Grand schisme d'Occident...
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Re: Grand schisme d'Occident...
Saint Bernardin de Sienne,
de l’ordre de Saint-François.
(suite)
Bernardin prêcha dans la plupart des villes d'Italie; on ne parlait de tous côtés que du fruit merveilleux de ses sermons. Les plus grands pécheurs se convertissaient ; les biens mal acquis étaient restitués, les injures réparées, les haines oubliées ; la vertu prenait la place du vice, la piété faisait chaque jour de nouveaux progrès; on réformait les mauvaises coutumes et même les mauvaises lois ; on bâtissait des hôpitaux, des églises, des monastères, qui se peuplaient d'âmes sincèrement converties.
Les ravages, les guerres civiles causées par les factions des Guelfes et des Gibelins donnèrent souvent de l'exercice à son zèle ; plus d'une fois, lorsque les citoyens d'une ville étaient armés les uns contre les autres, il arrivait au milieu d'eux, leur faisait déposer les armes et opérait une réconciliation générale. Ayant appris qu'une dissension de cette nature éclate à Pérouse, il s'y rend aussitôt et dit aux habitants : « Le Seigneur Dieu, que vous offensez grièvement par vos divisions, m'envoie vers vous, comme son ange, pour annoncer la paix aux hommes de bonne volonté sur la terre. » Il prêcha quatre discours sur la paix et la concorde. À la fin du dernier il s'écria : « Vous tous qui êtes de bonne volonté et désirez la paix, résolus à la garder envers votre prochain, venez à ma droite ; ceux, au contraire, qui ne veulent point garder la paix, qu'ils se placent à gauche.» Tous alors s'assemblèrent à sa droite, hormis un jeune gentilhomme avec ses satellites, qui demeura à sa place, murmurant contre le saint homme. Alors Bernardin lui dit : « Voici que toi seul tu méprises ce que j'ai prêché au peuple de la part de Dieu. Or, de la part de Dieu, je te dis de pardonner à ton prochain qui t'a offensé, ainsi que ta famille, de te placer à droite avec les autres, pour garder dorénavant la paix. Que si tu ne le fais pas, jamais tu n'entreras vivant dans ta maison. » Le jeune noble, se moquant et de l'exhortation du saint et de la vengeance divine, s'en retournait chez lui, lorsqu'il tomba roide mort sur le seuil de sa porte 1.
Vers le même temps la ville de Pérouse…
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1 Acta SS. 20 mai. Analecta n. 13.
A suivre : Commencement de saint Jean de Capistran, du même ordre.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement de saint Jean de Capistran, du même ordre.
Vers le même temps la ville de Pérouse fut témoin d'un autre miracle, mais plus consolant. L'Italie avait son apôtre dans saint Bernardin de Sienne, l'Espagne et la France avaient eu le leur dans saint Vincent Ferrier. L'an 1413, dans les prisons de Pérouse même, se formait un nouvel apôtre, non-seulement pour l'Italie, mais pour l'Allemagne, et qui défendra la chrétienté entière contre l'invasion des Turcs, maîtres de Constantinople. Nous voulons parler de saint Jean de Capistran.
Il naquit dans la ville de ce nom en l'an 1385. Son père était un gentilhomme d'Anjou, qui, ayant été servir dans le royaume de Naples, s'établit à Aquila, puis dans la petite ville de Capistran, qui en est peu éloignée. Après avoir appris la langue latine dans sa patrie, Jean alla étudier à Pérouse le droit civil et canonique, et fut reçu docteur avec beaucoup d'applaudissement dans ces deux facultés. Ses talents, joints à une fortune considérable, le mirent en état de jouer un grand rôle, et un des principaux habitants de cette ville lui donna sa fille en mariage.
Les brouilleries survenues, l'an 1413, entre la ville de Pérouse et Ladislas, roi de Naples, lui fournirent l'occasion de rendre service à ses compatriotes. On le chargea de négocier la paix, et il eut lieu, pendant quelque temps, de se flatter de l'espérance du succès. Cette négociation lui fit faire plusieurs voyages, qui cependant ne produisirent pas l'effet qu'on s'en était d'abord promis. Ceux des habitants de la ville qui avaient pris parti dans la querelle avec le plus d'ardeur s'imaginèrent que Jean trahissait ses concitoyens et qu'il favorisait sourdement le roi de Naples, son premier maître. On se saisit de sa personne et on le renferma dans le château de Bruffa, à cinq lieues de Pérouse. Il souffrit beaucoup dans sa prison ; on le chargea de chaînes pesantes et on lui donna pour toute nourriture du pain et de l'eau.
Se voyant abandonné du roi Ladislas lui-même, et connaissant par sa propre expérience l'instabilité des choses humaines, il fit de sérieuses réflexions sur la nécessité de se donner à Dieu, et en peu de temps il devint un homme nouveau. Comme la mort venait de lui enlever sa femme, il résolut de se consacrer à la pénitence dans l'ordre de Saint-François. Il demanda sur-le-champ à y être admis; mais on refusa de lui donner l'habit tant qu'il resterait en prison. Impatient du moindre délai, il se coupa les cheveux et fit donner à son vêtement la forme d'un habit monastique. Lorsqu'il eut obtenu sa liberté il se rendit à Capistran pour vendre ses biens. La moitié du prix de cette vente fut employée à payer sa rançon et l'autre fut donnée aux pauvres. De retour à Pérouse...
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement
de saint Jean de Capistran,
du même ordre.
(suite)
…De retour à Pérouse il se retira chez les Franciscains de Monte, dans cette ville, en 1415. Il avait alors trente ans. Le gardien le fit passer parles plus rudes épreuves pour s'assurer de sa vocation; il exigea même qu'il traversât les rues de Pérouse, monté sur un âne, avec un habit ridicule et un écriteau sur lequel on lisait les noms de plusieurs péchés graves. C'était quelque chose de bien humiliant pour un homme qui avait de la naissance et de la réputation; mais la ferveur du saint était si grande que cette humiliation ne lui coûta rien. On le renvoya deux fois du couvent, et on ne l'y reçut qu'aux conditions les plus dures. La manière dont il supporta ces différentes épreuves lui fit bientôt remporter sur lui-même une victoire complète ; il n'y eut plus rien dans la suite qui lui parût difficile. Une confession générale précéda la première communion qu'il fit après sa prise d'habit. Il passa encore, pour s'y préparer, trois jours dans la prière et les larmes.
Après sa profession il se fit une loi de ne plus faire qu'un repas par jour ; seulement, dans les voyages longs et pénibles, il se permettait le soir une légère collation. Il ne mangea point de viande pendant six ans, à moins qu'il ne fût malade. Le Pape Eugène IV lui ayant ordonné d'en manger un peu dans sa vieillesse, il le fit par obéissance ; mais il en prenait en si petite quantité qu'on lui laissa une pleine liberté sur ce sujet. Il couchait sur des planches et ne donnait au sommeil que trois ou quatre heures de la nuit; le reste était employé à la prière et à la contemplation.
Pendant plusieurs années il n'interrompit ce double exercice que par la prédication et par la nécessité de réparer ses forces par quelques moments de repos. Il serait trop long de rapporter ici les exemples de vertus qu'il pratiqua, surtout de sa pénitence, de son humilité et de son obéissance. Il possédait l'esprit de componction et le don des larmes à un si haut degré que tous ceux qui conversaient avec lui en étaient dans l'admiration. Son zèle pour la gloire de Dieu et pour le salut des âmes était extraordinaire ; aussi croyait-on retrouver un autre saint Paul dans ses prédications et ses actions. Il touchait les pécheurs les plus endurcis ; il les pénétrait de la crainte des jugements de Dieu et il leur inspirait de vifs sentiments de componction.
A la fin d'un sermon qu'il fit à Aquila sur la vanité et les dangers du monde, les femmes apportèrent leurs ajustements, avec les autres objets qui avaient été si souvent des occasions de péché pour elles et pour les autres, et les jetèrent au feu. On vit arriver la même chose à Nuremberg, à Leipsick et en plusieurs autres endroits. Le saint avait un talent singulier pour étouffer les haines…
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Commencement
de saint Jean de Capistran,
du même ordre.
(suite)
…Le saint avait un talent singulier pour étouffer les haines et rapprocher les cœurs désunis. Il rétablit la paix entre la ville d'Aquila et Alphonse d'Aragon; il réconcilia les familles d'Oronési et de Lanziéni ; il apaisa les querelles qui divisaient plusieurs villes et il calma souvent de violentes séditions.
Il fut élu deux fois vicaire général des Observantins ou Franciscains réformés d'Italie. Il exerça cette charge pendant six ans, et il contribua beaucoup à affermir la réforme qui avait été établie par saint Bernardin de Sienne. Il n'en était pas moins exact à prêcher l'Évangile. A la suite d'un sermon qu'il avait fait en Bohême sur le jugement dernier, plus de cent jeunes gens embrassèrent la vie religieuse, surtout dans l'ordre de Saint-François. Il retraçait dans sa personne les vertus de saint Bernardin de Sienne, avec sa dévotion pour le nom de Jésus et de la sainte Vierge. La Marche d'Ancône, la Pouille, la Calabre et le royaume de Naples furent les premiers théâtres de son zèle ; il parcourut ensuite la Lombardie, l'État de Venise, la Bavière, l'Autriche, la Carinthie, la Moravie, la Bohême, la Pologne et la Hongrie 1. Nous retrouverons encore plus tard les deux illustres disciples de saint François.
Le bienheureux Matthieu…
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1 Godescard, 23 octobre.
A suivre : Le bienheureux Matthieu d’Agrigente, du même ordre.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Matthieu d’Agrigente, du même ordre.
Le bienheureux Matthieu, évêque de Gergenti ou d'Agrigente, portait, avant sa promotion à l'épiscopat, le nom de Matthieu de Cimarra. Compagnon de saint Bernardin de Sienne, et, comme lui, religieux franciscain, il en imitait le zèle et en partageait les travaux. Sa dévotion aux saints noms de Jésus et de Marie était remarquable. Ayant établi en Sicile plusieurs couvents de son ordre, il se trouvait dans celui d'Agrigente lorsque l’évêque de cette ville mourut ; il fut choisi pour lui succéder. Matthieu, revêtu de la dignité épiscopale, se montra exact observateur de la discipline et voulut la faire observer par son clergé ; il n'en fallut pas davantage pour lui susciter des contradicteurs ; ils le dénoncèrent au Pape Eugène IV, qui, après avoir examiné l'affaire avec soin, reconnut la fausseté de l'accusation ; mais le serviteur de Dieu prit occasion de cette difficulté pour se décharger d'un fardeau qu'il ne portait qu'à regret. Il donna sa démission de l'évêché d'Agrigente, rentra dans le cloître, et continua de travailler, en simple religieux, au salut des âmes et à sa propre sanctification, jusqu'à sa bienheureuse mort, qui arriva le 7 février 1451. Sa fête est fixée au 21 du même mois 1.
La bienheureuse Angéline de Corbara…
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1 Godescard, 21 février.
A suivre : La bienheureuse Angéline de Corbara, fondatrice du tiers-ordre régulier de Saint-François.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
La bienheureuse Angéline de Corbara naquit en 1377 à Monte-Giove, bourg du royaume de Naples, à peu de distance de la ville d'Orviète. Son père se nommait Jacques de Monte-Marte, comte de Corbara, et sa mère Anne Burgari, de la famille des comtes de Marciano.
La bienheureuse Angéline de Corbara,
fondatrice du tiers-ordre régulier de Saint-François.
A peine avait-elle quinze ans lorsque son père songea à l'établir dans le monde et lui proposa pour époux le comte de Civitella, dans l'Abruzze. Bien décidée dès l'âge de douze ans à n'avoir point d'autre époux que Jésus-Christ, elle refusa ce parti ; mais son père, irrité, la menaça de la faire mourir si elle ne consentait au mariage, ne lui donnant que huit jours pour prendre une détermination. Angéline, dans cette extrémité, eut recours à Dieu, qui lui fit connaître qu'elle pouvait se soumettre aux volontés de son père sans craindre de violer son vœu. Ainsi, en l'année 1393, elle épousa le comte, et, suivant la coutume, le jour de la noce se passa en divertissements auxquels se livrèrent toutes les personnes que cette fête avait réunies.
La jeune épouse était loin de partager ces plaisirs; inquiète, et ne sachant comment elle pouvait garder son vœu, elle se retire avant la nuit dans sa chambre, et, toute baignée de larmes, elle se jette aux pieds d'un crucifix, priant Notre-Seigneur de la protéger dans cette circonstance si délicate. Elle était dans cet état lorsque le comte survint ; il fut très-surpris de la trouver ainsi plongée dans la douleur et lui en demanda la cause. Angéline lui avoua les saints engagements qu'elle avait contractés avec Dieu et la crainte qu'elle éprouvait d'y être infidèle. Touché de sa vertu, son époux lui promit de la laisser libre et de ne la regarder que comme sa sœur; il fit lui-même vœu de chasteté, en même temps qu'elle renouvela le sien, et ils rendirent ensuite grâces à Dieu de leur avoir inspiré ce dessein de perfection.
Le comte mourut saintement l'année suivante, et Angéline, désormais dégagée de tout ce qui pouvait l'attacher au monde, entra dans le tiers-ordre de Saint-François, avec les filles qui la servaient.
Embrasée de zèle pour le salut des âmes...
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
La bienheureuse Angéline de Corbara,
fondatrice du tiers-ordre régulier de Saint-François.
(suite)
Embrasée de zèle pour le salut des âmes, la sainte comtesse crut devoir aller avec ses compagnes dans divers lieux de la province de l'Abruzze. Par ses exhortations elle y convertit plusieurs pécheurs et communiqua à plusieurs personnes de son sexe l'amour et la pratique de la chasteté. La résurrection d'un jeune homme d'une des principales familles de Naples, qu'elle obtint par ses prières, lui donna une si grande réputation de sainteté qu'on la louait publiquement dans les églises. Ces témoignages de vénération alarmèrent son humilité et la déterminèrent à quitter Naples pour retourner à Civitella; mais son séjour n'y fut pas de longue durée ; les principaux seigneurs du pays, mécontents de voir que beaucoup de jeunes filles, à la persuasion de la sainte comtesse, faisaient vœu de chasteté et entraient dans des monastères, s'en plaignirent au roi, qui la bannit de son royaume avec ses compagnes.
Obligée de quitter sa patrie, elle vendit tous les biens qu'elle possédait, donna aux pauvres la plus grande partie du prix qu'elle en avait reçu, et ne garda que ce qui lui était absolument nécessaire pour vivre dans son exil avec les personnes qui l'accompagnaient. Elle se rendit d'abord à Assise, puis à Foligni, pour y fonder un monastère de religieuses de Saint-François. Ugolin de Trinci, seigneur de la ville, donna une place pour construire le monastère, qui fut achevé l'an 1397. Angéline alla l'habiter avec ses premières compagnes, qui étaient au nombre de six. Deux demoiselles de Foligni et trois autres des villes voisines, animées d'un saint zèle pour la vie religieuse, et de plus excitées par l'exemple de ses vertus, se joignirent à la bienheureuse. Ainsi elles se trouvèrent douze, qui reçurent des mains de l'évêque l'habit du tiers-ordre régulier de saint-François, dont elles firent profession solennelle l'année suivante, en ajoutant aux vœux ordinaires celui de clôture perpétuelle. Telle a été l'origine de ce tiers-ordre régulier, qui s'est depuis considérablement répandu en divers pays.
Le Seigneur, qui était lui-même l'auteur de cette œuvre sainte, répandit sur elle ses bénédictions les plus abondantes. Non-seulement le premier monastère de Foligni prospéra, mais il fallut en établir un second dans la même ville pour répondre aux désirs d'un grand nombre de filles qui voulaient s'y consacrer à Dieu. La sainteté des religieuses des deux monastères fut bientôt connue, et plusieurs villes désirèrent posséder des établissements de cette édifiante congrégation. Le Pape Martin V permit, en 1421, qu'on en formât en Italie. Avec cette permission quelques-unes des disciples de la servante de Dieu fondèrent de nouveaux monastères en diverses provinces. Elle-même alla en établir un à Assise, et Florence, Viterbe, Ascoli, Pérouse et d'autres villes ne tardèrent pas à en posséder dans leur enceinte.
Après avoir donné à sa fidèle épouse la consolation de voir affermir une œuvre qu'elle n'avait entreprise que par les motifs les plus purs, le Seigneur voulut récompenser ses vertus en l'appelant à la gloire éternelle. Angéline mourut à l'âge de cinquante-huit ans, le 25 décembre 1435, dans son premier couvent de Saint-Anne de Foligni, et fut inhumée dans celui de Saint-François de la même ville. La sainteté de sa vie porta les peuples à réclamer auprès de Dieu sa protection et à l'honorer d'un culte public. Ce culte fut approuvé par le Pape Léon XII, le 5 mars 1825 1.
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1 Godescard, 22 décembre. Hélyot, t. 8. Wadding.
A suivre : Les bienheureuses Lucie et Élisabeth, du tiers-ordre de Saint-François.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
A suivre : Sainte Radegonde ou Radiane, servante en Bavière.Les bienheureuses Lucie et Élisabeth, du tiers-ordre de Saint-François.
Dans cette même période de temps le tiers-ordre de Saint-François comptait encore la bienheureuse Luce ou Lucie de Venise, qui mourut saintement au couvent de Salerne en 1400 1 ; de plus, la bienheureuse Elisabeth dite la Bonne. Cette vertueuse fille, que sa grande douceur fit surnommer la Bonne naquit dans un bourg du diocèse de Constance, en Allemagne, et embrassa le tiers-ordre de Saint-François au monastère de Leuth, où elle se distingua par sa grande régularité et sa patience. Ne cherchant que les emplois les plus bas de la maison, elle sut trouver dans toutes ses occupations les moyens de se sanctifier et fit d'admirables progrès dans la perfection. Elle reçut de Dieu des faveurs particulières et prédit plusieurs fois l'avenir. Elle mettait une si grande simplicité dans toutes ses actions qu'il était impossible de la voir sans l'estimer et la chérir. Les épreuves et les humiliations qu'elle essuya ne servirent qu'à donner plus d'éclat à l'héroïsme de ses vertus. Cette sainte personne mourut à trente-quatre ans, dans des transports de joie, heureuse d'aller partager avec son Époux les délices célestes. Sa mort arriva le 5 décembre 1420. Clément XIII a approuvé son culte 2.
Une sainte non moins admirable…
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1 Godescard, 26 septembre.— 2 Id., 5 décembre.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Sainte Radegonde ou Radiane, servante en Bavière
Une sainte non moins admirable du même siècle fut sainte Radegonde ou Radiane, au diocèse d'Augsbourg. Elle fut toute sa vie simple servante au château de Wellenbourg, et c'est dans cette humble condition, au milieu des travaux, des fatigues et des peines qui en étaient inséparables, qu'elle pratiqua la vertu la plus pure. Contente de son état de pauvreté et de dépendance envers ses maîtres, elle se trouvait encore plus heureuse qu'une infinité d'autres et en remerciait souvent le Seigneur dans la sincérité de son cœur. Son premier soin, avant tous les autres, c'était de remplir avec une scrupuleuse exactitude les devoirs attachés à son service, non en vue des hommes, mais en vue de Dieu, dont elle savait que ses devoirs exprimaient la volonté à son égard. Quant au temps libre qui lui restait, elle l'employait soit à la prière, soit à l'exercice des œuvres de charité envers les malheureux du pays ; elle faisait même toutes les économies qui lui étaient possibles pour en soulager un plus grand nombre. Elle fut accusée auprès de son maître de faire du bien aux pauvres à ses dépens ; mais le Seigneur prit soin de la justifier lui-même, et dès lors elle jouit non-seulement de la confiance la plus entière, mais encore de l'estime et du respect de tous les habitants du château.
On avait construit depuis peu, à quelque distance de Wellenbourg, un lazaret pour les lépreux, les malades, les pauvres et les voyageurs privés de secours. Sainte Radegonde allait fréquemment leur donner ses soins et appliquait ses propres gages à l'adoucissement de leurs misères. Comme il fallait traverser, pour s'y rendre, une forêt qui le séparait du château, elle y fut attaquée un jour par des loups qui la déchirèrent de telle sorte qu'elle en mourut trois jours après. Son maître, désolé, la fit enterrer à côté du lazaret et fit construire une chapelle sur son tombeau. En 1521 l'archevêque de Salzbourg fit remplacer la chapelle par une très-belle église, qu'il dédia en son honneur 1.
Vers la fin du quatorzième et au commencement du quinzième siècle vivait en Suisse…
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1 Acta SS., 13 août. Godescard, 18 juillet.
A suivre : Le bienheureux Boucard, curé en Suisse.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Bourcard, curé en Suisse.
Vers la fin du quatorzième et au commencement du quinzième siècle vivait en Suisse un saint curé, le bienheureux Bourcard, curé de Reinwil, près du monastère de Muri. L'histoire ne nous a conservé de lui que peu de chose ; mais le souvenir de ses vertus, le respect que les fidèles ont conservé pour sa mémoire, et surtout les miracles nombreux qui ont été opérés à son tombeau, nous disent assez quelle fut la sainteté de sa vie 2.
Un autre saint curé du même temps…
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2 Acta SS., t. 6, août, in append. Godescard, 20 août.
A suivre : Le bienheureux Oddin Barotto, curé de Fossano, en Piémont.
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Oddin Barotto, curé de Fossano, en Piémont.
Un autre saint curé du même temps, mais dont la vie est plus connue, est le bienheureux Oddin Barotto, curé de Fossano, en Piémont. Il vit le jour dans la ville même de Fossano ; sa famille était noble et ancienne. Les dons du Ciel, secondés d'une éducation toute chrétienne, développèrent de bonne heure en lui une affection constante pour la vertu. Sa piété croissait avec l'âge, et, porté par un vif attrait, à seize ans Oddin embrassa l'état ecclésiastique. Promu au sacerdoce, il fut aussitôt nommé curé de la paroisse de Saint-Jean-Baptiste. Son premier soin, dès qu'il eut pris possession de sa cure, fut de s'appliquer à administrer les sacrements avec ponctualité, d'annoncer la parole divine, de visiter les malades et de pourvoir aux besoins des pauvres. Le pieux pasteur, tout entier à ses ouailles, s'oubliait lui-même, et l'évêque de Turin, son supérieur, fut obligé de lui écrire, tant pour lui prescrire de manger de la viande, malgré tout vœu qu'il aurait pu avoir fait, que pour lui recommander de prendre sur les dîmes qu'il avait à Fossano la somme qui lui serait nécessaire pour subvenir à ses besoins personnels.
Une conduite si édifiante rendit bientôt le saint pasteur l'objet de la vénération publique. Le chapitre de Fossano, dont il avait été membre, jaloux de le posséder encore, le nomma, l'an 1374, prévôt curé de cette église. Ce double titre augmenta son zèle ; il sut joindre l'accomplissement des obligations d'un bon chanoine avec celui des devoirs d'un véritable pasteur. Malgré tous les soins qu'il donnait au salut de son peuple il ne se dispensait pas de l'office canonial et il s'y trouvait assidûment. Telle fut pendant quatre ans la conduite habituelle du serviteur de Dieu dans ce poste important. On ne sait pas au juste quel motif le détermina, au bout de ce temps, à quitter sa prévôté. On croit que la charge des âmes, qui a toujours effrayé les saints, le troublait aussi lui-même et qu'il fut bien aise de se décharger du fardeau dont il sentait la pesanteur. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'il renonça à son titre et qu'il se livra sans partage aux exercices de la piété chrétienne. Quelques personnes dévotes l'invitèrent à s'associer à elles en qualité de directeur ; Oddin fit dans leur compagnie plusieurs voyages de dévotion, tels que celui de Lorette et de Rome. De retour à Fossano, il se sentit inspiré de visiter les saints lieux ; mais auparavant il voulut, par esprit de pénitence, se faire recevoir dans le tiers-ordre de Saint-François. Revêtu de l'habit de cette pieuse société, il partit en 1381 pour Jérusalem, accompagné d'un homme vertueux, qui voulut le suivre dans ce pèlerinage.
Revenu dans sa patrie l'an 1382, Oddin fut choisi pour gouverner la confrérie du Crucifix ; c'était une pieuse association qui avait pour objet le soin des infirmes et la réception des pèlerins, à qui elle procurait l'hospitalité. Elle ne pouvait se donner un plus digne chef que le saint prêtre, qui avait fait de sa propre maison un petit hospice pour le soulagement des pauvres. Il fit plus; appuyé sur la Providence, il entreprit de construire un hôpital considérable et y réussit ; il lui assura des biens-fonds suffisants, et, grâce à son aimable charité, cet établissement peut encore nourrir tous les pauvres qui se présentent et donner l'hospitalité à tous les pèlerins. Aussi les habitants de Fossano regardent-ils leur saint compatriote comme le fondateur de cet hôpital.
L'heureux succès qu'Oddin avait obtenu …
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Louis- Admin
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Oddin Barotto, curé de Fossano, en Piémont.
(suite)
L'heureux succès qu'Oddin avait obtenu dès sa première entreprise détermina le chapitre de la collégiale à le prier de lui construire une église. C'était sans doute lui imposer une tâche pénible et difficile à remplir; mais le saint prêtre, dévoré du zèle de la maison de Dieu, se prêta volontiers au désir de ses anciens confrères.
Le Seigneur montra par plusieurs prodiges combien le dévouement de son serviteur lui était agréable.
Une charrette traînée par des bœufs, et qui conduisait une poutre très-pesante, destiné au nouvel édifice, se trouva tellement enfoncée dans un marais que, malgré tous les efforts qu'on fit, il devint impossible de l'en retirer. Les conducteurs, découragés, vinrent trouver le bienheureux et lui exposer leur embarras. Il se rend aussitôt sur les lieux, fait dételer les bœufs, et, prenant le timon de la charrette, il dit: «Au nom de Dieu et de saint Juvénal, sortons d'ici ! » A l'instant même la voiture roule sans peine et parvient sans aucun obstacle à l'endroit où sa charge devait être déposée. Saint Juvénal, martyr, est le patron de la collégiale, maintenant cathédrale de Fossano.
Peu de temps après, un maçon travaillant au haut du clocher tombe par terre ; la chute fut si violente qu'il était sans mouvement et peut-être sans vie. Oddin se trouvait alors devant le Saint-Sacrement. Averti de l'accident, il se rend près du malheureux qui venait de l'éprouver, et, plein de foi ainsi que de confiance en Dieu, il prend la main du maçon et lui dit avec douceur : « Levez-vous, vous n'avez pas de mal, retournez à votre travail. » Le maçon se lève aussitôt sain et sauf, et, bénissant le Seigneur, il reprend en effet son ouvrage.
La prévôté de la collégiale se trouvant vacante en 1396, les chanoines prièrent si instamment le saint prêtre pour accepter de nouveau cette dignité qu'il se rendit enfin aux vœux du chapitre et se chargea pour la seconde fois du soin d'un troupeau qu'il connaissait comme il en était connu. Les pauvres, les infirmes, les veuves, les affligés furent encore les chers objets de sa sollicitude pastorale. Les fidèles, qui connaissaient son mérite, le payaient de retour et lui montraient le plus tendre attachement ; mais ils ne devaient pas le conserver assez longtemps à leur tête !
En l'année 1400 une maladie pestilentielle se déclare à Fossano et y fait de grands ravages. Le saint pasteur, s'oubliant lui-même, est jour et nuit auprès du lit des malades et leur donne mille marques de son affection paternelle ; mais il est victime de son zèle et de son dévouement ; atteint lui-même du mal contagieux, il meurt victime de sa charité, le 7 juillet 1400, après avoir reçu, avec les sentiments de la plus vive piété, les derniers sacrements de l'Église.
Plusieurs miracles, opérés par son intercession, portèrent les fidèles à l'honorer publiquement, et son culte fut approuvé par le pape Pie VII, le 3 septembre 1808 1.
On se tromperait donc beaucoup si l'on s'imaginait que, pendant le long schisme d'Occident…
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1 Acta SS. , et Godescard, 21 juillet.
A suivre : Merveilleuse réformation dans l’ordre des Bénédictins par un monastère ruiné de Padoue.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Merveilleuse réformation dans l’ordre des Bénédictins
par un monastère ruiné de Padoue.
On se tromperait donc beaucoup si l'on s'imaginait que, pendant le long schisme d'Occident, l'Eglise était stérile pour le ciel et n'enfantait point de saints. Non, non ; au contraire, on voit alors mieux que jamais que l'Esprit de Dieu est toujours avec elle, et que toujours , au milieu des plus grandes difficultés et malgré tous les obstacles, il lui fait produire des âmes et des œuvres saintes. A l'époque la plus critique du schisme, lors, qu'il y avait trois Papes douteux, il s'opéra une des choses les plus difficiles, la réforme d'un ancien ordre religieux, l'ordre des Bénédictins, et cela sans que personne en eût formé le dessein. En voici l'histoire d'après le témoignage de celui-là même dont la Providence se servit pour exécuter cette entreprise à laquelle il ne songeait pas.
Dans un faubourg de Padoue il y avait, sous le nom de Sainte-Justine, un ancien monastère de Bénédictins délabré de toutes les manières, et au temporel et au spirituel. Les revenus avaient été usurpés par le tyran de Padoue ; il n'y avait plus ni clôture ni lieux réguliers, à peine quelques réduits pour l'abbé et les trois moines qui restaient encore ; le monastère était ouvert à des rassemblements d'hommes et de femmes, le cimetière servait de lieu de débauche. Cependant il y avait dans cette église des reliques de plusieurs saints, entre autres de saint Prosdocime et de sainte Justine. Un saint prêtre venait les visiter tous les jours, quelque temps qu'il pût faire. Il se nommait Marc et était curé de l'église de Saint-Michel à Padoue. Telle était sa sainteté qu'on lui amenait des malades sur des voitures, et il les guérissait tous par la ferveur de sa foi. Tout le peuple de Padoue le respectait et le craignait avec une effusion merveilleuse. Il avait avec lui ses frères et une parente, qui lui ressemblaient par la dévotion, et qui s'appliquaient continuellement à exercer l'hospitalité envers les pauvres pèlerins et les serviteurs de Dieu. Ce saint homme, visitant ainsi tous les jours cette église de Sainte-Justine, connut surnaturellement que Dieu, touché des prières et des mérites des saints dont les reliques y reposaient, avait résolu de réformer ce monastère et d'en faire un lieu d'édification éclatante ; il s'en réjouissait donc depuis plusieurs années comme d'une chose certaine, mais sans en savoir la manière. A la fin il apprit, par une révélation manifeste, que le futur abbé de ce monastère, qui y mettrait la réforme, était le prieur actuel des chanoines réguliers de Saint-Georges, à Venise, la même maison où nous avons vu entrer saint Laurent Justinien.
Le prieur était Louis Barbo…
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Merveilleuse réformation dans l’ordre des Bénédictins
par un monastère ruiné de Padoue.
(suite)
Le prieur était Louis Barbo, l'auteur même et l'historien de cette réforme. Comme le monastère de Saint-Georges, à Venise, était le chef-lieu de plusieurs autres, le prieur en faisait de temps en temps la visite. L'an 1408, au mois d'octobre, il vint à Padoue et descendit chez le prêtre Marc, qui, cette fois, le reçut avec plus d'affection encore qu'à l'ordinaire et lui dit : « Mon fils, vous viendrez ici pour demeurer à Padoue. » L'autre, ne comprenant pas le mystère de ces paroles, lui répondit : « Mais, mon père, pourquoi viendrais-je demeurer ici? Je suis toujours avec vous de cœur, et, quant au corps, j'ai une sainte demeure avec les serviteurs de Dieu, à Saint-Georges, que je n'ai nulle intention de quitter. » Le bon prêtre, souriant, ajouta : « En vérité, mon fils, vous viendrez ici. — Et où ? » demanda le prieur. Le curé, le prenant à part, lui dit : « A Sainte-Justine ; car Dieu veut absolument réformer ce monastère, et vous y verrez des merveilles. » Le prieur, qui en connaissait l'état déplorable, répliqua : « Mon père, n'ayez point de pensées semblables ; l'affection immodérée que vous avez pour moi vous fait supposer que j'ai des vertus et des talents que je n'ai pas. Je n'entends pas quitter Saint-Georges, et depuis que Dieu, par sa miséricorde, m'a donné la lumière de la vérité et m'a fait connaître sa voix, je ne me soucie plus des dignités et des distinctions du monde. » Le curé insista : « Soyez tranquille, la chose sera ainsi. » Le prieur, attribuant tout ceci à l'affection du saint homme plutôt qu'à une disposition divine, s'en alla visiter ses frères de Vicence et de Vérone.
Étant dans cette dernière ville, il reçut la nouvelle certaine qu'il était lui-même nommé abbé de Saint-Cyprien de Muriano et que le monastère de Sainte-Justine avait été réuni à la congrégation des Olivétains, dont l'abbé en avait déjà même pris possession. « Pour le coup, dit le prieur à ceux qui l'accompagnaient, notre père, le prêtre Marc, n'a point prophétisé juste. »
Repassant à Padoue, il lui dit à lui-même : « 0 mon père ! certainement l'amitié vous a trompé cette fois. Par la révélation des saints vous avez connu la future restauration du monastère de Sainte-Justine; cependant la manière ne vous a pas été révélée ; mais, par affection plus que par connaissance obscure de la vérité, vous avez voulu m'attribuer le ministère de Dieu. Rompez maintenant ces deux liens, pour avoir dit vrai : je suis promu à l'abbaye de Saint-Cyprien, en voici la lettre, et, ce qui est plus fort, le monastère de Sainte-Justine est transféré à l'ordre des Olivétains, qui ne peut plus jamais perdre ce qu'il a canoniquement acquis. Ainsi ce que vous m'avez dit que Dieu m'avait élu pour la réformation de ce lieu, est impossible. »
Le bon curé, sans lui répondre, le laisse au milieu de la porte, fait trois fois le tour du jardin, marchant à grands pas et soupirant, revient au prieur, lui prend la main entre les siennes et dit à haute voix : «En vérité, en vérité, mon fils, il en sera comme je vous ai dit. » Le prieur, admirant la constance du saint bomme, mais n'en croyant guère plus à sa prédiction, s'en retourna à Venise.
Cependant il refusa l'abbaye de Saint-Cyprien…
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par un monastère ruiné de Padoue.
(suite)
Cependant il refusa l'abbaye de Saint-Cyprien, tant pour des raisons personnelles que par le conseil de tous ses amis. Un des deux liens était ainsi rompu. D'un autre côté, les trois moines qui restaient à Sainte-Justine, après la mort du dernier abbé, s'étant concertés avec les magistrats de la ville, se plaignirent au gouvernement de Venise, qui venait d'acquérir Padoue sur les seigneurs de Carrare, qu'un monastère aussi ancien fût transféré à un autre ordre pour n'avoir plus désormais qu'un abbé annuel.
Le gouvernement de Venise, voulant faire plaisir à ses nouveaux sujets, ordonna aux magistrats de Padoue de veiller à ce que les Olivétains sortissent du monastère et qu'il fût rendu aux Bénédictins. Informé de cet état de choses, le Pape Grégoire XII, de l'avis unanime de ses cardinaux, révoqua les concessions faites aux Olivétains, et nomma abbé perpétuel de Sainte-Justine le prieur de Saint-Georges de Venise, que connaissait particulièrement le neveu du Pape, le cardinal Gabriel, depuis Pape lui-même sous le nom d'Eugène IV.
Tous les amis du prieur, excepté un seul, lui conseillèrent cette fois d'accepter. Il n'en voulut rien faire et préféra l'avis du seul qui l'en dissuadât. Celui-ci lui disait : « Vous êtes jeune (il n'avait que vingt-six ans), vous êtes nouveau dans la voie de Dieu (il n'y avait que cinq ans qu'il était prieur) ; vous n'êtes pas d'une vertu assez grande pour attirer les hommes par votre exemple à se convertir. L'ordre des moines noirs est presque déchu dans toute l'Italie. Il n'y a plus de moines; c'est un monastère infâme, à cause de la mauvaise vie qu'on y a menée. Qui jamais vous y suivra ? Et si vous n'avez pas de moines qui se conforment à votre bonne volonté, mais des prêtres et des clercs séculiers, que ferez-vous tout seul? que deviendrez-vous? Je crains que cette promotion ne soit un piège pour vous faire revenir par l'ennui au faste de la prélature que vous avez refusée avec tant d'édification. » Sur cela le prieur fut si affermi dans son refus qu'il ne pouvait plus même souffrir qu'on lui parlât en sens contraire.
Dans les entrefaites deux jeunes hommes de famille distinguée vinrent le trouver secrètement, se mirent à genoux et lui dirent en pleurant : « Père ! nous vous demandons le salut de nos âmes. Si vous ne nous accordez pas notre demande, c'est à vous que nous réclamerons notre salut au jour du jugement. » Le prieur, fort étonné, leur dit d'expliquer plus clairement ce qu'ils demandaient. Ils ajoutèrent :
« Depuis longtemps nous désirons quitter le monde. Les mœurs et la vie des chanoines de Saint-Georges nous plaisent ; mais, parce qu'ils n'ont pas la stabilité d'un ordre religieux, nous n'avons pas voulu entrer dans leur congrégation. Nous avons appris que vous avez été créé abbé de Sainte-Justine ; nous sommes certains d'y avoir ce que nous cherchons, car nous aurons la religion de Saint-Benoît, que nous désirons souverainement, et les mœurs de Saint-Georges, que nous vénérons avec toute l'affection possible, et dans cette résolution se trouvent plusieurs amis et nos domestiques, qui nous suivront. Nous vous prions donc d'accepter ce monastère. »
Le prieur, voyant quels commencements Dieu lui préparait, s'abandonne à sa providence, accepte courageusement, s'en va trouver le Pape à Rimini, et en obtient toutes les grâces qu'il pouvait souhaiter.
Pendant qu'il était en chemin pour se rendre à Padoue…
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par un monastère ruiné de Padoue.(suite)
Pendant qu'il était en chemin pour se rendre à Padoue une sainte religieuse de Venise lui envoya dire : « Soyez abbé constant et patient, parce que ceux pour qui vous avez accepté l'abbaye de Sainte-Justine vous abandonneront, et que l'œuvre si grande et si agréable à Dieu s'accomplira avec ceux qui jouent encore sur les places, qui pleurent encore au berceau, qui sucent encore la mamelle, et même qui ne sont pas encore nés. » Enfin, le 16 février 1409, il prit possession du monastère de Sainte-Justine. A la fin de la cérémonie le prêtre Marc lui prit la main entre les siennes, comme il avait fait autrefois à l'entrée du jardin : « En vérité, mon fils, en vérité, vous êtes ici ! » L'abbé, se rappelant alors ces paroles prophétiques du saint homme et les voyant si merveilleusement accomplies, se jette à ses pieds et se recommande à ses prières.
Cependant les deux jeunes hommes de Venise, voyant le monastère si délabré, abandonnèrent l'abbé. Il se vit réduit aux trois vieux moines, qui embrassèrent la réforme, à deux autres du monastère de Saint-Cyprien et à deux clercs de Saint-Georges. Il fit faire une clôture telle quelle et rétablit en tout l'observance régulière. Ce n'était pas chose facile, avec les éléments si divers qu'il était obligé d'accueillir de toutes parts pour donner à la maison un air de communauté et satisfaire le peuple. La Providence le laissa dix-huit mois dans un état d'épreuve et d'attente. Il ne savait plus à quoi se résoudre ; tantôt il voulait renoncer à l'abbaye et retourner à son ancien couvent; tantôt il pensait laisser le monastère à des chapelains et se retirer dans la solitude, en attendant que Dieu lui envoyât des compagnons pour y revenir établir la réforme. A cet effet il parcourut les montagnes et les vallées, mais ne put s'accorder avec les propriétaires sur un lieu convenable. Il revint découragé à son abbaye et ne pensait plus qu'à l'abandonner.
Dans le moment même où l'abbé ne conservait plus d'espérance, un jeune homme de Pavie, Paul de Strata, qui était venu avec lui à Padoue, mais uniquement pour suivre ses études, touché du zèle qu'il voyait à l'abbé pour l'observance régulière, vint le trouver pendant la semaine sainte et lui demanda la grâce de devenir moine. L'abbé, lui ayant fait connaître la règle, le revêtit de l'habit de Saint-Benoît le jour de Pâques 1410. Un jeune compatriote de Paul, de la famille de Salimbeni, de Fospert, ayant appris qu'il s'était fait moine…
Dernière édition par Louis le Sam 26 Oct 2013, 2:37 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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(suite)
…Un jeune compatriote de Paul, de la famille de Salimbeni, de Fospert, ayant appris qu'il s'était fait moine, vint au monastère pour l'en tirer ; mais il y fut pris lui-même. À force de revenir il se sentit toujours plus attiré et finit par demander avec beaucoup d'instances l'habit religieux ; mais le jeune homme n'avait que quinze ans, il était fils unique d'un commandant des troupes qui déjà l'avait fiancé à une noble demoiselle. Donc pendant deux semaines l'abbé différait de l'admettre, quoiqu'il l'en suppliât chaque jour.
Enfin le jeune postulant lui dit avec ferveur: « Pour gagner mon âme vous devriez, ô père, exposer votre vie même, et vous semblez craindre de me recevoir! Pourquoi tant m'affliger par vos refus? » L'abbé, admirant cette parole du jeune homme, lui répondit : «Mais serez-vous constant contre les embûches de vos parents ? — Même jusqu'à la mort ! » s'écria le jeune homme. L'abbé, lui prenant alors la main, lui dit : « Et moi, quand même je devrais perdre le monastère et la vie, je ne vous abandonnerai point. » Et il lui donna avec joie l'habit de novice, avec le nom de Maur.
Quelques mois après survint son père avec des lettres du doge de Venise, ordonnant que le jeune homme fût mis entre les mains de l'évêque de Padoue, afin que le père et les autres parents pussent expérimenter librement s'il n'était entré au monastère que par légèreté ou par séduction, comme ils l'avaient fait entendre. Trois jours durant ils employèrent toutes les caresses, les promesses, les offres les plus séduisantes pour le faire revenir de sa résolution ; ce fut en vain. Ils passèrent aux injures, aux reproches et aux menaces ; il y répondit avec une douceur qui excita l'admiration de tous les assistants. Ils s'emportèrent jusqu'à menacer de le faire périr ; il répondit qu'il n'était pas digne de souffrir la mort pour Jésus-Christ. Le lendemain, le père et les autres parents étant revenus à la charge, l'enfant garda un silence absolu. Sur quoi le père, frémissant d'impatience, s'écria : « En vérité, il est devenu fou ; quand même il voudrait revenir je ne le recevrais pas. » Et il s'en alla de colère avec les autres. Le jeune homme demeura près de l'évêque, seul avec la victoire. L'abbé le reçut avec une joie inexprimable.
Cette victoire fit un si grand éclat à Padoue que…
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par un monastère ruiné de Padoue.
(suite)
Cette victoire fit un si grand éclat à Padoue que le monastère ne pouvait plus contenir tous ceux qui venaient prendre des renseignements sur la réforme qu'on voulait introduire. En peu de temps seize étudiants y furent reçus novices; d'autres les suivaient continuellement; l'abbé en recevait ainsi chaque année une vingtaine. Il les porta par la douceur, plus que par la rigidité, à toute la perfection de la règle. Il y en eut très-peu qui ne persévérèrent pas. Bientôt le nombre des religieux fut si grand qu'il fallut établir de nouveaux monastères.
Le premier fut celui de Saint-Fortunat, à Bassano, sur la Brenta. Le lieu appartenait à un ecclésiastique vénitien avec qui l'abbé ne put d'abord convenir du prix. L'abbé était à peine reparti que l'ecclésiastique fut attaqué de la fièvre et d'un charbon pestilentiel à la main. Désespérant de sa vie, il implora la miséricorde du souverain Médecin, et fit vœu de donner le monastère de Saint-Fortunat aux moines de Sainte-Justine s'il récupérait la santé. Il guérit, tint parole, et ne demanda que le remboursement des réparations qu'il avait faites.
Un second monastère fut fondé près de Gènes, sous le nom de Nicolas-de-Bousquet ; un autre, sous le nom du Saint-Esprit, près de Pavie. Le grand monastère de Saint-Denis, à Milan, reçut la réforme, qui s'étendit successivement à un nombre très-considérable d'autres monastères en diverses provinces, de manière à former une congrégation réformée de Bénédictins. Louis Barbo, qui en fut l'instrument et l'historien, se vit nommer, malgré lui, à l'évêché de Trévise, en 1437, par le Pape Eugène IV 1.
Un des religieux les plus distingués de cette congrégation fut le bienheureux Nicolas de Prusse…
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1 Bernard Pez, Thesaurus Anecdotorum novissimus, t. , 2, part. 3, p. 266 et seqq.
A suivre : Le bienheureux Nicolas de Prusse.
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Le bienheureux Nicolas de Prusse.
Un des religieux les plus distingués de cette congrégation fut le bienheureux Nicolas de Prusse, dont la vie a été écrite par un de ses disciples et de ses confidents, Julien de Gênes. Il naquit en Prusse, de parents bons catholiques, qui le firent instruire dans les lettres, mais l'instruisirent encore mieux dans la piété et la vertu. Parvenu de l'adolescence à la jeunesse, il cherchait comment il pourrait le mieux plaire au Seigneur. Il forma le dessein de quitter sa famille, d'aller en Italie et de s'attacher à quelque prélat de la cour romaine; car, dit son biographe, tous ceux des Allemands qui n'ont pas été à cette cour ont des prélats de l'Église une grande opinion de sainteté. Il était dans une hôtellerie, non loin de l'Italie, lorsque se présenta tout d'un coup une dame vénérable, qui lui demanda qui il était et où il allait; il répondit modestement ; « Je suis serviteur d'un certain Maître et je vais à Rome. — Bon jeune homme, lui dit la dame, prenez garde à vous ; car de cet endroit à tel autre le chemin est rempli de voleurs, qui non-seulement dépouillent les passants, mais les tuent; c'est pourquoi je suis venue vous en prévenir. » Nicolas rendit grâces à la dame, qui aussitôt disparut de ses yeux. En y réfléchissant il soupçonna que c'était la sainte Vierge Marie ou la sainte martyre Dorothée, pour laquelle il avait une grande dévotion, et à laquelle il s'était beaucoup recommandé en quittant la maison paternelle.
Ayant poursuivi sa route par un autre chemin, il arriva à Pise, où étaient le souverain Pontife et les autres prélats. Leurs mœurs, qu'il étudia de près, n'ayant pas répondu à la haute opinion qu'il s'en était faite, il en fut très-affligé et ne savait à quoi se résoudre. Il pria Dieu de l'éclairer et résolut de se faire moine. Amené par la Providence à Padoue, il entendit parler et fut témoin par lui-même de la régularité et de la ferveur des moines de Sainte-Justine. Il demanda et obtint d'y être reçu et fut un modèle de perfection religieuse. Il avait un attrait spécial pour la contemplation et fut favorisé de bien des grâces extraordinaires.
Devenu sacristain, il remplit cet office avec une dévotion et une révérence souveraines. Comme presque tout ce qu'il y avait à faire concernait l'honneur de Dieu et la Passion de notre Rédempteur, dans la méditation de laquelle il se plaisait extrêmement, son esprit n'était point détourné de sa dévotion; au contraire chaque jour il devenait plus fervent dans l'amour de Jésus-Christ. Un jour, on venait de chanter la messe après tierce, l'homme de Dieu, suivant sa coutume, allait couvrir le grand autel. Comme il faisait la génuflexion, tout à coup Notre-Seigneur Jésus-Christ lui apparaît en la même forme qu'il conversait avec ses disciples et lui dit : « Suivez-moi. »
L'autre le suivit, transporté de ferveur, jusque derrière l'autel, où il s'arrêta en extase à le contempler. On chantait sexte. Un noble vénitien, alors prieur de Saint-Benoît, près de Mantoue, se trouvait par hasard au chœur. Ne voyant pas revenir le bienheureux Nicolas, il alla derrière l'autel, l'y vit à genoux, immobile, et attendit l'issue de l'événement. Il eut beau le questionner ensuite, il n'en tira jamais d'autre réponse sinon qu'il était un pécheur, un homme imparfait et indigne d'aucune vision divine. Ce ne fut que sur son lit de mort qu'il fit connaître cette merveilleuse apparition, ainsi que d'autres, à son biographe.
Après quatre ans de profession il fut envoyé…
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Le bienheureux Nicolas de Prusse.
(suite)
Après quatre ans de profession il fut envoyé à Saint-Nicolas-de-Bousquet, près de Gênes, où il demeura trente-quatre ans et fut maître des novices. Entre ceux qu'il reçut il y en eut un de qui la conversion est assez extraordinaire. Un jeune Lombard fut incarcéré pour crime et condamné à mort. Désespéré de la sentence, il invoque le diable et lui dit : « Si tu me délivres de cette prison, je serai à toi pour jamais. » Et, de fait, le diable venu, il renie le Christ, renonce au baptême et se donne à lui pour toujours. Aussitôt le diable le transporte par la fenêtre. Se trouvant dans un lieu secret, le malheureux se met à réfléchir à ce qu'il vient de faire. « Misérable que je suis ! j'ai renié mon Seigneur pour éviter momentanément la mort temporelle ; mais, si on me retrouve, je subirai l'une et l'autre mort, et celle du temps et celle de l'éternité. Que ferai-je? quel parti prendre ?» Il résolut de s'abandonner à la miséricorde divine et vint à Saint-Nicolas-de-Bousquet, où il supplia avec larmes de le recevoir.
Les Pères, considérant que rien n'est impossible à Dieu, y consentirent et le confièrent au bienheureux Nicolas de Prusse, qui lui apprit à bien espérer de la miséricorde divine et à se préparer à toutes les vertus d'un bon religieux ; ce que le jeune homme faisait avec une dévotion merveilleuse. Mais le démon, furieux de voir échapper sa proie, l'attaquait jour et nuit par des tentations innombrables et souvent visibles. Un jour que les frères travaillaient à la boulangerie il le saisit pour le jeter dans le four ; le bienheureux Nicolas arracha du péril en invoquant le nom de Jésus. Comme ces tentatives réitérées du malin esprit troublaient le repos du monastère, les Pères convinrent d'en informer discrètement le magistrat de la ville d'où Le jeune homme s'était échappé de prison. Le magistrat, qui était un bon catholique, fut extrêmement surpris de la chose et dit aux Pères d'amener le jeune homme sans rien craindre. Ils lui lièrent donc les mains derrière le dos sous son manteau, et l'amenèrent devant le magistrat, pour qu'il y confessât Jésus-Christ, qu'il avait renié en prison. Cela fait, le novice fut délivré des assauts du diable, vécut encore plusieurs années et mourut en bon religieux 1.
Parmi ses disciples le bienheureux Nicolas de Prusse en avait un, François de Noris…
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1 Vita B. Nicolai de Prussia, cap.9, t. 2. Bernard Pez.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Parmi ses disciples le bienheureux Nicolas de Prusse en avait un, François de Noris, qui n'était pas d'une haute science, mais d'une haute perfection. La peste ayant commencé à sévir à Gênes, cet excellent religieux en fut attaqué et mourut vers le soir. Le lendemain, comme on préparait les obsèques, à la grande surprise de tout le monde, il apparut vivant, et, ayant demandé son confesseur, le bienheureux Nicolas, il lui dit :
Le bienheureux Nicolas de Prusse.
(suite)Ayant ainsi parlé et reçu l'absolution, la bienheureuse âme retourna sur l'heure même à Jésus-Christ. Voilà ce que le bienheureux Nicolas apprit de sa propre bouche à son disciple et biographe Julien, de Gênes, qui, après lui, fut prieur du même monastère 1.« Mon père, lorsque mon âme fut sortie du corps, je fus conduit devant le tribunal de Jésus-Christ, et, parce que j'ai douté quelque peu que le souverain Pontife pût accorder une indulgence plénière, ce qui m'arrivait, non par malice, mais par une certaine ignorance, le Juge me réprimanda, voulant que je retournasse au corps, et qu'ayant reçu l'indulgence plénière par la confession j'entrasse ensuite entièrement libre dans la patrie céleste ; ce que le Seigneur a peut-être voulu faire connaître afin d'ôter toute ambiguïté du cœur de ceux qui douteraient ; car il assurait dans cette sainte assemblée que, sans aucun doute, le souverain Pontife a le pouvoir d'accorder l'indulgence plénière à ceux qui sont vraiment pénitents et confessés, comme il l'a donnée à l'apôtre saint Pierre. »
Vers l'âge de soixante-dix-sept ans, le bienheureux Nicolas de Prusse, ayant dit la messe un vendredi, conduisit dans sa cellule Julien de Gênes et lui dit :Sur quoi il se mit à raconter les grâces extraordinaires que Dieu lui avait faites pendant sa vie. Il promit de lui dévoiler le reste le jour suivant; mais le jour même il fut attaqué de pleurésie, de manière à ne pouvoir plus parler longtemps, et mourut saintement le troisième jour, 23 février 1456, jour auquel il est mentionné comme bienheureux dans quelques martyrologes. Il se fit un grand nombre de miracles par son intercession et par l'attouchement de ses reliques. Son disciple et son biographe, Julien de Gênes, en rapporte onze dont il fut témoin oculaire 2.« Je vais vous apprendre certaines choses que je n'ai jamais découvertes à personne ; mais, parce que la fin de ma vie est proche, pour l'honneur de Dieu et pour votre consolation, j'ai résolu de vous les faire connaître maintenant, la sainte Écriture m'y exhortant elle-même quand elle dit : « Il est bon de garder le secret du roi et utile de révéler les merveilles de Dieu. » Seulement, je vous en prie, ne les dites à personne de mon vivant. »
Dans une autre province de la péninsule italique, en Ombrie…
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1 Vita B. Nicolai de Prussia, cap.10. — 2 Bernard Pez, Thesaurus Anecdotorum novissimus, t. 2, p. 314-342, et præfat., n. 11.
A suivre : La bienheureuse Marguerite d’Ombrie, religieuse augustine.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
La bienheureuse Marguerite d’Ombrie, religieuse augustine.
Dans une autre province de la péninsule italique, en Ombrie, vers le milieu du quatorzième siècle, habitaient deux vertueux époux près de la petite ville de Cascia. Ils étaient avancés en âge et n'avaient pas d'enfants ; mais ils adressèrent à Dieu des prières si ferventes qu'à la fin il leur naquit une fille qui reçut au baptême le nom de Marguerite, et que l'on s'accoutuma à nommer Rite par abréviation. Ce fut une enfant de bénédiction, prévenue dès son berceau des grâces et des faveurs du Ciel les plus signalées. À douze ans elle voulut faire vœu de chasteté ; mais ses parents l'en détournèrent et lui firent contracter un mariage qui fut pour elle une source d'épreuves et de mérites. Le mari qu'elle épousa était un homme d'un caractère féroce, la terreur de tout le voisinage. On juge aisément ce que Rite en eut à souffrir dans les commencements; mais elle employa tant de douceur et de patience pour le convertir et le gagner à Dieu qu'elle eut la consolation d'en faire à la fin un véritable chrétien. Elle le perdit au bout de dix-huit ans et vit bientôt mourir les deux fils qu'elle en avait eus. Ces événements, si tristes pour la nature, réveillèrent dans cette sainte femme l'attrait qu'elle avait eu autrefois pour la vie religieuse. Elle sollicita avec beaucoup d'instances la grâce d'être admise chez les Augustines du couvent de Sainte-Marie-Magdeleine à Cascia, et, quoiqu'on n'eût pas l'usage d'y recevoir des veuves, on trouva quelque chose de si extraordinaire et de si frappant dans sa vocation qu'on dérogea à la règle en sa faveur.
Rite, au comble de ses vœux, s'empressa de vendre tout ce qu'elle possédait et d'en distribuer le prix aux pauvres. Devenue alors l'épouse d'un Dieu crucifié, elle se crucifia aussi par les plus rigoureuses pratiques de la mortification. Les jeûnes, le cilice et la discipline n'avaient rien qui pût l'effrayer. Elle ne mangeait qu'une fois le jour et ne prenait que du pain et de l'eau pour toute nourriture. Elle disait que le meilleur moyen de se délivrer des tentations contre la pureté était de ne pas s'occuper de son corps et de n'avoir pour lui aucune compassion. Son obéissance à ses supérieures égalait son ardeur pour la pénitence, et pendant assez long-temps, pour obéir à son abbesse, qui voulait éprouver sa vertu, elle alla sans se plaindre arroser chaque jour avec fatigue un morceau de bois sec qui se trouvait dans le jardin du couvent.
Une âme si mortifiée et si obéissante ne pouvait manquer d'être très-agréable à Dieu…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Une âme si mortifiée et si obéissante ne pouvait manquer d'être très-agréable à Dieu et d'en recevoir de précieuses faveurs. Rite posséda bientôt le don d'oraison et se livrait sans cesse à ce saint exercice. La Passion de Notre-Seigneur et les tourments qu'il y a soufferts étaient l'objet habituel de sa méditation depuis minuit jusqu'au lever du soleil. Elle s'en occupait avec tant d'attention qu'elle fondait en larmes et qu'elle paraissait près de succomber à la vivacité de ses douleurs. On rapporte qu'un jour, après avoir entendu un sermon sur les souffrances de Jésus-Christ, prêché par saint Jacques de la Marche, célèbre missionnaire franciscain, Rite s'étant retirée dans sa cellule pour en occuper son esprit, et demandant au Sauveur la grâce de partager ses douleurs, elle sentit les pointes d'une couronne qui lui firent une plaie incurable, de laquelle sortait un pus d'odeur infecte, et qu'elle eut à supporter le reste de ses jours. Afin de ne pas incommoder ses compagnes par sa présence elle se tenait à l'écart, vivait solitaire, et passait quelquefois quinze jours de suite sans parler à personne, ne s'entretenant qu'avec Dieu.
La bienheureuse Marguerite d’Ombrie, religieuse augustine.
(suite)
Une maladie qui dura quatre ans vint achever de purifier la servante de Dieu par la résignation qu'elle montra au milieu de ses souffrances ; elle ne prenait presque aucune nourriture, et ses sœurs, qui en étaient surprises, croyaient que c'était plutôt la sainte Eucharistie que les aliments matériels qui la soutenait. Lorsqu'elle se sentit près de sa fin elle demanda les derniers sacrements; après les avoir reçus elle exhorta ses sœurs à la fidèle observance de leur règle ; puis, ayant mis ses mains en croix et l'abbesse lui ayant donné sa bénédiction, elle expira tranquillement le 22 mai 1407. Une grande multitude assista à ses obsèques et bientôt on commença à l'invoquer. Plusieurs miracles ayant prouvé le pouvoir de Rite auprès de Dieu, le Pape Urbain VIII la mit au rang des bienheureux le 11 octobre 1627 1.
La Hollande voyait un exemple de sainteté dans une vierge, la bienheureuse Lidwine…
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1 Acta SS. , et Godescard, 22 mai.
A suivre : La bienheureuse Lidwine, vierge en Hollande.
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Re: Grand schisme d'Occident...
La bienheureuse Lidwine, vierge en Hollande.
La Hollande voyait un exemple de sainteté dans une vierge, la bienheureuse Lidwine. Elle montra dès son enfance une tendre dévotion à la mère de Dieu et fit à l'âge de douze ans le vœu de virginité. Elle fut affligée d'une horrible complication de maux qui mirent sa patience aux plus rudes épreuves. Dans cet état elle fut très-longtemps sans pouvoir prendre de repos ni de nourriture. Elle passa les trente dernières années de sa vie sans jamais quitter le lit, et il y en eut sept durant lesquelles elle ne put remuer d'autre membre que la tête et le bras gauche.
Pendant les trois ou quatre premières années de sa maladie elle eut de la peine à tenir contre la sensibilité de sa nature. Son confesseur, touché de ses souffrances, lui conseilla de méditer souvent sur la Passion de Jésus-Christ, l'assurant qu'il lui en reviendrait de grands avantages. Lidwine obéit avec simplicité; elle se mit à méditer la Passion du Sauveur, qu'elle divisa en sept points, pour correspondre aux sept heures canoniales de l'Église. Elle prit tant de goût à ce saint exercice qu'elle y passait les jours et les nuits. Il se fit bientôt en elle un heureux changement ; elle ne trouva plus dans ses peines que douceur et consolation, et loin de vouloir en être délivrée, elle priait Dieu de les augmenter de plus en plus, pourvu qu'il lui fît la grâce de les souffrir avec patience. Il lui arrivait même quelquefois d'y ajouter encore des mortifications volontaires. Quand elle parlait de Dieu et de ses miséricordes, c'était avec une émotion qui attendrissait les cœurs les plus insensibles. Elle aimait singulièrement les pauvres ; elle les assistait autant qu'elle le pouvait, et, après la mort de ses parents, elle leur distribua tous les biens dont elle avait hérité. Tant de vertus furent récompensées du don des miracles et de plusieurs révélations.
Lidwine fit aussi un saint usage des peines intérieures que Dieu lui envoya. Dans le temps du combat elle se fortifiait par la prière et surtout par la participation au corps de Jésus-Christ. Elle trouvait dans la divine Eucharistie un aliment continuel au feu sacré qui la consumait et à cette source de larmes qui coulaient de ses yeux presque sans interruption. Son humilité n'était pas moins admirable que ses autres vertus ; elle ne désirait rien tant que d'être inconnue aux hommes et méprisée de toutes les créatures.
Enfin, après un martyre de trente-huit ans, elle alla recevoir la récompense promise à ceux qui ont souffert en vrais disciples de la croix. Elle mourut le 14 avril 1433, dans la cinquante-troisième année de son âge. Sa sainteté fut depuis attestée publiquement par des miracles, et Thomas à Kempis, qui a écrit la vie de la sainte, en rapporte plusieurs dont il avait été témoin oculaire.
On lui éleva un mausolée de marbre dans l'église paroissiale de Squidam, qui prit son nom en 1434. On fit de la maison de son père un monastère de Sœurs grises du tiers-ordre de Saint-François. Les calvinistes ont démoli la chapelle et changé le monastère en un hôpital pour les orphelins. Les reliques de la bienheureuse Lidwine furent portées à Bruxelles et enchâssées dans la collégiale de Sainte-Gudule. Sa vie fut écrite par Jean Gerlac, son parent, par Jean Gauthier, son confesseur, et par Jean Brugman, provincial des Franciscains, qui tous trois l'avaient connue personnellement, Thomas à Kempis en a fait un abrégé 1.
Enfin, parmi les dix-huit cardinaux que créa le Pape Martin V en différentes promotions, il y en a deux qui sont honorés d'un culte public dans l'Église…
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1 Acta $S., et Godescard, 14 avril.
A suivre : Le bienheureux Louis Allamani, cardinal.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Grand schisme d'Occident...
Le bienheureux Louis Allamani, cardinal.Enfin, parmi les dix-huit cardinaux que créa le Pape Martin V en différentes promotions, il y en a deux qui sont honorés d'un culte public dans l'Église : le bienheureux Louis Allamani ou d'Allemand, archevêque d'Arles, et le bienheureux Nicolas Albergati, évêque de Bologne. Le premier était fils du seigneur d'Arbent, bourgade dans le Bugey. Il fut d'abord chanoine de Lyon, puis évêque de Maguelone, et ensuite archevêque d'Arles. Il se distinguait par l'austérité de sa vie. Clément VII le déclara bienheureux et autorisa son culte dans le diocèse d'Arles 2.
Nicolas Albergati était d'une des plus anciennes…
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2 Godescard, 16 septembre.
A suivre : Le bienheureux Louis Albergati, Chartreux, cardinal et évêque de Bologne.
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