Les Oblats aux Indes et en Afrique.

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Message  Louis Ven 05 Jan 2024, 7:13 am



Les Oblats aux Indes et en Afrique. Captu173

Les Oblats aux Indes et en Afrique. Captu174

Comme à l’habitude, dès la publication de cet extrait du  R.P. Ortolan, o.m.i., nous éditerons ce fil pour compléter le message et y déposer des liens en vue de faciliter la consultation et pour ne pas surcharger le texte.

Bonne lecture,

Bien à vous.

LIVRE  DIXIÈME. — CEYLAN (1847-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE CEYLAN, À L’ARRIVÉE DES OBLATS. * 1. La perle des Indes. — * 2. Veddahs, Singhalais, Tamouls et Mahométans. — * 3. Européens et Burghers. — * 4. Bouddhisme et Brahmanisme. — * 5. Les Castes. — * 6. Évangélisation et schisme goanais.

CHAPITRE II.— JAFFNA (1847 –1855). — * 1. Vers l’Orient.  — * 2. La ville épiscopale.

CHAPITRE III. — DANS LES PROVINCES (1848–1855). — * 1. Mantotte et Manaar. — * 2. Point-Pedro, Batticaloa et Trincomalie. — * 3. Sainte-Anne.

CHAPITRE IV. — ÉPIDÉMIES (1849–1855). — * 1.  Le choléra.— * 2. La petite vérole.

CHAPITRE V. — PHASES INTENSE D’ÉVANGÉLISATION (1856–1861). — * 1. Élévation du P. Séméria à l’épiscopat. — * 2. Prédication de missions en règle. — * 3.  Dans le sud de l’île. — *  4. Les écoles et la presse.

LIVRE  ONZIÈME. — NATAL (1851-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE ET RELIGIEUSE DU NATAL, À L’ARRIVÉE DES OBLATS. * 1. Historique. — * 2. Le sol et ses produits, — * 3. Races primitives.

CHAPITRE II. — DURBAN (1852–1861). — * 1. Élévation du P. Allard à l’épiscopat. — * 2. Premiers travaux. Le P. Sabon.

CHAPITRE III. — PIETERMARITZBURG (1852–1861). — * 1. La capitale de la colonie. — * 2. Excursions apostoliques à travers la campagne.

CHAPITRE IV. — CHEZ LES CAFRES (1855–1861). — * 1. Morale et religion des Bantous. — * 2. Saint-Michel. — * 3. Notre-Dame des Sept-Douleurs. — * 4. Qui seminant in lacrymis, in exultation metent.


Dernière édition par Louis le Dim 24 Mar 2024, 4:46 am, édité 31 fois

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Message  Louis Mar 09 Jan 2024, 5:56 am


Ceylan * (1847-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§1

La perle des Indes.

Un peu à l'est de l'extrémité méridionale du continent indien, et à six degrés à peine de l'équateur, se trouve l'île de Ceylan. Une différence de quelques mètres seulement, dans le niveau des mers environnantes, suffirait pour qu'elle fût réunie à la péninsule, dont elle semble, au point de vue géographique, une simple dépendance.

Entre elle et la côte de Coromandel, en effet, dans toute la largeur du détroit de Palk, s'avance comme une jetée naturelle. Cette digue colossale comprend, dans sa partie visible, deux îles allongées, celles de Manaar et de Rameseram ; et, dans sa partie invisible, sur une quarantaine de kilomètres, un banc sablonneux hérissé d'un chapelet de récifs, sorte de crête sous-marine, recouverte d'une mince couche d'eau, et qui peut, à marée basse, être traversée presque à pieds secs.

On l'a appelée le Pont d'Adam, car, d'après une légende arabe, le premier homme, chassé de l'Éden, aurait obtenu, de la miséricorde divine, d'aller au loin habiter un second paradis terrestre : Ceylan, séjour idéal avec son éternelle verdure, ses parfums exquis et ses fruits délicieux.

Par sa configuration Ceylan affecte sensiblement, selon les uns, la forme d'un cœur renversé ; selon d'autres, celle d'une poire dont le pédoncule serait tourné vers le nord-ouest.

D'une longueur de quatre cent trente-six kilomètres sur une largeur de deux cent vingt, elle équivaut, par sa superficie de plus de soixante-cinq mille kilomètres carrés, aux cinq sixièmes de l'Irlande, ou à une dizaine de nos départements.

Au nord, s'étendent…

* Note de Louis: appelé aujourd'hui le Sri Lanka.

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Message  Louis Mer 10 Jan 2024, 5:50 am


Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§1

La perle des Indes.

SUITE

Les Oblats aux Indes et en Afrique. Page_353

Au nord, s'étendent des plaines basses, quelquefois arides, mais, parfois aussi, portant d'immenses forêts, au sein desquelles s'épanouit librement la végétation vigoureuse des contrées tropicales. Une multitude de lianes flexibles d'une longueur prodigieuse et contournées en tous sens, enlacent, de leurs nœuds inextricables, les bouquets de palmiers, d'aréquiers, etc. Il en résulte un fouillis impénétrable de broussailles gigantesques : jungle à la frondaison d'un vert intense, sur lequel se détachent des myriades de fleurs aux couleurs éclatantes et aux nuances infinies.

Dans le centre, l'aspect change. Le sol s'élève, se boursoufle, se creuse, se déchire, se relève encore, pour constituer un vaste massif montagneux, dont les puissants contreforts rayonnent à une assez grande distance. C'est une véritable Suisse singhalaise, abondant en sites pittoresques d'une incomparable beauté, aux vallées ombreuses et très fertiles, avec leurs riches plantations de thé, leurs rizières et leurs produits de tout genre. Mais jamais la neige ne s'y montre, même dans les régions supérieures.

Il y a là, cependant, des sommets atteignant deux mille cinq cents mètres d'altitude, que l'on aperçoit, de la mer, à quatre-vingts kilomètres. L'un des principaux est le Pic d'Adam, montagne sainte des bouddhistes, des brahmanistes et des arabes : celle que les livres hindous nomment Cripada (en pâli : Siripada) « l'Empreinte de Pied sacré », parce que le pied de Bouddha, ou celui de Siva, ou celui du premier homme y aurait laissé sa trace dans le roc.

Cette prétendue empreinte est une simple excavation longue de plus d'un mètre, régularisée au ciseau et grossièrement sculptée. Seul le pied d'un géant aurait pu la remplir.

Extrêmement variée est la flore de Ceylan…

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Message  Louis Jeu 11 Jan 2024, 5:46 am


Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§1

La perle des Indes.

SUITE


Extrêmement variée est la flore de Ceylan.

Parmi les treize ou quatorze espèces de palmiers, indiquons l'une des plus remarquables, le talipot, dont les feuilles énormes se déploient en gracieux éventail, à vingt ou trente mètres de hauteur.

D'une taille parfois égale, le cocotier n'est pas moins élégant, et il est plus utile encore, avec ses lourdes noix ovales, à l'enveloppe dure et fibreuse, renfermant une liqueur laiteuse, rafraîchissante et parfumée, ou, à l'époque de ls maturité, nue chair blanche et consistante.

Signalons aussi l'arbre à pain, aux fruits farineux, presque sphériques et pesant plusieurs kilogrammes ; l'arbre du voyageur, qui, par une incision, fournit une eau agréable, pour étancher la soif ; le kitul, ou arbre à sucre : le cabbage-tree, ou chou-arbre, ressemblant à un chou gigantesque ; le manguier, haut d'une douzaine de mètres, aux fruits acidulés, gros comme de petits melons ; le bananier, l'ananas, etc.

Un des plus bizarres est le banian au feuillage touffu. Ses branches horizontales envoient à terre des rejetons qui prennent racine, et forment de nouveaux troncs, dont les branches, à leur tour, s'avancent, pour s'implanter dans le sol, et ainsi de suite, de sorte qu'un seul arbre, aux troncs multiples, constitue, parfois, de longues avenues, ou des quinconces, couvrant jusqu'à un hectare de superficie.

Comment passer sous silence le caoutchouc, ou ficus elastica,  aux larges feuilles luisantes, dont les curieuses racines courent à fleur de terre, comme des reptiles entrelacés ?... et les bambous géants, dont les longues tiges accouplées ressemblent à des piliers de cathédrales ?... et l'arbre de fer, au bois si résistant, de la dimension de nos chênes ?...

Puis, les épices, la  vanille, la cannelle, le muscadier, le safran, le tapioca, le quinquina, et quantité de plantes médicinales...

Les Oblats aux Indes et en Afrique. Page_354

On estime à cinq mille le nombre des espèces végétales, dont se compose la flore de Ceylan, et elle n'est pas entièrement connue ! Dans quel pays du monde trouverait-on réunie, sur un espace aussi restreint, une si étonnante variété ?

Quant à la faune…

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Message  Louis Ven 12 Jan 2024, 6:31 am


Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
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CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§1

La perle des Indes.

SUITE

Quant à la faune, elle n'est pas moins bien représentée : éléphants, buffles, ours, panthères, léopards, sangliers, daims, cerfs, lièvres, singes, bécasses, perdrix, paons, coqs de bruyère, perroquets, oiseaux de tout plumage, etc.

Hélas ! on y rencontre aussi des serpents... et des plus venimeux. Mais le plus terrible de tous n'avait-il pas pénétré dans le paradis terrestre ? Quoi de surprenant que ses congénères foisonnent dans ce nouvel Eden ?

A l'océan qui l'entoure et à la hauteur de ses montagnes, Ceylan doit un climat plus tempéré que celui du continent indien.

Pendant toute l'année, le soleil est presque vertical, à midi, mais les jours y conservent une durée à peu près identique, de six heures du matin à six heures du soir, sans aurore ni crépuscule.

Les saisons ne diffèrent guère : pas d'hiver proprement dit ; un printemps perpétuel. On admire simultanément, sur la même branche, bourgeons, fleurs et fruits, qu'une poussée ininterrompue de sève gonfle, d'une façon extraordinaire, et rend incomparablement plus volumineux que ceux de l'Europe. Tout y croît avec une rapidité inimaginable. Certains bambous et autres arbres on arbustes grandissent comme à vue d'œil, de trente à quarante centimètres, en moins de vingt-quatre heures.

Depuis fort longtemps. Ceylan est connue. Les chefs de la flotte d'Alexandre, à la suite de leurs investigations au delà du golfe Persique, en rapportèrent des notions assez circonstanciées. Aristote en parle dans son livre Du Ciel et du Monde, et Ptolémée dans sa Géographie. Pline fait mention de quatre ambassadeurs de cette île venus en Italie.

Le trafic de Ceylan avec Rome…

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Message  Louis Sam 13 Jan 2024, 6:09 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§1

La perle des Indes.

SUITE

Le trafic de Ceylan avec Rome par la mer Rouge paraît avoir été, à cette époque, assez actif, car on y a retrouvé beaucoup de monnaies romaines datant pour la plupart du règne de Constantin. Au VIe siècle de notre ère, le moine égyptien Cosmas, surnommé Indicopleustès, ou Navigateur de l'Inde, lui consacre plusieurs chapitres intéressants de sa Topographie chrétienne (1).

Primitivement les Hindous l'appelèrent Lanka « la Resplendissante », et les Grecs Taprobane. Ce dernier terme est une corruption hellénique du mot sanscrit Tâmraparni (en pâli, ou langue intermédiaire : Tâmbapani) « Brillante comme le cuivre ». Le visiteur, en effet, est frappé de la teinte rougeâtre des routes et même des champs, qui tranche sur le vert intense de sa luxuriante frondaison.

Une telle couleur est due à la décomposition d'un genre de roches entrant dans la structure de ses montagnes : le gneiss. Rongé par les agents atmosphériques, fendu, brisé, divisé et subdivisé, il se réduit en une poussière fine et rouge qui recouvre le sol.

Ailleurs, cependant, d'énormes masses de cette roche se dressent à des centaines de mètres de hauteur, sur plusieurs kilomètres, en s'incurvant parfois, en forme de demi-voûte.

Dès les temps les plus reculés aussi, l'île fut appelée Sinhala dvipa « Séjour des Lions », quoique aucun de ces fauves n'y ait sa tanière ; mais par allusion aux redoutables guerriers accourus du nord, pour la conquérir. L'abréviation de cette expression, Sinhala. en pâli Sihala, a donné par dérivation le mot actuel, Ceylan.
_______________________________________________

(1)  Patrologie  grecque, t. LXXXVIII, col. 95-170, 442-451.
§ 2 Veddahs, Singhalais, Tamouls et Mahométans....

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Message  Louis Dim 14 Jan 2024, 6:26 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
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À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§2

Veddahs, Singhalais, Tamouls et Mahométans.

Les plus anciens de ses habitants, ceux, du moins, dont quelques spécimens existent encore, sont les Veddahs, descendants probablement des Chamites.

Autrefois maîtres du pays, ils vivent maintenant au fond des bois, dans la partie la moins fréquentée du centre et de l'est, petite peuplade encore sauvage et des plus misérables. Ils fuient tout contact avec les autres races, et ne gardent entre eux aucune hiérarchie sociale, ne bâtissant pas de maisons, ni même de huttes, mais errant dans la brousse, et se retirant, la nuit, dans des cavernes, ou dans le creux des arbres.

Leur dialecte ne ressemble à aucune des langues parlées.

Presque entièrement nus, armés simplement d'arcs et de flèches, ils n'ont d'autre occupation que la chasse.

Un siècle ou deux avant l'audacieuse expédition d'Alexandre vers l'Indus, les Singhalais, tribus aryennes du Bengale, partirent de la vallée du Gange, pour s'emparer de Ceylan. La conquête exigea de longues années, et ne fut définitive qu'à la suite d'une guerre d'extermination. qui refoula, dans les forêts et les montagnes, les rares survivants des aborigènes vaincus.

Wijajo, ou le Victorieux, chef des envahisseurs, est le premier souverain historique de l'île. Sa vie fut embellie, par la légende, de toutes sortes d'événements fabuleux, relatés dans les chroniques nationales intitulées Mahavanso, ou la Grande Généalogie, écrites au Ve siècle, et traduites en anglais par Turnour, en 1836.

Après le rétablissement de l'ordre, le commerce prit une extension considérable ; la littérature et les sciences furent cultivées, et les Singhalais devinrent une nation puissante.

L'état de surprenante prospérité dont jouit l'île, pendant leur domination,  est attesté par les ruines gigantesques des monuments qu'ils  laissèrent. Ceylan, en effet, n'émeut pas moins le touriste par les souvenirs majestueux de son antique splendeur que par la richesse de sa végétation.

Douze siècles durant, leur capitale fut Anuradhapura, dont les ruines, par leur ampleur…

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Message  Louis Lun 15 Jan 2024, 6:10 am


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À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§2

Veddahs, Singhalais, Tamouls et Mahométans.

SUITE

Douze siècles durant, leur capitale fut Anuradhapura, dont les ruines, par leur ampleur, rivalisent avec celles de Palmyre. de Babylone et de Ninive. Les remparts, développés en carré de vingt-cinq kilomètres de côté, encadraient une superficie égale à celle de la Rome des Césars, ou des plus vastes villes modernes, telles que Londres et Paris.

Sur un rayon d'une douzaine de kilomètres, sous les broussailles vigoureuses de la jungle reprenant le terrain que la main de l'homme lui avait ravi, c'est un amoncellement prodigieux de blocs de granit sculptés, de statues, de bas-reliefs, de guirlandes de pierre, d'inscriptions et de tronçons de colonnes jetés çà et là, au pied de débris de murs épais.

Et quelle hauteur vertigineuse avaient ses édifices ! Il reste encore debout plusieurs dagobas, constructions gigantesques en forme de cloches, destinées à renfermer des reliques de Bouddha. Dignes sœurs des pyramides d'Égypte, et, comme elles, bâties en briques, elles élèvent leur sommet convexe à une centaine de mètres, au milieu d'enceintes très spacieuses, pavées en dalles, et qui les encerclent d'une série de terrasses disposées en gradins.

On voit des palais qui n'avaient pas moins de neuf étages, avec des milliers de chambres et jusqu'à seize cents piliers monolithes au rez-de-chaussée (1).

Plus extraordinaires encore furent les travaux entrepris dans toute l'île pour l'irrigation régulière des champs.

Deux fois l'année, au moment du changement de direction des moussons, en avril et en octobre, tombent sur Ceylan des pluies diluviennes. Ses nombreux petits fleuves se changent, alors, en torrents redoutables, puis sont bientôt presque complètement à sec.

Pour obvier à ce grave inconvénient qui menaçait de disette la population, les rois singhalais creusèrent des réservoirs immenses, les plus grands peut-être du monde, véritables lacs artificiels d'une superficie, parfois, de cent à deux cents kilomètres carrés. Ils y ajoutèrent une foule de vastes bassins (plus de trois mille !) constitués par des barrages, des digues et des murs cyclopéens de cinquante à cent mètres de largeur à la base, de dix à quinze mètres d'élévation et de vingt à trente kilomètres de longueur.

Le tout était réuni par un ensemble incroyable de canaux, d'aqueducs, d'écluses, de tranchées, de galeries, de tunnels de toutes sortes et de toutes dimensions, se ramifiant à  l'infini, mais conçus et exécutés selon les principes scientifiques les plus rationnels. Ainsi étaient entièrement utilisées et régulièrement reparties les eaux pluviales, qui portaient en tout lieu la fraîcheur et la fécondité.

Ce qui demeure de ces constructions titanesques, malgré le ravage…
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(1) Cf. II. W. Cave, The ruined Cities of Ceylon, in-4°, Londres. 1907.

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Message  Louis Mar 16 Jan 2024, 5:47 am


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À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§2

Veddahs, Singhalais, Tamouls et Mahométans.

SUITE

Ce qui demeure de ces constructions titanesques, malgré le ravage du temps et des hommes, est pour le voyageur un sujet de profonde stupéfaction.

Vers le IVe siècle de notre ère, tandis que les barbares de l'Occident, Goths, Visigoths, Vandales, Huns, Hérules, etc., se précipitaient à l'assaut de l'empire romain et s'en disputaient les dépouilles, un mouvement analogue se dessinait en Orient. Les Tamouls. appartenant à la race dravidienne du sud de l'Inde, émigrèrent à Ceylan. d'abord en groupes restreints, puis en troupes compactes et armées.

Entre les nouveaux venus et les anciens possesseurs du sol, la lutte fut longue et acharnée. Ceux-ci. enfin, durent céder le nord de l'île. Les vainqueurs s'y établirent, et bâtirent une capitale à laquelle ils donnèrent le nom de leur chef Jalpana, ou le « Joueur de lyre ». C'est aujourd'hui Jaffna.

Fixés chacun sur leur domaine respectif, les deux peuples ennemis se regardaient d'un œil jaloux…

Les Oblats aux Indes et en Afrique. Page_423

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Message  Louis Mer 17 Jan 2024, 5:59 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§2

Veddahs, Singhalais, Tamouls et Mahométans.

SUITE

Fixés chacun sur leur domaine respectif, les deux peuples ennemis se regardaient d'un œil jaloux. Plusieurs fois, les hostilités recommencèrent avec des chances diverses de succès. A la suite de séries de batailles, de trahisons, d'empoisonnements, d'assassinats, d'usurpations sanglantes et de séditions fomentées chez leurs adversaires, les dynasties singhalaise et tamoule étendirent alternativement leur sceptre sur la majeure partie de Ceylan.

Mais de ces guerres continuelles résulta une dévastation générale. Les constructions pour l'irrigation, entretenues auparavant avec tant de frais, eurent spécialement à souffrir. Les digues furent rompues ; les canaux obstrués ; les bassins et réservoirs, à moitié desséchés, se changèrent en marais bourbeux, dans lesquels pullulèrent les crocodiles, et d'où la malaria s'exhalait, pour répandre au loin les fièvres paludéennes, violentes et mortelles.

Du chiffre de dix millions qu'elle avait atteint précédemment, la population descendit à celui de deux millions et demi. Il en était encore ainsi, en 1871, époque du premier recensement officiel fait par les Anglais. Depuis lors, elle a suivi, quoique lentement, une marche ascensionnelle, et a dépassé, de beaucoup, trois millions.

Plus hauts de taille, nerveux, robustes, énergiques, intelligents, entreprenants, et au nombre d'un million environ, les Tamouls habitent encore de préférence les provinces septentrionales.

Leur teint est très foncé, presque noir. On en trouve beaucoup parmi les travailleurs, ou « coolies », sur les routes, dans les plantations, partout où il y a quelque gros ouvrage à faire, remuant le sol, cassant les pierres, transportant les fardeaux... sans se presser pourtant.

Hommes et femmes s'affublaient, surtout aux jours de fête, de pendants d'oreilles, plus ou moins précieux et plus ou moins multipliés, selon leur caste. Quelques-uns en avaient six ou sept, qu'ils remplaçaient, parfois, par des cylindres de cuivre ou d'or. Aussi en rencontrait-on dont les oreilles étaient si allongées par cet ornement curieux et lourd, que, dans le trou des lobes, on aurait pu introduire un petit œuf.

Avec leurs contours pins arrondis, les Singhalais ont une apparence plus efféminée.

Quelquefois noire, la peau varie de teinte, en passant par les nuances qui, de la couleur chocolat, vont jusqu'au blanc très hâlé.

Les yeux sont vifs, la bouche régulière, le visage ovale, les traits fins, la mine souriante, la voix agréable, la barbe rare, les cheveux longs, bien entretenus, reluisants d'huile de coco, ramenés en arrière de la tête en forme de chignon, et retenus par un peigne demi-circulaire en écaille plus ou moins orné.

Objet de luxe et de coquetterie, ces peignes coûtent cher. Ils atteignent, parfois, des dimensions démesurées, en proportion du rang social de leur propriétaire.

Comme les femmes, les hommes ont aussi, en guise de costume, une sorte de robe, ou plutôt de jupe blanche, simple cotonnade enroulée autour des reins, et descendant jusqu'aux chevilles. Leurs épaules, quand elles ne sont pas entièrement nues, sont à demi recouvertes d'un mouchoir, ou foulard, voire même d'une écharpe frangée, ou d'une espèce de châle, comme les dames élégantes s'en revêtaient en Europe, au milieu du siècle dernier.

C'est à s'y tromper. Les jeunes garçons surtout ont des allures de jeunes filles.

Qui ne serait surpris devant ce bizarre accoutrement ? On se demande s'il n'y a que des femmes dans ces régions ; puis, en réfléchissant que, là comme ailleurs, les deux sexes doivent être représentés, on est exposé, dans la distinction qu'on essaye d'établir, à prendre les hommes pour des femmes, et réciproquement.

Outre les Tamouls et les Singhalais, on trouve à Ceylan deux cent mille Mahométans, ou Maures. « Moormen ». descendants des Arabes qui, à une époque reculée, émigrèrent dans l'Inde, pour en monopoliser le commerce sous toutes les formes. Ce sont encore des trafiquants habiles, marchands, colporteurs, boutiquiers, industriels même, s'entendant parfaitement à grossir leurs profits.

§ 3 Européens et Burghers...

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Message  Louis Jeu 18 Jan 2024, 5:31 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§3

Européens et Burghers.

Après une première apparition à Ccylan, en 1505, les Portugais y revinrent, en 1518, avec le dessein de l'annexer à leur empire. Il leur fallut quatre-vingts ans, pour se rendre maîtres des provinces maritimes du nord, de l'ouest et du sud, sans réussir jamais à conquérir le centre, tant fut vigoureuse et persévérante la résistance des indigènes.

Au commencement du XVIIe siècle, les Hollandais essayèrent de mettre pied sur la côte orientale. Peu désireux d'un tel voisinage, les Portugais les attaquèrent, mais ne purent les empêcher de s'emparer de Batticaloa et de Trincomalie, en 1639 ; de Galle et de Négombo, l'année suivante; puis, de Jaffna. en 1658. Ils ne possédèrent plus, alors, un seul pouce de terrain dans l'île.

Cent quarante ans plus tard, à la suite de longues hostilités entre la Hollande et l'Angleterre, celle-ci, en 1796, prit Trincomalie, Colombo, Négombo, Jaffna. et établit solidement sa domination sur toutes les provinces, à l'exception de celle de Kandy, dont elle ne réussit à s'emparer qu'en 1815.

Depuis lors, sauf durant les soulèvements partiels de 1817 et de 1848 réprimés rapidement, l'île n'a pas cessé de jouir des avantages de la paix.

Dans le gouvernement de sa colonie. l'Angleterre s'inspira des principes de tolérance. Comprenant que le meilleur moyen d'assurer ses propres intérêts, était de favoriser les initiatives particulières, elle accorda aux individus et aux associations le maximum de liberté compatible avec l'ordre public.

Parmi les habitants actuels de Ceylan, il reste encore vingt-cinq mille métis, descendants des Portugais et Hollandais, qui s'alliaient facilement à la population indigène. Ils forment une caste séparée, très fermée à toutes les autres, et même aux Européens.

On les appelle les Burghers, sans que la plupart d'entre eux sachent maintenant ce que ce nom signifie.
§ 4 Bouddhisme et Brahmanisme...

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Message  Louis Lun 22 Jan 2024, 2:12 pm


Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§4

Bouddhisme et Brahmanisme.

Premiers conquérants de l'île, les Singhalais y introduisirent le bouddhisme, système de philosophie nihiliste, plutôt qu'une religion, car il ne renferme ni prières, ni sacrifices, ni culte, et prétend émaner de la seule raison humaine, sans le secours d'aucune révélation supérieure.

Selon une tradition, Bouddha, ou l'Illuminé, nommé précédemment Gautama, aurait commencé à dogmatiser dans la vallée du Gange, au VIe siècle avant Jésus-Christ. Beaucoup d'érudits ont douté de son existence, car on a proposé vingt dates différentes pour sa mort, avec un écart de plus de deux mille ans entre elles, les uns la fixant en 368, et d'autres la reculant jusqu'en 2420 avant notre ère.

S'il a existé, il était, pour le moins, à moitié fou.

Sa philosophie, ensemble de négations et de pessimisme, n'exprime rien de précis sur Dieu, qu'elle présente comme l'Inconnaissable. Cela explique les divergences profondes entre ses adeptes, dont les uns adorent plusieurs divinités ; d'autres, les ancêtres ; et d'autres, enfin, Bouddha lui-même.

Désolante est sa doctrine sur l'homme.

Partant de cet axiome que l'existence est un malheur, car on ne peut vivre sans souffrir, Bouddha proclame que la vie est un mal. La perfection consiste donc à se défaire absolument du désir de vivre. La vie parfaite sera celle qui se réduira au minimum d'activité corporelle et intellectuelle, ou personnelle, sous n'importe quelle forme. Si, au moment de la mort, on est parvenu à cette perfection, l'âme est absorbée dans le mystérieux Nirvana : le grand Tout, ou plutôt le grand Rien, le grand Vide. Cette absorption est-elle un anéantissement, ou une existence d'ordre supérieur ? Nul ne le sait ; nul ne pourrait le dire.

Si. pendant sa course terrestre, l'âme ne se purifie pas complètement, en se débarrassant de ce désir de vivre, qui est une convoitise malsaine, elle renaîtra dans le corps d'un animal d'autant plus vil, que sa faute aura été plus grave : éléphant, serpent, singe, chien, rat... scorpion, puce ou pou... et ces humiliantes transmigrations se succéderont, plus ou moins nombreuses, suivant le degré de culpabilité.

Bouddha lui-même a dû se réincarner près de six cents fois, avant d'atteindre la perfection... Jugez de ce qu'il arrive au commun des mortels ! Ce n'est guère encourageant !...

Très prompts à se disputer et à se donner des coups de couteau pour le moindre prétexte…

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Message  Louis Mar 23 Jan 2024, 5:59 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§4

Bouddhisme et Brahmanisme.

SUITE

Très prompts à se disputer et à se donner des coups de couteau pour le moindre prétexte, les Singhalais se garderaient bien de tuer les animaux les plus venimeux, ou les plus répugnants. Pensez donc ! ils s'exposeraient à maltraiter leurs ancêtres réincarnés !...

Dans le but de faciliter à ses disciples l'accès du Nirvana, Bouddha formula quelques préceptes de morale, reflet très affaibli des dix commandements de Dieu. Pour les édicter. il s'est appuyé soit sur la loi naturelle inscrite dans le cœur de chaque homme; soit sur une vague réminiscence de l'Ancien Testament, ce qui ne saurait trop surprendre, vu les relations des Juifs avec les Indes. Il recommande, par exemple, de fuir les plaisirs qui attachent trop à cette existence méprisable ; d'éviter la colère et l'orgueil, qui sont une preuve de cet attachement, etc.

De ces préceptes le peuple n'a cure, mais les bonzes font profession de les observer. Aussi sont-ils considérés comme des ascètes, et, dans leurs escarcelles, les aumônes affluent. Cette générosité leur permet de vivre à l'aise dans des espèces de couvents ou monastères. Leur principale occupation, ou préoccupation, tout en mâchant constamment du bétel, est de ne penser à rien... C'est, paraît-il. la plus sublime et la plus pure des contemplations... le suprême idéal !

On aurait tort de les assimiler à des prêtres, puisque le bouddhisme ne comporte ni culte ni sacrifice.

Pour les rendre plus vénérables, leur maître leur a imposé, ou conseillé, le célibat, et ils en conservent les apparences. Quant à la réalité, c'est autre chose. Cette pureté relative leur inspire, du moins, un profond respect pour le prêtre catholique, tandis qu'elle les détourne des ministres hérétiques ayant femme et enfants.

A Ceylan. les bonzes se comptent par milliers. Leurs coreligionnaires ne les estiment…

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Message  Louis Mer 24 Jan 2024, 5:28 am


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À L’ARRIVÉE DES
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§4

Bouddhisme et Brahmanisme.

SUITE

A Ceylan. les bonzes se comptent par milliers. Leurs coreligionnaires ne les estiment guère, mais ils les craignent, à cause du pouvoir cabalistique qu'ils leur supposent. On les reconnaît à leur figure grave : à leur regard vague et rêveur ; à leur tête entièrement rasée ; à leur robe jaune d'or, semblable à une toge, dans laquelle ils se drapent, à la façon des anciens romains, ne laissant à découvert que l'épaule et le bras droits.

Un large éventail rigide, presque circulaire, en feuilles de palmier desséchées et montées sur un manche assez large, achève leur curieux costume. Ils s'en servent pour se cacher le visage, quand ils prêchent, afin que les auditeurs, entendant le sermon sans voir les lèvres qui le prononcent, éprouvent une plus grande vénération pour la doctrine, et que l'orateur lui-même, tout en parlant, communique le moins possible avec eux. pour rester plus froid, plus calme, et paraître plus détaché, plus édifiant, plus saint...

Cette éloquence monotone et drolatique doit puissamment favoriser le sommeil chez ceux qui ont à la subir...

En dépit de la théorie, la moralité des bouddhistes est déplorable. Pratiquement ils se moquent de la vertu, et se livrent sans frein aux vices les plus infâmes. Enclins aux superstitions les plus grossières, ils croient aux sorciers, et honorent les démons qu'ils redoutent.

Le seul précepte observé est celui de ne pas tuer les animaux. On s'y tient jusqu'à la folie. Les serpents venimeux, les scorpions, puces et punaises ont toute liberté d'élire domicile dans les habitations. Jamais on n'osera les molester le moins du monde... ce sont des amis... des parents même...

Système absurde qui ne résisterait pas à un examen sérieux !... Mais, dans le désir de battre en brèche la vérité révélée, l'incrédulité moderne de gens qui se jugent très cultivés, s'est pâmée d'admiration, devant les prétendues sublimités théosophiques du bouddhisme. Par cette insanité, elle leur a donné un regain de force et d'éclat.

De la part de quelques-uns de ces apôtres, il y avait là une spéculation par laquelle ils espéraient soutirer de l'argent aux naïfs de l'Asie, de l'Amérique et de l'Europe. Hélas ! même dans les pays civilisés, les sots abondent, et, dans ces régions de la lumière et de la science, se réalise encore la parole de l'Ecriture : Stultorum infinitus est numerus.

Ces « bouddhistes blancs », comme on les a appelés, n'ont pas toujours réussi à s'enrichir ; mais ils ont fait un mal énorme. Les indigènes, qui s'étaient résignés à voir leur fausse religion s'étioler et s'éteindre, ont été heureusement surpris, quand des hommes, prônés comme savants, lui ont accordé une telle estime. Leur indifférence s'est changée, alors, en prosélytisme fanatique, et ils ont conçu l'étrange projet, aussi insensé que vain, de propager par des missions, en Europe, les inepties de la métempsycose et du Nirvâna.

Religion des Tamouls, le  brahmanisme, ou  védisme, est plus ancien que le bouddhisme, celui-ci en étant comme une branche... épurée.

Outre la hideuse métempsycose et ses conséquences absurdes, le heureusement surpris, quand des hommes, prônés comme savants, lui ont accordé une telle estime. Leur indifférence s'est changée, alors, en prosélytisme fanatique, et ils ont conçu l'étrange projet, aussi insensé que vain, de propager par des missions, en Europe, les inepties de la métempsycose et du Nirvâna.

Religion des Tamouls, le  brahmanisme, ou védisme, est plus ancien que le bouddhisme…

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Message  Louis Jeu 25 Jan 2024, 5:51 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
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À L’ARRIVÉE DES
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§4

Bouddhisme et Brahmanisme.

SUITE

Religion des Tamouls, le  brahmanisme, ou  védisme, est plus ancien que le bouddhisme, celui-ci en étant comme une branche... épurée.

Les Oblats aux Indes et en Afrique. Page_424

Outre la hideuse métempsycose et ses conséquences absurdes, le brahmanisme, en effet, implique toute une mythologie très licencieuse de trente-trois millions de dieux passionnés et de voluptueuses déesses. Il y a là de quoi stupéfier l'imagination la plus dévergondée : réincarnations innombrables en poisson, tortue, sanglier, etc.. etc. ; aventures fabuleuses et fantastiques, souvent rien moins qu'édifiantes de Vichnou, de Siva androgyne, et de Brahma, etc.; vrais contes de fées à dormir debout; inventions de poètes en délire. Ce paganisme des Hindous est une école de dépravation.

Comment s'étonner que, pour les partisans de cette religion grossière, la duplicité, le vol. la fornication, l'adultère, l'inceste, les fautes contre nature, ne soient pas même des peccadilles, mais plutôt des actions louables, qui leur permettent d'honorer leurs dieux et déesses, en imitant leurs débordements ?

Par contre, toucher à un plat préparé par un homme d'une caste inférieure, et surtout avaler un simple poil de vache, est un crime abominable.

Voilà à quelle monstrueuse perversion du sens moral aboutit cette diabolique élucubration.

Prêtres de ce culte impur, les brahmes étaient tout-puissants, car on les supposait posséder le secret des incantations magiques, auxquelles ni dieux ni déesses ne résistaient. Aussi devant les brahmes tremblaient et les peuples et les rois.

D'autre part, le brahme est un personnage inviolable et sacré. Eût-il commis les forfaits les plus épouvantables, nul n'aurait qualité pour le condamner.

A la différence du bonze, le brahme est marié, et ne peut offrir le sacrifice sans le concours de sa femme. Devenu veuf, il est frappé d'incapacité, et ne recouvre que par un nouveau mariage les droits de son sacerdoce !...

Seul le brahme est assez saint pour être absorbé, après sa mort, dans l'Ame universelle. Les autres hommes ne peuvent mériter que de renaître dans une caste supérieure à la leur, et, enfin (mais après combien de transmigrations ?) dans celle des brahmes. Ces prêtres du démon, on le voit, se sont réservé la meilleure part : ego nominor leo !

Fondée sur l'orgueil et la luxure, cette religion abominable porte gravé, en traits indélébiles, ce que l'Apocalypse appelle le characterem bestiæ...

Et l'on trouve de prétendus érudits, qui admirent cette hideuse théogonie hindoue !...

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Message  Louis Ven 26 Jan 2024, 6:04 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
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§4

Bouddhisme et Brahmanisme.

SUITE

Et l'on trouve de prétendus érudits, qui admirent cette hideuse théogonie hindoue !... Gravement ils se mettent des gants lustrés ou des manchettes de dentelles, pour fouiller dans ce fumier !... Puis, en style académique, ils écrivent de savantes dissertations, dans le but de déterminer à quelles époques ont été amoncelés ces divers tas d'immondices, car les livres védiques ne sont pas autre chose. Après de longues investigations et d'interminables citations de docteurs de tous pays, ils concluent qu'on ne saurait le préciser exactement : Adhuc sub judice lis est !

Fiers d'avoir ainsi établi l'état d'une question dont l'intérêt est si capital pour l'humanité, ils se gardent bien de parler des turpitudes sans nom qu'ils ont rencontrées au cours de leurs recherches. Sur ces matières ils s'entendent connue larrons en foire, pour organiser la conspiration du silence.

En songeant à l'importance qu'ils  attribuent à cette littérature védique, leurs lecteurs s'imaginent aisément que ces anciens écrits contiennent évidemment des idées très élevées. Qu'il y ait, là, quelques rares petites fleurs, c'est possible, car la miséricorde divine peut en créer partout. Qu'il y ait aussi quelques lambeaux épars de vérité, lointains reflets de la révélation primitive, nous le concédons encore ; mais l'ensemble, œuvre de l'homme dépravé et de Satan, père du mensonge, est nauséabond.

Le brahmanisme des foules, comme leur bouddhisme, n'est pas celui des dilettanti de philosophie nuageuse. Ceux-ci font de la métaphysique, ou de la linguistique. Le peuple, lui. beaucoup plus logique, imite les dieux hindous, et, à leur exemple, se vautre dans la fange. C'est ce qu'il y a de plus incontestable, en toute cette affaire.

Dans l'île de Ceylan, à l'arrivée des Oblats, il y avait, au moins, cinq cent mille brahmanistes et quinze cent mille bouddhistes : en tout, plus de deux millions de païens, sans compter les Mahométans.

§ 5 Les Castes...

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Message  Louis Sam 27 Jan 2024, 6:16 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
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CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§5

Les Castes.

Quel obstacle à la conversion des infidèles que l'existence des castes !...

Renoncer aux pratiques religieuses du groupe auquel il appartient par sa naissance, équivaut, pour un individu, à briser la plupart de ses relations, si ce n'est toutes. Le converti sera, désormais, un outcast, un banni, un exilé, un rejeté de ses proches et de ses anciens amis.

On ne soupçonne pas, en Europe, ce qu'entraîne d'humiliations et d'opprobres, pour les Orientaux, l'expulsion de leur caste. C'est une note infamante, à nulle autre pareille ; un déshonneur que rien ne lave: un châtiment incomparablement plus odieux que le carcan et le pilori.

Cette distinction des castes provient d'une absurde légende, et marque, dans la société, des catégories tellement étrangères les unes aux autres, que toute alliance matrimoniale entre elles et même des relations de simple amitié sont regardées comme des crimes.

Au sommet, sont les brahmes. qui se déclarent issus de la bouche du Brahma Créateur.

Après eux viennent les kchatriyas, ou guerriers, issus des bras de Brahma ; puis, les vaieyas, ou bourgeois et marchands, issus de ses cuisses : ensuite les soudras, ou artisans et ouvriers de toute sorte, issus de ses pieds.

Seules les trois premières castes ont le droit d'être initiées aux doctrines religieuses. Le brahme qui s'abaisserait à instruire un soudra, serait, à l'instant, déchu de ses privilèges. Les soudras ne sont bons qu'à servir les autres, servile pecus.

Au-dessous de tout, sont les parias, gens auxquels on refuse même le caractère humain. On les confond avec les chiens, les corbeaux et les animaux les plus vils. Ce sont les plus méprisables des êtres, les plus maltraités, des hors-caste, soit par leur origine, soit par expulsion. Leur contact étant une souillure, on les oblige à demeurer en dehors des villes et des villages.

Les enfants nés d'unions réprouvées entre personnes de différentes castes, sont des parias de la pire espèce. Aucune pénitence, si rigoureuse soit-elle. aucun acte vertueux, si héroïque soit-il. ne peut les élever au rang de leur père ou de leur mère.

Ces quatre castes et les hors-caste se divisent et se subdivisent, suivant leurs occupations ordinaires ou leurs métiers, en une multitude de sous-classes, aussi fermées les unes aux autres que les castes principales.

On ne passe d'une caste à une autre que par la transmigration d'une nouvelle naissance... quand on l'a mérité, durant la vie antérieure. Sinon, l'on descend dans le corps d'un animal, pour recommencer, jusqu'à expiation complète, ces abjectes pérégrinations (1).

A Ceylan la tyrannie des préjugés séculaires qui séparent les castes, est un peu moins intransigeante que dans l'Inde ; elle l'est moins aussi chez les bouddhistes que chez les brahmanistes.

Elle constitua, cependant, un formidable obstacle à l'acceptation et à la pratique du christianisme. Les nouveaux convertis, comme nous le verrons, ne consentaient pas à s'agenouiller à côté de ceux qu'ils avaient toujours considérés comme des êtres d'une autre race.

Il aurait fallu autant d'églises et de chapelles que de castes et de sous-castes : il aurait même fallu des Missionnaires distincts pour chacune d'elles !... Ces étranges disciples du Dieu mort pour tous les hommes, craignaient de se contaminer, en recevant les sacrements des mains d'un prêtre de Jésus-Christ, qui aurait préalablement exercé son zèle auprès des membres d'une autre caste !...
_____________________________________________________

(1)  Cf. Wilson, Indian castes, 2.  in-8°. Bombay, 1868. Sévort. Les Castes dans l'Inde, in-8°. Paris, 1896.

§ 6 Évangélisation et schisme goanais...


Dernière édition par Louis le Dim 28 Jan 2024, 4:32 am, édité 1 fois (Raison : Correction dans la note (1).)

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Message  Louis Dim 28 Jan 2024, 4:26 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§6

Évangélisation et schisme goanais.

Dès les premiers temps de l'Église, Ceylan semble avoir connu la vraie foi. Cosmas Indicopleustès écrivait, au Ve siècle, qu'il y avait, alors, dans cette île, des fidèles et un clergé (2).

Plusieurs auteurs attribuent ce consolant résultat à l'apostolat du puissant ministre de la reine d'Ethiopie, Candace, que le diacre Philippe, averti par un ange, avait rejoint sur la route de Gaza, tandis qu'il lisait, à haute voix, sur son char, un chapitre du prophète Isaïe. Philippe le lui expliqua, le convertit et le baptisa avec l'eau d'une fontaine qui coulait près du chemin. Transformé par la grâce, l'ancien surintendant des finances royales aurait prêché en Éthiopie, dans l'Arabie et jusqu'à Ceylan.

Cette tradition se retrouve, au VIIe siècle, dans les œuvres de saint Sophronius, patriarche de Jérusalem, de Dorothée et de Nicéphore (1). Elle persista même longtemps après, et des enthousiastes allèrent jusqu'à penser que l'empreinte du pied sur le Pic d'Adam était celle de l'eunuque de Candace (2).

Rien d'étonnant, d'ailleurs, que Ceylan ait, de bonne heure, reçu un commencement d'évangélisation, vu ses antiques et fréquentes relations commerciales avec Rome, relations dont l'existence est absolument démontrée, comme nous l'avons indiqué plus haut.

Néanmoins, au XVIe, à l'époque de la conquête portugaise, il n'en restait plus trace. La cour de Lisbonne y envoya des Missionnaires, y fit bâtir des églises, et favorisa, principalement sur le littoral, l'instruction religieuse des infidèles. Saint François-Xavier séjourna quelques semaines dans l'île de Manaar, au printemps de 1545 ; mais on n'a presque pas de détails sur cette brève apparition, dont la date est incertaine (3).

Les longues guerres entre les Portugais et les rois indigènes accumulèrent des obstacles, parfois insurmontables, aux progrès de l'évangélisation. Il y eut des massacres et même, dit-on. des martyrs, les princes singhalais, kandyens et tamouls considérant la conversion au christianisme comme le passage au parti des envahisseurs.

Un siècle d'efforts avait augmenté peu à peu le chiffre des catholiques, quand les Hollandais calvinistes, s'étant emparés de l'île, inaugurèrent une persécution cruelle et perfide, qui dura cent quarante ans. jusqu'à leur expulsion par les Anglais, en 1796.

Dans toute l'île, il ne restait, alors, que cinquante mille fidèles à peine.

Avec la proclamation de la liberté de conscience, on aurait pu…
____________________________________________________

(2) Cf. Patrol. grecque, t. LXXXVIII, col. 170.
(1) Cf. Patrol. grecque, t. LXXXVII, col. 3287 sq. Patrol. latine, t. LXXIII, col. 721.
(2) Cf. P. du Jarrie, Histoire des choses les plus mémorables advenues ès Indes Orientales, 2 in-4°, Bordeaux. 1610, t. I. p. 118. Encyclopaedia britainnica. 29 in-4°, Cambridge 1910-1911 , t. V, p. 778.
(3) Cf. Brou, Saint François-Xavier, 2 in-8°, Paris, 1912. t. I, p. 322.


Dernière édition par Louis le Lun 29 Jan 2024, 6:53 am, édité 1 fois (Raison : Correction hors du texte.)

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Message  Louis Lun 29 Jan 2024, 5:41 am


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CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§6

Évangélisation et schisme goanais.

SUITE

Avec la proclamation de la liberté de conscience, on aurait pu espérer que leur nombre augmenterait rapidement ; mais, à la suite des nouveaux maîtres, affluèrent plusieurs sociétés protestantes. Incapables de convertir les païens, malgré les ressources de tout genre dont elles disposaient, elles s'appliquaient à inoculer aux catholiques le venin de l'hérésie.

Comme si le mal n'eût pas été assez grand encore, les prêtres chargés de prêcher la vraie doctrine tombèrent eux-mêmes dans le schisme, et travaillèrent à détacher de Rome ces chrétiens infortunés.

A l'époque où les rois de Portugal déployaient un zèle méritoire pour l'exaltation de la foi en Orient, les Souverains Pontifes, pour les récompenser et les encourager, leur accordèrent des privilèges, entre autres celui de nommer aux évêchés. qu'ils fondaient et soutenaient.

Plus tard, non seulement le Portugal perdit son empire des Indes, et fut incapable de rendre aucun service à la cause de la religion, mais, gâté par la franc-maçonnerie, et persécuteur à son tour, il ne se préoccupa plus que des intérêts matériels de son commerce. Il prétendait, cependant, conserver ses anciens privilèges, qu'il regardait comme un droit acquis, quoiqu'il n'eût plus, depuis longtemps, ni la possibilité, ni la volonté de remplir les obligations découlant du concordat, en vertu duquel ces privilèges lui avaient, jadis, été concédés.

Le clergé envoyé dans l'île, après la conquête anglaise, venait de Goa. métropole dont Ceylan avait dépendu, auparavant, et qui appartenait encore au Portugal.

Par suite de la confiscation des biens ecclésiastiques décrétée au profit du trésor, l'archevêque n'avait plus le moyen de donner, aux jeunes lévites, l'instruction théologique et la formation sacerdotale indispensables. Les prêtres auxquels il confia Ceylan, une vingtaine environ, étaient donc très inférieurs aux exigences de leur état.

Manquant également de science, d'éducation, de tenue, de zèle et d'esprit surnaturel, ils ne faisaient plus ni prônes, ni sermons, ni catéchismes. Entrés, la plupart, dans le sanctuaire sans vocation, ils ne songeaient qu'à s'enrichir. Aussi le peuple chrétien ne fréquentait plus les sacrements, et perdait la foi.

Ému de ce désordre, le Pape Grégoire XVI. en 1834. par le Bref Ex munere pastorali, érigea l'île en vicariat apostolique, dépendant directement du Saint-Siège.

Se jugeant lésé dans ses droits séculaires, et oubliant qu'il avait violé le concordat, le gouvernement portugais protesta par voie diplomatique, en même temps qu'il excita l'archevêque de Goa et son clergé à résister au Souverain Pontife. Ces malheureux n'obéirent que trop aux instigations sacrilèges du pouvoir civil.

Privés de juridiction, ces  prêtres coupables n'en continuèrent  pas…

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Les Oblats aux Indes et en Afrique. Empty Re: Les Oblats aux Indes et en Afrique.

Message  Louis Mar 30 Jan 2024, 6:42 am


Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE I. — SITUATON POLITIQUE
ET RELIGIEUSE DE L’ÎLE DE
CEYLAN,
À L’ARRIVÉE DES
OBLATS.

§6

Évangélisation et schisme goanais.

SUITE

Privés de juridiction, ces prêtres coupables n'en continuèrent  pas moins ù exercer les fonctions sacerdotales, dans les églises où ils n'étaient plus que des intrus.

Beaucoup de fidèles, trop peu éclairés, crurent, suivant leurs calomnies, que les Missionnaires qui ne se réclamaient pas de Goa, n'étaient que des imposteurs.

De nouveau Grégoire XVI intervint, le 24 avril 1838, par le Bref Milita præclara, accentua ses précédentes mesures, et prescrivit aux récalcitrants de se soumettre.

Pas plus que le précédent, cet acte pontifical n'eut de résultat. Ni l'archevêque de Goa, ni ses prêtres ne s'en soucièrent. C'était le schisme déclaré... la rupture avec Rome...

L'Angleterre n'était pas fâchée de voir le patronat portugais frappé d'un coup si grave. Cette mesure favorisait sa propre politique. Elle laissa donc toute liberté au vicaire apostolique nommé par le Pape; mais, simultanément, elle conserva aux prêtres schismatiques l'usage des églises, des chapelles et des biens ecclésiastiques, dont ils se targuaient d'être les propriétaires légaux.

De là, une source intarissable de conflits et de difficultés inextricables.

Les Oblats aux Indes et en Afrique. Pageb_10

CHAPITRE II.— JAFFNA (1847–1855)…

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Message  Louis Mer 31 Jan 2024, 6:42 am


Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE II.— JAFFNA (1847 –1855).

§1

Vers l’Orient.

Afin d'atténuer ce que ses mesures administratives pouvaient présenter de pénible, Grégoire XVI choisit, d'abord, les chefs de l'Église de Ceylan parmi les anciens dignitaires de Goa qui lui inspiraient quelque confiance. Bientôt, pourtant, il vit la nécessité de leur adjoindre un personnel européen, et, en 1845, il nomma le P. Bettacchini, religieux italien de l'Oratoire, évêque de Torona, in partibus, le donnant comme coadjuteur à Mgr Gaetano Antonio, vicaire apostolique résidant à Colombo.

Chargé plus spécialement de la moitié septentrionale de l'île, Mgr Bettacchini. au mois de juin 1846, se rendit à Jaffna, pour y séjourner, et en faire le centre de ses opérations.

Un premier coup d'œil jeté sur sa mission, le plongea dans une amère tristesse. Dans cette vaste région, il aurait tout à créer. Son clergé se réduisait à huit prêtres goanais, qui, redoutant son contrôle et jaloux de lui, le traitèrent aussitôt en ennemi.

Nous avons retrouvé sa correspondance avec Mgr de Mazenod, sur l'état déplorable du champ qu'il aurait à défricher. Voici un résumé de ce désolant tableau : sacrements tombés en désuétude ; désordres moraux les plus graves, passés en habitude invétérée ; la religion, toute de surface, consistant uniquement en manifestations extérieures : processions, illuminations, vociférations, mais n'ayant presque plus trace d'esprit chrétien ; beaucoup de catholiques, ne se distinguant que très peu des païens, vu leur ignorance et leurs vices, à la suite de l'abandon dans lequel on les avait si longtemps laissés ; aucun moyen, sur place, de remédier à ce mal si profond et si général, car cette situation lamentable était due à ces faux pasteurs qui, oublieux de prêcher, et impuissants à édifier, ne songeaient qu'à leurs profits matériels.

Ces prêtres goanais. disait le prélat, en concluant, sont noirs, mais plus encore par le cœur que par l'épiderme : neri più nel cruore che nel corpo !

Pour la résurrection de cette pauvre Église…

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Message  Louis Jeu 01 Fév 2024, 4:32 am


Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE II.— JAFFNA (1847–1855)

§1

Vers l’Orient.

SUITE

Pour la résurrection de cette pauvre Église, qui n'avait plus que l'apparence de la vie, il fallait des hommes de Dieu. Le coadjuteur comprenait qu'il ne lui suffirait pas de trouver quelques prêtres séculiers, même zélés., mais dont les efforts isolés s'affaibliraient en s'éparpillant, et ne présenteraient pas cette cohésion qui assure l'avenir.

Seule une Congrégation, se recrutant d'une manière fixe, et agissant d'après une direction identique, donnerait à cette œuvre des garanties sérieuses de force et de durée.

Plein de ces pensées. Mgr Bettacchini partit pour l'Europe, afin de plaider sa cause de vive voix. Le 8 avril 1847, il était à Marseille, entretenait de ses projets Mgr de Mazenod. et lui demandait instamment le concours des Oblats.

Ses supplications excitèrent un écho sympathique dans le cœur du vénéré Fondateur, toujours si ardent pour le salut des âmes et la gloire de Dieu.

Quand le coadjuteur repartit pour son île lointaine, le 21 octobre, trois Pères Oblats et un Frère convers l'accompagnaient : les Pères Séméria, Keating, Ciamin, et le Frère Gaspard de Stéfanis. Cette première caravane était l'avant-garde de l'armée apostolique que notre Congrégation enverrait à Ceylan, pour y réveiller la foi engourdie des chrétiens, et convertir les infidèles.

Après une escale à Malte, nécessitée par une avarie de machine, les voyageurs arrivèrent, le 1er novembre, à Alexandrie. Le lendemain, ils prirent place dans une grosse barque qui, traînée le long du canal par quatre chevaux arabes galopant sur la rive gauche, les porta jusqu'au Nil, puis au Caire. Nonobstant son originalité, ce mode de locomotion était relativement rapide.

Nos chevaux, écrit le P. Séméria, volaient comme le vent. Notre barque appartenant au vice-roi d'Égypte, tous les autres bâtiments, grands et petits, avertis de notre approche par le son d'une trompette, devaient se retirer sur le bord opposé, pour nous laisser le passage libre. Malheur à ceux qui négligeaient cette rubrique. Une grêle de coups de bâton tombait aussitôt sur eux. Les employés du vice-roi, férus de l'importance de leurs fonctions, n'entendent pas qu'on manque d'obéissance aux prescriptions de leur sublime Maître, quelque tyranniques qu'elles apparaissent à des occidentaux... Voilà ce que devient le pauvre peuple, sous le sceptre musulman !... Des coups de bâton pour les moindres fautes !... Seule notre religion sainte a éclairé et civilisé le monde. Les nations qui s'écartent d'elle retournent à la barbarie !... Sur cette terre d'Égypte, où, pendant les premiers siècles de l'Église, régnait la vraie liberté, celle des enfants de Dieu, s'appesantit maintenant le plus dur des esclavages. Au temps des Pharaons, la servitude des Hébreux fut-elle pire ?...

Deux jours de voyage dans ces conditions, les conduisirent au Caire…

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Message  Louis Ven 02 Fév 2024, 5:56 am


Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE II.— JAFFNA (1847 –1855)

§1

Vers l’Orient.

SUITE

Deux jours de voyage dans ces conditions, les conduisirent au Caire. De là, pour atteindre Suez, ils s'engagèrent dans le désert, dominé par les fameuses pyramides. Sur leur tête, le soleil dardait ses rayons de feu : sous leurs pas, le sable étincelant leur renvoyait au visage une brûlante réverbération.

Ce leur fut un soulagement de revoir la mer, au terme de leur fatigante randonnée; ils remontèrent joyeux sur un autre navire ; mais la traversée de l'Océan Indien exigea trois semaines. Le 27 novembre seulement, ils aperçurent à l'horizon les plus hautes montagnes de l'île.

Un jour entier, ils longèrent une partie de ses rivages, ombragés par des arbres magnifiques aux larges feuilles, et, enfin, le lendemain matin, premier dimanche de l'Avent. ils débarquèrent à Galle. Une voiture les porta à Colombo, le 3 décembre. Depuis trente-sept jours, ils avaient quitté Marseille.

Continuant leur route vers le nord, les Missionnaires étaient à Négombo, le 10 janvier 1848 : à Manaar. le 7 février, et à Jaffna, vers la fin du même mois.

— Les naturels de Ceylan, tant hommes que femmes, ne s'embarrassent guère de souliers, écrivait le P. Séméria. Si quelques-uns, des plus distingués, en ont, fort différents des nôtres, d'ailleurs, ils ne manquent pas de les ôter, avant de franchir le seuil de l'église. De même, avant d'entrer dans la maison de l'évêque et des Missionnaires, que l'on considère comme étant de la caste la plus élevée. En Occident, par respect pour un personnage, on enlève le chapeau : ici, on retire les chaussures. Que les usages sont donc, parfois, bizarres !... comme ils varient selon les contrées !... Et notez encore celui-ci : les femmes riches remplacent les souliers par plusieurs bagues à tous les doigts du pied... sans détriment d'une vingtaine qui ornent chaque main...

Moins elles se chargeaient de vêtements, en effet, à cause de la chaleur, plus elles s'affublaient de bijoux... de la tête aux pieds, sur leur peau noire, ou couleur chocolat : bijoux au sommet du chignon, avec, de côté et d'autre, des chaînettes métalliques... bijoux sur les oreilles : bijoux au-dessous ; bijoux suspendus au nez et descendant sur la lèvre supérieure... sept ou huit colliers, même davantage, sur la poitrine, agrémentés de pièces de monnaie en guise de breloques... cinq ou six bracelets aux bras et avant-bras... à la taille, une grande chaîne, avec de petites clefs... aux cous-de-pied, de gros anneaux d'argent, pesant parfois plus d'un demi-kilogramme, et reliés aux bagues des orteils par des chaînettes munies de clochettes, qui annoncent leur approche... absolument comme pour les serpents à sonnettes...

Enfin, plus il y a de bijoux, plus c'est coquet : le nombre fait tout ; peu importe la disposition plus ou moins gracieuse: c'est affaire de quantité et de poids.

Chaque fille d'Ève comprend l'élégance à sa manière ; mais on voit, par ce pâle récit, que la vanité n'est pas l'apanage exclusif des femmes européennes : celles de  Ceylan en avaient bien aussi  leur petite part.

Les Oblats aux Indes et en Afrique. Page_425

§ 2 La ville épiscopale...

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Message  Louis Sam 03 Fév 2024, 7:01 am


Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE II.— JAFFNA (1847 –1855)

§2

La ville épiscopale.

Dans notre premier volume, nous avons déjà parlé du P. Séméria ; son ministère à Ceylan mit en plus claire lumière encore sa haute vertu.

Constamment uni à Dieu par la prière et l'habitude de la vie intérieure, il n'en était pas moins perspicace pour les choses de ce monde. Fin, adroit, persévérant ; en même temps, conciliant de caractère, doux et patient, il savait, sans les trancher par la violence, délier les nœuds gordiens les plus embrouillés.

Cet ensemble de qualités le rendait éminemment pratique, et il réussissait dans les circonstances les plus difficiles, où d'autres, plus brillants peut-être, mais moins insinuants, auraient infailliblement échoué.

Promptement il acquit une grande influence sur Mgr Bettacchini, qui l'apprécia, dès qu'il le vit à l'œuvre, et qui d'un tempérament plus ardent, bouillonnait en face des contrariétés.

Peu de semaines avant sa mort, ce prélat, jetant un regard sur son épiscopat. et résumant les neuf années de relations d'affectueuse confiance qu'il avait eues avec celui qui allait être son successeur, disait :

— Sauf quelques légers dissentiments, j'ai toujours été d'accord avec le P. Séméria. En cela, comme en tout le reste, je lui dois pleine justice. J'ai fait bien des bévues ; mais, sans lui. j'en aurais fait davantage. Moi. j'étais le feu : lui était l'eau pour l'éteindre.

Il avait commencé par l'attacher à sa personne comme secrétaire, et le chargea de composer, dès son arrivée à Ceylan. une circulaire pour les Missionnaires ; puis, une longue lettre pastorale aux fidèles, sous forme d'instruction sur les sacrements. Souvent il se servit de lui pour la rédaction de ses actes administratifs.

Ces fonctions et quelques voyages à travers l'île permirent au P. Séméria de juger assez rapidement de l'état de la religion à Ceylan. Voici ce qu'il écrivait à Mgr de Mazenod, le 24 juillet 1848 :

— Les districts dont un Missionnaire a le soin, équivalent, pour les dimensions, à presque autant de diocèses. Chacun d'eux consiste en une vaste étendue de terrain, sur lequel sont disséminés de vingt à trente villages, les uns chrétiens, les autres infidèles, ou mixtes. Là où se trouvent des chrétiens, il y a généralement une église, si l'on peut donner ce nom à une sorte de hutte ouverte à tous les vents, n'ayant pour toit que des feuilles de palmier, et dépourvue complètement de ce qui est nécessaire au culte divin. Pour y célébrer le Saint Sacrifice, chaque prêtre est obligé de porter avec lui sa chapelle...

Plusieurs fois par an, autant que possible, le Missionnaire visitait les diverses localités de son district. Alors, il catéchisait, prêchait, confessait, et bénissait les mariages. A peu près constamment en route, il avait rarement une demeure fixe, ou, du moins, ne pouvait y séjourner longtemps.

Toutes ces églises, constructions si misérables, appartenaient au peuple, soupçonneux et ignorant, qui. précisément, en raison de cette propriété, voulait un peu trop commander et imposer au prêtre ses caprices. Situation très fâcheuse avec des gens de cette espèce. Il suffisait de deux ou trois mauvaises têtes dans le bercail, pour entraîner le troupeau entier dans le schisme.

Que le Missionnaire ne se conformât pas aveuglément à leurs singuliers usages, ou à…

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Message  Louis Dim 04 Fév 2024, 4:54 am



Ceylan (1847-1861)

CHAPITRE II.— JAFFNA (1847 –1855)

§2

La ville épiscopale.

SUITE

Que le Missionnaire ne se conformât pas aveuglément à leurs singuliers usages, ou à leurs sottes idées ; qu'il réprimandât les meneurs, leur infligeât quelque pénitence, ou leur défendît, comme il y était parfois contraint, à cause de leurs scandales, l'entrée de l'église : toute la population était en effervescence, et, sans plus de façon, on appelait un prêtre schismatique, pour se ranger sous sa houlette, tellement était vacillante la foi de ces chrétiens, et peu solide leur vertu.

Cet esprit d'indiscipline ne régnait pas seulement dans les campagnes, mais aussi dans la ville épiscopale. Il éclatait à propos de tout et à propos de rien. Nous en citerons un cas typique, dont le prétexte fut la chose du monde la plus insignifiante.

Depuis assez longtemps, chaque année, à Noël, on dressait une Crèche dans la cathédrale. Sans prévoir des conséquences désastreuses à un acte de honte, Mgr Bettacchini, en 1848, permit aux fidèles qui fréquentaient la chapelle de Notre-Dame du Refuge, d'avoir aussi leur Crèche.

A peine les paroissiens de la cathédrale eurent-ils connaissance de cette concession, qu'ils vinrent se plaindre amèrement à l'évêque, le menaçant d'une révolution, s'il ne retirait aussitôt cette autorisation, qu'ils considéraient, eux, comme une violation de leur prétendu droit exclusif de posséder une Crèche.

Pour que leur monopole fût mieux affirmé, ils exigeaient que nulle Messe ne fût célébrée, à l'occasion de la Noël, dans la chapelle de Notre-Dame du Refuge, sinon ils appelleraient des prêtres schismatiques, et chasseraient de la cathédrale tous les prêtres romains, y compris leur chef.

L'évêque, avant donné sa parole, ne voulut pas céder. Moins que lui, les mutins ne cédèrent, et, la veille de la fête, réclamèrent les clefs de la cathédrale, ainsi que celles de la sacristie, qu'on se garda bien de leur remettre. Irrités de ce refus, les fanatiques fomentèrent le désordre dans la cité, où, pendant plusieurs jours, régna un tumulte indescriptible.

Il fallut toute la douceur et l'habileté du P. Séméria, pour ramener la paix. Grâce à son…

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