avait coloré ses expéditions d'une apparence de justice ; le reste de sa vie, qui finit en 1405, n'offre qu'une suite effroyable de conquêtes sanglantes, de scènes de carnage et de dévastation.
L'an 1381 deux villes de Perse, Hérat et Sebzwar, furent reprises ; les têtes de tous ceux qui avaient été tués dans la première furent empilées en forme de tour : digne monument d'un ravageur de provinces. Tamerlan perfectionne aussitôt cette horrible architecture ; à la prise de Sebzwar il fait égorger tous les habitants, à la réserve de deux mille prisonniers qu'il entasse tout vivants les uns sur les autres, avec du mortier et de la brique, pour servir de matériaux à la construction de plusieurs tours triomphales.
L'an 1387, à la prise d'Ispahan, des états authentiques tenus à cet effet nous apprennent que l'on apporta sur les remparts soixante-dix mille têtes, dont on construisit plusieurs tours en divers endroits de la ville.
En 1395 la Russie, la Pologne même sentirent les armes de ce terrible conquérant.
En l'an 1399, dans sa conquête ou sa dévastation de l'Inde, il égorge en un seul jour cent mille esclaves qui l'embarrassaient.
En l'an 1400, pendant qu'il assiégeait la ville de Siwas, les habitants, pour l'attendrir, envoient au-devant de lui un millier d'enfants en bas âge, qui portaient tous un livre de l'Alcoran sur la tête et faisaient retentir l'air du cri de : Allah! Allah! interrompu par leurs gémissements. Aussitôt Tamerlan détache un parti de cavaliers qui enlèvent respectueusement le livre des mains de ces enfants et puis les écrasent tous sous les pieds des chevaux. Il fit toutefois grâce de la vie aux habitants ; mais il réduisit en esclavage les chrétiens, imposa une contribution sur les musulmans, fît enterrer vivants les quatre mille hommes qui composaient la garnison, et abandonna aux flammes la ville, après l'avoir pillée, au mépris de la capitulation. A la prise d'Alep, en la même année, Tamerlan fait, selon sa coutume, élever plusieurs tours de têtes humaines. Elles avaient dix coudées de haut et vingt coudées de circuit.
A la prise de Bagdad, en 1401, tout fut égorgé, sans égard pour l'âge ni le sexe. Le carnage dura huit jours; le nombre des morts fut incalculable. On évalua celui des têtes à environ quatre-vingt-dix mille, qui servirent à la construction de cent vingt tours ; mais on n'y comprend pas la foule des victimes qui périrent dans le fleuve ou qui s'y précipitèrent afin d'échapper aux bourreaux. Bagdad fut entièrement détruit.
Tel était ce chef des Tartares quand il envoya son dernier mot au sultan Bajazet. La réponse fut fière et hautaine…
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