Grand schisme d'Occident...

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Message  Louis Jeu 03 Oct 2013, 12:10 pm


Dénonciation de la doctrine de Jean de Falkenberg pour le fond dans celle de Jean Petit.
Martin V défend, comme saint Gélase, d’appeler du Pape au concile.
En quel sens Martin V approuve les décisions de Constance.
Fin du concile.

(suite)

Tout le concile s'assembla le 22 avril 1418. Le Pape était à la tête, l'empereur et les princes s'y trouvèrent, et après les prières accoutumées le cardinal Raynald Brancacio congédia les Pères en leur disant : Mes seigneurs, allez en paix. Les assistants répondirent : Amen.

Il ne restait plus qu'à entendre le sermon et à recevoir les indulgences que le Pape devait donner, lorsqu'un avocat consistorial supplia le Pape et le concile, de la part du roi de Pologne, de condamner le livre pernicieux de Jean de Falkenberg. L'orateur prétendit que les commissaires de la foi, le collège des cardinaux et même toutes les nations l'avaient déjà condamné comme hérétique. Les patriarches de Constantinople et d'Antioche, tous deux de la nation française, soutinrent que cette condamnation n'avait pas été unanime. Quelques-uns de la nation italienne et de la nation espagnole les contredirent. Cela forma une controverse qui fut suspendue par un discours que commença Paul Valadimir, un des ambassadeurs du roi de Pologne ; mais ce ministre n'eut pas le temps d'avancer beaucoup son plaidoyer ; car le Pape, lui ayant imposé silence, fit une déclaration qui devait servir de réponse à tout.

Telle était du moins la pensée de Martin V, qui s'en expliqua ainsi lui-même, et cette déclaration lui parut si importante qu'il la fit répéter deux fois et transcrire ensuite par les notaires du concile, pour servir de monument à la postérité. Or il était dit, dans cet acte extrêmement concis, « que le Pape voulait tenir et observer inviolablement tout ce qui avait été décerné, conclu et déterminé conciliairement (synodalement) dans les matières de foi par le concile de Constance ; qu'il approuvait et ratifiait tout ce qui avait été fait ainsi conciliairement (synodalement) dans les matières de foi, mais non ce qui avait été .fait autrement et d'une autre manière 1. » Voilà en propres termes l'approbation que Martin V donna au concile de Constance.

Il s'est élevé bien des disputes sur le sens que renferme cette approbation…

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1 Von der Hardt, t. 4, p. 1557.

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Message  Louis Ven 04 Oct 2013, 6:14 am


Dénonciation de la doctrine de Jean de Falkenberg pour le fond dans celle de Jean Petit.
Martin V défend, comme saint Gélase, d’appeler du Pape au concile.
En quel sens Martin V approuve les décisions de Constance.
Fin du concile.

(suite)
Il s'est élevé bien des disputes sur le sens que renferme cette approbation. Nous croyons, avec le Père Berthier, que Martin V prétend simplement approuver ce qui avait été décidé en matière de foi dans les sessions du concile , et qu'il exclut de cette approbation tout ce qui ne regarde point la foi et qui avait été traité ou même conclu dans les congrégations particulières. Suivant cette explication, le terme conciliairement ou synodalement serait dit par opposition aux assemblées des nations, soit entre elles, soit en congrégation, et ces termes, en matière de foi , seraient dits par opposition aux décrets de pure discipline.

Or, le concile de Constance ayant condamné la doctrine de Jean Petit et de Jean de Falkenberg sur le tyrannicide, résumé dans une proposition générale, et le Pape approuvant cette condamnation, les ambassadeurs polonais, obtenant ainsi la condamnation irrévocable du principe, pouvaient ne pas insister tant sur la condamnation longue et difficultueuse du livre. Paul Valadimir, qui était à la tête de l'ambassade, n'y voulut point entendre.

Quand le Pape eut donné sa déclaration Paul se mit à reprendre les griefs que le roi de Pologne avait contre le livre de Falkenberg. Il commença même à lire un écrit où tout était détaillé; mais le Pape lui fit imposer silence, sous peine d'excommunication. Sur quoi l'ambassadeur protesta, au nom du roi, son maître, et déclara que, si l'on ne déterminait pas cette question avant la fin du concile, il en appelait dès ce moment au futur concile général. On lui donna acte de sa protestation ; mais ni le Pape ni les Pères du concile ne passèrent outre sur l'affaire de Falkenberg.

Désirant tous avec empressement voir la fin de leur séjour à Constance, ils ne songèrent plus qu'à conclure cette session, et par elle toutes les opérations du concile. Le sermon se fit ; on publia les indulgences qu'accordait le Pape; l'empereur remercia l'assemblée de son zèle et de ses soins ; il répéta les assurances de son attachement à l'Église, et tout le monde se retira.

C'était le 22 avril 1418…
 
 
A suivre : Martin V va de Constance à Rome. Balthasar Cossa, autrefois Jean XXIII, vient se jeter à ses pieds et le reconnaît pour chef de l’Église.

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Message  Louis Ven 04 Oct 2013, 11:58 am

Martin V va de Constance à Rome. Balthasar Cossa, autrefois Jean XXIII,
vient se jeter à ses pieds et le reconnaît pour chef de l’Église.

C'était le 22 avril 1418. Dès ce moment le concile de Constance, qui durait depuis le 16 novembre 1414, fut censé fini. Cependant le Pape traita encore quelques affaires avec l'empereur et les princes. Il fit publier, le 2 mai, les concordats dressés de concert avec les nations, surtout celui qu'il avait conclu avec les Français. Enfin, le 15 du même mois, il célébra pour la dernière fois dans la cathédrale de Constance. Le lendemain il se mit en route, avec les cérémonies suivantes.

D'abord marchaient douze chevaux de main, caparaçonnés d'écarlate. Ils étaient suivis de quatre gentilshommes à cheval, portant sur des espontons quatre chapeaux de cardinaux. Après eux marchait un prêtre, qui tenait une croix d'or.

A la suite on voyait marcher douze cardinaux avec leurs chapeaux rouges, suivis d'un prêtre monté sur un cheval blanc et portant le Saint-Sacrement sous un dais, environné de personnes qui portaient des cierges.

Après lui venait un ecclésiastique qui portait aussi une croix d'or, et qui était environné des chanoines et des sénateurs de la ville, tenant des cierges dans leurs mains.

Enfin paraissait le Pape, revêtu de ses habits pontificaux et monté sur un cheval blanc. Il avait sur la tête une tiare enrichie de quantité de pierres précieuses, et marchait sous un dais qui était porté par quatre comtes de l'empire. L'empereur Sigismond tenait à droite les rênes du cheval du Pape, et il était suivi à la même main de Louis, duc de Bavière, qui relevait le caparaçon du cheval ; l'électeur de Brandebourg tenait les rênes à gauche, et, à la même main, Frédéric d'Autriche faisait le même office que Louis de Bavière. Il y avait quatre autres princes, de côté et d'autre, qui tenaient le caparaçon du cheval.

Le Pape était suivi d'un cavalier qui portait l'ombrelle ou le parasol. Ensuite marchaient le clergé et toute la noblesse à cheval, en si grand nombre que ceux qui furent les témoins de ce spectacle en comptèrent jusqu'à quarante mille, sans parler de la foule du peuple, qui suivait à pied.

Lorsque le Pape fut à la porte de la ville il descendit de cheval et quitta ses habits pontificaux pour prendre un habit rouge. Ensuite il remonta à cheval, aussi bien que l'empereur et les princes, qui l'accompagnèrent jusqu'à Gottleben, où il s'embarqua sur le Rhin pour aller à Schaffhouse. Les cardinaux et le reste de sa cour le suivirent par terre, et l'empereur s'en retourna à Constance avec les autres princes 1

De Schaffhouse le Pape se rendit à Genève…

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1 Reichenthal.  Apud Lenfant, 1. 6, c. 81.

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Message  Louis Sam 05 Oct 2013, 5:51 am


Martin V va de Constance à Rome. Balthasar Cossa, autrefois Jean XXIII,
vient se jeter à ses pieds et le reconnaît pour chef de l’Église.

(suite)
De Schaffhouse le Pape se rendit à Genève, d'où il envoya un légat en Bohême et en Hongrie pour pacifier les troubles que les hussites y excitaient et ramener ces hérétiques dans le sein de l'Église ; ce fut le cardinal de Raguse, le bienheureux Jean-Dominique, qui mourut dans cette légation le 10 juin 1419 2. Le Pape avait déjà écrit, dès le 25 mars 1418, une lettre aux barons et aux  officiers du royaume de Bohême, se plaignant de ce qu'on y brisait et brûlait les images du Sauveur, de la bienheureuse Vierge Marie et des saints ; qu'on y méprisait l'autorité de l'Église, qu'on en abolissait les cérémonies, qu'on emprisonnait et qu'on chassait les ecclésiastiques, qu'on honorait les images de Jean Hus et de Jérôme de Prague et qu'on solennisait leurs fêtes. Il les conjurait de ne point approuver ces actions impies, ni la doctrine damnable qui y donnait lieu, mais de demeurer fermement attachés à la foi catholique ; qu'autrement il serait obligé, pour extirper ces erreurs et réprimer ces désordres, d'employer tous les moyens et remèdes possibles, jusqu'à demander le secours des puissances temporelles 1. Il fut obligé dans la suite d'en venir à cette extrémité, toutes les tentatives de la charité paternelle et de la sévérité pastorale ayant été inutiles.

A cet effet il nomma légat a latere le cardinal Jules Césarini, alors son nonce auprès de l'empereur Sigismond, en lui donnant un ample pouvoir de faire tout ce qui conviendrait pour exterminer l'hérésie et les hérétiques de la Bohème, par le moyen d'une croisade et des prières publiques qu'il ferait publier dans toute l'Allemagne. L'expédition se fit ; mais, comme nous le verrons plus tard, elle n'eut pas le succès qu'on pouvait en espérer.

Pendant le séjour que le Pape Martin V fit à Genève il reçut dans le sacré collège quatre cardinaux qui jusqu'alors avaient été attachés au parti de Pierre de Lune et qui s'en étaient détachés à cause de son obstination. Pierre de Lune n'en conserva plus que deux ; mais peu de jours avant sa mort, qui arriva l'an 1424, il en créa quatre autres.

Quant à Grégoire XII, redevenu Ange Corrario par son abdication volontaire, il était mort à Récanati dès le 18 octobre 1417, à l'âge de quatre-vingt-douze ans. Martin V lui fit faire à Constance des obsèques très-solennelles.

Martin V, ayant séjourné près de trois mois à Genève, se rendit en Italie…

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2 Raynald, ann. 1418,  n. 9.
1 Cochlæus, 1. 4, Hist. Hussit..

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Message  Louis Sam 05 Oct 2013, 12:04 pm

Martin V va de Constance à Rome. Balthasar Cossa,
autrefois Jean XXIII, vient se jeter à ses pieds et le reconnaît pour chef de l’Église.

(suite)

Martin V, ayant séjourné près de trois mois à Genève, se rendit en Italie, et, passant par Turin, Milan, Mantoue, Ferrare Ravenne et Forli, il arriva à Florence, où il fut reçu avec toute la magnificence possible. Là on vit un spectacle aussi touchant que rare. Balthasar Cossa, autrefois Jean XXIII, délivré de sa prison d'Allemagne et se trouvant en pleine liberté, vint de son propre mouvement, et sans avoir pris aucune sûreté ni pour lui ni pour personne, se jeter aux pieds du nouveau Pape, le reconnaître pour le vicaire de Jésus-Christ, et ratifier tout ce qui s'était fait au concile de Constance, tant envers lui-même qu'à l'égard de Martin V. Tout le monde fut attendri à la vue de l'humilité et de l'humiliation d'un si grand personnage. Le Pape en fut plus touché que tout autre ; il le fit doyen du sacré collège, et voulut que, dans toutes les cérémonies, il fût assis, auprès de son trône, sur un siège plus élevé que ceux des autres cardinaux. C'était le 23 juin 1419. Balthasar Cossa ne jouit que six mois environ de ces honneurs, étant mort le 20 décembre de la même année 1.

Comme la ville de Rome et beaucoup d'autres de l'État de l'Église étaient gouvernées par des tyrans qui s'en étaient rendus maîtres à la faveur du schisme, le Pape, qui souhaitait passionnément d'aller dans sa capitale, fut néanmoins obligé de s'arrêter un an et demi à Florence. Il y reçut un envoyé de Jeanne, reine de Sicile, deuxième du nom, qui promettait de remettre le château Saint-Ange et Civita-Vecchia sous l'obéissance du Saint-Siège, à condition que le Pape lui enverrait un cardinal pour lui donner l'investiture du royaume et la couronner ; ce qui fut exécuté de part et d'autre. Bologne, qui s'était rebellée, fut aussi réduite, avec plusieurs autres villes du patrimoine de Saint-Pierre. Avant de sortir de Florence Martin V érigea l'église cathédrale de cette ville en métropolitaine et lui donna pour suffragants les évêchés de Fiésole, de Pistoie et de Volaterra.

Enfin il se rendit à Rome le 29 septembre de l'année 1420 et descendit dans l'église de Notre-Dame-du-Peuple. Deux jours après, les magistrats et les citoyens s'y étant rendus, il fît son entrée dans la ville au milieu des acclamations publiques et fut conduit par les rues magnifiquement tapissées au Vatican. Les Romains mirent dans leurs fastes ce jour mémorable, le regardant comme un présage assuré de leur bonheur. La ville était dans la dernière désolation; les rues étaient désertes, les maisons tombaient en ruines, les églises étaient détruites, et la misère y régnait partout. Mais Martin V s'appliqua avec tant d'affection et de succès à son rétablissement qu'on la vit bientôt changer de face, en sorte que ce grand Pape non-seulement y était révéré comme le doit être un souverain Pontife, mais y fut encore honoré du titre glorieux de Père de la patrie 1.

Cependant Jeanne II, à laquelle le Pape avait donné l'investiture du royaume de Naples…

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1 Platina et Onuphre. —   1 Platina.
 
 
A suivre : Mort de Pierre de Lune. Extinction des restes de son schisme.

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Message  Louis Dim 06 Oct 2013, 6:03 am

Mort de Pierre de Lune. Extinction des restes de son schisme.  

Cependant Jeanne II, à laquelle le Pape avait donné l'investiture du royaume de Naples, adopta Alphonse, roi d'Aragon, pour son héritier à ce royaume. D'un autre côté Louis d'Anjou, prince du sang de France, fils de celui de même nom qui avait disputé ce royaume à Ladislas de Hongrie, fut appelé, du consentement du Pape, pour le recouvrer, comme lui appartenant par le droit de sa naissance. Jeanne révoqua l'adoption d'Alphonse et lui substitua Louis. Alphonse, informé que le Pape favorisait la cause de Louis, n'oublia rien pour faire revivre le schisme, en excitant les derniers cardinaux de Pierre de Lune à lui donner un successeur.

Ces schismatiques, ayant caché sa mort pendant quelque temps, firent plusieurs fausses bulles en son nom et exercèrent un brigandage scandaleux dans les Églises qui leur obéissaient 2. Enfin trois d'entre eux, soutenus par Alphonse, élurent à Péniscole un certain Gilles Munion, chanoine à Barcelone, sous le nom de Clément VIII.

Un quatrième anticardinal, nommé Jean Carrière, qui n'était pas à cette élection, et à qui ses confrères avaient même caché la mort de Pierre de Lune, nomma secrètement pour Pape un ecclésiastique d'Aquitaine, dont il ne dit pas le nom de baptême ni de famille, auquel il donna celui de Benoît XIV. Il en donna avis à Jean, comte d'Armagnac, son protecteur, par une longue lettre où il déduit les raisons qu'il a eues de faire une élection si extraordinaire 1.

Pour éteindre ces restes du schisme qui se rallumaient en Aragon…

______________________________________________________

2 Martène, Anecdota, t. 2, col. 1714.
1 Martène.

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Message  Louis Dim 06 Oct 2013, 1:08 pm


Mort de Pierre de Lune. Extinction des restes de son schisme.

(suite)
Pour éteindre ces restes du schisme qui se rallumaient en Aragon, le Pape y envoya le cardinal de Foix, frère du comte de ce nom, avec le caractère de légat a latere. Ce légat, d'un mérite proportionné à sa naissance, après avoir essuyé pendant quatre ans bien des traverses de la part du roi, triompha enfin de son obstination sous de certaines conditions réciproques qui furent agréées par le souverain Pontife 2 . En conséquence le roi Alphonse obligea l'antipape, ses prétendus cardinaux, avec toute sa cour imaginaire, à se rendre auprès du légat pour recevoir l'absolution de leurs attentats contre l'Église et se soumettre à son chef légitime. C'est ce qu'ils firent, à genoux et tête baissée, par la bouche du faux pape Gilles, dans les termes suivants :

« Très-révérend Père, moi et ces autres qui sont ici présents avons appris par des personnes dignes de foi que vous êtes ici envoyé légat a latere du Siège apostolique et de notre très-saint Père le Pape Martin V. C'est pourquoi nous venons vous jurer obéissance, respect et fidélité pour la personne de ce très-saint Pontife, que nous reconnaissons pour le véritable vicaire de Jésus-Christ, et vous promettre et assurer que nous serons toujours prêts à obéir à ses ordres et aux vôtres. »

Ces paroles proférées par Gilles et approuvées par ceux de sa troupe, le légat se leva de son siège et leur dit : « Vous promettez donc et vous jurez entre mes mains que désormais vous serez fidèles et obéissants à notre très-saint Père le Pape Martin V et à ses successeurs élus canoniquement ? » Ils répondirent tous : « Nous le promettons et nous le jurons. »

Après quoi le légat leur donna l'absolution de toutes les peines et censures qu'ils avaient encourues, et eux, de leur part, renoncèrent par un écrit authentique à  tous les titres et dignités qui leur avaient été faussement attribués. Le légat leur promit sa protection auprès du Pape, qui conféra l'évêché de Majorque à Munion. Pour Jean Carrière on ne sait ce qu'il devint, non plus que le Pape de sa fabrique. Ce qu'il y a de sûr, c'est que Jean, comte d'Armagnac, qui appuyait ce Carrière, étant rentré sous l'obéissance du Saint-Siège, ce malheureux schisme, qui avait duré cinquante ans dans ces contrées, fut absolument éteint 1.

La gloire véritable de l'Aragon…

_________________________________________________

1 Raynald, ann. 1429.
 
 
A suivre : Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier

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Message  Louis Lun 07 Oct 2013, 5:59 am


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.
La gloire véritable de l'Aragon, l'apôtre de l'Espagne et de la France, le thaumaturge de son siècle, le restaurateur des mœurs chrétiennes en Occident, saint Vincent Ferrier était mort dès l'an 1419.

Retourné à Valence en 1413, un des fruits les plus remarquables de ses prédications fut de changer en confiance et en amitié la haine irréconciliable et invétérée qui régnait depuis longtemps entre deux familles considérables de cette ville. Passé dans l'île de Majorque, il y convertit plusieurs milliers de mahométans. Il employa la plus grande partie de l'année 1415 à voyager et à prêcher dans l'Aragon et la Catalogne. Il se trouva à Perpignan le dernier jour d'août, à l'assemblée qui s'y fit pour tâcher de remédier au schisme de l'Église. Pierre de Lune, autrement Benoît XIII, s'y rendit avec l'empereur Sigismond et Ferdinand, roi d'Aragon. Vincent employa les plus vives sollicitations auprès de Pierre de Lune pour le porter à se soumettre au concile de Constance et à renoncer à ses prétentions; ce fut en vain. Ferdinand mourut le 16 avril de l'année suivante, et Alphonse, son fils, pria saint Vincent d'assister au concile de Constance.

Vincent en prit le chemin et entra dans Toulouse le vendredi de la Passion. Le respect qu'on lui portait était si grand et l'on avait tant d'avidité pour ses prédications qu'on faisait cesser toutes sortes de travaux, et même les leçons publiques des écoles, quand il était en chaire. Les miracles qu'il fit ensuite à Carcassonne et à Castres donnèrent un grand poids à ses discours. Du Languedoc il passa dans la Bourgogne, où il reçut à Dijon, vers le 15 septembre 1416, des lettres du roi Alphonse, qui le priait de nouveau de se hâter d'aller à Constance.

Le cardinal de Saint-Ange le vint trouver dans la même ville de la part du concile, accompagné de quatre députés, dont deux théologiens et deux jurisconsultes, pour lui proposer une question qui avait été longtemps agitée dans le concile sans qu'on eût pu la décider.

« Qui suis-je, dit Vincent en versant des larmes, pour qu'un aussi grand homme se soit donné la peine de venir jusqu'ici? Le moindre ordre du saint concile m'aurait fait aller de l'extrémité de la terre à Constance, s'il eût été nécessaire. J'admire, au reste, que tant de gens de mérite rassemblés à ce saint concile aient été arrêtés si longtemps sur cette question, qui paraît si facile à décider. Il faut croire que, s'ils n'ont pu parvenir à trouver ce qu'il faut déterminer là-dessus, c'est moins par ignorance que parce que Dieu a voulu mortifier la vanité de certaines gens qui, n'ayant pas Dieu pour objet, ne font rien que pour acquérir de l'honneur dans le monde. »

Il donna aussitôt au cardinal…

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Message  Louis Lun 07 Oct 2013, 11:13 am


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.

(suite)

Il donna aussitôt au cardinal et à ceux qui l'accompagnaient la solution de la question qui lui avait été proposée. Le roi d'Aragon eut beau le presser d'aller au concile, il paraît que ses instances mêmes le détournèrent de s'y rendre, pour ne pas prêter son ministère à la cause de Pierre de Lune ou Benoît XIII, qui ne lui paraissait pas bonne, et cependant il est à croire que ce n'était que pour fortifier le parti de cet antipape que le roi d'Aragon, qui en était partisan, souhaitait que Vincent se rendît à Constance.

Ce saint homme prit un chemin tout opposé. Les instances réitérées de Jean V, duc de Bretagne, le déterminèrent à évangéliser ce pays. Il commença ses fonctions apostoliques à Nantes, dans le carême de l'an 1417, et les continua pendant deux ans dans le reste de la province, où il termina sa sainte carrière. La même année 1417, Martin V ayant été élu Pape, saint Vincent le reconnut pour le seul et véritable chef visible de l'Église, et reçut de lui les mêmes pouvoirs que lui avait accordés autrefois Benoît XIII.

De Nantes l'homme apostolique se rendit à Vannes…

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Message  Louis Mar 08 Oct 2013, 6:04 am


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.

(suite)
De Nantes l'homme apostolique se rendit à Vannes pour y saluer le duc, qui résidait ordinairement dans cette ville. Quand on fut averti de son arrivée, non-seulement l'évêque Amauri de la Motte, le chapitre, le clergé, le peuple, mais encore le duc, la duchesse, tous les princes et les seigneurs de la cour allèrent au-devant de lui jusqu'à la chapelle Saint-Laurent, située à un quart de lieue de la ville. Il alla d'abord à l'église cathédrale; puis, refusant modestement de loger dans le château ducal de la Motte, que le duc lui avait cédé, il préféra la maison d'un simple particulier appelé Robin le Scarb.

Le lendemain, qui fut le quatrième dimanche du carême, il chanta la messe à son ordinaire et prêcha dans la place des Lices, sur une estrade, parce que l'église cathédrale ne se trouvait point assez spacieuse pour contenir la foule qui voulait le voir et l'entendre. Il continua de célébrer la messe solennelle et de prêcher tous les jours, au même lieu, jusqu'au mardi de Pâques, où il prit congé du duc, de l'évêque, du chapitre et du peuple, pour aller prêcher dans le reste de la Bretagne.

Plusieurs personnes d'une qualité distinguée s'attachèrent à la suite du saint homme quand il partit de Vannes et ne l'abandonnèrent point dans tout le voyage. Il parcourut toute la province avec un zèle qui ne se ressentait en rien des infirmités qu'il éprouvait. Lorsqu’il montait en chaire il paraissait si débile qu'on ne croyait pas qu'il pût parler ; à peine avait-il commencé son sermon qu'il s'animait et prêchait avec autant d'ardeur, de science, d'à-propos et de clarté, que lorsqu'il possédait toutes ses forces.

Ce fut ainsi qu'il évangélisa Guérande, Aurai, Redon, Guémené, Rostrenem, Pontivi, Croisic, Hennebon, Carhais, Quimperlé, où il fut logé chez les religieux de son ordre, Concarneau, Pont-l'Abbé, Quimper, Saint-Paul-de-Léon et Morlaix, où il fut reçu dans la maison des Dominicains, ses confrères. Il demeura quinze jours dans cette ville, et allait ordinairement prêcher au haut de la rue des Fontaines, lieu élevé au-dessus de la ville, où l'on a bâti depuis une chapelle en son honneur.

De Morlaix le saint missionnaire vint à Lannion, Tréguier, la Roche-Derien, Guingamp, Chatelaudren, Saint-Brieuc, Lamballe, Quintin, Jugon, Saint-Malo, d'où il se rendit à Dinan et y séjourna dix jours chez les Dominicains. Il trouva dans cette ville une place telle qu'il la lui fallait pour prêcher, puisque c'était alors une des plus grandes du royaume ; aussi y annonça-t-il la parole de Dieu à un peuple infini qui accourait de toutes parts.

Il évangélisa de même Dol, Antrain, Bazouges, Fougères et Vitré ; puis il se rendit à Rennes, où il fut reçu par l'évêque, le clergé, la noblesse, les magistrats et la bourgeoisie, avec tout le respect possible. L'évêque lui avait fait préparer un logement dans le palais épiscopal ; mais l'humble Vincent ne voulait pas loger ailleurs que chez ses confrères, les religieux de Bonne-Nouvelle. Pendant qu'il fut à Rennes il prêcha dans une place assez spacieuse appelée le cimetière Sainte-Anne. De Rennes il reprit le chemin de Vannes, par Montfort, Josselin, la Chèze et Ploërmel.

Outre les travaux éclatants de son emploi de missionnaire apostolique…

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Message  Louis Mar 08 Oct 2013, 1:40 pm


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.

(suite)

Outre les travaux éclatants de son emploi de missionnaire apostolique il se rabaissait jusqu'aux moindres fonctions des catéchistes, n'estimait rien de petit de tout ce qui pouvait servir à la gloire de Dieu et au salut des âmes. On le voyait réunir autour de lui des enfants à des heures fixes, leur enseigner la manière de faire le signe de la croix, l'Oraison dominicale, la Salutation angélique et le Symbole des apôtres, leur apprendre à aimer Dieu, à respecter leurs parents et le prochain. Se faisant tout à tous, à l'exemple de l'Apôtre, il accueillait les pauvres avec autant d'égards que les riches et les hommes obscurs comme les nobles. Il se montrait agréable à tous, leur témoignait le désir de leur être utile, était pour eux plein de douceur, et gagnait ainsi l'affection et le respect de tout le monde. Les veuves et les orphelins trouvaient en lui un défenseur plein de zèle.

Enfin il ne se refusait à aucun des services qu'il pouvait rendre à ses frères. La vertu des miracles et le don de se faire entendre à ceux mêmes qui ne savaient pas sa langue l'accompagnèrent en Bretagne comme dans tous les autres lieux qui avaient eu le bonheur de le posséder ; mais il fallut enfin que le corps succombât sous les rigueurs de la pénitence et sous les travaux de l'apostolat.

Ses compagnons, voyant approcher la fin de sa vie, employèrent leurs sollicitations pour lui persuader d'aller mourir en Espagne. Le grand intérêt qu'ils paraissaient y prendre l'empêcha d'apporter une trop forte résistance à leurs prières ; cependant il ne se rendit pas tout de suite, et se rappela les paroles que Notre-Seigneur avait dites à Avignon, et l'ordre qu'il lui avait donné d'aller dans les contrées de l'Ouest prêcher son Évangile. Enfin il se laissa vaincre, et, après avoir pris congé des habitants de Vannes, il monta sur son âne et se mit en chemin à minuit. Mais, après avoir marché quelques lieues avec ses compagnons, il se retrouva, à la pointe du jour, devant la porte de la ville. Alors il se tourna vers ses frères et leur dit : …

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Message  Louis Mer 09 Oct 2013, 5:26 am


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.

(suite)
…Alors il se tourna vers ses frères et leur dit : « Rentrons dans cette ville, mes frères ; ce qui nous est arrivé marque assez que Dieu veut que ce soit ici la borne de ma carrière. »

Son retour causa une joie universelle aux habitants ; ils accoururent en foule, hommes, femmes, enfants, pour lui baiser les mains et lui marquer leur satisfaction. On entendait partout le son des cloches comme dans les plus grandes solennités, et l'on ne disait autre chose de toutes parts, sinon : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Quand il fut arrivé à son hospice ordinaire il dit aux habitants : « Mes enfants, il a plu à Dieu que je revinsse ici, mais ce n'est plus pour y prêcher, c'est pour mourir chez vous. Allez-vous-en, et que Dieu vous récompense de l'honneur que vous avez bien voulu me faire aujourd'hui pour son amour. » Il leur dit encore beaucoup d'autres choses, qui leur tirèrent les larmes des yeux et changèrent en une sensible affliction la joie qu'ils avaient eue de son retour.

Le jour suivant il fut attaqué d'une fièvre violente, accompagnée de douleurs extrêmes dans tous les membres et d'un épuisement universel; mais, possédant toujours son âme, comme dans la plus parfaite santé, il appela ses frères et leur annonça le jour de sa mort. Il fit venir le prêtre auquel il avait coutume de confier les secrets de sa conscience; il se confessa et le pria de lui accorder l'absolution générale, selon le pouvoir que lui en avait donné le Pape Martin V. Il reçut ensuite tous les sacrements avec un redoublement de dévotion, et passa trois jours entiers à exhorter à la pratique de la vertu et à la persévérance dans le bien ceux qui avaient le bonheur de l'approcher. Quand on eut appris dans la ville qu'il avait reçu les derniers sacrements…

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Message  Louis Mer 09 Oct 2013, 12:16 pm


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.

(suite)
…Quand on eut appris dans la ville qu'il avait reçu les derniers sacrements, l'évêque, la noblesse, les magistrats vinrent le voir, et il leur dit : « Messieurs les Bretons, si vous voulez rappeler tout ce que je vous ai prêché pendant deux ans, vous trouverez que cela n'est pas moins utile pour votre salut que conforme à la vérité. Vous n'ignorez pas à quels vices j'ai trouvé que votre province était sujette, et que, de mon côté, je n'ai rien épargné pour vous ramener dans le bon chemin. Rendez grâces à Dieu avec moi de ce qu'après m'avoir donné le talent de la parole il a rendu vos cœurs capables d'être touchés et portés au bien. Il ne vous reste plus qu'à persévérer dans la pratique des vertus et à ne pas oublier ce que vous avez appris de moi. Pour ce qui me regarde, puisqu'il plaît à Dieu que je trouve ici la fin de ma vie et de mes travaux, je serai votre avocat devant le tribunal de Dieu, je ne cesserai jamais d'implorer sa miséricorde pour vous, je vous le promets, pourvu que vous ne vous écartiez point de ce que je vous ai enseigné. Adieu. Je m'en irai devant le Seigneur en dix jours d'ici. »  

(« ) Ensuite, pour employer plus tranquillement à  la contemplation le reste de sa vie, il pria qu'on empêchât le grand concours du peuple. Ses douleurs augmentèrent, mais sa patience plus encore que ses douleurs. Dans les opérations les plus cruelles de la chirurgie on ne lui entendit prononcer que les noms de Jésus et de Marie. Comme il n'y avait point encore de maison religieuse de son ordre à Vannes, ceux qui avaient la principale autorité dans la ville, voulant prévenir les disputes qu'il pourrait y avoir au sujet de la sépulture, vinrent lui demander où il souhaitait être enterré. Il répondit : « Je suis un pauvre religieux qui ne me fais gloire que d'une qualité, qui est celle de serviteur de Jésus-Christ. En cette qualité je regarde le salut de mon âme comme l'unique soin dont je dois m'occuper. Du reste je m'embarrasse très-peu de ce qui regarde la sépulture de mon corps. Cependant, afin de vous procurer la paix après ma mort comme j'ai tâché de vous y entretenir pendant ma vie, je vous prie de permettre que le prieur du couvent de mon ordre qui est le plus près d'ici soit le maître de régler ce qui regarde ma sépulture. »

Neuf jours après il demanda…

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Message  Louis Jeu 10 Oct 2013, 5:29 am


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.

(suite)

Neuf jours après il demanda qu'on lui lût la Passion de Notre-Seigneur, selon les quatre évangélistes ; il se fit lire ensuite les sept Psaumes de la Pénitence, qu'il répéta, avec tous les autres psaumes, jusqu'à ce que les forces lui manquassent absolument et que sa langue demeurât immobile. Il joignit les mains, leva les yeux au  ciel, et rendit son âme à Dieu le mercredi 5 avril 1419, dans la soixante-troisième année de son âge. La duchesse de Bretagne, fille de France, voulut elle-même laver son corps. L'eau qu'elle y employa servit à la guérison de beaucoup de malades. Le duc Jean, cinquième du nom, prépara des obsèques magnifiques à saint Vincent ; il se fit un concours si grand qu'on fut obligé de garder le corps pendant trois jours, pour satisfaire la dévotion du peuple, qui voulait le voir et le toucher ; il fallut même, à la fin, l'environner de gardes en armes, pour qu'on ne le mît pas en pièces. Il fut enterré dans l'église cathédrale, à côté du grand autel, et Dieu a continué de faire, après la mort de saint Vincent Ferrier, autant et plus de miracles par son intercession qu'il n'en avait accordé à ses prières pendant la vie.

Aussitôt après sa mort la plupart des princes, des prélats, des villes et des universités qui avaient eu le bonheur de le connaître et de le posséder, s'adressèrent au Pape Martin V pour procéder à sa canonisation. Jean V, duc de Bretagne, fut un des plus ardents à solliciter cette affaire. Elle ne fut terminée qu'en 1455, par le Pape Calixte III ; encore la bulle de sa canonisation ne fut-elle publiée que trois ans après, par Pie II. On leva son corps de terre en 1456. Les Espagnols, ayant demandé inutilement qu'on le transportât à Valence, résolurent, en 1599, de l'enlever secrètement, comme un trésor qui leur appartenait. Pour prévenir leurs desseins on cacha la châsse qui le renfermait. On la découvrit en 1637, ce qui donna lieu à une seconde translation, qui se fit le 6 septembre ; après quoi on mit cette châsse sur l'autel d'une chapelle qui venait d'être bâtie dans la cathédrale, et elle y est encore exposée à la vénération des fidèles 1.

Sainte Catherine de Sienne, saint Vincent Ferrier, saint Antonin, le bienheureux Jean, cardinal-évêque de Raguse, ne furent pas les seuls de la famille de saint Dominique qui glorifièrent l'Église de Dieu vers la fin du quatorzième et au commencement du quinzième siècle ; on en vit encore plusieurs autres.

Le bienheureux Marcolin, né à Forli, dans la Romagne…

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1 Acta SS. 5 avril. Godescard, Vies des Saints de Bretagne.
 
 
A suivre : Le bienheureux Marcolin, du même ordre de Saint-Dominique.

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Message  Louis Jeu 10 Oct 2013, 2:37 pm

Le bienheureux Marcolin, du même ordre de Saint-Dominique.

Le bienheureux Marcolin, né à Forli, dans la Romagne, entra dès l'âge de dix ans chez les Dominicains de sa ville natale, avec l'intention de s'y consacrer à Dieu. Le Seigneur se plaît à répandre ses dons sur les âmes innocentes ; les progrès de Marcolin dans la vie religieuse furent si rapides qu'il devint bientôt un modèle pour tous ceux d'entre ses frères qui aspiraient à la perfection de leur état. Rigide observateur de sa règle, il la gardait à la lettre, sans jamais user de dispense, et ajoutait plusieurs pratiques à celles que la règle prescrit. Il avait tant d'affection pour la retraite et le silence qu'il ne sortait jamais de sa cellule et du couvent sans une pressante nécessité. Son humilité lui faisait toujours choisir les dernières places, et son plus grand soin était de cacher aux hommes les grâces particulières qu'il recevait de Dieu. Une âme si fervente devait avoir une grande ardeur pour s'unir à Jésus-Christ ; aussi était-ce un spectacle édifiant de voir ce saint religieux offrir l'auguste Sacrifice de nos autels. Les larmes abondantes que l'amour divin lui faisait alors répandre contribuèrent à la conversion de plusieurs pécheurs. Le mérite de la pauvreté et de l'obéissance lui paraissait si grand qu'il avait pour ces deux vertus une affection toute spéciale. On le voyait toujours calme, modeste, recueilli, mortifié, attentif aux besoins de ses frères, constamment prêt à les prévenir et à leur rendre tous les services qui dépendaient de lui. Il n'était pas moins charitable envers les séculiers, et les pauvres surtout le regardaient comme leur père.

Dieu voulut que son serviteur, qui s'appliquait avec tant de soin à sa propre sanctification, travaillât aussi à celle du prochain. Le saint religieux fut chargé par le bienheureux Raymond de Capoue, alors supérieur général des Dominicains, de rétablir la régularité dans plusieurs maisons de l'ordre où le relâchement s'était introduit ; il s'y employa avec tant de prudence et de zèle qu'il les réforma et y fît observer les constitutions avec une grande exactitude.

Le bienheureux Marcolin vécut jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans, et, pendant ce long espace de temps, sa ferveur et sa tendre dévotion envers la sainte Vierge ne se démentirent jamais. Instruit de l'heure de sa mort, il l'annonça à ses frères, et, après avoir reçu avec la piété la plus affectueuse les sacrements de l'Église, il rendit tranquillement son âme à Dieu l'an 1397. Dès que le bruit de son décès se fut répandu tout le peuple courut pour voir son saint corps et pour obtenir de ses reliques.

Dieu a opéré un grand nombre de miracles au tombeau de ce bienheureux. Benoît XIV approuva son culte le 9 mai 1750, et permit au clergé de Forli, ainsi qu'à l'ordre des Frères prêcheurs, d'en célébrer la fête 1.

Un vertueux marchand de la ville d'Ulm, en Souabe…

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1 Godescard, 24 janvier. Bréviaire dominicain
 
 
A suivre : Le bienheureux Jacques d’Ulm, du même ordre.

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Message  Louis Ven 11 Oct 2013, 6:21 am


Le bienheureux Jacques d’Ulm, du même ordre.

Un vertueux marchand de la ville d'Ulm, en Souabe, donna le jour, en 1407, au bienheureux Jacques, qu'on surnomme assez souvent l'Allemand, à cause de sa patrie. Il reçut une éducation chrétienne et resta au sein de sa famille jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans. A cette époque le désir de voir Rome et de visiter les tombeaux des saints apôtres le détermina à entreprendre le voyage d'Italie ; mais il ne se mit en route qu'après en avoir obtenu la permission de son vénérable père, qui lui dit en le bénissant : « Allez, mon cher fils ; rappelez-vous votre Créateur pendant tout le chemin, et préférez la mort plutôt que de pécher en sa présence. » Il lui recommanda ensuite de prier pour lui dans les lieux de dévotion qu'il visiterait et de revenir promptement à la maison paternelle. Jacques, accompagné de quelques autres voyageurs, qui, comme lui, se dirigeaient vers la capitale du monde chrétien, arriva à Rome au commencement du carême. Il passa tout ce saint temps à visiter les églises et se disposa à célébrer les fêtes de Pâques par une confession générale. De là il se rendit à Naples, pour y trouver quelques moyens de subsister.

Il était bien fait et d'une figure agréable ; une dame noble et qui avait un grand nombre de domestiques, l'ayant vu, voulut le prendre à son service ; mais le vertueux jeune homme, craignant de trouver dans sa maison quelque danger pour le salut de son âme, refusa ses offres, préférant la conservation de son innocence aux avantages temporels qui lui étaient offerts.

Le besoin contraignit alors Jacques à s'engager comme soldat dans les troupes d'Alphonse II, roi de Naples ; mais sa nouvelle profession n'apporta aucun changement dans ses mœurs et sa conduite fut constamment celle d'un fervent chrétien. Son horreur pour le vol était extrême. Un jour qu'il était logé avec d'autres soldats chez un Juif, et qu'il arriva trop tard pour le dîner, parce qu'il avait passé la matinée dans les églises, un de ses camarades lui présenta à manger les restes d'un plat de légumes, en lui disant que ces légumes avaient été volés. Le serviteur de Dieu repoussa le plat avec indignation, et dès le lendemain il alla demander son congé au capitaine. Il l'obtint et passa à Capoue, où il entra au service d'un noble qui lui donna toute sa confiance et le traita plutôt comme son fils que comme son domestique. Jacques passa cinq ans dans cette maison, jouissant de l'estime et de l'affection de son maître ; mais le souvenir de son père le détermina à retourner dans sa patrie, malgré les efforts que ce maître fit pour le retenir.

Comme il passait par Bologne…

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Message  Louis Ven 11 Oct 2013, 11:22 am


Le bienheureux Jacques d’Ulm, du même ordre.

(suite)
Comme il passait par Bologne sa dévotion le conduisit à l'église des Frères prêcheurs, dans laquelle on conserve les reliques de saint Dominique; mais il y fut tellement édifié de la modestie des religieux que, faisant à Dieu le sacrifice de son pays et de sa famille, il sollicita la grâce d'être admis dans le couvent en qualité de frère convers. Sa demande fut accueillie ; il prit l'habit et commença son noviciat. Peu de jours après son entrée, ses compagnons de route d'Allemagne à Rome, qui travaillaient alors à Bologne et qui l'avaient retrouvé dans cette ville avec une grande joie, vinrent le voir avec le commandant de la citadelle, chez lequel ils étaient employés, et qui autrefois avait  aussi occupé Jacques lui-même. Ce commandant, s'adressant aux religieux, leur dit : « Mes Pères, le jeune homme que vous venez de recevoir est le plus modeste et le plus honnête que j'aie jamais vu. Aucun de nous n'a jamais su qu'il eût dit ou fait la moindre chose digne de blâme ; nous, de notre côté, nous n'aurions osé prononcer devant lui une seule parole inutile. Je regrette, non qu'il soit entré parmi vous, mais d'être privé d'un jeune homme si pieux et si modeste. »

Les Dominicains furent bientôt convaincus par leur propre expérience que cet éloge n'était pas exagéré. Jacques se montra, dès le commencement de son noviciat, un fervent religieux. Ayant un jour demandé à son père-maître quelle était la voie la plus sûre pour parvenir à la sainteté, et ce père lui ayant indiqué celle de l'humilité, dans un très-beau discours qu'il lui fit à ce sujet, le serviteur de Dieu en fut tellement touché qu'il s'adonna tout entier à la pratique de cette vertu et que bientôt il en devint un parfait modèle. Il se regardait comme le dernier et le plus vil de tous, et cette persuasion le portait à honorer tout le monde, à servir de bon cœur chacun des frères qui composaient la maison. Admis à prononcer ses vœux, il ne changea point de conduite après sa profession; au contraire, il parut animé d'une nouvelle ardeur pour sa sanctification. Il portait un rude cilice, déchirait son corps par de fréquentes disciplines, et passait souvent une partie de la nuit en prières. Mais ces  mortifications ne lui donnaient point l'air  austère ; il les cachait sous un extérieur toujours gracieux.

Constamment affable, il cherchait à obliger le prochain en toute occasion, se montrait très-attaché à la vie commune et fuyait la moindre singularité.     La pratique du saint religieux était de se rendre de très-bonne heure à l'église, et, après la récitation de ses prières de règle, de visiter toutes les chapelles, en commençant par celle de la sainte Vierge ; car il avait toujours eu pour la Mère de Dieu la plus tendre dévotion. La veille des jours où il devait communier il se tenait dans un profond recueillement, et, lorsqu'il avait reçu son Dieu, il paraissait tout hors de lui-même.

Après avoir accompli ses devoirs de piété il se mettait à l'ouvrage ; car jamais on ne le vit perdre un moment. Il répétait souvent à ses frères ces paroles de l'Apôtre : « Quiconque ne veut pas travailler ne doit pas manger. » Rien n'interrompait son travail. Très exact observateur du silence, il ne parlait que pour répondre et ne disait que des choses édifiantes. Dieu lui avait donné un talent particulier pour tous les arts mécaniques, et il excellait surtout dans la peinture sur verre; mais tous ses travaux étaient subordonnés à l'obéissance la plus entière, L'auteur de sa vie en rapporte plusieurs traits admirables, et qui montrent à quel degré de perfection le frère Jacques était arrivé dans la pratique de cette vertu.

La réputation de la sainteté…

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Message  Louis Sam 12 Oct 2013, 5:59 am

Le bienheureux Jacques d’Ulm, du même ordre.
(suite)

La réputation de la sainteté du serviteur de Dieu finit par s'étendre au loin ; elle parvint jusqu'à Alphonse, duc de Calabre, qui fut depuis roi de Sicile. Ce prince, se trouvant à Bologne, et étant allé visiter le couvent des Frères prêcheurs, témoigna le désir de voir ce saint religieux. Celui-ci lui ayant été présenté, il l'embrassa et se recommanda humblement à ses prières. Lorsque Jacques se fut retiré, le prince en parla dans des termes qui prouvèrent à tous la haute estime qu'il en avait conçue.

Les infirmités vinrent assiéger le bienheureux Jacques à mesure qu'il avançait en âge ; mais il sut les supporter avec une patience invincible. Non-seulement il souffrait sans murmurer, mais il le faisait avec joie, répétant souvent ces paroles de l'Apôtre : « La vertu se perfectionne par l'infirmité. » Il était octogénaire lorsqu'il fut pris d'une fièvre très-violente qui le réduisit à l'extrémité et le conduisit au tombeau le 12 octobre 1491. Le peuple se porta en foule à ses funérailles, et chacun l'invoquait déjà comme un saint. Au bout de très-peu de temps les religieux furent obligés de déposer son corps dans une chapelle de leur église, afin de satisfaire la dévotion des fidèles envers ce vertueux frère. Son culte fut approuvé par le Pape Léon XII, le 30 juillet 1823 1.

La bienheureuse Clara Gambacorti naquit…

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1 Acta SS., 11 octobre et Godescard, 12 octobre.
 
 
A suivre : La bienheureuse  Clara Gambacorti, du même ordre.

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Message  Louis Sam 12 Oct 2013, 11:55 am

La bienheureuse  Clara Gambacorti, du même ordre.

La bienheureuse Clara Gambacorti naquit à Pise en 1362 et annonça dès sa première enfance les plus heureuses inclinations. Son père, un des premiers magistrats de la ville, crut devoir la fiancer, dès l'âge de sept ans, à un jeune noble de la ville, nommé Simon de Massa, qui était très-riche et très-connu. Cet engagement avait été inspiré au père par la politique ; mais sa fille aspirait à une vie plus parfaite que celle du monde. Elle jeûnait souvent, portait le cilice, faisait de fréquentes prières, était déjà accoutumée à se vaincre, et nourrissait avec soin sa dévotion par la lecture habituelle des livres de piété. En avançant en âge elle croissait en ferveur et manifestait souvent le désir de n'avoir d'autre époux que Jésus-Christ.

Sa charité pour le prochain, et surtout pour les infirmes, était admirable ; sitôt qu'elle fut un peu maîtresse de ses actions, oubliant son rang et la faiblesse de son âge, elle allait donner des soins à une pauvre malheureuse dont tout le corps n'était qu'une plaie, et qui avait le visage tellement rongé que ses yeux mêmes avaient perdu leur forme. Que la religion inspire de courage ! La jeune servante de Dieu prit l'habitude de visiter cette infortunée, de la servir, de nettoyer ses plaies, de lui exprimer la part qu'elle prenait à sa peine, et pour le lui mieux prouver, elle ne craignait pas de coller son visage à ce visage horrible, tant sa vertu était héroïque.

Clara, parvenue à l'âge de quinze ans, perdit le jeune homme auquel on l'avait fiancée et qu'elle devait épouser. Aussitôt que cette mort lui est connue elle coupe elle-même ses cheveux, pour montrer son renoncement au monde, quitte ses habits somptueux, refuse les divers partis que son père et ses frères lui proposaient, et, au bout de quelque temps, elle se retire secrètement dans un monastère de Clarisses, où elle prend l'habit avec le nom de Claire ou Clara. Son père, qui ignorait sa démarche, se livra, dès qu'il en fut informé, à une douleur si amère que ses fils s'armèrent aussitôt, ainsi que leurs amis, allèrent tous ensemble attaquer le monastère et forcèrent les religieuses à leur rendre leur sœur. Ensuite ils l'enfermèrent dans une  chambre,  ne   laissant  ouverte qu'une petite fenêtre pour lui faire passer sa nourriture. Personne n'avait permission de la voir, si ce n'est un saint homme nommé Etienne, qui pouvait quelquefois la visiter et la consoler; et elle en avait besoin, car Dieu l'éprouva par des peines intérieures et par la maladie : mais Clara soutint toutes ces épreuves avec patience et montrait même une sainte joie dans son affliction. Elle passa ainsi cinq mois dans une captivité si rigoureuse qu'une fois, par oubli des domestiques, elle resta trois jours sans aliments. Ce fut à cette époque qu'elle eut un entretien avec Alphonse, ancien évêque de Jaën et autrefois confesseur de sainte Brigitte. Ce prélat, après avoir examiné la vocation de Claire, l'engagea à y persévérer, et la fortifia ainsi dans le dessein qu'elle avait manifesté de se consacrer à Dieu dans un monastère.

Le seigneur exauça enfin…

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Message  Louis Sam 12 Oct 2013, 6:18 pm

La bienheureuse  Clara Gambacorti, du même ordre.
(suite)

Le seigneur exauça enfin les vœux de sa servante. Pierre Gambacorti s'adoucit et permit que sa fille se consacrât à Dieu dans un couvent de Pise, de l'ordre de Saint-Dominique. Plus tard il lui fit même construire un monastère, dont elle devint prieure treize ans après qu'elle y fût entrée. Elle remplit cette maison de la bonne odeur de ses vertus, et l'on n'avait d'autre reproche à lui faire sinon qu'elle traitait trop rigoureusement son corps; mais, si elle était dure à l'égard d'elle-même, la tendre charité pour le prochain, qu'elle avait pratiquée avec tant d'ardeur dans sa première jeunesse, sembla prendre, depuis son entrée en religion, de nouveaux accroissements.

Une dame de Pise nommée Céa gouverna longtemps et avec beaucoup de charité l'hospice des enfants trouvés. En mourant elle recommanda sa famille d'orphelins à la prieure de Saint-Dominique. Clara commença donc, avec une grande sollicitude, à chercher une personne propre à continuer cette œuvre de miséricorde. Elle fit prier à cet effet ses religieuses. Enfin elle jeta les yeux sur un homme riche et dévot, Jean Tonnelier, ainsi nommé de sa profession. Comme il avait une femme âgée et stérile, il destinait tous ses biens au couvent de la sainte prieure, pour laquelle il avait beaucoup de vénération. Elle le fit donc venir et le pria de se charger du dit hôpital. Il en montra beaucoup d'éloignement, tant à cause de lui-même que de sa femme. Enfin il convint avec la bienheureuse Clara de consulter Dieu par la prière, en l'avertissant toutefois de penser à un autre. Étant revenu la trouver il lui dit : « Avez-vous trouvé quelqu'un ? — Oui, répondit-elle. — Qui est-ce ? » demanda-t-il avec joie. « Mais, répliqua la sainte, c'est vous-même ! » Il eut beau se défendre et dire qu'il destinait tous ses biens à son monastère, ce qui ne pourrait avoir lieu s'il se chargeait de l'hôpital, Clara ne cessa de le prier que quand il eut consenti à être le père des enfants trouvés; ce qu'il faisait encore avec beaucoup d'édification pendant qu'une religieuse écrivait la vie de la sainte.

Mais, pour purifier de plus en plus sa servante…

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Message  Louis Dim 13 Oct 2013, 11:41 am

La bienheureuse  Clara Gambacorti, du même ordre.
(suite)

Mais, pour purifier de plus en plus sa servante, Dieu permit qu'elle éprouvât une de ces grandes afflictions qui semblent exiger une vertu parfaite pour être supportées saintement. Pierre Gambacorti, son père, qui gouvernait Pise depuis vingt-quatre ans, avait élevé dans sa maison un jeune homme qui se nommait Jacques d'Appiano et qu'il traitait comme un de ses fils. Il l'avait fait son secrétaire et ne lui cachait rien des affaires les plus importantes.

Ce malheureux, gagné par les ennemis des Pisans à une époque où les principales villes d'Italie se combattaient avec fureur, fit d'abord, en 1393, assassiner des amis de Gambacorti, puis son bienfaiteur lui-même, qui ne se défiait pas de sa trahison. Non content de ces crimes, il fit également périr deux des frères de Clara après leur père, en les empoisonnant.

On comprend aisément combien le bon cœur de la servante de Dieu dut souffrir de cette affreuse catastrophe; mais la charité triompha de tout son ressentiment; non-seulement elle ne se répandit pas en plaintes contre cet ingrat, mais, la peine qu'elle éprouvait lui ayant causé une grave maladie, elle voulut avoir, pour se guérir, du pain et du vin de la table du meurtrier de sa famille, comme elle en avait autrefois de celle de son père, afin de montrer à ce misérable qu'elle lui pardonnait entièrement. Bien plus, cet homme étant mort, et sa veuve craignant pour sa vie, à l'époque d'un changement qui s'opéra dans le gouvernement, Clara, non contente de consoler cette femme et de lui donner de sages conseils, lui ouvrit dans son monastère un asile pour elle et ses deux filles, rendant ainsi le bien pour le mal avec une générosité héroïque.

La bienheureuse Claire mourut saintement le 17 avril 1417. Elle était âgée de cinquante-sept ans et en avait passé trente-sept dans son monastère. Son corps demeura flexible et exhala une odeur suave qui remplit toute sa cellule. Bientôt, le bruit de sa mort s'étant répandu, le peuple se porta en foule au monastère pour visiter sa dépouille mortelle et lui donner des marques publiques de sa vénération. Plusieurs fidèles qui réclamèrent dès lors son intercession en éprouvèrent les heureux effets. Elle commença bientôt à être honorée d'un culte public, qui enfin a été approuvé par le pape Pie VIII, le 3 avril 1830 1.

Ce fut dans la ville de Palerme, en Sicile, que naquit, en l’an 1381, le bienheureux Pierre, de la noble famille des Jérémi…

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1 Acta S S., et Godescard, 17 avril.
 
 
A suivre : Le bienheureux Pierre de Palerme.

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Message  Louis Lun 14 Oct 2013, 6:19 am


Le bienheureux Pierre de Palerme.

Ce fut dans la ville de Palerme, en Sicile, que naquit, en l’an 1381, le bienheureux Pierre, de la noble famille des Jérémi. Il commença ses études dans cette ville et alla les achever à Bologne, dont l'université, alors dans sa plus grande célébrité, comptait un grand nombre de professeurs distingués et attirait des jeunes gens des contrées les plus lointaines. Pierre fit de rapides progrès dans la science du droit, qui était celle de son père; lorsque le professeur était empêché de faire la leçon il le remplaçait, aux applaudissements de ses condisciples.

Une nuit qu'il étudiait pour se préparer au doctorat, on frappa violemment à sa fenêtre. Effrayé d'abord il finit par demander qui se permettait de le troubler de la sorte. Une voix répondit : « Je suis un de vos parents, non médiocrement versé dans l'un et l'autre droit. Avocat, je donnais des conseils aux autres et ne m'en suis pas donné à moi-même; j'apprenais aux autres à éviter les pièges de leurs adversaires et je n'ai pas voulu éviter les pièges de l'ennemi commun du genre humain; je suis sorti de ce monde, non comme défenseur, mais comme coupable et pour subir des peines éternelles. Écoutez-moi, ou plutôt écoutez Dieu, qui m'envoie vous avertir; fuyez cette gloriole qui passe, ainsi que les insignes du doctorat. » Cela dit la vision disparut. Cet avertissement étrange, Pierre le mit à profit; il résolut d'entrer dans un ordre religieux. Pour s'éprouver d'abord lui-même il se ceignit le corps d'une chaîne de fer de dix-huit livres. Après quoi il se présenta au couvent des Dominicains, y demanda et reçut l'habit.

Son père, qui était contrôleur général des finances en Sicile…

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Message  Louis Lun 14 Oct 2013, 12:51 pm


Le bienheureux Pierre de Palerme.

(suite)
Son père, qui était contrôleur général des finances en Sicile, ayant appris la démarche de son fils, vint en fureur à Bologne pour l'arracher du monastère; mais il en arriva autrement qu'il ne pensait. Lorsque son fils le sut à la porte du couvent il pria le supérieur d'aller le trouver lui-même, pour l'adoucir et le consoler. Le père s'emporta beaucoup de ce qu'on ne lui permettait pas même de voir son fils. II revint quinze jours après et obtint à grand'peine qu'il le verrait de loin, mais sans lui parler. Lorsqu'il l'aperçut dans un coin du monastère, qu'il vit sa modestie et sa piété, sa colère se fondit en larmes; il leva les mains au ciel, rendit grâces à Dieu et souhaita à son fils toutes sortes de bénédictions. Ayant enfin eu la permission de l'entretenir avant de repartir pour la Sicile, non-seulement il ne le détourna point de sa vocation, mais l'exhorta longuement à la piété et à la vertu.

Aussitôt que Pierre de Palerme eut été ordonné prêtre il commença de remplir avec zèle les fonctions du ministère évangélique. Saint Vincent Ferrier, qui vint à Bologne, en 1416, visiter le corps de saint Dominique, l'exhorta vivement à continuer, l'assurant que ses travaux étaient agréables à Dieu. En effet le saint religieux n'omettait rien de ce qui pouvait attirer la bénédiction du Ciel sur ses prédications. Prières ferventes, mortifications assidues, humilité profonde : tels sont les moyens par lesquels il cherchait surtout à convertir les pécheurs. Il eut même recours à un genre de pénitence extraordinaire, que l'Esprit de Dieu lui avait sans doute inspiré: il enferma son corps dans cinq cercles de fer qu'il serra si fortement que, même après sa mort, on ne put les dégager, parce qu'ils avaient pénétré dans les chairs; il fallut attendre, pour les enlever, que son corps fût entièrement desséché. Des exemples si frappants devaient porter leurs fruits; aussi vit-on plusieurs jeunes seigneurs de familles nobles, touchés de son détachement et de sa vie si austère, renoncer aux vanités du siècle pour suivre Jésus-Christ, entre autres le bienheureux Licci, qui lui dut son entrée dans l'ordre des Dominicains.

Plus tard il eut une occasion de développer son zèle et sa prudence d'une manière toute particulière dans la direction qui lui fut confiée de plusieurs maisons de son ordre. Il s'efforça surtout d'y rétablir la discipline dans toute sa vigueur, et, son exemple achevant ce que ses prédications avaient commencé, il eut la consolation de réussir presque généralement. Nous retrouverons le bienheureux Pierre de Palerme au concile œcuménique de Florence 1.

Nous avons vu saint Vincent Ferrier, prêchant un jour aux habitants d'Alexandrie en Piémont…

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1 Acta S S., et Godescard, 3 mars.

A suivre : Saint Bernardin de Sienne, de l’ordre de Saint-François.

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Message  Louis Mar 15 Oct 2013, 6:07 am

Saint Bernardin de Sienne, de l’ordre de Saint-François.

Nous avons vu saint Vincent Ferrier, prêchant un jour aux habitants d'Alexandrie en Piémont, s'interrompre tout à coup et dire à ses auditeurs : « Sachez, mes enfants, qu'il y a parmi vous un religieux de l'ordre des Frères Mineurs qui, dans peu, sera un homme célèbre par toute l'Italie, de la doctrine et des exemples duquel proviendra un grand fruit dans le peuple chrétien ; et quoiqu’il soit jeune et moi cassé de vieillesse, cependant il arrivera un temps où il me sera préféré en honneur dans l'Église romaine. Je vous exhorte donc de rendre grâces à Dieu et de le prier qu'il accomplisse pour l'utilité du peuple chrétien ce qu'il m'a révélé. Et parce que cela sera, je retourne prêcher dans les Gaules et les Espagnes ; quant à ceux des peuples d'Italie que je ne suis pas encore allé prêcher, c'est à lui que je les laisse à instruire. » Ayant ainsi parlé saint Vincent reprit le fil de son discours.

Ce Frère mineur qui, plus jeune, lui sera préféré en honneur dans l'Église romaine, y sera canonisé le premier des deux, c'est saint Bernardin de Sienne.

Il naquit à Massa, où son père était gouverneur. Il était de la famille des Albizeschi, une des plus illustres de la république de Sienne. Le jour de sa naissance fut le jour de la Nativité de la sainte Vierge, 8 septembre 1380. Son père et sa mère obtinrent cet enfant unique par l'intercession de la Mère de Dieu, en laquelle tous deux mettaient toute leur espérance. On pouvait dire de Bernardin ce qu'on disait de Jean-Baptiste : Que pensez-vous que sera cet enfant ? car la main du Seigneur était avec lui; mais il perdit sa mère à l'âge de trois ans et son père avant qu il en eût sept. Perte funeste pour bien des enfants ! Par la Providence divine Bernardin n'en eut point à souffrir.

Une tante maternelle, elle se nommait Diane, prit soin de son éducation, lui inspira une tendre piété envers Dieu et une dévotion particulière envers la sainte Vierge. Le petit Bernardin était modeste, doux, humble, pieux; il faisait ses délices de la prière et de la visite des églises. Sa dévotion le portait surtout à servir la messe. D'une mémoire merveilleuse, il répétait à ses camarades, avec autant de fidélité que de grâce, les sermons qu'il avait entendus.

Sa compassion pour les pauvres n'était pas moins admirable que…

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Message  Louis Mar 15 Oct 2013, 12:34 pm


Saint Bernardin de Sienne, de l’ordre de Saint-François.


(suite)
Sa compassion pour les pauvres n'était pas moins admirable que sa piété. Un jour sa tante en renvoya un sans rien lui donner, parce qu'il n'y avait qu'un pain dans la maison pour le dîner de toute la famille. Bernardin en fut si touché qu'il dit à sa tante : « Pour l'amour de Dieu, donnez-lui quelque chose à ce pauvre homme; donnez-lui ce que vous me donneriez à dîner, je m'en passerai de bon cœur. » La pieuse tante, étonnée et réjouie de ces paroles, exhorta son neveu à la pratique de toutes les vertus chrétiennes. Elle observait avec admiration ces marques précoces d'une sainteté future. Souvent elle le voyait, prosterné devant une image de la Vierge, fondre en larmes et lui adresser la Salutation angélique avec toute la ferveur d'un ange; car, nuit et jour, tous les vœux, toutes les prières de Bernardin se dirigeaient vers Marie, Mère de Jésus. Dès ses premières années il se mit à jeûner tous les samedis en son honneur, et il garda cette pieuse coutume le reste de sa vie.

A l'âge de onze ans il perdit cette vertueuse tante; mais Dieu ne l'abandonna point. Deux oncles paternels, Christophore et Ange, le firent venir à Sienne. Pia, la femme de Christophore, n'ayant point d'enfants, le prit en affection particulière et l'aima comme son fils. Non moins pieuse que Diane, elle eut le même soin de son éducation. Comme il est dit de l'enfant Jésus, Bernardin croissait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes. A la maison il construisait des autels et commençait à réciter chaque jour l'Office de la sainte Vierge. Ravie de ses progrès dans la vertu, Pia voulut qu'il pût en faire de semblables dans les lettres et les sciences humaines ; elle lui fit donner les plus excellents maîtres. Ceux-ci ne se lassaient point d'admirer la pénétration de leur disciple et la beauté de son esprit; ils admiraient beaucoup plus encore sa docilité et sa modestie.

Bernardin était d'une beauté remarquable ; mais son amour pour la pureté était encore plus extraordinaire. Quoiqu'il fût naturellement poli, complaisant et respectueux envers tout le monde, il n'était plus maître de lui-même dès qu'un discours indécent frappait ses oreilles. Un des principaux habitants de la ville lui ayant adressé sur la place publique un propos déshonnête, Bernardin lui donna aussitôt sous le menton un soufflet dont le bruit retentit par toute la place. Le citoyen, devenu la risée de tous les spectateurs, se retira confus et se corrigea de sa mauvaise habitude. Bien des années après, comme il écoutait Bernardin prêchant le peuple sur la même place, on le vit fondre en larmes au souvenir de ses fautes passées. Une autre fois, un libertin venu de dehors, épris de la beauté de Bernardin, osa lui faire des propositions infâmes ; Bernardin le repoussait avec horreur, mais le misérable revenait toujours. Alors le saint jeune homme dit à ses camarades de se remplir les poches de pierres, et, à la première occasion, ils poursuivirent ce libertin à grands cris et à coups de pierres, à travers les rues et les places, en sorte qu'il se crut bien heureux d'échapper à la mort. Ces dispositions de Bernardin étaient si connues, sa présence seule inspirait tant de respect, que, quand il arrivait parmi des jeunes gens, toute conversation libre cessait. « Silence! disaient les plus dissolus, voici Bernardin. »

Il avait une sainte cousine, nommée Tobie…

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