Grand schisme d'Occident...

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Message  Louis Jeu 26 Sep 2013, 6:57 am


Doctrine de Gerson, de Major et d’Almain, sur l’origine et la responsabilité du pouvoir temporel.
Gerson, chancelier de l'université de Paris, fit tous ses efforts pour faire condamner à Constance, comme il avait fait à Paris, les neuf propositions du docteur Jean Petit; mais il ne put l'obtenir, ni du concile, ni du Pape Martin V. La doctrine condamnée, on voulut ménager les personnes, afin de rendre plus facile la pacification de la France par la réconciliation des maisons de Bourgogne et d'Orléans.

Si Gerson poursuivait si vivement la doctrine de Jean Petit, c'est parce que ce docteur permettait et faisait un mérite au premier venu de tuer un tyran par une voie quelconque et sans attendre la sentence d'aucun juge. De son côté le chancelier de l'université de Paris était loin de reconnaître les tyrans pour inviolables. Dans un sermon prêché l'an 1405 devant le roi Charles VI et toute la cour de France, et qui commence par ces mots: «Vive le roi! vive le roi! vive le roi! » pour lui souhaiter les trois vies, corporelle, civile, spirituelle ; dans ce sermon, à propos de la vie civile ou politique du roi, Gerson fait parler d'une part la sédition, qui veut qu'on use sans ménagement de cette maxime de Sénèque : « Il n'y a point de sacrifice plus agréable aux dieux que la mort des tyrans, » et de l'autre la dissimulation, qui défend de s'en prévaloir ; enfin il introduit la discrétion, envoyée par la fille du roi, qui est l'université de Paris mère des sciences. La discrétion universitaire établit ces trois vérités : 1° les obligations du souverain et des sujets sont réciproques ; 2° le souverain n'est pas maître de tout son royaume; 3° comme le venin et l'empoisonnement tuent le corps humain, ainsi la tyrannie est un venin, un poison qui fait périr toute la vie politique et royale.

Arrivée à ce point, la discrétion universitaire, tenant le milieu entre la sédition et la dissimulation, enseigne, par la bouche du chancelier, quand on doit mettre en pratique la maxime de Sénèque. Elle conclut enfin que, si le chef ou quelque membre de l'État voulait sucer le venin de la tyrannie, chaque membre pourrait s'y opposer de toutes ses forces par les moyens convenables, et tels qu'il ne s'ensuivît pas un plus grand mal 1.

Il est à observer qu'il dit dans la phrase précédente…

_________________________________________________________

1 Opera Gersonis, t. 4, p. 600.

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Message  Louis Jeu 26 Sep 2013, 11:48 am

Doctrine de Gerson, de Major et d’Almain,
sur l’origine et la responsabilité du pouvoir temporel.

(suite)
Il est à observer qu'il dit dans la phrase précédente que celui-là est un tyran qui opprime ses sujets par des exactions, des impôts, des tributs, et en empêchant le progrès des lettres. Dans tous ces cas Gerson veut que chaque particulier s'oppose de toutes ses forces au tyran. Il est vrai que le docte chancelier pose en principe qu'il ne faut pas s'opposer par la rébellion à la tyrannie; mais, selon lui, il n'y a de véritable sédition que lorsqu'on se révolte sans cause 2 , et il avoue que, pour juger si on a ou non une juste raison de se révolter, il faut une grande prudence. C'est pourquoi il est d'avis que, pour ne point se tromper, on consulte les philosophes, les jurisconsultes, les légistes, les théologiens, les hommes de bonne vie, de bonne prudence naturelle et de grande expérience 3.

Mais surtout Gerson veut qu'un roi ou un prince chrétien prenne garde de tomber dans des erreurs contre la foi et contre la saine doctrine ; car c'est le crime qui le rend plus odieux à Dieu et plus infâme au monde, et alors les lois divines et ecclésiastiques autorisent ses sujets à employer le fer et le feu pour s'en défaire 4.  

Voilà ce que le docte chancelier de l'université de Paris prêchait en l'an 1405 devant le roi et la cour. Il ne s'arrête pas là ; en l'an 1408 il étend jusqu’à la famille du prince qui embrasse l'erreur le droit qu'ont ses sujets de le poursuivre par le fer et par le feu 5.

Gerson n'était pas le seul à prêcher cette doctrine…

__________________________________________________________________

2 « Seditionem voco rebellionem popularem absque causa. » Ibid.3  Ibid. —  4 Apud Gerson., t. 4, col. 606. —  5 Ibid., col. 622.

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Message  Louis Ven 27 Sep 2013, 6:45 am

Doctrine de Gerson, de Major et d’Almain,
sur l’origine et la responsabilité du pouvoir temporel.

(suite)
Gerson n'était pas le seul à prêcher cette doctrine ; son contemporain et son ami, le docteur Jean Major, précepteur du fils de Charles VII, enseigne également qu'il y a dans le peuple une puissance supérieure à celle des rois et qui peut les réduire à la raison quand ils s'en écartent. « Le roi, dit-il, tient son royaume de tout le peuple 1 ; » d'où il conclut que le peuple peut lui ôter le royaume pour une cause raisonnable. Il refuse cette autorité au Pape ; mais il veut qu'elle appartienne aux sujets, et, ce qui est plus singulier, à l'université de Paris. C'est par son entremise et sur son avis que les seigneurs français, selon lui, auraient déposé Childéric si elle avait existé de son temps ; mais, par malheur, elle ne florissait pas encore, et voilà pourquoi les grands du royaume s'adressèrent au Pape Zacharie 2.

Un autre docteur de l'école de Paris, Jacques Almain, natif de Sens, parle comme Gerson et Major. Dans son Traité du Pouvoir naturel, civil et ecclésiastique, il établit que le droit du glaive a été donné à la république pour sa conservation; qu'un particulier, quel qu'il soit, n'est, à l'égard de toute la communauté, que comme une partie par rapport au tout, et qu'en conséquence, si quelqu'un est pernicieux à la communauté, c'est une action louable que de le mettre à mort 3. Il en apporte une autre raison, qui est que, le droit de vie et de mort étant donné au prince par la communauté, il s'ensuit qu'elle possédait ce droit auparavant et qu'elle ne l'a reçu de personne, à moins que ce ne soit de Dieu 4.

De ce principe Almain tire les quatre conclusions suivantes : 1° que la puissance du glaive, quant à son institution, n'est point positive, mais qu'elle est positive quant à la participation qu'en fait la communauté à une certaine personne, par exemple au roi ou à plusieurs, selon qu'il lui paraît plus convenable; 2° qu'aucune communauté parfaite ne peut renoncer à cette puissance ; 3° que le prince n'use point du glaive par sa propre autorité, que la communauté même ne peut lui donner ce pouvoir, et que c'est à cause de cela que Guillaume de Paris dit que le pouvoir de juridiction des princes n'est que ministériel ; 4° enfin que la communauté ne peut renoncer au pouvoir qu'elle a sur le prince établi par elle, et qu'elle peut s'en servir pour le déposer quand il gouverne mal, cela étant un droit naturel. D'où il suit en outre que naturellement il ne peut exister, dans aucun cas, de monarchie purement royale 1.

Jacques Almain pose les mêmes principes dans son livre…

___________________________________________________________

1 « Rex habet regnum a toto populo. » Apud Gerson., t. 2, col. 5139. Joann. Major, Tract, de Auct. Conc. super Pap.2 Apud Gerson., col. 1129. Joann. Major, de Statu et potest.  Ecclesiæ.3  Apud Gerson., col. 963 et 964. — 4 Ibid., col. 964. — 1 Apud Gerson., col. 964.

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Message  Louis Ven 27 Sep 2013, 11:22 am


Doctrine de Gerson, de Major et d’Almain,
sur l’origine et la responsabilité du pouvoir temporel.

(suite)
Jacques Almain pose les mêmes principes dans son livre…

Jacques Almain pose les mêmes principes dans son livre de l'Autorité de l'Église et des Conciles généraux, et dès le titre du premier chapitre il annonce qu'il traite de l'origine de la juridiction civile, pour faire connaître par comparaison celle de la juridiction ecclésiastique, et montrer que l'autorité de l'Église est de droit naturel supérieure à celle du Pape. En conséquence il soutient, comme dans le précédent traité et presque dans les mêmes termes, que chaque communauté peut, pour sa propre conservation, mettre à mort celui de ses membres dont elle croirait avoir quelque chose à craindre ; ce qui le conduit à établir :

1° que naturellement le droit du glaive appartient à la république;

2° que, quoique tout le pouvoir eût été transféré au roi du consentement du peuple, la république néanmoins conserve toujours ce pouvoir ;

3° que la communauté entière peut déposer le prince s'il ne gouverne pas convenablement, autrement elle n'aurait pas le pouvoir suffisant pour se gouverner.

« Et ce pouvoir, ajoute-t-il, la communauté des Français en a fait autrefois usage en déposant son roi, non pas tant pour aucun crime que parce qu'il n'était pas habile à soutenir le poids d'un si grand gouvernement. Les Israélites usèrent du même pouvoir en se détachant de Roboam, qui était le successeur naturel de Salomon, et en élisant Jéroboam à sa place ; et quand Dieu accorderait immédiatement à quelques hommes la juridiction sur un peuple, ainsi qu'il est probable de Saül et de David, ils seraient cependant, comme ces deux princes, toujours soumis à la communauté, en cas qu'ils la gouvernassent mal 2. »

Il y a quelque chose de plus remarquable encore…

______________________________________________________

1 Apud Gerson., col. 964. — 2 Ibid., col. 973.
 
 
A suivre : Doctrine des théologiens du concile de Constance sur le même sujet.

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Message  Louis Sam 28 Sep 2013, 6:20 am


Doctrine des théologiens du concile de Constance sur le même sujet.
Il y a quelque chose de plus remarquable encore. Le concile de Constance a condamné l'article 17 de Wiclef, qui porte : « Les gens du peuple peuvent à leur gré châtier les seigneurs coupables. » Or les théologiens du concile, en donnant une censure explicative de cet article, qu'ils qualifient d'hérétique, concluent néanmoins en disant : « Encore que l'empire puisse déposer et châtier par d'autres peines la personne de l'empereur lorsqu'il se rend si énormément coupable ; encore que le royaume puisse faire la même chose du roi, le duché la même chose du duc, à Dieu ne plaise cependant que les gens du peuple, qui doivent être soumis à leurs seigneurs, puissent licitement les corriger par une puissance judiciaire, pour ne pas parler maintenant de ce que l'on ajoute à leur gré 1. »

Et une preuve que cette doctrine n'était pas un sentiment particulier des théologiens, c'est que le concile de Constance, dans plus d'une cession, entre autres dans la dix-septième, prononce sentence de déposition contre les princes, rois, empereurs qui contreviendraient à ses ordres.

Telle était donc, au quinzième siècle…

_______________________________________________

1 « Licet...imperium personam imperatoris, tam enormiter delinquentem,
possit deponere et aliis pœnis corrigere, et similiter regnum personam regis,
ducatus personam ducis, etc. » Von der Hardt, t. 3, p. 254 et 255.
 
 
A suivre : Les mêmes idées au temps de Charlemagne, et dans les théologiens et les jurisconsultes.

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Message  Louis Sam 28 Sep 2013, 1:31 pm

Les mêmes idées au temps de Charlemagne,
et dans les théologiens et les jurisconsultes.

Telle était donc, au quinzième siècle, la doctrine de l'université de Paris sur l'origine du pouvoir temporel et sur la responsabilité du roi devant la nation. Nous avons vu les mêmes idées, au commencement du neuvième siècle, dans les chartes constitutionnelles de Charlemagne et de Louis le Débonnaire. L'an 806 Charlemagne fit une charte de constitution et de partage pour diviser l'empire des Francs entre ses trois fils, Charles, Louis et Pépin. Cette charte, jurée par les grands de l'empire, fut envoyée au Pape saint Léon III, qui la confirma de son autorité apostolique et la souscrivit de sa main. Or, l'article 5 de cette charte est conçu en ces termes : « Si l'un des trois frères laisse un fils, que le peuple veuille élire pour succéder à son père dans l'héritage du royaume, nous voulons que les oncles de l'enfant y consentent, et qu'ils laissent régner le fils de leur frère dans la portion du royaume qu'a eue leur frère, son père 2. » Ainsi, au temps et dans l'esprit de Charlemagne, les fils d'un roi ne succédaient point de droit à leur père, ni par ordre de primogéniture, mais il dépendait du peuple d'en choisir un.

Quant à la charte constitutionnelle du fils de Charlemagne, de Louis le Débonnaire, charte proposée, délibérée, consentie et jurée en 817 par les états de l'empire ; relue, confirmée et jurée de nouveau en 821 ; envoyée enfin à Rome et ratifiée par le Pape Pascal, cette charte de Louis le Débonnaire avait pour fin de partager l'empire des Francs entre ses trois fils, Lothaire, Louis et Pépin ; d'en élever un à la dignité d'empereur, pour maintenir l'unité de l'empire; de régler les rapports entre le nouvel empereur et les deux rois, ses frères; de fixer la part d'autorité qu'aurait l'assemblée de la nation pour juger leurs différends et pour élire des rois parmi leurs descendants. Le dixième article surtout est remarquable ; il porte : « Si quelqu’un d'entre eux, ce qu'à Dieu ne plaise, devenait oppresseur des églises et des pauvres, ou exerçait la tyrannie, qui renferme toute cruauté, ses deux frères, suivant le précepte du Seigneur, l'avertiront secrètement jusqu'à trois fois de se corriger. S'il résiste ils le feront venir en leur présence et le réprimanderont avec un amour paternel et fraternel, Que s'il méprise absolument cette salutaire admonition, la sentence commune de tous décernera ce qu'il faut faire de lui, afin que, si une admonition salutaire n'a pu le rappeler de ses excès, il soit réprimé par la puissance impériale et la commune sentence de tous 1. »

Enfin nous avons vu que la légitimité de la troisième dynastie repose sur le principe de l'élection nationale, à l'exclusion du principe héréditaire 2.

Ainsi, de Charlemagne à Gerson, la persuasion commune et publique en France était que le pouvoir temporel, le pouvoir des rois, leur vient de Dieu par le peuple, et qu'ils en sont responsables non-seulement devant Dieu, mais encore devant le peuple. Du reste, comme on peut le voir dans le savant Jésuite Suarez, tel est le sentiment commun des théologiens et des jurisconsultes.

Cette doctrine sur le pouvoir des rois et sur leur responsabilité…

_______________________________________________________________

1 Baluze, Capit. Reg. Franc., t. 1, col. (4)42. — 1 Baluze, col. 576. — 2 T. 13, p. 249 et 250.
 
 
A suivre : Caractère différents du pouvoir spirituel. Mauvais raisonnement de Gerson et de ses semblables. Leurs  ouvrages doivent être lus avec précaution.

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Message  Louis Dim 29 Sep 2013, 5:49 am

Caractère différents du pouvoir spirituel.
Mauvais raisonnement de Gerson et de ses semblables.
Leurs ouvrages doivent être lus avec précaution.

Cette doctrine sur le pouvoir des rois et sur leur responsabilité devant la nation Gerson et quelques autres voulurent l'appliquer au Pape et à l'Église, comme le moyen le plus efficace pour mettre un terme au grand et long schisme d'Occident. Ils disaient : « Comme le roi reçoit son pouvoir de la nation et peut être déposé par elle, de même le Pape reçoit son pouvoir de l'Église et peut être déposé par elle.

« Ce raisonnement n'est pas juste. Dieu peut abandonner aux hommes le gouvernement des choses humaines et se réserver le gouvernement des choses divines ; ainsi l'on ne peut conclure du premier au second. Et, de fait, voyez le peuple d'Israël : Dieu lui laisse une certaine part à l'institution de la royauté et à la désignation des rois, mais aucune à l'institution du sacerdoce ni à la désignation des lévites, des prêtres et du Pontife. C'est Dieu qui désigne la tribu de Lévi, la famille d'Aaron, et son chef pour le grand-prêtre; pour montrer que lui seul est l'auteur de ce choix il le confirme par des miracles; le bâton pastoral d'Aaron refleurit, les schismatiques sont dévorés par le feu du sanctuaire, les contradicteurs sont engloutis vivants par la terre entrouverte. Le Fils de Dieu fait homme a dit expressément : « Mon royaume, mon Église, n'est pas de ce monde, « n'en tient ni son origine ni son gouvernement. On ne peut donc pas conclure de l'un à l'autre.

De plus, quand il veut fonder son royaume, il dit au fils de Jona : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise; et moi, je te dis, je te donnerai les clefs du royaume des cieux; et, quand tu seras converti, affermis tes frères; et : Pais mes agneaux, pais mes brebis. » C'est un seul parlant à un seul et lui soumettant tous les autres ; ce n'est pas par les autres qu'il lui communique son pouvoir sur eux, mais par lui-même. Aussi avons-nous entendu les premiers Pères de l'Église dire l'un après l'autre : « C'est à Pierre que le Seigneur a donné les clefs, et par lui à l'Église ; Pierre seul a reçu les clefs du royaume des cieux pour les communiquer aux autres pasteurs. »

On le voit, c'est précisément le contraire de ce qu'avançaient Gerson et ses semblables…

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Message  Louis Dim 29 Sep 2013, 11:59 am


Caractère différents du pouvoir spirituel.
Mauvais raisonnement de Gerson et de ses semblables.
Leurs  ouvrages doivent être lus avec précaution.

(suite)

On le voit, c'est précisément le contraire de ce qu'avançaient Gerson et ses semblables. Ce qui peut les excuser, c'est le désir extrême de mettre fin au malheureux schisme d'Occident. Bien des choses qu'ils disent peuvent s'appliquer à des Papes douteux, comme étaient ceux d'alors, mais nullement à un Pape certain. Il arrive même à Gerson de se contredire et de contredire la foi catholique. Dans un endroit, voulant prouver qu'un Pape peut être déposé par un concile, il avance que le Pape est un membre de l'Église, et non pas le chef 1 , ce qui est contraire à la foi. Aussi dit-il dans un autre que le Pape, en tant que vicaire du Christ, peut être appelé en quelque manière le chef de l'Église 2 ; ce qui n'est pas tout à fait d'accord avec lui-même, ni non plus tout à fait avec ce que l'Église catholique croit et enseigne. Finalement, ce que Gerson a écrit sur ces matières, vu les circonstances malheureuses où il se trouvait, doit être lu avec circonspection et ne peut servir de règle.

Gerson dira cependant : « L'état papal a été institué par le Christ surnaturellement et immédiatement, pour avoir la primauté monarchique et royale dans la hiérarchie ecclésiastique; état unique et suprême, suivant lequel l'Église est dite une sous le Christ. Oser attaquer cette primauté, ou la diminuer, ou l'égaler à un état ecclésiastique particulier, et faire cela avec opiniâtreté, c'est être hérétique, schismatique, impie et sacrilège 3.

Enfin le concile de Constance, que certains auteurs citent volontiers contre les Papes…

____________________________________________

1 Gerson, t. 2, col. 181. — 2 Id., ibid.,  col. 112.— 3 Id., ibid., col. 529.
 
 
A suivre : Le concile de Constance prononce déposition contre les rois, reines, etc. qui ne se conformeraient pas à certains de ses décrets.

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Message  Louis Lun 30 Sep 2013, 6:06 am

Le concile de Constance prononce déposition
contre les rois, reines, etc.
qui ne se conformeraient pas à certains de ses décrets.

Enfin le concile de Constance, que certains auteurs citent volontiers contre les Papes, a porté dans sa dix-septième session la sentence suivante, que les mêmes auteurs ne citent guère :

«Le très-saint concile de Constance, représentant l'Église catholique, légitimement assemblée dans le Saint-Esprit, décrète, définit et ordonne que quiconque, fût-il roi, duc, prince, comte, marquis, etc., molesterait dans sa route Sigismond, roi des Romains, ou les personnes de sa suite, encoure à l'instant même la sentence d'excommunication par l'autorité de ce sacré concile général, et que, de plus, il soit privé par le fait même, ipso facto, de tout honneur et dignité, office ou bénéfice, ecclésiastique ou séculier. »

Dans le même concile, et avec son approbation, le Pape Martin V, publia une bulle où il prononce les mêmes peines contre tous les fauteurs d'hérésie, fussent-ils roi ou reine.

Après la condamnation des hérésies de Wiclef et de Jean Hus, et l'extinction du schisme, ce qui occupa le plus le concile de Constance fut le rétablissement de la discipline et la réforme des abus qui s'y étaient glissés. Une commission fut nommée pour signaler ces abus et les remèdes; elle prépara un long travail 1. La plupart de ces abus étaient nés du schisme même. Chacun des deux ou trois papes, ayant une cour et une administration nombreuse, était obligé de pourvoir à sa subsistance. L'obédience de chacun étant rétrécie par le partage, les revenus ordinaires diminuaient d'autant; il fallut en créer de nouveaux; de là des abus et des plaintes faciles à comprendre. Le grand remède était d'avoir un Pape unique et certain. L'empereur Sigismond et les Allemands demandaient qu'on réformât les abus avant d'élire ce Pape : c'était vouloir guérir-la maladie sans le remède principal et nécessaire. Le 11 novembre 1417 on élut le pape Martin V.

Le 22 février de l'année suivante (1418) il publia deux bulles.…

_____________________________________________

1 Lenfant, t. 2, p.  305-363.
 
 
A suivre : Deux bulles de Martin V pour la condamnation des erreurs. Son projet de réforme.

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Message  Louis Lun 30 Sep 2013, 11:37 am


Deux bulles de Martin V pour la condamnation des erreurs.
Son projet de réforme.

Le 22 février de l'année suivante (1418) il publia deux bulles. La première, adressée aux évêques et aux inquisiteurs des divers pays où il y avait des hussites,  contient, outre la condamnation des quarante-cinq articles de  Wiclef et des trente propositions principales de Jean Hus, le modèle de plusieurs interrogations  qu'on ordonnait de faire à ceux qui voulaient abandonner cette hérésie. Parmi ces interrogations il y en a une conçue en ces termes :  

« Croyez-vous que tous les fidèles doivent tenir et approuver ce que le concile de Constance, représentant l'Eglise universelle, a approuvé et approuve en faveur de la foi et pour le salut des âmes; qu'ils sont obligés de même de tenir pour condamné ce que le même concile a condamné et condamne comme contraire-à la foi et aux bonnes mœurs 2 ? »

L'autre bulle, du même jour, ne porte en-titre que ces mots : Pour servir de mémoire à perpétuité ; elle rassemble tous les décrets publiés contre Wiclef, Jean Hus et Jérôme de Prague, soit par le Pape Jean XXIII au concile de Rome, soit par le concile de Constance. Après quoi Martin V déclare que, par l'autorité apostolique et de sa science certaine, il approuve et ratifie tous ces statuts et décrets, et qu'il supplée tous les manquements qui pourraient s'y rencontrer 1.

D'un autre côté, voulant satisfaire le concile sur la réforme des abus, Martin V présenta, vers la fin de janvier 1418, un projet de réforme tel qu'il l'avait conçu par rapport aux demandes proposées par les Allemands et contenues la plupart dans les actes de la quarantième session. Ce projet énonce des règlements qui paraissent tenir le milieu entre le relâchement et la rigueur littérale des canons. Il conserve au Saint-Siège quelques-uns des usages touchant les réserves, les expectatives, les annates, les dispenses, les dîmes; mais tout cela est fort modéré; par exemple, jamais de réserve pour les évêchés, les abbayes et les premières dignités des chapitres, point de commendes dans les monastères nombreux, plus de droit de dépouille, plus de dîmes générales sur le clergé si ce n'est pour quelque cause qui regarde toute l'Église ; les annates doivent être réduites à une taxe raisonnable et le payement se fera en deux termes ; les dispenses seront plus rares, aussi bien que les indulgences et les exemptions. Du reste le Pape condamne absolument la simonie, l'aliénation des biens d'église, la non-résidence des prélats, etc. A l'occasion de ce dernier abus il régla qu'un évêque ou un abbé absent pendant six mois perdra une année de son revenu, et que, s'il s'absente pendant deux années, il sera privé de son bénéfice. La question qui pouvait passer pour la plus considérable dans le Mémoire des Allemands et dans la liste du concile était conçue en ces termes : « Quels sont les cas où le Pape peut être corrigé ou déposé ? » Martin V répond qu'il ne paraît pas à propos et que la plupart des nations n'ont pas jugé devoir rien statuer ni déterminer de nouveau sur cet article 2. »

On voit par cette réponse que la présence d'un vrai Pontife…

_________________________________________________

2 Mansi, t. 27, col. 1204 et seqq.
1 Mansi, t. 27, col. 1215. Raynald,ann. 1418, n. 2; ann. 1425, n. 15.
2 Von der Hardt, t.1, p. 1033. Schelstrate, in comp., p. 71 Hist. de l'Égl. gallic.l. 46.

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Message  Louis Mar 01 Oct 2013, 6:07 am


Deux bulles de Martin V pour la condamnation des erreurs.
Son projet de réforme.

(suite)
On voit par cette réponse que la présence d'un vrai Pontife avait singulièrement ralenti la vivacité des nations pour tout ce qui allait à resserrer l'exercice de la puissance pontificale. Avant l'élection de Martin V on ne parlait que des cas où le Pape pouvait être corrigé ou déposé; on regardait comme essentiel à la réforme de faire des lois sur ce sujet important, et, depuis la création de ce Pape, voilà que la plupart des nations ne jugent pas à propos de rien statuer à cet égard. Et cela se comprend : une grande famille, par la faute de ses aînés, a perdu son chef; elle ne sait plus où le retrouver ; les uns disent : « II est ici ; » les autres : « Il est là. » Dans cette perplexité les membres de la famille, divisés les uns contre les autres, forment toute sorte de projets et pour retrouver le père et pour l'empêcher de s'égarer une autre fois. Après bien du temps et des recherches infructueuses, tout d'un coup le père se présente à eux dans toute sa bonté et sa majesté patriarcale ; plus de doute, plus de division ; tout le monde est réuni, tout le monde pleure de joie. En vérité, le fils qui, dans ce moment, aviserait encore aux moyens d'interdire son père, le cas échéant, ce fils-là mériterait d'être interdit lui-même.

Le Pape Martin V n'avait dressé son projet de réforme qu'après avoir entendu les députés des nations, mais il fallait une approbation plus expresse pour faire de cet écrit une décision formelle. Chaque nation l'examina, en particulier ; quelques endroits peu favorables à la réformation furent apostillés par les examinateurs, apparemment pour les faire corriger. Cette manière toutefois de procéder n'eut pas un grand succès, parce que le Pape, sur ces entrefaites, traita séparément avec la nation germanique, ensuite avec la nation anglaise, enfin avec les Français. On ne trouve pas qu'il ait fait la même chose avec les Italiens et les Espagnols.

Ces traités particuliers sont ce qu'on appelle les concordats de Martin V…
 
 
A suivre : Concordat de Martin V avec chaque nation. Ses actes généraux de réforme.

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Message  Louis Mar 01 Oct 2013, 12:26 pm


Concordat de Martin V avec chaque nation.
Ses actes généraux de réforme.

Ces traités particuliers sont ce qu'on appelle les concordats de Martin V; ils sont relatifs aux besoins et aux intérêts de chaque nation. Un article célèbre est celui qui permet aux fidèles de communiquer avec les excommuniés non dénoncés, « excepté toutefois, dit le texte, ceux qui sont notoirement coupables de sacrilèges et de violence à l'égard des clercs, en sorte que leur crime ne puisse être couvert par aucune interprétation ou quelque défense. »

On nomme communément ce décret la bulle Ad vitanda scandala, parce qu'on lit ces mots à la tête. Il fait partie du concordat germanique, et en cette qualité il entre dans la collection des actes du concile de Constance, d'autant plus que tous ces concordats de Martin V furent approuvés dans la quarante-troisième session du même concile. De plus, ce Pape ayant fait insérer le concordat germanique et les autres dans les règles de chancellerie qu'il publia aussitôt après son élection, c'est encore une source authentique d'où l'on peut tirer ce fameux décret 1.

Quant au concordat de Martin V avec la nation française, il comprenait des règlements sur le nombre des cardinaux, les réserves, les annates, les jugements de cour de Rome, les commendes, les indulgences, et les dispenses, tout cela dans la même forme et le même style qu'on remarque en lisant les autres concordats. Il n'y avait que deux points particuliers à la France. Le premier réduisait, pour cinq ans, les annates à la moitié, en considération des guerres qui désolaient le royaume ; l'autre était un privilège accordé à l'université de Paris pour précéder, une fois seulement, dans la distribution des bénéfices, tous les autres ecclésiastiques ayant des grâces expectatives 2.

La facilité avec laquelle le Pape Martin V et les nations s'accordèrent pour des intérêts aussi puissants que ceux de la réformation marque le grand éclat d'autorité que la présence de ce Pontife répandait à Constance.

Mais ce qui se passa dans la quarante-troisième session du concile a quelque chose encore de plus frappant…

________________________________________________________

(1) Von der Hardt, t.  1, p.  1067 ;  t. 4, p. 1535. — (2) Hist. de l'Église gallic., 1. 46.

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Message  Louis Mer 02 Oct 2013, 5:59 am


Concordat de Martin V avec chaque nation.
Ses actes généraux de réforme.

(suite)
Mais ce qui se passa dans la quarante-troisième session du concile a quelque chose encore de plus frappant. C'était la seconde fois depuis l'élection de Martin V que tous les Pères se trouvaient assemblés. La première fois, qui fut la quarante-deuxième session, le concile se contenta d'ordonner que Balthasar Cossa serait délivré de sa prison de Manheim et remis entre les mains du Pape; on ne parla d'aucune autre affaire. Dans la session quarante-troisième, célébrée le 21 mars 1418, et présidée aussi par le Pape, le cardinal Guillaume Filastre , ayant dit la messe, monta à la tribune, et lut, de la part du Pape et du concile, sept articles de réformation, conçus à peu près dans les mêmes termes, mais un peu moins étendus que ceux du projet dont on a parlé et que ceux des concordats particuliers.

Ces sept articles roulent sur les exemptions accordées depuis Grégoire XI : on les révoque en entier ; sur les unions de bénéfices faites depuis le même temps : on les casse de même; sur les biens ecclésiastiques vacants : on défend de les appliquer à la chambre apostolique ; sur les simoniaques et la simonie : on les condamne sous les plus grièves peines ; sur les dispenses qui pourraient avoir été accordées pour jouir de certains bénéfices sans prendre les ordres attachés à ces places : on les révoque totalement; sur les dîmes et autres impositions pécuniaires : on défend de les lever dans toute l'Église en même temps, à moins d'une grande nécessité ; on remarque aussi qu'on n'y obligera aucune Église particulière, si ce n'est du consentement des prélats de ce canton ; enfin, sur la bonne conduite et la modestie des ecclésiastiques : on réprouve d'une manière fort distincte certaines manières de s'habiller qu'on regardait comme trop mondaines en ce temps-là. Tels furent tous les points de réformation qu'on publia dans le concile de Constance.

Le cardinal Jean de Brogni, doyen du sacré collège, déclara que ces articles, aussi bien que les concordats, avaient été approuvés des nations, et que, par là, on satisfaisait à tout le projet de réformation dressé le 30 octobre de l'année précédente. Comme ceci se passait en présence de tout le concile, on ne peut nier qu'en effet cette grande assemblée ne s'en tînt là finalement pour tout ce qui regardait la réformation tant célébrée depuis trois ans. Il s'en fallait toutefois que les sept articles énoncés ci-dessus exprimassent tout ce qui avait été requis dans le concile et dans les assemblées des nations avant l'élection de Martin V ; mais, remarque judicieusement le Père Berthier, on jugea apparemment qu'en fait de réforme il fallait commencer par embrasser moins pour exécuter mieux. On espéra d'ailleurs que les autres conciles généraux, surtout celui qu'on devait tenir dans cinq ans, achèveraient tranquillement ce qu'on n'avait pu qu'ébaucher après la tempête d'un schisme de quarante ans.

Ce fut en effet dans la quarante-quatrième session, qui se tint le 19 avril, qu'on annonça le prochain concile…
 
 
A suivre : Dénonciation de la doctrine de Jean de Falkenberg pour le fond dans celle de Jean Petit. Martin V défend, comme saint Gélase, d’appeler du Pape au concile. En quel sens Martin V approuve les décisions de Constance. Fin du concile.

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Message  Louis Mer 02 Oct 2013, 12:50 pm


Dénonciation de la doctrine de Jean de Falkenberg pour le fond dans celle de Jean Petit.
Martin V défend, comme saint Gélase, d’appeler du Pape au concile.
En quel sens Martin V approuve les décisions de Constance.
Fin du concile.

Ce fut en effet dans la quarante-quatrième session, qui se tint le 19 avril, qu'on annonça le prochain concile. Il fut dit que la ville de Pavie serait le lieu de l'assemblée ; mais la nation française était si peu contente de cette détermination qu'elle s'absenta du concile. Il y avait alors un autre sujet de mécontentement dans la plupart des membres de cette nation, surtout dans ceux qui s'étaient déclarés contre la doctrine de Jean Petit sur le tyrannicide. Un docteur polonais, Jean de Falkenberg, avait fait un livre qui contenait à peu près les principes de cette doctrine ; les ambassadeurs de Pologne, soutenus des docteurs français, en poursuivaient la condamnation avec vigueur, et, depuis l'élection de Martin V, c'était au tribunal de ce Pontife que l'affaire était pendante.

Comme ces envoyés avaient sur cela des ordres précis de leur cour, ils joignirent le ton des menaces à celui des suppliques et des instances; ils déclarèrent au Pape que, s'il ne faisait justice de ce mauvais ouvrage, ils en appelleraient au concile général. Le recours était facile puisque les Pères de Constance tenaient encore leurs sessions. Le Pape, au contraire, voulait arrêter le cours de cette procédure, non par estime pour la doctrine de Falkenberg, mais parce que l'affaire paraissait devoir entraîner bien des discussions. Il tint donc un grand consistoire le 10 mars de cette année 1418, et y publia une bulle qui disait « qu'il n'était permis à personne d'appeler du souverain juge, c'est-à-dire du Siège apostolique, ou du Pontife romain, vicaire de Jésus-Christ sur la terre, ni de décliner son jugement dans les causes de foi, qui, étant causes majeures, doivent lui être déférées 1. »

Dans cette bulle le Pape Martin V ne fait que rappeler au quinzième siècle ce que…

____________________________________________

1 Gerson, t. 2, p. 303.

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Message  Louis Jeu 03 Oct 2013, 5:53 am


Dénonciation de la doctrine de Jean de Falkenberg pour le fond dans celle de Jean Petit.
Martin V défend, comme saint Gélase, d’appeler du Pape au concile.
En quel sens Martin V approuve les décisions de Constance.
Fin du concile.

(suite)

Dans cette bulle le Pape Martin V ne fait que rappeler au quinzième siècle ce que son prédécesseur, le Pape saint Gélase, vers la fin du cinquième, rappelait aux évêques de Dardanie, disant : « Nous ne passerons pas sous silence ce que sait toute l'Église par tout le monde, que, quoi que ce soit qui ait été lié par les sentences de quelques évêques que ce puisse être, le Siège du bienheureux Pierre a le droit de le délier, attendu qu'il a le droit de juger de toute l'Église, et qu'il n'est licite à qui que ce soit d'appeler de son jugement ; car les canons ont voulu qu'on appelât à lui de toutes les parties du monde, et qu'il ne soit permis à personne d'appeler de lui ailleurs 1. » Ainsi parle le Pape saint Gélase dans sa lettre septième, en 494.

L'appel du Pape au concile était donc une innovation contraire à la sainte antiquité. Saint Pierre de Marca qui n'est pas suspect de favoriser Rome, le reconnaît dans sa Concorde entre le Sacerdoce et l’Empire , où il dit : « Nous avons vu introduire dans l'Église une certaine pratique nouvelle par ceux qui se croyaient opprimés par les censures de la cour de Rome, savoir l'appellation des décrets du Pape au futur concile. J'ai dit pratique nouvelle, parce que jamais la provocation du Pape au concile n'a été admise dans l’Église 2. »

Gerson eut donc tort d'écrire contre la bulle de Martin V, qui condamnait cette nouveauté et l'ancienne règle.

Les Polonais et Gerson espéraient qu'avant la conclusion du concile, le Pape et les Pères de Constance se détermineraient à condamner le livre de Falkenberg; mais ce qui se passa dans la quarante-cinquième et dernière session dut les détromper.

Tout le concile s'assembla le 22 avril 1418. Le Pape était à la tête…

__________________________________________________________________

1 Gélase, Epist. 7. —  2 P. de Marca, Concord., .l.  4, c. 17,  n. 1.

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Message  Louis Jeu 03 Oct 2013, 12:10 pm


Dénonciation de la doctrine de Jean de Falkenberg pour le fond dans celle de Jean Petit.
Martin V défend, comme saint Gélase, d’appeler du Pape au concile.
En quel sens Martin V approuve les décisions de Constance.
Fin du concile.

(suite)

Tout le concile s'assembla le 22 avril 1418. Le Pape était à la tête, l'empereur et les princes s'y trouvèrent, et après les prières accoutumées le cardinal Raynald Brancacio congédia les Pères en leur disant : Mes seigneurs, allez en paix. Les assistants répondirent : Amen.

Il ne restait plus qu'à entendre le sermon et à recevoir les indulgences que le Pape devait donner, lorsqu'un avocat consistorial supplia le Pape et le concile, de la part du roi de Pologne, de condamner le livre pernicieux de Jean de Falkenberg. L'orateur prétendit que les commissaires de la foi, le collège des cardinaux et même toutes les nations l'avaient déjà condamné comme hérétique. Les patriarches de Constantinople et d'Antioche, tous deux de la nation française, soutinrent que cette condamnation n'avait pas été unanime. Quelques-uns de la nation italienne et de la nation espagnole les contredirent. Cela forma une controverse qui fut suspendue par un discours que commença Paul Valadimir, un des ambassadeurs du roi de Pologne ; mais ce ministre n'eut pas le temps d'avancer beaucoup son plaidoyer ; car le Pape, lui ayant imposé silence, fit une déclaration qui devait servir de réponse à tout.

Telle était du moins la pensée de Martin V, qui s'en expliqua ainsi lui-même, et cette déclaration lui parut si importante qu'il la fit répéter deux fois et transcrire ensuite par les notaires du concile, pour servir de monument à la postérité. Or il était dit, dans cet acte extrêmement concis, « que le Pape voulait tenir et observer inviolablement tout ce qui avait été décerné, conclu et déterminé conciliairement (synodalement) dans les matières de foi par le concile de Constance ; qu'il approuvait et ratifiait tout ce qui avait été fait ainsi conciliairement (synodalement) dans les matières de foi, mais non ce qui avait été .fait autrement et d'une autre manière 1. » Voilà en propres termes l'approbation que Martin V donna au concile de Constance.

Il s'est élevé bien des disputes sur le sens que renferme cette approbation…

__________________________________________________

1 Von der Hardt, t. 4, p. 1557.

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Message  Louis Ven 04 Oct 2013, 6:14 am


Dénonciation de la doctrine de Jean de Falkenberg pour le fond dans celle de Jean Petit.
Martin V défend, comme saint Gélase, d’appeler du Pape au concile.
En quel sens Martin V approuve les décisions de Constance.
Fin du concile.

(suite)
Il s'est élevé bien des disputes sur le sens que renferme cette approbation. Nous croyons, avec le Père Berthier, que Martin V prétend simplement approuver ce qui avait été décidé en matière de foi dans les sessions du concile , et qu'il exclut de cette approbation tout ce qui ne regarde point la foi et qui avait été traité ou même conclu dans les congrégations particulières. Suivant cette explication, le terme conciliairement ou synodalement serait dit par opposition aux assemblées des nations, soit entre elles, soit en congrégation, et ces termes, en matière de foi , seraient dits par opposition aux décrets de pure discipline.

Or, le concile de Constance ayant condamné la doctrine de Jean Petit et de Jean de Falkenberg sur le tyrannicide, résumé dans une proposition générale, et le Pape approuvant cette condamnation, les ambassadeurs polonais, obtenant ainsi la condamnation irrévocable du principe, pouvaient ne pas insister tant sur la condamnation longue et difficultueuse du livre. Paul Valadimir, qui était à la tête de l'ambassade, n'y voulut point entendre.

Quand le Pape eut donné sa déclaration Paul se mit à reprendre les griefs que le roi de Pologne avait contre le livre de Falkenberg. Il commença même à lire un écrit où tout était détaillé; mais le Pape lui fit imposer silence, sous peine d'excommunication. Sur quoi l'ambassadeur protesta, au nom du roi, son maître, et déclara que, si l'on ne déterminait pas cette question avant la fin du concile, il en appelait dès ce moment au futur concile général. On lui donna acte de sa protestation ; mais ni le Pape ni les Pères du concile ne passèrent outre sur l'affaire de Falkenberg.

Désirant tous avec empressement voir la fin de leur séjour à Constance, ils ne songèrent plus qu'à conclure cette session, et par elle toutes les opérations du concile. Le sermon se fit ; on publia les indulgences qu'accordait le Pape; l'empereur remercia l'assemblée de son zèle et de ses soins ; il répéta les assurances de son attachement à l'Église, et tout le monde se retira.

C'était le 22 avril 1418…
 
 
A suivre : Martin V va de Constance à Rome. Balthasar Cossa, autrefois Jean XXIII, vient se jeter à ses pieds et le reconnaît pour chef de l’Église.

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Message  Louis Ven 04 Oct 2013, 11:58 am

Martin V va de Constance à Rome. Balthasar Cossa, autrefois Jean XXIII,
vient se jeter à ses pieds et le reconnaît pour chef de l’Église.

C'était le 22 avril 1418. Dès ce moment le concile de Constance, qui durait depuis le 16 novembre 1414, fut censé fini. Cependant le Pape traita encore quelques affaires avec l'empereur et les princes. Il fit publier, le 2 mai, les concordats dressés de concert avec les nations, surtout celui qu'il avait conclu avec les Français. Enfin, le 15 du même mois, il célébra pour la dernière fois dans la cathédrale de Constance. Le lendemain il se mit en route, avec les cérémonies suivantes.

D'abord marchaient douze chevaux de main, caparaçonnés d'écarlate. Ils étaient suivis de quatre gentilshommes à cheval, portant sur des espontons quatre chapeaux de cardinaux. Après eux marchait un prêtre, qui tenait une croix d'or.

A la suite on voyait marcher douze cardinaux avec leurs chapeaux rouges, suivis d'un prêtre monté sur un cheval blanc et portant le Saint-Sacrement sous un dais, environné de personnes qui portaient des cierges.

Après lui venait un ecclésiastique qui portait aussi une croix d'or, et qui était environné des chanoines et des sénateurs de la ville, tenant des cierges dans leurs mains.

Enfin paraissait le Pape, revêtu de ses habits pontificaux et monté sur un cheval blanc. Il avait sur la tête une tiare enrichie de quantité de pierres précieuses, et marchait sous un dais qui était porté par quatre comtes de l'empire. L'empereur Sigismond tenait à droite les rênes du cheval du Pape, et il était suivi à la même main de Louis, duc de Bavière, qui relevait le caparaçon du cheval ; l'électeur de Brandebourg tenait les rênes à gauche, et, à la même main, Frédéric d'Autriche faisait le même office que Louis de Bavière. Il y avait quatre autres princes, de côté et d'autre, qui tenaient le caparaçon du cheval.

Le Pape était suivi d'un cavalier qui portait l'ombrelle ou le parasol. Ensuite marchaient le clergé et toute la noblesse à cheval, en si grand nombre que ceux qui furent les témoins de ce spectacle en comptèrent jusqu'à quarante mille, sans parler de la foule du peuple, qui suivait à pied.

Lorsque le Pape fut à la porte de la ville il descendit de cheval et quitta ses habits pontificaux pour prendre un habit rouge. Ensuite il remonta à cheval, aussi bien que l'empereur et les princes, qui l'accompagnèrent jusqu'à Gottleben, où il s'embarqua sur le Rhin pour aller à Schaffhouse. Les cardinaux et le reste de sa cour le suivirent par terre, et l'empereur s'en retourna à Constance avec les autres princes 1

De Schaffhouse le Pape se rendit à Genève…

________________________________________________

1 Reichenthal.  Apud Lenfant, 1. 6, c. 81.

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Message  Louis Sam 05 Oct 2013, 5:51 am


Martin V va de Constance à Rome. Balthasar Cossa, autrefois Jean XXIII,
vient se jeter à ses pieds et le reconnaît pour chef de l’Église.

(suite)
De Schaffhouse le Pape se rendit à Genève, d'où il envoya un légat en Bohême et en Hongrie pour pacifier les troubles que les hussites y excitaient et ramener ces hérétiques dans le sein de l'Église ; ce fut le cardinal de Raguse, le bienheureux Jean-Dominique, qui mourut dans cette légation le 10 juin 1419 2. Le Pape avait déjà écrit, dès le 25 mars 1418, une lettre aux barons et aux  officiers du royaume de Bohême, se plaignant de ce qu'on y brisait et brûlait les images du Sauveur, de la bienheureuse Vierge Marie et des saints ; qu'on y méprisait l'autorité de l'Église, qu'on en abolissait les cérémonies, qu'on emprisonnait et qu'on chassait les ecclésiastiques, qu'on honorait les images de Jean Hus et de Jérôme de Prague et qu'on solennisait leurs fêtes. Il les conjurait de ne point approuver ces actions impies, ni la doctrine damnable qui y donnait lieu, mais de demeurer fermement attachés à la foi catholique ; qu'autrement il serait obligé, pour extirper ces erreurs et réprimer ces désordres, d'employer tous les moyens et remèdes possibles, jusqu'à demander le secours des puissances temporelles 1. Il fut obligé dans la suite d'en venir à cette extrémité, toutes les tentatives de la charité paternelle et de la sévérité pastorale ayant été inutiles.

A cet effet il nomma légat a latere le cardinal Jules Césarini, alors son nonce auprès de l'empereur Sigismond, en lui donnant un ample pouvoir de faire tout ce qui conviendrait pour exterminer l'hérésie et les hérétiques de la Bohème, par le moyen d'une croisade et des prières publiques qu'il ferait publier dans toute l'Allemagne. L'expédition se fit ; mais, comme nous le verrons plus tard, elle n'eut pas le succès qu'on pouvait en espérer.

Pendant le séjour que le Pape Martin V fit à Genève il reçut dans le sacré collège quatre cardinaux qui jusqu'alors avaient été attachés au parti de Pierre de Lune et qui s'en étaient détachés à cause de son obstination. Pierre de Lune n'en conserva plus que deux ; mais peu de jours avant sa mort, qui arriva l'an 1424, il en créa quatre autres.

Quant à Grégoire XII, redevenu Ange Corrario par son abdication volontaire, il était mort à Récanati dès le 18 octobre 1417, à l'âge de quatre-vingt-douze ans. Martin V lui fit faire à Constance des obsèques très-solennelles.

Martin V, ayant séjourné près de trois mois à Genève, se rendit en Italie…

_____________________________________________

2 Raynald, ann. 1418,  n. 9.
1 Cochlæus, 1. 4, Hist. Hussit..

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Message  Louis Sam 05 Oct 2013, 12:04 pm

Martin V va de Constance à Rome. Balthasar Cossa,
autrefois Jean XXIII, vient se jeter à ses pieds et le reconnaît pour chef de l’Église.

(suite)

Martin V, ayant séjourné près de trois mois à Genève, se rendit en Italie, et, passant par Turin, Milan, Mantoue, Ferrare Ravenne et Forli, il arriva à Florence, où il fut reçu avec toute la magnificence possible. Là on vit un spectacle aussi touchant que rare. Balthasar Cossa, autrefois Jean XXIII, délivré de sa prison d'Allemagne et se trouvant en pleine liberté, vint de son propre mouvement, et sans avoir pris aucune sûreté ni pour lui ni pour personne, se jeter aux pieds du nouveau Pape, le reconnaître pour le vicaire de Jésus-Christ, et ratifier tout ce qui s'était fait au concile de Constance, tant envers lui-même qu'à l'égard de Martin V. Tout le monde fut attendri à la vue de l'humilité et de l'humiliation d'un si grand personnage. Le Pape en fut plus touché que tout autre ; il le fit doyen du sacré collège, et voulut que, dans toutes les cérémonies, il fût assis, auprès de son trône, sur un siège plus élevé que ceux des autres cardinaux. C'était le 23 juin 1419. Balthasar Cossa ne jouit que six mois environ de ces honneurs, étant mort le 20 décembre de la même année 1.

Comme la ville de Rome et beaucoup d'autres de l'État de l'Église étaient gouvernées par des tyrans qui s'en étaient rendus maîtres à la faveur du schisme, le Pape, qui souhaitait passionnément d'aller dans sa capitale, fut néanmoins obligé de s'arrêter un an et demi à Florence. Il y reçut un envoyé de Jeanne, reine de Sicile, deuxième du nom, qui promettait de remettre le château Saint-Ange et Civita-Vecchia sous l'obéissance du Saint-Siège, à condition que le Pape lui enverrait un cardinal pour lui donner l'investiture du royaume et la couronner ; ce qui fut exécuté de part et d'autre. Bologne, qui s'était rebellée, fut aussi réduite, avec plusieurs autres villes du patrimoine de Saint-Pierre. Avant de sortir de Florence Martin V érigea l'église cathédrale de cette ville en métropolitaine et lui donna pour suffragants les évêchés de Fiésole, de Pistoie et de Volaterra.

Enfin il se rendit à Rome le 29 septembre de l'année 1420 et descendit dans l'église de Notre-Dame-du-Peuple. Deux jours après, les magistrats et les citoyens s'y étant rendus, il fît son entrée dans la ville au milieu des acclamations publiques et fut conduit par les rues magnifiquement tapissées au Vatican. Les Romains mirent dans leurs fastes ce jour mémorable, le regardant comme un présage assuré de leur bonheur. La ville était dans la dernière désolation; les rues étaient désertes, les maisons tombaient en ruines, les églises étaient détruites, et la misère y régnait partout. Mais Martin V s'appliqua avec tant d'affection et de succès à son rétablissement qu'on la vit bientôt changer de face, en sorte que ce grand Pape non-seulement y était révéré comme le doit être un souverain Pontife, mais y fut encore honoré du titre glorieux de Père de la patrie 1.

Cependant Jeanne II, à laquelle le Pape avait donné l'investiture du royaume de Naples…

___________________________________________

1 Platina et Onuphre. —   1 Platina.
 
 
A suivre : Mort de Pierre de Lune. Extinction des restes de son schisme.

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Message  Louis Dim 06 Oct 2013, 6:03 am

Mort de Pierre de Lune. Extinction des restes de son schisme.  

Cependant Jeanne II, à laquelle le Pape avait donné l'investiture du royaume de Naples, adopta Alphonse, roi d'Aragon, pour son héritier à ce royaume. D'un autre côté Louis d'Anjou, prince du sang de France, fils de celui de même nom qui avait disputé ce royaume à Ladislas de Hongrie, fut appelé, du consentement du Pape, pour le recouvrer, comme lui appartenant par le droit de sa naissance. Jeanne révoqua l'adoption d'Alphonse et lui substitua Louis. Alphonse, informé que le Pape favorisait la cause de Louis, n'oublia rien pour faire revivre le schisme, en excitant les derniers cardinaux de Pierre de Lune à lui donner un successeur.

Ces schismatiques, ayant caché sa mort pendant quelque temps, firent plusieurs fausses bulles en son nom et exercèrent un brigandage scandaleux dans les Églises qui leur obéissaient 2. Enfin trois d'entre eux, soutenus par Alphonse, élurent à Péniscole un certain Gilles Munion, chanoine à Barcelone, sous le nom de Clément VIII.

Un quatrième anticardinal, nommé Jean Carrière, qui n'était pas à cette élection, et à qui ses confrères avaient même caché la mort de Pierre de Lune, nomma secrètement pour Pape un ecclésiastique d'Aquitaine, dont il ne dit pas le nom de baptême ni de famille, auquel il donna celui de Benoît XIV. Il en donna avis à Jean, comte d'Armagnac, son protecteur, par une longue lettre où il déduit les raisons qu'il a eues de faire une élection si extraordinaire 1.

Pour éteindre ces restes du schisme qui se rallumaient en Aragon…

______________________________________________________

2 Martène, Anecdota, t. 2, col. 1714.
1 Martène.

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Message  Louis Dim 06 Oct 2013, 1:08 pm


Mort de Pierre de Lune. Extinction des restes de son schisme.

(suite)
Pour éteindre ces restes du schisme qui se rallumaient en Aragon, le Pape y envoya le cardinal de Foix, frère du comte de ce nom, avec le caractère de légat a latere. Ce légat, d'un mérite proportionné à sa naissance, après avoir essuyé pendant quatre ans bien des traverses de la part du roi, triompha enfin de son obstination sous de certaines conditions réciproques qui furent agréées par le souverain Pontife 2 . En conséquence le roi Alphonse obligea l'antipape, ses prétendus cardinaux, avec toute sa cour imaginaire, à se rendre auprès du légat pour recevoir l'absolution de leurs attentats contre l'Église et se soumettre à son chef légitime. C'est ce qu'ils firent, à genoux et tête baissée, par la bouche du faux pape Gilles, dans les termes suivants :

« Très-révérend Père, moi et ces autres qui sont ici présents avons appris par des personnes dignes de foi que vous êtes ici envoyé légat a latere du Siège apostolique et de notre très-saint Père le Pape Martin V. C'est pourquoi nous venons vous jurer obéissance, respect et fidélité pour la personne de ce très-saint Pontife, que nous reconnaissons pour le véritable vicaire de Jésus-Christ, et vous promettre et assurer que nous serons toujours prêts à obéir à ses ordres et aux vôtres. »

Ces paroles proférées par Gilles et approuvées par ceux de sa troupe, le légat se leva de son siège et leur dit : « Vous promettez donc et vous jurez entre mes mains que désormais vous serez fidèles et obéissants à notre très-saint Père le Pape Martin V et à ses successeurs élus canoniquement ? » Ils répondirent tous : « Nous le promettons et nous le jurons. »

Après quoi le légat leur donna l'absolution de toutes les peines et censures qu'ils avaient encourues, et eux, de leur part, renoncèrent par un écrit authentique à  tous les titres et dignités qui leur avaient été faussement attribués. Le légat leur promit sa protection auprès du Pape, qui conféra l'évêché de Majorque à Munion. Pour Jean Carrière on ne sait ce qu'il devint, non plus que le Pape de sa fabrique. Ce qu'il y a de sûr, c'est que Jean, comte d'Armagnac, qui appuyait ce Carrière, étant rentré sous l'obéissance du Saint-Siège, ce malheureux schisme, qui avait duré cinquante ans dans ces contrées, fut absolument éteint 1.

La gloire véritable de l'Aragon…

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1 Raynald, ann. 1429.
 
 
A suivre : Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier

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Message  Louis Lun 07 Oct 2013, 5:59 am


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.
La gloire véritable de l'Aragon, l'apôtre de l'Espagne et de la France, le thaumaturge de son siècle, le restaurateur des mœurs chrétiennes en Occident, saint Vincent Ferrier était mort dès l'an 1419.

Retourné à Valence en 1413, un des fruits les plus remarquables de ses prédications fut de changer en confiance et en amitié la haine irréconciliable et invétérée qui régnait depuis longtemps entre deux familles considérables de cette ville. Passé dans l'île de Majorque, il y convertit plusieurs milliers de mahométans. Il employa la plus grande partie de l'année 1415 à voyager et à prêcher dans l'Aragon et la Catalogne. Il se trouva à Perpignan le dernier jour d'août, à l'assemblée qui s'y fit pour tâcher de remédier au schisme de l'Église. Pierre de Lune, autrement Benoît XIII, s'y rendit avec l'empereur Sigismond et Ferdinand, roi d'Aragon. Vincent employa les plus vives sollicitations auprès de Pierre de Lune pour le porter à se soumettre au concile de Constance et à renoncer à ses prétentions; ce fut en vain. Ferdinand mourut le 16 avril de l'année suivante, et Alphonse, son fils, pria saint Vincent d'assister au concile de Constance.

Vincent en prit le chemin et entra dans Toulouse le vendredi de la Passion. Le respect qu'on lui portait était si grand et l'on avait tant d'avidité pour ses prédications qu'on faisait cesser toutes sortes de travaux, et même les leçons publiques des écoles, quand il était en chaire. Les miracles qu'il fit ensuite à Carcassonne et à Castres donnèrent un grand poids à ses discours. Du Languedoc il passa dans la Bourgogne, où il reçut à Dijon, vers le 15 septembre 1416, des lettres du roi Alphonse, qui le priait de nouveau de se hâter d'aller à Constance.

Le cardinal de Saint-Ange le vint trouver dans la même ville de la part du concile, accompagné de quatre députés, dont deux théologiens et deux jurisconsultes, pour lui proposer une question qui avait été longtemps agitée dans le concile sans qu'on eût pu la décider.

« Qui suis-je, dit Vincent en versant des larmes, pour qu'un aussi grand homme se soit donné la peine de venir jusqu'ici? Le moindre ordre du saint concile m'aurait fait aller de l'extrémité de la terre à Constance, s'il eût été nécessaire. J'admire, au reste, que tant de gens de mérite rassemblés à ce saint concile aient été arrêtés si longtemps sur cette question, qui paraît si facile à décider. Il faut croire que, s'ils n'ont pu parvenir à trouver ce qu'il faut déterminer là-dessus, c'est moins par ignorance que parce que Dieu a voulu mortifier la vanité de certaines gens qui, n'ayant pas Dieu pour objet, ne font rien que pour acquérir de l'honneur dans le monde. »

Il donna aussitôt au cardinal…

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Message  Louis Lun 07 Oct 2013, 11:13 am


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.

(suite)

Il donna aussitôt au cardinal et à ceux qui l'accompagnaient la solution de la question qui lui avait été proposée. Le roi d'Aragon eut beau le presser d'aller au concile, il paraît que ses instances mêmes le détournèrent de s'y rendre, pour ne pas prêter son ministère à la cause de Pierre de Lune ou Benoît XIII, qui ne lui paraissait pas bonne, et cependant il est à croire que ce n'était que pour fortifier le parti de cet antipape que le roi d'Aragon, qui en était partisan, souhaitait que Vincent se rendît à Constance.

Ce saint homme prit un chemin tout opposé. Les instances réitérées de Jean V, duc de Bretagne, le déterminèrent à évangéliser ce pays. Il commença ses fonctions apostoliques à Nantes, dans le carême de l'an 1417, et les continua pendant deux ans dans le reste de la province, où il termina sa sainte carrière. La même année 1417, Martin V ayant été élu Pape, saint Vincent le reconnut pour le seul et véritable chef visible de l'Église, et reçut de lui les mêmes pouvoirs que lui avait accordés autrefois Benoît XIII.

De Nantes l'homme apostolique se rendit à Vannes…

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Message  Louis Mar 08 Oct 2013, 6:04 am


Derniers travaux et mort de saint Vincent Ferrier.

(suite)
De Nantes l'homme apostolique se rendit à Vannes pour y saluer le duc, qui résidait ordinairement dans cette ville. Quand on fut averti de son arrivée, non-seulement l'évêque Amauri de la Motte, le chapitre, le clergé, le peuple, mais encore le duc, la duchesse, tous les princes et les seigneurs de la cour allèrent au-devant de lui jusqu'à la chapelle Saint-Laurent, située à un quart de lieue de la ville. Il alla d'abord à l'église cathédrale; puis, refusant modestement de loger dans le château ducal de la Motte, que le duc lui avait cédé, il préféra la maison d'un simple particulier appelé Robin le Scarb.

Le lendemain, qui fut le quatrième dimanche du carême, il chanta la messe à son ordinaire et prêcha dans la place des Lices, sur une estrade, parce que l'église cathédrale ne se trouvait point assez spacieuse pour contenir la foule qui voulait le voir et l'entendre. Il continua de célébrer la messe solennelle et de prêcher tous les jours, au même lieu, jusqu'au mardi de Pâques, où il prit congé du duc, de l'évêque, du chapitre et du peuple, pour aller prêcher dans le reste de la Bretagne.

Plusieurs personnes d'une qualité distinguée s'attachèrent à la suite du saint homme quand il partit de Vannes et ne l'abandonnèrent point dans tout le voyage. Il parcourut toute la province avec un zèle qui ne se ressentait en rien des infirmités qu'il éprouvait. Lorsqu’il montait en chaire il paraissait si débile qu'on ne croyait pas qu'il pût parler ; à peine avait-il commencé son sermon qu'il s'animait et prêchait avec autant d'ardeur, de science, d'à-propos et de clarté, que lorsqu'il possédait toutes ses forces.

Ce fut ainsi qu'il évangélisa Guérande, Aurai, Redon, Guémené, Rostrenem, Pontivi, Croisic, Hennebon, Carhais, Quimperlé, où il fut logé chez les religieux de son ordre, Concarneau, Pont-l'Abbé, Quimper, Saint-Paul-de-Léon et Morlaix, où il fut reçu dans la maison des Dominicains, ses confrères. Il demeura quinze jours dans cette ville, et allait ordinairement prêcher au haut de la rue des Fontaines, lieu élevé au-dessus de la ville, où l'on a bâti depuis une chapelle en son honneur.

De Morlaix le saint missionnaire vint à Lannion, Tréguier, la Roche-Derien, Guingamp, Chatelaudren, Saint-Brieuc, Lamballe, Quintin, Jugon, Saint-Malo, d'où il se rendit à Dinan et y séjourna dix jours chez les Dominicains. Il trouva dans cette ville une place telle qu'il la lui fallait pour prêcher, puisque c'était alors une des plus grandes du royaume ; aussi y annonça-t-il la parole de Dieu à un peuple infini qui accourait de toutes parts.

Il évangélisa de même Dol, Antrain, Bazouges, Fougères et Vitré ; puis il se rendit à Rennes, où il fut reçu par l'évêque, le clergé, la noblesse, les magistrats et la bourgeoisie, avec tout le respect possible. L'évêque lui avait fait préparer un logement dans le palais épiscopal ; mais l'humble Vincent ne voulait pas loger ailleurs que chez ses confrères, les religieux de Bonne-Nouvelle. Pendant qu'il fut à Rennes il prêcha dans une place assez spacieuse appelée le cimetière Sainte-Anne. De Rennes il reprit le chemin de Vannes, par Montfort, Josselin, la Chèze et Ploërmel.

Outre les travaux éclatants de son emploi de missionnaire apostolique…

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