Les OBLATS aux États-Unis et au Mexique.

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Message  Louis Jeu 14 Déc 2023, 5:35 am


Aux États-Unis (1842-1861)

CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849 –1861)

§2

Dans les ranchos.

SUITE

Généralement le site des ranchos riverains est salubre et agréable, parfois même, ravissant. On y respire un air pur et  embaumé par les nombreuses essences odorantes que produisent, si abondamment, les régions tropicales. Le regard se repose charmé sur de riantes pelouses, fermées au loin par des haies de nopals, de cactus et d'aloès gigantesques ; ou par des arbustes fleuris, tels que le china-tree, espèce de lilas, et le palo-alto au bois blanc ; ou par des rangées d'arbres de haute futaie : chênes, frênes, noyers d'Amérique, ébéniers, etc.

Sous la feuillée s'agite un menu peuple aux mille couleurs et aux mille chansons : oiseaux-mouches, se balançant mollement au souffle de la brise, sur des tiges délicates ; colibris à la parure resplendissante de l'éclat des saphirs, des émeraudes et des rubis, voltigeant sans cesse avec un battement d'ailes si rapide, qu'elles semblent immobiles. Parfois, ils s'arrêtent, quelques instants, auprès d'une corolle entrouverte, la sondent avec leur bec effilé, puis s'élancent vers une autre, tantôt à droite, tantôt à gauche, par saccades aussi vives que brusques, et déploient une activité merveilleuse.

Indiquons aussi les cardinaux, au plumage rouge ; les moqueurs et siffleurs ; les colombes gémissantes ; les canards sauvages, qui pullulent : les cygnes, blancs comme neige ; les tantales, grandes cigognes à livrée rose tachetée de noir ; les spatules, échassiers au bec en forme de cuiller, ou de truelle : les grues, etc., etc.

Dans les forêts, vagabondent des bandes indisciplinées : lièvres, lapins, écureuils, oppossums ou sarigues, cerfs, chevreuils, gazelles, antilopes, chacals, etc.

Une rencontre peu désirable est celle des serpents à sonnettes, au corps d'un brun jaunâtre, avec plaques plus foncées, en losange. Leur morsure est souvent mortelle.

— Plusieurs fois, durant mes expéditions à cheval, écrivait l'un des Pères, il m'est arrivé de fouler de ces reptiles redoutables. Ce n'est qu'au frémissement de leurs anneaux, ou à l'effroi de la monture, que se révèle-leur présence.

Que de fatigues, sous ce ciel brûlant, pour atteindre les ranchos, distants, parfois, surtout à l'intérieur, de trente à quarante kilomètres, les uns des autres !

Par une chaleur étouffante de trente-cinq degrés centigrades, comme il est pénible de traverser d'interminables plaines sablonneuses, sans chemin tracé, et avec la perspective de ne trouver ni une goutte d'eau pour étancher sa soif, ni un arbre à l'ombre duquel on puisse goûter un instant de repos !... Malgré les troupeaux errants à l'aventure, sans pasteur qui les surveille, ces plaines sont tellement vastes, qu'elles n'en conservent pas moins l'aspect de solitudes désolées.

Un sombrero, ou large chapeau sur la tête, le Missionnaire enfourche…

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Message  Louis Ven 15 Déc 2023, 6:43 am


Aux États-Unis (1842-1861)

CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849 –1861)

§2

Dans les ranchos.

SUITE

Un sombrero, ou large chapeau sur la tête, le Missionnaire enfourche son meilleur cheval, après avoir suspendu, au pommeau de la selle, la boîte aux saintes huiles et tout l'accessoire pour l'administration des sacrements. Sur les flancs du coursier, pend une sorte de besace, contenant, d'un côté, la pierre sacrée, le ciboire, les hosties, le vin, les vêtements sacerdotaux ; de l'autre, divers objets et une couverture roulée, qui servira de lit pour les haltes de la nuit, dans les broussailles, sous la voûte étoilée. Une gourde remplie d'eau achève l'équipement.

Sa nourriture consistera principalement en tortilles, espèce de galettes faites avec de la farine de maïs, cuite à la poêle. Avant leur consommation, elles sont aptes à tous les usages. Par un tour de main, les habitants des ranchos les disposent en cuillers à puiser le potage et la sauce ; d'un coup de couteau, ils les taillent en fourchettes ; arrondies et étendues, elles deviennent assiettes et nappes, destinées à être dévorées, vers la fin du repas.

A ce mets traditionnel et inévitable, les ranchéros ajoutent la cécina, minces tranches de viande séchées au soleil, dures comme du cuir, et résistant victorieusement aux plus vigoureuses mâchoires. Quelques frijoles. ou haricots, et un peu de fromage complètent ces banquets de Lucullus.

La chaleur est d'autant plus accablante, qu'elle persiste presque sans interruption, car l'hiver se réduit à peu de chose. Et quelle plaie d'Egypte que la  sécheresse qui,  parfois,  se continue pendant  plusieurs années !

Parfois aussi, comme dédommagement, surviennent, à l'improviste, de terribles orages, tels qu'on n'en voit que dans le voisinage de l'équateur. Ce sont, alors, des pluies diluviennes. Le firmament semble se fondre, et le Missionnaire, surpris par la tourmente, est littéralement enseveli sous les cataractes qui se précipitent à gros bouillons, tandis que le tonnerre gronde, et que les éclairs déchirent la nue.

Sur les sentiers détrempés, les chevaux avancent difficilement ; ils glissent, et s'abattent brusquement dans la boue. Naturellement le Missionnaire ne se relève que maculé de fange. Puis, quand la nuit étend son voile, quelle volupté de coucher en plein air, dans ces conditions !...

Près des ranchos riverains, les embarras de la route s'aggravent, car, sur une zone d'une…

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Message  Louis Sam 16 Déc 2023, 6:11 am


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§2

Dans les ranchos.

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Près des ranchos riverains, les embarras de la route s'aggravent, car, sur une zone d'une trentaine de kilomètres de large, tout le long du fleuve, le sol très accidenté présente une foule d'ondulations qui, peu à peu. se creusent en ravins. Ces dépressions appelées arroyos par les paysans, se ramifient, se contournent en tous sens, et, lorsqu'elles se remplissent d'eau, séparent par des fossés infranchissables ou par des torrents impétueux, les arêtes des monticules, sur lesquels on est obligé de se tenir.

Quelques-uns de ces arroyos sont si larges et si profonds, que le voyageur, cerné de toutes parts, doit attendre plusieurs jours, ou se jeter à la nage, au risque de se noyer dans les ondes écumantes.

Plus on se rapproche du Rio Grande, plus ce genre d'obstacle augmente. Ce fleuve, en effet, extrêmement capricieux, décrit d'innombrables méandres et des boucles presque entières. Après de longs circuits, il revient sur lui-même, très près du point de déviation.

On aura une idée de ces plis et replis, si l'on songe que, de Brownsville à la mer, par exemple, il n'y a, en ligne droite, qu'une quarantaine de kilomètres, tandis qu'on en compte une centaine, en suivant son cours.

Les langues de terre qui s'avancent entre ces sinuosités, sont souvent coupées par la violence des crues. Alors, dans une partie de l'ancien lit, les eaux s'abaissent, ne circulent plus, et croupissent. Ces enfoncements, ou mares sans issue, qui s'étendent fort loin dans l'intérieur, se nomment des résécas.

D'autres fois, le fleuve s'obstrue par l'amoncellement des corps flottants qu'il charrie, ou des sables qu'il roule. Arrêté par cette digue qu'il a élevée lui-même, il se creuse un lit nouveau dans une autre direction, et abandonne, sur une grande longueur, l'ancien lit qui se change encore en réséca.

En une seule journée, le voyageur est ainsi exposé à en rencontrer cinq ou six, qu'il ne peut éviter qu'en se condamnant à d'immenses détours.

Non moins irrégulières sont les crues. Le niveau des eaux monte, parfois, de trois à quatre mètres en quelques heures, soit à cause de la fonte des neiges des Montagnes Rocheuses, où le Rio Grande prend sa source ; soit à cause des pluies qui grossissent les nombreux affluents qu'il reçoit, avant son entrée dans le Texas. Cela explique comment, même en temps de sécheresse, le fleuve et les résécas se remplissent subitement.

Arrivé près d'un hameau, jamais le voyageur ne descend de cheval, avant d'en être prié…

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Message  Louis Dim 17 Déc 2023, 6:48 am


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Dans les ranchos.

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Arrivé près d'un hameau, jamais le voyageur ne descend de cheval, avant d'en être prié : ce serait une impolitesse contraire aux usages du pays ; mais également ce serait une grossièreté, si le ranchéro, dès qu'il l'aperçoit, ne l'invitait aussitôt à mettre pied à terre.

Ordinairement on faisait bon visage au prêtre, qui, sans perdre de temps, commençait à visiter toutes les demeures pour saluer les habitants, et les inviter au rosaire, ou au chant des cantiques, préparation à la Messe du lendemain.

Pour la chapelle, on choisissait la maison la plus convenable ; elle n'était, en général, qu'un réduit ressemblant à l'étable de Bethléem. Quant au Père, il couchait, la nuit, dans une grange, à côté des gens à évangéliser, étendus les uns sur des peaux de bœuf, les autres sur des planches mal rabotées, ou sur des tas de paille de maïs. C'est là qu'il reposait ses membres fatigués, quand il réussissait à s'endormir, nonobstant la vermine qui hantait ces jacals, et les myriades de féroces moustiques qui s'abattaient sur lui, altérés de son sang.

Dès l'aube, il se levait, plus brisé que la veille, et agitait sa clochette, pour réveiller tout son monde. Après la prière en commun, il prêchait, de préférence sur les fins dernières, et rappelait les devoirs du chrétien. Mais quel travail, pour remuer ces consciences engourdies !

Les OBLATS aux États-Unis et au Mexique. - Page 2 Page_348

Aux trois quarts d'origine indienne et demi-sauvages, avec un peu de sang mexicain dans les veines, ces habitants des campagnes avaient reçu la foi, aux siècles précédents, durant le temps de la domination espagnole. Ils en conservaient avec un soin jaloux les principes ; mais aussi gardaient non moins exactement les coutumes de leurs ancêtres païens.

De cette double tradition résultait un étrange mélange de croyances et de superstitions, se traduisant, en pratique, par quelques formules de prières et de lamentables désordres.

La paresse, les chansons, les danses…

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Message  Louis Lun 18 Déc 2023, 6:57 am


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Dans les ranchos.

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La paresse, les chansons, les danses, les jeux de hasard, les courses de chevaux et les combats de coqs constituaient la trame de leur existence. Dans leur aveuglement moral, ils considéraient le concubinage comme la chose la plus naturelle, et s'étonnaient qu'on les en reprît.

Aux admonestations les plus véhémentes, ils répondaient, en haussant les épaules :

— Bah ! Je ne suis pas le seul !

— Belle excuse ! Vous ne serez pas le seul, non plus, en enfer, si vous persévérez dans vos égarements.

Comment légitimer ces alliances agrestes, alors qu'on apprenait, après une enquête discrète, que tels ou telles, en changeant de domicile, avaient laissé leur femme, ou leur mari, en d'autres ranchos, parfois même par delà la frontière mexicaine ?

Leur parler de se séparer du nouveau conjoint, c'était perdre son temps et sa peine.

— Qui me fera vivre ? soupiraient les femmes. Et ces enfants, qui les soutiendra ?

Au moment de la mort, cependant, les coupables se décidaient, enfin, à ce sacrifice, persuadés que, sans cet acte de courage, il serait impossible de recevoir les sacrements: et, dame ! le feu éternel les effrayait bien un peu. Mais, si l'extrême-onction les ramenait à la santé, ils retournaient à leur vomissement.

Ceux qui, par exception, s'unissaient suivant les lois de Dieu et de l'Église, se jugeaient parfaitement en règle pour tous leurs devoirs religieux. De là une indifférence absolue pour les autres prescriptions de la morale, et nul souci de l'éducation chrétienne de leurs enfants. Pour se débarrasser des sermons, conseils et remontrances, ils promettaient tout ce que l'on voulait, quittes à n'en faire pas davantage.

—   Être baptisé et marié, n'est-ce pas assez pour aller au ciel ? disaient-ils. La Messe, les pâques et le reste... bon pour les dévots, à qui cela plaît.

Quelle patience et quel dévouement exigerait la réforme d'un peuple, que ce climat énervant rendait si apathique ?

Sans se décourager, les Pères se…

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Message  Louis Mar 19 Déc 2023, 6:55 am


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§2

Dans les ranchos.

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Sans se décourager, les Pères se consacrèrent à cette œuvre de régénération. A pleines mains, ils jetèrent la divine semence dans ces cœurs si revêches, avec l'espérance de récolter, un jour, quelques épis.

Plus difficiles à atteindre que les ranchéros étaient les groupes nomades, incapables de se fixer jamais nulle part.

Ces prétendues familles allaient à l'aventure, sans s'inquiéter du lendemain,   et  encore  moins de la vie  future. L'homme  marchait, un gigantesque chapeau pointu sur la tête, une couverture sur le dos en guise de manteau, un fusil sur l'épaule, un grand coutelas et un long pistolet à la ceinture. La femme suivait, portant sur sa tête la garde-robe, fort légère, mais surmontée d'une pierre à broyer le maïs. Quant aux enfants, ils couraient et gambadaient en chemise déchirée, et même sans vêtement aucun.

On s'arrêtait, le soir, n'importe où. Étendue sur quatre pieux, la couverture se transformait en tente pour la nuit.

Si le site plaisait, le lendemain, ou plusieurs jours après, car, pourquoi se presser, n'est-ce pas ? on coupait des roseaux, ou des joncs ; on les disposait entre les quatre pieux ; on les enduisait de boue, et la maison se trouvait achevée, pouvant servir jusqu'au jour où un événement quelconque, ou le simple caprice, engagerait à émigrer vers d'autres parages.

Amis de l'indépendance, ces vagabonds se recrutaient parmi les filous, assassins, flibustiers, bandits, ou soldats irréguliers, désireux d'échapper à la tyrannie des chefs de hordes révolutionnaires, tous fuyards, ou déserteurs, passant alternativement d'une rive à l'autre du Rio Grande, afin de mettre la frontière entre eux et la police, avec laquelle ils avaient maille à partir. Ils cherchaient, à l'abri du fleuve, une sécurité que les notes de leur casier judiciaire ne leur garantissaient pas, ailleurs.

D'une conscience assez élastique, ils n'avaient aucun scrupule de voler successivement aux pauvres ranchéros, brebis, moutons, chèvres, poules et coqs, veaux et vaches, même des chevaux. Que voulez-vous ? ne faut-il pas que chacun vive ? et. quand une excellente occasion se présente de s'enrichir aux dépens du voisin, pourquoi n'en profiterait-on pas ?

Des princes et ducs, barons et marquis, rois et empereurs n'agissent pas autrement, quand ils ont assez de soldats, de poudre et de canons, pour s'assurer l'impunité ! Et. dans leurs universités, ils ne manquent pas de docteurs, très érudits, pour légitimer leurs plus colossales rapines, en démontrant, par des dissertations extrêmement remarquables, que la force prime le droit.

Ces argumentations intéressées sont des commentaires de la fameuse harangue du renard, plaidant, à la cour du lion, la cause de son insatiable et irascible maître :

... Vous leur fîtes, seigneur,
En les croquant, beaucoup d'honneur !...

Tant pis pour les faibles !... Ils n'ont d'autre droit que celui d'être volés, pillés et fusillés ou poignardés, dans les vingt-quatre heures, quand ils osent se plaindre, et en appeler aux principes de la justice ou de l'équité !

Ainsi raisonnent, même au XXe siècle, bien des savants et des chefs de peuples ; ainsi raisonnaient, il y a soixante ans, les hobereaux des campagnes texiennes.

Étaient-ils donc si en retard sur la civilisation moderne…

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Message  Louis Mer 20 Déc 2023, 6:20 am


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§2

Dans les ranchos.

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Étaient-ils donc si en retard sur la civilisation moderne, telle que, de nos jours, l'entendent des légions d'esprits soi-disant cultivés ?... Pas du tout, ce semble ; sauf qu'ils opéraient modestement, sur un théâtre plus restreint, et avec des armes moins perfectionnées.

Ils ne retardaient que sur l'Évangile... vieux de deux mille ans... Les Oblats entreprirent de les convaincre que ce code de morale, déjà si ancien, est pourtant toujours nouveau.

Leur dévouement, fécondé par la grâce, adoucit ces caractères intraitables, et réveilla de sa léthargie la population indolente des ranchos.

— La semaine dernière, écrivait l'un des premiers Pères, je m'arrêtai dans un hameau d'une douzaine de familles. Les gens de l'endroit réunirent ce qu'ils avaient de plus précieux pour orner le local, où devait se célébrer la Messe. Malgré leur bonne volonté, ils ne trouvèrent, dans tout le hameau, qu'une paire de draps de lit, un châle noir et une écharpe de même couleur. De l'un des draps, je fabriquai un confessionnal ; de l'autre, un devant d'autel ; l'écharpe servit de pente ; et le châle, enrichi de quelques images enfumées, fut appendu à la muraille, en guise de tapisserie, encadrée de branches de grenadiers en fleurs et de bouquets de rose.

Plusieurs fois par an. les Pères apparaissaient dans chaque rancho. Le nombre de ceux qui se confessaient, augmentait peu à peu. On voyait s'approcher de la sainte Table des hommes de trente, quarante, cinquante et soixante ans. qui jamais ne l'avaient fait auparavant.

Au départ du Missionnaire, les convertis disaient:

— Père, revenez ; revenez bientôt.

Avec la pratique des vertus chrétiennes…

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Message  Louis Jeu 21 Déc 2023, 6:12 am

No. 33


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CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849–1861)

§2

Dans les ranchos.

SUITE

Avec la pratique des vertus chrétiennes. la foi grandissante leur révélait dans le prêtre le ministre de Dieu. On avait pour lui plus de respect et de vénération. Tous, hommes, femmes, enfants, se mettaient à genoux, pour lui baiser les mains, quelquefois même, les pieds. Plusieurs ne lui adressaient la parole qu'en l'appelant Santo Padre : et d'autres, magestad !...

Pour faciliter l'évangélisation de tant de brebis errantes, les Oblats s'attachèrent à créer des centres où la population serait plus agglomérée.

Le premier est Roma, sur la rive gauche du Rio Grande, à deux cents kilomètres environ en amont de Brownsville. Deux d'entre eux y séjournèrent, dès l'année 1853. Ce village eut jusqu'à douze cents âmes. Ils y bâtirent une jolie église en pierre, dont l'infatigable et habile P. Keralum fut l'architecte et souvent le maçon, après s'être adonné, pour extraire les matériaux, au rude métier de mineur.

De curieuses péripéties entravèrent, parfois, la construction de l'édifice.

Une nuit, tandis que l'apôtre reposait, un voleur se glissa sous son lit, et en retira la malle contenant l'argent destiné à l'achèvement de la bâtisse. Éveillé par le bruit, le P. Keralum feignit de ne s'apercevoir de rien, pour éviter un coup de poignard ou de pistolet ; puis, quand le bandit eut décampé, il appela plusieurs habitants de Roma. Ceux-ci se lancèrent à sa poursuite, et, après un jour de recherches, le découvrirent, caché dans un taillis, dormant à poings fermés, à côté de la précieuse malle. On le lia, et on le traîna devant les juges qui le condamnèrent à six ans de bagne. Dans le coffre, il ne manquait heureusement que quelques piastres.

Après Roma, ce fut le tour de Davis, ou Rio Grande City, à vingt-cinq kilomètres en aval. Là se forma une petite ville réservée à un plus notable développement.

Vers le même temps, les Oblats élevèrent une chapelle à Point-Isabel, qui, située sur le bord de la mer. est comme le port de Brownsville.

Pendant plusieurs mois aussi, à la demande de Mgr Odin, ils allèrent évangéliser, en anglais et en espagnol, la population américaine et mexicaine de San Antonio, le berceau de l'indépendance du Texas, et la cité la plus importante du diocèse, où, maintenant, la Congrégation possède de si beaux établissements.
§ 3 Fièvre jaune et naufrage...

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Message  Louis Ven 22 Déc 2023, 5:05 am


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CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849–1861)

§3

Fièvre jaune et naufrage.

Durant de nombreuses années, les Oblats, au Texas, furent exposés à l'un des plus redoutables fléaux de l'humanité : la fièvre jaune, ou vomito negro, dont le foyer se trouve dans les plages marécageuses du golfe du Mexique, comme celui du choléra est sur les bords du Gange.

A cette époque, l'essence de cette maladie qui conduisit tant de victimes au tombeau, était absolument inconnue, car les médecins n'avaient pu encore l'étudier, avec les procédés puissants que les progrès de la science moderne ont permis d'employer. On savait seulement qu'il fallait, pour son éclosion, le voisinage de la mer et une chaude température ; tandis que le mal tendait à disparaître, quand on s'avançait dans l'intérieur des terres, ou qu'on s'élevait à des altitudes plus fraîches.

De nos jours, on sait que cette épidémie est produite par des bacilles microscopiques, vivant et se développant au milieu de matières végétales et animales en putréfaction, dans les eaux stagnantes des plages marécageuses du golfe du Mexique et dans les résécas et arroyos du Rio Grande.

Plus la chaleur est forte, plus ils se multiplient, et les moustiques, par leurs piqûres, se chargent de les introduire dans l'organisme humain.

Une fois dans la place, ces microbes y sont bientôt légions. Ils altèrent rapidement le sang qui devient foncé comme la lie de vin, brun comme une infusion de café contenant le marc, et même noir comme l'encre ou la suie. Simultanément la peau jaunit, à tel point que les anciens Espagnols appelaient les patients, des « ensafranés, azafranados », et la maladie, fiebre amarilla, fièvre jaune paille, terme que les Anglais ont traduit par yellow fever.

Mais le symptôme le plus alarmant, fatal avant-coureur d'une mort à brève échéance, est l'abondance des vomissements de ce sang ainsi décomposé. Il a valu à cette terrible maladie, de la part des Mexicains, le nom de vomito negro, et, de la part des Anglais, celui de black vomit fever.

Depuis que l'on a constaté que les moustiques, par leurs piqûres, surtout la nuit, transmettent la contagion, on conseille de garnir les portes et fenêtres de grillages métalliques, pour les empêcher, le plus possible, de pénétrer dans les appartements.

Cette précaution est relativement facile. Ce qui l'est beaucoup moins, c'est le dessèchement de la multitude des flaques d'eaux stagnantes et croupissantes : marais, bourbiers, étangs, lagunes, qui s'étendent sur des centaines de kilomètres près du rivage : plus les innombrables résécas et arroyos du Rio Grande. Dans ces eaux où pullulent les microbes pathogènes, les moustiques pondent leurs œufs, d'où naissent leurs larves,  et d'où s'échappent ensuite les volatiles imprégnés du poison.

Malheureusement le virus est communiqué non pas seulement par les moustiques, mais par le simple contact de linges, vêtements, couvertures, ustensiles et objets contaminés ; ou par l'usage de boissons non suffisamment pures.

Bien plus : il infecte l'air par les émanations paludéennes et telluriques : il envahit les maisons par les poussières atmosphériques, qui se déposent sur les meubles. Le vent ou la brise le transportent au loin, et les ballots de marchandises entassés dans les cales des navires, le charrient même au delà des océans.

On espère, du moins, que les inoculations d'un sérum approprié, qui ont déjà donné quelques bons résultats, en donneront davantage, à l'avenir.

Sur ce foyer de pestilence…

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Message  Louis Sam 23 Déc 2023, 6:32 am

No. 35


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§3

Fièvre jaune et naufrage.

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Sur ce foyer de pestilence le P. Verdet écrivait, le 30 décembre 1854 :

— Des pluies sont tombées avec une telle abondance, que le fleuve a débordé trois fois, et noyé toutes les plantations. Le pays a été longtemps comme une vaste mer. Par suite de l'humidité des terres, le bétail a contracté des maladies qui faisaient mourir les animaux par milliers. La contrée, comme vous le savez, est presque entièrement plate, et les eaux, n'ayant aucune pente, restent pendant plusieurs mois à la surface du sol, jusqu'à ce qu'elles soient, peu à peu, absorbées par les rayons solaires. Ainsi nos immenses plaines étaient transformées en marécages, d'où s'exhalait une odeur fétide, produite par la décomposition des herbes et des cadavres. Elle propageait, au loin, la maladie et la mort.

Les OBLATS aux États-Unis et au Mexique. - Page 2 Page_349

— La saison la plus meurtrière, écrivait, de son côté, le P. Parisot, est celle où l'action de l'humidité se combine avec celle de la chaleur excessive. L'air est, alors, corrompu par des miasmes délétères, dont les effets sont extrêmement nuisibles.

Dans la plupart des cas, la fièvre jaune débute brusquement. Vers le quatrième jour, survient un calme trompeur, qu'une triste expérience a fait surnommer le mieux de la mort ; peu après, la teinte jaune caractéristique apparaît, et s'accentue sur toute la  peau; les vomissements commencent, et, s'ils ne s'arrêtent pas, amènent rapidement la catastrophe finale. On cite aussi des cas vraiment foudroyants par leur soudaineté.

Le premier Oblat victime de ce terrible fléau, fut...

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Aux États-Unis (1842-1861)

CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849 –1861)

§3

Fièvre jaune et naufrage.

SUITE

Le premier Oblat victime de ce terrible fléau, fut le P. Baudrand. Nommé supérieur du collège de Galveston, il y arriva, de Montréal, au mois de mai 1853, jeta les fondements du nouvel édifice dans un très bel emplacement, éleva les murs jusqu'au second étage, et mourut héroïquement, le 1er octobre, après trois jours seulement de maladie. Perte d'autant plus cruelle, qu'elle était plus imprévue !

— Fuyez ce rivage malsain en cette saison chaude, car vous n'êtes pas encore acclimaté, lui avait dit le docteur, deux jours avant que la fièvre ne le saisît. Allez, dans l'intérieur, respirer un air plus salubre.

— Ce serait une lâcheté, répondit le Père. Comment laisserais-je mes confrères exposés à l'épidémie ? L'obéissance m'a placé ici... je reste !

Quand le P. Parisot lui eut administré les derniers sacrements, une dame américaine présente à la cérémonie, émue de tant de piété, de résignation et de conformité à la volonté de Dieu, s'écria :

This is certainly a saint ! Celui-ci est certainement un saint !

Un an et demi après, le 9 janvier 1855, expirait l'aimable et jeune P. Duperray. Saisi par la fièvre, à Brownsville. il était en convalescence, lorsqu'il fut appelé pour confesser un mourant, dans un rancho, à plus de cinquante kilomètres. Retourné à la maison, il rechuta, s'alita, et mourut, quelques jours après, à peine âgé de vingt-cinq ans.

Souvent un officier irlandais de la garnison disait de lui :

— On ne peut le regarder, sans penser à saint Louis de Gonzague. Quelle modestie et quelle vertu ! Ses yeux bleus reflètent la candeur de son âme !

Au mois d'août 1856. le P. Verdet, supérieur, se rendit à la Nouvelle-Orléans, à bord du Nautilus. pour acheter le bois de charpente nécessaire à la couverture de l'église en construction. Le golfe du Mexique est fécond en ouragans et en cyclones. Une terrible tempête éclata, et le navire périt, corps et biens.

Seul échappé au naufrage, un passager raconta quel sublime héroïsme, avait montré le P. Verdet, au dernier instant de cet épouvantable drame, au milieu des éléments en furie. Sur le navire désemparé, il allait, de tous côtés, porter des paroles d'encouragement et le bienfait de l'absolution â ceux qui étaient sur le point d'être engloutis. A ce moment suprême, il baptisa, en outre, le capitaine et son fils, à la conversion desquels il avait travaillé, durant la traversée.

— Quel affreux malheur qui nous enlève un si excellent sujet, écrivait Mgr de Mazenod, le 27 novembre 1856. Bon et si regretté P. Verdet !... Ce sont là des pertes irréparables ! Il faut reconnaître que Dieu met notre résignation à de cruelles épreuves... Je ne me permets pas cette réflexion, pour murmurer contre les décrets de la Providence qui récompense ses élus, quand il lui plaît; mais c'est un cri que la souffrance m'arrache... Désormais, je tremblerai toujours, quand je vous sentirai sur mer !...

L'année 1858 fut particulièrement désastreuse…

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Message  Louis Mar 26 Déc 2023, 6:00 am


Aux États-Unis (1842-1861)

CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849 –1861)

§3

Fièvre jaune et naufrage.

SUITE

L’année 1858 fut particulièrement désastreuse. Deux Oblats périrent presque en même temps, victimes de la fièvre jaune : le Fr. Garcia, mexicain d'une humilité et d'une obéissance parfaites, mourut, le 20 septembre, après trois jours de maladie ; et le P. de Lustrac exhala le dernier soupir, le 8 octobre, à Point-Isabel, où il se rendit pour administrer un agonisant.

— Demain matin, je serai de retour, avait-il dit, en partant.

Au jour indiqué, il ne parut pas ; mais un messager arriva, le soir, annoncer qu'il était en danger. Le P. Parisot accourut aussitôt, pour lui porter les secours spirituels.

Jusqu'au bout, le P. de Lustrac, malgré ses vives douleurs, garda sa connaissance. Ses dernières paroles furent celles d'un prédestiné :

— Au ciel ! Au ciel ! In te, Domine, speravi : non confundar in æternum.

— Devant ce fléau, écrivait le P. Parisot au Supérieur général, le pouvoir médical confesse son impuissance. On l'appelle fièvre jaune ; mais il se présente sous cinq ou six formes différentes. Souvent le patient doit passer successivement par chacune d'elles. Les Mexicains et les soldats ne sont pas épargnés. L'hôpital ne désemplit pas. L'épidémie se déclara, le 13 septembre, et, depuis cette quinzaine, nous comptons déjà plus de cent victimes. Presque tous ont reçu les derniers sacrements. Pendant plusieurs jours, deux voitures ont circulé continuellement dans la ville, pour ramasser les cadavres, et les conduire immédiatement au cimetière. la plupart sans cercueil. Les Pères Vignolle, Kéralum et moi sommes occupés, du matin au soir, et une grande partie des nuits. La puanteur dont notre soutane est imprégnée, au retour d'auprès des malades, serait capable de donner la peste aux plus réfractaires. Que la sainte volonté de Dieu s'accomplisse : nous ne refusons, ni le travail, ni la souffrance, ni le trépas. A la vie et à la mort, nous sommes à Dieu.

En communiquant au vénéré Fondateur ces tristes nouvelles, le P. Parisot était obligé de lui révéler aussi que le P. Gaudet, successeur du P. Verdet, attaqué de la fièvre, le 29 septembre, inspirait, lui aussi, les plus graves inquiétudes.

— Quel coup de foudre, mes chers enfants, répondait, de Marseille, le 26 novembre, Mgr de Mazenod…

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Message  Louis Mer 27 Déc 2023, 5:30 am


Aux États-Unis (1842-1861)

CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849 –1861)

§3

Fièvre jaune et naufrage.

SUITE

— Quel coup de foudre, mes chers enfants, répondait, de Marseille, le 26 novembre, Mgr de Mazenod. Je ne suis pas habitué à ce genre de malheur, et je sens que je ne m'y habituerai jamais... Cruelle mission du Texas, quelles blessures tu fais à mon âme !... Voilà donc la cinquième victime que tu dévores !... Et qu'en est-il de la sixième ?... Aurez-vous le soin de me le dire par le prochain courrier ? Que ces jours d'attente vont me paraître longs !... Rassurez-moi au plus tôt ! Les heures sont des jours pour mon cœur, les journées sont des semaines.

Pendant trois mois, le P. Gaudct resta dans l'impossibilité de célébrer la Messe; car, après un semblant de guérison, une rechute grave l'abattit de nouveau, et lui laissa une telle faiblesse, qu'il était contraint, pour marcher un peu, de se servir de béquilles.

Frappé lui aussi, le Fr. Roudet se releva assez vite : mais des rechutes multipliées le réduisirent à l'état de squelette ambulant. On dut même l'administrer.

— Tous les jeunes Pères sont malades, écrivait encore le P. Parisot, l'année suivante; et les anciens sont écrasés de travail.

Atteint, le 28 août 1859, le P. Olivier fut longtemps entre la vie et la mort. En 1860, tous les Pères, à peu d'exception, payèrent leur tribut à la fièvre. Les Pères Clos et Maurel faillirent en mourir.

Régulièrement le fléau revenait visiter Brownsville. et, deux ans plus tard, il frappa presque simultanément trois grands coups dans la pauvre communauté : le Fr. Copeland, d'une force herculéenne et excellent religieux, expira, le 11 août, après quatre jours de maladie ; le 6 octobre, mouraient, le même jour, l'aimable P. Sivy, à onze heures du matin, et l'érudit P. Shumacher, à sept heures et demie du soir, l'un et l'autre à la fleur de l'âge !

— Oh ! que c'était triste, écrit le P. Parisot, de contempler ces deux cercueils, au milieu de notre sanctuaire ! Quel spectacle navrant ! Quelles scènes déchirantes, aux funérailles de ces martyrs de la charité !... En les accompagnant à leur dernière demeure, les assistants fondaient en larmes ! .Je n'essaie pas de vous dépeindre nos regrets et notre douleur. Ma plume ne saurait exprimer ce que nos cœurs éprouvent !... Mon Dieu, ayez pitié de nous ! Vous êtes le Maître suprême !... Nous ne nous plaignons pas ; mais nous ne savons que penser, à la vue de tant de sacrifices !... Pourtant, fiat !... fiat !...

§4. Troubles politiques…

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Message  Louis Jeu 28 Déc 2023, 6:05 am


Aux États-Unis (1842-1861)

CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849 –1861)

§4

Troubles politiques.

Aux angoisses causées par la fièvre jaune, la guerre civile et étrangère ajouta ses horreurs.

Durant plusieurs années, il y avait eu fréquemment des escarmouches, à la frontière: mais, au mois de septembre 1859, le gouvernement des Etats-Unis, croyant la paix assurée, retira les troupes, qui, depuis l'annexion du Texas, étaient en garnison sur les bords du Rio Grande.

Aussitôt se forma une bande de brigands, parmi lesquels dominaient les Mexicains. Sous le commandement de Cortina, elle se précipita sur Brownsville, massacra les autorités, et, pour grossir ses rangs, brisa les portes des prisons, délivra tous les malfaiteurs, et les enrôla sous son étendard.


Les OBLATS aux États-Unis et au Mexique. - Page 2 Page3810

Obligés de se défendre contre ces hordes féroces, les citoyens s'armèrent, et bientôt la ville entière ressembla à un camp retranché, chacun se tenant sur le qui-vive. Il n'était pas prudent de se hasarder seul dans les rues.

— Récemment je suis sorti pour aller faire un mariage, écrivait le P. Gaudet, le 3 octobre. Deux carabiniers m'escortaient. Avant que le gouvernement puisse nous envoyer du secours, que se passera-t-il ? Dieu le sait. Si ces brigands veulent auparavant tenter la fortune, ils n'auront pas beaucoup d'obstacles à renverser, pour s'emparer de la ville, qu'ils sont capables d'incendier, après avoir versé des torrents de sang... De quelque manière que les choses tournent, notre ministère sera nul, pour un temps plus ou moins long. Actuellement il nous est impossible de visiter nos postes dans la campagne... Assurément l'armée de l'ordre finira par triompher, mais ce ne sera pas sans une guerre d'extermination.

Le 13 novembre, il écrivait encore :…

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Message  Louis Ven 29 Déc 2023, 6:27 am


Aux États-Unis (1842-1861)

CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849 –1861)

§4

Troubles politiques.

SUITE

Le 13 novembre, il écrivait encore :

— Depuis ma dernière lettre, la situation critique de notre ville n'a pas changé. Voici un mois que des barricades obstruent nos principales rues, et que. jour et nuit, on veille pour repousser une invasion probable des brigands, dont le nombre augmente sans cesse. Plusieurs centaines, montés à cheval et campés à quelques kilomètres d'ici, dévastent les ranchos, à huit ou dix lieues à la ronde. Dans la cité règne la panique... personne ne se risque à venir à l'église, même le dimanche... Espérons que Dieu nous accordera de reprendre notre œuvre, une fois l'ouragan passé.

En attendant les secours officiels, des coups de feu s'échangeaient, et les morts jonchaient le terrain.

Vers la fin de 1860, les bandes de Cortina furent complètement battues ; mais, alors, d'autres nuages plus sombres encore se montrèrent à l'horizon.

— De notre côté, l'Union américaine s'en va en pièces, écrivait le P. Gaudet. le 12 février 1861. Nous avons des gouvernements provisoires en masse. Chaque État du Sud se gouverne maintenant à sa guise, jusqu'à ce qu'une nouvelle Confédération du Sud se forme, en opposition aux États du Nord. C'est une vraie Babel. Le Texas prétend rester neutre : mais il finira par s'adjoindre à la Confédération du Sud, à cause des dangers auxquels l'exposerait l'isolement, car il aurait à redouter et les Mexicains et les tribus indiennes qui profiteraient de la situation, pour se venger des injustices dont les uns et les autres se plaignent.

Quelques semaines plus tard, la scission qui devait amener des événements si tragiques, se consommait : le Texas se confédérait avec la Louisiane, le Mississipi, l'Alabama, la Géorgie, la Floride, les deux Carolines, la Virginie, le Tennessee et l'Arkansas. Ces États choisissaient Richmond comme capitale.

— Nous voilà séparés de la grande Union américaine, écrivait le P. Gaudet. le 12 mars 1861. Toutes nos troupes marchent contre celles des Etats-Unis du Nord. Elles seront remplacées par des volontaires...  Je ne sais où nous allons... Qui dévoilera l'avenir ?  Priez pour nous, afin que nous traversions, sains et saufs, cette bourrasque sans pareille !... Quelle désorganisation !...  Indescriptible !...  Nous tâchons de mener la vie religieuse aussi exactement que possible... Les jeunes Pères trouvent que les choses vont dans notre maison, comme au scolasticat. C'est notre seule consolation, dans un temps si mauvais.

Tous les essais de conciliation du président Lincoln…

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Message  Louis Sam 30 Déc 2023, 5:58 am


Aux États-Unis (1842-1861)

CHAPITRE IV. — AU TEXAS (1849 –1861)

§4

Troubles politiques.

SUITE

Tous les essais de conciliation du président Lincoln ayant échoué, les hostilités commencèrent, le 12 avril.

— Nos difficultés politiques s'aggravent et se multiplient, de plus en plus. Jusqu'à présent, nous en avions été quittes pour la peur ; mais actuellement la flotte des Etats du Nord croise dans notre golfe. Un gros navire de guerre nous garde à vue, à l'embouchure du fleuve. D'un moment à l'autre, d'autres vaisseaux peuvent le rejoindre, et faire une descente sur Brownsville... En prévision, nous cachons nos vases sacrés. Si Dieu ne nous prête le secours de son bras, église et maison, couvent et dépendances, tout deviendra la proie du vandalisme. Notre sacrifice est fait... Malgré tant de tribulations, Dieu ne se cache pas complètement. Au fond du cœur subsiste l'espoir d'un avenir meilleur. Nous laissons à la Providence d'arranger les événements... Elle ne nous a jamais abandonnés, dans nos épreuves... Nous avons la confiance qu'elle continuera à veiller sur nous.

Ce sont là de beaux sentiments. Non moins édifiants sont ceux que le P. Gaudet exprime dans une autre de ses lettres :

— Nonobstant les soucis et les peines, je me suis attaché à ce pays, si misérable, en ce moment, et à ses gens, les plus démoralisés du inonde. Assurément ce n'est pas naturel ; c'est donc le Seigneur qui dispose ainsi les choses, et je le remercie d'avoir allumé dans mon cœur de l'affection, pour un peuple qui est si loin d'être aimable !... Nous défrichons, dans la mesure de nos forces... nous répandons la parole sainte... d'autres recueilleront ce que nous semons dans les larmes! ... Ne serait-ce que longtemps après nous, qu'importe !... Sans doute, la postérité ne saura pas la moitié de ce que les commencements de cette mission auront coûté ; mais à Dieu rien n'échappe...

Toujours aussi héroïque se maintint le calme des vaillants apôtres, pendant cette tourmente qui dura encore plusieurs années, car la terrible guerre de Sécession ne se termina qu'en 1865.

En ce sol si bouleversé, les œuvres chrétiennes, sous l'ouragan déchaîné, poussèrent de profondes et solides racines. Après Dieu, on le doit aux fervents Oblats qui s'y dévouèrent, alors, et dont rien n'abattit le courage.

Appuyés sur la foi aux célestes promesses, indifférents aux intérêts éphémères d'ici-bas, et ne soupirant qu'après les conquêtes surnaturelles, ils regardaient, impassibles, par delà les horizons bornés de ce monde.

Au sein du fracas universel, ballottés par le flot montant des calamités publiques, qui paraissait devoir les submerger eux-mêmes, ils surnagèrent, et, au prix de mille dangers, préservèrent du gouffre insondable, creusé devant elles, une foule d'âmes qui, sans eux. se seraient inévitablement et à jamais perdues.

Les OBLATS aux États-Unis et au Mexique. - Page 2 Page_350
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Message  Louis Dim 31 Déc 2023, 5:06 am


Au Mexique (1858-1861)

CHAPITRE I.

SUR LA FRONTIÈRE (1858 –1861)
 
§1

La révolution à l’état endémique.

Non moins que le Texas, et plus encore, le Mexique fut, au XIXe siècle, le théâtre de commotions violentes.

Elles commencèrent, en 1808, quand l'Espagne eut à lutter contre Napoléon Ier. N'était-ce pas l'occasion favorable pour secouer son joug ? Trois tentatives de rébellion, sévèrement réprimées, n'aboutirent pas ; mais, en 1821, le succès couronna les efforts.

Ayant proclamé son indépendance, le Mexique s'érigea en République, composée d'une trentaine d'Etats, ou districts fédéraux, avec une Constitution calquée sur celle des Etats-Unis, souvent remaniée depuis.

Pendant les quarante ans qui suivirent, les rivalités de partis entretinrent une agitation perpétuelle, dégénérant en continuelle anarchie : troubles, dénis de justice, crimes de tout genre, assassinats...

Ces conflits incessants provenaient de la multitude de ceux qui, mus par l'ambition, et se jalousant l'un l'autre, tâchaient de créer un gouvernement à leur profit. Chacun d'eux s'intitulait le champion de la liberté, et recrutait ses troupes parmi les gens de la pire espèce, toujours prêts aux mauvais coups. A défaut de véritables victoires sur leurs adversaires, ces soldats se dédommageaient, en pillant ce qu'ils rencontraient sur leur route, mangeant et buvant aux dépens du pauvre peuple, et se vautrant dans la débauche, aux cris répétés de :  Viva la libertad !

On conçoit facilement ce que l'Église souffrit dans de telles conjonctures. Les chefs de bandes, pour se procurer l'argent indispensable à leur « armée libératrice, ejercito libertador », recouraient fréquemment à l'expédient commode de dévaliser les couvents et de vendre les biens du clergé.

§2 Matamoros.

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Message  Louis Mar 02 Jan 2024, 6:20 am


Au Mexique (1858-1861)

CHAPITRE I.

SUR LA FRONTIÈRE (1858 –1861)
 
§2

Matamoros.

En face de Brownsville, sur la rive droite du Rio Grande, fut bâtie, en 1823, la ville de Matomoros, dans une situation qui semblait devoir lui assurer un avenir prospère. Elle se développa, en effet, d'une façon assez sensible, malgré les perturbations politiques (1).

Témoin du fécond apostolat des Oblats à Brownsville, le curé, âgé et désireux de se retirer, voulut, en 1857, leur confier sa paroisse. Les Pères, toutefois, ne s'y fixèrent pas, alors, parce que l'évêque de Monterey, de qui Matamoros dépendait, expulsé de son diocèse par la Révolution, était dans l'impossibilité de sanctionner, de son autorité, cette combinaison à laquelle, plus tard, il accorda son plein assentiment.

Des Missionnaires à ce poste seraient fort utiles. Sur une population catholique de dix à douze mille âmes, on voyait à peine vingt-cinq hommes s'approcher de la Table sainte, au temps pascal. C'est que les fidèles entendaient rarement la parole de Dieu. Quand, les années précédentes, on invitait, pour les solennités, les Pères à donner un sermon, ils trouvaient la chaire couverte d'une épaisse couche de poussière.

A partir de 1858, ils y distribuèrent, tous les dimanches, le pain spirituel de la vérité ; et, en éclairant ces âmes, en amenèrent beaucoup à la pratique sérieuse des vertus.

___________________________________________

(1) Voir la carte, p. 360.

Les OBLATS aux États-Unis et au Mexique. - Page 2 Page_344

Carte de la p. 360.

§ 3 Notre-Dame du Refuge...

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Message  Louis Mer 03 Jan 2024, 5:40 am


Au Mexique (1858-1861)

CHAPITRE I.

SUR LA FRONTIÈRE (1858 –1861)
 
§3

Notre-Dame du Refuge.

Ne pouvant encore attacher définitivement les Oblats à son église, le curé, pour s'assurer leur concours, obtint de les établir dans un sanctuaire compris entre les limites de sa juridiction : celui de Notre-Dame du Refuge, jolie chapelle, récemment restaurée à neuf par une riche dame, et où les habitants allaient, de préférence, honorer la Sainte Vierge, les samedis surtout.

On en prit possession, le 22 juillet 1858. Outre le service paroissial, dont ils seraient à peu près complètement chargés, les Pères évangéliseraient les nombreux ranchos du territoire mexicain annexés à la paroisse, et s'étendant jusqu'à quinze lieues à la ronde.

— Que ces gens sont dignes de compassion, écrivait le P. Gaudet. Ils viennent, parfois, de dix journées de marche, demander à ce qu'on aille, au moins, célébrer leur mariage, ou baptiser leurs  nouveau-nés.

Dès 1859, on prépara plus de cent enfants de Matamoros à la première communion. Le bien se fit ainsi sur une plus vaste échelle, et ne cessa d'augmenter.

Retourné momentanément de son exil, l'évêque de Monterey. instruit de ces progrès consolants, confia officiellement, en 1861, la paroisse aux Oblats, et nomma l'ancien curé, M. Musquiz, chanoine de sa cathédrale.

Nous aurons à raconter, plus tard, le bien considérable accompli par les Pères en cette ville, dont la population monta rapidement, en peu d'années, au chiffre de cinquante à soixante mille âmes, pour redescendre ensuite, non moins rapidement, à celui de vingt mille.

Les OBLATS aux États-Unis et au Mexique. - Page 2 Page_351
CHAPITRE II. — MISSIONS DANS L’INTÉRIEUR (1858 –1861)…

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Message  Louis Jeu 04 Jan 2024, 6:02 am


Au Mexique (1858-1861)

CHAPITRE II. — MISSIONS DANS L’INTÉRIEUR (1858 –1861)

§1

Cruillas et Burgos.

La première mission mexicaine fut donnée, au printemps de 1859, à Cruillas, dans l'État de Tamaulipas, à cent quatre-vingts kilomètres environ au sud-ouest de Matamoros. M. Musquiz accompagna les Missionnaires, afin de les présenter à la population. Il avait même promis de prêcher le sermon d'ouverture.

— J'en tiens le manuscrit dans ma poche, disait-il. et je le tirerai, si ma mémoire faiblit.

Excellentes intentions et courage héroïque !...

A quatre kilomètres de la cité, le conseil municipal et le clergé attendaient la caravane apostolique. L'entrée fut des plus solennelles, et les habitants, attirés par la curiosité, remplirent l'église.

Intimidé par cette foule. M. Musquiz, an moment de gravir les degrés de la chaire, sentit ses forces le trahir. Pâle et chancelant, il n'osa affronter les regards de la multitude, malgré le précieux manuscrit renfermé dans sa poche. Le P. Olivier dut le remplacer. On n'y perdit rien. L'assistance charmée revint, le lendemain et les jours suivants, toujours plus nombreuse.

Quand le curé de Matamoros vit que, grâce à l'éloquence des Oblats. l'affaire prenait bonne tournure, il jugea sa tâche terminée, enfourcha son cheval, et. au galop, regagna ses pénates, pour savourer dans le silence les douceurs d'un repos si mérité.

Entendre la parole de Dieu était chose si nouvelle pour les habitants de Cruillas ! Leur pasteur, semblable en cela à la plupart de ses confrères. ne les avait jamais fatigués par des prédications trop fréquentes. Ils goûtèrent les instructions, et ne s'en lassèrent pas.

Moins vif fut leur empressement autour des confessionnaux. Depuis si longtemps ils ne s'étaient approchés du Tribunal de la pénitence ! Il leur en coûtait... A la fin de la seconde semaine, après les sermons sur les vérités éternelles,  ils se décidèrent, pourtant.  Durant les quinze jours qui suivirent, la grâce coula abondante sur les cœurs touchés et repentants.

Les grandes cérémonies, telles que la consécration à la Sainte Vierge, la promulgation de la loi, la rénovation des promesses du baptême et autres, les enthousiasmèrent.

— Ah ! s'écriaient-ils, ravis, la religion de ces Pères est bien plus belle que la nôtre !

Un des résultats les plus consolants fut l'institution de l'Adoration perpétuelle. Auparavant, quel délaissement du divin Sauveur dans son Eucharistie ! Désormais, de fervents adorateurs s'agenouilleraient, à tour de rôle, devant le Tabernacle.

Au moment du départ, les larmes et la tristesse générale prouvèrent que la population…

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Message  Louis Ven 05 Jan 2024, 6:34 am


Au Mexique (1858-1861)

CHAPITRE II. — MISSIONS DANS L’INTÉRIEUR (1858 –1861)

§1

Cruillas et Burgos.

SUITE

Au moment du départ, les larmes et la tristesse générale prouvèrent que la population entière s'était profondément affectionnée aux Missionnaires. Les principaux citoyens, montés à cheval, les escortèrent, pendant huit à dix kilomètres ; puis, déléguèrent deux d'entre eux, pour les accompagner jusqu'à Matamoros.

Sur le seuil de son presbytère. M. Musquiz. radieux, leur ouvrit les bras, en disant :

— Vous avez vu les habitants de Cruillas. Tous ceux du Tamaulipas leur ressemblent. Partout, même réforme à opérer. Avec la grâce de Dieu, nous y réussirons, n'est-ce pas ?

Seules les missions, en effet, régénéreraient ces peuples plongés dans l'ignorance. Avec eux, il y avait tout à faire, et il fallait leur enseigner jusqu'aux premiers éléments, tant la confusion régnait dans leur esprit. Très attachés à la foi, ils la noyaient dons une masse de superstitions. Ce ne serait pas sans de persévérants efforts, qu'on les dégagerait de ce fatras de faussetés, d'autant plus que les agents de l'erreur tentaient, par les moyens les plus variés, de les enfoncer de plus en plus dans les ténèbres.

Après le temps pascal, les Pères Olivier et Parisot consacrèrent de six à sept semaines à évangéliser Burgos et une autre ville voisine. Ces deux missions réussirent à merveille.

A l'annonce de ce succès, plusieurs paroisses, dans un rayon de soixante lieues, envoyèrent des délégations aux Pères, pour les supplier de leur accorder la même faveur. Les curés n'étaient pas les moins ardents à solliciter cette grâce. La vue du résultat de ces prédications simples, mais claires et si touchantes, leur montrait à eux-mêmes comment ils devaient s'y prendre, pour instruire leurs ouailles, auxquelles ils s'étaient contentés, jusqu'alors, de donner, en de rares circonstances, des sermons d'apparat, incompréhensibles pour la plupart des auditeurs.

— Les Missionnaires nous apprennent beaucoup de vérités que nous n'avions jamais entendues, disaient les gens. Chaque jour, ce sont des choses nouvelles. Que leur religion est belle ! Nous ne nous en étions jamais doutés.

Leur admiration et leur joie ne se traduisaient pas seulement par des paroles ; mais ils venaient, en foule, au confessionnal.

A la clôture de la mission de Burgos, les Pères plantèrent une grande croix, sur le piédestal de laquelle on grava les armes de la Congrégation et les initiales O. M. I. en lettres d'or.

C'était un jalon posé sur la route du Mexique, qui s'ouvrait largement aux Oblats de Marie.
§ 2 Victoria et la police ombrageuse.

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Message  Louis Sam 06 Jan 2024, 7:04 am


Au Mexique (1858-1861)

CHAPITRE II. — MISSIONS DANS L’INTÉRIEUR (1858 –1861)

§2

Victoria et la police ombrageuse.

Désireux de fixer dans son diocèse les apôtres dont il estimait les travaux., l'évêque, exilé de Monterey. chargea son grand vicaire d'établir les Pères à Victoria, capitale du Tamaulipas.

Malgré son titre que lui valait sa position centrale, cette ville ne comptait guère que de six à sept mille âmes. L'endroit est agréable et très sain, par suite de la proximité d'une chaîne importante de hautes montagnes : la Sierra madre orientale. Située à quatre cent cinquante mètres d'altitude, la cité est entourée de riantes campagnes, où abondent les palmiers et les orangers.

Les Pères Olivier et Sivy s'v rendirent, le 5 mars 1860 : mais ils durent, par prudence, renoncer à inaugurer leur ministère par une mission en règle, qui aurait éveillé les susceptibilités du pouvoir civil extrêmement ombrageux.

Ayant récemment aboli les couvents, le gouvernement, soi-disant libéral, n'aurait pas toléré qu'une communauté religieuse se constituât sous ses yeux. Les deux Pères ne se présentèrent donc que comme curé et vicaire. Plus tard, quand ils auraient pris solidement racine dans la place, ils appelleraient quelques confrères, pour les adjoindre successivement à eux.

Dès le principe, ils conquirent la confiance, et virent leurs confessionnaux fréquentés. Bien meilleure, d'ailleurs, que celle de la frontière, la population se plaisait beaucoup aux manifestations extérieures du culte.

— J'eus à porter le saint Viatique, racontait le P. Sivy. Jamais je n'avais assisté à un tel déploiement de pompe. La musique de la troupe ouvrait la marche. Deux longues files d'hommes avec des flambeaux précédaient le Très Saint Sacrement, tandis que les notables portaient le dais, et que d'autres lui faisaient un cortège d'honneur. En arrière, suivaient  plus de deux cents femmes, ayant presque toutes aussi des cierges allumés. Dans la rue semée de fleurs, se dressaient, de distance en distance, des arcs de triomphe. Enfin, dans le pauvre jacal du malade, transformé en élégante chapelle, les voisins avaient disposé, en guise de tapis et de tenture, ce qu'ils possédaient de plus précieux.

Très solennelles furent les cérémonies de la Semaine Sainte. Pendant les trois derniers jours, les magasins restèrent fermés, et les voitures ne circulèrent plus. La ville entière rentra dans le silence et le recueillement. De fort loin arrivaient les ranchéros, qui envahissaient l'église, aux heures des offices.
§3 Persécution...

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Message  Louis Dim 07 Jan 2024, 4:31 am


Au Mexique (1858-1861)

CHAPITRE II. — MISSIONS DANS L’INTÉRIEUR (1858 –1861)

§3

Persécution.

Enhardi par le triomphe croissant des révolutionnaires dans les autres parties du Mexique, le Gouvernement du Tamaulipas résolut d'exécuter son projet de soumettre pleinement la juridiction ecclésiastique au pouvoir civil. Pour atteindre ce but, il procéda par une série de tracasseries, d'abord mesquines, puis méchantes et carrément hostiles, avec menaces d'amende et de prison.

N'ayant pas consenti à se plier à ces exigences sacrilèges, les Pères reçurent, le 20 décembre, notification officielle du décret d'expulsion formulé contre eux.

— Le matin de notre départ, écrivait le P. Sivy, la foule accourue pour nous faire ses adieux, remplissait le presbytère. Des mères en pleurs nous priaient de bénir leurs enfants ; d'autres se jetaient à genoux, en demandant de nous baiser les mains. Des personnes riches nous offraient leur rancho, ou leur hacienda (maison de campagne), tandis que les moins fortunés nous apportaient quelques petites provisions de voyage, en nous suppliant de les accepter. Quand il fallut nous arracher du milieu de ces braves gens, nous eûmes beaucoup de difficultés, pour nous frayer un passage jusqu'à notre voiture. Alors, tous tombèrent à genoux, pour être bénis, une fois encore.

Arrivés, la veille de la Noël, à la Gavia, grand rancho d'un millier d'âmes, les Pères s'y installèrent provisoirement, dans l'attente du jour où il leur serait possible de retourner à Victoria. Dans cette région reculée, le bien à faire ne manquait pas. Rarement les prêtres l'avaient visitée, et les paroisses des environs étaient dépourvues également de secours spirituels.

Il semblait aux Missionnaires que, loin de toute autorité civile, et comme perdus dans les montagnes, ils seraient à l'abri de la persécution.

Elle ne tarda pas à les atteindre. Après trois semaines, des sbires leur signifièrent d'avoir à repasser la frontière. Une fois de plus, ils secouèrent la poussière de leurs pieds, et, vers la fin du mois de janvier 1861, rentrèrent à Brownsville.

— J'espère que leur éloignement de Victoria ne sera que momentané, écrivait le P. Gaudet, le 12 mars.

On avait d'autant plus de motifs de le croire, que les Pères de Matamoros, obligés, eux aussi, de quitter, avaient pu revenir, deux mois après leur départ.

En avril, les Pères Olivier et Sivy regagnaient, à leur tour, le Mexique : ils allaient desservir une paroisse à quelques lieues de Victoria, pour préparer, de ce poste avancé, leur retour dans la capitale.
§4 Guerre civile et étrangère...

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Message  Louis Lun 08 Jan 2024, 5:39 am


Au Mexique (1858-1861)

CHAPITRE II. — MISSIONS DANS L’INTÉRIEUR (1858 –1861)

§4

Guerre civile et étrangère

Depuis quatre ans, cependant, les discordes intestines ne cessaient de croître d'intensité. En 1857, le Gouvernement fédéral avait publié une constitution qualifiée de libérale, mais qui, inspirée par le sectarisme le plus aveugle, asservissait complètement l'Eglise à l'Etat : suppression des Ordres religieux ; liquidation des biens du clergé, convertis en biens nationaux : administration des sacrements remise à l'arbitrage des fonctionnaires civils, etc.

Ces lois tyranniques suscitèrent des émeutes. Mexico et plusieurs États du Sud s'opposèrent à leur application, et organisèrent un mouvement de réaction très vive, sous la direction du général Miramon. Les États du Nord voulurent, au contraire, les soutenir, élurent Juarez pour chef, et choisirent Vera-Cruz pour capitale.

Pendant trois ans de luttes fratricides, de cruautés inouïes et de scènes d'impiété, le sang coula à flots. Ce fut, pour les deux partis, une suite de succès et de revers alternatifs.

Au commencement de 1860, les factieux, assiégés dans Vera-Cruz et réduits à la dernière extrémité, étaient sur le point de se rendre, quand les Etats-Unis capturèrent les navires qui bloquaient cette ville du côté de la mer, et contraignirent ainsi l'armée de l'ordre à s'écarter du rivage.

Obligé de se tenir sur la défensive, Miramon ne put empêcher les « libéraux » de renforcer leurs colonnes, de s'emparer de plusieurs villes, et, au mois de décembre, de cerner Mexico qui dut capituler.

Le premier acte des vainqueurs fut de disperser les religieux, de confisquer leurs biens et ceux du clergé, d'expulser les évêques, et de bannir même le Nonce du Pape, qu'une populace furieuse poursuivit d'une grêle de pierres et renversa dans la boue.

A bref délai, le triomphe des partisans de l'anarchie amena la guerre étrangère. Juarez ayant refusé d'indemniser les Européens des pertes matérielles et financières subies durant la guerre civile, la France, l'Angleterre et l'Espagne s'allièrent, et résolurent d'intervenir pur les armes. Il en résulta un blocus maritime qui interrompit presque entièrement, plusieurs années, les communications entre les Oblats de ces contrées et le centre de la Congrégation.

Nous aurons à dire, plus tard, comment, malgré tant de difficultés sans cesse renaissantes, l'œuvre sanctificatrice des Pères continua, s'affermit et se développa. Ce fut un spectacle digne d'admiration, et ce récit touche au roman. Guerres, cyclones, révolutions, émeutes, fièvre jaune, sécheresses, calamités de tout genre : rien n'y manqua. Mais, si. pour les ouvriers apostoliques, les souffrances furent grandes, merveilleuse sans doute aura été pour eux la récompense au ciel.

Les OBLATS aux États-Unis et au Mexique. - Page 2 Page_352

FIN de la publication du tome II sur les Oblats en Amérique.

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