Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
X. M. Olier à qui ce dessein avait été inspiré,
en a mis par écrit quelques traits demeurés secrets jusqu’à ce jour. (suite)
C'est le parti que nous croyons devoir prendre nous-même, sur le sujet dont nous parlons, malgré le blâme que nous ne pourrons éviter de la part des esprits ennemis du merveilleux. Faudrait-il, en effet, laisser privées plus longtemps de la connaissance du dessein de DIEU sur la colonie de Montréal, les âmes simples et dociles, qui pourront y trouver un puissant motif d'édification et de confiance? Aujourd'hui que DIEU prend plaisir à développer l'Eglise de l'Amérique du Nord, et à l'étendre de toutes parts, pourquoi lui tenir encore cachées ces lumières qui lui révèlent son origine ? Les écrits où M. Olier les a consignées ont d'ailleurs été conservés jusqu'ici par une conduite toute spéciale de la divine Providence; et lui-même assure que ces secrets seront publiés un jour, pour l'instruction et l'édification de plusieurs.
Ayant donc à raconter dans cet ouvrage la vie admirable de la sœur Bourgeois et celle de MlleMance, dont il plut à DIEU de se servir pour concourir à l'exécution de l'œuvre de Montréal, nous croyons entrer dans les vues de sa Providence et dans les intentions de M. Olier, en rendant public ce dessein , quelque extraordinaire qu'il puisse paraître.
A suivre : XI. Dans l’établissement de l’Église DIEU…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XI. Dans l’établissement de l’Église DIEU
s’est servi de l’infirmité pour faire paraître sa puissance.
« On ne saurait le croire, dit M. Olier lui-même, si l'on n'est établi dans la foi de l'amour de DIEU envers les hommes, et si l'on n'est convaincu de son infinie sagesse, qui emploie les choses les plus impertinentes pour ses œuvres , et de sa puissance divine, qui se sert du néant et de l'infirmité pour faire les effets de sa grâce les plus miraculeux. C'est sur le théâtre de la misère et de l'infirmité qu'éclatent sa puissance et sa miséricorde. Qui eût cru, en voyant JESUS, Marie et Joseph dans une étable, que ces trois personnes renverseraient un jour toute la terre? que cet enfant au maillot gouvernerait un jour tout le monde? que celui qui reposait entre deux animaux serait assis triomphant dans les cieux, au milieu des deux personnes adorables du PERE et du SAINT-ESPRIT? que cet enfant alors muet, infirme, impuissant de se bouger, de parler, de marcher, avait en soi un DIEU, qui soutient tout le monde, et vivifie toute la créature (1)?
« DIEU a voulu agir ainsi dans l'établissement de ce grand œuvre de l'Église, afin qu'on vit ouvertement que c'était sa main seule qui avait entrepris cet édifice. Car c'est le dessein de DIEU, de vouloir paraître en tout l'auteur de sou ouvrage, et de ne souffrir pas que personne en puisse partager la gloire avec lui, pas même son Fils, cet instrument si saint, si parfait, si divin. Pour cela donc il a voulu que son Fils parût dans un tel état d'infirmité et de petitesse, que quand on verrait le plus faible de la nature, à savoir le fils d'un charpentier, ce pauvre honteux et misérable, remuer tout le monde, renverser les États, les monarchies et les empires, abattre l'orgueil de la sagesse du démon par la folie de ses maximes, par la faiblesse et l'ignorance de ses apôtres , on reconnût ouvertement que c'était la main seule de DIEU qui avait exécuté un ouvrage si admirable.
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(1) Mémoires autographes de M. Olier,, p. 79, etc.
A suivre : XII. DIEU, ayant établi…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XII. DIEU, ayant établi l’Église
par JESUS, Marie et Joseph,
veut donner une image de cette conduite
par l’établissement de l’Église de Villemarie.
« Tout de même en est-il dans ce temps, où DIEU, par une miséricorde infinie, veut faire de nouveaux biens à son Eglise et redonner 1'esprit primitif. Il s'est tellement plu dans les mystères passés de JESUS, Marie et Joseph; ces mystères étaient conduits d'ailleurs par une sagesse si admirable, qu'ayant à renouveler la piété première, il prétend suivre la conduite qu'il a tenue sur son Église, quand il l'a instituée et fondée sur la terre, et se servir d'un semblable procédé. L'œuvre dont je parle doit consister en deux choses : l'une est le renouvellement de l'Eglise dans ces quartiers, l'autre l'établissement d'une nouvelle Église en Canada, où l'on va bâtir une ville chrétienne, qui est une œuvre d'une merveilleuse importance (1).
Pour montrer la conduite qu'il a tenue sur l'Église en l'établissant par les intercessions de JESUS, Marie, Joseph , ce qui a été entièrement négligé par les hommes, et à quoi on ne pense guère, DIEU veut mettre devant nos yeux une figure et une image sensible de la vérité des mystères passés. Ayant résolu d'opérer ces deux œuvres par les intercessions de JESUS, Marie, Joseph, il veut se servir pour ce sujet de trois personnes en terre, qu'il remplit de l'esprit de JESUS, Marie, Joseph, et qui sont comme les sacrements de ces trois augustes personnes, portant en elles des grâces semblables à celles de leurs patrons , et recevant communication de leur esprit (2).
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(1) ibid. t. II, p. 214.
(2) ibid. t. II, p. 36.
A suivre : XIII . Dispositions nécessaires….
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIII. Dispositions nécessaires pour croire ce dessein de DIEU.
« Qui dirait ces mystères à des âmes incrédules, ce serait un sujet de mépris et de risée, et une fable à la plupart du monde (3). C'est chose merveilleuse de voir ce qui se passe dans les âmes.
C'est chose inconcevable à qui ne le sent pas, et n'a point d'entrée dans les voies de l'esprit divin, qui, étant infini en sa sagesse et en son amour, produit des effets qui sont incroyables à ceux qui ne s'efforcent pas de se convaincre de l'infini amour de DIEU envers les hommes.
C'est pourquoi les théologiens remarquent, au commencement du mystère de l'Incarnation, qu'il serait impossible aux hommes et aux anges, sans la foi, de concevoir la possibilité de ce mystère. Il en est tout de même de l'œuvre dont je parle, et que la bonté de DIEU , par une miséricorde infinie, prétend opérer dans la même conduite qu'il a tenue en instituant son Église sur la terre. Dans sa bonté et sa puissance, il se sert de ce qu'il lui plaît pour faire son ouvrage, sans s'arrêter aux talents, ni aux conditions des personnes pour l'exécuter; et au contraire, pour renverser le cours de la sagesse humaine, il prend plaisir à se servir des choses les plus abjectes et les plus méprisables.
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(3) ibid. t. II, p. 48, t. I, p. 206-209.
A suivre : XIV . M. Olier est appelé de DIEU …
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV. M. Olier est appelé de DIEU à représenter
N.- SEIGNEUR dans cette nouvelle Église.
Ses sentiments sur cette vocation.
« Hélas ! je n'ose me nommer, ni dire que dans la fondation de cette nouvelle Église, qui doit se taire par JESUS, Marie, Joseph, DIEU désire que je tienne la place de son Fils; ce que je ne dis qu'à ma condamnation, me voyant si indigne et si éloigné d'avoir part aux grâces nécessaires pour représenter NOTRE-SEIGNEUR , sinon en tant que je suis tout couvert de péchés qui me sont propres, comme NOTRE-SEIGNEUR était chargé des péchés étrangers (1). Je ne puis douter des volontés de DIEU et du dessein si merveilleux que celui dont je parle, qui est cette nouvelle Église, que la bonté de DIEU Veut former. Tous ces jours passés, je voyais devant mes yeux ce qu'il avait plu à DIEU de me montrer autrefois, à savoir : un pilier qui servait de fondement et d'appui à deux arcades, ou à deux églises, dont l'une était vieille et ancienne, et l'autre était nouvelle. Toutes deux venaient se joindre et aboutir sur ce pilier et cette pierre fondamentale, qui est moi-même, en tant que rempli de la présence de JESUS-CHRIST, l'unique fondement de toute la réforme de l'Eglise présente, et de l'établissement de la nouvelle qui doit se faire en Canada (2).
Grand DIEU , c'est bien ici que je dois m'abimer et m'oublier moi-même; c'est bien ici que je dois m'abandonner et me perdre en votre Fils unique, comme vous me l'avez dit il y a très-longtemps : Il faut vous consommer en moi, afin que je fasse tout en vous (3).
Anéantissons-nous, pauvres vases fragiles, pauvres figures corruptibles, pauvres images de terre. Adorons DIEU en sa conduite et dans le plaisir qu'il prend à faire des choses grandes par des sujets méprisables. Adorons DIEU qui nous choisit pour ce dessein, et abandonnons-nous totalement à sa conduite. Pour moi, je ne puis autrement; car si je voulais penser à ce que je suis, et à ce que DIEU désire faire, je m'irais cacher et m'abîmerais au plus profond cachot de la terre, comme l'esprit de DIEU me l'a fait ressentir (1) (*).
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(1) Ibid. t. III, p. 566.
(2) Mémoires autobiographiques de M. Olier , t. IV. P. 169 etc. t. III. P. 266.
(3) Ibid. t. II, p. 96.
(1) Ibid. t. II, p. 91.
A suivre : l’astérisque ( * )…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV. M. Olier est appelé de DIEU à représenter
N.-SEIGNEUR dans cette nouvelle Église.
Ses sentiments sur cette vocation. (suite)
(*) M. Olier, comme l'événement l'a fait connaître, était appelé de DIEU à contribuer en effet, par la formation du clergé, au soutien de l'Église de l'ancienne France et de celle de la nouvelle; et l'image qui lui était montrée, d'un pilier qui servait d'appui à deux arcades, figures de ces deux Églises, était un symbole parfaitement approprié à une telle vocation. Car si l'Église est comparée dans les Écritures à un édifice, dont saint Pierre et ses successeurs sont l'inébranlable fondement (1) : il est naturel de dire que les évêques et les prêtres piliers ou les colonnes, puisque, dans cette divine architecture, ils sont les appuis qui portent immédiatement tout le reste du bâtiment. De là saint Grégoire le Grand les appelle-t-il les bases de l'Éqlise (2) ; et d'après saint Grégoire de Nazianze et d'autres saints docteurs, ils en sont les colonnes sur lesquelles repose toute la multitude des fidèles (3) ; ce qui fait dire à saint Jérôme que lorsqu'on ordonne des ministres sacrés on élève des colonnes dans l'Eglise (4).
Au reste, la vue de ce pilier et de ces deux arcades était à fait conforme aux signes que la sagesse de DIEU a donnés de la vocation de plusieurs saints, appelés a concourir, par la formation de nouveaux instituts, au soutien de l'Église universelle. Sans vouloir comparer ici M. Olier à saint François d'Assise et à saint Dominique, il ne sera pas hors de propos de rappeler le genre de symbole dont DIEU se servit pour manifester la vocation de ces deux grands patriarches. Saint Bonaventure rapporte, d'après le propre témoignage d'Innocent III, que quelques jours avant que saint François d'Assise se présentât à ce pape, pour lui demander la confirmation de son institut, Innocent eut une vision qui lui fit connaître la vocation de cet homme extraordinaire. Pendant son sommeil, il lui sembla voir l'église de Saint-Jean-de-Latran prête à tomber, et un homme pauvre et chétif qui la soutenait de ses épaules. Sur quoi il s'écria: Ah! véritablement, c'est là cet homme qui soutiendra l'Église de JESUS-CHRIST par ses œuvres et par sa doctrine (**). Il exprimait ainsi, ajoute l'historien de saint François, les grands services que le saint fondateur et ses enfants rendraient à l'Église universelle, et qu'ils n'ont cessé de lui rendre depuis (1).
Cinq ans après, c'est-à-dire en 1215, Innocent III…
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(**) Voici les paroles de saint Bonaventure sur le sujet de cette vision : « Visionem quam tunc temporis è cœlo perceperat Innocentius III, in hoc viro fore complendam, Spiritu divino suggerente, firmavit. Videbat namque in somnis, ut retulit, Lateranensem basilicam fore proximam jam ruinæ, quam quidem homo pauperculus, modicus et despectus, proprio dorso submisso, ne caderet sustentabat. Verè, inquit, hic est ille, qui opère et doctrina, CHRISTI sustentabit Ecclesiam. Inde præcipua devotione repletus, petitioni ejus se per omnia inclinavit, ac CHRISTI famulum speciali semper amore dilexit (1). »
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(1) Évangile selon S. Matthieu, ch. XVI, v. 18.
(2) Saint Grégoire le Grand, Homélie XVII e sur l’Évangile.
(3) Saint Grégoire de Naziance, poésies. — Saint Eucher, Homélie III e. — De la vie contemplative, ch. II.
(4) Saint Jérôme sur le 1er chapitre de l’Epître à Tite.
(1) Vie de saint François d’Assise, par le P. Chalipe, livre I, année 1210, in-12 ; 1824, t. I. p. 111-112.
(1) Sancti Bonaventuræ Opuscul. T. II. Legendæ sancti Francisci, cap. III. P. 289, EDIT. 1647.
Dernière édition par Louis le Dim 22 Juil 2012, 7:29 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV. M. Olier est appelé de DIEU à représenter
N.-SEIGNEUR dans cette nouvelle Église.
Ses sentiments sur cette vocation.
(suite de *)
Cinq ans après, c'est-à-dire en 1215, Innocent III eut encore la même vision au sujet de saint Dominique, appelé pareillement donner naissance a un institut qui a été si utile à l'Église universelle (**) (1)
La vue qui manifesta à M. Olier sa vocation , n'a donc rien que de conforme a la conduite de la sagesse divine; et quelque extravagante qu'elle eut pu paraître, si elle eût été rendue publique en 1642, alors qu'il n'y avait aucune sorte d'apparence d'en voir un jour l'accomplissement, il semble qu'on doive la regarder aujourd'hui comme une lumière de l'Esprit de Dieu, puisqu'elle a été justifiée à la lettre par une expérience de plus de deux siècles. Car c'est un fait notoire que, depuis M. Olier jusqu'à ce jour, le séminaire de Saint-Sulpice et toutes les maisons qui en dépendent, n'ont cessé de former, pour le soutien de l'Église de France, une multitude de prêtres et d'évêques; ce qui faisait dire à l'assemblée générale du clergé, écrivant en 1730 au pape Clément XII : « C'est du séminaire de Saint-Sulpice, comme d'une sorte de citadelle de la religion, et d'une école de toutes les vertus, que sort une multitude innombrable, soit de prélats, soit d'ecclésiastiques de tous les rangs, puissants en paroles et en exemples, fermes dans la foi, et enracinés dans la charité, et préparés à toute sorte de bonnes œuvres (1). »
Fénelon écrivait aussi : La maison de Saint-Sulpice est une source de grâce pour tout le clergé (2), et c'est ce qui a paru surtout dans l'affaire du jansénisme. Si les évêques, unis au Saint-Siège, sont la règle immédiate de la foi des fidèles, il faut reconnaître que l'œuvre de M. Olier, conformément à la vue symbolique dont nous parlons , a été l'un des principaux soutiens de l'Église de France, en formant presque tout l'épiscopat français du siècle dernier, qui, comme on sait, demeura attaché à la saine doctrine, pendant que la plupart des communautés de ce royaume avaient embrassé le parti de l'erreur.
Quant à la Nouvelle-France, on verra dans la suite de cet ouvrage, et surtout dans l'Histoire de la colonie de Montréal, la part que l'œuvre de M. Olier a eue à la formation de cette Église, et à sa conservation, après la conquête du pays par les Anglais.
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(1) Ibid. libre II année 1215, p. 207.
(1) Collection des procès-verbaux des assemblées, t. vii, pièces justificatives de l’assemblée de 1730, nº vi, p. 339.
(2) Œuvres de Fénelon ; correspondance t. v, lettre 44e, 22 mai 1706.
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(**) Thierri d'Apolde, dans la Vie qu'il a écrite de saint Dominique, après avoir fait remarquer que le pape Innocent III s'était montré peu favorable au dessein que saint Dominique lui proposait, d'établir l'ordre des prédicateurs, raconte ainsi la vision dont ce pape fut favorisé la nuit suivante, et qui le fit changer d'avis :
« Proxima nocte videt idem CHRISTI Vicarius in somnis ecclesiam Lateranensem gravem minitari ruinam. Tremefactus igitur et mœrens, videt è diverso virum DEI Dominicum accurrentem, et suis humeris totam illam ruinosam fabricam sustentantem. Ejus visionis novitatem admirans sapiens Pontifex, et quid ea sibi veltet, sagaciter animadvertens, oblatas sibi preces hilariter admisit, et pium propositum commendavit (1). »
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(1) Annal. Baronii, ab Odorico Raynaldo cont. ann. 1215, nº 17,l. XIII , p. 245.
A suivre…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIV. M. Olier est appelé de DIEU à représenter
N.-SEIGNEUR dans cette nouvelle Église.
Ses sentiments sur cette vocation. (suite de ses sentiments.)
« C'est une chose étrange en quel profond anéantissement cette vue me réduit, crainte d'être infidèle, à cause que je me vois le plus pauvre et le plus méprisable du monde, un néant inutile et impertinent à un œuvre si saint. Je vois que maintenant je ne puis faire de fautes que de la nature de celles d’Adam, en tant qu'elles porteraient coup à l'Église, qui me regarde comme l'un de ses pauvres appuis; ce qui m'anéantit extraordinairement, et m'approfondit comme une pierre angulaire cachée et enfouie sous un grand bâtiment.
Quelque part que j'aie dans ce mystère, et quoique DIEU désire que j'y représente la personne de son divin Fils, je sais bien que je ne suis pas digne de servir les saintes âmes qui doivent aussi y avoir part, ni d'être leur valet. Je ne suis que comme spectateur et admirateur de ces divines merveilles, et je m'estimerais trop heureux d'être toute ma vie à baiser leurs pieds et à révérer les merveilles que DIEU opère en elles (1).»
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(1) Ibid. , t. III , p. 140-308.
A suivre : XV. M. de La Dauversière est appelé de DIEU à faire honorer saint Joseph dans la colonie de Montréal en y établissant une communauté.
Dernière édition par Louis le Sam 21 Juil 2012, 9:01 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XV. M. de La Dauversière est appelé de DIEU à
faire honorer saint Joseph dans la colonie de Montréal
en y établissant une communauté.
Pendant que DIEU donnait à Paris ces vues surnaturelles à M. Olier, il éclairait de la même manière, dans l'Anjou, un pieux gentilhomme, appelé à concourir au même dessein. C'était Jérôme Le Royer de La Dauversière, receveur des tailles à la Flèche, qui portait au plus haut degré l’abnégation, le détachement, l'assiduité à l'oraison et l'amour de la pénitence. DIEU lui montra, comme à M. Olier, qu'il voulait être particulièrement glorifié dans l'île de Montréal en Canada, par le culte de la Sainte-Famille, et qu'il l'avait spécialement choisi pour qu'il y fit honorer la personne de saint Joseph. Dans ce dessein, il lui ordonna plusieurs fois d'établir dans cette île, encore inculte et déserte, un hôpital qui serait destiné au soulagement et à l'instruction des malades, et de former, pour la conduite de cette maison une Congrégation d'hospitalières, qui fussent particulièrement appliquées à honorer ce grand saint (2).
Un ordre si extraordinaire jeta M. de La Dauversière dans les plus étranges perplexités. Se voyant engagé dans les liens du mariage et chargé du soin de six enfants, il ne comprenait pas comment il pourrait entreprendre la fondation d'une colonie en Amérique, et l’établissement d’une nouvelle Congrégation de filles, pour faire honorer saint Joseph. D'ailleurs, il n'avait eu jusque alors aucune connaissance de l'île de Montréal, où devait se faire cet établissement; et enfin, l'état de sa fortune ne lui offrait aucun moyen pour exécuter deux œuvres de cette importance. Il était même dépourvu des charmes extérieurs de la parole, qui semblaient être nécessaires pour faire goûter l'opportunité d'un pareil dessein à des personnes plus capables que lui de l'entreprendre (1).
Cependant, les mêmes ordres lui furent réitérés avec tant d'évidence et d'une manière si pressante; ils étaient accompagnés de vues si nettes, si précises sur la situation de l'île de Montréal et du Canada, et sur la qualité et le caractère des personnes qui devaient contribuer à ce dessein, qu'enfin le confesseur de M. de La Dauversière, qui d'abord avait traité ce projet de pieuse extravagance, crut devoir lui permettre d'aller à Paris, afin qu'il vît si la Providence ferait naître quelque ouverture pour en entreprendre l'exécution.
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(2) Archives des hospitalières de la Flèche, histoire de l’institution, etc., p. 11-22.
(1) Les véritables motifs de MM. et dames de la société de Montréal, p. 16-27-28.
A suivre : XVI. Rencontre de M. Olier et de M. de La Dauversière.
Dernière édition par Louis le Dim 22 Juil 2012, 7:42 pm, édité 1 fois (Raison : ponctuation)
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVI. Rencontre de M. Olier et de M. de La Dauversière.
Arrivé dans cette ville, il va se présenter au garde des sceaux, qui était alors au château de Mendon, et, en entrant dans la galerie, il rencontre M. Olier. Alors ces deux hommes, qui ne se connaissaient pas, qui ne s'étaient jamais vus des yeux du corps, et n'avaient eu aucune sorte de rapports ensemble, poussés par une inspiration divine, vont se jeter au cou l'un de l'autre, s'embrassent comme deux amis qui se retrouveraient après une longue séparation, et cela avec une affection et une cordialité si grandes, qu'il leur semblait n'être qu'un même cœur. Ils se saluent mutuellement par leurs noms, ainsi que nous le lisons de saint Dominique et de saint François; M. Olier félicite M. de La Dauversière du sujet de son voyage; et lui mettant entre les mains un rouleau d'environ cent louis d'or, il lui dit: « Monsieur, je veux être de la partie, je sais votre dessein, je vais le recommander à DIEU. »
Il célébra ensuite la sainte messe, à laquelle M. de La Dauversière communia ; et après leur action de grâces, ils se retirèrent dans le parc du château, où ils s'entretinrent durant trois heures des desseins qu'ils avaient formés l'un et l'autre, pour procurer la gloire de DIEU dans l'île de Montréal; car tous deux avaient reçu de DIEU les mêmes lumières, et se proposaient d'employer les mêmes moyens (1).
(1) Vie de M. Olier, t. ii, p. 432-433. Histoire du Montréal, par M. Dollier, de 1640 à 1641.
A suivre : XVII. Compagnie de Montréal ; elle acquiert de ce nom et s’engage à y établir trois communautés.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVII. Compagnie de Montréal ; elle acquiert de ce nom
et s’engage à y établir trois communautés.
Pour en venir à l'exécution , M. Olier composa une compagnie de personnes de haute piété, connue depuis sous le nom de compagnie de Notre-Dame-de-Montréal, la plupart très-opulentes, toutes appelées de DIEU à contribuer par leurs prières ou par leurs largesses au succès de ce dessein; et enfin il leur présenta M. de La Dauversière, qui leur fit avec simplicité le récit des communications et des ordres qu'il avait reçus de DIEU touchant ce nouvel établissement.
Quelque hasardée que put paraître une pareille entreprise aux membres de cette compagnie, dont plusieurs n'étaient pas disposés naturellement à croire légèrement des choses si extraordinaires, le récit de M. de La Dauversière, quoique simple et sans apprêt, les convainquit tous si parfaitement de la vérité de sa mission, que non-seulement ils ouvrirent leurs bourses avec empressement, mais que tous se tinrent bienheureux et indignes d'avoir été choisis de DIEU pour contribuer ainsi de leur part à l'exécution d'un dessein si avantageux à sa gloire et au bien de son Eglise (1).
La première démarche qu'ils firent fut d'acquérir la propriété de l'île de Montréal. M. de Lauson, qui l'avait reçue de la grande compagnie du Canada, la leur céda, quoique contre ses intérêts et ses premières intentions; et cette cession fut confirmée bientôt par l'autorité du monarque (2).
En recevant la propriété et le domaine de l'ile…
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(1) Les véritables motifs, p. 37-38. Vie de M. Olier, ibid.
(2) Les véritables motifs, p. 27.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : XVIII. Embarquement pour Montréal de M. de Maisonneuve.XVII. Compagnie de Montréal ; elle acquiert de ce nom
et s’engage à y établir trois communautés. (suite)
… En recevant la propriété et le domaine de l'ile, les associés s'engagèrent à y fonder une colonie, et à y établir trois communautés : un séminaire d'ecclésiastiques au nombre de dix ou douze, pour rendre les services spirituels aux colons français et sauvages, et instruire les garçons ; une communauté d'institutrices pour l'éducation des filles, et enfin un hôpital pour le soulagement des malades (1).
« Au moyen de ces mesures, disaient-ils dans 1'acte de leur engagement, les associés espèrent, de la bonté de DIEU, voir en peu de temps une nouvelle Église qui imitera la pureté et la charité de la primitive; et ils espèrent encore que dans la suite, eux et leurs successeurs pourront s'étendre dans les terres, et y faire de nouvelles habitations, tant pour procurer la commodité du pays, que pour faciliter la conversion des sauvages (2). »
Les trois communautés dont il est parlé ici étaient destinées à honorer JESUS, Marie et Joseph, et à participer chacune à l'esprit de leurs augustes patrons, pour le répandre ensuite dans cette nouvelle Église. Dès ce temps, l'intention des associés était de confier la conduite du futur hôpital aux hospitalières que M. de La Dauversière établirait pour faire honorer saint Joseph; celle du séminaire à M. Olier, qui commença peu après rétablissement de la compagnie connue sous le nom de Saint-Sulpice, dont la fin, comme celle du sacerdoce lui-même , est en effet de répandre l'esprit de NOTRE-SEIGNEUR; et enfin on espérait charger de la communauté d'institutrices, la personne que la Providence aurait, choisie pour compléter ce dessein. Celle-ci était la sœur Bourgeoys, spécialement destinée à faire honorer la très-sainte Vierge dans cette colonie.
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(1) Archives du séminaire de Paris; articles pour Montréal.
(2) Archives du séminaire de Paris; articles pour Montréal.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XVIII. Embarquement pour Montréal de M. de Maisonneuve.
Mais comme l'année 1641, où devait avoir lieu le premier embarquement, la compagnie de Saint-Sulpice n'existait point encore, et que d'ailleurs il fallait donner quelque commencement à la colonie avant d'y envoyer une communauté de prêtres, on pria les RR. PP. Jésuites de l'habitation de Québec d'assister spirituellement les colons, en attendant qu'on put y établir cette communauté. Celle des maîtresses d'école n'était pas nécessaire non plus en commençant, puisqu'il ne devait y avoir d'abord aucune enfant à instruire à Villemarie, le premier embarquement n'étant composé que d'hommes seulement. Il n'en était pas de même des hospitalières. Les services de ces filles allaient être indispensables. à cause de la guerre qu'on devait avoir à soutenir contre les Iroquois.
DIEU, qui avait inspiré à plusieurs fervents chrétiens le mouvement de se consacrer à cette sainte entreprise, et avait mis à leur tête un homme choisi de sa main. M. Paul de Chomedey de Maisonneuve, appela de Langres à Paris Mlle Jeanne Mance, également préparée pour ce dessein. Se sentant pressée d'un désir ardent d'aller procurer la gloire de DIEU en Canada, elle se rendit de Paris à la Rochelle, où M. de La Dauversière se trouvait alors pour donner ordre à l'embarquement, et le rencontra comme par hasard à la porte d'une église. Là, quoiqu'ils ne se fussent jamais vus, et n'eussent point ouï parler l'un de l'autre, ils se saluèrent tous deux par leurs noms, comme avaient déjà fait M. de La Dauversière et M. Olier, et furent éclairés l'un l'autre sur leurs pensées secrètes et sur leurs desseins, avec tant de netteté et de certitude, qu'ils ne purent faire autre chose que de remercier DIEU de ses faveurs (1).
Enfin, comme Mlle Mance n'aurait pu seule soigner les malades, DIEU inspira à une autre vertueuse fille, au moment même où l'on démarrait du port, de se jeter dans le navire, nonobstant les efforts qu'on faisait pour l'en empêcher (2). On mit à la voile et la petite colonie arriva en Canada avant l'hiver.
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(1) Les véritables motifs, p. 30-31.
(2) Ibid.
A suivre : XIX. Avant qu’on prenne possession de Montréal, M. de Olier la consacre à la Sainte Famille.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XIX. Avant qu’on prenne possession de Montréal,
M. de Olier la consacre à la Sainte Famille.
Pendant que cette troupe d'âmes d'élite attendait de Québec le retour du printemps, pour pouvoir remonter le fleuve Saint-Laurent, et aller s'établir dans le lieu de sa destination, M. Olier, qui jetait les fondements de sa compagnie, réunit les associés de Montréal, au mois de février 1642, dans l'église de Notre-Dame de Paris, au nombre d'environ trente-cinq, pour consacrer cette île à la sainte Famille, avant qu'on allât l'occuper. Il dit la sainte messe à l'autel de la très-sainte Vierge. Ceux des associés qui étaient aussi honorés du caractère de la prêtrise, célébrèrent à d'autres autels. M. Olier communia tous les autres de sa main ; et tous ensemble consacrèrent l'ile de Montréal à JESUS, Marie, Joseph, sous la protection spéciale de la très-sainte Vierge, à qui ils en donnèrent irrévocablement la propriété et le domaine (1), voulant que la ville qu'on allait y bâtir s'appelât pour cela Villemarie.
Enfin ils se consacrèrent eux-mêmes et se vouèrent à un si noble et si pieux dessein, résolus de le poursuivre avec toute la pureté d'intention et toute la générosité dont ils seraient capables (2).
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(1) Supplique des associés de Montréal au Pape Urbain VIII ; archives départementales de Versailles ; récollets.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier. — Premier établissement de la Foi , par le P. Le Clercq, t. II, p. 49. — Relation de la Nouvelle-France, par le P. Vimont, p. 126-127. — Vie de M. Olier, t. II , p. 437.
A suivre : XX. Arrivée des colons à Montréal. Paroles remarquables du père Vimont.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XX. Arrivée des colons à Montréal.
Paroles remarquables du père Vimont.
DIEU eut pour agréables des vœux si purs, qui ne respiraient que sa gloire. La petite colonie étant partie de Québec pour Montréal, découvrit enfin cette île le 17 mai 1642, et fit alors éclater ses transports par des cantiques d'actions de grâces. Elle longeait le rivage de l'île, en remontant le fleuve, et pendant plus d'une demi-lieue, avant d'arriver au lieu où l'on avait résolu de s'établir, ce n'étaient que prairies émaillées des fleurs les plus variées par leurs couleurs et par leurs formes, qui offraient un ravissant spectacle. En mettant pied à terre, M. de Maisonneuve et toute sa troupe se jetèrent à genoux pour offrir à DIEU les hommages de leur religion, et firent retentir ces lieux du chant de psaumes et d'hymnes de louanges; après quoi on dressa des tentes et des pavillons pour y passer la nuit.
Le lendemain matin, 18 mai, on éleva un autel que Mlle Mance et Mme de Lapeltrie, venue de Québec (où elle était allée s'établir depuis peu avec quelques Ursulines), ornèrent de tout ce qu'on avait de plus précieux; et ensuite le père Vimont, après avoir entonné le Veni Creator, célébra la sainte messe au milieu des chants de sainte jubilation de toute cette fervente troupe (1). Dans un petit discours qu'il leur adressa pendant le saint sacrifice, il dit ces paroles remarquables:
« Ce que vous voyez ici, Messieurs, n'est qu'un grain de sénevé; mais il est jeté par des mains si pieuses et si animées de l'esprit de la foi et de la religion, que, sans doute, il faut que le Ciel ait de grands desseins, puisqu'il se sert de tels instruments pour son œuvre; et je ne fais aucun doute que ce petit grain ne produise un grand arbre, ne fasse un jour des merveilles, ne soit multiplié et ne s'étende de toutes parts (2). »
On exposa le très-saint Sacrement, qui n'a pas cessé depuis d'être toujours conservé à Villemarie. Toute cette première journée, il demeura ainsi exposé sur son autel, comme pour prendre possession de cette terre , et pour faire connaître à la postérité que le dessein de Montréal, ordonné de DIEU pour sa gloire, n'avait été, en effet, entrepris par ses serviteurs que pour cet unique motif (1).
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(1) Annales de l’Hôtel-Dieu de Villemarie, par la sœur Morin — Premier établissement, par le P. Le Clercq, p. 50. — Relation par le P. Vimont, p. 130.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, année 1642.
(1) Histoire du Montréal ibid. 1642.
A suivre : XXI. La colonie de Villemarie offre dans la sainteté de ses mœurs une image de l’Église primitive.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXI. La colonie de Villemarie offre dans la
sainteté de ses mœurs une image de l’Église primitive.
Après avoir ainsi rendu à DIEU , comme au souverain Maître du monde , les devoirs de la religion, on construisit une palissade de pieux, pour se mettre à couvert des insultes des sauvages ; et comme M. Olier l'avait espéré de la bonté divine, on vit cette colonie naissante offrir une image de la primitive Eglise, par la piété, la charité et le zèle désintéressé qui régnaient parmi tous les colons.
« Il semble que la résolution de se donner entièrement à DIEU, écrivait l'année suivante le père Vimont, naît avec la pensée de s'établir dans la Nouvelle-France. C'est ce qui «parait plus que jamais en la personne de MM. de la compagnie de Montréal, et de tous ceux qui demeurent par deçà en leur habitation. La France en voit une partie, nous voyons ici l'autre (2). Ces fervents colons, au nombre d'environ cinquante-cinq, quoique de condition, d'âge et de naturel différents entre eux, et presque tous de divers pays, ne sont qu'un en volonté, visant tous au même but: la gloire de DIEU et le salut des sauvages; et je puis dire que leur vertu a servi à la conversion de plusieurs, qui ont déjà été gagnés à DIEU.
« Croiriez-vous bien que plusieurs des ouvriers qui travaillent à Montréal, ne se sont proposé d'autre motif, dès leur départ de France, que celui de la gloire de DIEU , et de faire leur salut dans un lieu éloigné des occasions du péché? La seule pensée qu'ils contribuent, autant qu'ils peuvent, au salut des âmes, les fait travailler de si bon courage, qu'il ne leur arrive jamais de se plaindre des incommodités qu'on souffre en un pays désert. Aussi ont-ils été conduits par un gentilhomme de mérite, que DIEU semble avoir très-particulièrement inspiré et appelé pour le servir en ce lieu, tant il a d'affection pour l'établissement de la colonie et pour le salut des sauvages.
« Il me suffit de dire que c'est M. de Chomedey de Maisonneuve; sa modestie ne me permet pas d'en dire davantage (l). Une des choses les plus remarquables, c’est l'union et la bonne intelligence de tous ceux qui demeurent en cette habitation. Chacun s'y est si bien acquitté de son devoir envers DIEU et envers les hommes, qu'on n'a trouvé aucun sujet de se plaindre. Le commandement a été doux et efficace, l'obéissance aisée, la dévotion aimée de tous universellement. On y a fréquenté les sacrements avec profit, écouté la parole de DIEU avec assiduité, et continué les prières ordinaires avec édification.
« Ainsi, il semble que le zèle, la dévotion et la charité de tous ces Messieurs qui se sont associés en France à ce pieux et noble dessein, se sont répandus et communiqués à tous ceux qui ont demeuré par deçà en leur habitation. Ceux-ci ont été touchés très-particulièrement de DIEU, et ont reçu beaucoup de faveurs et de grâces du Ciel, puisque la vie qu'ils ont menée a été une image de la primitive Église. Tous y ont vécu avec joie, souffrant les incommodités d'une nouvelle demeure, où pas un n'a été malade, ce qui ne s'est encore jamais remarqué en aucune nouvelle habitation dans ce pays (1). »
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(1) Relation de la Nouvelle-France, de 1642 et 1643, chap. V , p. 5.
(1) Relation chap. XI , p. 196-197.
(1)Ibid. p. 198.
A suivre : XXII. Zèle du frère Claude …
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XXII. Zèle du frère Claude pour la sanctification de la colonie de Villemarie.
Parmi ceux qui contribuèrent le plus en France à attirer cette abondance de grâces sur les colons de Villemarie, il faut mettre au premier rang frère Claude Leglai, regardé avec raison comme l'un des hommes les plus extraordinaires de ce siècle (2). DIEU lui avait révélé le dessein de Montréal (3) aussi bien qu'à M. de La Dauversière et à M. Olier; et ce dernier nous apprend que le frère Claude se préparait même à passer en Canada.
« C'est un homme, dit-il, dont l'intérieur est celui d'Élie, comme ses actions, ses sentiments et ses dispositions le font voir. Semblable à ces flammes qui, par des mouvements incertains et rapides, se poussent, s'agitent et s'élèvent toujours vers le ciel, il est dans des impatiences continuelles de sortir de ce monde, pour aller à DIEU, comme serait l'état des âmes bienheureuses, si elles venaient habiter des corps mortels. C'est un feu brûlant et ardent, qui ne peut se contenir en terre; et étant tout hors de lui-même, il disait dernièrement, ravi en extase, et partent de cette nouvelle Église, qu'il faut aller ériger: Allons, allons à notre maître, allons où DIEU nous veut (1). »
« Le mercredi 16 juillet 1642, il vint, par une conduite particulière de DIEU , dans une église où j'étais allé dire la sainte messe, celle des Carmélites, où le très-saint Sacrement était exposé, à cause de leur fête du Mont-Carmel. Or, pendant ma messe, notre bon DIEU imprima dans le cœur de ce grand saint une si vive affection pour moi, qu'il n'en pouvait plus, et qu'il ne fit autre chose que de demander cela même que NOTRE -SEIGNEUR a témoigné autrefois vouloir me donner, à savoir : Que je fusse tout consommé en lui, et que mon vieil homme fût tout anéanti. De plus, il demandait à DIEU que je fusse le général de ses capitaines, lesquels après pourraient former grand nombre de soldats. Ces prières qu'il fit étaient purement par mouvement du SAINT-ESPRIT, à cause qu'il ne savait rien de ma vocation, et je ne sache point que personne lui en ait jamais parlé (1). »
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(2) Vie de M. Olier , t. I, p. 378-379-380; t. II, 449.
(3) Mémoires autographes de M. Olier, t. II, p. 275.
(1) ibid. t. II, p. 212.
(1) ibid. t. II, p. 327.
A suivre : XXIII. Marie Rousseau, M. Le Gauffre, et autres, destinés à prier pour la colonie de Villemarie.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXIII. Marie Rousseau, M. Le Gauffre, et autres,
destinés à prier pour la colonie de Villemarie.
M. Olier ajoute que, dans cette circonstance, d'autres très saintes âmes, qui éprouvaient le même désir d'aller prendre part à la fondation de Villemarie, se trouvèrent réunies aussi dans ce lieu, entre autres M. Le Gauffre, le frère Jean de la Croix, M. Catorze, qui vivait en solitaire inconnu, Mme Remy, femme d'une grande piété, Marie Rousseau de Gournay , qui eut tant de part à l'établissement de la compagnie de Saint-Sulpice. Cette dernière était alors le conseil et la lumière des plus grands serviteurs de DIEU qui fussent à Paris.
« Je ne connais point d'âme sainte, dit M. Olier, qui ne s'estime heureuse de la voir, et d'apprendre de sa bouche la voie qu'elle doit suivre pour approcher de DIEU. Je ne vois personne qui ne désire de la consulter, et de recevoir son approbation, dans la conduite des entreprises les plus considérables et les plus importantes à la gloire de DIEU, telle que celle du Canada, où l'on va bâtir une ville chrétienne, qui est une œuvre d'une merveilleuse importance (1). Mlle Mance, dont DIEU s'est servi pour aller fonder cette Église, n'y a point été sans recevoir approbation et direction de cette sainte âme (2). Ainsi elle donne avis à M. de La Dauversière, qui conduit les affaires de Montréal, et qui s'estime bien heureux, quoique grand serviteur de DIEU, et très-éclairé en son emploi, de conférer avec elle, et d'en tirer les avis importants pour les affaires les plus considérables de ce pays (3). »
Mais DIEU ne destinait pas Marie Rousseau à passer elle-même dans la Nouvelle-France. Son ministère personnel se bornait à l’ancienne, aussi bien que celui du frère Claude et des autres saints personnages que nous avons nommés, quoique tous dussent attirer par la ferveur de leurs prières d'abondantes grâces sur les âmes que DIEU avait choisies pour l'exécution de ses volontés en Canada.
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(1) ibid. t. II, p. 48.
(2) ibid. t. II, p. 51.
(3) ibid. t. VI, p. 102-103.
A suivre: XXIV. Désirs de M. Olier d’aller travailler en personne à Villemarie.
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XXIV. Désirs de M. Olier d’aller travailler en personne à Villemarie.
M. Olier ne devait pas non plus y aller exercer son zèle en personne, mais seulement par les disciples qu'il formerait. Sur une vue que DIEU lui donna de sa vocation, le jour de la Purification de l'année 1636, et qu'il ne comprenait pas encore assez distinctement (1), il serait parti pour le Canada, si le père de Condren , son directeur, ne l'en eût empêché (2).
En 1642, avant que les colons se fussent établis à Montréal, et lorsqu'il voyait se réunir auprès de lui, à Vaugirard, les premiers membres de sa compagnie naissante, il écrivait:
« Étant instruit des biens qui se font en Canada, pays habité par des peuples gentils, et me trouvant lié de société comme miraculeuse à celui à qui NOTRE-SEIGNEUR a inspiré le mouvement et commis le dessein de l'entreprise de Villemarie, ville qui va se bâtir dans l'île de Montréal, je me suis senti toujours porté d'aller finir mes jours en ces quartiers, avec un zèle continuel d'y mourir pour mon Maître. Qu'il m'en fasse la grâce, s'il lui plait ! Je continuerai tous les jours de ma vie à l'en solliciter (3). »
C'était la même ardeur parmi les membres de la compagnie d'ecclésiastiques que formait M. Olier.
« Je vois déjà, écrivait-il, ce zèle répandu dans le cœur de ceux qui vivent parmi nous: ils ne parlent que de faire des folies pour DIEU , que de se faire pendre pour son service, et d'aller souffrir le martyre en Canada (4). »
Il paraît que M. Olier serait parti lui-même pour ce pays vers l'été de 1642 (5), si DIEU ne lui eût fait connaître alors plus clairement ses desseins sur lui.
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(1) ibid. t. II, p. 48.
(2) Vie de M. Olier, par le père Giry, partie Ire, chap. VI, année dominicaine partie ire de septembre, p. 416.— Remarques historiques sur la paroisse de Saint-Sulpice, t. III, p. 462.
(3) Mémoires autographes, t. I, p. 97.
(4) Ibid. t. II, p.165.
(5) Ibid. t. II, p.133.
A suivre : XXV. Dans l’œuvre de Villemarie M. Olier doit…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXV. Dans l’œuvre de Villemarie M. Olier
doit agir efficacement, mais d’une manière cachée.
L'année suivante, au mois de mars, il comprit qu'il était appelé à attirer la grâce de DIEU sur cette colonie, par ses prières et par des voies qui n'auraient rien d'extérieur ni d'apparent. La compagnie de Montréal s'étant réunie dans l'église de Notre-Dame de Paris, pour renouveler à DIEU l'offrande de cette île, qu'elle lui avait faite l'année précédente, ainsi qu'on l'a dit déjà, M. Olier rapporte que, comme il se disposait à célébrer de nouveau à l'autel de la sainte Vierge, NOTRE-SEIGNEUR et sa très-sainte mère lui firent connaître que sa vocation était de ne pas paraître extérieurement dans l'œuvre de Villemarie, et qu'il devait déférer à M. Le Gauffre l'honneur de célébrer, dans cette circonstance, à cet autel.
« NOTRE-SEIGNEUR me dit, ajoute-t-il, qu'étant pour le représenter dans cette œuvre, il fallait que je fusse comme le cœur de la compagnie. Le cœur dans le corps humain agit par ses membres, qui paraissent beaucoup; cependant sa vie demeure cachée, quoique par lui tous ses membres vivent, et n'aient rien que par dépendance de lui. Sa bonté me disait donc: Il faut que tu sois comme le cœur de mes œuvres, que tu donnes la vie et le mouvement à tout, sans qu'on s'en aperçoive, et que tu fasses mon œuvre à couvert.
NOTRE-SEIGNEUR , qui veut avoir sa demeure en mon âme, c'est lui qui est le cœur de tout ce corps et de ces membres qui se remuent si fort pour la gloire de DIEU , et s'associent maintenant avec tant de zèle. Je dois donc être caché, rien de ce que je fais ne doit paraître. Au contraire, je dois être mal voulu, mésestimé, méprisé, bafoué (1). »
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(1) Mémoires autographes de M. Olier, t. III, p. 553-569.
A suivre : XXVI. M. Olier voit…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXVI. M. Olier voit les dispositions intérieures
des personnes de la colonie de Villemarie.
Telle fut la part que NOTRE-SEIGNEUR voulut donner à M. Olier dans l'œuvre de Montréal, et, conformément a une vocation si extraordinaire, il daignait l'éclairer sur les dispositions des âmes qui devaient contribuer avec lui à ce dessein.
« Je me souviens, écrit-il, d'avoir vu parfois jusqu'en Canada les opérations de DIEU dans les âmes des personnes du Montréal, entre autres de Mlle Mance, que je voyais pleine de la lumière de DIEU, dont elle était environnée comme un soleil. DIEU peut nous montrer l'intérieur, non-seulement de quelques âmes, mais de toutes, s'il veut; ne lui étant pas plus difficile de faire voir ses opérations sur cent, que sur deux ou trois.
Ainsi il fit voir à l'âme du bienheureux Rodriguez, de la Compagnie de Jésus, son opération dans l'âme de tous les saints qui avaient vécu, et par là il vit et sut, en un moment, toute leur vie. C'est ainsi que DIEU en use quelquefois à l'égard des supérieurs des ordres et des directeurs : il leur découvre ses opérations dans les âmes qu'ils ont à conduire, lorsque cette grâce est nécessaire à leur état et à leur vocation (1). »
Ces réflexions de M. Olier autorisent à penser qu'il a connu devant DIEU l'intérieur de la sœur Bourgeois, destinée à être dans la nouvelle chrétienté de Montréal une image vivante de la très-sainte Vierge, comme il avait connu par révélation les dispositions intérieures de M. de La Dauversière, destiné à y répandre l'esprit de saint Joseph. Nous ne doutons pas qu'il n'ait prié pour cette sainte fille, comme pour lui-même, devant avoir avec elle des rapports si étroits et si intimes de vocation. « Je voyais, dit-il, que je devais demander part à l'esprit de JESUS , Marie et Joseph, pour les trois personnes que DIEU le Père a choisies pour les représenter. »
L'identité frappante des lumières de la sœur Bourgeois avec celles de M. Olier, quoiqu'ils n'aient eu ensemble aucune liaison extérieure, montre que cette sainte fille a participé à l'esprit de ce grand serviteur de DIEU. On retrouve, en effet, dans les écrits de la sœur Bourgeois, les mêmes vues, les mêmes maximes, les mêmes lumières, en un mot le même esprit; et avec une conformité si parfaite, qu'on serait tenté de croire qu'elle a puisé dans les écrits de M. Olier, s'ils n'étaient demeurés secrets jusqu'à ce jour.
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(1) Mémoires autographes, t. IV, p. 222-223.
A suivre : XXVII. Les trois communautés ont accompli les desseins de DIEU sans le connaître.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXVII. Les trois communautés ont accompli les desseins de DIEU sans le connaître.
En terminant cette introduction, nous ferons remarquer que le dessein si extraordinaire que nous venons d'indiquer, s'est accompli malgré les plus vives oppositions qui semblaient devoir en empêcher l'exécution, et le ruiner de fond en comble. La communauté de M. Olier, celle à laquelle la sœur Bourgeoys donna naissance, et celle de M. de La Dauversière, établies pour faire honorer chacune séparément JESUS, Marie et Joseph, ont même concouru à l'exécution du dessein de DIEU, sans qu'il y ait eu entre elles aucun accord préalable. Du moins, nous ne voyons pas que, ni la sœur Bourgeoys, ni les hospitalières de Saint-Joseph, ni même les premiers prêtres de Saint-Sulpice, qui allèrent s'établir à Villemarie, en aient eu aucune connaissance distincte.
Nous raconterons même qu'au commencement quelques-uns de ces ecclésiastiques contrarièrent, sans le savoir, les vues de DIEU, en voulant établir, à la place des hospitalières de M. de La Dauversière, une autre communauté étrangère à ce dessein. M. Olier l'a toujours tenu secret; et c'est aujourd'hui seulement que, pour la première fois , on donne au public cette partie de ses écrits, où il l'a dévoilé par obéissance à son directeur.
« Ce qui est admirable, écrivait-il lui-même, c'est qu'âme qui vive n'en a connaissance, personne n'en sait rien autour de moi (1). »
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(1) Mémoires autographes de M. Olier.
A suivre : XXVIII. Le dessein de DIEU est justifié par la vie de la sœur Bourgeoys.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXVIII. Le dessein de DIEU est justifié par la vie de la sœur Bourgeoys.
Enfin , quelque extraordinaire que puisse paraître sur la nouvelle chrétienté de Villemarie , nous ajouterons que la vie admirable de la sœur Bourgeoys en fournira elle seule une preuve démonstrative. Car, après l'avoir lue, chacun devra reconnaître qu'une vocation aussi miraculeuse dans son origine, dans ses moyens et dans ses résultats, que l'a été celle de cette sainte fille, est une justification tellement manifeste de ce dessein, dont elle est d'ailleurs le complément, qu'elle ne peut être expliquée que par ce dessein même.
Un autre effet que doit produire la lecture de cette vie, est de montrer, dans la part que la sœur Bourgeoys a eue à la formation de l'Église naissante de Villemarie, une image et comme un léger crayon du zèle puissant et efficace que la très-sainte Vierge a exercé dans l'établissement de l'Église universelle.
« DIEU, par sa bonté, me fait connaître, dit M. Olier, qu'il veut que ce mystère se passe de la sorte maintenant, pour apprendre, par ce qu'il a d'extérieur et de sensible, la conduite qu'il a tenue sur son Église; ce qui a été entièrement négligé par les hommes; et un jour on admirera le dessein dont je parle (1). »
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(1) Ibid.
A SUIVRE : NOTICE DES PRINCIPAUX MANUSCRITS CITES DE LA VIE DE SŒUR BOURGEOYS .
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : les Archives.NOTICE
DES PRINCIPAUX MANUSCRITS CITES DANS LA VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS.
Il existe deux Vies de la sœur Bourgeoys : l'une composée par M. Ransonet, prêtre, imprimée à Avignon en 1728 (1); l'autre écrite en 1780 (2) par M. Mongolfier, supérieur du séminaire de Villemarie, et publiée dans cette ville en 1818 (3). La première, qui ne forme qu'un petit volume in-18, n'est guère qu'une ébauche de la vie de la sœur Bourgeoys; la seconde contient plus de faits; mais ayant été composée sur des mémoires incomplets et inexacts, elle est remplie de beaucoup de lacunes, d'erreurs et d'anachronismes, quoiqu'on lise dans le titre, qu'elle a été tirée de Mémoires certains et la plupart originaux. L'auteur, qui n'écrivait que pour l'édification particulière des sœurs de la Congrégation, crut pouvoir se permettre, en citant les écrits autographes de leur fondatrice, de suppléer aux nombreuses lacunes qu'ils présentent; et, en les commentant ainsi, il ne remarqua pas que souvent il les défigurait considérablement. Il est arrivé de là que, dans l'impression de son manuscrit, publié en 1818 tel qu'il l'avait écrit, on a donné comme étant de la sœur Bourgeoys, ces sortes d'amplifications, quoique plus d'une fois elles soient contraires à la chronologie, et même à la vérité de l'histoire contemporaine.
L'imperfection de cet ouvrage, et d'ailleurs la confusion qui règne dans la disposition de sa matière, portèrent les sœurs de la Congrégation, en 1830, à désirer que nous composassions une nouvelle Vie de leur fondatrice. Nous entreprîmes alors ce travail ; mais bientôt nous fûmes contraint de l'interrompre, par défaut des matériaux nécessaires, que nous ne pouvions nous procurer en France ; et cette interruption dura près de vingt ans. Enfin, dans un séjour que nous avons fait à Villemarie en 1849 et 1850, les sœurs de la Congrégation nous ayant réitéré leur désir, nous avons recueilli sur les lieux les matériaux qui nous manquaient ; et pour les rendre plus complets, nous avons fait, après notre retour en France, de nouvelles recherches dans divers dépôts d'archives, soit à Paris, soit ailleurs.
Comme l'histoire de l'Église du Canada, à laquelle cette Vie doit servir, n'a point encore été écrite, et qu'il est nécessaire d'en établir et d'en constater historiquement les faits, nous avons eu soin, en composant cet ouvrage, d'indiquer toujours nos sources, afin que le lecteur puisse y recourir au besoin. Nous donnerons même ici une courte notice des principaux manuscrits que nous y avons cités.
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(1) La Vie de la sœur Marguerite Bourgeoys, etc. , imprimée à Avignon, se vend à Liège, chez Barnabé, 1729.
(2) Archives de la Congrégation, manuscrit autographe de M. de Montgolfier, titre.
(3) La Vie de la vénérable Marguerite Bourgeoys, dite du Saint-Sacrement, etc. à Villemarie, chez Wm Gray, 1818.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
ARCHIVES DE LA CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME DE VILLEMARIE.
Quoique aujourd'hui ces archives soient peu considérables, par suite de l'incendie qui, en 1768, réduisit en cendres la maison de la Congrégation , elles renferment encore plusieurs pièces importantes qui nous ont été d'un grand secours.
1° Les écrits autographes de la sœur Bourgeoys. Nous désignons sous ce titre un certain nombre de feuilles, la plupart détachées, que cette sainte fondatrice écrivit toutes de sa main, vers la fin de sa vie, comme nous le raconterons au second volume de cet ouvrage (1).
Éprouvant alors des peines très-vives, fondées sur la crainte où elle était d'avoir laissé pénétrer, par sa prétendue négligence, le relâchement dans la Congrégation, elle composa ces écrits afin d'exposer à ses directeurs toute la perfection qu'elle jugeait nécessaire à cet institut; et, dans ce dessein, elle rapporta les grâces dont DIEU l'avait prévenue, et les lumières qu'il lui avait données pour l'établir. Cette circonstance explique pourquoi elle y parle si souvent d'elle-même, et comment elle est devenue l'historien de sa propre vie; ce qui doit donner aux écrits dont nous parlons le plus haut degré d'intérêt et de certitude.
Comme elle les a composés sans suite et sans liaison, et qu'elle revient plusieurs fois sur les mêmes récits, nous devions avoir plutôt égard, dans l'usage que nous avons fait de ces écrits, à la nature des événements, qu'à l'ordre qu'elle a gardé en les racontant. Aussi nous sommes-nous permis toutes les transpositions que la chronologie et l'identité des récits rendaient nécessaires. Si nous y avons ajouté de temps en temps quelques mots, par manière d'éclaircissement, nous avons eu soin de les distinguer de ses propres expressions par des parenthèses.
2° Les archives de la Congrégation nous ont fourni, outre les écrits autographes de la sœur Bourgeoys, plusieurs mandements originaux des évêques de Québec, relatifs à cet institut.
3° Diverses lettres écrites à la sœur Bourgeoys elle-même, ou à d'autres supérieures de la Congrégation.
4° Des actes de fondations.
5° Enfin différents Mémoires concernant la même communauté.
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, t. II. P. 51 et suiv.
A suivre…
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Louis- Admin
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