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Message  Louis Lun 14 Jan 2013, 5:25 am

V. La règle que la très-sainte Vierge a suivie,
c'est l'amour de DIEU et du prochain.

« On nous demande pourquoi nous ne prenons pas la règle de quelqu'un des fondateurs d'ordres dans l'Église.

« Nous répondons que la règle de la charité est celle que la sainte Vierge a prescrite à tous ceux qui ont eu l'honneur d'être à sa suite, et que même les premiers chrétiens n'en avaient pas d'autre ; car l'amour de DIEU et du prochain renferme toute la loi (2).

« Les statuts nécessaires et essentiels que nous devons garder premièrement, sont les commandements de DIEU , auxquels il faut être attaché inséparablement. Hors de ces statuts, nul ne peut être sauvé. Les anges qui ont détourné leur vue de DIEU par un orgueil épouvantable de leur propre excellence, sont précipités, sans qu'ils puissent avoir aucune ressource, s'étant désunis des statuts essentiels à toute créature, c'est-à-dire de DIEU. Aussitôt que la sainte Vierge a été au monde, elle l'a reconnu pour son Créateur, elle l'a adoré en esprit et en vérité, elle l'a remercié de tous ses bienfaits, elle a embrassé ses commandements avec désir de les observer fidèlement, et a souhaité de pouvoir prendre le parti de DIEU sur la terre, comme les bons Anges l'avaient fait dans le ciel.

« Les sœurs de la Congrégation s'efforcent, selon leur pouvoir et avec la grâce de DIEU , de faire ce qu'elle a fait, et de prendre le parti de DIEU en l'éducation des filles. Toutes nos pensées, nos paroles et nos actions doivent avoir pour commencement et pour fin d'embrasser les commandements de DIEU. Enfin, ils devraient être marqués partout, jusque sur le seuil de nos portes, étant très-certain que la plus petite inobservance que l'on en fait, est un faux pas qui peut conduire à la perdition. Il faut donc, dans les écoles et dans les instructions, faire comprendre l'importance de les observer.

« Voilà les statuts que nous devons suivre invariablement dans la Congrégation. Nos constitutions sont NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST , qui, étant descendu du ciel, s'est fait homme, pour faire connaître au genre humain, par exemples et par paroles, jusqu'à mourir sur une croix, les moyens d'accomplir les commandements de DIEU (1).

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(2) Épître aux Romains, chap. XIII, v. 10
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VI. A l'imitation de la très-sainte Vierge, les sœurs…


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Message  Louis Lun 14 Jan 2013, 12:15 pm

VI. A l’imitation de la très-sainte Vierge,
les sœurs de la Congrégation ne font point des vœux solennels.

« On nous demande pourquoi nous ne faisons pas les vœux solennels que les instituteurs d'ordres ont prescrits pour faire observer fidèlement les enseignements et les conseils de NOTRE-SEIGNEUR , la pauvreté, la chasteté, l'obéissance, et qui portent à une grande perfection ceux qui les contractent.

« Nous répondons que la très-sainte Vierge, notre chère institutrice, s'est consacrée à DIEU sans le concours du monde. Son vœu de virginité n'a été connu qu'à la salutation de l'Ange, et ses autres vœux que par la pratique constante qu'elle en a faite toute sa vie. De même nous faisons des vœux sans concours de monde : mais il est bon que tout le monde les connaisse dans leur pratique.

« Autant que la pauvreté de notre nature corrompue nous le permettra, nous souhaitons garder, avec la grâce de DIEU et le secours de notre institutrice, pauvreté, chasteté et obéissance, tout le temps que nous serons dans cette maison ; et nous espérons les pratiquer aussi parfaitement que si nous faisions des vœux solennels.

« Car l'obligation de la pauvreté, par exemple, est dans le cœur, l'intérieur faisant agir l'extérieur; et, dans les vraies congréganistes, la pensée que c'est à DIEU qu'elles ont voué la pauvreté, fait qu'elles se privent de tout ce qui peut en rompre l'observance, non-seulement dans le vêtement, la nourriture et le reste, mais encore dans toute leur conduite.

« Si elles sont pauvres de cœur, elles céderont à tout le monde, se rangeront à l'humeur des autres, et croiront que personne ne doit se faire à leur humeur: les pauvres sont sujets aux riches, comme les enfants à leurs parents, les soldats à leurs capitaines. Elles reçoivent tout par aumône ; elles acceptent l'emploi et le travail tels qu'ils leur sont offerts, sans réplique, ni murmure, tâchant d'édifier le prochain partout, et lui rendant service dans toutes les occasions (1).

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(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VII. Pour imiter la très-sainte Vierge, les sœurs…


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Message  Louis Mar 15 Jan 2013, 5:28 am

VII. Pour imiter la très-sainte Vierge,
les sœurs ne doivent point être astreintes à la clôture.

« On nous demande pourquoi nous aimons mieux être sans clôture que d'être cloîtrées, le cloître étant la conservation des personnes de notre sexe.

« Nous répondons que la sainte Vierge n'a point été cloîtrée. Elle a bien été retirée dans une solitude intérieure ; mais elle ne s'est jamais exemptée d'aucun voyage où il y eût quelque bien à faire, ou quelque œuvre de charité à exercer. La regardant comme notre institutrice, nous ne sommes point cloîtrées, quoique vivant en communauté, afin d'être employées, pour l'instruction des filles, dans les lieux que les personnes qui nous conduisent trouvent à propos.

« Il est vrai que le cloître est la conservation de notre sexe; mais pouvons-nous avoir une plus grande protectrice que celle qui a été comme une tige de la pureté dans laquelle DIEU avait créé le monde, et qu'il avait réservée, comme les prophètes l'avaient annoncé, pour être propre au mystère de l'incarnation de son Fils ; qui enfin a été préservée de la tache originelle, a été par conséquent la première avocate du monde?

« Pouvons-nous avoir une plus grande protectrice que cette auguste Vierge qui a été constituée fille du Père, mère du Fils, épouse du SAINT-ESPRIT, et le temple de la très-sainte Trinité en terre ; qui a contribué à la formation du corps sacré du Fils de DIEU que nous recevons en la sainte communion, pour la nourriture de nos âmes ; et à qui le Père éternel a confié la très-sainte humanité de son Verbe, pour être nourrie et élevée dans la vie humaine?

0 sainte Vierge, par le pouvoir que vous avez reçu de DIEU sur toutes les créatures, je vous supplie très-humblement de défendre cette petite troupe contre l'attaque des ennemis du salut, et de marquer au frontispice de cette communauté :

« Sauve-garde de la Reine du ciel (1). »

Nous pouvons remarquer ici en passant que cette prière de la sœur Bourgeoys…

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(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre...

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Message  Louis Mar 15 Jan 2013, 11:45 am

VII. Pour imiter la très-sainte Vierge,
les sœurs ne doivent point être astreintes à la clôture.


(suite)

Nous pouvons remarquer ici en passant que cette prière de la sœur Bourgeoys a été exaucée jusqu'à ce jour par la Reine des vierges, à la grande édification des peuples du Canada. L'expérience a montré, en effet, que, loin de recevoir aucune atteinte du contact du monde, au milieu duquel elles sont répandues, les sœurs de la Congrégation y ont porté constamment la bonne odeur de JESUS-CHRIST , et des vertus les plus parfaites qu'on puisse pratiquer dans le cloître. La mère Juchereau, dans son Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, qu'elle a poussée jusqu'à l'année 1716, leur rendait ce beau témoignage:

« La sœur Bourgeoys et ses compagnes, en formant l'établissement de la Congrégation, si utile à toute la colonie, ont élevé une des plus florissantes communautés du Canada. Elles se sont maintenues jusqu'à présent dans l'estime de tous les gens de bien, et la malignité de la médisance n'a pas encore eu aucune prise sur les sujets de cette maison (2). »

Nous ajouterons que depuis la mère Juchereau elles ont conservé constamment cette réputation d'intégrité parfaite, et c'est l'hommage que leur rend un écrivain canadien, qu'on n'accusera pas de partialité dans les éloges qu'il donne aux institutions religieuses :

« Le respect dont les sœurs de la Congrégation, dit-il, ont été l'objet dans tous les temps de la part du peuple, est une preuve de leur mérite et de leur utilité (1). »

____________________________________

(2) Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, p. 120.
(1) Histoire du Canada, par M. Garneau, 1845 , in-8°, t. I, p, 361.

A suivre : VIII. Les sœurs doivent aller en mission pour imiter les apôtres.


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Message  Louis Mer 16 Jan 2013, 5:56 am

VIII.Les sœurs doivent aller en mission pour imiter les apôtres.

« On nous demande, continue la sœur Bourgeoys, pourquoi nous faisons des missions, qui nous mettent en hasard de beaucoup souffrir, et même d'être prises, tuées, brûlées par les sauvages.

« Nous répondons que les apôtres sont allés dans tous les quartiers du monde pour prêcher JESUS-CHRIST, et qu'à leur exemple nous sommes pressées d'aller le faire connaître dans tous les lieux de ce pays où nous serons envoyées. Si les apôtres ont donné leurs travaux, leur vie et tout ce qu'ils pouvaient prétendre en ce monde, pour faire connaître DIEU, pourquoi les filles de la Congrégation ne sacrifieraient-elles pas leur santé, leur satisfaction, leur repos et leur vie pour l'instruction des filles à la vie chrétienne et aux bonnes mœurs ?

« NOTRE-SEIGNEUR demanda à ses apôtres s'ils boiraient son calice (2), et on demande aux filles de cette communauté si elles peuvent embrasser la pauvreté et le mépris. Pour pouvoir instruire gratis, elles se contentent de peu, se privent de tout, et vivent partout pauvrement. Et comme les apôtres, elles travaillent même les nuits pour gagner leur vie, et n'être à charge à personne. Aussi cette communauté doit être une image du collège des apôtres ; mais je compare le collège apostolique à une étoile qui est au firmament, et la Congrégation à un brin de neige qui tombe en forme d'étoile, et qui peut se fondre à la moindre chaleur.

« C'est pourquoi, pour conserver et augmenter la grâce de DIEU sur cette communauté, il faut donner le manteau à qui veut avoir la robe, prêter au prochain, quand cela se peut sans s'incommoder, ne pas faire plus de fond d'une fille de condition que d'une autre qui aurait plus de vertus; en un mot, il faut faire passer la sagesse divine avant la prudence humaine (1).

______________________________________________

(2) Evangile selon saint Marc, ch. x, v. 38.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : IX. Les sœurs de la Congrégation doivent être filles de paroisse.

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Message  Louis Mer 16 Jan 2013, 12:40 pm

IX.Les sœurs de la Congrégation doivent être filles de paroisse.

« Enfin on nous demande pourquoi nous aimons mieux être filles de paroisse que d'être en notre particulier, où nous n'aurions pas les mêmes privations qu'il faut avoir à la paroisse, et pourquoi nous espérons d'être toujours conduites par les séminaires.

« Voici la réponse : La sainte Vierge a agréé qu'il y eût à Montréal un séminaire qui serait sous sa protection. L'église de la paroisse nous représente le cénacle où la sainte Vierge a présidé, et les séminaires nous représentent le collège des apôtres. Ils tâchent de les imiter pour étendre et fortifier le christianisme, pour faire connaître DIEU et détruire le péché dans tous les lieux où ils peuvent s'établir. Tous les apôtres ont perdu la vie dans ces emplois, ce qui n'empêche pas le zèle des séminaires d'y consacrer leur force et même leur vie.

« Pour honorer donc la vie de la sainte Vierge, nous devons être filles de paroisse, être gouvernées par les séminaires, avoir une place à l'église paroissiale pour y conduire les écolières, et assister nous-mêmes aux grand’messe, aux vêpres et aux saluts, y communier quelquefois. Enfin les derniers sacrements nous doivent être administrés par l'ordre de la paroisse, et c'est là que nous devons avoir notre sépulture (1).»

______________________________________________

(l) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys. — Lettre de la sœur à M. Tronson, de l'année 1695.

A suivre : X. Projet d'unir les sœurs de la Congrégation à l'institut des Ursulines.


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Message  Louis Jeu 17 Jan 2013, 5:43 am

X. Projet d'unir les sœurs de la Congrégation à l'institut des Ursulines.

Telles étaient les lumières que la sagesse divine avait données à la sœur Bourgeoys sur l'esprit , les pratiques et les emplois de son institut, et qui furent pleinement justifiées par l'expérience , au grand avantage de la colonie. Si cette sage fondatrice, ainsi qu'il a été dit, regardait les commandements de DIEU comme les premiers statuts de sa communauté, et l'Evangile comme ses constitutions, ce n'est pas qu'elle jugeât inutile de lui donner des règles particulières pour y conserver l'esprit primitif; mais elle était convaincue que la Congrégation, appelée à retracer, par ses œuvres de zèle, la vie de la très-sainte Vierge après l'Ascension du Sauveur, ne pouvait adopter les règlements des instituts religieux, tous voués à des fins différentes de la sienne, et d'ailleurs astreints à garder la clôture, qu'elle jugeait incompatible avec les fonctions de son institut.

Nous avons raconté déjà les tentatives que l'on avait faites plusieurs fois pour établir à Villemarie les Ursulines de Québec. Selon toutes les apparences, ce projet aurait été mis à exécution, si M. Dollier de Casson n'eût représenté à M. de Saint-Vallier que deux communautés, vouées à l'instruction des jeunes filles, ne pourraient y trouver assez de matière à leur zèle. Les Ursulines, qui déjà y avaient choisi un local convenable à leur dessein, comprirent elles-mêmes que leur projet était en effet impraticable, et M. de Saint-Vallier, de son côté, en sentit aussi tous les inconvénients.

Comme cependant elles désiraient toujours d'avoir à Villemarie une maison de leur ordre, elles firent proposer plusieurs fois, et proposèrent elles-mêmes aux sœurs de la Congrégation, d'embrasser la règle des Ursulines, pour ne former plus entre elles qu'un seul institut (1) (*).

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(1) Archives de la Congrégation:Remontrances des sœurs au sujet des règles.

A suivre : le (*) …


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Message  Louis Jeu 17 Jan 2013, 10:52 am

X. Projet d'unir les sœurs de la Congrégation à l'institut des Ursulines.

suite: le (*)
______________________________
(*) Dans ses voyages à Québec, la sœur Bourgeoys ne manquait pas de visiter les Ursulines, pour entretenir avec ces religieuses des rapports mutuels de charité. Ce fut apparemment à l'occasion de ces visites qu'elles lui firent plusieurs fois la proposition dont nous parlons. Quoique cette digne fondatrice eût reçu de DIEU des lumières particulières sur les moyens qu'elle devait employer dans l'éducation et l'instruction des enfants, elle ne laissait pas d'adopter les pratiques qu'on lui suggérait, lorsqu'elle y voyait quelque avantage. Jusqu'à son troisième voyage en France, elle avait permis aux jeunes demoiselles de son pensionnat de visiter quelquefois leurs parents. Comme les sœurs de la Congrégation étaient dans l'usage de conduire leurs élèves à l'église paroissiale, pour les offices publics les dimanches et les fêtes, et même tous les jours pour la sainte messe, elle n'avait pas jugé que ses pensionnaires fussent exposées à une grande dissipation en visitant leurs familles à certaines époques de l'année, surtout dans les premiers temps de la colonie, où la piété était partout en si grand honneur.

Mais en 1679 s'étant rendue à Québec pour se disposer à son dernier voyage d'Europe, les Ursulines de cette ville lui apprirent qu'elles avaient été contraintes de supprimer toutes les sorties de leurs pensionnaires; et sur les raisons qu'elles lui donnèrent de cette suppression, elle résolut d'en user de même; ce qu'elle fit en effet après son retour en Canada. Avant de s'embarquer pour la France, elle en écrivit en ces termes à M. Remy :

« Les Ursulines de Québec trouvent que les sorties en ville causent bien de la perte de temps et donnent lieu à des entretiens, a des rapports qui nuisent à l'instruction de leurs pensionnaires. Elles ont pris le parti de supprimer ces sorties, et ont résisté pour cela jusqu’à M. le comte (de Frontenac), qui voulait faire sortir une fille dont il paie la pension, pour qu'elle allât voir mademoiselle de Bécancourt, sa tante, qui était à Québec.

Enfin leurs pensionnaires ne sortent plus; et on le trouve bon, quoiqu'au commencement ces religieuses aient eu bien de la peine. Quand il survient quelque occasion fort pressante de faire sortir quelques pensionnaires, elles envoient en demander la permission au père Béchefer, leur supérieur. Je crois que ce serait fort bien d'en user de même. Je vais en faire dire un petit mot à ma sœur Elisabeth; et quand la chose n'aurait pas son effet dès à présent, cela disposera les esprits à son entière exécution à l'arrivée des règles (1). »

_____________________________________

(1) Archives de la Congrégation; lettre de la sœur à M. Remy,du 11 novembre 1679.
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A suivre : XI. M. de Saint–Vallier désire cette union et prépare les moyens de l'opérer un jour.

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Message  Louis Ven 18 Jan 2013, 6:29 am

XI. M. de Saint–Vallier désire cette union
et prépare les moyens de l'opérer un jour.

M. de Saint-Vallier désirait beaucoup aussi cette fusion, et il fit tout ce qu'il put pour y amener la sœur Bourgeoys et ses filles. « C'est à quoi nous avons toujours déclaré à Monseigneur ne pouvoir consentir, écrivaient ces dernières en 1694, attendu que nous n'avions pas fait dessein, en nous mettant à la Congrégation, d'embrasser la vie religieuse, dont les Ursulines font profession (1). »

Si ce prélat montrait tant de zèle à procurer l'union des deux communautés en une seule, c'était pour éteindre avec honneur la Congrégation, dont le genre de vie lui paraissait trop extraordinaire dans des filles pour que leur institut pût se maintenir, et être longtemps utile à ses diocésains. En vue de préparer les voies à cette fusion, il leur avait proposé plusieurs fois d'adopter la clôture, et comme elles y témoignaient toutes une entière opposition, il les assurait que tôt ou tard elles y seraient contraintes par nécessité. Dans le même dessein, il voulut les obliger à exiger des filles qui demandaient à entrer dans la Congrégation, une dot, qu'il portait jusqu'à 2,000 livres. Cette mesure excita bien des murmures contre elles à Villemarie et ailleurs, dans la croyance où chacun était qu'elles l'avaient elles-mêmes sollicitée de leur évêque, quoiqu'elles en fussent toutes très-affligées, surtout la sœur Bourgeoys, qui la regardait avec raison comme une cause de ruine pour son institut (1).

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(1) Remontrances , ibid.
(1) Remontrances , ibid.

A suivre : XII. Suppression de l'œuvre de la Providence.

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Message  Louis Ven 18 Jan 2013, 2:46 pm

XII. Suppression de l'œuvre de la Providence.

La suppression de la maison de la Providence fut encore pour elles l'occasion de nouvelles épreuves de la part de M. de Saint-Vallier. Cette œuvre paroissiale, que des circonstances particulières avaient fait naître, était établie, comme on l'a vu, pour apprendre à travailler à des filles pauvres, et n'était soutenue que par les efforts de la charité. Jusque alors les sœurs de la Congrégation en avaient eu la conduite, mais son objet n'entrait pas assez dans les fonctions propres de leur institut, entièrement voué à l'instruction et à l'éducation des enfants, pour qu'elles dussent la continuer d'une manière fixe et perpétuelle, surtout lorsque le séminaire cessa de contribuer à son entretien. Car après le rappel de M. de Lacolombière et de M. Bailly en France, à l'occasion des visions prétendues de la sœur Tardy, ainsi qu'on l'a raconté au chapitre précédent, M. Tronson fut d'avis qu'on supprimât l'établissement de la Providence. Considérant que M. Charon donnait naissance à une communauté d'Hospitaliers, et que d'autres en formaient une d'Ermites pour les écoles, il craignit que celle des filles de la Providence ne donnât lieu à de nouveaux troubles, et ne renouvelât les anciennes divisions. « Je ne serais nullement d'avis, écrivait-il, de faire tant de nouveaux établissements. Mes vues seraient de mettre les filles de la Providence à la Congrégation, ou à l'hôpital général de Québec, pour ne point trop multiplier les communautés (1). »

C'était le parti qu'on se proposait de prendre, lorsque M. de Saint-Vallier, très-porté à former de nouveaux établissements, exprima le désir de conserver la Providence; et comme le séminaire ne devait plus y contribuer de ses aumônes, ce prélat voulut obliger les sœurs de la Congrégation à en faire tous les frais. Elles lui représentèrent avec respect l'impuissance où elles étaient de suffire à cette dépense, à cause des grandes charges qu'elles avaient déjà. Il insista néanmoins; et, quoi qu'elles pussent lui dire, il ne laissa pas d'insister encore (1). La sœur Bourgeoys, par un effet de sa grande confiance en DIEU, aurait volontiers continué cette bonne œuvre (2), si ses sœurs étaient entrées dans les mêmes vues. Mais la chose ayant été mise en délibération, toutes furent d'avis de la refuser, comme étant d'une dépense très-onéreuse, à laquelle leur communauté ne pourrait absolument suffire. On fit donc connaître au prélat le résultat de la délibération.

_____________________________________________

(1) Lettres du mois de mars 1692, du 25 février 1693; lettre à M. Dollier de Casson, du 14 mars 1694.
(1) Archives de la Congrégation , Remontrances des sœurs un sujet des règles.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XIII. M. de Saint-Vallier assez faiblement disposé en faveur de la Congrégation.

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Message  Louis Sam 19 Jan 2013, 6:38 am

XIII. M. de Saint-Vallier assez faiblement disposé en faveur de la Congrégation.

M. de Saint-Vallier, dont tous les actes ne furent pas toujours accompagnés de la modération que plusieurs auraient désirée dans sa conduite (3), se montra très-sensible à ce refus. Dans la première émotion, cédant à la promptitude de son naturel, il se laissa aller jusqu'à menacer les sœurs d'interdire leur pensionnat, de les interdire elles-mêmes de leurs fonctions, et leur donna même à entendre qu'il pourrait les empêcher de recevoir aucune prétendante, ce qui était leur dire en d'autres termes qu'il avait le pouvoir de supprimer leur communauté.

Bien plus, contre le sentiment de toutes les sœurs, il tenta de retirer de la Congrégation l'une des plus anciennes, pour la mettre à la tête de la maison de la Providence, en déclarant à cette sœur qu'elle n'aurait plus à l'avenir aucune dépendance de la communauté, et ne recevrait des ordres que de lui seul. Ce fut aussi ce qu'il déclara à une autre, quoiqu'elle témoignât une extrême répugnance à prendre ce parti. Les sœurs de la Congrégation furent aussi étonnées qu'affligées de s'entendre faire de pareilles menaces (1) ; mais enfin M. de Saint-Vallier, après de plus mûres réflexions, abandonna son projet et laissa supprimer cette maison.

____________________________________________________________

(3) Mémoire sur M. de Laval, par M. de La Tour.Archives de la marine. Mémoire sur l'état présent de l'Église du Canada.
(1) Archives de la Congrégation, Remontrances des sœurs au sujet des règles.

A suivre : XIV. La sœur Bourgeoys prie M. de Valens de…

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Message  Louis Sam 19 Jan 2013, 1:08 pm

XIV. La sœur Bourgeoys prie M. de Valens
de composer des règles pour la Congrégation.

Toutes ces fâcheuses circonstances firent assez comprendre à la sœur Bourgeoys qu'elle ne devait attendre que de DIEU seul la conservation de sa communauté. Étant déjà fort avancée en âge, et voyant que la Congrégation n'avait pu obtenir encore de l'autorité épiscopale un corps de règles, elle craignait qu'on ne la réunît aux Ursulines, ou que du moins, en lui donnant des règlements après sa mort, on n'en changeât le but et l'esprit. Mais dans les dispositions où était M. de Saint-Vallier à l'égard de la Congrégation, elle ne pouvait s'adresser à lui pour des règles. Comme cependant elle désirait beaucoup de voir mettre la dernière main à celles que les sœurs avaient observées jusque alors par manière d'essai, elle eut recours à M. de Valens, en qui elle avait une entière confiance, et le pria de se charger lui-même de ce travail. Par une trop grande défiance de ses propres lumières, M. de Valens s'en excusa d'abord.

Ce refus détermina la sœur Bourgeoys à s'adresser à M. Tronson, bien assurée qu'il approuverait son dessein, et qu'un mot de lui suffirait pour vaincre les résistances que l'humilité de M. de Valens opposait à sa prière. M. Tronson lui répondit en effet l'année suivante, 1694 :

« J'ai une estime si particulière de votre Congrégation, ma très-chère sœur, que je ferai volontiers tout ce qui pourra dépendre de moi pour la mettre dans l'état que vous désirez. Vous avez très-grande raison de vouloir lui donner des règles fixes; mais je ne sais si M. de Valens pourra se résoudre à les dresser, car il s'en croit très-incapable, et il me témoigne pour cela une très-grande répugnance. Cependant, comme je vois bien que c'est une bonne œuvre, je lui mande de faire ce que M. Dollier lui conseillera, et j'écris en même temps à M. Dollier, que s'il le croit propre pour ce travail, je consens volontiers qu'il s'y applique. Je serais bien aise qu'il puisse y réussir, et contribuer à perfectionner votre œuvre (1). »

M. Tronson avait déjà écrit dans le même sens à M. de Valens : « La sœur Bourgeoys, lui disait-il, me témoigne un grand désir que vous travailliez à ses règles. Comme sa Congrégation fait de grands biens, et qu'on ne peut rien faire de plus utile pour l'affermir que de lui donner de bons règlements, je serais bien aise que vous puissiez y travailler (1). »

___________________________________________

(1) ( ?)
(1) Lettres de M. Tronson, du 23 mars 1694.

A suivre : XV. M. de Saint–Vallier compose lui-même des règles assez conformes à celles des Ursulines, pour préparer par là la fusion qu'il méditait.

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Message  Louis Dim 20 Jan 2013, 6:20 am

XV.M. de Saint – Vallier compose lui-même des règles assez conformes
à celles des Ursulines, pour préparer par là la fusion qu'il méditait.

Mais sur ces entrefaites, M. de Saint-Vallier, informé sans doute des instances de la sœur Bourgeoys auprès de M. de Valens, prit la résolution de faire lui-même des règles pour les sœurs, et leur demanda une copie de celles qui avaient été jusque alors à leur usage. M. de Valens les transcrivit de sa main (2), et M. de Saint-Vallier, les ayant reçues, composa en effet de nouveaux règlements pour la Congrégation. Comme il tenait toujours à fondre cet institut dans celui des Ursulines, il fit entrer dans ces règlements beaucoup de pratiques usitées parmi ces religieuses, afin de les rendre familières aux filles de la sœur Bourgeoys, et par là d'unir plus aisément, dans la suite, leur institut à l'autre. Il voulait même déjà leur faire une obligation de garder la clôture ; et s'il se relâcha sur ce point, ce fut par considération pour des personnes sages, qui lui représentèrent les inconvénients de cette mesure, tout à fait incompatible avec les emplois de la Congrégation.

Néanmoins, toujours en vue de ménager la fusion qu'il méditait, il mit à la tête de ses règlements la règle de saint Augustin, qui se trouvait imprimée au commencement des constitutions des Ursulines ; il y inséra aussi leur cérémonial pour les vêtures et les professions; conformément à la pratique de ces religieuses, il voulut que les sœurs de la Congrégation exigeassent une dot des filles qui demanderaient à entrer dans leur communauté, et qu'elles s'engageassent par des promesses solennelles à garder perpétuellement la pauvreté, la chasteté, l'obéissance, et à instruire les jeunes filles: engagements qu'elles devaient garder sous peine de péché mortel.

Enfin il leur prescrivit un vœu particulier d'obéissance à lui-même, en marquant que ce serait de lui qu'elles connaîtraient la volonté de DIEU sur elles, toutes les fois qu'il jugerait utile de la leur manifester (1).

________________________________________________

(2) Vie de la sœur Barbier.
(1) Remontrances des sœurs au sujet des règles.

A suivre : XVI. M. de Saint-Vallier veut mettre ses règlements à exécution….

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Message  Louis Dim 20 Jan 2013, 1:58 pm

XVI.M. de Saint-Vallier veut mettre ses règlements à exécution.
Il permet enfin aux sœurs de lui soumettre leurs observations.

Ces nouveaux règlements étant achevés, M. de Saint-Vallier se rendit à Villemarie, au mois de mai 1694, pour les notifier aux sœurs. En les parcourant, elles furent assez étonnées de voir qu'il voulût leur imposer tant d'observances nouvelles, dont plusieurs leur semblaient être incompatibles avec l'esprit de leur institut, et surtout qu'il les obligeât de lui faire à lui-même un vœu spécial d'obéissance. Comme il les avait déjà pressées plusieurs fois de se mettre en clôture, elles craignirent qu'il ne se servît ensuite de ce vœu pour les y contraindre, quand il le jugerait expédient. Elles le prièrent donc de leur permettre de conférer entre elles sur ces règlements, avant qu'elles en fissent l'acceptation solennelle. M. de Saint-Vallier, qui était alors sur le point de faire un voyage en France, et n'était venu à Villemarie que dans l'intention de les mettre à exécution avant son départ, parut d'abord très-choqué de cette demande. Il répondit aux sœurs qu'étant leur évêque, il n'avait besoin ni de consentement ni d'acceptation de leur part, et alla même jusqu'à les menacer de leur faire signifier un ordre exprès d'observer ces règlements, si elles y apportaient la moindre résistance (1).

Affligées de ce discours, autant qu'elles devaient en être surprises, elles lui représentèrent avec respect, que si elles le priaient de leur permettre d'examiner ses règlements avant de s'obliger à les observer, ce n'était pas par manque de soumission à son autorité. Qu'elles convenaient bien qu'étant sous sa juridiction, c'était de sa main qu'elles devaient recevoir leurs règles ; mais qu'il leur semblait que ces règles devaient être proportionnées à l'état qu'elles avaient embrassé, et dans lequel plusieurs d'entre elles avaient vécu depuis plus de quarante ans; état que M. de Laval, évêque titulaire de Québec, et le roi lui-même avaient approuvé par leurs lettres patentes (1).

Adouci par cette réponse, M. de Saint-Vallier leur demanda quels étaient les articles de ses règlements qui leur paraissaient peu compatibles avec leur genre de vie. Les sœurs, qui craignaient de le blesser, se contentèrent d'en désigner quelques-uns, sans oser lui parler d'une multitude d'autres pour lesquels elles éprouvaient aussi une grande répugnance. M. de Saint-Vallier, prenant leur silence à l'égard de ces derniers pour une adhésion tacite (2), et s'imaginant qu'elles agréaient presque tous ses règlements, leur proposa alors de les accepter dans leur entier, en ajoutant qu'il les dispenserait des articles qu'elles jugeraient moins conformes à leur manière de vivre. Mais comme, de leur côté, elles lui témoignaient beaucoup d'éloignement d'accepter des règles dont elles seraient aussitôt dispensées (3), il se désista enfin, et leur permit de les examiner entre elles, pour lui soumettre ensuite leurs observations (4). Il leur annonça en même temps qu'il terminerait cette affaire à son retour de France, après qu'il en aurait conféré à Paris avec M. Tronson.

______________________________________________________

(1) Remontrances des sœurs au sujet des règles.
(1) Ibid.
(2) Lettre de M. Tronson à M. Caille, du 24 avril 1696.
(3) Remontrances des sœurs au sujet des règles.
(4) Lettres des sœurs à M. Tronson, de l'année 1695.

A suivre : XVII. M. de Saint-Vallier veut que M. Tronson examine…

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Message  Louis Lun 21 Jan 2013, 5:47 am

XVII. M. de Saint-Vallier veut que M. Tronson
examine ses règles et qu'il lui en marque son sentiment.

Les sœurs de la Congrégation, sachant que celui-ci devait être consulté sur leurs règles, s'empressèrent de lui écrire, pour le prier d'être leur médiateur et leur avocat auprès de M. de Saint-Vallier ; ce que fit aussi M. de Valens. A peine le prélat fut-il arrivé à Paris, qu'il envoya en effet les règles à M. Tronson, en le priant de lui en marquer son sentiment. M. Tronson, alors infirme et retiré à la maison de campagne du séminaire de Saint-Sulpice à Issy, était atteint dans ce moment d'un mal d'yeux qui lui interdisait toute lecture. Il renvoya donc les règles à M. Leschassier, directeur du séminaire de Paris, en le chargeant de faire agréer ses excuses à l'évêque de Québec.

Il ajoutait qu'il ne pouvait d'ailleurs être juge dans une matière qu'il n'entendait pas assez, et que, pour agir sûrement, il était nécessaire de consulter des personnes de grande expérience dans la conduite des communautés de filles, vu surtout que les sœurs de la Congrégation jugeaient qu'il y avait dans ces règlements des articles tout à fait contraires à leur premier esprit.

« Les observations qu'elles font, » disait-il dans un billet qu'il avait fait écrire sur ce sujet, « demanderaient peut-être qu'on les écoutât avant de rien conclure. Car quel fruit pourrait-on attendre de règles auxquelles elles ne seraient assujetties que par contrainte ? Tous ceux qui savent ce que c'est qu'un assujettissement forcé et une peine dans l'esprit d'une fille qui la croit bien fondée, jugeront que cela demande un grand examen , dont assurément je ne suis pas capable. Ainsi je vous prie de faire sur cela mes excuses à « Mgr de Québec (1). »

M. de Saint-Vallier insista néanmoins, et renvoya les règlements à M. Tronson, en lui déclarant qu'il voulait absolument avoir son avis avant de passer outre.

________________________________________

(1) Lettre à M. Leschassier , du 6 mars 1695.

A suivre : XVIII. M. Tronson désire que les sœurs lui exposent en détail toutes leurs difficultés sur ces règles.


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Message  Louis Lun 21 Jan 2013, 12:31 pm

XVIII. M. Tronson désire que les sœurs
lui exposent en détail
toutes leurs difficultés sur ces règles.

M. Tronson se soumit alors (2). Mais pour juger avec plus de connaissance de cause des difficultés que proposaient les filles de la Congrégation, il écrivit en ces termes, le 27 mars 1695, à la sœur Barbier, alors supérieure : « Ma chère sœur en
NOTRE-SEIGNEUR , ce que vous me marquez des règlements que vous a donnés Mgr de Québec est fort général. Vous dites qu'il y a plusieurs articles qui ne vous conviennent pas et que vous ne sauriez accepter, et M. de Valens m'en spécifie quelques-uns, dont je ne manquerai pas de parler au prélat. Mais comme il ajoute qu'il y en a encore plusieurs autres qui font de la peine à vos sœurs, j'aurais souhaité que vous, ou lui, m'en eussiez envoyé un mémoire, afin de lui parler en même temps de toutes vos difficultés. Vous pourriez y joindre aussi vos raisons, que je lui exposerai. Si vous me les faisiez savoir cette automne, il y aurait encore du temps pour lui proposer d'adoucir les choses qui vous font peine (1). Je ferai en sorte qu'on ne conclue rien que l'année prochaine, afin qu'on tâche d'éclaircir toutes les difficultés, de manière que personne n'ait sujet de se plaindre (2). »

La sœur Barbier, avec les sœurs Bourgeoys, Charly, Le Moine et Gariépy, qui composaient alors le corps des officières de la Congrégation, lui écrivirent en effet une lettre commune, conforme à sa demande, dont nous rapporterons ici les principales observations.

« Nous vous envoyons avec toute la confiance possible, lui disent-elles, les remarques que nous avons pu faire, sous le bon plaisir de Monseigneur, sur les constitutions que Sa Grandeur nous a laissées. Nous en avons retranché seulement les choses que nous avons reconnu qu'il ne nous serait pas possible d'observer, eu égard à la nature de notre établissement, à notre manière de vie, et aux fonctions de notre institut; et nous avons mis celles qu'une longue expérience nous a fait reconnaître pouvoir être plus convenables, ou nécessaires pour le bon ordre, le maintien et l'avancement de notre petite Congrégation. »

___________________________________________

(2) Lettre de M. Tronson à M. de Saint-Vallier, du 10 mars 1695.
(1) Lettre à la sœur Barbier, du 27 mars 1695.
(2) Lettre de M. Tronson à M. Dollier, du 12 mai 1695.

A suivre : XIX. Observation des sœurs touchant la règle de saint Augustin et les vœux qu'on veut leur imposer.

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Message  Louis Mar 22 Jan 2013, 6:37 am

XIX.Observation des sœurs touchant la règle
de saint Augustin et les vœux qu'on veut leur imposer.

« Pour ce qui est de la règle de saint Augustin, nous ne croyons point qu'elle convienne à notre institut. Par les lettres patentes du roi et par le mandement de Monseigneur l'ancien évêque de Québec, nous sommes établies en communauté, en qualité de filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame , pour l'instruction des jeunes filles, sans que nous puissions à l'avenir prétendre de passer à la vie religieuse. Or nous croyons qu'accepter cette règle de saint Augustin, c'est faire le premier pas pour nous y engager.

« Ainsi nous vous prions de retrancher tous les endroits des constitutions qui font mention de saint Augustin et de sa règle, et supposent assujettissement de notre part à cette règle (1), comme sont aussi les termes de notre bienheureux père saint Augustin , et autres semblables (2). »

« Pour ce qui regarde les engagements que Monseigneur veut que nous prenions, tout ce que nous pouvons accorder à Sa Grandeur sur ce point, après avoir consulté les personnes qui connaissent à fond notre communauté, est de faire des vœux simples à la profession, pour le temps que nous demeurerons dans la Congrégation; et nous ne croyons pas, à raison de notre état, pouvoir nous lier autrement. Cette sorte de vœu n'est point contraire à la nature de notre institut, et on nous a conseillé d'en user de cette manière pour la conservation de notre communauté. Nous vous prions au reste de régler tellement les choses que nous ayons toujours la liberté d'ouvrir la porte de notre petite Congrégation à celles qu'on jugerait à propos de congédier. Nous ne voulons point d'autres chaînes que celles du pur amour.

« Quant à la promesse que Monseigneur veut que toutes les sœurs fassent le jour de leur réception de lui obéir, tout le monde sait assez qu'il a été jusqu'à présent maître absolu dans notre communauté. M. Dollier et M. de Belmont pourraient vous en donner des témoignages certains. Ainsi nous ne nous croyons pas obligées de lui témoigner autrement notre dépendance, qu'en disant que nous sommes sous son autorité et sa juridiction. On sait bien qu'il n'y a pas de communauté qui puisse moins se soustraire à la juridiction des évêques que la nôtre, en qualité de filles de paroisse.

« Nous vous supplions de porter Monseigneur à adoucir ces articles. Nous nous croyons, par la grâce de DIEU , assez liées, et nous espérons qu'il nous fera la grâce de vivre et de mourir dans la même union et charité qui a donné commencement à notre petite communauté.

« Pour ce qui regarde le vœu de stabilité dont M. de Valens vous avait écrit depuis l'année dernière, nous appréhendons que cela ne cause quelque distinction ou partialité parmi nous, à cause qu'il n'y aurait, d'après les constitutions, que celles qui auraient fait ce vœu qui pussent occuper les premières charges (1).

___________________________________

(1) Ibid.
(2) Remarques des sœurs de la Congrégation sur les règles.
(1) Archives de la Congrégation; lettre autographe des sœurs à M. Tronson.

A suivre : XX. Observations touchant les dots, les pensionnaires perpétuelles, les austérités corporelles, la clôture.

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Message  Louis Mar 22 Jan 2013, 11:47 am

XX. Observations touchant les dots,
les pensionnaires perpétuelles,
les austérités corporelles, la clôture.

« Nous prions Monseigneur de nous laisser dans la même liberté, où nous avons été jusqu’a présent, de recevoir chez nous les filles qui se présentent, sans exiger de dot de leur part; notre communauté n'est établie, ce nous semble , que pour servir d'asile aux pauvres filles du pays qui veulent se retirer du monde (2).

« Il est vrai que notre petite Congrégation est pauvre, mais nous avons lieu d'espérer, par l'expérience du passé, que cette pauvreté nous attirera les bénédictions de DIEU. Nous sommes en possession depuis plus de quarante ans, de faire nos fonctions tant dans l'île de Montréal que dans les autres lieux du pays, sans être à charge à personne, vivant de notre industrie et de notre travail... instruisant les filles gratuitement. Quoique jusqu'à présent nous n'ayons reçu que fort peu de chose des sujets qui sont entrés chez nous, l'on voit par expérience que DIEU a béni notre maison. Au lieu que si nous prenons une dot par obligation, cela ne servira qu'à éloigner de notre institut les filles pauvres, quelque désir et quelque capacité qu'elles auraient; et pour celles qui auront le moyen de la fournir, elles entreront dans les maisons religieuses où l'on reçoit les filles par dot ; ce qui serait le vrai moyen de détruire notre établissement dans le pays (1).

« Pour ce qui regarde la troisième sorte de personnes…

____________________________________________

(2) Archives de la Congrégation; lettre autographe des sœurs à M. Tronson.
(1) Ibid., remarques des sœurs de la Congrégation sur lesrègles.

A suivre …

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Message  Louis Mer 23 Jan 2013, 6:32 am

XX. Observations touchant les dots,
les pensionnaires perpétuelles,
les austérités corporelles, la clôture.


(suite)

« Pour ce qui regarde la troisième sorte de personnes qui pourront être reçues dans notre communauté, en qualité de sœurs associées, ou de pensionnaires perpétuelles, comme est marqué vers la fin de la seconde constitution, il nous a semblé qu'elles ne sauraient nous être que très-incommodes. Monseigneur sait assez l'embarras et les difficultés où nous avons été à l'égard de celles qui étaient déjà entrées chez nous, et qui voulaient se réserver divers privilèges, comme la liberté de se conduire par d'autres que ceux qui ont soin de notre communauté. Si Monseigneur veut absolument que nous en recevions, il lui plaira de marquer dans nos règlements, qu'il ne nous oblige point à leur égard, à d'autres choses que celles qu'on observe dans les autres communautés envers ces sortes de pensionnaires.

« Au sujet des austérités corporelles, il conviendrait mieux de ne prescrire sur les règles à des filles séculières comme nous, aucune mortification ni austérité d'obligation ou en commun; et de laisser à la dévotion de chacune, d'user en son particulier de celles dont elle connaîtra avoir plus de besoin, le tout, par l'avis du confesseur ou directeur, et permission de la supérieure.

« L'article neuvième de la dixième constitution a pour titre : De la clôture; nous n'en avons pas chez nous. Il y a aussi dans le même article certains points qui demandent un peu d'adoucissement, comme quand il est dit : qu'on ne parlera point aux personnes du dehors dans les rues. Il peut survenir quelque cas qui exigera qu'on passe par-dessus cette règle. Il plaira aussi à Monseigneur de retrancher la promesse spéciale d'obéissance qu'il exige de la supérieure nouvellement élue (l).»

_____________________________________________

(1) Lettre autographe. Ibid.

A suivre : XXI. Lettres particulières de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.

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Message  Louis Mer 23 Jan 2013, 11:54 am

XXI. Lettres particulières de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.

Outre la lettre commune, dont nous venons de donner ces extraits, la sœur Barbier écrivit encore à M. Tronson pour lui faire part de ses réflexions particulières: et enfin la sœur Bourgeoys, de son côté, lui raconta en détail, dans une grande lettre, toutes les circonstances de sa vocation. Elle lui expose avec simplicité et effusion de cœur les divers motifs qui l'avaient portée à établir la Congrégation ; et surtout elle lui fait remarquer que cette institution avait eu pour fin d'honorer la vie voyagère de la très-sainte Vierge, qu'aucune communauté jusque alors ne s'était proposé d'imiter. Mais, par un effet de sa rare humilité, elle ne dit presque rien dans tout ce récit qui puisse donner à entendre qu'elle eût eu plus de part à cet établissement que les premières compagnes qui s'étaient jointes à elle.

« La facilité de vous écrire que vous m'offrîtes l'an passé, lui dit-elle, me donne la liberté de vous faire savoir les motifs qui ont porté à faire l'établissement de la Congrégation à Montréal, et comme j'apprends que vous avez la charité de travailler aux règlements qui doivent y servir, je passe sur ma répugnance pour vous faire savoir les fins de cet institut (1).»

Après avoir donc rapporté, entre autres circonstances de sa vocation, le dessein qu'avait eu M. Jendret de faire honorer à Troyes la vie de Marie par une nouvelle communauté qui n'avait pas réussi, les paroles qu'il lui avait dites en renvoyant en Canada, « que ce que DIEU n'avait pas voulu à Troyes, il le voudrait peut-être à Montréal, » et d'autres particularités semblables, elle conclut ainsi sa lettre: …

___________________________________

(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris, lettre autographe de la sœur Bourgeoys.

A suivre…

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Message  Louis Jeu 24 Jan 2013, 6:30 am

XXI. Lettres particulières de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.

(suite)


… elle conclut ainsi sa lettre:

« Je crois que pour honorer cet état de la vie voyagère de la sainte Vierge, il faut que les sœurs soient filles de paroisse; qu'elles soient gouvernées par les séminaires, que les derniers sacrements leur soient administrés par l'ordre de la paroisse, qu'elles y aient une sépulture et y soient enterrées ; comme aussi une place pour y assister avec les écolières aux grand'messes , vêpres et saluts , et y communier quelquefois. Qu'elles ne chantent ni grand'messes ni vêpres dans leur église (particulière), mais seulement quelques motets aux messes basses, et aux jours qui seront jugés à propos. Que dans la maison les sœurs soient égales, en sorte que la supérieure, après sa démission, pût être cuisinière ou occupée à tout autre emploi, auquel elle sera trouvée propre ; et la cuisinière être supérieure ou être employée aux gros ouvrages. Le tout pour imiter la vie et les vertus de la sainte Vierge. Tout cela ne m'empêchera pas d'être bien contente de tout ce qui sera fait. C'est tout mon désir que DIEU soit servi dans cette communauté. »

Enfin la sœur Bourgeoys écrivit à M. Tronson une nouvelle lettre, le 30 octobre 1695, pour insister sur quelques articles qui lui avaient paru n'être pas conformes à l'esprit de la Congrégation, tels que l'obligation d'exiger des dots, la rareté des conférences spirituelles, la trop grande attention à conserver la santé des sœurs. Elle lui parlait aussi des récréations, qu'elle désirait qu'on prît toujours dans la maison même, comme on avait fait jusque alors. « Les récréations hors de la maison, lui disait-elle, ne sont guère propres aux filles qui sont au service de DIEU, tant à cause des inconvénients qui en peuvent arriver, que pour le tort que cela peut causer aux missions, où d'ordinaire elles ne sont que deux pour garder la maison. D’ailleurs, les jeunes filles, qui ont déjà peu d'inclination à demeurer chez elles, croiront bien faire en se répandant aussi elles-mêmes au dehors, et c'est ce que nous devons empêcher (1). »

___________________________________________

(1) Lettre autographe de la sœur Bourgeoys , Ibid.

A suivre : XXII. Réponse de M. Tronson…


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Message  Louis Jeu 24 Jan 2013, 12:10 pm

XXII. Réponse de M. Tronson.
Son estime singulière pour la personne
et les lumières de la sœur Bourgeoys.

Ces lettres de la sœur Bourgeoys édifièrent beaucoup M. Tronson, et lui inspirèrent une nouvelle estime pour cette sainte fondatrice, dont elles lui découvraient de plus en plus les grâces et l'esprit. Il lui répondit le 7 avril de l'année suivante 1696 :

« Ma bonne sœur, j'ai vu, par vos deux lettres de l'année dernière, la conduite de la divine Providence sur vous, et la grâce que NOTRE-SEIGNEUR vous a faite de vouloir se servir de vous pour établir les filles de la Congrégation à Montréal. C'est un institut que nous ne saurions qu'estimer beaucoup, puisqu'il ne peut être que d'une très-grande édification et très-utile à la gloire de DIEU. Nous en connaissons les fruits, et nous savons les bénédictions que DIEU y donne, par les choses qu'on nous en mande tous les ans. Ainsi nous serons ravis de profiter de toutes les occasions qui se présenteront pour y augmenter la ferveur et y conserver toujours le même esprit.

« J'ai embrassé avec joie celle que vous me donnez de parler à Mgr de Québec sur les constitutions qu'il vous a données. Je lui ai exposé vos difficultés, qui me paraissent raisonnables, et je crois qu'il y fera attention. Au moins, il convient déjà qu'il n'a point voulu vous faire religieuses, ni vous obliger à faire des vœux solennels, car ce serait changer entièrement votre institut ; et il ne tiendra pas à moi que vous n'ayez satisfaction sur tout le reste (1). »

Rien ne montre mieux l'estime singulière que M. Tronson faisait de la sœur Bourgeoys , et son respect profond pour ses vertus éminentes et pour les lumières qu'elle avait reçues de DIEU, sur son institut, que sa réponse à M. Caille, supérieur de la Congrégation, au sujet des nouvelles règles.

« Pour la sœur Bourgeoys, lui disait-il confidemment, elle a beaucoup de grâce, et elle mérite assurément qu'on l'estime et que l'on ait beaucoup d'égard à ses vues sur ce qui concerne son institut. Celle que DIEU lui donne de recevoir des filles sans dot, marque un très-grand et très-saint désintéressement. Je l'ai exposée à Mgr de Québec, aussi bien que toutes les autres difficultés que l'on fait sur ses constitutions. Je ne sais pas encore ce qu'il fera là-dessus; mais je puis bien vous dire que si j'en suis cru, il y fera beaucoup de changements, et déférera plus qu'il n'a fait aux intentions de l'institutrice. Je crois qu'elle ne lui avait pas assez fait connaître ce qui la blessait. Car comme, pour ne pas faire de peine au prélat, on a paru se soumettre à ses règles, il s'est persuadé qu'on n'y ferait pas de difficultés (1). »


______________________________________________________

(1) Lettre à la sœur Bourgeoys, du 7 avril 1696.
(1) lettre de M. Tronson à M. Caille, du 24 avril 1696.

A suivre : XXIII. A la prière de M. Tronson M. de Saint-Vallier…

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Message  Louis Ven 25 Jan 2013, 6:37 am

XXIII. A la prière de M. Tronson
M. de Saint-Vallier modifie
ses règlements pour la Congrégation.

M. de Saint-Vallier comprit, en effet, que, comme il n'appartient qu'à DIEU de créer de nouveaux instituts dans son Église, lui seul aussi peut leur donner l'esprit particulier qui doit en être la vie, et la forme qui doit les distinguer entre eux. Voulant donc faire servir son autorité à seconder les desseins de DIEU sur la Congrégation, il réforma les règles qu'il avait d'abord proposées, et les adapta aux vues de la fondatrice. Il crut cependant procurer plus efficacement le bien de l'institut en se contentant de modifier, ou même en laissant subsister quelques-uns des articles que les sœurs avaient signalés dans leur requête.

Ce fut peut-être pour engager M. de Saint-Vallier à se relâcher sur ces points, que les sœurs écrivirent encore à M. de Turmenie, dont on a déjà parlé. Du moins cet ecclésiastique eut alors plusieurs entretiens avec M. Tronson à Issy (1), pendant que M. de Saint-Vallier, selon toutes les apparences, y vaquait aux exercices de la retraite spirituelle (2). Quelque temps après, M. Tronson écrivait à M. de Turmenie que si les sœurs de la Congrégation avaient de nouvelles difficultés à proposer, il en conférât avec M. Leschassier, qui le remplaçait à Paris.

« Il en parlera au prélat d'aussi bon cœur que je pourrais le faire moi-même, disait-il ; et si vous jugez ensuite qu'il soit de quelque utilité que je lui expose moi-même leurs peines, je vous marquerai volontiers un jour, lorsque le temps ne sera pas si rude, pour en conférer ensemble. Mais je dois vous dire par avance que je n'ai pas assez d'expérience pour préférer mon sentiment à ce que juge un évêque chargé par son ministère de leur communauté, surtout pour de certaines choses qu'il croit nécessaires pour le bon ordre de la maison (1). »

Cette sage modération fut la ligne de conduite…

__________________________________________

(1) Journal de M. Tronson, par M. Bourbon, 8 juin 1696.
(2) Lettre de M. Tronson à M. de Saint-Vallier, du 6 juin 1696.
(1) Lettre à M. de Turmenie, du 7 février 1697.

A suivre…

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Message  Louis Ven 25 Jan 2013, 12:27 pm

XXIII. A la prière de M. Tronson
M. de Saint-Vallier modifie
ses règlements pour la Congrégation.


(suite)

Cette sage modération fut la ligne de conduite que tint M. Tronson dans les conférences qu'il eut avec M. de Saint-Vallier sur cette affaire. Il crut devoir insister sur les points qu'il jugeait essentiels à l'esprit de l'institut, et respecter les sentiments du prélat à l'égard de plusieurs autres de moindre importance.

« Je vous envoie, écrivait-il à M. Dollier, les règlements que Mgr de Québec avait faits pour les filles de la Congrégation , et que vous trouverez bien adoucis. Comme mes incommodités ne me permettent pas de faire réponse aux bonnes sœurs, vous m'obligerez de le leur témoigner en leur faisant voir les mémoires que je vous envoie, et d'assurer particulièrement la sœur Bourgeoys et la supérieure, que leur intérêt me sera toujours en grande recommandation. Il me semble que dans l'état où sont les règlements, il y a certains articles qui ne leur doivent faire présentement nulle peine. Quant aux autres, Mgr de Québec croit avoir de bonnes raisons pour les laisser comme ils sont. Si les sœurs y ont encore quelque peine, elles pourront lui exposer elles-mêmes les raisons qu'elles ont d'y souhaiter quelque adoucissement (1). »


(1) Lettre de M. Dollier, du 21 avril 1697.

A suivre : XXIV. Les sœurs de la Congrégation acceptent les nouvelles règles.


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Message  Louis Sam 26 Jan 2013, 6:33 am

XXIV. Les sœurs de la Congrégation acceptent les nouvelles règles.

Mais le jugement de M. Tronson leur servit à toutes de règle de conduite dans l'acceptation pure et simple qu'elles firent de leurs constitutions au mois de juin 1698. Car M. de Saint-Vallier étant allé à Montréal, et les ayant assemblées plusieurs fois pour les leur expliquer, toutes s'empressèrent à l'envi de donner des marques de leur joie et de leur satisfaction parfaite. Enfin, le 24 du même mois, les règles furent solennellement acceptées et signées de toute la communauté en la manière suivante :

« Nous acceptons avec toute sorte de respect et de soumission les règlements qui nous ont été donnés par Mgr l'illustrissime et révérendissime évêque de Québec ; et après les avoir lus et examinés plusieurs fois, nous les avons jugés très-propres pour le bien de notre communauté , et sommes dans la résolution de les pratiquer avec toute l'exactitude possible. En foi de quoi nous avons signé, à Montréal, le 24 juin 1698 (2). »

Le lendemain on mit à exécution l'article des règles qui prescrivait les vœux simples de pauvreté, de chasteté, d'obéissance et d'instruction des petites filles. M. de Saint-Vallier, s'étant rendu dans la chapelle de la Congrégation, assisté de M. Dollier de Casson et de M. Glandelet, vicaires généraux, ainsi que de MM. de Valens, Geoffroy, Mériel, Prist et de Villermola, prêtres de Saint-Sulpice, il adressa aux sœurs une exhortation sur l'excellence des vœux et sur la manière de les observer fidèlement. Ensuite il commença le saint sacrifice, et après qu'il eut communié, il reçut les vœux de toutes les sœurs professes. Elles les prononcèrent l'une après l'autre, immédiatement avant de recevoir la sainte communion, et en présence du très-saint Sacrement, que l'évêque tenait entre ses mains. Dès ce moment, pour se conformer aux nouvelles règles, les sœurs ne furent plus désignées chacune que sous le nom de quelque saint ou de quelque sainte, ou même de quelque mystère. Le nom qui échut à la sœur Bourgeoys fut celui du Saint-Sacrement, et la sœur Barbier, alors supérieure, fut désignée sous le nom de l'Assomption (1).

En exécution des mêmes règles, les sœurs procédèrent peu après à l'élection d'une nouvelle supérieure pour conduire la Congrégation pendant l'espace de six ans…

____________________________

(2) Vie de la sœur Barbier.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 157-158-159.

A suivre…


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