Les Oblats aux Indes et en Afrique.

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Message  Louis Ven 01 Mar 2024, 6:36 am



Natal (1851-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE
NATAL,  
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§1

Historique.

Onze ans après la découverte du Cap de Bonne-Espérance par Barthélémy Diaz, Vasco de Gaina remontant la côte orientale d'Afrique, remarqua, le 25 décembre 1497, près du trentième degré de latitude, une vaste rade qu'il nomma Port-Natal, à cause de la fête solennelle qu'on célébrait en ce jour. Pressé de trouver la route des Indes, il ne s'y arrêta guère, et la contrée entrevue par lui demeura longtemps presque entièrement inconnue.

Un siècle et demi plus tard seulement, furent créés, en 1652, au Cap de Bonne-Espérance et dans ses environs, les premiers établissements européens par les Hollandais, qui, pendant cent quarante ans, ne cessèrent de les multiplier. Mais, à la suite de leurs hostilités avec l'Angleterre, celle-ci. en même temps qu'elle prenait Ceylan, s'empara, en 1795, de leur beau domaine sud-africain.

Vers 1825, quelques colons anglais venus de là se fixèrent autour de Port-Natal.

A la même époque, de nombreux Boers, ou paysans hollandais, abandonnant, par haine de la domination anglaise, les fermes qu'ils possédaient près du Cap, s'enfoncèrent dans l'intérieur, en quête de nouvelles terres. Ils refoulèrent les tribus noires, passèrent le fleuve Orange et la rivière Vaal, traversèrent les montagnes du Drakensberg, battirent les Zoulous, obtinrent d'eux, au mois de mars 1839, tout le territoire du Natal jusqu'à la Tugela, et s'y constituèrent en une république qu'ils appelèrent Natalia.

Désireuses d'assurer à leur patrie ce pays fertile…

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Message  Louis Sam 02 Mar 2024, 6:20 am



Natal (1851-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE
NATAL,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§1

Historique.

SUITE

Désireuses d'assurer à leur patrie ce pays fertile, les autorités britanniques envoyèrent contre eux une armée, dont les victoires déterminèrent, en 1843, l'annexion du Natal à la colonie du Cap.

Au delà de l'Orange, les Anglais n'inquiétèrent pas, d'abord, les Boers, qui se fixèrent sur les hauts plateaux situés au nord de ce fleuve. En 1848, cependant, ils voulurent aussi les soumettre à leur souveraineté ; mais. après plusieurs années de luttes, ayant à comprimer aussi les Basutos, ils reconnurent, en 1852 et 1854. l'indépendance des deux républiques-sœurs, fondées par les Boers : celle de l'État libre d'Orange et celle du Transvaal jusqu'au Limpopo.

Entre les deux races, néanmoins, la trêve n'était que momentanée. Leur rivalité eut, jusqu'à la  fin du XIXe siècle, des réveils douloureux.

Les Oblats aux Indes et en Afrique. - Page 3 Page_435

§2 Le sol et ses produits...

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Message  Louis Dim 03 Mar 2024, 5:45 am



Natal (1851-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE
NATAL,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§2

Le sol et ses produits.

Très variée est la vaste région que se disputaient Anglais et Boers.

Le Natal, c'est-à-dire la partie qui va de la Key à la Tugela, du sud au nord, et de la mer au Drakensberg (monts des Dragons), de l'est à l'ouest, est magnifique et pittoresque.

Du littoral jusqu'à cette chaîne de montagnes, qui a des pics de deux à trois mille mètres et davantage, le sol s'élève par une série de terrasses irrégulières, semblables aux marches usées d'un escalier gigantesque.

Peu sensible près de la côte, le passage de l'un à l'autre de ces gradins devient de plus en plus brusque, à mesure que l'on s'avance vers l'intérieur. Leurs bords, entamés et ravinés par les eaux courantes, présentent des gorges profondes. En certains endroits même, on ne rencontre plus qu'un assemblage confus de contreforts et de chaînons, donnant à la contrée un aspect sauvage. Ruisseaux et rivières s'y précipitent dans des lits creusés entre des parois de rochers, y formant une multitude de chutes et de cascades, tour à tour imposantes et gracieuses.

Cette différence d'altitude occasionne une grande variété de climats. C'est, d'abord, dans la zone maritime, sur une largeur de vingt-cinq à trente kilomètres, le climat tropical, avec sa végétation luxuriante : cocotiers, cannes à sucre, bananiers, thé, café, tabac, gingembre, poivre, indigo, etc. ; puis, le climat tempéré des terrains superposés, où poussent abondamment tous les produits de l'Europe : froment, orge, maïs, légumes, fruits. Au-dessus, s'étendent de superbes prairies, très aptes à l'élevage des chevaux et des bêtes à corne. Enfin, sur le flanc des montagnes, des forêts ombreuses aux arbres superbes s'élançant en ligne droite jusqu'à cinquante et soixante mètres. Là, le climat est plutôt froid, et les sommets de la chaîne du Drakensberg sont couronnés de neige, une partie de l'année.

Non moins variée est la faune. Lions et éléphants ont disparu ; mais on trouve encore panthères, sangliers, élans, antilopes, hippopotames, crocodiles, singes innombrables, serpents de toutes tailles et oiseaux de toutes couleurs.

§ 3 Races primitives...

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Message  Louis Lun 04 Mar 2024, 4:04 pm



Natal (1851-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE
NATAL,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§3

Races primitives.

Avant l'arrivée des Anglais et des Boers, le Natal n'était habité que par les Cafres et les Zoulous.

Grands, bien proportionnés et noirs, les Cafres, ou Bantous, très nombreux dans le sud, se divisaient en plus de quatre-vingt-dix tribus, toujours en guerre les unes contre les autres, divisions intestines auxquelles les Anglais réussirent à mettre fin.

Plus féroces, les Zoulous défendirent longtemps leur liberté, et infligèrent aux envahisseurs de sanglantes délaites. Leurs terres ne furent annexées à la colonie de Natal qu'en 1897.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, aucune de ces peuplades n'avait été encore évangélisée par les Missionnaires catholiques. Les Anglais traînèrent à leur suite des ministres protestants de diverses sectes, qui ne convertirent pas un seul individu. Quant aux Boers, calvinistes sectaires, ils conservaient une haine invétérée contre l'Église romaine.

Ces contrées, où le bien serait si difficile à accomplir, dépendaient, au spirituel, du district oriental du Cap de Bonne-Espérance. La Propagande jugea bon de les en détacher, et d'en faire un vicariat apostolique distinct, qu'elle offrit aux Oblats.

Les Oblats aux Indes et en Afrique. - Page 3 Page_436


CHAPITRE II. — DURBAN (1852–1861)…

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Message  Louis Mar 05 Mar 2024, 6:04 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE II. — DURBAN (1852 –1861).

§1

Élévation du P. Allard à l’épiscopat.

Le 4 décembre 1850, Mgr de Mazenod écrivait au P. Allard, encore de résidence à Bytown :

— Mon très cher Père, je laisse tout ce que j'avais à répondre à vos dernières lettres, pour vous apprendre que Notre Saint-Père le Pape charge notre Congrégation du vicariat de la terre de Natal, et vous en nomme vicaire apostolique, avec le titre et le caractère d'évêque in partibus. Vous ne vous attendiez certainement pas à cet événement, et je m'en félicite d'autant plus. Il s'agit maintenant d'obéir promptement aux ordres du Chef de l'Église. Je vous réserve d'excellents compagnons... Aussitôt ma lettre reçue, partez pour vous rendre à Marseille, auprès de moi. Inutile d'ajouter que le précepte étant formel, il n'y a point de raisons à alléguer. Je me contente, aujourd'hui, de vous annoncer la chose. C'est assez lourd, n'est-ce pas ? Mais le Seigneur, comme vous le savez, proportionne toujours sa grâce puissante au fardeau qu'il nous impose. Notre devoir est de nous incliner avec confiance.

Sachant combien l'humilité du P. Allard soulèverait d'objections, le vénéré Fondateur déclarait nettement qu'il transmettait un ordre exprès.

Précaution non superflue... La première surprise passée, l'élu rédigea, le 16 janvier 1851, un exposé complet de son état d'âme, relatant, sans les diminuer, ses défauts, ses imperfections, ses lacunes, son incapacité. Il concluait en affirmant que cet examen détaillé lui prouvait, avec évidence, qu'il ne pouvait accepter, et que son Supérieur général, après cette lecture, serait incontestablement de son avis.

Ainsi tranquillisé par ces réflexions, le scrupuleux et si austère P. Allard, qui ne souffrait pas qu'on tergiversât, le moins du monde, en matière d'obéissance, ne bougea pas; et, au lieu de se diriger vers Marseille, y envoya, à sa place... un morceau de papier.

Ce n'est pas précisément ce que souhaitait Mgr de Mazenod, qui…

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Message  Louis Mer 06 Mar 2024, 6:06 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE II. — DURBAN (1852 –1861).

§1

Élévation du P. Allard à l’épiscopat.

SUITE

Ce n'est pas précisément ce que souhaitait Mgr de Mazenod. qui, le vendredi saint, 18 avril, répondit :

— Je vous avais écrit de Rome, et ma lettre s'est perdue avec dix-huit autres. J'en suis désolé, parce que ce contretemps a encore retardé votre départ. Il n'est plus possible que vous le différiez. La Mission que l'Eglise vous confie soupire après les ouvriers que le Père de famille lui destine. J'ai lu attentivement votre plaidoyer. J'y ai reconnu votre humilité et les vertus religieuses qui vous distinguent, mais je n'ai pas été convaincu. Cependant, je n'ai pas voulu prendre sur moi la solution définitive, non point que j'hésitasse à prononcer, mais pour vous rassurer davantage, et couper court à toute nouvelle défaite.

Les Oblats aux Indes et en Afrique. - Page 3 Page_437

J'ai proposé la question à la S. C. de la Propagande. Tout en répondant que j'avais le droit de la résoudre comme Supérieur général, elle a jugé que vous deviez obéir. Je ne m'en suis pas tenu là. Je me suis adressé directement au Souverain Pontife qui m'a d'abord répondu, comme la Propagande, que j'avais autorité pour prescrire. Ce principe admis, j'ai insisté, néanmoins, pour qu'il voulût bien prononcer lui-même. C'est ce qu'il a fait. Donc, mon cher Père, plus moyen d'opposer la moindre résistance. Le Vicaire de Jésus- Christ vous appelle : qu'avez-vous à craindre ? De pécher, si vous n'obéissez pas sans le moindre délai. Partez donc, aussitôt ma lettre reçue. Votre Mission souffre. On me presse, à Rome : tout retard vous est imputable...

Pour décider le P. Allard, il n'avait fallu rien moins que l'intervention personnelle du Pape…

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Message  Louis Jeu 07 Mar 2024, 6:19 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE II. — DURBAN (1852–1861).

§1

Élévation du P. Allard à l’épiscopat.

SUITE

Pour décider le P. Allard, il n'avait fallu rien moins que l'intervention personnelle du Pape. Ainsi ce modèle d'obéissance dans les plus menus détails, celui qu'on accusait (et parfois non sans motif, ce semble) d'être trop méticuleux, trop rigide, trop sévère, trop peu indulgent pour ceux qui tardaient un peu à conformer leur volonté aux simples désirs des Supérieurs, avait, cette fois, dans une circonstance si grave, multiplié ses efforts pour écarter de lui une obédience... Mais c'était pour l'épiscopat, et, sur ce point spécial, beaucoup de saints lui ont donné l'exemple. On ne saurait donc trop l'incriminer.            

Comme eux, il reconnut la volonté de Dieu dans celle de ses représentants. Il courba le front, et. comptant sur le secours du Ciel, s'embarqua pour l'Europe.

Le dimanche, 13 juillet, il fut sacré, dans la cathédrale de Marseille, par Mgr de Mazenod, assisté de Mgr Guibert et de Mgr Wicart. Une foule immense de fidèles, un grand nombre de prêtres, les magistrats de la ville et du département, préfet en tête, assistaient à l'imposante cérémonie.

§ 2 Premiers travaux. Le P. Sabon.

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Message  Louis Ven 08 Mar 2024, 6:20 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE II. — DURBAN (1852–1861).

§2

Premiers travaux. Le P. Sabon.

Après un voyage en Angleterre et un séjour de quelques semaines à Londres, pour y régler, auprès des autorités britanniques, les affaires de sa Mission, Mgr Allard, accompagné de plusieurs Pères et Frères Oblats. partit de Marseille, le 13 novembre. Il arriva au Cap de Bonne-Espérance, le 19 janvier 1852. et à Port-Natal, le 15 mars. Cette traversée de quatre mois sembla très longue, et nul incident notable n'en interrompit la monotonie.

Dans l'hémisphère austral, le milieu de mars termine la saison de l'été. Au lieu de voir, comme en France, à l'automne, les montagnes et les plaines commençant à se dépouiller de leur verdure, les voyageurs furent charmés de contempler de gracieuses collines et de riants coteaux aussi richement parés que les plus belles campagnes de Provence, au mois de juin.

Leur prise de possession de cette terre, dans laquelle ils venaient jeter la semence évangélique, fut sans démonstration aucune. Ils gagnèrent le rivage en canot, louèrent une modeste maison, et improvisèrent un oratoire dans une des salles.

Fondée en 1835, sur le bord de Port-Natal, la ville de Durban, ainsi nommée en l'honneur de Sir Benjamin d'Urbain alors gouverneur de la colonie du Cap., n'avait, en 1852, que deux mille habitants. En cherchant bien, les Pères n'y découvrirent qu'une centaine de catholiques : colons, émigrants et soldats de la garnison. Sur ce chiffre, une vingtaine seulement parlaient un peu le français.

Dans leur chapelle provisoire ils donnèrent, en anglais, pendant deux semaines, les exercices d'une mission. Les fidèles montrèrent de l'empressement à s'y rendre. Quelques-uns s'approchèrent des sacrements, et d'autres s'y disposèrent.

Tous conçurent le désir de posséder une église convenable, car ils…

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Message  Louis Sam 09 Mar 2024, 6:40 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE II. — DURBAN (1852–1861).

§2

Premiers travaux. Le P. Sabon.

SUITE

Tous conçurent le désir de posséder une église convenable, car ils se sentaient humiliés, en face des protestants, dont chaque secte avait son lieu de réunion. Une souscription fut ouverte, mais ne produisit, d'abord, qu'un faible résultat, à cause de la pauvreté de la plupart. Mgr Allard y ajouta mille francs, promettant de doubler cette somme, l'année suivante. En outre, il obtint du gouverneur un terrain pour le futur édifice.

Chargé spécialement de cette œuvre, le P. Sabon institua un comité de dames pour la décoration de l'autel, l'exécution des chants religieux durant les offices, et la quête à domicile chez les habitants, sans distinction d'opinions. Repoussées par les uns, elles furent bien accueillies par d'autres, et reçurent des cotisations, même de l'île Bourbon et de l'île Maurice.

Grâce à ces divers secours, on crut, au mois de mars 1853, pouvoir jeter les fondements.

Plusieurs protestants de l'endroit, particulièrement hostiles, se plaignirent, alors, hautement que le gouverneur eût donné un terrain, pour ce qu'ils appelaient avec mépris une citadelle du papisme. Les journaux publièrent des articles violents, allant jusqu'à affirmer que, pour des raisons d'intérêt général, la ville ne tarderait pas à en déposséder les catholiques. On resta sourd à leurs menaces, et l'on poussa les travaux avec tant d'activité, que la chapelle, terminée en deux mois, fut inaugurée solennellement, le 24 juillet.

Certes, ce n'était pas une basilique monumentale : mais on n'en fut pas moins heureux et fier.

A cette première concession, le gouverneur en joignit une autre : celle d'un terrain pour le cimetière.

Malgré l'opposition des dissidents, le bien continua et se développa…

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Message  Louis Dim 10 Mar 2024, 6:25 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE II. — DURBAN (1852–1861).

§2

Premiers travaux. Le P. Sabon.

SUITE

Malgré l'opposition des dissidents, le bien continua et se développa. Non seulement le P. Sabon affermit les catholiques dans la foi, mais il exerça son zèle auprès des hérétiques, et reçut plusieurs abjurations. En même temps, il évangélisait les marins de toute nation, qui abondaient à Durban.

Peu à peu le nombre de ses ouailles augmenta par l'effet de son travail. Un flux incessant d'émigrants lui apportait constamment de nouvelles âmes, qu'il ramenait à la pratique de leurs devoirs.

Quelques années plus tard, ces commencements si consolants furent couronnés par la création d'une école catholique. C'était le moyen d'arracher les enfants à l'influence protestante, et de les avoir plus régulièrement aux leçons de catéchisme.

Trois cents Indiens, ou coolies, dont beaucoup étaient catholiques, étant arrivés, le P. Sabon se mit à apprendre le tamoul, leur langue, afin de leur prodiguer les secours de son ministère. Il convertit même parmi eux plusieurs infidèles qu'il baptisa.

Se faisant ainsi tout à tous, il jouit bientôt de la confiance universelle dans une population si mélangée, car sa bonté, promptement légendaire, lui conquérait tous les cœurs.

Les Oblats aux Indes et en Afrique. - Page 3 Page_438

CHAPITRE III. — PIETERMARITZBURG (1852–1861)….

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Message  Louis Lun 11 Mar 2024, 6:34 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE III. — PIETERMARITZBURG (1852–1861).

§1

La capitale de la colonie.

Mgr Allard n'avait pas l'intention de résider à Durban, mais à Pietermaritzburg, d'où il lui serait plus facile de rayonner dans tous les sens. Ainsi nommée en souvenir de Pieter Retief et de Gert Maritz, chefs boers tués, en 1838. par ordre de Dingaan, roi des Zoulous, cette ville était la capitale de la colonie. L'évêque s'y rendit avec plusieurs de ses compagnons, dans la première quinzaine du mois d'avril 1852.

Entre les deux cités la distance n'est que de quatre-vingt-dix kilomètres, mais les chemins étaient, alors, si mauvais, et le mode de transport si primitif, qu'il fallut trois jours pour accomplir ce trajet.

Durant la semaine qui suivit, le vicaire apostolique visita, famille par famille, les catholiques de l'endroit, au nombre de près de deux cents, parmi lesquels soixante-dix soldats de la garnison. Indifférents aux pratiques religieuses, mais flattés de cette prévenance, la plupart exprimèrent, par politesse du moins, leur satisfaction de posséder, enfin, des prêtres.

Sur l'invitation qui leur fut adressée, ils vinrent entendre la parole de Dieu, dans l'humble chapelle improvisée, et ils y prirent goût. Chaque dimanche, à l'heure des Messes, elle se remplissait, ainsi que l'après-midi, pour le chant des vêpres. Aux exercices du mois de mai, l'assistance augmenta, de jour en jour. Plusieurs, dès lors, contractèrent la pieuse habitude de s'approcher, de temps en temps, des sacrements.

Pour ces catholiques jusque-là si abandonnés, la présence des Oblats fut des plus salutaires, car Les ministres protestants avaient précédemment multiplié leurs efforts pour les attirer dans leurs temples.

En voyant leur proie leur échapper, les sectaires poussèrent les hauts cris. L'un d'eux surtout se signala par ses déclamations furibondes contre les prêtres, voulant qu'on usât de tous les moyens, même de la violence, pour les expulser. Les jeter à la mer, ajoutait-il, serait un acte méritoire.

Peu après, ce fanatique faillit se noyer lui-même, en essayant de passer une rivière, son char s'étant précipité au fond de l'eau. Il n'échappa à une mort imminente, que par le dévouement de deux jeunes gens, qui, au péril de leur vie, le retirèrent du gouffre. Cet avertissement du Ciel calma un peu sa fureur.

Malgré l'orage, les Pères n'en continuèrent pas moins leur œuvre avec zèle et persévérance…

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Message  Louis Mar 12 Mar 2024, 5:46 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE III. — PIETERMARITZBURG (1852–1861).

§1

La capitale de la colonie.

SUITE

Malgré l'orage, les Pères n'en continuèrent pas moins leur œuvre avec zèle et persévérance.

Une souscription s'ouvrit, afin de procurer des fonds pour la construction d'une chapelle. Comme ceux de Durban, les catholiques de Pietermaritzburg étaient généralement pauvres. Consultant leur cœur plutôt que leur bourse, plusieurs promirent des sommes qu'il leur fut impossible de réaliser. Les Missionnaires se virent donc dans la nécessité d'emprunter, quand il leur fallut payer les travaux, entrepris sur des garanties pécuniaires qui leur échappèrent, au moment où ils en auraient eu besoin.

Néanmoins, la bâtisse ne souffrit pas d'interruption, et la chapelle fut bénite, le 25 décembre 1852, trois cent cinquante-cinq ans, jour pour jour, après la découverte de la Terre de Natal par Vasco de Gama.

Cette construction, assurément, n'était pas un monument capable d'exciter l'admiration des visiteurs, accoutumés aux magnificences des églises d'Europe ; elle l'emportait, cependant, sur tous les temples protestants de la ville. Le signe de la Rédemption brillait au sommet de la façade. A l'intérieur, un superbe et grand tableau de Jésus en croix, œuvre d'un artiste de talent, ornait le sanctuaire. C'était un don de Mgr de Mazenod, qui en avait dépouillé l'un de ses salons, pour en faire cadeau à ses fils. Au-dessus du Tabernacle, s'élevait une jolie statue de la Sainte Vierge, donnée également, à Marseille.

Le lendemain de l'inauguration, deux protestants abjurèrent publiquement leurs erreurs. Quelque temps après, sept autres entrèrent, à leur exemple, dans le sein de la véritable Église.

On s'aperçut bientôt que les catholiques étaient plus nombreux, en ville, qu'on ne l'avait…

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Message  Louis Mer 13 Mar 2024, 6:19 am


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CHAPITRE III. — PIETERMARITZBURG (1852–1861).

§1

La capitale de la colonie.

SUITE

On s'aperçut bientôt que les catholiques étaient plus nombreux, en ville, qu'on ne l'avait supposé, d'abord. Beaucoup, en effet, au temps de leur abandon, non seulement s'étaient fort relâchés dans leurs mœurs, mais avaient rougi de la foi, et leurs voisins ne savaient même pas qu'ils fussent baptisés. Les Missionnaires recherchèrent avec soin ces brebis perdues. De temps en temps, ils en découvraient, et les ramenaient au bercail. Le nombre de leurs ouailles monta ainsi à près de quatre cents. Plus tard, de nouveaux émigrants augmentèrent encore ce chiffre.

Deux Associations, celles du Sacré-Cœur et de l'Immaculée-Conception favorisèrent ce développement de la piété. On leur ajouta l'Archiconfrérie du Saint-Cœur de Marie pour la conversion des pécheurs.

Mais, là aussi, une école catholique s'imposait. Dès le mois de mars 1853, il fut possible de l'ouvrir, et l'un des néophytes en prit d'abord la direction.

Plus tard, un renfort de Missionnaires étant arrivé, les Pères eux-mêmes s'en chargèrent, et firent venir d'Europe pour plus de quinze cents francs de livres, à l'usage des élèves, car on ne trouvait à Durban que des manuels infectés de principes hérétiques.

— Ainsi constituée, écrivait Mgr Allard, notre école a une supériorité incontestable sur toutes celles de la ville. Quelle consolation pour nous de penser que ces enfants ne sont plus exposés au danger de perdre la foi !

Après une expérience de plusieurs années, il écrivait, le 4 février 1860 :

— Notre école de Pietermaritzburg réalise les espérances que nous avons conçues. Les familles n'ont qu'à se féliciter de voir la jeunesse croître dans la crainte et l'amour de Dieu. Ces enfants, autrefois si turbulents, n'en sont que plus soumis à l'autorité paternelle. Auparavant, nous ne pouvions pas obtenir qu'ils apprissent le catéchisme ; maintenant, l'avenir est assuré, ce à quoi n'auraient pas suffi nos prédications du dimanche.

§ 2 Excursions apostoliques à travers la campagne...

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Message  Louis Jeu 14 Mar 2024, 6:58 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE III. — PIETERMARITZBURG (1852–1861).

§2

Excursions apostoliques à travers la campagne.

Bien au delà de la ville s'étendait le ministère des Pères. Ils entreprenaient souvent de longues courses, pour visiter les catholiques disséminés à des distances considérables.

Parfois, ils allaient, jusqu'à deux cents ou trois cents kilomètres de leur résidence, porter à des malades les secours de la religion. Huit ou dix jours leur étaient nécessaires, alors, à cause du mauvais état des chemins.

Pour découvrir les catholiques isolés, ils s'avancèrent beaucoup plus loin. Ils en rencontrèrent sur les montagnes et dans les vallées, jusqu'à la chaîne du Drakensberg.

Deux fois même, ils ne reculèrent pas devant un voyage de huit cents kilomètres, pour recueillir des orphelins, qui, fils de catholiques, mais non encore baptisés, restaient à la merci de Boers calvinistes. Une partie de ces longues excursions dut être faite à pied. Souvent les Missionnaires passèrent la nuit sans abri, exposés à être dévorés par les fauves, qui pullulaient dans ces parages.

Nonobstant de si dures fatigues, les Pères menaient une vie sobre et très frugale. Mgr Allard, très rude pour lui-même, aurait plutôt excédé, sous ce rapport, et il tenait sévèrement la main à ce qu'il n'y eût aucun écart de régime. Sous son œil vigilant, ce danger n'était pas à redouter.

Notre manière de vivre est connue en ville, et devient même, quelquefois, le sujet des…

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Message  Louis Ven 15 Mar 2024, 6:40 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE III. — PIETERMARITZBURG (1852–1861).

§2

Excursions apostoliques à travers la campagne.

SUITE

Notre manière de vivre est connue en ville, et devient même, quelquefois, le sujet des conversations, écrivait-il au Supérieur général. Les protestants répètent que nous ne sommes pas comme leurs ministres, qui ne se refusent rien. Ils confessent que seuls les prêtres catholiques ne visent, ni aux richesses, ni aux commodités de l'existence, et que nous sommes par conséquent plus conformes à l'Évangile. Il en résulte pour eux une édification qui les ébranle, et en dispose plusieurs à embrasser le catholicisme.

Labeurs apostoliques, fatigues, privations, austérités n'empêchaient pas les Missionnaires de conserver leurs forces :

— Le climat de ce pays est très salubre, écrivait encore l'évêque, et nous jouissons tous d'une parfaite santé. Pour moi, en particulier, il y a des années que je ne m'étais porté aussi bien. Pietermaritzburg que nous habitons, étant situé au pied des montagnes, est un peu froid, en hiver. On ne s'en trouve que mieux. Il n'y a ici, à proprement parler, que deux saisons : l'hiver et l'été. Pendant les six mois de l'hiver, d'avril à septembre, le temps est extrêmement sec, le ciel constamment serein, et les jours comme les plus beaux d'octobre, en Provence. Au mois d'août, on se croirait au printemps, si la campagne, dépouillée de sa verdure, ne nous avertissait que nous sommes au cœur de l'hiver. Les nuits sont généralement fraîches. J'ai vu, cette année, le thermomètre Réaumur descendre, sept fois, au-dessous de zéro, et les montagnes voisines se couronner de neige. En été, la chaleur est forte, mais atténuée par la pluie, qui tombe presque quotidiennement.

Les Oblats aux Indes et en Afrique. - Page 3 Page_439

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861)…

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Message  Louis Sam 16 Mar 2024, 6:33 am


Natal (1851-1861)

Les Oblats aux Indes et en Afrique. - Page 3 Page_440

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861).

§1

Morale et religion des Bantous.

Depuis leur arrivée dans l'Afrique australe, les Oblats désiraient ardemment porter la bonne nouvelle du salut aux Cafres, ou Bantous, plongés dans de si profondes ténèbres, et vivant dans un état d'abaissement inimaginable. Il leur avait fallu, cependant, s'occuper, d'abord, des catholiques si dégénérés.

Sans perdre de vue l'évangélisation de ces païens, ils apprenaient, peu à peu, leur langue.

Les Cafres étaient très nombreux. On en rencontrait partout : dans les campagnes, sur les chemins, dans les villes, mêlés aux Européens, à titre de serviteurs, mais sans avoir rien changé à leurs mœurs, ni à leurs usages. D'habits, presque point, même en public. Ils ne rougissaient pas de leur nudité. Spectacle révoltant pour toute personne honnête.

Parmi eux, la polygamie s'étalait sur de vastes proportions. Plus un homme avait de femmes, plus il était riche et estimé, car il avait dû les acheter, en livrant pour chacune, à ses futurs beaux-pères, dix, quinze, vingt vaches, quelquefois davantage : prix à débattre, suivant les circonstances et surtout suivant les chances de fécondité, objet d'une spéculation abominable.

Ces malheureuses, en effet, seraient, à la fois, une proie pour sa lubricité et des esclaves qui lui vaudraient de gros bénéfices. A elles le soin de porter les lourds fardeaux, de bêcher la terre, de faire, en un mot, les travaux les plus pénibles. Leur seigneur et maître se contentait de les surveiller, comme un bouvier, son vil bétail. Les filles qui lui naissaient dans ce harem sauvage, augmentaient sa fortune. Promptement nubiles, il ne tardait pas à les vendre, de la même façon qu'il avait acheté leurs mères, et cette nombreuse progéniture lui procurait, en échange, de véritables troupeaux.

Ainsi ce hideux commerçant, non seulement recouvrait la partie de son capital aliénée pour acquérir chacune de ses femmes, mais, par le moyen de leur postérité, le triplait, le quintuplait, le décuplait même.

Alors, dans sa hutte régnait l'opulence. Il avait de quoi boire et manger sans réserve. C'est, avec la satisfaction des passions les plus brutales,  ce à quoi se bornait toute son ambition.

Arrivé à la réalisation de ses rêves, il se proclamait parfaitement heureux. On le croyait tel, on l'admirait, on l'enviait, et, grâce à cette richesse honteusement gagnée, il tenait un rang honorable dans sa tribu.

Aux yeux du vulgaire, sa rustique demeure devenait ce qu'était, pour les anciens, le voluptueux palais de Sardanapale.

Combattre la polygamie serait donc ébranler, dans sa base, tout le système économique…

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Message  Louis Dim 17 Mar 2024, 6:12 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861).

§1

Morale et religion des Bantous.

SUITE

Combattre la polygamie serait donc ébranler, dans sa base, tout le système économique du pays. Elle était la principale industrie... la source la plus claire de ses revenus... Horreur !... Que Satan est donc habile pour enserrer dans ses filets la pauvre humanité déchue !... Et quelle reconnaissance les nations chrétiennes ne doivent-elles pas à l'Évangile, qui, dans leur sein, a réhabilité la femme, rendant à l'épouse sa dignité, à la mère son auréole, à la jeune fille sa pureté virginale et son innocente candeur !...

Totalement absorbés par la matière et plongés dans la fange, les Cafres n'avaient pas la moindre aspiration vers un idéal plus élevé.

Selon eux, Dieu, s'il existe, est un être résidant trop loin de la terre, pour s'occuper de ses habitants. Les voit-il ? réussit-il à les entendre ? Comment voulez-vous qu'il le puisse, à cette distance ? En tout cas. il est trop grand, pour s'en soucier, et il les laisse fort libres de vivre à leur guise...

Ce que l'on doit craindre et tâcher d'apaiser, ce sont les esprits des ancêtres. Sortis de leur corps, ils peuvent causer du mal et même la mort, si on les néglige trop, tandis qu'ils font du bien, si on cultive leur souvenir, et si on leur offre des présents. De là, une foule de sorciers, devins, magiciens, charlatans et nécromanciens de tout acabit, qui prétendent communiquer avec les trépassés, et, moyennant finance, se chargent de calmer leur courroux.

Aux sortilèges de ces imposteurs le peuple prête une foi aveugle.

La religion des Cafres admet donc une certaine survivance des âmes, mais sans enfer, ni châtiments d'aucune sorte. Il est aisé de comprendre qu'avec des dogmes de cette espèce, leur morale soit extrêmement relâchée.
§ 2 Saint-Michel...

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Message  Louis Lun 18 Mar 2024, 6:26 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861).

§2

Saint-Michel

Suffisamment familiarisés avec leur dialecte si différent de toute langue européenne, les Pères Gérard et Justin Barret, en décembre 1854, se disposèrent à aller résider parmi eux.

— J'aurai continuellement mes pensées et mon cœur tournés vers ces deux apôtres, écrivait Mgr Allard au P. Tempier, et serai fréquemment en rapport avec eux par lettres. Ce n'est pas sans une vive inquiétude, je vous l'avoue, que j'attends le résultat de leur premier essai... Humainement cette entreprise est impossible... Nous mettons toute notre confiance en Dieu, et nous comptons sur les prières des âmes ferventes, qui, dans l'Église entière, Lui adressent leurs supplications pour les missions auprès des infidèles.

Après un jour de retraite préparatoire, les deux Pères, le 27 février 1855, se dirigèrent vers le site qu'ils avaient choisi, de concert avec le vicaire apostolique, à une centaine de kilomètres de Pietermaritzburg : vallée fertile, au fond de laquelle coule une petite rivière. De part et d'autre, s'élèvent des coteaux verdoyants, couverts d'arbres touffus, sous lesquels glissent, en murmurant, des ruisseaux aux gracieux méandres.

Par monts et par vaux, sans chemin frayé à travers les broussailles, sans pont pour passer les cours d'eau rapides, le voyage ne manqua pas de péripéties nombreuses, comiques, parfois, et, parfois, tragiques.

Pensant que les Missionnaires leur apportaient des présents, dont ils étaient toujours avides…

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Message  Louis Mar 19 Mar 2024, 5:12 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861).

§2

Saint-Michel

SUITE

Pensant que les Missionnaires leur apportaient des présents, dont ils étaient toujours avides, les Cafres les accueillirent avec joie. Aucun d'eux, néanmoins, ne voulut coopérer à la construction de leur modeste demeure, si ce n'est à un prix énorme, surpassant de huit à dix fois la valeur du travail fourni. Les Pères renoncèrent donc à ce concours si intéressé, et, avec l'aide du Frère Bernard, que Mgr Allard leur envoya, amenèrent à bonne fin cette bâtisse rudimentaire, simple hutte servant successivement de cuisine, de réfectoire, de dortoir et de salon de réception.

Les Oblats aux Indes et en Afrique. - Page 3 Page_443

Hélas ! quoique ce superbe édifice n'eût pas l'éclat du verre, il en avait la fragilité.

Une nuit, le ciel se chargea de nuages, et la pluie tomba avec tant d'impétuosité, qu'après avoir percé le toit, elle  inonda  les  dormeurs.

Ceux-ci, réveillés en sursaut, durent, en toute hâte, étendre sur leur tête une peau de chèvre, en guise de parapluie. Ils se rendormirent, sans plus de souci ; mais l'eau, comme pour se venger du peu de cas que l'on faisait d'elle, fondit leur sucre, et empâta leur farine.

En outre, un torrent dévastateur se précipitant avec force sur les flancs de la colline, envahit le hangar plus large qui servait provisoirement de chapelle, et en détrempa le sol, qu'elle changea en bourbier.

On répara le mal par une épaisse couche de sable jetée sur le terrain, et par la réfection des toitures auxquelles on donna plus de consistance et d'inclinaison.

Tout alla bien, pendant trois ou quatre mois. La pluie, malgré sa violence, n'entamait pas les parois. Se croyant en sûreté, les architectes s'applaudissaient des savantes améliorations faites à leur palais. Mais, une nuit, ils se réveillèrent encore dans l'eau. De grosses fourmis, ayant dévoré de larges morceaux de la toiture, l'avaient transformée en écumoire.

Il fallait émigrer... Pour obvier à ces multiples inconvénients, on résolut de bâtir sur le sommet d'un monticule la maisonnette et la chapelle. L'une et l'autre consistèrent en pieux, réunis par des joncs entrelacés, que recouvrait une légère couche de mortier, sans plâtre, ni chaux, matières introuvables dans ces endroits reculés. De longues tiges d'une paille gigantesque constituaient le toit.

La pauvreté religieuse n'était pas moins observée, dans la nourriture et l'ameublement.

Si difficile à tous égards, cette Mission fut placée sous le patronage de l'archange saint Michel.

Pendant quelques semaines, les Cafres montrèrent assez de fidélité pour se rendre à la chapelle…

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Message  Louis Mer 20 Mar 2024, 6:05 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861).

§2

Saint-Michel

SUITE

Pendant quelques semaines, les Cafres montrèrent assez de fidélité pour se rendre à la chapelle. Malheureusement leur but n'était pas de profiter de l'enseignement des Pères, mais de la réunion d'un plus grand nombre de personnes, pour s'amuser davantage. Les uns émettaient des réflexions saugrenues ; les autres riaient ; d'autres, hommes et femmes, se permettaient des propos indécents, ou se livraient à des actes rien moins que convenables.

Plus d'une fois, écrivait le P. Barret à Mgr de Mazenod, le 10 mai 1856. je dus m'armer d'un bâton et chasser ignominieusement ces coquins et ces coquines. Sans doute, cette cérémonie supplémentaire n'était pas très conforme aux rubriques, mais elle valait un bon sermon, et inspirait une crainte salutaire. Pendant quelque temps on se tenait mieux, c’est-à-dire moins mal, car la pudeur n'a pas encore élu domicile dans l'âme des Cafres. Sous ce rapport, ils se donnent, en public et sans vergogne, des libertés dégoûtantes. N'osent-ils pas se présenter à l'église, ou chez nous, entièrement nus ?... Si l'on se borne à leur adresser de sévères reproches, ils rient aux éclats !... Mais ils redoutent le bâton, quand on sait leur en imposer par un air décidé. Néanmoins, si l''on est réduit à ces moyens pour pouvoir faire entendre quelques paroles du catéchisme, comment espérer jamais, sans un miracle de la grâce, convertir des gens si dégradés ?

Afin de fixer leur attention, les Pères leur apprirent des cantiques, car ces êtres si corrompus aimaient la musique, et possédaient, la plupart, des voix sonores.

Tant que durait le chant, ils étaient raisonnables : mais, aussitôt après, le désordre recommençait. Les vérités de la foi les plus terribles : jugements de Dieu et peines de l'enfer, les laissaient absolument insensibles. Le seul sujet qui les effrayât, était la mort. Aussi ne voulaient-ils point qu'on leur en parlât. Si l'on essayait, ils criaient à tue-tête, pour étouffer la voix du prédicateur, et menaçaient de ne plus retourner, si on prononçait encore ce mot abhorré.

— Longtemps encore, écrivait Mgr Allard. les ouvriers évangéliques auront à arroser de leur sueur cette terre, avant qu'elle produise quelques fruits de vertu !...

Désireux de hâter la conversion de ces aveugles volontaires, l'évêque vint lui-même résider parmi eux, au mois d'avril 1858. Le P. Barret, appelé à Pietermaritzburg pour diriger l'école, fut remplacé par le P. Bompart.

On commença, alors, la construction d'une chapelle plus convenable, dans la pensée…

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Message  Louis Jeu 21 Mar 2024, 6:39 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861).

§2

Saint-Michel

SUITE

On commença, alors, la construction d'une chapelle plus convenable, dans la pensée d'inspirer aux Cafres plus de respect pour le lieu saint, et de frapper leur imagination par la beauté des cérémonies.

Il fallait aller chercher les matériaux à sept ou huit kilomètres de distance. Ce ne fut donc pas sans peine qu'on la termina.

Bâtie sur une petite éminence, elle se distinguait de loin par la blancheur de ses murs. Un portique couvert l'entourait de trois côtés, et servait à abriter les Cafres, soit contre le soleil, soit contre la pluie. En arrière du sanctuaire, était l'habitation de la communauté.

Le dimanche, 17 février 1859, fête du Très Saint Rédempteur, Mgr Allard, revêtu des insignes épiscopaux, bénit solennellement l'édifice, au dedans et au dehors. Le P. Gérard prononça le discours de circonstance, que les Cafres. dont il parlait très facilement la langue, écoutèrent avec grande attention.

Au nombre de cent vingt, les assistants auraient dû être dix fois plus, si la majorité avait répondu à l'invitation. Tous les chefs de famille retinrent dans les huttes les femmes et les enfants au-dessous de dix-huit ans, pour les préserver de l'influence que les Missionnaires auraient pu acquérir. Ils ne voulurent pas les exposer à accepter une religion si contraire à leurs usages. Eux-mêmes restaient sur la défensive.

Sans se décourager de cette obstination à fermer les yeux à la lumière, les Missionnaires, auxquels se joignit le P. Le Bihan, multiplièrent les visites, pour les saisir individuellement, les catéchiser et les instruire.

— Employant tour à tour la douceur et la sévérité, écrivait le P. Bompart, nous ne négligions rien, pour nous introduire chez eux, quoique, parfois, ils ne l'aimassent guère. Plusieurs nous fermaient leur porte : d'autres s'enfuyaient dans les rivières ou les bois voisins, où nous les poursuivions, armés de la parole de Dieu.

En même temps, les Pères redoublaient de ferveur, pour attirer les grâces de salut.

Chaque dimanche, un certain nombre de ces pauvres païens venaient à la chapelle, mais c'était surtout pour des vues intéressées, dans l'espérance d'obtenir auprès du Gouvernement la protection de l'évêque, qui, déjà, leur avait fait accorder des concessions de terrains et autres avantages. Quant à réformer leurs mœurs, renoncer à la polygamie, ne plus recourir aux sortilèges, et embrasser le catholicisme, aucun d'eux n'y songeait encore...

Leur esprit s'ouvrirait-il jamais aux idées surnaturelles ?...
§ 3 Notre-Dame des Sept-Douleurs.

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Message  Louis Ven 22 Mar 2024, 7:06 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855 –1861).

§3

Notre-Dame des Sept-Douleurs.

Pour atteindre un plus grand nombre d'âmes, Mgr Allard résolut de fonder une autre mission, plus avant dans l'intérieur des terres. Au mois de février 1860, il partit en exploration avec le P. Gérard. Ayant cru reconnaître dans une autre tribu des dispositions un peu plus favorables, ils revinrent, l'un et l'autre, parmi elle, amenant les Frères Bernard et Terpent, qui devaient les aider à construire leur habitation et une chapelle.

De Saint-Michel au site choisi, le voyage ne dura pas moins de cinq jours, à cause de la difficulté de la route et des longs contours à faire. Le soir, ils couchaient à la belle étoile, par une température extraordinairement froide, puisque, à leur réveil, ils trouvaient l'eau fortement gelée à leurs côtés.

Au matin du quatrième jour, campés sur une montagne, ils découvrirent les villages cafres qu'ils venaient évangéliser, et mirent leur nouvel établissement sous la protection de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Prosternés, ils récitèrent ensemble le Stabat Mater, suppliant la Vierge Immaculée de jeter un regard de miséricorde sur ces pauvres âmes, qui, si loin encore du royaume de Dieu, ne lui avaient pas moins été recommandées par son divin Fils agonisant sur la croix.

Réconfortés par cette prière, ils reprirent leur marche, en descendant de la crête des montagnes, sur lesquelles ils avaient cheminé, pour éviter les vallées impraticables au chariot chargé de leurs bagages. Un jour entier leur fut nécessaire pour se frayer un sentier à travers les bois, sur des pentes effrayantes et pleines de dangers.

A leur arrivée, les Cafres leur témoignèrent de la joie ; mais le chef de la tribu, craignant de voir son autorité affaiblie par la présence des Pères, manifesta hautement sa volonté de s'opposer à leur projet.

La contenance décidée de l'évêque et de ses compagnons en imposa à ce tyranneau, qui finit par se calmer un peu. On commença donc à abattre les arbres, à déblayer le sol, et à le niveler. Là. comme à Saint-Michel, les Pères et Frères durent se transformer en bûcherons, charpentiers, voituriers, maçons, etc. L'évêque leur donnait l'exemple, travaillant, lui aussi, comme un simple ouvrier. Quoique les constructions ne fussent ni luxueuses, ni de proportions monumentales, il fallut plus de deux mois pour les terminer.

Divisée en trois appartements, l'habitation des Pères avait dix mètres de long sur quatre de large. La chapelle, plus vaste, affectait, avec sa voûte rudimentaire, la forme d'un navire renversé. Des pièces de calicot rouge et blanc ornaient le sanctuaire. Sur le fond se détachait l'image de la Sainte Vierge. Un tableau très bien peint par le P. Barret, représentait Notre-Seigneur couronné d'épines.

Tout étant prêt, l'inauguration eut lieu, le dimanche, 14 octobre. Une centaine de Cafres…

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Message  Louis Sam 23 Mar 2024, 6:10 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861).

§2

Notre-Dame. des Sept-Douleurs.

SUITE

Tout étant prêt, l'inauguration eut lieu, le dimanche, 14 octobre. Une centaine de Cafres, les plus rapprochés de l'endroit, assistèrent à la cérémonie. Les accords d'un petit harmonium dont se servait le Fr.Terpent, pour accompagner les cantiques, les ravit d'admiration. Ils revinrent plus nombreux, les dimanches suivants. L'ordre régnait dans l'assemblée, et tous écoutaient les exhortations.

Hélas ! quand les prédicateurs, croyant le moment opportun, entreprirent une série d'instructions sur le péché, le jugement et l'enfer, l'auditoire diminua. Beaucoup restaient chez eux, pour éviter les remords de leur conscience troublée dans sa coupable apathie.

Vos paroles rendent le cœur triste, disaient-ils aux Pères, qui allaient leur reprocher leur abstention.

C'était leur manière d'exprimer leur volonté de ne pas abandonner leurs grossières jouissances, pour les récompenses spirituelles que promet le catholicisme, et que leur âme charnelle n'appréciait pas. Animalis homo non percipit quæ sunt Dei !...

D'ailleurs, à les entendre, ils étaient les gens les plus innocents du monde.

— Nous n'avons ni tué, ni volé, disaient-ils.

Que de mauvais chrétiens, en Europe, parlent de même ! Satan qui leur inspire ce piètre argument pour les tenir loin du confessionnal, suggérait la même pensée à ces affreux sauvages, pour les écarter du baptême.

— Eh bien ! répondaient-ils avec une effrayante insouciance, quand on leur faisait entrevoir l'abîme éternel vers lequel ils se précipitaient par leur opiniâtreté, nous irons au feu qui ne s'éteint pas ! Ne t'inquiète point, car ce n'est pas ta faute, puisque tu nous a instruits de la loi du Grand Chef d'en-haut !... Ici, personne ne pleurera pour cela !...
§ 4 Qui seminant in lacrymis in exultatione metent...

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Message  Louis Dim 24 Mar 2024, 4:45 am


Natal (1851-1861)

]CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861).

§4

Qui seminant in lacrymis in exultatione metent.

Une des principales causes de cette indifférence systématique des Caftes, outre les vices enracinés dans leur cœur, était la présence des ministres protestants des diverses sectes, accourus à la suite de la conquête anglaise. Impuissants à les convertir, ils se montraient indulgents au sujet de la polygamie, et leur inculquaient, par cette concession aux coutumes impures, la haine du catholicisme.

De plus, la variété de doctrines de tant de confessions religieuses, engendrait la confusion dans l'esprit de ces pauvres païens, qui, ne réussissant pas à distinguer en quoi elles différaient, les regardaient toutes comme des fables. Le catholicisme n'avait pas plus de valeur à leurs, yeux, et ils le renfermaient dans cette commune réprobation. Selon l'expression de la parabole évangélique. les ronces et les épines étouffaient dans leur âme la bonne semence de la vérité.

Plein de ces pensées, Mgr Allard songea, d'abord, à créer des orphelinats, ou des écoles, espérant que les nouvelles générations seraient plus accessibles aux enseignements de la foi.

Dans un accès de franchise, des Cafres ne lui avaient-ils pas dit. plusieurs fois, pour se débarrasser de ses exhortations pressantes :

— Si tu étais venu quand nous étions plus jeunes, nous aurions peut-être écouté ta parole; ; mais, maintenant, nous sommes trop vieux pour changer !...

La réalisation de ce projet eût en partie assuré l'avenir ; mais elle dut être retardée, faute de ressources. Et puis, ces sauvages eussent-ils envoyé leurs enfants à l'école, eux qui les empêchaient d'aller à l'église, dans la crainte de l'influence que les apôtres du Christ exerceraient sur eux ?

A grand'peine, sous prétexte de médecine et à l'insu des parents soupçonneux, les Missionnaires avaient réussi à baptiser quelques bébés en danger de mort. Ceux-là, du moins, arrachés à Satan, étaient, désormais, des Anges au ciel.

Ne pouvant, pour le moment, fonder dans ces milieux, ni écoles régulières, ni orphelinats, Mgr Allard crut que l'œuvre d'évangélisation rencontrerait moins d'obstacles parmi les tribus qui, n'ayant pas encore été en contact avec les Européens, n'avaient pas reçu le venin de l'hérésie, avant le lait de la vraie doctrine.

Il résolut donc de parcourir, en tous sens, la colonie, et même…

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Message  Louis Lun 25 Mar 2024, 6:12 am


Natal (1851-1861)

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861).

§4

Qui seminant in lacrymis in exultatione metent.

SUITE

Il résolut donc de parcourir, en tous sens, la colonie, et même d'entreprendre des voyages au delà de ses frontières, à travers les montagnes du Drakensberg, pour pressentir les dispositions des peuplades ; ensuite ouvrir des Missions, là où il y aurait quelque chance de succès, et les diriger avec tout le soin possible.

C'est le propre des vaillants de ne pas reculer devant les difficultés. Au contraire, plus elles se multiplient, plus ils sentent croître leur ardeur.

Ainsi en fut-il de Mgr Allard et de ceux qui travaillaient avec lui. Malgré la stérilité apparente de leurs premiers efforts, ils ne cessaient pas d'arroser de leurs sueurs cette terre si dure. Plus elle leur coûtait d'héroïques sacrifices, plus ils s'y attachaient.

— J'ai un vif amour pour cette Mission des Cafres, quoique jusqu'à présent elle soit bien ingrate, écrivait le P. Gérard. Les moments où nous avons à souffrir, sont les plus beaux... La Providence permet tant d'obstacles, sans doute, pour rendre son action plus visible... Humainement aucune espérance... mais nous comptons aveuglément sur la toute-puissance de Dieu. Loin d'être découragé, je suis content ; et. si j'avais à choisir, la pauvre Cafrerie aurait encore ma prédilection.

— Nous n'avons rien épargné pour être utiles à ces malheureux, écrivait, de son côté, le P. Bompart. Sans nous lasser, nous sommes prêts à recommencer. Si le succès manque, nous bénirons, néanmoins. Celui dont nous accomplissons les ordres.

Mais quelle immolation de tous les instants !

— Mgr Allard nous arriva, un jour, si harassé de fatigues, qu'il pouvait à peine se tenir debout, écrivait le P. Gérard au vénéré Fondateur. Sa Grandeur avait fait presque tout le voyage à pied, aussi pauvrement que les apôtres, et par un soleil brûlant... Il me semble qu'Elle devrait être moins rude pour elle-même. Des courses de ce genre sont trop longues et trop pénibles pour des personnes déjà avancées en âge... Son exemple nous excite à nous dévouer sans limites... Peut-être faudra-t-il que cette terre aride et désolée ne soit pas seulement arrosée de nos sueurs... Peut-être demandera-t-elle quelque chose de plus que les angoisses de cœur de ses Missionnaires ! Qui sait ce qui nous attend par delà les montagnes ?... A la grâce de Dieu et de Marie Immaculée... Soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur !...

Dans cette terrible lutte contre le démon, les Oblats de Natal étaient donc prêts à verser leur sang pour le salut des pauvres âmes qu'ils évangélisaient, au prix de tant de souffrances. Chacun d'eux avait médité et s'appropriait sans réserve les paroles de saint Paul : Non quæroquæ vestra sunt, sed vos ; ego autem libentissime impendam et superimpendar ipse pro animabus vestris, licet, plus vos diligens, minus diligar ! (II Cor., XII, 14-15.)

En terminant cette belle lettre...

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