Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

2 participants

Page 1 sur 6 1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivant

Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Sam 06 Oct 2012, 7:08 am

MLLE LE BER FAIT PARAITRE PAR LA SIMPLICITE DE SES PETITS MEUBLES
L'HORREUR QU'ELLE A DEJA POUR LES VANITES DU MONDE,
ET DONNE A SES COMPAGNES DES EXEMPLES D'UNE ADMIRABLE HUMILITE.

(suite)

C'est le témoignage que lui ont rendu ses Maîtresses, et qu'on lira ici avec édification.

" Son amour pour la vie cachée, pour la retraite et le silence, disent-elles, se manifesta dans une multitude d'occasions. C'est un usage dans nos classes, qu'aux approches de certaines Fêtes principales, surtout au temps de Noël, on fasse apprendre par cœur aux pensionnaires, quelques petites pastorales ou d'autres pièces de dévotion, tant pour cultiver leur mémoire, et l'orner de choses utiles, que pour leur donner du naturel et de la bonne grâce dans le débit. Mlle Le Ber ne craignait pas de parler en public, elle le faisait toujours bien et très à propos. Mais ce n'était qu'avec peine qu'elle paraissait dans ces exercices, parce qu'ils l'exposaient à s'y faire remarquer, et à recevoir des applaudissements et des louanges. Voici l'une des pieuses industries que son humilité lui fournissait, pour paraître le moins qu'elle le pouvait dans ces sortes d'occasions.

" Dans ces petites pièces, chacune des pensionnaires est chargée d'un rôle particulier, et en leur distribuant ces rôles, on se conforme autant qu'on le peut, à l'inclination et au caractère des enfants.

Mlle Le Ber, quelqu'amour qu'elle eût pour la vie cachée, ne refusait jamais de prendre part à ces exercices avec les autres pensionnaires ; car elle était ennemie des dispenses et des singularités; mais tandis qu'elle aurait pu se charger des premiers rôles et s'en acquitter avec honneur, elle demandait toujours de préférence ceux où il y avait peu de choses à dire, ceux dont les personnages avaient le moins d'action dans la pièce, ou même qui supposaient l'acteur au-dessous des autres, ou dans le mépris."

Voilà la marque certaine d'une vertu consommée…


Dernière édition par Louis le Sam 06 Oct 2012, 12:23 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Sam 06 Oct 2012, 12:23 pm

MLLE LE BER FAIT PARAITRE PAR LA SIMPLICITE DE SES PETITS MEUBLES
L'HORREUR QU'ELLE A DEJA POUR LES VANITES DU MONDE,
ET DONNE A SES COMPAGNES DES EXEMPLES D'UNE ADMIRABLE HUMILITE.

(suite)

Voilà la marque certaine d'une vertu consommée. Qu'une enfant naturellement timide, ou dont la mémoire est assez ingrate, demande de préférence les rôles où il y a le moins à faire et à dire ; on le conçoit aisément ; l'amour de sa petite réputation, trop exposée peut-être dans un autre rôle, peut bien lui inspirer un tel choix. Mais qu'une jeune personne capable des premiers rôles, et en état de les remplir avec applaudissement, demande toujours les derniers, ceux surtout qui doivent la mettre au-dessous de ses compagnes : c'est ce que peut inspirer, seule, la vraie et parfaite humilité. Quel contraste entre les sentiments si purs de Mlle Le Ber, et ceux de certaines jeunes personnes, qui ont à paraître dans ces exercices ! Cette sainte enfant y trouvait un nouveau moyen de récréer innocemment et d'édifier ses compagnes, et de témoigner de plus en plus à DIEU son amour ; tandis que d'autres, s'en font à elles-mêmes une occasion de relâchement à son service, et quelquefois de péché, par les sentiments de vaine complaisance et d'orgueil auxquels elles s'abandonnent.

Il est vrai, qu'elles ne négligent rien pour s'acquitter parfaitement de leur rôle, et en cela elles remplissent un juste devoir et sont dignes d'approbation. Mais au lieu de se proposer la gloire de DIEU, l'accomplissement de sa sainte volonté, manifestée par celle de leurs Maîtresses, l'instruction et l'édification du prochain, ou enfin quelqu'autre motif chrétien : elles n'ont en vue, dans les efforts qu'elles font pour réussir, que l'espérance ambitieuse de s'attirer l'estime et les applaudissements des assistants, et le désir de laisser, dans tous les esprits, une grande idée d'elles-mêmes.

En se laissant ainsi entraîner à la tentation de l'orgueil, ces enfants oublient malheureusement qu'elles sont chrétiennes, car une vraie chrétienne s'efforce d'imiter JESUS-CHRIST, qui dit dans l'Évangile : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur; et c'était sur ce divin modèle que Mlle Le Ber formait sa conduite. Si elle ne demandait pas les premiers rôles, si elle préférait au contraire ceux qui semblaient la mettre en oubli, c'était pour ressembler plus parfaitement à JESUS, qui dans une circonstance, où on voulait le faire roi, se déroba aux empressements de la foule et prit la fuite.

Ce grand désir d'imiter JESUS, venait dans Mlle Le Ber…

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Dim 07 Oct 2012, 6:53 am

MLLE LE BER FAIT PARAITRE PAR LA SIMPLICITE DE SES PETITS MEUBLES
L'HORREUR QU'ELLE A DEJA POUR LES VANITES DU MONDE,
ET DONNE A SES COMPAGNES DES EXEMPLES D'UNE ADMIRABLE HUMILITE.


(suite)

Ce grand désir d'imiter JESUS, venait dans Mlle Le Ber de son ardent amour pour lui. On ressemble volontiers à ceux que l'on aime, et si nous avions dans nos cœurs, un amour vif et ardent pour sa personne adorable, comme l'avait dans le sien Mlle Le Ber, à son exemple, nous nous plairions à l'imiter en tout.

Les Ursulines dans leur Mémoire, ajoutent ici un trait bien touchant.

" Il arriva," rapportent-elles "que dans une de ces occasions, où l'on distribuait des rôles, le tendre amour de Mlle Le Ber pour Notre-Seigneur, et le grand désir qu'elle avait de lui être semblable, trahirent son humilité, et n'en firent que mieux paraître le fond admirable de son cœur. Il était question de représenter, sous divers personnages l'adoration des pasteurs à la crèche de JESUS enfant. On lui demanda, qui elle voulait représenter dans cette pastorale. C'est l'Enfant JESUS, répondit-elle sans hésiter. Vous ne choisissez pas mal, mademoiselle, lui dit-on ; mais pourrait-on savoir la raison de votre choix? Elle fit cette belle réponse:

' C'est que le Saint Enfant ne dit mot et ne se remue point ; et que je voudrais l'imiter en toutes choses.' "

A suivre : CHAPITRE IV. — Fidélité de Mlle Le Ber à garder le silence prescrit aux pensionnaires, et à marcher en la sainte présence de Dieu. Son amour pour la méditation.

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Dim 07 Oct 2012, 12:07 pm

LIVRE PREMIER

Enfance de Mlle Le Ber. Son séjour au Pensionnat des Ursulines à Québec.

CHAPITRE IV.

FIDELITE DE MLLE LE BER A GARDER LE SILENCE
PRESCRIT AUX PENSIONNAIRES, ET A
MARCHER EN LA SAINTE
PRESENCE DE DIEU.
SON AMOUR POUR LA MEDITATION.

Mlle Le Ber pouvait être proposée à ses compagnes du pensionnat, comme un modèle de fidélité parfaite à tous les points de leur règlement. Aucune ne lui était comparable pour l'exactitude à observer le silence, prescrit dans certains moments de la journée. Il est vrai que cette règle si importune pour quelques enfants, n'avait pour Mlle Le Ber que des douceurs et des charmes. C'était le fruit de sa grande application à mortifier toutes ses inclinations naturelles, qui auraient pu contrarier ses devoirs. On conçoit qu'une enfant si prompte à étouffer en elle, les moindres mouvements de vanité, de complaisance, d'attache aux objets les plus agréables, et si généreuse au service de DIEU, devait avoir une égale facilité à mettre un frein à sa langue.

La démangeaison de parler, dont plusieurs enfants sont les esclaves, ne vient en effet que de leur immortification, et de la malheureuse liberté qu'elles se donnent de satisfaire tous leurs petits caprices et leurs moindres fantaisies. Toutefois, en se conformant si ponctuellement à la règle du silence, Mlle Le Ber ne se proposait pas de s'attirer par là l'estime et les éloges de ses Maîtresses. Ce motif intéressé eût été trop bas et trop vil, pour un cœur aussi pur et aussi élevé qu'était le sien. La fin qu'elle avait en vue, c'était l'accomplissement de la sainte volonté de DIEU qu'elle adorait dans la règle qui prescrivait le silence, et aussi le désir sincère d'imiter JESUS qui voulut le garder lui-même dans son enfance, quelque douceur qu'il pût goûter en s'entretenant avec Marie.

A la faveur de dispositions si saintes, le silence était pour Mlle Le Ber, un moyen facile de se tenir dans le recueillement, qui, au rapport de ses Maîtresses, faisait toutes ses délices. Mais ce recueillement…

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Lun 08 Oct 2012, 6:39 am

FIDELITE DE MLLE LE BER A GARDER LE SILENCE PRESCRIT AUX PENSIONNAIRES,
ET A MARCHER EN LA SAINTE PRESENCE DE DIEU.
SON AMOUR POUR LA MEDITATION.

(suite)

Mais ce recueillement, au lieu d'être un exercice oisif, l'unissait doucement à DIEU ; il la faisait marcher tout le long du jour en sa sainte présence, et converser intérieurement avec lui. C'est la remarque que font ses Maîtresses, dans le Mémoire déjà cité :

"Le profond respect dont elle avait toujours été pénétrée dès sa plus tendre enfance pour la Souveraine Majesté de DIEU, disent-elles, la rendait continuellement attentive à sa divine présence."

Après cela, nous ne devons pas être étonnés, si cette sainte enfant a fait de si rapides progrès dans les plus solides vertus. L'exercice de la présence de DIEU est, en effet un moyen très-efficace et infaillible pour les acquérir toutes ; puisque DIEU en choisissant Abraham, pour qu'il fût le père et le modèle de tous les croyants, c'est-à-dire des âmes parfaites, ne lui donna pas d'autre moyen à pratiquer : Marchez en ma présence lui dit-il, et soyez parfait. C'était comme s'il lui eût dit : cet exercice renferme lui seul tous les autres exercices ; pourvu que vous marchiez en ma présence, vous éviterez infailliblement le mal, vous pratiquerez le bien, vous serez humble, charitable, patient, enfin vous arriverez à la perfection la plus sublime.

D'où vient cependant que certaines enfants ne s'appliquent presque jamais à une pratique si sainte, et qu'elles ont tant de peine à penser à DIEU? C'est qu'elles ne sont au pensionnat que de corps, et que leur cœur est encore dans le monde ; c'est-à-dire, que leur cœur est esclave de toutes ses petites affections. Ces enfants n'ont d'autre règle de conduite, que la recherche de leurs plaisirs, elles ne peuvent souffrir la moindre humiliation, quelquefois même la correction la plus douce. Elles veulent tout voir, tout entendre, tout connaître, jouir de tout et ne se mortifier en rien. Elles ne savent ce que c'est que de sacrifier à DIEU, un regard de curiosité, une parole inutile ou piquante, un désir sensuel ou superflu, un mouvement d'amour propre. Leurs yeux sont toujours ouverts pour tout voir, leurs oreilles pour tout entendre, leur langue est toujours prête à produire au dehors les désirs ou les sentiments de leurs cœurs. Cet état de dissipation habituelle leur inspire du dégoût pour les exercices spirituels, leur rend très-difficile et comme impossible la pratique de la présence de DIEU, les expose infailliblement à une multitude de tentations, et les entraine quelquefois dans des fautes déplorables.

L'exercice de la présence de DIEU…

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Lun 08 Oct 2012, 6:03 pm

FIDELITE DE MLLE LE BER A GARDER LE SILENCE PRESCRIT AUX PENSIONNAIRES,
ET A MARCHER EN LA SAINTE PRESENCE DE DIEU.
SON AMOUR POUR LA MEDITATION.

(suite)

L'exercice de la présence de DIEU, que Mlle Le Ber s'était rendu familier, lui inspirait pour la méditation, une affection merveilleuse, qui était le sujet de l'édification et de l'admiration de ses Maîtresses. Quand une âme est bien pénétrée d'amour pour DIEU, elle n'a pas de peine à s'entretenir avec lui. Cette âme le recherche avec d'autant plus d'ardeur, elle le trouve avec d'autant plus de facilité, elle le contemple avec d'autant plus de clarté, elle jouit de lui avec d'autant plus de plénitude, qu'elle s'est plus entièrement et plus foncièrement dépouillée de toute affection aux choses créées. C'est pourquoi, Notre-Seigneur dit dans l'Évangile : Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront DIEU, c'est-à-dire : parce qu'ils le verront, non seulement dans le ciel par la claire vue de sa divine essence ; mais encore sur la terre par l'oraison, où il leur manifestera ses beautés adorables, et ses ravissantes amabilités.

Ce fut ce qu'expérimenta Mlle Le Ber, dès sa plus tendre enfance, à cause du soin qu'elle avait de mortifier ses sens et ses affections naturelles et de vivre par là dans un parfait recueillement. Voici ce que rapportent sur ce sujet, ses anciennes Maîtresses.

"De son recueillement naissait en elle un grand attrait pour l'Oraison, dans laquelle il semble que le Saint Esprit ait voulu être son premier maître. Son zèle pour l'Oraison était même si ardent, que n'étant encore qu'une petite enfant, on l'a trouvée souvent à l'écart, où elle s'était cachée pour prier DIEU. Si quelquefois pendant les récréations communes, on s'apercevait qu'elle avait disparu de la compagnie des autres pensionnaires : on était sûr de la trouver prosternée devant le Très-Saint Sacrement, ou devant quelqu'oratoire de la maison."

Heureuses les Maîtresses qui n'ont à reprendre dans leurs plus vertueuses élèves, que de semblables excès de ferveur !...


_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Mar 09 Oct 2012, 6:37 am

FIDELITE DE MLLE LE BER A GARDER LE SILENCE PRESCRIT AUX PENSIONNAIRES,

ET A MARCHER EN LA SAINTE PRESENCE DE DIEU.

SON AMOUR POUR LA MEDITATION.

(suite)

Heureuses les Maîtresses qui n'ont à reprendre dans leurs plus vertueuses élèves, que de semblables excès de ferveur ! Au lieu de nuire à l'édification des autres, ces excès laissent au contraire dans les esprits et dans les cœurs, des sentiments de respect et d'admiration, pour la fervente piété qui les fait entreprendre, et sont même pour les institutrices, le signe précoce et les heureuses prémices des fruits qu'elles espèrent pour l'avenir, de la part de leurs élèves, comme il a paru d'une manière incontestable dans Mlle Le Ber.

On peut croire raisonnablement, avec les Religieuses Ursulines, que cette sainte enfant, appelée de DIEU à un genre de vie tout angélique, comme on le verra bientôt, ne se séparait ainsi de ses compagnes, que par un mouvement particulier du Saint-Esprit, qui voulait donner dès lors des indices de sa vocation future. C'est ce que nous voyons aussi dans plusieurs saints personnages qui ont fait paraître, dès leur enfance, quelque signe du genre de vie extraordinaire, auquel ils étaient appelés.

Au reste cette sainte avidité avec laquelle Mlle Le Ber recourait ainsi à l'oraison, est une preuve assurée des joies célestes qu'elle goûtait dans ce saint exercice ; et montre bien, que si DIEU était l'unique objet de ses affections les plus tendres et les plus vives : c'est qu'il se plaisait à inonder de ses plus ineffables consolations, un cœur si généreux à lui témoigner à lui-même son amour.

Beaucoup d'enfants n'éprouvent aucun sentiment de joie dans la méditation, ni dans les autres exercices de piété, parce que leur cœur est embarrassé dans mille affections déréglées, qu'elles y portent avec elles, et dont elles refusent de faire le sacrifice à DIEU. Pour elles, ces exercices sont toujours un travail pénible et accablant: elles n'y vont que par coutume, n'y demeurent que par nécessité, n'y rencontrent que froideur, qu'ennui, que dégoût. Ah ! si elles étaient fidèles à débarrasser leur cœur de ces attaches qui le souillent; si elles voulaient une bonne fois se renoncer généreusement : DIEU leur ferait goûter aussi à elles-mêmes, combien son service est aimable, et elles expérimenteraient avec bonheur la vérité de cette parole : Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront DIEU. Ces enfants goûteraient plus de douceur, plus de véritables charmes, dans les exercices de piété, dans l'oraison, qu'elles n'en trouvèrent jamais dans leurs récréations et dans tous les autres divertissements les plus agréables. Enfin elles désireraient le moment où il leur serait donné de retourner à leurs exercices, que par une douce expérience, elles sauraient être pour elles, l'occasion des joies les plus pures, et du plus parfait bonheur, qu'elles puissent goûter ici bas.

A suivre : CHAPITRE V. DÉVOTION DE MLLE LE BER ENVERS LES SAINTS ANGES. SA PIÉTÉ ENVERS MARIE. SA RELIGION ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Mar 09 Oct 2012, 10:01 am

LIVRE PREMIER

Enfance de Mlle Le Ber. Son séjour au Pensionnat des Ursulines à Québec.

CHAPITRE V.

DÉVOTION DE MLLE LE BER ENVERS LES SAINTS ANGES. SA PIÉTÉ ENVERS MARIE. SA RELIGION ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.

L'application de Mlle Le Ber, à marcher en la présence de DIEU; le besoin que son cœur éprouvait, de s'entretenir avec lui, dans l'oraison ; l'empressement avec lequel elle saisissait toutes les occasions de recourir à ce saint exercice; enfin sa fidélité constante à plaire à DIEU en tout : de si heureuses dispositions, rendaient sa vie en quelque sorte, céleste, et semblaient l'avoir associée aux Anges, quoiqu'elle vécût encore dans un corps mortel. C'était sur le modèle de ces Esprits bienheureux, qu'elle réglait propre conduite, à cause de la vénération singulière, que dès sa plus tendre enfance, elle avait conçue pour eux. " L'idée des Saints Anges, qui sont sans cesse en la présence de DIEU dans le ciel," rapportent ses Maîtresses, " l'affectait d'une façon tout-à-fait extraordinaire ; et elle ne pouvait penser à ces bienheureux Esprits, sans éprouver dans son cœur, de grands sentiments de confiance et d'amour." Cette confiance, fondée sur la charité des Saints Anges pour nous, et sur leur puissance auprès de DIEU, portait Mlle Le Ber à recourir à eux, dans tous ses besoins ; et elle éprouva sensiblement l'effet de leur assistance, dans une multitude d'occasions, comme nous en rapporterons quelques exemples dans la suite de sa vie.

Parmi les Saints Anges, elle avait surtout recours à Saint Michel, et à son Ange Gardien. L'Archange St. Michel, qui avait pris si hautement le parti de DIEU, contré les anges rebelles, en s'écriant : Qui est semblable à DIEU? Ce prince de la milice céleste lui inspirait une particulière confiance, et elle recourait à lui dans ses tentations, afin qu'il l'animât de la force de DIEU, et qu'elle sortît toujours victorieuse du combat.

Mais son recours le plus ordinaire, était au Saint Ange sous la protection duquel DIEU l'avait placée, le jour de son baptême. Il serait impossible de dire le respect qu'elle lui témoignait, et la confiance qu'elle eut toujours, pour ce fidèle gardien de son innocence. Elle l'invoquait en toutes rencontres, s'entretenait intérieurement avec lui, lui demandait conseil dans ses doutes ; et comme les effets de son assistance qu'elle expérimentait, étaient sans nombre, ils ne servaient qu'à accroître en elle sa confiance, et à rendre plus habituel encore son recours vers lui.

Nous ne pouvons douter que les Saints Anges, nos frères aînés, ne soient pleins de charité pour nous, et très-puissants pour nous secourir ; ni que chacun de nous n'ait reçu à son baptême, un de ces Esprits bienheureux, pour veiller à sa conduite particulière. Comment se fait-il, cependant, que si peu de personnes recourent à eux, leur rendent quelques devoirs, ou même se rappellent leur souvenir ? Que l'exemple de Mlle Le Ber, vous porte à les honorer désormais ; et surtout à recourir à votre Ange Gardien, dans tous vos besoins, avec une confiance parfaite. C'est une sainte habitude, que les jeunes personnes doivent contracter dans leur séjour au pensionnat; afin d'invoquer toute leur vie, ce saint protecteur, et de mériter son assistance dans les occasions difficiles, qui pourront se présenter, surtout à l'heure de leur mort.

Une enfant aussi heureusement prévenue de la grâce, que l'était Mlle Le Ber, ne pouvait manquer d'avoir une sincère et fidèle dévotion…
A suivre.


_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Mer 10 Oct 2012, 6:11 am

DÉVOTION DE MLLE LE BER ENVERS LES SAINTS ANGES. SA PIÉTÉ ENVERS MARIE. SA RELIGION ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.


(suite)

Une enfant aussi heureusement prévenue de la grâce, que l'était Mlle Le Ber, ne pouvait manquer d'avoir une sincère et fidèle dévotion envers Marie, la véritable mère des chrétiens. On peut même dire, que cette dévotion, qu'elle semblait avoir puisée avec le lait maternel, fut le principe de sa piété et de toute sa vie angélique. Elle la fit éclater, dès son entrée au pensionnat des Ursulines de Québec. Elle s'y croyait même plus obligée qu'aucune autre de ses compagnes, à cause de la ville où elle était née : ayant coutume de dire, que la tendre et sincère dévotion envers cette divine Mère, devait faire le caractère particulier d'une fille de Ville-Marie, ville qui a été fondée, en effet, pour mettre en honneur cette dévotion dans toute l'Amérique Septentrionale.

Outre les mystères de Marie, qu'elle honorait avec le commun des chrétiens, son attrait particulier la portait à respecter les dispositions intérieures, avec lesquelles cette divine Vierge faisait toutes ses actions, et qui leur donnait tant de prix, même aux plus petites. Pour se sanctifier sur ce modèle admirable de la Vie intérieure de Marie, elle s'unissait dans ses actions, aux dispositions et aux sentiments qu'elle avait eus dans les siennes, quand elle vivait sur la terre : par exemple, en priant, en travaillant, en conversant ; afin de faire les mêmes actions dans des dispositions semblables. Nous ne nous étendrons pas ici sur les autres pratiques de sa dévotion envers la Très-Sainte Vierge ; le reste de cette vie n'offrira qu'une suite de moyens qu'elle employa jusqu'à sa mort, pour lui devenir de plus en plus conforme.

C'était en s'unissant ainsi aux dispositions intérieures de Marie, qu'elle aimait, surtout, à adorer JESUS au Très-Saint Sacrement: mystère qui fut toujours le centre de toutes ses dévotions, comme on le verra dans toute la suite de sa vie. Dès sa plus tendre enfance, elle avait donné des marques peu communes de ce respect profond. Aussi rapporte-t-on d'elle, qu'elle fit sa première communion avec des sentiments d'amour et de ferveur inexprimables ; et on le conçoit aisément de la part d'une telle enfant, en qui il paraissait sensiblement que DIEU avait mis ses plus douces complaisances. La ferveur qu'elle fît alors paraître, ne se ralentit jamais, en elle, comme il n'arrive, que trop souvent dans beaucoup d'autres jeunes personnes. Elle eut soin de l'entretenir et de l'accroître toujours davantage, après sa sortie du pensionnat, par la fidélité avec laquelle elle se préparait à la réception fréquente de ce divin Sacrement, l'objet de ses plus ardents désirs, et son véritable pain de vie.

A suivre : Livre second.



Dernière édition par Louis le Mer 10 Oct 2012, 2:40 pm, édité 2 fois (Raison : orthographe)

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Mer 10 Oct 2012, 12:14 pm

LIVRE SECOND


DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE,


CHAPITRE I.

RENTRÉE DANS LE MONDE, MLLE LE BER DEMEURE FIDÈLE
A TOUS LES EXERCICES DE PIÉTÉ, QU'ELLE AVAIT PRATIQUÉS AU PENSIONNAT.
LA MODESTIE DE SES VÊTEMENTS.


Après que MlleLe Ber eut achevé son éducation ; elle se sépara enfin de ses chères compagnes et de ses bonnes Maîtresses, dont elle emportait les justes regrets, et retourna à Ville-Marie auprès de ses parents. Ce fut vers l'année 1677 ; elle était alors âgée d'environ quinze ans. En quittant le couvent, elle ne changea presque rien à sa manière de vivre ; surtout elle n'abandonna aucun de ses exercices de piété. Elle savait que dans le monde, ces moyens de sanctification, lui seraient plus nécessaires encore, qu'ils ne l'étaient dans la solitude, à cause des dangers auxquels elle pourrait être exposée ; et au lieu de diminuer le nombre de ses dévotions, elle y en ajouta de nouvelles.

Bien différente de ces jeunes personnes, qui n'ayant pas pris le véritable esprit de la piété, pendant qu'elles faisaient leur éducation dans des maisons religieuses, se réjouissent de leur rentrée dans la maison paternelle, en pensant qu'elles pourront y vivre, enfin, dans une plus grande liberté. Hélas ! le premier usage qu'elles font de cette liberté funeste, c'est d'abandonner insensiblement leurs exercices de piété, alors qu'ils leur sont plus nécessaires ; et de quitter ainsi les armes au moment du combat.

Ce ne fut pas ainsi que se conduisit Mlle Le Ber, cette vierge sage et prudente. Dès qu'elle fut rentrée dans la maison de ses parents, son premier soin fut de se tracer à elle-même, et de soumettre à l'approbation de son directeur, un règlement de vie, où elle avait partagé avec sagesse et discernement le temps de la journée, entre la prière, la lecture, le travail et les autres devoirs domestiques. Ses pieux parents, convaincus qu'ils ne pouvaient mieux lui témoigner leur amour, qu'en secondant les mouvements de sa ferveur, bien loin de la gêner dans ses pratiques religieuses, lui facilitèrent, au contraire, avec joie, les moyens de s'y rendre fidèle, quoique quelques-uns pussent paraître extraordinaires, dans une jeune demoiselle de quinze ans.

Elle se levait tous les jours…


_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Jeu 11 Oct 2012, 6:21 am

RENTRÉE DANS LE MONDE, LLE LE BER DEMEURE FIDÈLE
A TOUS LES EXERCICES DE PIÉTÉ, QU'ELLE AVAIT PRATIQUÉS AU PENSIONNAT.
LA MODESTIE DE SES VÊTEMENTS.


(suite)

Elle se levait tous les jours de grand matin, et commençait la journée par employer une heure entière à l'oraison mentale, avant de se rendre à la première messe de la paroisse, à laquelle elle ne manquait jamais d'assister. Sa foi vive et ardente au dogme de la Présence réelle de JESUS-CHRIST sur l'autel, lui avait inspiré la pratique de se prosterner et de baiser publiquement la terre, au moment de l'élévation de la Sainte Hostie : ce qu'elle faisait toujours avec des sentiments de religion et d'humilité si vifs, si sincères, si profonds, que tous les assistants en étaient très sensiblement touchés et attendris.

Elle usait de la même pratique avant de s'approcher de la Sainte Table, toutes les fois qu'elle avait le bonheur de communier, ce qui lui arrivait très souvent ; et cette coutume de baiser la terre, qui pourrait paraître singulière, n'avait alors rien que d'édifiant pour les autres fidèles, à cause de la simplicité et de la ferveur qui régnaient dans la colonie. Lorsque Mlle Le Ber avait reçu la sainte communion, elle se retirait modestement dans quelqu'endroit de l'église plus éloigné de la foule. Si elle cherchait à être ainsi à l'écart, c'était afin d'y être moins distraite, moins remarquée par les assistants ; et aussi plus en liberté de se livrer aux transports de sa dévotion, durant le temps de son action de grâces, qu'elle prolongeait le plus qu'il lui était possible.

En outre, elle ne manquait jamais, quelque temps qu'il fit, d'aller tous les jours l'après-midi, à l'église pour rendre ses devoirs à Notre-Seigneur dans le Très-Saint Sacrement ; et là, on ne pouvait s'empêcher d'éprouver un profond sentiment de respect pour elle, en la voyant, dans une modestie ravissante, témoigner avec la ferveur d'un Séraphin, à ce bien aimé de son cœur, ses sentiments d'adoration de confiance et d'amour.

Nous remarquerons ici que l'année qui suivit la sortie de Mlle Le Ber du pensionnat, son père, conjointement avec M. Lemoyne, son oncle, fit présent à l'église paroissiale d'une lampe d'argent, qui brûla depuis, nuit et jour, devant le tabernacle. Par là, il avait voulu donner un témoignage public de son respect profond envers JESUS-CHRIST résidant dans ce mystère. Mais les hommages qu'il lui offrait tous les jours, par la ferveur de sa sainte fille, cet ange terrestre, honoraient bien plus encore les sentiments de sa religion devant ses concitoyens et devant Dieu.

Ce n'était pas seulement, en assistant au Saint Sacrifice, en y communiant, et en visitant le Très-Saint Sacrement, que Mlle Le Ber, édifiait toute la paroisse, …

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Jeu 11 Oct 2012, 12:33 pm

RENTRÉE DANS LE MONDE, MLLE LE BER DEMEURE FIDÈLE
A TOUS LES EXERCICES DE PIÉTÉ, QU'ELLE AVAIT PRATIQUÉS AU PENSIONNAT.
LA MODESTIE DE SES VÊTEMENTS.

(suite)

Ce n'était pas seulement, en assistant au Saint Sacrifice, en y communiant, et en visitant le Très-Saint Sacrement, que Mlle Le Ber, édifiait toute la paroisse, par sa modestie, et par sa tendre et fervente piété. Elle produisait des impressions semblables dans les cœurs, par d'autres actions de religion moins importantes; par exemple, quand elle présentait le pain béni à la grand-messe; et, ce qui est plus remarquable, quand elle quêtait à l'Eglise les jours de Dimanche : ce qu'elle ne refusait pas de faire à son tour. Cet usage régnait encore alors à Ville-Marie; mais on fut contraint de le supprimer dans la suite, à cause des abus, auxquels il donna occasion, à mesure que la ferveur des paroissiens vint à se ralentir.

Enfin, la modestie de Mlle Le Ber, lorsqu’elle marchait dans les rues, était encore un grand sujet d'édification pour toute la ville. Soit qu'elle allât à l'Eglise, ou qu'elle en revînt, on ne la vit jamais s'arrêter dans sa marche, pour converser avec les personnes de sa connaissance qu'elle rencontrait, ni entrer dans quelque maison pour y faire des visites. Son temps était trop précieux à ses yeux ; et après les conversations qu'elle prenait avec ses parents, et celles qu'elle avait quelquefois avec les Hospitalières de Saint Joseph et les Sœurs de la Congrégation, comme nous le dirons bientôt: elle employait son temps, tout entier, à des lectures de piété, au travail et à la prière.

Si Mlle Le Ber faisait déjà paraître tant d'éloignement pour le monde, ce n'est pas que, dès lors, elle n'eût pu s'y produire avec beaucoup d'honneur, et que même elle n'eut dû y être plus recherchée qu'aucune autre personne. De toutes les demoiselles canadiennes de condition, elle était sans contredit, la plus abondamment pourvue des avantages que le monde apprécie, estime et honore. Très-bien faite de corps, elle relevait encore l'extérieur de sa personne par un esprit naturellement vif, judicieux, pénétrant, que l'éducation avait cultivé avec soin, et orné de connaissances variées, utiles et agréables. La bonté de son cœur, sa générosité, sa sensibilité, jointes à un heureux mélange de modestie et de gaieté aimable, de douce gravité et d'enjouement, lui gagnaient aisément l'affection de tous. Elle était d'ailleurs d'une politesse exquise, et d'une grande affabilité; ne manquant jamais en rien aux devoirs de la bienséance, et s'en acquittant avec autant d'aisance et de naturel de sa part, que d'agrément et de satisfaction pour les autres. Enfin, elle appartenait à la famille la plus riche qui fut alors dans le pays ; et étant particulièrement chérie de ses parents, comme leur unique fille, elle était destinée, par un effet de leur prédilection, à recevoir pour sa dot cinquante mille écus : ce qui faisait de Mlle Le Ber le plus riche parti qu'il y eût alors dans toute la Nouvelle France.

Ses parents ayant donc formé le projet de l'établir dans le monde…

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Ven 12 Oct 2012, 6:27 am

RENTRÉE DANS LE MONDE, MLLE LE BER DEMEURE FIDÈLE
A TOUS LES EXERCICES DE PIÉTÉ, QU'ELLE AVAIT PRATIQUÉS AU PENSIONNAT.
LA MODESTIE DE SES VÊTEMENTS.


(suite)

Ses parents ayant donc formé le projet de l'établir dans le monde, désirèrent, après sa sortie du pensionnat, qu'elle portât dés vêtements analogues aux vues qu'ils avaient sur elle, et conformes d'ailleurs à sa condition. Quelque grande horreur qu'elle eût toujours eue pour les parures mondaines, Mlle Le Ber se soumit à la volonté de ses parents, et accepta par obéissance toutes celles qu'ils destinèrent pour son usage. Il est vrai que la conscience de Monsieur et de Madame Le Ber était trop éclairée et trop délicate, et leur religion trop pure, pour que, dans le choix et la forme des vêtements, ils pussent s'écarter jamais des règles que prescrit la modestie chrétienne. Ils n'ignoraient pas, que si, dans la diversité des conditions, qui règnent depuis le péché parmi les hommes, il est de l'ordre de la providence, que les personnes les plus élevées, soient distinguées des autres par leurs vêtements, comme les arbres sont distingués, entre eux, par leur forme, leurs fruits et leurs feuilles : c'est sans préjudice de la modestie, qui doit être également sacrée et inviolable dans toutes les conditions. Ils savaient, d'ailleurs, que les personnes élevées sont plus obligées encore que les autres à s'y conformer scrupuleusement, à cause de l'efficacité de leur exemple, qui est toujours la règle que les classes inférieures affectent de suivre, tant pour la forme des vêtements que pour les libertés qu'on se donne, dans la manière de se vêtir.

Hélas, de combien de maux, l'oubli d'un pareil devoir, n'a-t-il pas été, et n'est-il pas encore aujourd'hui la cause ! Que de modes immodestes, se sont introduites dans des paroisses entières, par la vanité de quelques mères, qui les ont autorisées d'abord dans leurs enfants ; et qui à cause de leur rang, ont été imitées à l'envi par toutes les autres mères! Que de péchés n'ont pas fait commettre, tant de nudités, faussement voilées, sous des tissus transparents, et par là plus funestes, plus meurtrières, plus criminelles ! Ce prétendu voile, qu'est-il autre chose, qu'un moyen astucieux de corruption, insidieusement ménagé pour enhardir une jeune personne à perdre toute retenue, et pour faire perdre aux autres toute pudeur. (*) …



A suivre: Le (*)


Dernière édition par Louis le Ven 12 Oct 2012, 12:53 pm, édité 1 fois (Raison : Explication complète du (*) dans le post suivant, soit celui du 12 octobre 2012 à 12 h 50.)

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Ven 12 Oct 2012, 12:50 pm

RENTRÉE DANS LE MONDE, MLLE LE BER DEMEURE FIDÈLE
A TOUS LES EXERCICES DE PIÉTÉ, QU'ELLE AVAIT PRATIQUÉS AU PENSIONNAT.
LA MODESTIE DE SES VÊTEMENTS.


[suite: (*)]

(*) Nos Seigneurs les premiers Evêques du Canada s'élevèrent avec force contre cette pernicieuse coutume dès qu'elle commença à s'y introduire ; et comme elle ne laissait pas de se répandre malgré les efforts de leur zèle, Monseigneur de St. Vallier, déclara incapables d'absolution, toutes les personnes qui refuseraient d'y renoncer, et défendit à tout prêtre de les absoudre.

(Statuts de Monseigneur de Saint Valier, lettre pastorale du 22 oct. 1686, p. 10 et 11, à Paris 1703 in 8º.)

" Après une mure délibération, et plusieurs assemblées et consultations, que nous avons faites sur ce sujet, avec diverses personnes de ce clergé, tant séculier que régulier, et de leur avis : nous avons cru ne pouvoir rien faire de plus efficace, pour apporter le remède à un si grand mal, que de faire comprendre aux filles et aux femmes, qui sont dans les modes blâmables du siècle, qu'elles ne peuvent en conscience sans se rendre coupables des péchés d'autrui, paraître soit au dedans, soit au dehors de leurs maisons, avec la gorge ou les épaules découvertes, ou n'ayant qu'un tissu transparent par dessus :

Déclarant, que si elles ne changent de conduite, la chose étant en leur pouvoir, elles seront exclues de l'absolution dans le tribunal de la pénitence, lorsqu’elles s'y présenteront, comme en étant tout-à-fait incapables. A quoi tous les confesseurs de ce diocèse tant séculiers, que réguliers, tiendront exactement la main; puisqu'autrement, ils en rendront un terrible compte au jugement de DIEU.

" Et afin que personne n'en prétende cause d'ignorance, nous voulons que cette présente lettre soit publiée au prône des paroisses; désirant de plus, que les curés en fassent publiquement la lecture à " leurs paroissiens, au moins une fois tous les ans."


(Statuts de Monseigneur de Saint Valier, lettre pastorale du 31 octobre 1690, p. 15.)

".... Nous vous défendons absolument d'absoudre les femmes et les filles, qui portent la gorge découverte et les épaules, soit au dedans, soit au dehors, de leurs maisons, ou qui ne les auraient couvertes que d'un tissu transparent. "


Ainsi par un renversement…

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Sam 13 Oct 2012, 7:15 am

RENTRÉE DANS LE MONDE,M LLE LE BER DEMEURE FIDÈLE
A TOUS LES EXERCICES DE PIÉTÉ, QU'ELLE AVAIT PRATIQUÉS AU PENSIONNAT.
LA MODESTIE DE SES VÊTEMENTS.


(suite)

Ainsi par un renversement déplorable, ceux que DIEU avait élevés dans la société, pour qu'ils servissent de modèle aux autres, et les attirassent à lui, ont semblé conspirer au contraire, à les en séparer, en éteignant dans une multitude de cœurs la vertu et l'innocence.

Mais si l'obéissance, que Mlle Le Ber devait à ses pieux parents, lui faisait accepter pour son usage, des vêtements précieux, quoique pourtant toujours conformes aux règles de la modestie : sa vertu ne lui permit jamais d'en tirer vanité, ni d'y mettre la plus légère complaisance. L'horreur qu'elle avait toujours eue des pompes du siècle, lui inspirait au contraire de l'éloignement et du dégoût pour toute recherche dans les habits; et ces parures brillantes, qui deviennent pour d'autres jeunes personnes, un sujet trop ordinaire de vaine ostentation et de désir de plaire, lui fournissaient à elle, autant d'occasions de mérite et de vertu. Comme la reine Esther, elle se confondait devant Dieu, lorsqu'elle était obligée de se revêtir d'atours superflus, lui protestant surtout alors, intérieurement, que son cœur ne s'attacherait jamais qu'à lui seul; et pour nourrir et entretenir en elle des sentiments si chrétiens, elle cachait, sous ses habits précieux, de rudes instruments de pénitence, quelque délicate que fût sa complexion.

Une jeune personne qui prend des précautions semblables, quand elle est obligée de se parer, n'a pas à craindre ni pour elle-même, ni pour autrui, les dangers de sa parure quelque brillante qu'on la suppose, pourvu qu'elle soit décente et modeste, comme le fut toujours celle de Mlle Le Ber.

A suivre : Chapitre II. POUR CONSERVER LE TRÉSOR DE SON INNOCENCE, Mlle LE BER NE SE PRODUIT DANS AUCUNE
ASSEMBLÉE DU MONDE. ELLE FRÉQUENTE LES SŒURS DE LA CONGRÉGATION.

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Sam 13 Oct 2012, 11:50 am

LIVRE SECOND


DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE.


CHAPITRE II.

POUR CONSERVER LE TRÉSOR DE SON INNOCENCE,
Mlle LE BER NE SE PRODUIT DANS AUCUNE
ASSEMBLÉE DU MONDE.
ELLE FRÉQUENTE LES SŒURS DE LA
CONGRÉGATION.


Quoique les parents de Mlle Le Ber la destinassent à l'état du mariage, et voulussent qu'elle fut vêtue selon sa condition, ils ne la produisirent jamais dans les brillantes réunions du monde, ni même dans ces assemblées privées, composées d'un petit nombre de parents et d'amis : étant persuadés que celles-ci souvent ne sont pas moins dangereuses. Ils aimaient trop sincèrement leur fille, pour l'exposer ainsi à perdre le trésor inestimable de son innocence, plus précieux que tous les biens qu'ils pouvaient lui laisser, et le seul qui pût la rendre véritablement heureuse. Leur conduite en ce point, pourra passer pour trop sévère, au jugement de bien des parents qui se disent chrétiens; mais combien qui se font d'étranges illusions sur cette matière importante !

A peine leurs filles sont-elles sorties des pensionnats, qu'ils leur procurent de ces sortes de réunions privées. Ils se proposent, disent-ils, de les former aux manières du monde, et de leur apprendre à le connaître ; et ils ne considèrent pas, que par les dangers auxquels ils les exposent, souvent ils leur font faire une triste expérience du mal, que peut-être elles avaient ignoré jusqu'alors. Comme si à cet âge critique, une jeune personne, n'avait pas assez d'ennemis intérieurs à combattre, qui font une guerre incessante à son imagination et à son cœur : ils lui en suscitent au dehors, par ces réunions, une multitude d'autres bien plus dangereux et plus perfides. Le choix et la qualité des personnes invitées à y prendre part; la confiance et l'ouverture qu'on s'y témoigne, entre personnes connues et amies ; la nature des conversations qu'on y tient; le genre des amusements qu'on s'y permet : tout concourt à faire les plus funestes impressions sur une jeune personne, qui voit que tous les regards sont fixés sur elle, et qu'elle est devenue l'objet de toutes les attentions.

Exposer son cœur à tous ces dangers, rendus plus séduisants encore par la présence d'un père ou d'une mère, qui les approuvent comme des amusements très-légitimes : n'est-ce pas, au fond, conspirer contre l'innocence, ou du moins tenter DIEU ouvertement ? Si ces parents sont encore chrétiens, comment peuvent-ils espérer, qu'au milieu de ces appas si dangereux pour le premier âge, le cœur d'une jeune personne, déjà si faible et si porté à s'attacher, demeurera fidèle à DIEU : tandis que dans les mêmes occasions, la vertu d'un Ange suffirait à peine ?

Monsieur et Madame Le Ber…

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Dim 14 Oct 2012, 7:00 am

POUR CONSERVER LE TRÉSOR DE SON INNOCENCE,
Mlle LE BER NE SE PRODUIT DANS AUCUNE
ASSEMBLÉE DU MONDE.
ELLE FRÉQUENTE LES SŒURS DE LA
CONGRÉGATION.


(suite)

Monsieur et Madame Le Ber, mieux instruits du grave devoir qu'ils avaient à remplir, et plus véritablement affectionnés à leur fille, lui facilitaient, au contraire, tous les moyens de conserver intacte l'innocence de son cœur. Quoiqu'elle fût très affable envers tous, elle n'eut jamais dans le monde, aucune amie particulière, qui fut l'objet spécial de ses affections. Les Religieuses de Saint Joseph, et les Sœurs de l'Institut naissant de la Congrégation, étaient les seules personnes qu'elle visitait à Ville-Marie : non pas toutefois qu'elle eût quelque désir d'entrer dans l'une ou l'autre de ces communautés : elle n'éprouva jamais d'attrait pour la vie religieuse ; mais pour s'entretenir de DIEU avec elles, et s'animer par leur sainte conversation, à la pratique de la vertu.

Parmi les religieuses de Saint Joseph, elle visitait particulièrement la mère Macé, vénérée de toutes ses compagnes comme une relique vivante. Elle avait commencé à la fréquenter dès l'âge de cinq ou six ans, lorsqu'elle allait à l'Hôtel-Dieu, pour y visiter Mlle Mance, sa marraine. Après son retour du pensionnat, elle lia de nouveau des rapports avec elle, et continua de la visiter, jusqu'au temps où elle se mit sa réclusion, comme nous le dirons bientôt.

Mais la personne qu'elle fréquentait le plus assidûment, était la Sœur Marguerite Bourgeoys, suscitée par la divine providence pour travailler à la sanctification des jeunes personnes du pays, et qui jetait alors les fondements de son Institut, connu depuis sous le nom de Congrégation de Notre-Dame. Les impressions de grâce que la vue et les entretiens de cette sainte Fondatrice, faisaient toujours éprouver à Mlle Le Ber; l'air de sainteté qu'elle respirait dans la maison de la Congrégation ; la piété singulière qu'on y témoignait pour Marie, honorée comme la Supérieure, la Reine et la Mère de cet Institut ; le nom seul de Congrégation de Notre-Dame: tous ces motifs avaient inspiré à Mlle Le Ber une prédilection bien méritée, une vénération profonde, et une affection inaltérable pour cette Sainte Maison, qu'elle aimait à fréquenter, et dont elle devint même l'une des plus signalées bienfaitrices.

Une personne aussi dévouée à Marie, et aussi désireuse de la faire connaître et aimer, que l'était Mlle Le Ber…


_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Dim 14 Oct 2012, 3:11 pm

POUR CONSERVER LE TRÉSOR DE SON INNOCENCE,
Mlle LE BER NE SE PRODUIT DANS AUCUNE
ASSEMBLÉE DU MONDE.
ELLE FRÉQUENTE LES SŒURS DE LA
CONGRÉGATION.


(suite)

Une personne aussi dévouée à Marie, et aussi désireuse de la faire connaître et aimer, que l'était Mlle Le Ber, ne pouvait en effet connaître la Fondatrice de la Congrégation, sans concevoir pour elle l'affection la plus sainte et la plus étroite. Car la Sœur Bourgeoys n'avait quitté sa patrie et ses parents, et ne s'était condamnée aux plus dures privations, que pour porter dans les esprits et dans les cœurs des jeunes personnes de cette colonie naissante, la connaissance et l'amour de Marie. C'était ce qu'elle n'avait cessé de faire depuis son arrivée dans le pays. Il est même à remarquer qu'en l'année 1678, un an environ depuis que Mlle Le Ber était sortie du pensionnat, la Sœur Bourgeoys, venait de faire construire la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours, dans l'intention d'augmenter par ce moyen la dévotion envers Marie, comme elle-même nous l'apprend dans un acte public, qu'elle déposa au greffe de cette ville, le 24 juin de la même année.

" Et d'autant que les filles de la Congrégation," dit-elle dans cet acte mémorable, " désireraient que la dévotion qu'elles ont toujours eue, pour la Très-Sainte Vierge leur mère, la fondatrice et la protectrice de leur maison, s'augmentât de jour en jour, se rendît encore plus publique au Mont Réal, qu'elle ne l'a été jusqu'à présent, et se perpétuât à la postérité ! elles ont demandé et obtenu, que la chapelle construite par elles, fût une annexe de leur paroisse, pour y servir de dévotion publique, et pour y faire honorer la très-Sainte Vierge, sous le titre de Notre-Dame de Bon-Secours."

Cette déclaration prophétique, que fait ici la sœur Bourgeoys, dont l'accomplissement littéral se vérifie chaque jour à nos yeux, par le concours spontané d'une multitude innombrable de pèlerins qui en ignorent entièrement l'existence: cette déclaration, visiblement inspirée de DIEU, suffirait seule pour démontrer la mission divine de la Sœur Bourgeoys dans cette colonie; et montre aussi de quel esprit de discernement et de sagesse divine Mlle Le Ber était animée, en donnant sa confiance et toutes ses affections à cette fille incomparable.

Dans son voyage de 1672, la Sœur Bourgeoys…

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Lun 15 Oct 2012, 6:05 am

POUR CONSERVER LE TRÉSOR DE SON INNOCENCE,
Mlle LE BER NE SE PRODUIT DANS AUCUNE
ASSEMBLÉE DU MONDE.
ELLE FRÉQUENTE LES SŒURS DE LA
CONGRÉGATION.


(suite)

Dans son voyage de 1672, la Sœur Bourgeoys avait amené de France douze ou treize coopératrices, à qui elle communiquait son esprit de zèle et de ferveur; et en outre, elle avait auprès d'elle, un certain nombre de jeunes personnes, nées à Ville-Marie, formées par ses soins, dès leur enfance, qui toutes, se préparaient aux emplois de la Congrégation. Plusieurs de ces dernières appartenaient à la famille de Mlle Le Ber, entre autres les Sœurs Françoise et Marguerite Lemoyne, ses cousines.

Le parfait dégagement du monde, que Mlle Le Ber admirait dans ces vierges chrétiennes, leur humilité sincère, leur simplicité évangélique, leur amour pour la pauvreté, la générosité de leur zèle pour la sanctification de l'enfance ; enfin, toutes les vertus dont elles offraient l'exemple à la Colonie, étaient pour Mlle Le Ber une sorte de parfum céleste, qui l'attirait fréquemment à la Congrégation ; et comme de son côté elle était, pour ces saintes filles, un sujet d'édification singulière, on recevait toujours ses visites avec beaucoup de satisfaction.

Toutes ces jeunes personnes lui offrirent autant de modèles de ferveur : l'une d'elles, cependant, par une disposition particulière de la divine Providence, la touchait plus encore que les autres. C'était une âme d'élite, qui par les attraits de grâce qu'elle éprouvait, et par sa fidélité à y correspondre, semblait marcher à grands pas dans la voie du dégagement parfait, où Mlle Le Ber était attirée elle-même ; et comme, par les entretiens qu'elles avaient ensemble, Mlle Le Ber se sentait toujours plus saintement élevée à DIEU, et plus étroitement unie à lui : elle se lia avec elle d'une amitié très étroite. Cette amitié, dont la vertu fut seule le motif et la fin, était un moyen ménagé par la divine providence à Mlle Le Ber, pour l'exciter à une perfection plus grande encore, que celle qu'elle avait pratiquée jusqu'alors, et à un détachement plus entier du monde et de toutes les choses de la terre. Elle ne quittait jamais sa sainte amie, qu'elle ne se sentit, en effet, attirée à ce détachement universel. C'était l'impression ordinaire qu'elle retirait de ses entretiens avec elle; et, pour la faire entrer plus réellement dans ce dépouillement total, condition nécessaire de la vie parfaite, DIEU voulut la détacher même de la présence et des entretiens d'une si sainte amie, qu'il retira de ce monde peu après.

A suivre : Chapitre III. LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION DÉTERMINE MlleLE BER A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE. ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS.


_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Lun 15 Oct 2012, 1:59 pm

LIVRE SECOND


DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE,


CHAPITRE III.

LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION
DÉTERMINE Mlle LE BER A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS.



La sainte amie, dont on vient de parler, parvenue déjà, malgré son jeune âge, au comble de la vie parfaite, était un fruit mûr pour le ciel ; et il semblait que Mlle Le Ber ne l'eût connue, que pour en faire à DIEU un sacrifice d'agréable odeur, qui devait faire descendre sur elle les bénédictions les plus privilégiées et les plus abondantes. Au lieu que les amitiés humaines, qui n'ont pour principe que la nature, séparent les cœurs d'avec DIEU, en les unissant les uns aux autres : les amitiés saintes, au contraire, les unissent toujours plus étroitement à lui, qui seul en est la source et la fin. Bien loin d'être éteintes par la mort, elles en deviennent plus étroites et plus pures; et excitent en nous le désir de nous réunir à nos amis, dans le sein de DIEU, en nous rendant les imitateurs de leurs saints exemples : tandis que les amitiés humaines, dans les personnes qui ne voient et n'espèrent rien au-delà de la tombe, ne peuvent laisser à la mort, qu'amertume, affliction et désespoir.

Une jeune fille de la ville de Corinthe, étant venue à mourir, sa nourrice qui l'aimait tendrement, alla, dans sa désolation, déposer sur la fosse de la défunte un panier d'osier, renfermant quelques petits objets, que celle-ci avaient aimés durant sa vie; et le couvrit d'une tuile, pour empêcher que la pluie ne les endommageât. (*) Ce vain et stérile hommage, fut tout le bien qu'une payenne put faire à celle qu'elle pleurait ; ce fut tout ce qu'elle put pour lui témoigner son affection, et pour se consoler elle-même du cruel et lugubre spectacle de cette mort, qui remplissait sa vie de tristesse et d'amertume. C'était toute la consolation des payens, à la mort de leurs amis ou de leurs proches : DIEU n'ayant pas encore renoué par l'Incarnation, les liens qui nous attachent à lui : ils n’envisageaient la mort qu'avec terreur , comme l'a remarqué St. Paul, et s'affligeaient sans aucune espérance .

Mais, qu'elles furent différentes, les impressions que fit sur le cœur de Mlle Le Ber, la mort précieuse de sa sainte amie!...


_______________________________________
(*) A l'endroit sur lequel le panier fut posé, (ajoute Vitruve, qui rapporte ce trait), se trouvait, comme par hasard, une racine d'acanthe. La plante vint à pousser au printemps ; et sortant par les ouvertures que le pied du panier laissait tout autour, les feuilles et les branches de l'acanthe s'élevèrent de toute part, et se recourbèrent sous les coins de la tuile, de manière à former une sorte d'enroulement très gracieux. Le sculpteur Callimaque, surnommé L'industrieux par les Athéniens, l'ayant aperçue, fut frappé de l'élégance que la disposition fortuite des feuilles, semblait donner à ce panier ; et jugea qu'un ornement de même forme, couronnerait dignement le fût des colonnes, qu'on avait coutume d'employer dans la construction des édifices. En effet, dans les mains de cet habile artiste, cet objet prit ce tour élégant et cette noblesse, qui règnent dans la magnifique composition des chapiteaux Corinthiens ; et telle fut l'origine de ces chapiteaux, qui prirent leur nom de celui de la ville de Corinthe, où l'on commença d'en faire usage.

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Mar 16 Oct 2012, 6:35 am

LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION
DÉTERMINE Mlle LE BER, A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS.

(suite)

Mais, qu'elles furent différentes, les impressions que fit sur le cœur de Mlle Le Ber, la mort précieuse de sa sainte amie! ici, rien que de doux, d'aimable, de consolant. Les touchants exemples de patience, d'obéissance, de piété, que cette digne fille de la Sœur Bourgeoys donna dans sa maladie; la joie inexprimable qu'elle fit paraître de quitter le monde, pour aller se perdre dans le sein de DIEU ; les empressements de son âme, sa sainte impatience de voler au devant du divin époux ; enfin, le bonheur céleste dont son cœur était inondé, la douce et profonde joie qu'elle goûta en s'endormant du sommeil des bienheureux : toutes ces circonstances, furent pour Mlle Le Ber, comme un parfum du ciel, qui pénétra et embauma délicieusement son âme. Elles firent même sur elle une impression si vive et si profonde : que dès ce moment, se considérant comme une personne qui n'aurait point encore commencé de servir DIEU , elle résolut d'être désormais à lui de la manière la plus parfaite.

La vue du corps de cette sainte défunte, que la mort semblait avoir embelli ; le calme parfait, l'expression de douceur, d'innocence, de sainteté et de béatitude célestes, qui brillaient sur son visage, fortifièrent encore dans Mlle Le Ber ces impressions ; et excitèrent dans son cœur une sainte émulation, pour marcher sur les traces de son amie. Car dès cet instant, toute son ambition eut pour objet, d'entrer, le plus parfaitement qu'il lui serait possible, dans les sentiments et les dispositions de cette âme bienheureuse ; afin de mériter à son tour la grâce d'une si précieuse mort.

A en juger, par les effets que cet événement produisit sur le cœur de Mlle Le Ber, on eût même dit, que la sainte défunte, voulut se survivre à elle-même dans la personne de son amie; et qu'en quittant son corps, elle lui eut laissé son esprit de consécration totale à DIEU, et de mort universelle au monde. Du moins, ce fut dès le moment de cette sainte mort, que Mlle Le Ber, ainsi qu'elle-même le déclara plusieurs fois depuis, prit la résolution généreuse et étonnante qu'elle exécuta bientôt après. N'éprouvant point d'attrait pour la vie religieuse, elle se proposa de vivre, dans la maison de ses parents, avec autant de recueillement et de séparation du monde, qu'on pouvait le faire dans les communautés les plus saintes et les plus ferventes ; et de retracer dans sa personne tout ce qu'elle avait pu admirer dans la vie des Saintes le plus étroitement unies à DIEU.

Elle était dans ces dispositions, lorsqu'une proposition…


Dernière édition par Louis le Mar 16 Oct 2012, 11:58 am, édité 1 fois (Raison : orthographe)

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Mar 16 Oct 2012, 11:58 am

LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION
DÉTERMINE MlleLE BER, A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS..


(suite)

Elle était dans ces dispositions, lorsqu'une proposition de mariage qu'on lui fit, la détermina à mettre sans délai son projet à exécution, en lui inspirant pour le monde plus d'éloignement encore, qu'elle n'en avait eu jusqu'alors. Ses parents, qui avaient toujours eu en vue de l'établir, désiraient beaucoup cette alliance, très honorable selon le monde et tout-à-fait dans leur goût. Ils n'omirent rien pour lui faire surmonter ses répugnances : mais tout ce qu'ils purent lui alléguer, ne fit que fortifier encore ses dégoûts. Plus on lui représentait les agréments et les douceurs innocentes qu'elle pouvait goûter dans le monde, plus elle en concevait d'éloignement et de mépris. En sorte qu'à la fin ses parents, pleins de respect pour la vertu d'une si sainte fille, cessèrent de la presser plus longtemps; ils consentirent qu'elle gardât le célibat dans la maison paternelle, et qu'elle y menât une vie cachée, sans prévoir encore alors, jusqu'où elle devait porter son amour pour la retraite et la solitude.

Jusqu'ici, la vie de Mlle Le Ber n'a rien offert, qui ne puisse servir de modèle, aux jeunes personnes désireuses de se sanctifier dans le monde. Fidèle, dans la maison paternelle, aux exercices de piété, qu'elle avait pratiqués dans le pensionnat ; elle évitait, pour se conformer à la volonté de ses parents, tout ce qui eût pu être taxé de singularité ou de négligence, dans la manière de se vêtir : quoiqu'en elle il n'y eut jamais rien qui ne fut exactement conforme aux règles de la modestie et de la décence. Elle s'abstenait de paraître dans les assemblées du monde, et dans toutes les réunions, où sa vertu eut pu recevoir quelque atteinte ; enfin, elle n'avait, et ne voulait avoir de rapports, qu'avec les personnes, qui par leurs vertus et leurs saints exemples, pouvaient contribuer à son édification. C'est ce que devrait faire toute vierge chrétienne, qui veut être fidèle aux engagements qu'elle a contractés, dans le Saint Baptême, en devenant enfant de DIEU.

Désormais, si le genre de vie que nous verrons embrasser à Mlle Le Ber, ne peut servir de modèle aux jeunes personnes destinées à vivre dans le monde : il sera, du moins, bien propre à les exciter à la ferveur, dans la pratique de leurs devoirs, en leur montrant quelle est la puissance de la grâce sur les âmes vraiment fidèles. Pour mettre à exécution…

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Mer 17 Oct 2012, 6:00 am

LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION
DÉTERMINE MlleLE BER, A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS..

(suite)
...Pour mettre à exécution la résolution généreuse qu'elle avait prise, à l'occasion de la mort de sa sainte amie, de vivre entièrement séparée du monde; elle voulut d'abord se lier à DIEU par le vœu perpétuel de chasteté. L'attrait qu'elle avait toujours eu, dès son enfance, pour la solide vertu ; le mépris qu'elle n'avait cessé de témoigner, pour les vanités du monde; le refus de l'alliance qu'on venait de lui proposer ; les impressions de grâce qu'elle éprouvait, depuis la mort de sa sainte amie ; enfin la vie très innocente qu'elle avait constamment menée : tous ces motifs semblaient offrir les garanties désirables, pour qu'on pût prudemment lui permettre de prononcer ce vœu.

Néanmoins, son directeur, M. Séguenot, prêtre du Séminaire, qui avait dirigé ses premiers pas dans la voie de la vertu, ne jugea pas à propos qu'elle s'engageât, ainsi, pour toujours. Quoiqu'il n'eût aucune raison pour douter de la solidité de ses résolutions, ni de sa constance à les garder inviolablement : il trouva qu'elle était trop jeune encore, pour se lier d'une manière irrévocable ; c'était en l'année 1679, et Mlle Le Ber n'avait guère que dix-sept ans. Il fut donc d'avis qu'elle ne prononçât ce vœu que pour l'espace de cinq ans ; afin qu'après cette épreuve, elle put user de sa liberté, si ses dispositions étaient changées à l'égard du mariage ; ou qu'elle pût, avec plus d'assurance, s'engager irrévocablement par un vœu perpétuel, si elle persévérait dans la résolution de n'avoir que JESUS pour époux.

Quelque grand désir qu'elle eut eu d'un engagement irrévocable : elle se soumit avec joie à la décision de son confesseur. Car on ne vit peut-être jamais une obéissance, plus prompte, plus franche, ni plus entière que ne l'était la sienne ; à l'égard de toutes les personnes, qui lui tenaient la place de DIEU. Mais, si elle fut obligée de mettre des bornes à la durée de son vœu ; elle n'en mit aucune à la sainte ferveur avec laquelle elle le prononça. On le comprend assez de la part d'une âme déjà si parfaite, qui ne respirait que la vertu la plus pure, et n'aspirait qu'à DIEU seul.

Ce lien qui ne changeait rien à sa manière de vivre…

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Mer 17 Oct 2012, 12:35 pm

LA MORT ÉDIFIANTE D'UNE DES SŒURS DE LA CONGRÉGATION
DÉTERMINE MlleLE BER, A VIVRE ENTIÈREMENT SÉPARÉE
DU MONDE.
ELLE FAIT VŒU DE CHASTETÉ POUR CINQ ANS..


(suite)

Ce lien qui ne changeait rien à sa manière de vivre, et ne lui imposait que ce qu'elle avait pratiqué jusqu'alors avec bonheur, fut cependant pour cette vierge vraiment sage, l'occasion d'un redoublement dans la ferveur de l'amour divin. Se considérant comme l'heureuse épouse de JESUS, elle lui consacra son cœur, ses désirs, ses affections, ses pensées de la manière la plus universelle.

Elle s'appliqua à elle-même ces paroles du Cantique des Cantiques, que l'époux céleste, adresse à l'âme son épouse, pour l'exciter à la fidélité parfaite et à la délicatesse de l'amour : Ma sœur, ma bien aimée; mettez-moi comme un cachet sur votre cœur, comme un cachet sur votre bras. Elle voulut donc que son cœur fut scellé et fermé à tout ce qui n'était pas JESUS ; que rien n'entrât dans son cœur que pour JESUS, que rien aussi n'en sortit que pour lui seul ; qu'enfin, il fût comme un cachet sur son bras, c'est-à-dire, que toutes ses actions, figurées dans l'Ecriture par les mains et par les bras, n'eussent pour fin que la gloire de JESUS, et pour motif que son pur amour. Dans ce dessein, elle demanda longtemps avec beaucoup d'instances, et obtint à la fin de son directeur et de ses parents, de rompre tout commerce avec le monde, en gardant dans la maison paternelle, une solitude profonde, ainsi que nous allons le raconter au chapitre suivant.

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET - Page 2 Empty Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET

Message  Louis Jeu 18 Oct 2012, 6:58 am

LIVRE SECOND

DEPUIS LA SORTIE DE MLLE LE BER DU PENSIONNAT,
JUSQU'À SON ENTRÉE À LA CONGRÉGATION EN QUALITÉ DE RECLUSE.


CHAPITRE IV.

Mlle LE BER SE SENT APPELÉE A VIVRE
EN RÉCLUSION DANS LA MAISON PATERNELLE.
SES PIEUX PARENTS CONSENTENT A CE DESSEIN.


L'Esprit Saint, unique sanctificateur de l'Eglise, excite les cœurs des fidèles, à fuir le péché et à se détacher des créatures, afin de s'unir à DIEU seul. Pour les y déterminer, il leur fournit quelquefois des moyens extérieurs très efficaces; et dans ce dessein, il a suscité autrefois, des hommes d'éminente vertu, en qui il a fait paraître cette horreur du péché, et ce détachement du monde dans un degré héroïque. Tous ces solitaires célèbres; ces anachorètes fameux, qui parurent dans les premiers siècles de l'Eglise: Saint Paul ermite, Saint Antoine et tant d'autres, dont la vie semblait tenir du prodige, et qui peuplèrent autrefois les déserts : que furent-ils autre chose, dans les desseins de la divine Providence, qu'autant de prédicateurs puissants, qui par leur retraite du monde, l'austérité de leurs mœurs, et la sainteté de leur vie, reprochaient aux payens leur vie sensuelle et profane, en même temps qu'ils excitaient les fidèles à la perfection, et à la pratique exacte de tous leurs devoirs ? Cette sorte de prédication, quoique muette, fut toujours très efficace sur les cœurs ; et l'histoire nous apprend, entre autres exemples, les conversions sans nombre, que Saint Siméon Stylite opéra du haut de sa colonne, sur les foules de payens et de chrétiens, qui le visitaient à l'envi.

Pour produire de semblables effets sur les femmes, par des exemples qui leur fussent plus appropriés, DIEU suscita aussi dans les premiers temps de l'Eglise, non seulement des pénitentes fameuses, telles que Sainte Marie d'Egypte; mais encore d'innocentes vierges, qui séparées de tout commerce avec le monde, vivaient dans une réclusion volontaire et perpétuelle, sans avoir d'autre communication qu'avec les personnes chargées de les servir. Sulpice Sévère, fait remarquer, dans ses Dialogues, que ces exemples étaient assez fréquents, hors de la province de Tours du temps de Saint Martin. (*) La ferveur de ces vierges, ainsi séparées de tout commerce extérieur, semble avoir donné lieu aux communautés cloîtrées, formées ensuite sur ce modèle ; et elle fut, dans les premiers temps de l'Eglise, un moyen ménagé par la divine Providence, pour frapper les personnes du sexe, nouvellement sorties de l'idolâtrie, et les porter efficacement à la pratique de la perfection.

Dans la formation de l'Église du Canada, DIEU…


________________________________
(*) B. Sulpicii Severi, Dialog. II, de Virtutib. Martini. B. Martinus magnificans Virginis illius reclusæ, cum exultatione virtutem, inusitato, in his duntaxat regionibus, gaudebat exemplo.

_________________
Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis
Louis
Admin

Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Page 1 sur 6 1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivant

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum