Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.

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Message  Louis Lun 10 Sep 2012, 8:24 pm

XVI. La sœur Bourgeoys s'adresse à un Père jésuite,
qui la confirme dans sa vocation pour le Canada.


Dans les dispositions où elle était alors, si celui à qui elle devait s'adresser lui eût conseillé d'entrer chez les carmélites, il est naturel de penser qu'elle eût renoncé au dessein de son voyage, qui peut-être eût été rompu pour toujours ; et à ne considérer les choses que selon les règles ordinaires de la prudence, il semble qu'on ne pouvait guère lui donner un autre conseil.

Mais la vocation de la sœur Marguerite était étroitement liée avec le dessein de DIEU sur la nouvelle chrétienté de Villemarie, où, comme nous l'avons fait observer, il voulait répandre l'esprit de la sainte famille par trois nouvelles communautés, dont une, spécialement destinée à retracer la vie de la très-sainte Vierge, devait être instituée par la sœur elle-même. Il ne permit donc pas que son dessein fut traversé, ni que cette sainte fille, qui cherchait à connaître sa volonté avec tant de pureté d'intention, fût exposée à la méconnaître dans cette circonstance.

Pour la lui manifester clairement, il lui inspira la pensée d'aller s'adresser aux RR. PP. Jésuites de la rue Saint-Antoine ; et, sans le savoir, elle se présenta à l'un de ces Pères qui connaissait le Canada (1). C'était l'ange que DIEU lui avait destiné pour lui rendre le calme par une réponse nette et précise. Ce Père, à peine informé des merveilles de sa vocation, la confirma dans le dessein de continuer son voyage, et l'assura de la manière la plus expresse qu'elle faisait en cela la volonté de DIEU. Remplie alors de confiance et la paix succédant dans son esprit et dans soi cœur au trouble qui l'avait quelque temps agitée elle va remercier les personnes qui lui avaient fait des propositions si bienveillantes, et, sans différer davantage, elle arrête sa place pour partir le lendemain (1).

On ne saurait méconnaître ici la sagesse de la divine Providence…

________________________________________________________________

(1) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p.55-56.

A suivre…

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Message  Louis Mer 12 Sep 2012, 6:06 am

XVI. La sœur Bourgeoys s'adresse à un Père jésuite,
qui la confirme dans sa vocation pour le Canada.
(suite)


On ne saurait méconnaître ici la sagesse de la divine Providence dans le moyen qu'elle inspira à cette sainte fille pour être fixée dans sa vocation. La sœur avait déjà entendu parler du séminaire de Saint-Sulpice, établi depuis plus de douze ans à Paris. Ses liaisons avec M. de Maisonneuve ne lui avaient pas laissé ignorer que M. Olier, supérieur de ce séminaire, était alors le directeur et le mobile de la compagnie de Montréal (2).

Ayant été chargée de faire elle-même, avec les fonds fournis par le séminaire, diverses emplettes à Paris pour l'embarquement (3), on ne peut pas douter qu'elle n'eût entendu parler de M. de Bretonvilliers, curé de Saint-Sulpice, qui désirait ardemment de passer lui-même en Canada, et qui était déjà, par ses largesses, le principal soutien de l'œuvre de Villemarie (4).

Cependant, dans cette circonstance où il s'agissait pour la sœur Marguerite de se déterminer sur son avenir, au lieu d'avoir recours à quelques-uns des ecclésiastiques de Saint-Sulpice, elle est poussée intérieurement à s'adresser aux RR. PP. Jésuites; et c'est un religieux de cette compagnie qui la confirme dans sa vocation.

Nouveau trait de la sagesse avec laquelle DIEU veillait sur le dessein des trois communautés, afin d'en être reconnu l'auteur, et d'empêcher que dans la suite on ne put l'attribuer aux hommes (*).


(*) Ce fut aussi la conduite de la Providence dans la vocation de M. de la Dauversière, destiné à instituer pour le même dessein la Congrégation des sœurs de Saint-Joseph. On verra en effet, dans l' Histoire de la colonie de Villemarie, que les RR. PP. Jésuites, alors les seuls directeurs de sa conscience, l'assurèrent, après avoir examiné longtemps sa vocation, qu'elle était vraiment l'ouvrage de DIEU, et firent même les premières démarches pour qu'il pût obtenir la propriété de l'île de Montréal (1), condition préalable à l'exécution d'une vocation si extraordinaire.

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson. Archives des Hospitaliers de la Flèche.
___________________________________________________________

(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1649 à 1650.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu, par la sœur Morin.
(4) Mémoires sur M. de Bretonvilliers, par M. de Bourbon, p. 17 — Extraits de la Vie du même, composée par M. Baudrand, p. 148.
A suivre : XVII. Voyage de Paris à Orléans...

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Message  Louis Jeu 13 Sep 2012, 6:28 am

XVII. Voyage de Paris à Orléans. Humiliations que la sœur y reçoit.


Le lendemain du jour où la sœur Marguerite avait ainsi été fixée dans sa généreuse résolution, elle partit pour Orléans : « Ayant, dit-elle, quinze écus blancs pour mener toutes les hardes de M. de Maisonneuve, et quelques autres emplettes que j'avais eu à faire par commission (1). »

Dans la voiture publique qui la conduisait, elle n'était connue de personne, et comme elle s'était présentée seule avec son petit paquet, et sous le costume le plus simple que portaient alors les personnes dévotes de la classe commune, on la regarda d'abord comme une fille sans conséquence, et bientôt comme une personne suspecte qu'on ne devait recevoir qu'avec peine clans une honnête compagnie (1). Aussi de Paris à Nantes eut-elle à essuyer les plus dures humiliations, ainsi qu'elle-même nous l'apprend.

« Au voyage d'Orléans, écrit-elle, en une hôtellerie où il n'y avait que des hommes logés, la dame de la maison, qui était fort âgée, refusa de me recevoir; et comme tous ces hommes me disaient plusieurs paroles fâcheuses, je ne pouvais m'écarter du cocher. Mais il se trouva un monsieur habillé de noir, qui prit mon parti ; et cette femme me permit de passer la nuit sur son lit, où je me couchai tout habillée.

« En un autre gîte on refusa aussi de me loger. Il y avait cependant encore quelques chambres et trois lits pour des personnes qui pouvaient payer ; je m'offris à payer et à passer la nuit auprès du feu, mais cela ne me fut pas accordé. Cependant un charretier ayant prié de me loger, disant qu'il était de mon pays et qu'il paierait tout, on me conduit dans une chambre éloignée. Je ferme la porte, et la barricade de tout ce que je puis trouver, et, tout habillée, je me mets sur un lit. Quelque temps après, on frappe à la porte, on tâche de l'ouvrir, on appelle. Après toutes ces importunités, je m'approche de la porte pour voir si elle était bien fermée ; et je parlai à cet homme comme si j'eusse été une personne de grande considération, lui disant que je ferais mes plaintes, et que je saurais bien le trouver. Enfin il se retira; mais j'entendis bien du bruit autour de ma chambre. Le lendemain matin je levai la tapisserie, et alors une porte ouverte qui se trouvait là, et un tas d'hommes qui dormaient couchés sur la place après avoir fait débauche, m'avertirent (du danger dont DIEU m'avait préservée durant cette nuit). On disait que depuis la guerre, tous ces gens étaient méchants et furieux (1) »

_____________________________________________________

(1) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 56.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XVIII. Voyage d'Orléans à Nantes…


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Message  Louis Ven 14 Sep 2012, 6:04 am

XVIII. Voyage d'Orléans à Nantes.
Saintes industries de la sœur. Nouvelles humiliations qu'elle reçoit.


Échappée à ce péril, la sœur Bourgeoys partit de grand matin, et s'embarqua sur la Loire, pour se rendre d'Orléans à Nantes. Il se trouvait dans le bateau douze ou treize passagers, parmi lesquels il n'y avait qu'une seule femme et son enfant ; et toutefois la sœur eut la pieuse adresse d'engager toute cette compagnie d'hommes à sanctifier le voyage par plusieurs pratiques de dévotion. Chaque jour on disait le chapelet, on récitait l'office de la très-sainte Vierge, et on faisait encore une lecture de piété. Il arriva même qu'un jour de samedi la sœur obtint du maître du bateau de forcer la route et de marcher la nuit, pour qu'on s'arrêtât dans un endroit où l'on pût entendre la sainte messe (1).

Lorsqu'on fut arrivé à Saumur, on mit pied à terre afin de coucher dans cette ville. Une nouvelle humiliation y attendait la sœur Bourgeoys. Comme on la vit débarquer avec une troupe d'hommes, c'en fut assez pour faire naître des soupçons sur sa vertu; et malgré les bons exemples qu'elle avait donnés pendant toute la route, elle fut exposée à un affront semblable à celui qu'elle avait essuyé deux fois dans le voyage de Paris à Orléans. On refusa de la loger à l'hôtellerie, sans que ceux de sa compagnie parussent prendre beaucoup de part à son humiliation, comme il arrive ordinairement aux gens de bien méprisés. Elle accepta ce nouveau refus avec reconnaissance envers la bonté divine, s'estimant heureuse de participer encore dans cette occasion aux humiliations que la très-sainte Vierge avait reçues elle-même à Bethléem.

Cependant un particulier de la ville, honnête et charitable, touché de son maintien grave et modeste, lui offrit le couvert, qu'elle ne crut pas devoir refuser dans cette nécessité où la mettait la divine Providence. Le lendemain il fut aisé de remarquer combien DIEU se plaisait à bénir l'humilité de sa servante ; car l'affront qu'elle avait reçu la veille en présence de toute la compagnie, ne diminua rien de l'estime de tous les passagers pour elle, ni de l'autorité que sa vertu lui donnait sur eux; en sorte qu'on continua le voyage aussi saintement qu'on l'avait commencé; et après quelques jours on arriva enfin à Nantes (1).

_____________________________________________________

(1) Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 39. — Vie de la sœur, 1818. p. 57.
(1) Vie de la sœur, 1818. p. 57.
A suivre : XIX. Humiliations que la sœur reçoit à Nantes.


Dernière édition par Louis le Sam 15 Sep 2012, 12:17 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Sam 15 Sep 2012, 6:15 am

XIX. Humiliations que la sœur reçoit à Nantes.


Parmi les passagers qui étaient descendus sur la Loire avec la sœur Bourgeoys, il y avait un jeune homme destiné pour le Canada, qui allait attendre à Nantes M. de Maisonneuve pour s'engager à son service. En débarquant dans cette ville, ce jeune homme, plein d'estime pour la sœur, voulut absolument se charger de son paquet, ce qu'elle ne lui permit qu'à regret, et par pure complaisance; et ce fut encore pour elle un nouveau sujet d'humiliation. Accompagnée du jeune homme, elle demande la maison de M. Lecoq, négociant à Nantes : c'était l'adresse que M. de Maisonneuve lui avait donnée. Ce négociant était peu connu dans la ville sous le nom de M. Lecoq : on l'y nommait ordinairement M. de la Beaussonnière (2) (*).

Elle allait donc à l'aventure de côté et d'autre en s'informant de la demeure de M. Lecoq, que personne ne savait lui indiquer. Enfin l'ayant rencontré lui-même dans une rue sans le connaître, et s'étant adressée à lui :

« C'est moi-même, » lui répondit-il ; et il ajouta aussitôt :

« Ne seriez-vous pas la personne au sujet de laquelle je viens de recevoir une lettre de M. de Maisonneuve, qui me prie de la recevoir chez moi comme je le recevrais lui-même?

— C'est moi, Monsieur, » répondit-elle à son tour, en lui remettant une lettre de recommandation dont M. de Maisonneuve l'avait chargée.

Sur-le-champ M. Lecoq lui indique sa maison et l'invite à l'y devancer, en attendant qu'il ait terminé quelques affaires pour lesquelles il était sorti (1).

Elle s'y rendit, et c'était là que l'attendait l'humiliation dont nous avons parlé. La femme de M. Lecoq, la voyant suivie du jeune homme qui portait son paquet, en conçut une idée très-défavorable, et refusa absolument de la recevoir. Sans être déconcertée par un procédé si peu attendu, la sœur Bourgeoys se retire dans une église voisine. C'était celle des Dominicains, où l'on faisait en ce moment une procession en l'honneur du saint Rosaire. Elle assiste dévotement à la cérémonie, et retourne ensuite chez Mme Lecoq, de qui elle reçoit un nouvel affront ; car elle ne craignit pas cette fois de lui reprocher en face d'être accompagnée du jeune homme qui portait son paquet; et comme la sœur ne pouvait lui montrer la lettre de recommandation de M. de Maisonneuve, qu'elle avait laissée entre les mains de M. Lecoq, cette bonne dame persistait à lui refuser l'entrée de sa maison, lorsque enfin son mari arriva.

Alors, après des excuses proportionnées à l'affront qu'elle se reprochait d'avoir fait à la sœur, elle s'empressa de lui faire le meilleur accueil qu'elle put (1); et comme on ne tarda pas à reconnaître la vertu et le mérite de la sœur, on s'efforça de la traiter dans cette maison avec tous les égards possibles.

(*) Dans les actes d'engagement pour Villemarie, passés en 1653, par Lafousse, notaire à la Flèche, M. Lecoq est qualifié: Maître Charles Lecoq, sieur de la Beaussonnière.

_________________________________________________________
(2) Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 39.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818. p. 57-58.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818. p. 58-59.
A suivre : XX. A Nantes on cherche à inspirer à la sœur des doutes sur sa vocation pour le Canada.


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Message  Louis Dim 16 Sep 2012, 6:39 am

XX. A Nantes on cherche à inspirer à la sœur
des doutes sur sa vocation pour le Canada.


Mais dans le séjour qu'elle fit à Nantes, elle fut bientôt en proie à de nouvelles inquiétudes sur sa vocation, et les plus vives peut-être qu'elle eût jamais éprouvées. On eût dit que l'ennemi de tout bien, prévoyant les fruits abondants de salut qu'elle devait produire, voulût faire un dernier effort pour l'empêcher de partir. En attendant le jour de l'embarquement, elle s'était adressée pour la confession à un religieux carme, par un effet de l'affection particulière qu'elle portait à l'ordre du Carmel, sans prévoir que ce choix de sa part dût être pour elle l'occasion de nouveaux troubles. Sur ces entrefaites, le provincial des Carmes de la province de Paris, dont elle avait refusé les offres, lui écrivit une lettre pour l'assurer de nouveau qu'il la ferait recevoir dans tel couvent de son ordre qu'elle souhaiterait. « Ce bon religieux, ajoute-t-elle, me pressait fort là-dessus (1). »

La sœur Bourgeoys, qui ne se conduisait que par obéissance, crut qu'avant de répondre au provincial pour le prier d'agréer son refus, elle devait informer son confesseur de cette réponse. Elle fit donc part à ce dernier de la lettre du provincial ; et cette ouverture la mit dans la nécessité de lui faire connaître aussi les démarches qu'elle avait faites à Troyes, par l'avis de son directeur, pour être reçue parmi les Carmélites ; le refus qu'elle avait éprouvé de leur part ; les offres si bienveillantes qu'elle venait de refuser elle-même à Paris ; et d'ajouter enfin qu'elle était sur le point de s'embarquer avec M. de Maisonneuve pour aller faire l'école aux petites filles de Villemarie. Son confesseur, à ce récit, jugea qu'elle ferait beaucoup mieux de demeurer en France et de suivre sa première vocation ; et il semblait que la prudence ordinaire, d'après laquelle il devait se conduire dans cette occasion, ne lui permettait pas de porter un autre jugement sur sa pénitente. « Il me fit scrupule, dit-elle elle-même, de n'être point carmélite, en ayant l'occasion (1). »

Ce bon religieux lui commanda donc d'écrire à Paris (2) ; et pour lui obéir, elle écrivit en effet deux lettres, l'une probablement au provincial lui-même, et l'autre sans doute à Mlle de Bellevue. Nous ignorons ce qu'elles contenaient; la sœur Bourgeoys fait remarquer cependant que, ces lettres étant restées sans réponse, elle tomba alors dans les inquiétudes les plus vives sur le parti qu'elle devait prendre (3) ; et cette circonstance autorise à penser qu'elle avait exposé dans sa réponse les signes extraordinaires de sa vocation pour le Canada, et qu'elle priait le provincial des Carmes de juger lui-même devant DIEU si elle devait la suivre ou y renoncer.

_____________________________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys
(1) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.
(2) Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 40.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys
A suivre : XXI. Désolation de la sœur Bourgeoys. DIEU …

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Message  Louis Dim 16 Sep 2012, 11:59 am

XXI. Désolation de la sœur Bourgeoys.
DIEU lui rend le calme en la fixant sur sa vocation.


Dans le même temps M. de Maisonneuve, qui était arrivé à Nantes, reçut de son côté une lettre anonyme dans laquelle on semblait vouloir alarmer la délicatesse de sa conscience. On lui donnait à entendre que cette fille ayant une vocation marquée pour être carmélite, il ne pouvait pas contrarier les desseins de DIEU sur elle en la transportant ainsi au delà des mers, et que, puisque la Providence lui offrait l'entrée de cet ordre, il était de son devoir de ne pas s'opposer à ce qu'elle y fût reçue (1).

Cette lettre que M. de Maisonneuve montra à la sœur Bourgeoys (2), les craintes qu'inspirait à celle-ci son nouveau confesseur de résister à la volonté de DIEU en quittant la France, enfin le silence qu'on semblait affecter à son égard après les deux lettres qu'elle avait écrites ; toutes ces considérations jettent la sœur Bourgeoys dans une désolation intérieure qu'il serait difficile d'exprimer.

Tout éplorée, elle entre dans la première église qui se présente devant elle; c'était celle des Capucins, où le saint Sacrement était exposé. Là, prosternée, elle répand son cœur avec une grande abondance de larmes en la présence de NOTRE-SEIGNEUR , et lui proteste de nouveau que son unique désir est de connaître et d'accomplir en tout sa sainte volonté, aux dépens même de sa vie. DIEU, qui l'avait permis cette rude épreuve que pour purifier de plus en plus la générosité et le dévouement de sa servante, ne différa pas de l'exaucer. Car à l'instant même, le cœur inondé d'une joie toute céleste, et l'esprit éclairé d'une vive lumière, elle connaît sans ambiguïté le dessein de DIEU sur elle, et se trouve toute résolue de persévérer jusqu'à la mort dans le dessein de servir DIEU à Villemarie (1).

« En un moment, écrit-elle, toutes mes peines furent changées ; je reçus là une très-forte impression et une très-grande assurance qu'il fallait faire le voyage, et je revins de l'église avec une entière conviction que DIEU voulait que j'allasse en Canada (2). »


__________________________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 42. — Vie de la même, 1818. p. 60.
(2) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 40-41. — Vie de la même, 1818. p. 59.
(2) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson. Écrits autographes de la sœur.
A suivre : XXII. M de Maisonneuve donne ordre pour le départ…

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Message  Louis Lun 17 Sep 2012, 6:00 am

XXII. M. de Maisonneuve donne ordre pour le départ.
Attentions de M. Lecoq pour la sœur.


Quant à M. de Maisonneuve, dont on avait essayé de surprendre la religion et la délicatesse, il n'était pas homme à se laisser intimider par de vaines terreurs, ni par les remontrances de personnes qui n'osaient pas se faire connaître. Après toutes les précautions qu'on avait prises à Troyes pour s'assurer de la volonté de DIEU à cet égard, il lui suffisait de connaître les dispositions de la sœur Bourgeoys elle-même ; et ayant appris de sa propre bouche qu'elle était plus résolue que jamais de suivre sa vocation pour Villemarie, il mit tout en œuvre pour presser l'embarquement.

Malgré les troubles et les inquiétudes de conscience auxquels la sœur Bourgeoys avait été en proie pendant son séjour à Nantes, elle avait su gagner l'estime et l'affection de la famille de M. Lecoq par sa douceur, sa charité et son empressement à rendre dans cette maison toutes sortes de bons offices ; en sorte qu'on ne la voyait partir qu'à regret. Par égard et par reconnaissance pour elle, non-seulement M. Lecoq ne voulut rien recevoir pour le passage ni pour la pension de la sœur Bourgeoys, mais encore il eut l'attention de lui procurer les commodités ordinaires du voyage, dont elle s'occupait bien peu elle-même. Dans ce dessein, il fit embarquer un lit complet qu'il lui donna ; et sachant qu'elle s'était interdit l'usage du vin, il voulut y suppléer par une provision d'eau douce, dont le défaut fait beaucoup souffrir en mer (1).

La recrue de M. de Maisonneuve, choisie avec beaucoup de soins, principalement dans les provinces de Maine et d'Anjou (2), se composait de 108 hommes, tous gens de cœur et en état de défendre la colonie contre les barbares (3). Comme ce secours était absolument nécessaire à sa conservation et même à celle de Québec, la compagnie de Montréal employa à cette dépense une somme très-considérable, que la sœur Morin, religieuse de Saint-Joseph, suppose avoir été donnée en grande partie par le séminaire, de Saint-Sulpice. Elle ajoute : « Ma sœur Bourgeoys, qui avait fait les achats et les provisions nécessaires à cette recrue, m'a dit que la dépense avait monté à 75,000 livres (4). » La compagnie s'engagea encore à payer annuellement à chacun de ces hommes les gages dont on était convenu avec eux, et leur fit même des avances pour faciliter leur établissement dans le pays (1). Enfin, le 20 juin 1653, tous s'embarquèrent dans la rade de Saint-Nazaire, sur le vaisseau appelé le Saint-Nicolas de Nantes, sous la conduite du capitaine Pierre Le Besson (2).

____________________________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 42-43. — Vie de la même, 1818. p.60-61.
(2) Actes de Lafousse, notaire à Laflèche, 1653.
(3) Histoire du Montréal, par Dollier de Casson.
(4) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
(1) Archives du séminaire de Villemarie, engagements de 1653.
(2) lbid. Actes de Belliotte, notaire à Saint-Nazaire , 20 juin 1653.
A suivre : Chapitre III. TRAVERSÉE DE LA SŒUR BOURGEOYS EN CANADA…


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Message  Louis Lun 17 Sep 2012, 2:57 pm

CHAPITRE III

TRAVERSÉE DE LA SŒUR BOURGEOYS EN CANADA.
SES OCCUPATIONS PENDANT LES QUATRES PREMIÈRES ANNÉES
DE SON SÉJOUR À VILLEMARIE.



I. Accidents divers que la sœur éprouve dès le commencement de la navigation.

La sœur Bourgeoys avait pensé qu'elle serait seule de son sexe sur le navire ; elle fut agréablement surprise d'y trouver plusieurs vertueuses compagnes, destinées pour Villemarie. « M. de la Dauversière, dit-elle, envoya pour l'embarquement la femme Milot, Marie du Mans, une autre femme avec son mari et quelques filles (3). »

Toutefois cette satisfaction fut tempérée par divers accidents qui donnèrent à la sœur l'occasion d'acquérir bien des mérites dans le cours de ce voyage. « M. Lecoq, maître du navire, rapporte-t-elle, fit mettre plusieurs barriques d'eau pour mon usage, et même plus qu'il n'en aurait fait embarquer pour une seule personne, à cause que je ne buvais point de vin (1). » Cette précaution était excessive à l'égard de la sœur Bourgeoys, accoutumée à ne boire jamais qu'une fois le jour, dans une très-petite tasse de cuir, qu'elle portait toujours avec elle, et en une quantité qui n'était jamais suffisante pour la désaltérer.

Toutefois elle ne profita pas de cette attention de M. Lecoq. « Quand le navire fut hors de la vue du port, dit-elle, l'eau me fut refusée, et il fallut boire du breuvage des matelots. » Pendant toute la traversée, on ne lui servit en effet qu'une eau croupie et corrompue, dont, au reste, elle se montra toujours très-contente, à cause de son grand esprit de pénitence et de mortification (2). Un accident qui l'affligea davantage peu de jours après rembarquement, fut la perte d'un paquet précieux qui lui était confié.

Mme de Chuly, sœur de M. de Maisonneuve, avait eu soin de faire pour son frère une très-riche provision de linge fin et de dentelles de prix, dont les hommes de sa condition usaient alors ; la sœur Bourgeoys pendant la traversée en ayant formé un paquet, il arriva que ce paquet tomba par hasard dans la mer, et que, malgré tous les mouvements qu'elle se donna pour le recouvrer, il fut perdu sans retour. Ne connaissant point encore le caractère généreux et élevé de M. de Maisonneuve, et ne doutant pas qu'en homme du monde il ne fût très-sensible à cette perte, que l'on ne pouvait réparer en Canada, elle va, triste et toute tremblante, lui en faire l'aveu. Mais elle fut aussi agréablement surprise qu'édifiée de la manière dont M. de Maisonneuve reçut cette nouvelle : il ne fit que rire en l'apprenant, et dit à la sœur qu'il était bien aise de cette perte, puisque lui et elle étaient débarrassés par là du soin importun de ces ornements de vanité (1).


____________________________________________________________

(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Ibid.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818. p.61.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
A suivre : II. La recrue pour Montréal est obligée de relâcher à Saint-Nazaire.

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Message  Louis Mar 18 Sep 2012, 6:30 am

II. La recrue pour Montréal est obligée de relâcher à Saint-Nazaire.


Un autre accident plus sérieux ne tarda pas à alarmer toute la recrue. En partant de Saint-Nazaire, à peine avait-on levé l'ancre, qu'on s'était aperçu que le navire était pourri et faisait eau de toutes parts. Comme cependant on était fort en bras, ayant, outre l'équipage ordinaire, 108 hommes pour Montréal, on espéra qu'on pourrait étancher le vaisseau. Mais inutilement. Quoique les gens fussent à la pompe jour et nuit, ils ne pouvaient en venir à bout, et enfin l'eau commençait à gagner et à endommager les provisions; en sorte qu'après avoir fait trois cent cinquante lieues en mer, on fut contraint de revenir à terre et de relâcher à Saint-Nazaire d'où l'on était parti. (2)

« En approchant de terre, dit la sœur Bourgeoys, nous périssions sans le secours que, par la grâce de DIEU, nous reçûmes des habitants de ce lieu-là. J'étais fort en peine de nous voir dans ce danger, car nous étions près de 120 passagers sans prêtre, et nos 108 soldats étaient mal préparés pour mourir, aussi bien que tout le reste. M. de Maisonneuve fît mettre tous ses soldats dans une île d'où l'on ne pouvait s'échapper, car autrement il n'en serait pas demeuré un seul. Il y en eut même qui se jetèrent à la nage pour se sauver, car ils étaient comme des furieux et croyaient qu'on les menait à la perdition. Il fallut bien du temps pour trouver et préparer un autre navire, et pourvoir aux autres besoins ; en sorte que l'on ne fit voile que le « jour de sainte Marguerite, 20 juillet, après avoir entendu la sainte messe à l'église (1). »

________________________________________________

(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818. p.62-63.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

à suivre : III. La maladie se met sur le vaisseau…

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Message  Louis Mar 18 Sep 2012, 11:16 am

III. La maladie se met sur le vaisseau.
Zèle de la sœur Bourgeoys
à assister les malades et les disposer à la mort.


Mais comme l'œuvre de Villemarie, à laquelle cette recrue devait se dévouer avec tant de résolution et de courage, était une œuvre sainte, pour laquelle la plupart d'entre eux eurent dans la suite le bonheur de verser leur sang, il plut à DIEU de les préparer tous à leur sacrifice par de nouvelles épreuves, et de prendre même déjà pour lui les prémices de cette troupe choisie. Car la maladie s'étant bientôt déclarée sur le navire, il y eut un grand nombre de malades, et « des cent huit hommes, que M. de Maisonneuve conduisait, il en mourut huit en mer (1). »

Ce fut pour la sœur Bourgeoys une occasion de déployer sa charité, en leur prodiguant à tous les services qu'elle pouvait leur rendre et en les préparant à mourir saintement.

« Dans cette traversée, dit M. Dollier de Casson, elle n'eut pas de médiocres peines : y ayant eu quantité de malades, elle les servit tous, en qualité d'infirmière, avec un soin indicible (2). »

Jour et nuit elle était auprès d'eux, elle les consolait dans leurs maux, et leur distribuait libéralement tout ce qu'elle recevait de la charité du capitaine et de celle de M. de Maisonneuve. Car celui-ci lui envoyait de sa table, à laquelle elle ne voulut jamais prendre place, tous les aliments convenables; elle ne les acceptait que pour les donner aux malades, se contentant pour son usage de la nourriture ordinaire de l'équipage, et même de la plus modique ration.

Enfin son séjour dans le navire fut une véritable et continuelle mission : elle instruisait avec soin les matelots et les soldats, leur faisait exactement le catéchisme, récitait elle-même les prières du matin et du soir, et faisait souvent des lectures spirituelles et d'autres exercices de piété, sans que les incommodités ordinaires à ceux qui ne sont pas accoutumés à la navigation, ralentissent jamais l'ardeur de sa charité (1).

_____________________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818. p.61.
A suivre : IV. Extrémité où est réduit le Canada avant l'arrivée de M. de Maisonneuve.

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Message  Louis Mer 19 Sep 2012, 6:19 am

IV. Extrémité où est réduit le Canada
avant l'arrivée de M. de Maisonneuve.


Pendant que la recrue était en mer, ceux de Québec et de Villemarie, en proie aux plus vives inquiétudes pour eux-mêmes, se voyaient comme sans défense, exposés à toute la fureur des Iroquois. M. de Lauson, gouverneur du Canada, ayant envoyé durant ce temps une barque à Villemarie, les hommes qu'elle portait n'osèrent s'approcher du château, s'imaginant qu'il n'y avait plus aucun Français dans ce poste et qu'il était tombé au pouvoir des Iroquois. C'est pourquoi ils retournèrent à Québec et y annoncèrent cette nouvelle, qui ne tarda pas cependant à être démentie par ceux de Villemarie.

De son coté, Mlle Mance, qui avait engagé M. de Maisonneuve à passer en France pour amener cette recrue et sauver Montréal, impatiente de ne pas le voir arriver, prit le parti de descendre à Québec, pour apprendre de ses nouvelles par les vaisseaux qui pouvaient venir d'Europe (2). Elle partit accompagnée de quelques soldats de Villemarie qui songeaient à retourner en France (3), désespérant sans doute de conserver plus longtemps cette colonie. Mais à peine Mlle Mance, en descendant le fleuve Saint-Laurent, avait-elle perdu de vue les Trois-Rivières, que ce lieu fut bloqué par 600 Iroquois, entre les mains desquels elle serait tombée pour peu qu’elle eût différé son départ de Villemarie. La nouvelle de ce blocus jeta la consternation à Québec, et fit désirer avec plus d’impatience encore l’arrivée de M. de Maisonneuve. Cependant les colons de Villemarie délivrèrent heureusement les Trois-Rivières ; et on apprit enfin par un navire venu de France que M. de Maisonneuve était en mer avec plus de 100 hommes (1).


______________________________________________________

(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : V. Prières qu'on fait à Québec pour l'arrivée de M. de Maisonneuve.


Dernière édition par Louis le Mer 19 Sep 2012, 4:50 pm, édité 1 fois (Raison : balise)

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Message  Louis Mer 19 Sep 2012, 4:31 pm

V. Prières qu'on fait à Québec pour
l'arrivée de M. de Maisonneuve.
Allégresse qui éclate à son arrivée.



Cette nouvelle ayant fait renaître la confiance dans ceux de Québec et des côtes, on s'empressa de faire des prières pour son arrivée, et on le surnommait déjà le libérateur du pays (2).

« Les Iroquois ont fait tant de ravages en ces quartiers, écrivait, le 12 août de cette année 1653, la mère de l'Incarnation, religieuse de Québec, qu'on a cru quelque temps qu'il fallait repasser en France. L'habitation de Montréal leur a puissamment résisté et donné la chasse avec perte de leurs gens. Il vient du secours de France, ce qui console tout le pays; car c'eût été une chose déplorable, s'il eût fallu venir à cette extrémité que de quitter. Mais enfin nous attendons le secours que M. de Maisonneuve, gouverneur de Montréal, amené de France, où il est allé exprès (1).»

Toutefois, comme on ignorait en Canada que M. de Maisonneuve avait été obligé de relâcher à Saint-Nazaire, et qu'on était surpris qu'il tardât tant d'arriver, ce retard fit naître les plus vives inquiétudes ; « et à la fin, dit la sœur Bourgeoys, on n'avait guère plus d'espérance que nous dussions arriver (2). »

Pour hâter la venue de ce secours si ardemment désiré et si nécessaire au salut du pays, ceux de Québec firent des prières publiques, on exposa pendant plusieurs jours le très-saint Sacrement, jusqu'à ce qu'enfin DIEU, touché de leur ferveur, daigna les exaucer (3).

« Nous arrivâmes le jour de Saint-Maurice…

__________________________________________________

(2) Histoire du Montréal, ibid
(1) Lettres de Marie de l’Incarnation, Paris, 1681, in-4º, IIe partie, lettre XLVIII , p. 504
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Histoire du Montréal, ibid

A suivre…

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Message  Louis Jeu 20 Sep 2012, 6:02 am

V. La sœur Bourgeoys raconte le songe qu'elle a eu.
M. de Maisonneuve lui offre de la conduire à Villemarie.
(suite)


« Nous arrivâmes le jour de Saint-Maurice, 22 septembre (*), dit la sœur Bourgeoys; mais on ne prit point garde à une arête, qui s'enfonça tellement dans le navire, en arrivant devant Québec, que les grandes marées ne purent le relever, et qu'il fallut le brûler sur la place. Notre arrivée redonna de la joie à « tout le monde (1). »

On rendit en effet des actions de grâces solennelles à DIEU en chantant le Te Deum dans l'église de Québec (2).

Le Père Le Mercier, jésuite, dans la relation de cette année, exprimait ainsi la satisfaction publique après l'arrivée de M. de Maisonneuve :

« Le secours extraordinaire, qu'on a envoyé par le dernier embarquement, a donné de la joie à tout le pays. Quelques personnes de mérite et de vertu, qui aiment mieux être connues de DIEU que des hommes, ayant donné de quoi lever une bonne escouade d'ouvriers semblables à ceux qui rebâtissaient jadis le temple de Jérusalem, maniant la truelle d'une main et l'épée de l'autre, ils sont plus d'une centaine de braves artisans, tous savants dans les métiers qu'ils professent, et tous gens de cœur pour la guerre. DIEU bénisse au centuple ceux qui ont commencé cet ouvrage, et leur donne la gloire d'une sainte persévérance pour le mettre à chef (3) !»


(*) M. Dollier de Casson, dans l'Histoire du Montréal, dit que la sœur arriva le 27 septembre. Mais la remarque que fait ici la sœur Bourgeoys elle-même, en disant que ce fut le propre jour de Saint-Maurice, montre qu'elle arriva en effet le 22, et que par conséquent la date du 27 est une aberration de l'écrivain dans le manuscrit de M. Dollier.
____________________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys. Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 44. — Vie de la même, 1818, p. 62.
(2) Histoire du Montréal. Ibid.
(3) Relation de ce qui s’est passé l’été de 1652 jusqu’à l’été de 1653, par le P. François Le Mercier, chap. iie, p. 10-11.
A suivre : VI. État d'abandon où était alors rétablissement de Québec…

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Message  Louis Jeu 20 Sep 2012, 11:27 am

VI. État d'abandon où était alors rétablissement de Québec.
On veut y retenir la recrue de M. de Maisonneuve.


Ce témoignage du Père Le Mercier et l'allégresse qui éclata à Québec, à l'arrivée de ces cent hommes, font assez comprendre quelle devait être la faiblesse de cet établissement, malgré les engagements que la grande compagnie avait pris depuis longtemps de l'accroître, et de lui donner de la consistance. Rien ne peint mieux l'état d'abandon où il était, que ce que la sœur Bourgeoys rapporte de la surprise qu'elle éprouva en y arrivant. « Il n'y avait alors à la haute ville de Québec, dit-elle, que cinq ou six maisons, et dans la basse ville que le magasin des PP. Jésuites et celui de Montréal. Les hospitalières étaient habillées de gris. Enfin tout était si pauvre, que cela faisait pitié (1). »

Aussi M. de Lauson, gouverneur général pour la grande compagnie, fit-il tous ses efforts afin de retenir à Québec la recrue de M. de Maisonneuve et de l'empêcher de monter à Montréal, et il fallut toute la fermeté de ce dernier pour triompher des oppositions qu'il rencontra dans cette circonstance. M. de Montmagny, prédécesseur de M. de Lauson, sous le spécieux prétexte que la colonie de Montréal ne pourrait jamais se maintenir, avait usé déjà de semblables procédés, quoique avec aussi peu de succès, tant à l'égard des premiers colons conduits en 1641 par M. de Maisonneuve, que de tous ceux que la compagnie de Montréal n'avait cessé d'envoyer depuis pour fortifier cet établissement.

Bien plus, comme on avait essayé de retenir à Québec Mlle Mance à son arrivée en Canada, quoiqu'elle y fût venue pour établir l'Hôtel-Dieu de Villemarie (1), on fit aussi quelques tentatives pour y fixer la sœur Bourgeoys après son débarquement. « Les Ursulines, dit-elle, me firent la grâce de m'offrir leur maison; mais ce n'était pas où je désirais demeurer (2). »

________________________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653 ; de 1640 à 1641. — Histoire du Canada, par M. de Belmont.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : VII. La sœur Bourgeoys se lie d'une sainte amitié avec Mlle Mance.

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Message  Louis Ven 21 Sep 2012, 6:09 am

VII. La sœur Bourgeoys se lie d'une sainte amitié avec Mlle Mance.


En arrivant, elle alla loger au magasin de la compagnie de Montréal (3), et s'empressa de donner tous ses soins à ceux des passagers qui n'étaient pas encore entièrement guéris de la maladie qui s'était déclarée dans la traversée. Ce fut alors qu'elle eut l'avantage de connaître Mlle Mance, et que ces deux saintes âmes, destinées par la divine Providence à travailler de concert, quoique d'une manière différente, à la formation et à la sanctification de la colonie de Villemarie, se lièrent d'une sainte et très-étroite amitié (4). Dès son arrivée à Québec, M. de Maisonneuve s'empressa en effet de faire connaître à Mlle Mance le caractère et la vertu de la sœur Bourgeoys, qu'il ne cessait d'admirer toujours davantage à mesure que ses rapports avec elle devenaient plus intimes et plus habituels.

« J'amène, lui dit-il, une excellente fille nommée Marguerite Bourgeoys, personne de bon sens et de bon esprit, et dont la vertu est un trésor qui sera un puissant secours au Montréal. Au reste, c'est encore un fruit de notre Champagne, qui semble vouloir donner à ce lieu plus que toutes les autres provinces réunies ensemble (1). »

M. de Maisonneuve faisait ici allusion au pays de Mlle Mance et au sien propre, car l'un et l'autre étaient nés dans cette province. Il lui raconta en détail l'entrée de la sœur Bourgeoys dans la congrégation externe de Troyes, les grands exemples de perfection qu'elle y avait donnés, le choix qu'on avait fait d'elle pour la charge de préfète pendant douze années consécutives, enfin toutes les circonstances de sa vocation à Villemarie, et les espérances qu'il avait conçues d'elle pour l'instruction et la sanctification des jeunes personnes de cette colonie.

Mlle Mance, apprenant tous ces détails de la bouche de M. de Maisonneuve, considéra dès ce moment la sœur Bourgeoys comme une compagne et une sœur que la grâce de DIEU lui avait préparée pour seconder son zèle, et lui donna sa plus entière confiance.

_________________________________________________

(3) Ibid.
(4) [i] Histoire du Montréal de
1652 1653.
(1) Histoire du Montréal, ibid.

A suivre VIII. Changement que la grâce opère dans les cent hommes à leur arrivée en Canada.

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Message  Louis Ven 21 Sep 2012, 1:27 pm

VIII. Changement que la grâce opère
dans les cent hommes à leur arrivée en Canada.


Ces deux saintes amies n'eurent pas cependant alors la consolation de se communiquer leurs pensées et leurs vues aussi librement qu'elles l'auraient désiré. Mlle Mance retourna promptement à Montréal, afin d'annoncer elle-même l'arrivée de M. de Maisonneuve et de sa recrue, et laissa la sœur Bourgeoys à Québec, où sa présence était nécessaire pour fournir aux soldats les provisions de chaque jour (1). En arrivant dans cette ville avec les 100 hommes, la sœur eut l'occasion de se convaincre par elle-même des changements merveilleux que la grâce opérait sur la plupart de ceux qui se dévouaient à l'œuvre de Villemarie (2).

Quoiqu'on eût pris toutes les précautions désirables pour former cette recrue d'hommes intègres et vertueux, la sœur, comme on l'a vu, ne jugeait pas qu'ils fussent tous disposés à mourir saintement, lorsque, en arrivant à Saint-Nazaire, le navire avait été sur le point de faire naufrage. Il est même à remarquer que, dès les premiers jours de la traversée, plusieurs de ces hommes, qui n'avaient pas le cœur assez pur, ni l'intention assez droite, pour ne penser que du bien de leur prochain, avaient conçu quelques soupçons sur M. de Maisonneuve, à cause de ses attentions pour la sœur Bourgeoys (3).

Mais lorsqu'ils eurent connu la vertu de l'un et de l'autre, ils n'eurent plus pour eux que de l'estime et de la vénération. Enfin en mettant le pied sur la terre du Canada, ils semblèrent être changés en des hommes nouveaux. « Mlle Mance retourna à Montréal, dit la sœur Bourgeoys, et je restai seule à Québec pour faire fournir les provisions aux soldats, ils étaient doux comme de vrais religieux, ce qui me donnait bien de la joie d'aller avec eux à Villemarie ; et peu de temps après leur arrivée dans ce lieu, ces cent hommes étaient changés comme le linge qu'on a mis à la lessive (1). »

Le séjour de la sœur Bourgeoys à Québec fut plus prolongé qu'elle ne l'aurait désiré, à cause du refus qu'on faisait de donner à M. de Maisonneuve les barques nécessaires pour conduire sa recrue, quoiqu'on lut obligé à lui en fournir. M. de Lauson espérait que par là il les retiendrait à Québec; mais M. de Maisonneuve déclara que ces hommes avaient trop coûté à la compagnie de Montréal pour qu'il en laissât un seul ; et enfin, étant venu à bout de se procurer des barques, il remonta le fleuve Saint-Laurent, faisant passer tout son monde devant lui et marchant le dernier pour ne laisser personne (2).

_____________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 43-44. — Vie de la même, 1818, p.62.
(3) Relation de ce qui s’est passé en la Nouv.– France, de 1642 à 1643, par le Père Vimont, chap. v, p. 5.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson.
A suivre : IX. Arrivée des cent hommes à Villemarie…

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Message  Louis Sam 22 Sep 2012, 6:25 am

IX. Arrivée des cent hommes à Villemarie.
Leur activité pour fortifier cette place. Leur piété.


Ce fut une joie inexprimable à Villemarie de voir arriver M. de Maisonneuve avec sa recrue de cent hommes ; ce n'était de toutes parts qu'actions de grâces qu'on rendait à. DIEU et spécialement à la très-sainte Vierge, aux prières de laquelle on avait attribué jusque-là, avec tant de raison, la conservation si providentielle de cette colonie fondée pour sa gloire (3).

Tous les hommes, à peine arrivés à Villemarie, s'empressèrent de défricher des terres, d'abattre et de scier des arbres, et de préparer, chacun selon son état, avec une activité infatigable, les matériaux nécessaires pour élever promptement des bâtiments en charpente et sortir enfin du fort où la petite colonie était renfermée.

On commença par construire, aux frais des seigneurs, l'église de l'hôpital ; on augmenta de beaucoup le corps de logis de cette maison, auquel on donna quatre-vingts pieds d'étendue (env. 24 m.) sur trente (env. 18 m.) de profondeur (1) ; et pour que MlleMance ne fût plus obligée de l'abandonner par la crainte des Iroquois, et de se retirer dans le fort avec ses malades, on construisit tout auprès deux redoutes, que l'on fournit d'armes et de munitions, afin de s'y défendre en cas d'attaque (2).

Plusieurs d'entre les colons élevèrent pour leur propre usage des maisons auprès de l'hôpital. M. de Maisonneuve fit construire, aux frais des seigneurs, une redoute sur le haut du coteau Saint-Louis, indépendamment d'une autre qui était au-dessous de ce coteau (3); et, pour aider les colons à s'établir ainsi hors du fort, la compagnie de Montréal leur donna à chacun une somme, à condition qu'ils demeureraient toute leur vie dans l'île, tant qu'elle ne serait pas abandonnée par la compagnie , ou qu'ils rendraient cette somme s'ils venaient à la quitter d'eux-mêmes (1).

Enfin…

_________________________________________________

(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(1) Histoire du Montréal, de 1653 à 1654. — Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
(2) Archives du séminaire de Villemarie : mémoire de Mlle Mance sur les dépenses faites par les seigneurs, etc.
(3) Ibid. Acte du 2 février 1654 entre M. de Maisonneuve et les sieurs Bondy, Godin et Janot.
(1) Engagements du séminaire de Villemarie, engagements de 1654.

A suivre…

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Message  Louis Sam 22 Sep 2012, 11:10 am

IX. Arrivée des cent hommes à Villemarie.
Leur activité pour fortifier cette place. Leur piété.
(suite)


Enfin au printemps suivant 1654, Mlle Mance sortit du fort pour occuper les bâtiments de l'hôpital, qu'on n'abandonna plus depuis. La petite colonie était, en effet, si bien unie entre elle, si dévouée au bien commun, elle montrait tant de résolution à se maintenir à Villemarie, qu'elle inspira bientôt de la terreur aux Iroquois, malgré leur grand nombre (2).

Rien de plus touchant que la charité désintéressée et courageuse de ces fervents colons les uns pour les autres. M. de Maisonneuve avait formé parmi eux une compagnie de soldats désignée sous le titre de compagnie de la très-sainte Vierge , qui devaient être toujours dans la disposition de sacrifier leur vie pour conserver celle des autres colons, et qui pour cela faisaient tour à tour la garde auprès des habitations et des champs, où les sauvages avaient coutume de se cacher pour les surprendre.

« M. de Maisonneuve, dit la sœur Bourgeoys, en avait associé soixante-trois, dont le nombre fait neuf fois sept, pour honorer le nombre des années que la très-sainte Vierge a passées comme on croit sur la terre. Tous les dimanches il en marquait pour communier chaque jour de la semaine, et leur faisait une exhortation.

Quand les soldats montaient la garde, c'était toujours avec des prières; et s'ils avaient quelque devoir religieux à remplir, on les conduisait pour cela à l'église; ils y faisaient leurs dévotions et quelques prières dont ils paraissaient fort contents (1). »

_______________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1653 à 1654.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : x. La sœur Bourgeoys n'a d’abord aucun enfant à instruire…


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Message  Louis Dim 23 Sep 2012, 6:46 am

X. La sœur Bourgeoys n'a d’abord aucun enfant à instruire.
M. de Maisonneuve lui donne le soin de sa maison.


Dans l'état ou était encore la colonie, la sœur Bourgeoys ne pouvait guère avoir occasion d'exercer son zèle pour l'éducation chrétienne des enfants, car jusque alors on avait eu soin de n'envoyer à Montréal que des célibataires ; et il y avait eu à peine quelques mariages depuis l’établissement de la colonie. Mais cette année M. de Maisonneuve ayant permis à ses soldats de s'établir (2), il y eut quatorze mariages (3) ; ce qui faisait espérer que dans peu d'années la sœur Bourgeoys aurait des enfants à instruire et à former.

Une autre cause qui avait empêché de sentir jusque alors le besoin d'une institutrice, c'est que tous les enfants français, nés à Villemarie, depuis l’établissement de cette colonie, étaient morts en bas âge. « On a été environ huit ans, dit la sœur Bourgeoys, sans pouvoir garder d'enfants à Montréal; ce qui donnait bonne espérance, puisque DIEU prenait les prémices. La première qui est restée vivante fut Jeanne Loysel, que l'on me donna à quatre ans et demi, et qui a été élevée et a demeuré à la maison jusqu'à son mariage avec Jean Bourdon. Jean Desroches est venu après Jeanne Loysel (1). »

En attendant que la sœur pût se rendre utile aux enfants, M. de Maisonneuve lui donna le soin de sa maison et le maniement de tous ses intérêts domestiques, dont il s'occupait si peu lui-même ; car il vivait dans un esprit de désintéressement comparable à celui du religieux le plus fervent. Elle demeura ainsi, les quatre premières années de son séjour à Villemarie (2), dans le fort où résidait M. de Maisonneuve (3).

Il la considérait cependant non comme une servante, mais comme une personne d'une vertu éminente que DIEU lui avait donnée pour l'aider à travailler à son salut par la pratique des plus hautes maximes de la perfection, dont elle lui donnait d'ailleurs des exemples si touchants dans sa propre personne.

________________________________________

(2) Histoire du Montréal, ibid.
(3) Registres de la paroisse de Villemarie, année 1654.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph par la sœur Morin.
(3) Archives du séminaire de Villemarie, actes divers. — Lettres de M. Tronson.
A suivre : XI. La sœur Bourgeoys aide M. de Maisonneuve…


Dernière édition par Louis le Dim 23 Sep 2012, 12:00 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Dim 23 Sep 2012, 11:51 am

XI. La sœur Bourgeoys aide M. de Maisonneuve à s'avancer dans la perfection.


Ce fut par les conseils de cette sainte fille, que M. de Maisonneuve soutint constamment ce beau caractère de parfait désintéressement, dont il avait toujours fait profession, depuis son arrivée en Canada. N'y étant venu que pour procurer les intérêts de DIEU, il ne chercha jamais les siens propres, quoiqu'il l'eût pu par des voies très-légitimes (1), et laissa à tous les gouverneurs un grand exemple de détachement, qui malheureusement n'a presque point eu d'imitateurs.

Par les conseils de la sœur Bourgeoys, il pratiqua, dans la place de gouverneur de Villemarie, la pauvreté évangélique la plus entière et la plus généreuse, se privant lui-même de tout pour soulager les colons, se contentant d'un seul domestique, et aimant à se vêtir d'habits très-simples, tels que le capot gris, alors à l'usage des hommes du commun.

Ce fut encore sur les sages avis de la sœur que, pour ne mettre aucune borne à sa perfection, il voua à DIEU une chasteté perpétuelle. Ayant éprouvé quelques peines d'esprit dont il s'était ouvert à l'un des PP. Jésuites qui desservaient l'église de l'hôpital, celui-ci lui avait conseillé de se marier; mais M. de Maisonneuve éprouvait des répugnances insurmontables pour le mariage. Il fit part de son embarras à la sœur Bourgeoys, qui lui conseilla au contraire de faire vœu de chasteté perpétuelle. Le Père Jérôme Lalemant, qu'il consulta là-dessus, approuva l'avis de la sœur; et M. de Maisonneuve, ayant prononcé ce vœu, se trouva depuis délivré de toutes ses peines (2).

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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
A suivre : XII. Origine du pèlerinage de la montagne.

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 5:52 am

XII. Origine du pèlerinage de la montagne.


Peu de temps après son arrivée à Villemarie, la sœur Bourgeoys, saintement empressée de procurer la sanctification de la colonie, contribua par la ferveur de son zèle au rétablissement d'un lieu de dévotion et de pèlerinage, que la piété de M. de Maisonneuve avait érigé à une demi-lieue de la ville, la première année de son séjour dans l'île de Montréal, et dont il est à propos de rappeler ici l'occasion.

En 1642, après que la petite colonie eut construit, sur le bord du fleuve Saint-Laurent, un fort de pieux pour s'y mettre à l'abri des insultes des sauvages, le fleuve s'enfla tellement vers la fin de décembre, que la nuit de la veille de Noël on craignit qu'il n'entraînât dans sa furie le fort lui-même et tout ce qu'il renfermait pour la subsistance des colons. Dans cette extrémité, M. de Maisonneuve, ayant réuni sa petite troupe, fit au nom de tous un vœu à DIEU, par lequel il s'obligea d'aller planter une croix de bois sur la montagne de Montréal. Les eaux néanmoins ne laissèrent pas de croître encore et de remplir le fossé du fort ; mais dès qu'elles mouillèrent le seuil de la porte, elles s'arrêtèrent et se retirèrent enfin. M. de Maisonneuve, qui s'était empressé de faire construire la croix, se mit en devoir d'exécuter son vœu le jour de l'Épiphanie 1643 (1).

« Il la porta lui-même sur la montagne, dit la sœur Bourgeoys ; ce qui n'était pas une petite charge, par le chemin escarpé de cette montagne, comme il l'était alors. Les autres (qui l'accompagnaient) portaient les pièces de bois pour le piédestal. On y fit un autel où le Père (du Perron) dit la sainte Messe. Depuis ce temps les personnes qui pouvaient quitter l'habitation, allaient y faire des neuvaines, à dessein d'obtenir la conversion des sauvages et de les voir venir avec soumission pour être instruits. Il se rencontra un jour que de quinze ou seize personnes qui y étaient allées, pas une ne pouvait servir la sainte Messe. Mlle Mance fut obligée de la faire servir par Pierre Gadois, qui était un enfant, en lui aidant à prononcer les réponses. Tout cela se faisait avec bien de la piété (1). »

Tels furent l'origine et le but du pèlerinage à la montagne.

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(1) Relation de ce qui s’est passé en la Nouv. France en 1642 et 1643, par le Père Vimont. chap. XI, p. 198, 199, 200.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : XIII. La sœur Bourgeoys rétablit la croix du pèlerinage de la montagne.


Dernière édition par Louis le Lun 24 Sep 2012, 2:45 pm, édité 1 fois (Raison : balisage)

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 1:16 pm

XIII. La sœur Bourgeoys rétablit la croix du pèlerinage de la montagne.


Avant que la sœur Bourgeoys arrivât en Canada et durant sa traversée, M. de Maisonneuve lui avait souvent parlé de ce lieu de dévotion, en lui promettant de l'y faire conduire lorsqu'ils seraient à Villemarie. Toutefois, durant l'absence de M. de Maisonneuve, les Iroquois l'avaient entièrement ruiné, sans que ceux de Villemarie, qui n'osaient plus sortir de leur fort, en eussent connaissance. « Quand je fus arrivée, dit la sœur Bourgeoys, M. de Maisonneuve, pour s'acquitter de la promesse qu'il m'avait faite de me mener sur la montagne, détacha trente hommes qui m'y accompagnèrent. Mais les sauvages avaient ôté la croix (1). »

Quel regret pour la sœur de ne plus retrouver de traces de ce monument si vénéré ! Animée d’une sainte ferveur, elle prend sur-le-champ la résolution de le rétablir. De retour à Villemarie, elle excite le zèle des ouvriers, et, de l'avis de M. de Maisonneuve, il est résolu qu'on ira de nouveau sur la montagne pour y planter une croix selon les vues et sous la direction de la sœur.

« Je fus destinée pour cela, dit-elle; j'y menai Minime (fervent chrétien et charpentier très-habile) (2) avec quelques autres hommes, et nous y fûmes trois jours de suite. La croix fut plantée ainsi qu'une palissade de pieux pour la clore. Mais l'on ne put plus y retourner ; car il survint des empêchements de la part des Iroquois, qui se cachaient dans le bois pour surprendre nos travailleurs (3). »

______________________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson.
(3) Écrits autographes, etc.
A suivre : XIV. Charité de la sœur Bourgeoys à l’égard des colons de Villemarie.

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Message  Louis Lun 24 Sep 2012, 8:00 pm

XIV. Charité de la sœur Bourgeoys à l’égard des colons de Villemarie.


Le choix que fit M. de Maisonneuve de la sœur Bourgeoys pour présider au rétablissement de ce monument, et l'empressement des pieux colons à exécuter les désirs de cette sainte fille, montrent assez la grande considération dont elle jouissait déjà dans la colonie, et l'ascendant que sa vertu lui donnait sur tous les esprits. Il eût été difficile en effet qu'il en fût autrement à l'égard de la sœur Bourgeoys : sa charité, qui semblait la multiplier elle-même, la faisait être toute à tous pour les gagner tous à JESUS-CHRIST, et l'on était sûr de la trouver partout où il y avait quelque bien à faire. On la voyait visiter et servir les malades, consoler les affligés, instruire les ignorants, blanchir le linge et raccommoder gratuitement les hardes des pauvres et des soldats, ensevelir les morts et se dépouiller en faveur des nécessiteux des choses qui lui étaient le plus nécessaires.

Nous avons raconté qu'au moment de rembarquement, M. Lecoq avait voulu lui donner un lit pour son usage ; mais elle ne le conserva pas longtemps, et sembla ne l'avoir accepté que pour en disposer elle-même en faveur des nécessiteux.

Durant un hiver très-rude, un soldat tout transi de froid vint implorer sa charité, en lui représentant qu'il n'avait pas sur quoi se coucher pour se garantir du froid pendant la nuit. La sœur Bourgeoys, accoutumée à regarder comme un fardeau insupportable tout ce qu'elle avait en propre, ne balance pas un instant : elle va chercher son matelas et le lui donne aussitôt. Peu de temps après, un autre soldat, désireux de partager lui-même la bonne fortune de son camarade, vint trouver la sœur pour lui exposer aussi sa misère : celui-ci obtint la paillasse. Deux autres, sans savoir que la sœur se dépouillait ainsi elle-même, étant venus à leur tour pour implorer sa charité, elle leur donna les deux couvertures. Personne, dit-on, ne se présenta pour avoir l'oreiller, qu'elle eût donné volontiers ; car elle savait se passer de tout. Ainsi dépouillée, elle prenait plaisir à coucher sur le plancher, qui était son lit le plus ordinaire, malgré la rigueur de la saison ; se croyant bien dédommagée de ses sacrifices lorsqu'à ce prix elle pouvait soulager les autres.

Enfin, elle était à l'égard de tous, dans cette nouvelle colonie, comme une mère commune, la consolation de l'affligé, le soutien du faible et de l'indigent (1).

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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 66-67. — Vie de la même, par M. Ronsonet, p. 55.
A suivre : Chapitre IV. Établissement du séminaire Saint-Sulpice. La sœur Bourgeoys commence ses écoles et jette les fondements de l’église Notre-Dame de Bon Secours.

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Message  ROBERT. Mar 25 Sep 2012, 11:10 am

Louis a écrit:
XIV. Charité de la sœur Bourgeoys à l’égard des colons de Villemarie.


... Durant un hiver très-rude, un soldat tout transi de froid vint implorer sa charité, en lui représentant qu'il n'avait pas sur quoi se coucher pour se garantir du froid pendant la nuit. La sœur Bourgeoys, accoutumée à regarder comme un fardeau insupportable tout ce qu'elle avait en propre, ne balance pas un instant : elle va chercher son matelas et le lui donne aussitôt. Peu de temps après, un autre soldat, désireux de partager lui-même la bonne fortune de son camarade, vint trouver la sœur pour lui exposer aussi sa misère : celui-ci obtint la paillasse. Deux autres, sans savoir que la sœur se dépouillait ainsi elle-même, étant venus à leur tour pour implorer sa charité, elle leur donna les deux couvertures. Personne, dit-on, ne se présenta pour avoir l'oreiller, qu'elle eût donné volontiers ; car elle savait se passer de tout. Ainsi dépouillée, elle prenait plaisir à coucher sur le plancher, qui était son lit le plus ordinaire, malgré la rigueur de la saison ; se croyant bien dédommagée de ses sacrifices lorsqu'à ce prix elle pouvait soulager les autres.



Cet exemple de la charité de la Sœur Marguerite Bourgeois

me fait penser à celle de Saint Thomas de Villeneuve

qui couchait dans un lit qui ne lui appartenait plus.

.
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