Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.

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Message  Louis Mar 29 Jan 2013, 6:42 am

II. La sœur Bourgeoys avait introduit dans la Congrégation
le dépouillement réel, pour imiter la vie des apôtres.

On a vu que la Congrégation, suscitée de DIEU pour aider à la formation de l'Église de Villemarie par l'exercice du zèle apostolique, reçut, dans la personne de sa sainte fondatrice, une participation de l'esprit communiqué à la très-sainte Vierge et aux apôtres dans le cénacle. Cet esprit inspira à la sœur Bourgeoys le désir et la résolution ferme et invariable de prendre la conduite des apôtres pour modèle de la sienne.

A leur imitation, elle quitta tout pour suivre la voix de DIEU ; et comme JESUS-CHRIST avait fait à ses apôtres le commandement de n'avoir ni or, ni argent, et de se contenter d'une seule tunique (1), la sœur Bourgeoys, uniquement appuyée sur la Providence de DIEU et sur l'assistance de Marie, entra de cœur et d'effet dans ce parfait dépouillement, et y fit entrer aussi, par la ferveur de ses exemples, ses premières compagnes.

« Les apôtres, écrivait-elle, sont allés sans bourse, ni doubles robes, se confiant en DIEU qui les a nourris là où il n'y avait point de vivres. Les filles de la Congrégation vont faire l'école sans aucune assurance de leur vie, avec le moins de hardes qu'elles peuvent, laissant le soin de leurs besoins entre les mains de la sainte Vierge, et elles ne manquent jamais du nécessaire (2). »

______________________________________________________

(1) Évangile selon saint Matthieu, ch. x, v. 9-10.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : III. Le précepte du dépouillement réel fait aux apôtres n'était que pour un temps.

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Message  Louis Mar 29 Jan 2013, 1:07 pm

III. Le précepte du dépouillement réel
fait aux apôtres n'était que pour un temps.

Toutefois, le dépouillement extérieur prescrit par le Sauveur à ses apôtres, lorsqu'il les envoya en mission dans les bourgades de la Judée, ne devait pas être perpétuel. Le détachement intérieur est de tous les temps et de toutes les circonstances, il s'étend même à tous les chrétiens, quoiqu’il soit plus strictement ordonné aux prédicateurs de la foi ; mais le précepte fait aux apôtres de n'avoir ni or, ni argent, ni souliers, et de se contenter d'un seul vêtement, n'était que pour un temps, selon la remarque de saint Jean Chrysostome.

« Nous voyons en effet, ajoute ce saint docteur, que, malgré ce précepte, saint Pierre ne laissait pas d'avoir des souliers, puisque l'ange lui ordonna de s'en chausser lorsqu'il le tira de prison ; et saint Paul avait plusieurs vêtements, puisqu'il recommande à Timothée, dans une de ses Épîtres, de lui apporter avant l'hiver le manteau qu'il avait laissé à Troade chez Carpus (1).

« Ce précepte n'aurait pu être perpétuel, à moins que DIEU ne se fût engagé à faire des miracles chaque jour, pour assister ses apôtres. Car s'ils n'eussent eu chacun qu'une seule tunique, quel parti auraient-ils pris lorsqu'il eût été nécessaire de la laver? Seraient-ils restés renfermés dans la maison ? Et si le service du prochain les eût appelés au dehors, se seraient-ils montrés sans vêtement, contre toute décence? Quelle messéance que saint Paul, par exemple, lui qui parcourait tout l'univers pour opérer tant d'œuvres éclatantes, eût été contraint, faute d'un vêtement, de demeurer renfermé !

« De plus, s'il eût été trempé par la pluie, serait-il resté renfermé de nouveau en attendant qu'il eût fait sécher sa robe? Et l'hiver, pendant les glaces et les frimas, il eût donc fallu qu'il tremblât et gardât le silence? Car ne pensez pas que les apôtres eussent des corps de diamant. Écoutez ce que saint Paul dit à Timothée : Usez d'un peu de vin, à cause de vos fréquentes maladies (1); et encore, écrivant aux Philippiens : J'ai jugé nécessaire de vous envoyer votre apôtre, car il a été malade jusqu’à la mort (2).

« Les apôtres et les hommes apostoliques étaient par conséquent exposés comme nous à toutes sortes de maladies. Si donc le précepte de ce dépouillement réel et effectif eût été perpétuel, DIEU aurait été dans l'obligation de faire tous les jours des miracles pour leur venir en aide ».

« Aussi…

_____________________________________________

(1) Seconde Épître à Timothée, chap. IV, v. 13.
(1) 1re Epître à Timothée, chap. V, v. 23.
(2) Epître aux Philippiens, chap II, v. 25-26-27.

A suivre…

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Message  Louis Mer 30 Jan 2013, 6:25 am

III. Le précepte du dépouillement réel
fait aux apôtres n'était que pour un temps.


(suite)

« Aussi JESUS-CHRIST donne-t-il clairement à entendre que ce précepte n'avait été fait que pour un temps, lorsqu'il adresse à ses apôtres cette question, rapportée par saint Luc : Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans besace, sans ceinture, sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? De rien, lui répondent-ils (3). Maintenant donc, reprend le Sauveur, que celui qui a une bourse la prenne avec lui, et que celui qui a une besace en fasse de même. Il est donc manifeste qu'en leur parlant de la sorte, il leur disait équivalemment : Désormais procurez-vous toutes ces choses.

NOTRE-SEIGNEUR voulut cependant leur imposer ce précepte pour un temps, afin de les convaincre de sa puissance à les assister, et de leur donner ainsi pour l'avenir une assurance ferme en sa Providence, qui pourrait les faire subsister de la même sorte, quand tous les autres moyens viendraient à leur manquer à la fois (*). »

______________________
(*) « Au reste, ajoute saint Jean Chrysostome, si DIEU n'a pas voulu que leurs vêtements et leurs chaussures se conservassent miraculeusement comme ceux des Israélites dans le désert, si, au contraire, il les a soumis à toutes les nécessités communes de la vie, et leur a même refusé les biens extérieurs qu'il a donnés à tant d'autres avec abondance, c'est pour l'amour de ceux à qui il les envoyait. Car il donnait par là à ceux-ci la consolation d'assister de leur superflu ceux qui leur apportaient les richesses de la grâce , et il observait en cela la conduite qu'il avait tenue lui-même en descendant sur la terre , puisque, possédant tous les biens, il s'est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté. »
________________________________________

(3) Evangile selon saint Luc, ch. XXII , v. 35-36.

A suivre : IV. Le dépouillement réel, pratiqué par les filles de la Congrégation, ne pouvait être perpétuel dans cet institut.

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Message  Louis Mer 30 Jan 2013, 10:48 am

IV.Le dépouillement réel,
pratiqué par les filles de la Congrégation,
ne pouvait être perpétuel dans cet institut.

Telles sont les réflexions de saint Jean Chrysostome sur le précepte dont nous parlons (1).

La même conduite que DIEU avait suivie envers les apôtres, il voulait la garder aussi à l'égard de la Congrégation. En appelant la sœur Bourgeoys à jeter les fondements de cet institut, il lui inspira ce dégagement parfait que les apôtres firent d'abord paraître, et dont elle-même nous a montré les effets à son départ de Troyes, et dans toute la suite de sa vie.

Cette sainte fondatrice et ses premières compagnes faisaient leurs voyages ordinairement à pied, elles ne mangeaient leur pain qu'à la sueur de leur visage, et employaient même les nuits au travail, pour n'être à charge à personne. Dans leur communauté et dans leurs missions, elles n'avaient que les meubles les plus indispensables, les habits les plus communs, la nourriture la plus grossière ; elles couchaient sur la paille, et se réduisaient en tout à la manière de vivre des plus pauvres habitants des campagnes.

Une vie si austère, visiblement autorisée de DIEU, par les bénédictions sans nombre qu'il répandait sur les travaux de la Congrégation, n'était pas cependant la vie commune que sa sagesse voulait qu'on y pratiquât : ce dépouillement effectif ne devant pas y être perpétuel, non plus que dans le collège apostolique. Tant que les sœurs avaient été en petit nombre, il avait été facile de maintenir parmi elles ces pratiques de mortification ; mais à mesure que la communauté devint plus nombreuse, on comprit qu'une vie si austère ne pouvait convenir à tous les tempéraments, et l'on remarqua que les santés même les plus robustes en étaient sensiblement affaiblies. On jugea donc qu'il était nécessaire de se fixer à un genre de vie plus proportionné aux forces et à la qualité du plus grand nombre, et ce fut ce qui donna lieu dans la sœur Bourgeoys aux peines dont nous allons parler (1).

______________________________________________________

(1) Commentaire de saint Jean Chrysostome sur l'Epître aux Philippiens, ch. II. Homélie ix, p.270 272-273.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 139.

A suivre : V. Les adoucissements apportés au dépouillement réel…

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Message  Louis Jeu 31 Jan 2013, 6:57 am

V. Les adoucissements apportés au dépouillement réel
sont l'occasion de peines intérieures pour la sœur Bourgeoys.

Dès que l'on commença à proposer des adoucissements à la règle primitive, la sœur, toute charitable qu'elle était envers ses compagnes, eut bien de la peine à goûter ce langage, craignant d'ouvrir, sous ce prétexte, la porte au relâchement (2). Cette même crainte donna lieu d'abord aux peines d'esprit qu'elle éprouva lorsqu'elle vit s'élever la grande maison, qui fut incendiée dans la suite ; et plus tard à d'autres semblables peines qui la déterminèrent à repasser en France en 1679, comme nous l'avons raconté. Ces peines augmentèrent encore après qu'elle eut été délivrée des frayeurs que lui avaient inspirées les révélations prétendues de la sœur Tardy.

« En 1694, rapporte-t-elle, j'eus une vue qui fit disparaître toutes mes peines ; mais peu de temps après, revinrent celles de ma négligence et du peu de fermeté que j'avais eue pour faire avancer mes sœurs. Je voudrais bien réparer toutes ces fautes, mais je n'en vois aucun moyen. J'ai pourtant bien envie de retourner par le bon chemin : les remords de ma conscience me troublent. Je dois donc remédier à ces relâchements qui favorisent notre nature. La première règle ne s'observe pas, et je crois que si j'eusse eu un peu de vigilance et de fermeté, nous aurions suivi mon premier dessein. Il me semble que NOTRE-SEIGNEUR me retire ses grandes grâces à cause de mes fautes.

« La ferme de la Pointe-Saint-Charles a brûlé sans savoir d'où venait cet accident. Quelques personnes m'ont dit que c'était notre bon DIEU qui l'avait ainsi ordonné pour en faire une croix de providence, et nous faire rentrer dans notre première façon de vie simple, plus conforme à la vie de la sainte Vierge. Il y eut un temps où on ne faisait pas de pain comme celui qu'on vend chez les boulangers, et toute la communauté, aussi bien que les hommes de service, avait le même pain, sans distinction de bis et de blanc. Les malades et les infirmes étaient traités du mieux possible dans la maison, sans chercher ailleurs des soulagements, et on se privait de ce dont on pouvait se passer, sans user de tant de recherches. L'infirmerie est fort bien aujourd'hui, et mieux qu'il ne nous convient : il faut que tout y soit propre, les linges fins ; enfin il n'y paraît aucune pauvreté.

« Quand Mgr de Laval fit sa première visite dans cette maison, il fut fort content de ne trouver à tous nos lits que des paillasses et des couvertures , sans draps. Mais à présent cela ne contente point. Les missions étaient sur ce pied dans le commencement où l'on devait imiter les apôtres et travailler pour n'être à charge à personne, et cela réussissait. Présentement, il faut des matelas et des draps et beaucoup d'ustensiles; vivre d'une autre manière que les gens simples, et avoir toutes les commodités que n'ont pas les personnes de la campagne. On ne croit pas, dit-on, qu'on puisse faire mieux dans ce temps-ci ; que coucher durement peut engendrer bien des infirmités.

« On me dit à moi-même que je dois conserver ma santé, être bien couchée, bien nourrie, me mettre en état d'éviter les maladies et les infirmités ; et en même temps j'entends une voix plus ancienne et plus forte, tant dans la lecture des livres approuvés et dans les paroles et les instructions de NOTRE-SEIGNEUR , que dans ma propre expérience, qui me dit : Pourquoi je me défierais de la Providence de DIEU, qui m'a si heureusement conduite depuis plus de cinquante ans? Car c'a été par son inspiration que j'ai commencé, non une vie austère dans les déserts, mais une petite vie simple et proportionnée à ma condition de pauvre fille (1). »

___________________________________

(2) Ibid., p. 140.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VI. Dans cet état de peines, la sœur Bourgeoys…

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Message  Louis Jeu 31 Jan 2013, 12:15 pm

VI. Dans cet état de peines,
la sœur Bourgeoys
vit retirée à l'écart. Ses occupations.

Lorsque la sœur Bourgeoys tomba dans les peines dont elle décrit ici le sujet, elle était l'une des conseillères qu'on avait données à la sœur Barbier, alors supérieure (1). Comme elle avait déjà atteint sa 75e année, et que dans cet état d'épreuves tout ce qu'elle voyait dans la maison, qui n'était pas conforme à cette grande austérité de vie, augmentait ses peines, on jugea convenable qu'elle gardât l'infirmerie, où la sœur Crolo était alors obligée de rester.

« Pendant près de quatre ans, dit-elle, j'ai demeuré à l'infirmerie, m'occupant à quelque peu de couture. J'y couchais et j'y mangeais pour tenir compagnie à ma sœur Crolo, qui ne pouvait descendre au réfectoire ; et c'était fort rarement que j'allais à l'église, car la sainte messe se disait alors dans la maison. Je ne sortais pas, ni ne parlais à aucune de mes sœurs; tout cela, comme on me disait, à cause de mon grand âge. Pendant ce temps, je parlai d'aller en France, ce qui ne réussit pas; mais j'avais toujours dans la pensée que DIEU demandait de cette communauté plus de perfection que je n'y en voyais. Quand, par quelque rencontre, je faisais là-dessus quelque réflexion, on me disait de ne pas m'en mettre en peine et que je ne répondrais de rien à ce sujet (2). »

________________________________________

(l) Lettre commune des sœurs à M. Tronson, de l'année 1695.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VII. Ces peines de la sœur Bourgeoys sont très-utiles aux sœurs de la Congrégation.

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Message  Louis Ven 01 Fév 2013, 6:22 am

VII. Ces peines de la sœur Bourgeoys
sont très-utiles aux sœurs de la Congrégation.

On ne saurait méconnaître la sagesse de la conduite divine sur la Congrégation, dans les peines mêmes dont elle voulut que la sœur Bourgeoys fût éprouvée, sur la fin de sa longue carrière. Le dépouillement extérieur dans lequel elle avait formé ses premières compagnes, surpassait les forces communes, et ne pouvait, par conséquent, persévérer à ce degré parmi les sœurs. DIEU voulut donc leur mettre sous les yeux cette persévérance ferme et constante de la fondatrice dans la voie étroite, et cet état de peines continuelles causées par les justes tempéraments que le soin de leur santé demandait, afin de leur apprendre à ne s'accorder que ceux qui leur seraient absolument indispensables, sans préjudice toutefois du dépouillement intérieur nécessaire à tous les chrétiens.

« Mon expérience m'apprend, écrivait la sœur Bourgeoys, qu'on prend avec facilité les aises du corps ; la nature se les accorde quelquefois avec quelques petits scrupules, qui se passent en un moment, spécialement quand nous sommes invitées à nous donner les commodités par condescendance à autrui, ou par quelques paroles qui nous flattent et qu'on nous dit pour nous y engager. Mais après avoir été quelque temps dans cette vie molle et relâchée, lorsqu'il s'agit de retourner à la petite vie, à la vie étroite, il faut de grands efforts. Alors notre ennemi ne manque point à venir au secours de notre pauvre nature, qui ne dit jamais : c'est assez; et ensuite la nature en vient elle-même à des recherches souvent nuisibles, trouvant aisément nécessaire ce qui la flatte et lui plaît (1).»

Il convenait que la sœur Bourgeoys, suscitée pour donner naissance à la Congrégation, pût servir à jamais de modèle de ferveur à toutes ses filles. Aussi la sagesse de DIEU voulut qu'en acceptant avec une entière soumission d'esprit et de cœur toutes les mitigations raisonnables, que la nécessité avait obligé d'apporter à la règle primitive, et que M. de Saint-Vallier avait autorisées par ses nouveaux règlements, cette digne fondatrice ne laissât pas de persévérer jusqu'à la fin de ses jours dans son premier genre de vie. Rien n'eût été en effet plus pernicieux à la Congrégation, qu'une conduite différente de la part de la sœur Bourgeoys. Elle eût introduit comme infailliblement le relâchement dans l'institut, en faisant considérer comme la mesure exacte de la perfection des sœurs, ce qui n'était qu'une pure condescendance à la faiblesse humaine.

Enfin les peines si vives qu'elle endura dans l'état d'épreuves dont nous parlons, étaient sans doute ordonnées de DIEU, pour qu'elle obtînt, par ses mérites et par sa ferveur, à toutes les sœurs de la Congrégation , la grâce de garder inviolablement le dépouillement intérieur, et de ne jamais excéder dans les petits adoucissements, que leur faiblesse et l'assujettissement à leurs pénibles emplois, rendent nécessaires.

________________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VII Les peines de la sœur Bourgeoys l'obligent…

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Message  Louis Ven 01 Fév 2013, 12:06 pm

VIII. Les peines de la sœur Bourgeoys
l'obligent à mettre par écrit
ses vues sur la perfection de son institut.

Un autre effet que DIEU voulait en retirer, tant pour l'édification de l'Église que pour le bien de la Congrégation, ce fut d'obliger la sœur Bourgeoys, par ces épreuves, à mettre par écrit toutes les circonstances admirables de sa vocation en Canada, et les lumières qu'elle avait reçues de lui sur l'excellence, la perfection et l'esprit de son institut.

« Depuis longtemps, écrit-elle, il me semblait que NOTRE-SEIGNEUR demandait quelque chose de cette communauté; mais la nuit du 3 au 4 juillet 1697, je me suis sentie pressée par une très-forte pensée qui me vint à l'esprit, et il me semblait qu'on me faisait connaître qu'il fallait que je fusse le Jonas de la Congrégation, pour avertir cette maison de ses manquements, au risque d'être jetée dans la mer. Me sentant donc extraordinairement pressée, je m'offris de tout mon cœur pour faire la volonté de DIEU, et j'en fus louée.

Je me contentai alors de me proposer de demander avis sur ce que je devais faire ; mais la nuit du 5 au 6 octobre, cette pensée me revint aussi violemment que la première fois. Alors je me déterminai à faire ce que je pourrais pour correspondre fidèlement par la suite. Je m'en ouvris à M. Caille, notre supérieur, et à M. de Valens, et ils me dirent de parler de ces choses à notre supérieure. Je lui fis un billet de ce que je voyais pour lors.

Enfin, quelques jours après, j'ai été fort pressée par la crainte d'être infidèle, et je me suis résolue, de l'avis de ces Messieurs, de marquer par écrit ce qui me semble nécessaire. Je me suis donc servie de ma plume, dans l'espérance qu'en faisant mon possible, la miséricorde de DIEU me délivrera du châtiment que mon peu de fidélité méritait, après avoir tant de fois réitéré la promesse d'embrasser la volonté de DIEU, au moindre signe que j'en pourrais connaître (1).

_____________________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : IX. Les peines de la sœur Bourgeoys l'obligent...


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Message  Louis Sam 02 Fév 2013, 6:22 am

IX. Les peines de la sœur Bourgeoys
l'obligent à mettre par écrit
les circonstances les plus merveilleuses de sa vie.

Après ce préambule, la sœur Bourgeoys commence par raconter en détail les grâces dont DIEU l'avait prévenue dès son enfance, pour l'appeler à la perfection ; toutes les circonstances de sa vocation pour le Canada ; la manière dont elle connut M. de Maisonneuve ; son premier voyage à Paris et de là à Montréal; le commencement de ses écoles ; son second voyage en France, et la bénédiction que DIEU répandit sur toutes les démarches qu'elle fit pour s'associer ses premières compagnes; la manière dont elle vivait à Villemarie ; son troisième voyage en France : en un mot, elle raconte presque tout ce que nous avons rapporté d'elle dans cet ouvrage, lorsque nous avons cité ses propres écrits.

Ainsi, un fruit précieux de ses rudes épreuves fut de nous procurer, sans qu'elle y songeât, sa vie écrite par elle-même à l'âge de 78 ans ; vie dont nous aurions ignoré les merveilles, si DIEU n'eût mis son cœur comme sous le pressoir, par les peines dont nous parlons. Car ce furent ces peines qui, malgré sa grande répugnance à parler d'elle-même, la firent se résoudre enfin à être, comme elle le dit, le Jonas de la Congrégation, en révélant tout ce que DIEU avait fait jusque alors en sa faveur pour la rendre un instrument digne d'exécuter ses desseins, et l'élever à une perfection éminente.

Lorsqu'elle était ainsi occupée à écrire, elle fit, en 1698, les exercices de la retraite spirituelle ; et ce qui montre de plus en plus la pureté des motifs qui la dirigeaient dans ce travail, elle se proposa pour l'une des fins de cette retraite, de tâcher de découvrir, dit-elle, s'il n'y a point d'autre intention qui me fait parler, que la pure gloire de DIEU. Je prie sa bonté de me le faire connaître par qui il lui plaira, de la manière et dans le temps qu'il ordonnera, à quoi je me soumets de tout mon cœur (1). »

___________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : X. Les peines de la sœur Bourgeoys l'obligent à décrire les qualités...


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Message  ROBERT. Sam 02 Fév 2013, 2:13 pm

Louis a écrit:
IX. Les peines de la sœur Bourgeoys
l'obligent à mettre par écrit
les circonstances les plus merveilleuses de sa vie.

...le Jonas de la Congrégation..
___________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : X. Les peines de la sœur Bourgeoys l'obligent à décrire les qualités...


Preuve de plus, s'il en est besoin, que les figures de l'Ancien Testament,

trouvent toujours leur alter ego,, si l'on peut s'exprimer ainsi, dans le Nouveau...

.
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Message  Louis Sam 02 Fév 2013, 3:52 pm

X. Les peines de la sœur Bourgeoys
l'obligent à décrire les qualités
de l'amour que les sœurs
de la Congrégation doivent avoir pour DIEU.

Dans ses écrits, après avoir raconté les circonstances de sa vocation, comme autant de marques de la perfection à laquelle DIEU appelait ses filles, elle expose ses vues sur la nature et l'étendue de cette perfection, et leur laisse ainsi les plus pures lumières qu'elle avait reçues de DIEU, tant pour leur sanctification personnelle, que pour celle des âmes au salut desquelles elles sont appelées à travailler. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail des vertus qu'elle leur recommande, ni exposer ses avis et ses admirables conseils. Mais ce ne sera pas nous éloigner de notre but, que de rapporter quelques-unes de ses pensées sur les deux grands objets auxquels elle revient sans cesse, DIEU et le prochain.

« Je vois, dit-elle, que, si on veut conserver et augmenter les grâces de DIEU sur cette communauté, et attirer ses bénédictions sur l'éducation des enfants, qui, sans cela, demeurerait stérile, il faut se résoudre à détruire tout ce qui est contraire aux lois et aux commandements de l'amour de DIEU et du prochain. Nous sommes obligés d'aimer DIEU pardessus toutes choses et plus que nous-mêmes, et le prochain pour l'amour de DIEU. Je trouve qu'il y a plusieurs sortes d'amour parmi le monde : l'amour des étrangers, l'amour des passants, l'amour des pauvres, l'amour des associés, celui des amis, celui des parents, et enfin l'amour pur. On est touché de compassion pour des étrangers, quand on apprend que leur pays est opprimé ou saccagé. On aime les passants, parce qu'ils apportent quelque gain; les pauvres, à qui on donne le superflu ; les associés, car leur perte est dommageable ; les amis, parce que leur conversation plaît et est agréable; les parents, parce qu'on en reçoit du bien, ou que l'on craint d'être châtié par eux. Mais il n'y a que l'amour pur qui pénètre le cœur de DIEU et à qui rien n'est refusé. Cet amour se trouve rarement; et c'est le véritable amour : car aucune chose ne le touche, ni le bien, ni le mal. Il ne connaît point ses intérêts, ni même ses besoins ; la maladie ou la santé lui sont indifférentes ; la prospérité ou l'adversité, la consolation ou la sécheresse, tout lui est égal, et il donne sa vie avec plaisir pour les choses aimées. Je regarde les personnes détachées de tout et seulement attachées à DIEU, comme ce petit poisson appelé remora qui arrête, dit-on, les grands navires; c'est-à-dire tout ce qui peut nuire à l'avancement d'une communauté.

« Oh ! qu'une communauté est obligée à DIEU, s'il lui fait la grâce de posséder ce petit rémora, qui obtient de lui tout ce qu'il demande pour sa gloire et pour le bien du prochain ! Les personnes de communauté ont tous les moyens de parvenir à cet amour : l'observance des règles, l'accomplissement des vœux, les maximes de l'Évangile, les grâces de DIEU qui y sont très-abondantes. Pour arriver à cet amour d'union, il faut que nous purgions nos âmes par une parfaite contrition, et nos corps par la pénitence. La lampe de l'Église fait bien comprendre cette union. L'huile étant bien clarifiée, et le coton bien préparé, le feu tire l'huile jusqu'à la dernière goutte. Notre âme est représentée par l'huile, notre corps par le coton, duquel il reste ensuite un peu de cendre, marque de la résurrection qui doit arriver à la fin du monde, et le SAINT-ESPRIT est figuré par le feu. Si l'huile est sale, elle ne peut éclairer; si la mèche n'était pas propre, le feu n'aurait pas moyen de tirer cette huile : de même le feu du SAINT-ESPRIT, ne trouvant pas nos âmes bien préparées, ni nos corps purifiés, ne trouve point lieu de les embraser de son divin amour, et ne fait pas cet amour d'union avec DIEU dont je parle (1).»

___________________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XI. Qualités de l'amour que les sœurs de la Congrégation doivent avoir pour le prochain.

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Message  Louis Dim 03 Fév 2013, 6:51 am

XI. Qualités de l'amour que les sœurs
de la Congrégation doivent avoir pour le prochain.

« Il faut abolir encore tout ce qui est contraire à l'amour du prochain, comme sont toutes les paroles de médisance, de raillerie ; s'abstenir de contrefaire les personnes, même en récréation, ou de rechercher leurs actions, à moins d'une nécessité, ce qu'il faut faire avec prudence. Mais DIEU ne se contente point que l'on conserve l'amour que l'on doit au prochain ; il veut que l'on conserve le prochain dans l'amour qu'il nous doit. Il faut donc donner le manteau à qui veut avoir la robe, plutôt que de plaider. Il est très-visible que tous les accidents qui arrivent à la Congrégation, sont causés par des manquements à ce précepte, et que les grâces sont pour l'ordinaire la récompense de la fidélité à le soutenir. J'ai toujours remarqué qu'en cédant quelque chose pour obéir à DIEU , et ne pas altérer le prochain, on a gagné davantage; et qu'au contraire il est toujours arrivé quelque accident après les procès. La Pointe-Saint-Charles a brûlé après le procès pour un cheval et autres disputes. La grange de Verdun a été brûlée, et le blé gâté au retour de Québec, après le procès avec le fermier. Dans les difficultés qui arrivent, il se trouve assez de personnes charitables pour les accorder sans aller en justice (1). »
_______________________________

(1) Ibid.

A suivre : XII. La sœur Bourgeoys trace le portrait d'une personne de communauté qui n'a que l'apparence du vrai amour de DIEU.

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Message  Louis Dim 03 Fév 2013, 12:47 pm

XII. La sœur Bourgeoys trace le portrait
d'une personne de communauté
qui n'a que l'apparence du vrai amour de DIEU.

Parmi les instructions que la sœur Bourgeoys nous a laissées, elle trace le portrait d'une personne de communauté qui n'a que l'apparence de cet amour parfait de DIEU et du prochain qu'elle voulait voir régner dans les cœurs de toutes ses filles ; et nous le rapporterons ici comme un abrégé remarquable de tout ce qu'elle a écrit sur les écueils que les personnes de communauté ont à éviter pour ne pas tomber dans la lâcheté et la tiédeur.

« Tandis qu'une âme qui aime vraiment DIEU, obéit à tout ce qui est commandé, et obéit de jugement et d'esprit, s'étudiant à ne jamais raisonner sur les commandements, tandis qu'elle fait ses mortifications et ses autres bonnes œuvres en secret et à la vue de DIEU seul, et qu'elle ne manque pas de refuser à la nature ce qui ne lui est point nécessaire, l'âme qui n'est à DIEU qu'avec réserve, n'aspire pas plus haut qu'à éviter le péché. Les scrupules ne la piquent point ; elle obéit à la cloche et à la supérieure ; mais elle est bien aise de n'entendre ni l'une ni l'autre. Si elle n'obéit pas, elle croit qu'elle n'y est pas obligée, et qu'en toutes choses il faut examiner si le commandement est bien à propos. Elle se mortifie quand cela parait, et qu'on le sait; mais elle cherche ses aises en tout. Elle aime la propreté à l'excès, et ne croit jamais avoir d'amour-propre en cela. Enfin, elle trouve des nécessités pour avoir tout ce qu'elle veut. Par exemple, qu'on se porte mieux quand on est bien nourri ; qu'on prie DIEU plus attentivement quand on est à son aise ; que de souffrir le mépris fait souvent beaucoup de tort, et donne trop de liberté de faire bien des péchés. Elle ne croit jamais avoir failli, s'excuse en toute rencontre, et sait trouver des raisons aux dépens souvent de la vérité. Si elle a quelque office à remplir, elle ne manque à aucune des circonstances extérieures; mais la perfection n'est pas de son goût; la coutume est sa règle ordinaire. Elle aime à être regardée et considérée quand elle a réussi en quelque chose, et y prend bonne part. Elle embrasse toutes les difficultés et les surmonte par humeur. Elle hasarde sa santé, sa vie même, pour s'accommoder à son amour-propre et le satisfaire ; mais pour le service de DIEU et le soulagement du prochain, elle craint le froid, la boue, et toutes les petites difficultés qui se présentent. Elle se dit la servante des plus méprisées, et elle répugne de rendre à la maison quelque service humiliant.

« Elle va avec toutes sortes de compagnies sans scrupule, dans l'espérance qu'elle aura assez de prudence pour ne pas offenser DIEU. Elle ne se lasse point des entretiens, des récréations avec les personnes du siècle. Elle n'a jamais rien à donner aux pauvres, ni pour faire plaisir à personne, sinon à ses amies. Elle pardonne en apparence, mais réserve son ressentiment, qui paraît en beaucoup d'occasions. Elle se met de toutes les dévotions, elle a toutes sortes de livres, elle veut des chapelets, des médailles, des croix et d'autres objets de piété ; mais elle ne veut pas être critiquée. Elle craint plus le mépris que l'offense de DIEU dans ses fautes. Si elle parle du prochain, c'est d'un ton de compassion ; elle rapporte aux autres ce qu'on en a dit, et le condamne pour ses fautes. Elle veut que tout le monde soit saint et fasse son devoir, sans se mettre en peine d'être du nombre. Elle prétend redresser tout le monde et n'être redressée par personne, et croit que nulle n'est suffisante pour lui apprendre son devoir. Elle se mêle de tout, elle veut savoir tout ce qui se passe. Enfin elle remplit son esprit de tant de choses, qu'elle ne se donne pas le temps de penser sérieusement à la grande affaire du salut, à la vraie et solide vertu (1). »


___________________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XIII. Portrait de l'âme animée du vrai amour de DIEU.

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Message  Louis Lun 04 Fév 2013, 6:15 am

XIII. Portrait de l'âme animée du vrai amour de DIEU.

« La sagesse divine, qui est le chemin de la perfection, veut qu'on quitte tout, qu'on se détache de tout, même de sa propre volonté; qu'on travaille à mortifier ses sens, ses yeux, son humeur, ses passions. Elle veut qu'on souffre le mépris, même la haine, la pauvreté, les incommodités et tout ce qui déplaît à la nature, spécialement dans le boire, le manger, le vêtir, le dormir, le parler; enfin, qu'on se retire de tous les entretiens et des familiarités, même permis à la prudence humaine. Cette divine sagesse veut aussi qu'on se contente de livres utiles pour la perfection, et qu'on en savoure le sens. Qu'on estime toutes les dévotions ; mais qu'on s'attache à la principale, qui est d'aimer DIEU de tout son cœur et le prochain comme soi-même. Qu'on trouve moyen de rendre service au prochain dans les occasions qui peuvent se présenter, et qu'alors on le serve pour l'amour de DIEU. Qu'on prie pour le prochain comme pour soi- même. Qu'on ne se mêle point des affaires des autres, si cela ne nous regarde point ; et qu'on excuse les intentions, quand les fautes ne peuvent l'être. Qu'on ne fasse jamais de rapports; mais qu'on avertisse la supérieure quand cela est nécessaire. Elle veut encore, cette sagesse divine, qu'on considère la vie de la sainte Vierge et ses actions, quand elle était au monde, afin de l'imiter autant que possible. Qu'on se conserve partout en la présence de DIEU , et qu'on se souvienne sans cesse de ses enseignements. Qu'on soit soumis d'avance aux châtiments, à la mort, pour les souffrir quand DIEU l'ordonnera. Qu'on souffre les maux sans se plaindre; qu'on suive les avis de ceux qui nous conduisent, et qu'on soit exacte au règlement jusqu'à laisser le point sans tirer l'aiguille (1). »
______________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XIV. Devoirs de la supérieure de la Congrégation.

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Message  Louis Lun 04 Fév 2013, 2:19 pm

XIV.Devoirs de la supérieure de la Congrégation.

A ces avis si remplis de l'esprit de DIEU, et si propres à maintenir la ferveur dans une communauté, nous ajouterons quelques vues de la sœur Bourgeoys sur les devoirs de la supérieure, chargée par état de procurer l'avancement de toutes ses sœurs.

« La supérieure doit instruire les sujets par ses exemples et par des entretiens généraux et particuliers, mais surtout par ses prières continuelles auprès de DIEU. Quoiqu'elle doive avoir la vue sur toute la maison, et qu'elle puisse mettre la main à tout, elle ne doit s'appliquer à aucun emploi, pour vaquer exclusivement à tout l'intérieur. Car sa grande obligation est de former les sujets à marcher dans les voies de la perfection. Qu'elle leur fasse comprendre l'importance de ne détourner jamais leur intérieur du dessein de plaire à DIEU. Qu'elle soit douce ; mais aussi qu'elle soit ferme pour user de correction et de pénitence quand il en sera besoin, sans que les reproches qu'on pourra lui faire sur sa fermeté, lui fassent rien céder à la tiédeur ou à la lâcheté dans le service de DIEU. Qu'elle se fasse rendre compte de leurs oraisons, de leurs lectures, de leurs communions, et les fortifie dans leurs saintes pratiques. De temps en temps, il faut que la supérieure s'informe s'il n'y a point de retranchements à faire relativement à la pauvreté, comme dans les ajustements, les chambres; à l'obéissance, à la garde du silence ; en un mot, qu'elle examine tout ce qui serait contraire à l'avancement spirituel, afin de le réformer par le supérieur ou par d'autres, quand elle ne le pourra pas faire elle-même. Si elle est bien unie avec ses officières et avec toutes les sœurs, DIEU fera par elle tout ce qu'elle voudra (1). »

___________________________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : xv. Prières de la sœur Bourgeoys pour la Congrégation.

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Message  Louis Mar 05 Fév 2013, 6:48 am

XV.Prières de la sœur Bourgeoys pour la Congrégation.

Telle était l'étendue de la perfection que la sœur Bourgeoys désirait dans son institut. Les écrits qu'elle composait ainsi avant d'achever sa course, étaient comme le testament spirituel qu'elle se hâtait de laisser à ses filles, afin de leur léguer son esprit. Mais pour conserver parmi elles cet esprit primitif de zèle et de ferveur, que la bonté divine y avait répandu, elle adressait encore à DIEU et à Marie les prières les plus ardentes. Il faut l'entendre elle-même exprimer dans ses écrits les désirs de son cœur. Rappelant à la très-sainte Vierge les assurances qu'elle lui avait données de ne pas l'abandonner dans la formation de cette œuvre, elle lui dit:

« Ma bonne et très-honorée mère, je ne vous demande ni biens, ni richesses, ni plaisirs, ni honneurs pour la vie présente dans cette maison; mais que DIEU y soit aimé, obéi et servi, et qu'on y fasse sa sainte volonté, dans l'observance de ses saints commandements. Ne permettez pas que l'on y reçoive des filles d'un esprit superbe, orgueilleux et présomptueux ; des filles médisantes , railleuses, qui ont le monde dans le cœur, et qui font gloire de picoter et de médire du prochain ; ni de ces esprits mous et relâchés qui ne veulent point avancer dans le chemin de la perfection, non pas même étudier la pratique des maximes et des autres enseignements que notre bon maître, JESUS, nous a enseignés, qui ont été enregistrés dans les Evangiles, scellés de son sang et que vous avez si constamment pratiqués.

« Très-sainte Vierge, ô ma bonne mère, ne permettez pas que notre ennemi puisse dire qu'il a fait une brèche en votre petite compagnie. Souffrez que je vous fasse la prière que le prophète Moïse faisait à DIEU pour la conservation du peuple hébreu : Seigneur, ne le perdez point : car cela donnerait occasion de dire que vous l'avez amené en ce désert afin de le perdre (1). Ne pourrait-on pas dire (quoique sans raison) que vous avez manqué de me secourir ? Je confesse que je n'ai pas fait en toute ma vie, non-seulement dix actions, mais une seule avec toute la perfection que je devais. Mais si vous priez pour une de vos servantes et pour cette petite troupe à laquelle je suis liée pour votre service, je suis sûre que vous serez exaucée. Faites en faveur de vos petites filles ce que vous avez fait pour tant de misérables. Je demande pour elles que toutes soient du nombre des élus.

« 0 Père éternel et tout-puissant, prosternée aux pieds de votre divine majesté…

_______________________________________

(1) Deutéronome, ch. IX, v. 26.

A suivre…

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Message  Louis Mar 05 Fév 2013, 11:37 am

XV.Prières de la sœur Bourgeoys pour la Congrégation.

(suite)

« 0 Père éternel et tout-puissant, prosternée aux pieds de votre divine majesté, je confesse ma misère, qui me contraint d'avouer que je suis la plus abaissée de toutes les créatures. J'ose cependant m'adresser à vous, malgré ma confusion, fondant ma confiance sur les mérites et sur le sang précieux qui a été donné pour nous racheter, et étant prête, avec votre grâce, à perdre plutôt la vie que de manquer à soutenir la vérité de vos paroles (et des saints commandements que vous nous avez donnés pour notre perfection). Le souvenir des bienfaits que j'ai reçus et que je reçois continuellement de votre miséricorde, m'oblige à la reconnaissance jusqu'au dernier moment de ma vie. Si je suis assez heureuse que d'être dans la compagnie des bienheureux, je continuerai, si vous me le permettez, à vous prier pour cette petite communauté, non pour vous demander de la combler des biens, des honneurs ou des plaisirs de la vie présente ; mais pour que votre sainte volonté y soit faite, que l'on y suive le chemin que votre bonté nous a enseigné, et où la sainte Vierge a si fidèlement marché. Comme aussi pour vous demander que toutes les filles qui y sont et celles qui y seront ci-après, et ceux qui contribueront à les faire avancer dans le chemin de la perfection et dans l'état auquel vous nous avez appelées, soient du nombre des élus. Je crois que ma demande est juste; si je ne suis pas exaucée, c'est que je n'ai pas les qualités que je dois avoir. Mais je vous les demande par l'amour que vous avez porté aux hommes, en donnant votre Fils unique pour nous racheter, et par la grâce de votre SAINT-ESPRIT, que je vous demande avec humilité. 0 sainte Vierge, je joins mes faibles prières à l'amour avec lequel vous obtenez si parfaitement vos demandes. Mon saint Ange, joignez-vous à moi, afin que nous puissions un jour louer, tous ensemble , l'auteur de nos êtres, dans la bienheureuse éternité. Ainsi soit-il (1). »
__________________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : CHAPITRE V. MORT PRÉCIEUSE DE LA SOEUR BOURGEOYS. SES OBSÈQUES.


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Message  Louis Mer 06 Fév 2013, 6:25 am

CHAPITRE V.

PRÉCIEUSE DE LA SOEUR BOURGEOYS

SES OBSÈQUES.

I.La sœur Bourgeoys tombe malade
après s'être offerte à DIEU
à la place d'une sœur agonisante.

On comprend aisément avec quelle ardeur cette vénérable fondatrice, arrivée à la fin de sa longue carrière, soupirait après la bienheureuse éternité. À l'âge d'environ 79 ans, elle éprouva une grande maladie, qui d'abord lui donna l'espérance de jouir bientôt de la possession de son DIEU. Mais se voyant dénie de son attente, par l'effet des prières ferventes que ses filles avaient adressées au Ciel pour obtenir de la conserver encore quelque temps parmi elles, elle se plaignait agréablement, depuis son retour à la santé, de ce que, par leurs soins et leurs prières, elles avaient prolongé la durée de son exil (1).

Toutefois, DIEU ne tarda pas à exaucer les vœux de sa fidèle servante. La nuit qui précéda le 1er janvier 1700 , la sœur Catherine Charly, maîtresse des novices, malade à l'infirmerie, et qui déjà avait reçu les derniers sacrements, éprouva une violente crise, qu'on regarda comme l'annonce de sa mort prochaine. Effrayées du danger, les sœurs qui la veillaient coururent de toutes parts dans la communauté, pour annoncer aux autres cette triste nouvelle, et les inviter à assister aux prières qu'on allait faire pour la mourante.

Lorsque la sœur Bourgeoys apprit que la sœur Saint-Ange était à l'extrémité, elle poussa un grand soupir, qu'elle accompagna d'une courte mais fervente prière. Cette prière lui fut sans doute inspirée, non-seulement par le grand amour qu'elle avait pour DIEU et le désir ardent de jouir au plus tôt de sa présence, mais encore par son humilité profonde et par l'intérêt qu'elle prenait au bien de la Congrégation, pour laquelle elle aurait volontiers sacrifié mille fois sa vie : « Ah ! mon DIEU, s'écria-t-elle, que ne me prenez-vous, moi qui suis inutile à tout dans cette maison, plutôt que cette pauvre sœur, qui peut encore y rendre de grands services ! »

DIEU l'exauça à l'heure même. Car la malade commença à se trouver mieux dès ce moment, et fut bientôt tout à fait hors de danger ; tandis que, sur le soir du même jour, la sœur Bourgeoys, auparavant pleine de santé malgré son grand âge, se sentit atteinte d'une grosse fièvre, accompagnée de douleurs très-aiguës qui ne lui laissèrent presque aucun relâche, les douze jours qu'elle vécut encore (1)

_________________________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys , 1818, p. 167.
(1) Vie, etc. p. 166-167. Vie par M. Ransonet, p. 80.

A suivre : II. Maladie de la sœur Bourgeoys. Sa sainte mort.


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Message  Louis Mer 06 Fév 2013, 1:19 pm

II. Maladie de la sœur Bourgeoys. Sa sainte mort.

Au milieu de ces vives douleurs, qui arrachaient quelquefois à la nature accablée des cris involontaires, on ne l'entendit jamais ni murmurer ni se plaindre. Elle recevait sans réplique tout ce qu'il plaisait au médecin de lui ordonner, ou aux sœurs qui la servaient, de lui présenter pour son soulagement, malgré la répugnance qu'elle éprouvait pour ces sortes de remèdes, et l'expérience qu'elle avait qu'ils ne servaient qu'à la faire souffrir de plus en plus. C'était ce qu'elle désirait avec ardeur ; car, dans sa maladie même, elle cherchait à augmenter ses douleurs par des postures gênantes. L'infirmière ayant enfin remarqué cette industrie de sa mortification, elle en reprit la sainte malade, et alors la mortification céda à l'obéissance. Semblable au saint homme Job, elle bénissait continuellement le Seigneur.

C'était surtout dans ses plus vives douleurs, que les transports de son amour pour DIEU éclataient par des aspirations en forme de cantiques de louange. Elle en chantait souvent elle-même, et invitait les sœurs qui étaient auprès d'elle à chanter ceux qu'elle leur suggérait, comme les plus propres à entretenir dans son cœur le goût de la céleste patrie et les désirs les plus enflammés d'y arriver bientôt.

Son grand amour pour la Congrégation la porta, dans le peu de jours qu'elle vécut encore, à faire à ses sœurs une recommandation importante. Ce fut de profiter des ouvertures que la Providence pourrait leur offrir, pour reconstruire, sur un plan plus vaste, les salles destinées aux sœurs, aux pensionnaires et aux externes, dont le nombre s'était accru considérablement depuis la construction de la nouvelle maison, où les sœurs demeuraient alors.

Enfin, pendant les douze jours que dura sa maladie, elle ne cessa de faire admirer sa mortification, son obéissance, sa soumission aux ordres de DIEU , et le désir ardent qu'elle éprouvait d'aller se réunir à lui. Ce fut dans ces sentiments qu'elle reçut les derniers sacrements, et qu'enfin le douzième jour, étant tombée le matin dans une douce agonie qui dura trois heures, et ayant les mains modestement croisées sur sa poitrine, elle rendit paisiblement son âme à son Créateur, le 12 janvier 1700, la 47e année depuis son arrivée à Villemarie, et de son âge la 80e (1).

___________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys , 1818, p. 167-168 — Vie de la même par M. Ransonet, p. 80-81.

A suivre : III. Obsèques de la sœur Bourgeoys.


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Message  Louis Jeu 07 Fév 2013, 7:05 am

III.Obsèques de la sœur Bourgeoys.

Elle n'eut pas plutôt rendu le dernier soupir, que son visage, jusque alors extraordinairement altéré par l'excès des souffrances de cette dernière maladie, et par ses austérités habituelles, brilla tout à coup d'un éclat qu'on prit avec raison pour une marque de la gloire dont son âme jouissait déjà dans le ciel. Ce fut à cette occasion que la sœur Charly, alors parfaitement rétablie, prit, par vénération pour la sœur Bourgeoys, et par reconnaissance pour elle, le nom de sœur du Saint-Sacrement , que la défunte avait porté. Dès que le bruit de cette mort se répandit dans le public, on accourut de toutes parts à la Congrégation. Le corps avait été exposé dans l'église des sœurs ; on y vit un très-grand concours de personnes de toute condition de la ville et de la campagne. Chacun témoignait le plus vif empressement pour avoir des reliques d'une défunte si justement vénérée, ou quelque chose qui lui eût appartenu, ou au moins pour faire toucher à son corps des médailles, des chapelets , ou d'autres semblables objets de dévotion (1).

L'inhumation de ce saint corps donna lieu à une pieuse contestation entre la Congrégation et le séminaire. C'était à qui aurait le dépôt d'une si précieuse dépouille. Les sœurs désiraient avec raison que le corps de leur sainte fondatrice reposât au milieu d'elles dans leur église ; mais comme les sœurs de la Congrégation sont filles de paroisse, M. Dollier de Casson, qui, en sa qualité de grand-vicaire du diocèse, et de supérieur du séminaire, devait s'intéresser aussi à l'avantage et à la gloire de la paroisse de Villemarie, partagea le différend, en ordonnant que le corps serait enterré dans l'église paroissiale, et que le cœur serait placé dans l'église de la Congrégation.

En conséquence le lendemain, 13 janvier, les obsèques furent célébrées à la paroisse. Il y eut un concours dont on n'avait point vu jusque alors d'exemple à Villemarie, tant pour l'affluence des fidèles, que pour les sentiments d'estime et de vénération qu'ils témoignaient tous à l'égard de la défunte. M. le chevalier de Callière, gouverneur général du Canada, M. de Vaudreuil, gouverneur particulier de Villemarie, et toutes les autres personnes de mérite et de distinction, se firent un devoir d'honorer les obsèques de leur présence. Tout le clergé et les religieux de la ville et des environs se trouvèrent aussi réunis ce jour-là dans l'église paroissiale: jamais on n'y avait vu un si grand nombre de prêtres. M. Dollier de Casson, alors âgé de 80 ans, qui avait eu des rapports si intimes avec la sœur Bourgeoys, et l'avait toujours honorée comme l'un des plus rares présents que la bonté divine eût faits au Canada, prononça lui-même l'oraison funèbre de la défunte. Il s'étendit sur les vertus qu'elle avait fait paraître dans sa vie admirable, et exhorta les sœurs de la Congrégation à la faire revivre chacune en particulier dans sa propre personne, et toutes ensemble dans leur communauté (1).

Enfin M. René de Breslay, prêtre du séminaire, chargé alors des fonctions curiales…

_____________________________________________________

(1) Vie de la sœur etc., p. 169.
(1) Vie de la sœur etc., p. 170-171.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet , p. 83.

A suivre…


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Message  Louis Jeu 07 Fév 2013, 12:12 pm

III.Obsèques de la sœur Bourgeoys. (suite)

… Enfin M. René de Breslay, prêtre du séminaire, chargé alors des fonctions curiales (2), fit la cérémonie de l'inhumation du corps, qui fut déposé à l'entrée de la chapelle de l'enfant JESUS, dite communément de la sainte Vierge, où les sœurs avaient leur sépulture (3). La sœur Bourgeoys était née à Troyes, en 1620, sous l'épiscopat de M. René de Breslay, et la Providence voulut que M. René de Breslay, petit-neveu du précédent, lui rendît à Montréal les derniers devoirs de la sépulture chrétienne. Un ecclésiastique distingué du pays, écrivant ce jour-là même les circonstances de cette touchante cérémonie à l'un de ses amis, lui disait. : « Il n'y a jamais eu tant de prêtres ni tant de religieux dans l'église de Montréal, qu'il en est venu ce matin aux obsèques de la sœur Bourgeoys, le concours du peuple a été extraordinaire; et si les saints se canonisaient comme autrefois, on dirait demain la messe de sainte Marguerite du Canada (1). »

M. Dollier de Casson fit mettre sur le cercueil l'épitaphe suivante, gravée sur une table de cuivre :


« CY GIST vénérable sœur Marguerite Bourgeoys, institutrice, fondatrice et première supérieure des filles de la Congrégation de Notre-Dame, établies en l'île de Montréal, pour l'instruction des filles, tant dans la ville qu'à la campagne, décédée le douzième janvier 1700. Priez DIEU pour le repos de son âme (2). »
____________________________________________________

(2) Inscription conservée à la Congrégation.
_________________________________________________________________

(2) Lettre de M. Tronson à M. de Breslay, 1698, etc.
(3) Registres de la paroisse de Villemarie, janvier 1700.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 83.

A suivre : IV. Le cœur de la sœur Bourgeoys est placé dans l'église de la Congrégation.

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Message  Louis Ven 08 Fév 2013, 6:18 am

IV.Le cœur de la sœur Bourgeoys est placé dans l'église de la Congrégation.

Le cœur de la défunte, ayant été embaumé avec soin, fut renfermé dans une boîte de plomb en forme de cœur, et gardé un mois entier avant qu'on le mit dans une niche, creusée dans le mur de l'église de la Congrégation, destinée à le renfermer. Pendant tout ce temps, la même dévotion que le peuple avait à aller prier sur son tombeau, le porta aussi à vénérer son cœur et à y faire toucher toutes sortes d'objets de piété, comme aussi à se procurer des parcelles de linge imbibées de son sang. Enfin, le 11 février, qui était le trentième jour depuis celui du décès, on fit dans l'église de la Congrégation un service solennel, semblable à celui des obsèques, et qui fut célébré par M. de Belmont, grand-vicaire du diocèse, alors directeur du séminaire de Villemarie. Tout le clergé de la ville et des environs et les personnes les plus respectables assistèrent à ce second service. Le cœur était exposé dans la nef, sous un voile blanc. Après la messe et les prières ordinaires aux services des défunts, M. de Belmont prit dans ses mains la boîte qui renfermait le cœur, et, précédé du clergé, il la porta dans le lieu qui avait été disposé pour la recevoir. On ferma l'entrée de cette niche par une plaque de plomb, en attendant qu'on en mit une autre de cuivre, revêtue de l'inscription suivante :

Le cœur que couvre cette pierre.
Ennemi de la chair, détaché de la terre,
N'eut point d'autre trésor qu'un essaim précieux
De vierges que son zèle assembla dans ces lieux (1).
_____________________________________________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys , 1818, p. 172-173.

A suivre : V. Oraison funèbre de la sœur Bourgeoys par M. de Belmont.

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Message  Louis Ven 08 Fév 2013, 12:09 pm

V.Oraison funèbre de la sœur Bourgeoys par M. de Belmont.


(NOTE de LOUIS : A partir d’ici , les nos. V, VI et suivants, pour le texte de M. de Belmont, j’ai espacé les paragraphes pour plus de clarté (espérant le tout dans la même intelligence du texte !)

Dans cette cérémonie, M. de Belmont prononça une seconde oraison funèbre de la sœur Bourgeoys, qu'on conserve encore au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, écrite en partie de la main de l'auteur. Rien n'est plus propre que ce discours, à montrer la haute vénération que la défunte avait inspirée par ses vertus éminentes; car M. de Belmont ne craint pas de la montrer à ses auditeurs comme triomphante déjà dans la gloire, et veillant du haut du ciel sur l'institut formé par ses soins.

Nous ne saurions mieux terminer cette Vie, qu'en rapportant ici cette oraison funèbre, comme une confirmation authentique de tout ce que nous avons raconté des œuvres et des vertus de cette fille incomparable. M. de Belmont s'adresse aux sœurs de la Congrégation, et leur parle en ces termes (1) :

« Soyez mes imitatrices, comme je l'ai été de Jésus-Christ (2).

« L'Église, en ordonnant des sacrifices pour les défunts, trente jours après leur mort, ne prétend point affliger de nouveau leurs proches par le souvenir de la perte qu'ils ont faite. Elle ne veut point rouvrir une plaie qui saigne encore, ni faire verser de nouvelles larmes ; au contraire, elle prétend les essuyer, par l'espérance que ceux qu'ils ont pleurés ne sont plus à plaindre. Elle veut que la nature fasse place à la grâce, et que tous ces tendres sentiments se terminent, enfin, à un souvenir paisible, plein d'estime et de reconnaissance, qui dispose les vivants à faire revivre en eux leurs ancêtres par l'imitation de leurs vertus, et à les rejoindre un jour au ciel, par la participation à la même récompense.

« Mes sœurs, vous avez rempli tous les devoirs de la piété et de la reconnaissance envers votre chère et illustre défunte, d'une manière digne d'elle et de vous, et si la tendresse pour une si bonne mère a arraché à vos yeux quelques larmes, l'exemple de saint Augustin, qui confesse avoir pleuré la sienne, vous excuse.»

__________________________________________

(1) Eloges de quelques personnes mortes en odeur de vertu, par M. de Belmont.
(2) Ire Épître aux Corinthiens, ch. XI, v. 1.

A suivre : VI. M. de Belmont montre la sœur Bourgeoys comme veillant du séjour de la gloire sur son institut.


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Message  Louis Sam 09 Fév 2013, 6:50 am

VI. M. de Belmont montre la sœur Bourgeoys
comme veillant du séjour de la gloire sur son institut.

« Mais vous voulez bien, mes sœurs, que je vous dise que c'en est assez pour vous, et trop pour elle, puisque les personnes du mérite de votre chère institutrice ne meurent qu'à demi, et vivent toujours par la meilleure partie d'elles-mêmes. Ainsi, c'est avoir assez donné au deuil, aux larmes et à la douleur. Votre mère n'est morte qu'à demi, car, si vous regrettez en elle l'interruption d'une vie si belle, vous pouvez la lui rendre en la faisant revivre dans votre communauté. Si vous vous plaignez que la mort ait ravi sa présence à vos yeux, il faut que l'amour, dont le propre est de faire ressembler à l'objet qu'on aime, exprime son image en vous, et la rende présente en vos personnes. Et certes, il semble que la divine Providence, voulant que son corps pur ait été rendu à la terre, et que son cœur seul soit demeuré parmi vous, vous montre que telle a été en effet son intention, et que son esprit doit vous tenir désormais la place de son corps.

« Oui, mes sœurs, n'en doutez pas, elle ne fut jamais plus efficacement parmi vous que maintenant; elle est en état d'être à présent plus véritablement votre supérieure et votre mère qu'elle ne le fut jamais, et cela autant par intérêt que par inclination. Par intérêt : puisque vous êtes destinées à augmenter sa gloire, et qu'ayant été la source de ses mérites, vous êtes son trésor. Aussi son cœur est-il parmi vous, selon la parole de NOTRE-SEIGNEUR : Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur (1). Par inclination: car la gloire dont elle jouit ne fait qu'augmenter l'amour maternel qu'elle vous portait. Étant en état de vous connaître plus clairement, de veiller sur vous plus soigneusement, de vous aider plus puissamment, elle porte sur vous ses yeux, ses affections, ses soins, et a pour vous une inclination infinie. Je me la figure telle que cet aigle dont parle l'Écriture, qui voltige au-dessus de son nid, étendant ses ailes, appelant ses petits et les excitant à voler (1), tout empressé de leur montrer les voies élevées du ciel.

« C'est ce que fera sans doute, désormais, ce cœur que vous allez placer dans le lieu de vos saints exercices. Il sera sur vos têtes pour présider à vos prières, et en être le supplément. Il sera devant vos yeux, pour servir d'exemple à votre dévotion. Heureuses si ce cœur, qui a été si fort selon le cœur de DIEU , devient le modèle du vôtre !

« Maintenant qu'il ne craint plus la vanité, il semble vous dire ces paroles de l'Apôtre, que son humilité ne lui aurait pas permis de vous adresser durant sa vie mortelle : Soyez mes imitatrices dans le soin que j'ai eu d'imiter JESUS-CHRIST (2). Oui, elle l'a imité; ce qui est commun à tous les élus, puisqu'il n'y pas d'élus que ceux qui seront trouvés conformes à cet aîné des prédestinés (3). Mais les âmes qu'il a choisies pour ses plus grandes-œuvres, sont celles qui ont avec lui le plus de traits de ressemblance, qui font plus d'honneur à ce divin original ; et cette grande servante de DIEU a sans doute été de ce nombre.

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(1) Evangile selon saint Matthieu, ch. VI. v. 21.
(1) Deutéronome, ch.XXXII, v. 11.
(2) Ire Épître aux Corinthiens, ch.XI, v. 1.
(3) Épître aux Romains, ch.VIII, v. 29.

A suivre : VII. Union de la sœur Bourgeoys à JESUS-CHRIST. Son amour ardent pour la Croix.


Dernière édition par Louis le Sam 09 Fév 2013, 3:55 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe et présentation.)

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Message  Louis Sam 09 Fév 2013, 12:18 pm

VII.Union de la sœur Bourgeoys à JESUS-CHRIST.
Son amour ardent pour la Croix.

« Le soin qu'elle a pris d'éviter l'éclat et de s'effacer aux yeux du monde, nous a dérobé la connaissance de ses grâces. C'est pourquoi je m'arrêterai plutôt à vous faire ressouvenir des exemples de vertu qu'elle vous a donnés et dont vous avez été les témoins, qu'à vous raconter le détail des actes héroïques qu'elle a pratiqués. Vous savez que, prenant un sommeil fort court, elle passait les nuits, aussi bien que les jours, en oraison presque continuelle, et que, dans le moment précieux de la sainte communion, comme elle recevait son époux, les yeux ordinairement baignés de larmes, dans une bouche parfumée d'amoureux soupirs, il semblait que son cœur venait, tout enflammé d'amour, à la rencontre de son bien-aimé. Voilà ce dont vous avez été témoins ; mais pour les faveurs intérieures, ces paroles, ces colloques du saint amour, qui sont au-dessus du langage des hommes, ce sont des mystères qui ne nous sont pas connus. Le principal fruit de cette union avec JESUS-CHRIST, c'est qu'elle l'a imité dans son amour pour la Croix, dans son zèle pour les âmes, dans son courage : trois vertus qui sont particulièrement le caractère de cette grande servante de DIEU.

« Dans son amour de la Croix, je renferme, sous un seul mot, son amour de la pauvreté, de la souffrance et de l'humiliation, qui sont en effet les trois parties de la Croix ; car si l'humilité en fait le pied, la pauvreté et la souffrance en font les deux bras. Vous n'avez qu'à rappeler dans votre esprit les sentiments amoureux qu'elle avait de la pauvreté ; sa fidélité à se refuser les choses les plus nécessaires, et à se contenter des plus viles ; son abstinence prodigieuse, qui l'obligeait à ne se nourrir que du reste des autres. Tout le monde sait son désintéressement et son détachement universel. Mais quel exemple n'en a-t-elle point donné dans l'embrasement de sa maison ? DIEU , qui voulait épurer cette âme précieuse, la traite comme il traita autrefois le saint homme Job : il lui ôte sa maison, ses provisions, et, ce qui est plus sensible, deux excellentes colonnes de sa communauté; et on l'a vue offrir à DIEU en holocauste ces deux victimes, dont l'une était sa nièce, et le louer avec une héroïque résignation.

La souffrance est la sœur de la pauvreté et sa compagne inséparable. Quels travaux ne lui a-t-il pas fallu supporter dans le commencement et dans la suite de cette vie pauvre et dénuée ! Les peines et les travaux de l'esprit ont succédé à ceux du corps, et comme elle les a endurés avec une douceur, une égalité et une patience parfaite, ils ont véritablement contribué à la rendre vile à ses propres yeux, mais très-grande à ceux de DIEU et des Anges. L'obéissance qu'elle a rendue, non-seulement à ses supérieurs, mais même à ses propres filles, est une leçon d'humilité pratique plus persuasive que n'auraient pu l'être tous ses discours. Voilà une partie de ce qu'a produit son amour pour la Croix.

Mes sœurs, vous avez eu part à sa pauvreté et à ses souffrances, vous suivrez aussi les vestiges de son humilité. Etant à votre tête, elle vous a mis la Croix entre les mains, ou plutôt elle vous a mis entre les bras de la Croix , pour y vivre et y mourir. Suivez ses exemples, montez sur la Croix, selon le conseil de saint François de Sales, sans espoir d'en descendre jamais. Mettez votre tête dans les épines des difficultés de la vie régulière ; exposez votre cœur à la lance de la contradiction; laissez clouer vos mains aux clous de l'obéissance, comme l'a fait votre digne mère ; enfin, soyez ses imitatrices, comme elle l'a été elle-même de JESUS-CHRIST.

A suivre : VIII. Zèle de la sœur Bourgeoys pour le salut des âmes.

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