Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

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Message  Louis Mer 14 Nov 2012, 12:06 pm


MALGRÉ LES ÉPREUVES INTÉRIEURES QU'ELLE SOUFFRE PENDANT PLUS DE VINGT ANS,
LA SŒUR LE BER DEMEURE FIDÈLE A TOUS SES EXERCICES, OBÉISSANTE A SON DIRECTEUR,
ET NE CHERCHE QU'EN DIEU SEUL SA CONSOLATION.

(suite)

Dans ces sortes d'occasion, où elle avait à parler de DIEU, elle ne se possédait plus elle-même. C'était ce qui arrivait aussi, lorsqu'elle avait quelqu'entretien avec son directeur : ce qui arrivait assez rarement, comme nous l'apprend la mère Juchereau. " Alors, rapporte M. de Belmont, elle était comme emportée par la ferveur, la rapidité et l'onction, avec lesquelles elle parlait ; en sorte que son confesseur se voyait obligé de l'arrêter, à tout moment : ce qu'il faisait par ce mot : doucement. Se jetant aussitôt à genoux, elle lui disait : Je vous demande pardon, mon père: vous faites bien de m'avertir de mon indiscrétion ; et elle demeurait ainsi humiliée et en silence, jusqu'à ce que le confesseur lui eût permis de parler. Mais bientôt après, ce torrent de la conviction des vérités évangéliques, dont son âme était remplie, s'échappait avec la même rapidité, et la même abondance qu'auparavant."

Cette vivacité de sentiments, cette facilité à s'exprimer, et cette ardeur qui l'entraînait elle-même, quand elle parlait de DIEU, ou des choses de la religion, montre combien les épreuves de la Sœur Le Ber contribuaient efficacement à la faire avancer dans le pur amour de DIEU, et dans les voies de la solide perfection, fondée sur le renoncement à soi-même. On ne peut, en effet s'empêcher d'admirer, qu'avec de telles dispositions, elle ait pu se condamner au silence le plus rigoureux et le plus continuel et surtout qu'elle l'ait gardé pendant 34 ans, avec tant de fidélité et de constance.

A suivre : LIVRE QUATRIEME. DÉVOTION ET CONFIANCE DE LA SŒUR LÉ BER ENVERS LA TRES-SAINTE VIERGE. SON AFFECTION POUR LA CONGRÉGATION. SA SAINTE MORT.

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Message  Louis Jeu 15 Nov 2012, 6:04 am

LIVRE QUATRIEME


DÉVOTION ET CONFIANCE DE LA SŒUR LE BER ENVERS LA TRES-SAINTE VIERGE.
SON AFFECTION POUR LA CONGRÉGATION.
SA SAINTE MORT.


CHAPITRE I.


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.


Tout ce que la Sœur Le Ber pratiquait d'austérités dans sa cellule ; la pauvreté à laquelle elle s'était condamnée, sa solitude profonde, ses longues oraisons, ses veilles, son travail assidu, son silence continuel, et tout le reste de sa vie admirable : c'étaient autant de pratiques qu'elle s'était volontairement imposées, pour témoigner son amour à JESUS-CHRIST, résidant au Très-Saint Sacrement de l'autel. JESUS, dans ce mystère était l'objet unique, où tendaient tous ses divers exercices, et le centre de toutes ses dévotions. Mais le moyen dont elle se servait, pour arriver à ce centre: c'était l'union de ses dispositions, aux dispositions intérieures de Marie, la plus parfaite adoratrice de JESUS-CHRIST.

Sachant et croyant par la foi, que comme chrétienne, elle avait le bonheur de porter, en elle-même, l'Esprit Saint; et que ce divin Esprit a toujours en soi la source de la vie qu'il répand continuellement dans tous les Saints : elle s'unissait intérieurement aux dispositions très-saintes et très-parfaites, qu'il imprime à l'âme de cette divine Vierge. Pour s'exciter à cette union, elle avait dans sa cellule, et considérait fréquemment une pieuse estampe, qui représentait la vie intérieure de Marie. On y voyait Marie, dans des nuées, les mains croisées sur sa poitrine, où l'Esprit Saint, sous la forme d'une colombe lumineuse, semblait répandre toute la richesse de ses dons ; et ayant les yeux élevés au ciel, fixés sur le monogramme de JESUS Sauveur des hommes . C'était pour signifier, que si le Saint Esprit fut toujours le principe de ses actions : l'amour de JESUS et le salut des âmes, en furent la fin et le terme ; et on lisait au-dessous ces paroles, qui étaient comme une invitation, pour s'unir à ses dispositions intérieures : Avec Marie, par Marie, et en Marie . Cette sainte union était l'objet de toute l'application de la Sœur Le Ber, dans sa solitude.

Ainsi, dans ses oraisons, à la sainte messe, dans ses communions, dans ses autres exercices de piété, en travaillant, en prenant ses repas; enfin, dans tout le détail de ses actions: elle s'unissait par la foi, et par l'amour, aux dispositions intérieures de Marie, la priant de se rendre présente à son esprit, à son cœur, à toutes ses facultés, d'être le modèle de ses actions, et comme l'âme de son âme. Elle lui demandait enfin, de la remplir de son esprit, de la pénétrer, de la posséder toute entière, afin de n'être plus qu'un simple instrument, dont cette divine Mère se servit à son gré, pour glorifier JESUS-CHRIST son fils.

Dans ce dessein…

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Message  Louis Jeu 15 Nov 2012, 1:35 pm


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.


(suite)

Dans ce dessein, et afin d'entrer dans des sentiments de parfait abandon, entre les mains de Marie ; elle avait devant les yeux une seconde estampe, qui formait le pendant de la précédente. Elle représentait la Très-Sainte Vierge, recevant dans ses bras, et soutenant amoureusement l'âme fidèle, qui languissant de la durée de son exil, paraissait mettre toute sa joie, à reposer ainsi en Marie, à qui elle adressait une touchante invocation, qu'on lisait au-dessous ; et que la Sœur Le Ber récitait elle-même tous les jours, avec une vive et filiale confiance.

Ainsi, la dévotion à la vie intérieure de Marie, et le désir d'y participer sans cesse, étaient le secret divin et infaillible qu'elle employait, pour se rendre agréable à JESUS, en s'efforçant de se transformer de plus en plus en elle. Sa piété lui avait fait adopter, pour son vêtement, une étoffe de laine de couleur gris-blanc. Mais c'était surtout à sa vie intérieure qu'elle s'attachait, comme à ce qui avait attiré sur cette divine Vierge, les regards de la Sainte Trinité et ses complaisances. Ainsi chaque année, elle solemnisait cette fête, le jour où les Ecclésiastiques du Séminaire de Ville-Marie, étaient dans l'usage de la célébrer, le 19 d'Octobre ; et pour s'y disposer avec plus de ferveur, elle jeûnait la veille de ce jour, au pain et à l'eau.

Enfin, comme la vie intérieure de Marie était ce qu'elle honorait le plus dans cette divine Vierge, quoique pourtant elle ne négligeât aucun de ses mystères extérieurs: elle laissa un témoignage encore subsistant de cette prééminence de sa dévotion, dans l'ornement qu'elle broda, pour l'Église Paroissiale, duquel on a déjà parlé. Destinant cet ornement pour servir à toutes les fêtes de la Très-Sainte Vierge, elle broda, en effet, dans la croix de la chasuble, un médaillon qui représente sa vie intérieure, conformément à l'estampe, que nous avons expliquée. Son désir était de faire connaître par là, cette dévotion aux fidèles, et de l'accréditer parmi eux: sachant par une heureuse expérience, combien elle lui était avantageuse à elle-même, et répandait de douceurs et de charmes sur toute sa vie. Aussi dans les occasions où la personne qui la servait, avait la permission de converser avec elle, comme nous le dirons bientôt, la Sœur Le Ber lui déclarait souvent : qu'elle n'avait rien de plus à cœur, que d'honorer et d'imiter Marie; et de la faire honorer de tout son pouvoir.

On ne peut douter qu'une âme si pure, animée d'une confiance si vive en Marie, et d'un désir si ardent de lui gagner des cœurs; n'ait attiré dans bien des rencontres, la protection de cette divine Mère sur la Colonie. Le peu de soin qu'on a eu après sa mort, de composer des mémoires sur l'histoire de sa vie, nous a privé, sans doute, d'une multitude de traits édifiants. En voici un qu'on nous a conservé, et qui peut montrer l'efficacité de sa confiance en la puissance de Marie….

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Message  Louis Ven 16 Nov 2012, 6:03 am


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.

(suite)

...En voici un qu'on nous a conservé, et qui peut montrer l'efficacité de sa confiance en la puissance de Marie.

En 1711, les Anglais, après avoir médité longtemps la conquête du Canada, firent un grand armement pour s'en emparer cette année même ; et dans ce dessein, trois mille hommes partirent de New-York, avec de petites pièces de canon, pour surprendre Ville-Marie par terre : tandis qu'une flotte allait attaquer Québec. Chacune des deux armées était supérieure en force, à tout ce que le Canada pouvait alors leur opposer de combattants ; et comme Ville-Marie n'était environnée que d'une palissade de pieux, hors d'état de résister à l'artillerie : on crut être à la veille des derniers malheurs.

Dans ces circonstances, la cousine de la Sœur Le Ber, chargée de lui porter sa nourriture, reçut ordre de lui faire connaître le danger imminent où l'on se trouvait, afin qu'elle le détournât par ses prières. Elle lui donna donc les détails que nous venons de raconter. La sainte Recluse, l'ayant écoutée attentivement, garda, d'abord, quelque temps le silence ; puis, prenant la parole, elle l'assura qu'on n'avait rien à craindre, et que la Très-Sainte Vierge serait elle-même la gardienne du pays. Néanmoins, comme on savait certainement, que l'armée de terre s'était mise en marche, et qu'on s'attendait à voir la Ville investie par les ennemis : la Sœur Le Ber donna à sa cousine une image de la Très-Sainte Vierge, sur laquelle elle avait écrit une prière, par laquelle elle recommandait à cette puissante mère de la Congrégation, la garde du blé destiné à nourrir les Sœurs, renfermé dans une grange à la campagne. En remettant cette image, elle pria sa cousine, de la faire attacher à la porte de la grange dont nous parlons. La prière était ainsi conçue :

"Reine des Anges, notre Souveraine, et notre très bonne mère : vos filles de la Congrégation confient à vous seule la garde de leur blé ; et mettent en vous toute leur confiance : espérant de votre bonté, que vous ne souffrirez pas que vos ennemis, touchent au partage de celles, qui sont sous votre protection."

L'image fut, en effet attachée à la porte de la grange. A peine eût-on connaissance de cette action, que divers particuliers portèrent à la Congrégation des images, en demandant que la Sœur Le Ber y écrivit aussi quelque prière de sa main : car on la vénérait universellement comme une sainte. Elle s'y refusa par humilité ; ce qui porta les plus mécontents à dérober l'image de la Congrégation, en sorte qu'elle fut contrainte, malgré elle, d'écrire la même prière de nouveau sur une autre image.

Cette confiance au crédit de la Sœur Le Ber auprès de Marie, n'était pas particulière au peuple : les personnes de la première condition, la partageaient elles-mêmes, comme le trait suivant le montrera…


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Message  Louis Ven 16 Nov 2012, 11:41 am


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.

(suite)

Cette confiance au crédit de la Sœur Le Ber auprès de Marie, n'était pas particulière au peuple : les personnes de la première condition, la partageaient elles-mêmes, comme le trait suivant le montrera. Le Baron de Longueuil, cousin germain de la Sœur, Gouverneur de Ville-Marie, et surnommé avec raison: le Machabée du Montréal: jugeant qu'on ne devait pas laisser arriver à Ville-Marie, les ennemis partis de New-York, sans leur dresser quelqu'embuscade sur la route, résolut d'aller avec une poignée de monde, les attaquer près de Chambly, où ils devaient passer. Mais ne comptant que sur la protection de Marie, la Maîtresse et la Reine du pays, il voulut s'avancer à leur rencontre, armé d'un étendard, sur lequel fût peinte l'image de la Très-Sainte Vierge, et autour de laquelle la Sœur Le Ber eût écrit une prière de sa composition.

Elle ne put s'y refuser cette fois ; et ayant pris une toile, sur laquelle M. Pierre Le Ber, son frère, avait peint autrefois la figure de Marie, elle en fit un étendart, et y écrivit la prière suivante :

" Nos ennemis mettent toute leur confiance dans leurs armes : mais nous mettons la nôtre au nom de la Reine des Anges, que nous invoquons. Elle est terrible comme une armée rangée en bataille; sous sa protection, nous espérons vaincre nos ennemis."

M. de Belmont, Supérieur du Séminaire, bénit l'étendart, et le mit solennellement entre les mains de M. de Longueuil, dans l'Église paroissiale de Notre-Dame, en présence de tout le peuple, accouru à un spectacle si édifiant. Après quoi, ce brave et vaillant capitaine, partit en toute hâte, plein de confiance, portant lui-même cette enseigne, qu'il regardait comme un gage assuré de la protection du ciel.

Lorsque la cousine de la Sœur Le Ber, était allée lui annoncer, le danger que courait la Colonie, elle avait ajouté ces paroles : Si les Anglais ont un peu bon vent, leur flotte arrivera à tel jour devant Québec ; et c'en sera fait de la Colonie. Et la Sœur Le Ber après avoir gardé quelque temps le silence lui avait donné d'une manière nette et précise, l'assurance du contraire : Non, ma Sœur : la Très-Sainte Vierge aura soin de ce pays ; elle en est la gardienne, nous ne devons rien craindre. Elle déclarait donc manifestement, que par l'intervention de la puissance de Marie, les ennemis n'auraient pas le vent favorable qu'ils désiraient ; puisque, eu égard à leur nombre, ce vent semblait suffire pour leur assurer la conquête de la Colonie. Après cette réponse on ne peut pas douter qu'en attendant l'événement, la Sœur Le Ber n'ait demandé à la Très-Sainte Vierge d'arrêter les ennemis dans leur marche, en suscitant des vents contraires à ceux qu'ils désiraient ; et que ce n'ait été là l'objet de ses longues oraisons la nuit aussi bien que le jour: vu, surtout, que tous les citoyens étaient en proie aux plus vives et aux plus justes alarmes.

Quelque téméraire qu'eût pu paraître à la sagesse humaine…

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Message  Louis Sam 17 Nov 2012, 6:02 am


DÉVOTION FILIALE DE LA SOEUR LE BER
ENVERS LA TRÈS-SAINTE VIERGE.

(suite)

Quelque téméraire qu'eût pu paraître à la sagesse humaine, l'assurance quelle avait donnée de l'inutilité des efforts des ennemis : l'évènement montra bientôt, que la Sœur Le Ber, en la donnant de cette manière nette et précise, n'avait parlé que par une inspiration divine ; et que, comme une autre Sainte Geneviève, elle était destinée, elle-même, à procurer, dans cette extrémité alarmante, le salut et la délivrance de sa patrie.

En effet, la flotte Anglaise, qui allait attaquer Québec, étant entrée dans le fleuve Saint Laurent, et se trouvant au Nord de l'Isle-aux-Œufs, le vent du Sud souffla avec tant d'impétuosité, pendant la nuit du 2 au 3 Septembre, qu'en moins d'une demi-heure, sept des plus gros vaisseaux se brisèrent sur les rochers et les battures, avec une violence épouvantable.

Les éclairs et les tonnerres, se mêlant au bruit des flots et des vents, la foudre tomba sur l'un des vaisseaux, et le fit sauter si loin, que sa quille fut jetée bien avant sur la grève. On trouva aussi sur le rivage près de trois mille cadavres, parmi lesquels on reconnut deux compagnies entières des Gardes de la Reine d'Angleterre, qu’on distingua à la couleur de leurs habits.

Après un tel désastre, l'Amiral Anglais, craignant de perdre le reste de sa flotte, retourna droit à Londres, avec le peu de vaisseaux qui lui restaient ; et n'osant se présenter à la Reine, il fit sauter son navire, quand il fut sur la Tamise, tout près du port, où il périt avec tout son équipage, à l'exception de deux hommes. Enfin, l'armée de terre qui marchait sur Ville-Marie, rebroussa chemin, dès quelle eût appris le désastre de la flotte ; et le jour que les Anglais arrivèrent à Boston, la consternation générale fut encore augmentée, dans cette ville par un furieux incendie, qui consuma quatre-vingts maisons.

Tous les Canadiens, sans exception, regardèrent cette déroute des ennemis, qu'on n'avait pas eu la peine de vaincre, comme un effet manifeste de la Providence de DIEU sur la Colonie.

"Nous allons rendre grâces à DIEU de la protection visible qu'il a bien voulu accorder à ce pays, écrivait au ministre de la marine en France, M. de Vaudreuil, Gouverneur-général du Canada. Tous les peuples conviennent que DIEU leur a fait de grandes grâces, en détruisant la flotte Anglaise, sans qu'il en ait coûté une goutte de sang à cette Colonie."

Outre le désastre de la flotte et la mort de trois mille ennemis, on eût lieu d'admirer encore, que le vent et les flots avaient poussé sur le rivage, une grande quantité de dépouilles, qui enrichirent le pays. Aussi M. de Belmont, frappé de toutes ces circonstances, et surtout de la liberté, que la déroute des ennemis donnait au Canada, n'a pas craint de comparer cette défaite, à celle des Egyptiens dans la mer Rouge, disant dans sa Vie de la Sœur Le Ber, aux prières de laquelle il attribue cette délivrance: que la Mère de DIEU obtint, en faveur des Canadiens, le plus grand miracle qui fut arrivé, depuis le temps de Moyse.

A suivre : CHAPITRE II. LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE, LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS, ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.


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Message  Louis Sam 17 Nov 2012, 12:22 pm

LIVRE QUATRIEME


DÉVOTION ET CONFIANCE DE LA SŒUR LÉ BER ENVERS LA TRES-SAINTE VIERGE.
SON AFFECTION POUR LA CONGRÉGATION.
SA SAINTE MORT.


CHAPITRE II.


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.



Le respect, la confiance, et l'amour filial dont la Sœur Le Ber était pénétrée envers la Très-Sainte Vierge, était le motif qui avait attaché si étroitement son cœur à la vénérable Sœur Bourgeoys, dans laquelle elle croyait trouver une image vivante des vertus de cette Divine Mère. Dans les entretiens qu'on lui permit d'avoir avec Anne Barroy, sa cousine, à l'occasion surtout de l'entrée de celle-ci dans l'Institut de la Sœur Bourgeoys, comme nous le dirons incontinent, elle lui répétait souvent : que c'était à l'odeur des vertus de cette admirable Fondatrice, qu'elle était venue, après un grand nombre d'autres saintes filles, dont elle honorait la ferveur, se renfermer avec bonheur dans cette solitude. Elle ne se lassait pas de relever le mérite de la Sœur Bourgeoys ; et lorsqu'elle avait à parler à quelqu'une des Sœurs de la Congrégation sur les vertus de leur état : elle leur mettait toujours devant les yeux, leur vénérable Institutrice, comme un modèle accompli de ce que doit être dans l'Eglise une véritable et parfaite Sœur de la Congrégation. C'est sans doute le plus bel éloge que put recevoir la Sœur Bourgeoys, et la marque la plus incontestable de ses vertus éminentes, que d'avoir été l'objet de l'admiration et de la vénération, d'une âme si élevée dans les voies de DIEU, que l'était la Sœur Le Ber.

De son côté la Sœur Bourgeoys avait pour cette sainte Recluse une vénération toute extraordinaire, fondée sur la sublimité des vertus, qu'elle ne cessait d'admirer en elle. Ces deux saintes personnes qui vivaient dans la même maison, n'avaient cependant que de très rares communications ensemble, ne se voyant presque jamais quoiqu'elles ne tarissent jamais en parlant des vertus l'une de l'autre. C'est qu'éclairées d'une lumière surnaturelle, qui découvrait à chacune d'elles les dons et les vertus de l'autre, elles se portaient mutuellement une religieuse vénération. Si la Sœur Le Ber éprouva une satisfaction très douce et très sainte, lorsqu'elle entra à la Congrégation, pour s'y renfermer: la Sœur Bourgeoys ne goûta pas un moindre bonheur dans cette circonstance. Plusieurs années après, elle en écrivait en ces termes :

" J'ai été bien réjouie, le jour que Mlle Le Ber est entrée dans cette maison, en qualité de solitaire, pour y persévérer dans la réclusion, comme Sainte Madeleine était demeurée dans sa grotte. Elle n'en sort point, en effet, ajoute-t-elle, et ne parle à personne; on lui porte ses vivres par une porte, qui est au dehors de la Chapelle, et on les lui donne par une petite ouverture. Elle a aussi une petite grille, qui lui donne vue sur le Saint Sacrement, et y reçoit la Sainte Communion."

La satisfaction de la Sœur Bourgeoys, n'était pas fondée seulement, sur l'estime qu'elle faisait de la personne de la Sœur Le Ber, pour ses grâces éminentes…

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Message  Louis Dim 18 Nov 2012, 7:07 am


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.

(suite)


La satisfaction de la Sœur Bourgeoys, n'était pas fondée seulement, sur l'estime qu'elle faisait de la personne de la Sœur Le Ber, pour ses grâces éminentes. Le genre de vie qu'elle menait à la Congrégation, était encore pour elle le sujet d'un vif sentiment de reconnaissance envers la bonté divine. Dès sa jeunesse, et avant qu'elle eût songé à passer en Canada, la Sœur Bourgeoys, avait été frappée d'une pieuse considération, proposée à ses méditations, par le directeur qui la conduisait alors. C'était que Notre-Seigneur, en montant au Ciel, avait laissé sur la terre, trois sortes de filles pour suivre et pour servir l'Église. Les unes, vouées à la contemplation, avaient été exprimées, par Sainte Madeleine ; d'autres, qui servent le prochain, en vivant, dans la clôture, avaient été figurées par Sainte Marthe ; mais que d'autres avaient été destinées à imiter la vie voyagère de la Très-Sainte Vierge, en travaillant sans être cloîtrées à la sanctification du prochain, et que c'était un Institut de ce dernier genre, que la Sœur Bourgeoys devait établir un jour, comme elle le fit en effet, en donnant naissance à la Congrégation de Notre-Dame à Ville-Marie.

Il est à remarquer encore, qu'en 1695, lorsque la Sœur Le Ber s'était retirée à la Congrégation, les Religieuses Hospitalières de Saint Joseph, s'y trouvaient alors logées, après un furieux incendie, qui avait réduit leur maison en cendres. A la vue de toutes ces personnes réunies, la Sœur Bourgeoys n'avait pu s'empêcher, de se rappeler alors, la considération que lui avait autrefois proposée son directeur ; et ce rapprochement lui avait fait attacher plus de prix encore, à la possession de cette sainte et admirable Recluse.

" Je vois, écrivait-elle, que du jour que Mlle Le Ber est entrée dans cette Communauté, en qualité de Solitaire, les trois états de filles, que Notre-Seigneur a laissées, après sa résurrection, pour en être servi, et pour servir à l'Église : comme Sainte Madeleine, par la vie solitaire; Sainte Marthe par la vie active, dans la clôture ; et la Très-Sainte Vierge, par sa vie de zèle, sans clôture extérieure : je vois, dis-je, que ces trois états sont dans cette maison. La Recluse, Mlle Le Ber, est dans l'état de Sainte Madeleine, retenue dans sa grotte, et appelée à la vie contemplative, comme Saint Jean-Baptiste dans le désert. Les Hospitalières, depuis le jour de leur incendie, sont dans cette maison : c'est l'état de Sainte Marthe. Enfin, les Sœurs de la Congrégation, sans clôture extérieure, sont dans l'état de la Sainte Vierge, notre Sainte Mère, notre Souveraine et Supérieure, qui embrasse tous les états de l'Eglise. Cette divine Mère reçoit, pourtant, ces trois états de filles dans sa Maison, pour faire connaître la grande union que nous devons avoir, avec toutes les personnes, qui s'employant au service de DIEU, sous sa sainte protection."

Si la Sœur Le Ber fit toujours paraître une prédilection particulière…

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Message  Louis Dim 18 Nov 2012, 12:11 pm


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.


(suite)

Si la Sœur Le Ber fit toujours paraître une prédilection particulière pour la Congrégation: c'est qu'elle considérait cette Communauté comme étant la famille bien-aimée de Marie. Après avoir fait construire, en très grande partie à ses frais, l'Église de la Congrégation ; après l'avoir fournie d'ornements et de vases sacrés, et y avoir fondé l'Adoration perpétuelle, et une Messe quotidienne, comme il a été dit : voulant contribuer, de sa part, à maintenir une œuvre si chère à sa piété, et à la tendresse de sa dévotion envers Marie, que l'était cette Communauté : elle lui donna une somme de 10,000 livres ; et cela, dit-elle, dans le contrat de cette donation: Pour la bonne amitié, qu'elle porte aux Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. Elle ne mit à son présent, que cette condition unique : savoir, que le revenu de la somme ne pourrait être employé à aucun autre usage, qu'à l'entretien de leur Communauté à Ville-Marie, sans jamais être détourné à quelqu'autre emploi.

M. Le Ber, son père, qui avait toujours professé pour la Congrégation, la même affection et la même estime, en avait donné une preuve bien touchante à sa mort. Quoique les Sœurs de la Congrégation n'exigeassent point de dot, de la part des postulantes qui ne pouvaient en fournir aucune : il leur avait laissé par son testament, la somme de deux milles livres, à la charge pour elles de recevoir dans leur Institut, Anne Barroy, dont on a parlé, si DIEU lui donnait cette vocation ; ou dans l'autre cas, tel sujet que Mademoiselle Le Ber, sa fille, présenterait, et que la Communauté aurait pour agréable. Il laissa aussi la somme de trois mille livres, pour servir de dot, à une autre de ses nièces, Marie, Elizabeth Lemoyne de Longueuil, dans le cas qu'elle embrassât la vie religieuse. (*)

A suivre : le (*)…

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Message  Louis Lun 19 Nov 2012, 7:05 am


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.

(suite: explication du *)
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(*) Cette généreuse prévoyance de M. Le Ber, est une preuve touchante de la délicatesse et de l'élévation de ses sentiments. Il aurait pu sans fournir aucune dot pour Anne Barroy, demander son entrée à la Congrégation, en considération des largesses nombreuses, faites par Jeanne Le Ber, sa fille, à cet Institut. Il aurait pu même réclamer pour sa protégée, le privilège que la générosité chrétienne des Sœurs, a toujours accordé aux filles pauvres : d'être reçues gratuitement, sous la condition qu'elles jouiraient de leurs droits à venir. Mais en sa qualité de parent d'Anne Barroy, M. Le Ber voulant bien lui tenir lieu de père, fournit généreusement pour elle, la dot que les familles aisées, avaient coutume de donner alors.

Par une conduite, bien différente, on a vu quelquefois des parents quoique favorisés des biens de la fortune, oser feindre des prétextes, pour refuser à leurs propres filles, l'entretien, qu'ils leur devaient de droit naturel ; et frustrer, tout à la fois, la Communauté de la dot, à laquelle elle avait les droits les plus légitimes après s'être obligée, par la profession, à les nourrir et à les entretenir, toute leur vie.

En 1718, Marie Madeleine de Chapt de Lacorne, étant entrée à la Congrégation, sous le nom de Sœur du Saint Sacrement, son père, alors chargé d'une famille nombreuse, prétendit qu'il ne pouvait donner de dot, et se contenta, d'assurer verbalement â sa fille, ses droits à venir. La Sœur de Lacorne passa ainsi quarante ans à la Congrégation. Quelques années après la mort de cette Sœur, M. le Chevalier de Lacorne, son frère, périt dans le naufrage de l'Auguste, et la Communauté des Sœurs réclama la part de la succession qui lui était justement due, dans la personne de la défunte. M. Saint Luc de Lacorne, frère du précédent, qui s'était sauvé, comme miraculeusement de ce naufrage, refusa à la Congrégation toute espèce de dédommagement ; alléguant pour ses raisons : qu'il n'existait aucun contrat écrit, qui assurât aux Sœurs leurs prétentions ; ni aucun testament en leur faveur, de la part de la défunte.

C'était après la conquête du Canada par les Anglais. L'affaire ayant été portée à la Chambre des Capitaines de Milices : ils condamnèrent la famille de Lacorne. Elle appela de leur sentence, à Son Excellence, Thomas-Gage, Gouverneur de Montréal, qui après avoir mûrement pesé et considéré toutes choses, condamna à son tour la famille de Lacorne, à donner à la Congrégation, deux mille livres, pour dot de la Sœur défunte ; et en outre, à payer les intérêts de cette somme, depuis l'année 1718, qu'il fixa à deux mille sept cent-cinquante livres; en laissant pourtant à la famille, le choix de-donner à la place des 4750 livres, la part de la succession du Chevalier de Lacorne, à laquelle la défunte, sa sœur, aurait eu droit, si elle eut encore vécu.

Ainsi, ce Militaire, quoique Protestant, et par conséquent non suspect de vouloir favoriser les Communautés religieuses, reconnut, d'après la seule équité naturelle, qu'il était de la justice rigoureuse, d'indemniser la Congrégation ; et, ce qui est plus étonnant encore : il fit comprendre à la famille de Lacorne, toute catholique qu'elle était, cette grave obligation de conscience, qui pesait sur elle, et à l'égard de laquelle elle se faisait à elle-même une si étrange illusion. [ 18 Décembre 1762, Archives Judiciaires de Montréal.]

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Anne Barroy, avait constamment vécu dans la maison des Sœurs de la Congrégation, depuis l'entrée de la Sœur Le Ber dans sa cellule…

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Message  Louis Lun 19 Nov 2012, 12:37 pm


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.

(suite)

Anne Barroy, avait constamment vécu dans la maison des Sœurs de la Congrégation, depuis l'entrée de la Sœur Le Ber dans sa cellule. Touchée de l'esprit de ferveur qui régnait parmi elles ; et se sentant attirée à leur Institut, elle avait apparemment témoigné son désir, à sa cousine, avant que M. Le Ber fit son testament ; car il paraît que ce fut à la demande même de sa fille, qu'il fit aux Sœurs la donation, dont on vient de parler. Du moins, c'est ce que semble insinuer Anne Barroy elle-même en rappelant, dans un petit écrit, l'impression de joie, que produisit sur la Sœur Le Ber, l'ouverture qu'elle lui fit de son désir. " Elle me dit alors, rapporte-t-elle, jamais de ma vie je ne ressentis une joie plus pure, ni plus sensible, qu'au moment, où vous m'avez déclaré votre inclination, pour embrasser cet Institut ; et c'est avec plaisir et de grand cœur, que je ferai tous les frais nécessaires."

Cette joie de la Sœur Le Ber, avait pour motif, non pas seulement la satisfaction si pure, de voir une personne de sa famille se consacrer au service de DIEU ; mais surtout de la voir se donner à lui dans un Institut qui honorait la Très-Sainte Vierge, comme sa Fondatrice, sa Supérieure, sa Reine et sa Mère. Le nom seul de Congrégation de Notre-Dame , avait toujours fait les plus douces et les plus sensibles impressions sur le cœur de la Sœur Le Ber. Il l'avait attachée à cette maison, dès son bas âge, et avait été l'une des raisons, qui l'y avait attirée, pour y finir ses jours. Si elle professait pour les Sœurs de cet Institut une prédilection spéciale et singulière ; c'est qu'elle les considérait comme destinées par vocation divine, à faire revivre en elles l'esprit de la Très-Sainte Vierge ; et à montrer aux yeux des fidèles, quelque chose de son zèle apostolique et de ses vertus. Aussi disait-elle souvent à sa cousine, Anne Barroy, qui y fut en effet reçue sous le nom de Sœur Saint Charles : " Que vous êtes heureuse d'être comptée au nombre des filles de Marie ! Mais comprenez-vous bien l'excellence de votre bonheur, et toute l'étendue des obligations que cet état vous impose ? Dans quel éloignement vous devez être de toutes les maximes du siècle, et des inclinations de la chair ? Une personne qui porte les livrées de la Très-Sainte Vierge, ne doit tenir à rien. Un air dissipé, ou trop enjoué ; une propreté affectée dans les habits, et tout ce qui peut avoir quelqu'éclat, ne convient pas à une fille de Marie."

La Sœur Saint Charles, se présentant un jour devant elle pour lui rendre ses services accoutumés…

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Message  ROBERT. Lun 19 Nov 2012, 3:20 pm

Spoiler:

Ce texte prouve éloquemment, à mon sens, que toute personne qui naît catholique

n’est pas nécessairement assurée de son salut; et que toute personne qui est protestante

à la naissance, n'est pas irrémédiablement vouée à l’enfer…

.
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Message  Louis Mar 20 Nov 2012, 6:09 am


LA DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER A MARIE,
LUI INSPIRE UNE RELIGIEUSE VÉNÉRATION POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
ET UNE AFFECTION SPÉCIALE POUR LA CONGRÉGATION.

(suite)

La Sœur Saint Charles, se présentant un jour devant elle pour lui rendre ses services accoutumés, n'avait pas remarqué que sa robe, qui n'était encore que très peu usée, conservait quelque chose de son lustre, quoique l'étoffe en fut assez rude et grossière. La Sœur Le Ber ne manqua pas d'y faire attention, et lui conseilla de la porter à la pluie, pour en ôter le luisant:

" Une autre fois, dit-elle, ayant paru, au contraire, avec une robe extrêmement usée, je m'attendais qu'elle y trouverait à redire : car elle voulait qu'on évitât en tout les excès, parce que d'ordinaire, ils tiennent plus de l'esprit de singularité, que de la vertu véritable. Mais elle trouva ma robe tout à fait à son goût ; et en prit occasion de s'étendre sur les louanges de la pauvreté. Elle m'en fit un si grand éloge, comme d'une vertu favorite de la Très-Sainte Vierge ; que je me retirai d'auprès d'elle, le cœur tout pénétré d'un désir ardent, de pratiquer cette vertu, avec plus de perfection que je ne l'avais fait jusqu'alors."

L'estime que la Sœur Le Ber faisait des Sœurs de la Congrégation, et de l'importance de leurs travaux pour la sanctification de l'enfance, parut encore dans les mouvements qu'elle se donna, pour faire reconstruire, sur un plan plus vaste, les bâtiments: du Pensionnat et des Ecoles; et dans la fondation si utile qu'elle fit alors, comme il sera dit dans le chapitre suivant.

A suivre : Chapitre III. : PAR RESPECT POUR LA SŒUR BOURGEOYS, LA SŒUR LE BER PROCURE LA
RECONSTRUCTION DU PENSIONNAT, ET FONDE DES PLACES GRATUITES POUR DES PENSIONNAIRES.

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Message  Louis Mar 20 Nov 2012, 2:43 pm

LIVRE QUATRIEME


DÉVOTION ET CONFIANCE DE LA SŒUR LE BER ENVERS LA TRES-SAINTE VIERGE.
SON AFFECTION POUR LA CONGRÉGATION.
SA SAINTE MORT.


CHAPITRE III.


PAR RESPECT POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
LA SŒUR LE BER PROCURE LA RECONSTRUCTION DU PENSIONNAT,
ET FONDE DES PLACES GRATUITES POUR DES PENSIONNAIRES.


La Sœur Bourgeoys, en faisant construire les bâtiments de la Congrégation, n'avait pas prévu alors le développement que bientôt cette Communauté devait prendre, et elle ne tarda pas à s'apercevoir, qu'ils étaient de beaucoup insuffisants. Aussi, entre autres recommandations, qu'elle fit à ses Sœurs, avant sa mort, insista-t-elle sur la nécessité d'ajouter, à la maison de la Congrégation, de nouveaux bâtiments, pour servir au Pensionnat et aux Ecoles de la ville. Depuis l'année 1700, que cette Sainte Fondatrice avait cessé de vivre, les Sœurs n'avaient pas été en état d'exécuter ce dessein, tant à cause des dépenses occasionnées par l'établissement de diverses Missions, que par le peu de ressources, qu'elles avaient pour se suffire à elles-mêmes, dans ce temps, où la misère, occasionnée par la guerre, désolait le pays.

La Sœur Le Ber, depuis qu'elle avait perdu son père, méditait le dessein, de se dépouiller en faveur des Sœurs de la Congrégation, de tout ce qui lui restait de patrimoine ; afin de leur fournir, par là, le moyen d'étendre le bien qu'elles faisaient, par l'éducation des jeunes personnes, et de remplir leurs fonctions avec plus de facilité. Elle n'ignorait pas la recommandation de la Sainte Fondatrice, et nourrissait dans son cœur le désir de l'effectuer, dès quelle en aurait le pouvoir. Elle ne se proposait pas seulement de procurer la construction de bâtiments assez spacieux, pour suffire au Pensionnat et aux Ecoles ; elle voulait encore fonder un certain nombre de places gratuites, pour des filles du pays, dont les familles n'auraient pas le moyen de soutenir les frais de la pension. Jusqu'alors, la crainte de n'avoir pas les fonds nécessaires à ces deux objets, lui avait fait différer l'exécution de son dessein.

Mais l'année 1713, comme si elle eût connu qu'elle touchait déjà à la fin de sa course ; après avoir recommandé son dessein à la Très-Sainte Vierge, et aussi aux Saints Anges, pour lesquels elle avait une dévotion et une confiance qui trouvent peu d'exemples: elle jugea que le moment était venu d'y contribuer, autant qu'elle en serait capable. Elle avait bien alors les fonds nécessaires, pour fonder des places gratuites ; mais ne se trouvant pas en état de fournir aux frais des bâtiments projetés, elle pressa les Sœurs et fit tant, qu'elle les détermina, enfin, à les entreprendre.

" Elle témoigna souvent beaucoup d'empressement pour faire commencer ces bâtiments," dit la Sœur Marguerite Trottier, Dépositaire, qui à l'occasion de ces constructions, avait la faculté de parler à la Sœur Le Ber : " Elle assurait que…

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Message  Louis Mer 21 Nov 2012, 6:17 am


PAR RESPECT POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
LA SŒUR LE BER PROCURE LA RECONSTRUCTION DU PENSIONNAT,
ET FONDE DES PLACES GRATUITES POUR DES PENSIONNAIRES.

(suite)

" Elle témoigna souvent beaucoup d'empressement pour faire commencer ces bâtiments," dit la Sœur Marguerite Trottier, Dépositaire, qui à l'occasion de ces constructions, avait la faculté de parler à la Sœur Le Ber : " Elle assurait que c’était la volonté de DIEU, et que les Saints Anges nous aideraient: ajoutant même que si nous ne les commencions pas cette année, nous ne le pourrions plus, quelque besoin que nous en eussions. Sur cette déclaration, qu'elle faisait avec assurance et comme d'un ton inspiré, nous mîmes, en effet, la main à l'œuvre, quoique nous n'eussions alors, ni matériaux, ni argent."

Les fondements de ce bâtiment furent aussitôt creusés, et M. de Belmont en bénit et posa la première pierre, le 28 Mai 1713. On le dédia à Marie, sous le titre de Notre-Dame des Anges ; et l'inscription qui fut mise dans les fondements, est un touchant témoignage de la piété et de la confiance des Sœurs de la Congrégation et de celles de la Sœur Le Ber. Elle était conçue en ces termes:
"TRES-SAINTE VIERGE, REINE DES ANGES, LE REFUGE ET LE SALUT DES HOMMES, AGRÉEZ, S'IL VOUS PLAIT, QUE NOUS DEMANDIONS EN TOUTE CONFIANCE VOTRE SAINTE PROTECTION, POUR COMMENCER ET CONDUIRE A SA FIN, LE BATIMENT QUE VOTRE SERVANTE, ET NOTRE BONNE MÈRE MARGUERITE BOURGEOYS NOUS A RECOMMANDÉ DE CONSTRUIRE: DÉSIRANT DE TOUT NOTRE CŒUR, QU'IL SERVE A AUGMENTER VOTRE GLOIRE ET CELLE DE VOTRE DIVIN FILS. NE SOUFFREZ PAS, O VIERGE IMMACULEE, QUE LE PECHE MORTEL ENTRE JAMAIS DANS CETTE MAISON. ORDONNEZ, S'IL VOUS PLAIT, AUX SAINTS ANGES, DE VEILLER SI BIEN A LA CONDUITE DE TOUTES CELLES QUI L'HABITERONT, QUE VOUS Y SOYEZ TOUJOURS AIMEE ET SERVIE, COMME NOTRE DAME ET SOUVERAINE.

AINSI-SOIT-IL."

" Quelque grand que fut mon empressement, pour cet ouvrage, dit encore la Sœur Trottier, j'avais cependant une extrême répugnance à m'en voir chargée, n'ayant pas de quoi l'entreprendre. Mais je n'eus pas plutôt exposé mes craintes et mes embarras à la Sœur Le Ber, qu'ils se dissipèrent à l'instant. Elle était toujours prête à m'encourager. Elle m'assurait que tout réussirait ; qu'elle prierait les Saints Anges de faire avancer l'ouvrage, et de me fournir tous les moyens nécessaires pour l'achever. Il me semblait…


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Message  Louis Mer 21 Nov 2012, 11:32 am


PAR RESPECT POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
LA SŒUR LE BER PROCURE LA RECONSTRUCTION DU PENSIONNAT,
ET FONDE DES PLACES GRATUITES POUR DES PENSIONNAIRES.

(suite)
« … Il me semblait ensuite que je ressentais l'effet de ses promesses, et que je trouvais des facilités et des ressources, auxquelles je ne me serais jamais attendue. J'ajouterai même, que, quoiqu'elle m'eût permis de m'adresser à elle dans mes besoins, je ne fus jamais dans le cas d'user de cette permission, sinon avec beaucoup de réserve.

" Nous avons, en effet, tout sujet de croire, que les Saints Anges nous ont bien protégées. Les ouvriers eux-mêmes, qui étaient en très petit nombre, ont souvent été étonnés, le matin, en se remettant au travail, de voir qu'ils en eussent tant fait la veille ; et ils publiaient partout, qu'ils travaillaient le jour, et les Anges la nuit. Plusieurs personnes de la ville nous disaient aussi la même chose, avec étonnement."

Le bruit que rapporte ici la Sœur Trottier, de l'assistance que la Sœur Le Ber recevait des Saints Anges, n'était pas renfermé dans l'enceinte de la Congrégation, ni dans celle de Ville-Marie. La mère Juchereau, qui écrivait à Québec, parle aussi, elle-même, du secours qu'elle recevait de ces Esprits célestes, dans les ouvrages de broderie et autres qu'elle faisait. " N'étant aidée dans ses travaux, dit-elle, que par les Anges, avec qui elle conversait, et qui se plaisaient sans doute beaucoup avec cette angélique créature."

La confiance singulière de la Sœur Le Ber aux Saints Anges, le recours perpétuel qu'elle avait vers eux, la sainte habitude qu'elle s'était formée de converser intérieurement avec ces Esprits célestes, ne pouvaient être fondés, en effet, que sur les assistances sensibles qu'elle recevait de leur part. La Sœur Trottier rapportait même un trait assez agréable, de la simplicité et de la confiance de la Sœur Le Ber : " Un jour que son rouet à filer s'était rompu, dit-elle, elle me pria de faire venir un ouvrier qui avait coutume de racommoder nos rouets, afin qu'il remit le sien en état et qu'elle put travailler. J'oubliai d'envoyer chercher cet homme. Quelque temps après, m'étant ressouvenue de la commission qu'elle m'avait donnée : je fus la trouver pour lui faire mes excuses, en lui disant, que j'allais réparer ma faute. Elle se mit à sourire agréablement, et me dit." : L'affaire est faite : j'ai prié les Saints Anges de m'aider, et ils ont racommodé le rouet. Oh ! Quand je suis embarrassée, ils viennent à mon aide. Faites comme moi ; ayez bien de la confiance en eux, et vous viendrez à bout de tout.

Le bâtiment étant achevé, la Sœur Le Ber exécuta, enfin, …

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Message  Louis Jeu 22 Nov 2012, 5:37 am


PAR RESPECT POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
LA SŒUR LE BER PROCURE LA RECONSTRUCTION DU PENSIONNAT,
ET FONDE DES PLACES GRATUITES POUR DES PENSIONNAIRES.

(suite)

Le bâtiment étant achevé, la Sœur Le Ber exécuta, enfin, le dessein qu'elle avait formé, de se dépouiller de tout ; afin de mourir pauvre. Ayant donc réuni tout ce qui lui restait de bien, elle en disposa par contrat, du 9 Septembre 1714, pour fonder des places gratuites dans le Pensionnat, qu'on venait de bâtir.

" Ne croyant pas, dit-elle, dans l'acte de cette fondation, pouvoir faire du peu de bien qui lui reste, un meilleur usage, et qui contribue plus à la gloire de DIEU, que d'en appliquer le revenu, au soulagement d'un certain nombre de filles, dont les parents sont dans l'impossibilité de leur faire donner toute l'instruction et l'éducation nécessaires. Que pour l'exécution de son dessein, elle a jeté les yeux sur les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, dont la conduite édifiante, jointe aux grands fruits qu'elles ont faits, et qu'elles font encore journellement, dans l'instruction des jeunes filles, lui font espérer que ses desseins auront un heureux succès."

La somme qu'elle forma des débris de son patrimoine, s'éleva environ à 18,000 livres du Canada, faisant 13,300 livres, argent de France : somme, qui, eu égard au prix de la pension, établie alors sur le pied de 120 livres, par année, pour chaque enfant, devait produire un revenu, plus que suffisant, pour nourrir et élever, simultanément, sept jeunes pensionnaires.

Rien ne montre mieux la tendre charité de la Sœur Le Ber pour les pauvres, ni sa grande sagesse, que les règles fixées par elle, pour l'admission et l'éducation de ces enfants. D'abord, pour l'admission : elle exigea qu'on ne fit jouir de cette faveur que celles dont les parents, seraient hors d'état de fournir aux frais de la pension. Elle voulut de plus, qu'on préférât celles des paroisses, où il n'y aurait point de Mission des Sœurs de la Congrégation établie : comme étant dans un plus grand abandon que les autres. Enfin, que parmi ces dernières, on préférât toujours les orphelines pauvres, aux enfants qui avaient encore leurs parents : et parmi ces orphelines, celles qui appartiendraient à la famille Le Ber, s'il s'en trouvait quelques-unes.

Quant au genre d'éducation, voici ce qu'elle exigea. Elle savait que les Sœurs de la Congrégation, étaient redevables de leurs soins aux jeunes personnes de toutes les classes de la société, aux riches aussi bien qu'à celles de la classe pauvre. Mais jugeant bien, que toutes leurs pensionnaires, ne devaient pas recevoir la même sorte d'éducation: elle voulut que les siennes, fussent élevées à part des autres ; du moins, conformément à leur condition, et d'une manière analogue à leur avenir dans le monde. Qu'ainsi, on leur apprit, tout ce qu'une mère de famille pauvre doit savoir, pour gagner sa vie, pour faire elle-même son ménage, et soigner sa maison.

" L'intention de la fondatrice, dit-elle, est donc que…


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Message  Louis Jeu 22 Nov 2012, 1:27 pm


PAR RESPECT POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
LA SŒUR LE BER PROCURE LA RECONSTRUCTION DU PENSIONNAT,
ET FONDE DES PLACES GRATUITES POUR DES PENSIONNAIRES.

(suite)

"L'intention de la fondatrice, dit-elle, est donc que ces filles, nourries et entretenues dans le Pensionnat, y soient instruites de tout ce qui leur est nécessaire, pour être dans leur condition de bonnes et véritables chrétiennes. Pour cela, on leur apprendra (outre la doctrine chrétienne) à lire, à travailler aux ouvrages qui leur sont propres, à faire leur linge, leurs hardes, à les racommoder, à filer, à tricoter, et à laver leur linge. En outre, elles aideront, chaque semaine, l'une après l'autre, à la cuisine, et aussi à laver la vaisselle ; afin de leur apprendre par là le ménage, et de les entretenir dans l’humilité."

En exigeant qu'on les formât de la sorte, la Sœur Le Ber fit preuve d'une rare sagesse, et tout à la fois, d'une véritable affection pour ces enfants, qu'une éducation différente eut rendue la, plupart malheureuses, dans la suite. C'est ce que ne montra que trop, l'exemple des pensionnaires de la célèbre maison de Saint-Cyr, fondée par la munificence royale, pour de jeunes personnes de familles nobles, mais sans fortune. L'éducation brillante qu'on leur donnait, n'étant point en rapport avec leur état de pauvreté, ou de médiocrité extrême, faisait contracter à ces demoiselles qui n'avaient d'autres biens que leurs noms, des habitudes d'aisance, et des goûts de grandeur, qui ensuite contrastaient beaucoup trop avec leur état dans le monde, pour ne pas rendre leur existence triste et malheureuse.

On sait que, pour épargner à un grand nombre ce malheur, M. Languet de Gergy, curé de Saint Sulpice à Paris, avait établi sur sa paroisse, la maison, connue sous le nom de l'ENFANT JESUS, où de jeunes personnes, de familles nobles, mais déchues, étaient élevées, à peu près de la manière, que la Sœur Le Ber le prescrit ici pour ses pensionnaires. On les y exerçait à tous les détails d'une maison : à la couture, au ménage, à la cuisine, à laver, à repasser le linge, et même à faire du beurre; et l'expérience montra combien ce genre d'éducation, était propre à procurer leur bonheur. Au sortir de la maison de l'ENFANT JESUS, ces demoiselles, qui avaient des vues moins ambitieuses et des goûts plus simples, que celles qui sortaient de Saint-Cyr, s'établissaient aisément et convenablement, quoique sans fortune ; et, par là, en procurant la satisfaction de leurs familles, elles assuraient ordinairement leur bonheur temporel et leur salut. Nous faisons ici ce rapprochement, pour montrer, par cet exemple, qui eut l'approbation de tout Paris, ou plutôt de toute la France, la sagesse qui dirigea la Sœur Le Ber, dans sa fondation.

Elle y mit une autre clause…


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Message  Louis Ven 23 Nov 2012, 6:57 am


PAR RESPECT POUR LA SŒUR BOURGEOYS,
LA SŒUR LE BER PROCURE LA RECONSTRUCTION DU PENSIONNAT,
ET FONDE DES PLACES GRATUITES POUR DES PENSIONNAIRES.


(suite)
Elle y mit une autre clause : " Quant à l'écriture," dit-elle, " cet art n'étant pas nécessaire à des filles pauvres : les y appliquer, serait leur faire perdre un temps, qu'elles peuvent employer à d'autres choses plus utilement. S'il s'en trouvait néanmoins, quelques-unes qu'on jugeât capables d'être Sœurs ou Religieuses, on pourrait leur apprendre à écrire."

Il ne faut pas que nos lecteurs soient étonnés de la recommandation que fait ici la Sœur Le Ber, à l'égard de ces jeunes orphelines, destinées par la Providence à vivre du travail de leurs mains. En se montrant, par cette fondation, leur généreuse bienfaitrice, elle a fait preuve, par la recommandation même dont nous parlons ici, d'une rare intelligence pour procurer le bien général du corps politique de la société. Ce corps qui, de sa nature, a une multitude de fonctions si variées à remplir, a besoin aussi de membres propres à toutes ces fonctions diverses. Aussi voyons-nous que le Cardinal de Richelieu, qu'on ne peut pas assurément accuser de n'avoir pas procuré efficacement le bien public de la France, avait résolu de supprimer, dans ce royaume, tous les petits collèges, parce qu'il les jugeait plutôt nuisibles, qu'utiles au bien général. Il pensait que ces petits collèges, détourneraient des professions mécaniques, nécessaires au corps de la société, un certain nombre d'individus, appelés par la Providence à les remplir; et que voulant ensuite se pousser dans d'autres professions plus éclatantes, sans avoir ce qui était nécessaire pour y réussir, ils n'étaient propres qu'à altérer l'harmonie du corps de la société, et à y fomenter des divisions et des troubles.

Mais, pour en revenir à la fondation de la Sœur Le Ber, les conditions dort nous venons de parler, ayant été exposées aux Sœurs de la Congrégation, furent agrées par elles, et approuvées par M. de Belmont. Les Sœurs promirent de les observer de leur part et de n'y faire aucun changement, que du consentement de M. le Baron de Longueuil, cousin de la Fondatrice, et autorisé par elle, à cet effet. Enfin, les officières de la Communauté, M. de Longueuil et M. de Belmont, se rendirent dans le petit appartement, situé à l'entrée de la cellule de la Sœur Le Ber ; et après que le Notaire eut fait lecture de l'acte de fondation, toutes les personnes intéressées y apposèrent leur signature, le 9 Septembre 1714.

On a vu, dans le chapitre précédent, qu'en pressant les Sœurs de la Congrégation de construire les bâtiments du Pensionnat, la Sœur Le Ber leur avait déclaré :

Que si elles ne mettaient pas incontinent la main à l'œuvre, elles ne le pourraient plus dans la suite. L'événement montra qu'elle ne parlait ainsi, que parce qu'elle avait de la proximité de sa mort une connaissance certaine : car elle mourut 23 jours après qu'elle eût fait sa fondation. Il est bien probable, que si elle ne l'eût exécutée de son vivant, cette fondation n'aurait jamais eu lieu, quelque recommandation qu'elle eût pu faire, à cet égard, à M. Le Ber de Senneville, le seul de ses frères qui vécut encore, comme on pourra le conclure de la Notice sur ce dernier, placée à la fin de cette Vie.

A suivre : Chapitre IV. DERNIÈRE MALADIE DE LA SOEUR LE BER. SA SAINTE MORT. CONCOURS A SES FUNÉRAILLES.


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Message  Louis Ven 23 Nov 2012, 11:46 am

LIVRE QUATRIEME


DÉVOTION ET CONFIANCE DE LA SŒUR LÉ BER ENVERS LA TRES-SAINTE VIERGE.
SON AFFECTION POUR LA CONGRÉGATION.
SA SAINTE MORT.


CHAPITRE IV.



DERNIÈRE MALADIE DE LA SOEUR LE BER,
SA SAINTE MORT.
CONCOURS A SES FUNÉRAILLES.



Après la fondation dont on vient de parler, la dernière des œuvres de piété qu'elle eût à accomplir sur la terre, la Sœur Le Ber était un fruit mûr pour le ciel. Le genre de vie si austère qu'elle menait ; ses jeûnes au pain et à l'eau ; les instruments de pénitence dont elle chargeait son corps, déjà épuisé par ses longues veilles, ses Oraisons, et son application au travail ; les épreuves intérieures auxquelles elle était en proie ; les ardeurs de son amour pour DIEU, qui lui faisaient souffrir une sorte de martyre; martyre d'autant plus rude, que dans l'impuissance, où elle était de lui témoigner son grand amour, elle craignait de n'aimer pas assez DIEU : tous ces divers sujets de souffrance auraient dû épuiser bientôt, un tempérament aussi faible qu'était le sien.

Il y avait cependant près de vingt ans, qu'elle vivait ainsi dans sa cellule; du moins, depuis le 5 Août 1714, elle avait commencé la vingtième année de sa réclusion, sans s'être accordée à elle-même le plus léger adoucissement, lorsque peu de jours après la signature de l'acte de la fondation, pendant qu'elle était en adoration, la nuit, devant le Très-Saint Sacrement, selon sa pratique invariable, elle fut saisie par le froid, et se sentit bientôt attaquée d'une oppression de poitrine, qui se changea en fluxion et en fièvre continue. Malgré son grand courage et sa ferveur, elle se vit forcée d'interrompre ses exercices ordinaires et de garder le lit. Enfin, comme les progrès rapides du mal donnaient tout à craindre : le Confesseur de la Sœur Le Ber, commanda que dans cette circonstance elle se servit de draps et d'un matelas, ce dont elle s'était toujours abstenue, depuis qu'elle s'était renfermée dans sa cellule.

La violence de son mal, qui semblait devoir lui faire oublier tout le reste, ne diminua rien de son affection ni de sa sollicitude pour ses chères sœurs de la Congrégation. Au contraire, se rappelant alors, que dans l'acte de sa dernière fondation, elle n'avait point déclaré l'usage qu'elle désirait faire du petit mobilier renfermé dans sa cellule: elle craignit que les Sœurs de la Congrégation, à qui elle avait toujours intention de le laisser, ne fussent inquiétées à ce sujet, après sa mort. Elle fit donc appeler le Notaire, et lui dicta ses dernières volontés, déclarant " Que tous ses meubles, ustensiles, hardes, linges, et généralement tout ce qu'elle pouvait avoir tant dans sa cellule, que dans les autres lieux de la Congrégation, appartiendraient aux Sœurs, après son décès, sans qu'elles pussent être troublées ni inquiétées à ce sujet, par qui que ce fut."

Enfin se rappelant qu'elle avait promis à une jeune fille, qui était alors au Mississipi, la somme de 500 livres: elle chargea M. de Longueuil de la lui délivrer. Elle fit cette déclaration le 22 de Septembre, et la signa, quoiqu'elle fut au lit.

Après s'être ainsi dépouillée de tout ce qu'elle avait pu avoir, elle ne songea plus qu'à se disposer à son dernier passage…

A suivre.

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Message  Louis Sam 24 Nov 2012, 6:05 am


DERNIÈRE MALADIE DE LA SOEUR LE BER.
SA SAINTE MORT.
CONCOURS A SES FUNÉRAILLES.

(suite)

Après s'être ainsi dépouillée de tout ce qu'elle avait pu avoir, elle ne songea plus qu'à se disposer à son dernier passage. On vit alors, combien les mortifications extérieures qu'elle avait pratiquées toute sa vie, avec tant de ferveur, avaient jeté dans son cœur de profondes racines. Pressée par les ardeurs d'une fièvre brûlante, elle ne demanda jamais aucune sorte de breuvage, pour se soulager. Comme une victime sur l'autel, elle offrait à DIEU le sacrifice de sa vie ; recevant cependant par obéissance, tout ce que la personne qui la servait, jugeait à propos de lui présenter. Elle était alors assaillie par une toux des plus violentes ; et dans cet état, elle combattait sans cesse contre elle-même, pour s'abstenir de tousser, de peur, se disait-elle, de manquer de respect au Très-Saint Sacrement, qui n'était séparé d'elle, que par la légère cloison de sa cellule. Un jour que pendant la Sainte Messe, elle s'était laissée aller aux mouvements impérieux de sa toux qui la dominaient et l'entrainaient malgré elle : cette sainte malade ne pouvait s'en consoler; et en demandait humblement pardon à DIEU et à tous ceux de qui elle pouvait avoir été entendue.

Les Sœurs de la Congrégation, allarmées de son état, craignaient d'être privées de la consolation de la revoir avant son décès; et plusieurs obtinrent d'entrer dans sa cellule. Mais elle les vit sans leur parler, ni sans rien perdre du profond recueillement de son âme. Pour cela, elle voulut, que la personne chargée de la servir, se tînt toujours auprès de son lit, pendant ces visites ; et qu'elle répondit elle-même, le plus brièvement qu'elle le pourrait, à toutes les Sœurs qui s'informeraient de son état. Plus occupée de l'éternité, que du sujet des conversations, elle paraissait toute absorbée en DIEU ; quoique pourtant, il n'y eût rien que de serein, de doux et de gracieux dans l'expression de sa figure.

Le premier jour qu'elle avait pris le lit…


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Message  Louis Sam 24 Nov 2012, 3:41 pm


DERNIÈRE MALADIE DE LA SOEUR LE BER.
SA SAINTE MORT.
CONCOURS A SES FUNÉRAILLES.

(suite)

Le premier jour qu'elle avait pris le lit, elle n'avait pas manqué d'y réciter toutes ses prières vocales, qui étaient en grand nombre ; et de faire ses oraisons. Mais la violence du mal, lui ôtant la force d'articuler elle-même toutes ces prières : elle pria la sœur St. Charles, de les réciter tout haut auprès de son lit, aux heures marquées par son règlement. Elle les suivait ainsi d'esprit ; et, même quand elle le pouvait, elle y répondait de bouche. Pareillement, elle ne manquait pas d'envoyer cette Sœur devant le Très-Saint Sacrement, pour l'adorer en sa place, aux heures, où elle avait coutume de s'y rendre ; et lorsque, pour soulager la Sœur Saint-Charles, on la remplaçait par d'autres Sœurs, la mourante en usait de même avec celles-ci : les envoyant aussi chacune rendre ses devoirs à Notre-Seigneur au Très-Saint Sacrement, la nuit aussi bien que le jour.

L'avant-veille de sa mort, elle donna une dernière marque de son affection respectueuse, pour ses chères Sœurs de la Congrégation, et de l'entière confiance qu'elle avait en leurs saintes prières, en ordonnant par testament, que son corps fut inhumé dans leur Église. Depuis qu'elle était entrée dans sa cellule, elle avait toujours désiré de n'être pas séparée après sa mort, de celles qu'elle avait toujours, si particulièrement et si justement aimées pendant sa vie, se rappelant qu'elle devait à leur ferveur, la grâce de sa vocation. Mais n'ayant point encore déclaré son intention par un acte en forme ; et craignant qu'après son décès, ses parents n'exécutassent peut-être pas sa volonté, sur un point qu'elle avait si fort à cœur: elle fit son testament pour la constater d'une manière expresse, quoiqu'elle n'eût plus aucun bien à léguer. Voici presque dans son entier cet acte si édifiant : …



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Message  Louis Dim 25 Nov 2012, 6:23 am


DERNIÈRE MALADIE DE LA SOEUR LE BER.
SA SAINTE MORT.
CONCOURS A SES FUNÉRAILLES.

(suite)

...Voici presque dans son entier cet acte si édifiant :

" Demoiselle Jeanne Le Ber, retirée dans la maison de la Congrégation des filles de Notre-Dame, et étant au lit malade, en sa cellule... Considérant la brièveté-de cette vie, et le peu de temps qui lui reste pour achever le pèlerinage de ce bas monde ; et qu'elle a jusqu'à présent disposé, par de précédents actes, de tous les biens qu'il avait plu à DIEU de lui départir : elle a fait par les présentes, son testament et son ordonnance de dernière volonté, ainsi qu'il suit :

" Au nom du PERE, et du FILS, et du " SAINT-ESPRIT, Amen.

" Premièrement, comme chrétienne et catholique, elle recommande son âme à DIEU, tout-puissant, et le prie, par les mérites infinis de la mort et de la passion de son FILS, notre Sauveur et Rédempteur, JESUS-CHRIST, de lui pardonner ses fautes et ses péchés ; et après son trépas, de la recevoir en son Paradis avec les Bienheureux. A cette fin, elle réclame les prières et les intercessions de la Bienheureuse Vierge Marie, de Saint Michel Archange, de Saint Jean Baptiste et de Saint Jean l'évangéliste, ses patrons, et celles de tous les Saints et Saintes du paradis.

" Secondement, elle désire, veut et entend, qu'après son décès, son corps soit inhumé dans la chapelle de la Congrégation des dites filles de Notre-Dame, à côté du sépulcre de défunt M. Jacques Le Ber, écuyer, son père : en la manière et ainsi qu'il sera jugé à propos, pour la pompe funèbre, par l'exécuteur du présent testament, pour lequel elle nomme la personne de M. Charles Lemoyne, Baron de Longueuil, gouverneur de Montréal, qu'elle prie de le vouloir faire exécuter et accomplir sans en rien omettre."


Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 5 Signat12

La Sœur Le Ber dicta son testament le 1er jour d'Octobre, dans l'après-midi; et quoique très abattue par la violence de la maladie, elle eut assez de force pour le signer. …

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Message  Louis Dim 25 Nov 2012, 1:26 pm


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CONCOURS A SES FUNÉRAILLES.

(suite)

La Sœur Le Ber dicta son testament le 1er jour d'Octobre, dans l'après-midi; et quoique très abattue par la violence de la maladie, elle eut assez de force pour le signer. Le lendemain, ne prenant conseil que de sa ferveur, et pensant qu'elle serait en état de faire elle-même, quelqu'une de ses prières ordinaires, elle demanda ses Heures, pour réciter l'Office de la Croix. On les lui plaça dans les mains, et, comme elle était incapable de faire le moindre mouvement, on la souleva pour la faire mettre en son séant. Mais, saisie d'un éblouissement soudain, elle tomba dans une extrême faiblesse, qu'on craignit être celle de la mort: ce qui fut cause, qu'on ne différa plus de lui donner le Saint Viatique. Il lui fut porté avec toute la solennité qu'on peut mettre à cette touchante cérémonie. Les Sœurs de la Congrégation, ayant chacune un cierge allumé à la main, accompagnèrent le Très-Saint Sacrement, jusqu'à la cellule de la mourante, où quelques-unes entrèrent. C'était le 2 d'Octobre, à 4 heures après-midi, le jour même des Saints Anges Gardiens, auxquels elle avait toujours eu une dévotion si affectueuse, et une si vive confiance. On eût dit, que ces Esprits bienheureux, dont elle avait eu tant à cœur de retracer la vie et les vertus, étaient venus, par un effet de leur sainte familiarité avec elle, se joindre aux anges visibles qui la visitaient, pour être aussi eux-mêmes témoins de sa ferveur. Il serait difficile de rendre, par le discours, les sentiments que cette vierge admirable fit paraître dans ce moment solennel.

On a vu que sa religion profonde envers JESUS-CHRIST au Très-Saint Sacrement, et son amour ardent pour sa personne adorable, l'avaient attirée dans sa cellule, et l'y avaient tenue renfermée constamment. Dans ce dernier moment, à juger de ses dispositions intérieures, par ce qui parut dans l'expression de son visage; il sembla qu'elle renouvelait et réunissait dans son cœur, tous les mouvements de religion, d'amour et de confiance qu'il avait jamais pu produire, et qu'elle les offrait à son divin Époux, comme le plus parfait hommage dont elle fut capable, et le dernier effort de tout son être. Aussi, dès qu'elle eût reçu Notre-Seigneur, oubliant alors ses souffrances, et les soins que réclamait son état ; n'étant plus occupée que de son bonheur : elle fit tirer les rideaux de son lit, afin d'être dans un plus parfait recueillement, et de se livrer avec plus de liberté, à toute la ferveur de son amour. Elle passa ainsi le reste de cette journée, dans des actes d'abandon de tout elle-même, entre les mains de DIEU, à qui elle offrait avec joie et réitérait sans cesse le sacrifice de sa vie ; et aussi, dans de saints transports d'amour vers l'Époux céleste, qu'elle appelait de toute l'ardeur de ses désirs.

Sentant qu'elle s'affaiblissait toujours davantage…


Dernière édition par Louis le Lun 26 Nov 2012, 3:20 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Lun 26 Nov 2012, 7:02 am


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CONCOURS A SES FUNÉRAILLES.

(suite)

Sentant qu'elle s'affaiblissait toujours davantage, elle demanda elle-même, le Sacrement de l'Extrême-Onction, qui lui fut administré le lendemain, vers deux heures du matin. Après quoi, elle entra dans une douce et tranquille agonie, pendant laquelle on fit pour elle les prières ordinaires des agonisants. Enfin, dans les sentiments d'une joie douce et d'une paix inaltérable, qui semblaient être une participation anticipée du bonheur des Saints : elle rendit son âme à son CREATEUR, le 3 Octobre 1714, à neuf heures du matin, à l'âge de cinquante deux ans, neuf mois, moins un jour. Cette mort précieuse, fut comme un parfum du ciel qui embauma toutes les Sœurs de la Congrégation : tant elle laissa leurs cœurs pénétrés de vives et profondes impressions, du bonheur dont jouissait déjà la sainte défunte; et ce fut aussi l'effet qu'elle produisit sur les fidèles de la ville et de la campagne, dès que la nouvelle s'en fut répandue, comme nous le dirons bientôt.

Lorsque la Sœur Le Ber eût rendu le dernier soupir, les Sœurs de la Congrégation, qui avaient eu pour elle tant de respect durant sa vie, s'empressèrent de lui donner les premiers témoignages de vénération, qu'elle reçut après sa mort. D'abord, elles se mirent en devoir de la revêtir de son habit de réclusion, pour l'exposer ensuite, la face découverte dans leur église, afin de satisfaire à loisir, leur dévotion, et de donner au peuple la facilité de contenter la sienne. Mais il se trouva, que sa robe était si usée et en si mauvais état, qu'elles n'osèrent en revêtir un si saint corps ; et qu'elles prirent le parti, à ce qu'il paraît, de lui en faire à la hâte, une neuve, avec laquelle elle fut exposée. Son visage n'avait rien de ces traits, qui défigurent ordinairement les morts, et en rendent l'aspect pénible et repoussant. On y voyait briller, au contraire, la même expression de candeur, de modestie et d'innocence, qui l'avait caractérisée durant sa vie, et chacun ne pouvait se lasser de la voir, ni s'empêcher d'envier son bonheur.

Pour satisfaire la pieuse curiosité, et la dévotion des peuples, qui accouraient de toute part à un spectacle si nouveau : on fut obligé de laisser le corps pendant deux jours, ainsi exposé ; c'est-à-dire de différer l'inhumation, jusqu'au 5 d'Octobre. Toute la ville était en mouvement, pour voir et pour vénérer la dépouille mortelle d'une concitoyenne, élevée dans le centre même de cette cité, et qu'un très grand nombre n'avaient jamais vue. La haute idée de sa sainteté, et la confiance que chacun avait en ses mérites, portaient la plupart des assistants à faire toucher à ce saint corps des chapelets, et d'autres objets de dévotion.

Enfin, les circonstances de ce concours, eurent tant de retentissement dans le Canada…

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