Les OBLATS en Amérique.

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Message  Louis Mer 02 Aoû 2023, 5:57 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE III

LONGUEIL (1842-1844).

§ 1

Le Père Léonard.

SUITE

S'apercevant qu'une vie des plus actives lui était nécessaire, ses supérieurs, en 1834, le rappelèrent à Montréal qui ne constituait, alors, qu'une seule paroisse, confiée aux Sulpiciens. Quoique la population de la cité fût loin d'approcher du chiffre qu'elle atteignit plus tard, cette unique paroisse, très considérable, exigeait une grande somme de labeurs. Il y dépensa, sans mesure, cette exubérance de forces qui bouillonnaient en lui. Son heureux caractère, son zèle infatigable, son dévouement à toute épreuve, lui attirèrent bientôt l'estime et l'affection générales.

Mais, lorsque, en décembre 1841, et durant les premiers mois de 1842, il eût vu les Oblats parcourir les villes et villages, pour y donner ces missions qui produisirent partout des fruits si abondants, il comprit que ses désirs allaient, enfin, se réaliser. Ce fut comme un trait de lumière. Sa vocation se révélait à lui. Il se sentait organisé pour cette Société, dont l'esprit, le but et les œuvres répondaient si complètement aux aspirations, qui, depuis si longtemps, tourmentaient son âme. Sans tarder, il mit ordre à ses affaires, et, dès qu'il eut reconquis sa liberté, le 1er août 1842, il franchit le seuil du noviciat, le cœur débordant d'une céleste joie.

Il n'offrait pas seulement sa personne à la Congrégation, mais aussi une belle maison avec jardin, à Longueuil, ville assise presque en face de Montréal, sur la rive droite du Saint-Laurent, et, comme nous l'avons raconté plus haut, déjà évangélisée par les Pères avec un remarquable succès.

Propriétaires de cet immeuble. M. Olivier Berthelet, riche bourgeois, et Mlle Thérèse Berthelet. sa sœur, dans l'intention d'y établir des Missionnaires, l'avaient cédé au P. Léonard. Une autre bienfaitrice, Mlle Quevillon, pour assurer des ressources, légua une terre avec bâtiments et  dépendances,  située sur la  paroisse Saint-Vincent-de-Paul.

Quand, le noviciat achevé, le P. Léonard prononça ses vœux dans la chapelle intérieure de la communauté de Longueuil, Mgr Bourget. Mgr Gaulin, évoque de Kingston, et une foule de personnes distinguées, prêtres et laïques, assistèrent, très sympathiques, à la cérémonie.

Au lendemain de sa profession, dans la plénitude de ses forces physiques et de son talent, il était déjà un Missionnaire armé de toutes pièces. Un champ immense s'ouvrait, maintenant, devant lui. Rien ne l'empêcherait de mener rondement le combat contre l'enfer.

A suivre : § 2 Satisfaction  de Mgr Bourget. —  Les PP. Allard,  Brunet,  Laverlochère.

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Message  Louis Jeu 03 Aoû 2023, 5:26 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE III.

LONGUEIL (1842-1844).

§ 2

Satisfaction  de Mgr Bourget. —  Les PP. Allard,  Brunet,  Laverlochère.

De plus en plus, l'évêque de Montréal se félicitait de posséder les Oblats. En janvier 1843, il écrivait à Mgr de Mazenod :

—   Partout où prêchent vos fils, dans mon diocèse, celui de New-York et autres, la grâce opère d'une manière admirable. Après leur passage, les paroisses sont régénérées. Celles qui n'ont pas encore été évangélisées par eux, réclament cette faveur avec l'empressement le plus vif. Universellement on les a en vénération; on ne les appelle que les saints Pères. A la fin de chacune de leurs missions, à peine trois ou quatre personnes qui ne se soient pas confessées. Ceci vous prouve, mieux que les récits les plus flatteurs, les heureux fruits de leurs travaux. Dieu  les  bénit  étonnamment.

Dans une autre lettre, du mois de juin 1843, il disait :

— Tout  va  à  merveille. Votre  Institut prospère de  plus en plus dans ce pays, où il rend et rendra d'incalculables services.

Le 27 août, il écrivait encore :

— J'ai la consolation et le plaisir de vous apprendre que tout est pour le mieux. Les chers vôtres gagnent, chaque jour, du terrain.

Régulièrement établi à Longueuil, le noviciat se peuplait de bons sujets. Plusieurs…

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Message  Louis Ven 04 Aoû 2023, 6:36 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE III. — LONGUEIL (1842-1844).

§ 2

Satisfaction  de Mgr Bourget. —  Les PP. Allard,  Brunet,  Laverlochère.

SUITE

Régulièrement établi à Longueuil, le noviciat se peuplait de bons sujets. Plusieurs prêtres montraient l'intention de suivre l'exemple du P. Léonard, et l'évêque, loin de s'y opposer, les secondait manifestement, quoique son clergé ne fût pas aussi nombreux qu'il l'eût souhaité. Mais il comptait, non sans raison, que Dieu le dédommagerait au centuple.

Après le Chapitre général de 1843 arriva un renfort d'ouvriers, parmi lesquels, comme maître de novices, le P. Allard, homme d'une exemplaire régularité, plusieurs années professeur de philosophie, puis d'Écriture Sainte, au grand séminaire de Marseille, et destiné par la Providence à fonder le vicariat apostolique de Natal, dans l'Afrique australe.

Ses compagnons de voyage, les Pères Laverlochère et Brunet, futurs Missionnaires des sauvages de la baie d'Hudson, étaient animés aussi du meilleur esprit.

— Ils excitent mon admiration et ma tendresse, écrivait d'eux Mgr de Mazenod. Impossible d'avoir des sentiments plus généreux, un dévouement plus ardent, des pensées plus surnaturelles. Ils font le sacrifice de leurs affections les plus légitimes, avec une véritable joie puisée dans la fidélité à leurs devoirs et l'amour de leur sainte vocation. Persuadés qu'ils ne reverront plus leur patrie, ils se reprocheraient de la regretter.

— Dieu nous ordonne de marcher, disaient ces vaillants apôtres : nous n'avons pas à regarder en arrière.

Exprimant son bonheur de voir ainsi le chiffre des Oblats augmenter dans son diocèse, Mgr Bourget écrivait, de son côté, le 19 octobre 1843 :

— Je ne saurais trop vous témoigner ma reconnaissance pour votre charité. Comment ne serais-je pas surpris, quand vous me remerciez tant, vous-même, des attentions que j'ai pour vos enfants ? Mais c'est à moi de vous remercier, les mains jointes, pour tous les sacrifices que vous vous imposez si généreusement, afin d'alléger l'énorme fardeau que je porte.

Au sujet du P. Allard, et, après l'avoir vu à l'œuvre, l'évêque de Montréal  écrivait,  le  15 décembre  1843 :

— Quel précieux cadeau vous nous avez fait, dans l'excellent P. Allard ! C'est un saint, et je crois qu'il va tous nous sanctifier, comme lui. Je bénis le Seigneur de vous avoir inspiré la pensée de nous le céder.

Dans la même lettre, le prélat nous révèle qu'il avait complètement adopté un usage cher au cœur du vénéré Fondateur :

— Vos Pères donnent, en ce moment, une grande mission à la paroisse de Saint-Jacques de l'Achigan. Je partirai, demain, pour aller la clore par la visite épiscopale. Depuis que vos Oblats sont ici, je suis ordinairement cette méthode, et je m'en trouve extrêmement bien. Aussi continuerai-je de la sorte, tant que je pourrai.

Citons, pour terminer…

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Message  Louis Sam 05 Aoû 2023, 6:13 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE III. — LONGUEIL (1842-1844).

§ 2

Satisfaction  de Mgr Bourget. —  Les PP. Allard,  Brunet,  Laverlochère.

SUITE

Citons, pour terminer, un extrait de la lettre écrite par Mgr Bourget à Mgr de Mazenod, un an plus tard, le 10 octobre 1844 :

— La bonté avec laquelle vous accueillez toutes mes demandes; les parfaits religieux que vous m'envoyez; la délicatesse que vous mettez dans tous vos procédés, mériteraient assurément plus que de simples réponses de remerciements et d'actions de grâces. Mais vous êtes accoutumé à n'agir que pour Dieu, et à n'attendre rien de la créature pour prix de vos services. Dans ces conditions, je vois que je contribue largement à l'accroissement de vos vertus.

Par les bouches les plus autorisées, la renommée déjà proclamait au loin, par delà l'Atlantique, les succès apostoliques des Oblats en Amérique. Nous avons raconté, dans le volume précédent, comment l'évêque d'Halifax, de passage en Irlande, en parla avec enthousiasme à l'archevêque de Dublin et au nombreux clergé qui l'entourait.

Les OBLATS en Amérique. - Page 2 Pzore_11

A suivre : CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa) (1844).

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Message  Louis Dim 06 Aoû 2023, 6:27 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa)  (1844).

§ 1

Un germe de capitale.

Presque deux cents kilomètres à l'ouest de Montréal, on rencontre, de nos jours, une belle cité, nommée Ottawa depuis 1851, comme l'imposant cours d'eau coulant à ses pieds. Elle devint, quatre ans plus tard, le centre administratif de la Confédération canadienne qui, s'étendant de l'Atlantique au Pacifique, embrasse maintenant une superficie vaste comme l'Europe.

Là, siège le Parlement, et réside le gouverneur général, représentant de la Couronne britannique.

Sur un plateau, d'une cinquantaine de mètres au-dessus du niveau de la rivière où elles se reflètent, on admire les magnifiques constructions du Corps législatif, en style gothique du XIIe siècle, contenant la Chambre du Sénat et celle des Communes, salles richement ornées, et de mêmes dimensions que la Chambre des Pairs, à Londres. La façade, de cent soixante-dix mètres de longueur, est dominée, au milieu, en avant, par une tour de plus de quatre-vingt mètres, et, en arrière, par la bibliothèque, svelte coupole de trente mètres de hauteur, imitation de celle du British Museum. Ce majestueux édifice, aux fenêtres ogivales encadrées de grès rouge, est, à l'extérieur, d'un aspect plutôt sévère et moyenâgeux. Une teinte sombre semble le revêtir déjà, malgré sa jeunesse, de la respectable patine du temps, et lui conférer par anticipation une touche de vénérable antiquité.

Séparées à droite et à gauche, de monumentales bâtisses, de même style, avec de massives tours carrées aux toits aigus et une multitude de pignons et de flèches, abritent les principaux services publics.

Le tout a coûté une trentaine de millions de francs.

Des chemins de fer convergeant des divers points de l'horizon ; des tramways électriques sillonnant les rues larges et tirées au cordeau ; de luxueux hôtels, des maisons spacieuses et des magasins abondamment fournis des marchandises les plus variées; des parcs, jardins, et boulevards donnent à Ottawa la physionomie d'une opulente ville moderne, jouissant de tout le confort désirable.

Vers 1844, il en était bien autrement. Ottawa s'appelait alors Bytown, ou ville de By…

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Message  Louis Lun 07 Aoû 2023, 6:23 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa)  (1844).

§ 1

Un germe de capitale.

SUITE

Vers 1844, il en était bien autrement. Ottawa s'appelait alors Bytown, ou ville de By, nom d'un colonel de l'armée anglaise. A cet officier on doit le canal qui, utilisant et régularisant le cours du Rideau, affluent de l'Ottawa, unit cette rivière au lac Ontario, près de Kingston. Par cette entreprise, le gouvernement voulut, en 1827, ouvrir une voie sûre aux bateaux, hors de la portée des pièces à feu de l'ennemi, durant les périodes d'hostilité, car, au sortir de ce lac, pendant plus de deux cents kilomètres, le Saint-Laurent côtoie la frontière des États-Unis. Le canal entraîna une dépense de douze à treize millions de francs. A son point de jonction avec l'Ottawa, By traça le plan d'une ville que l'on baptisa de son nom, mais qui. en 1843. n'était encore qu'un village, habité par un  millier d'Irlandais  et autant  de  Canadiens.

En raison de ses proportions, l'Ottawa fut justement surnommée la « grande rivière » par les anciens voyageurs. Son parcours dépasse onze cents kilomètres, dont plus de quatre cents sont navigables. Elle déverse dans le Saint-Laurent, près de Montréal, un volume d'eau trois fois plus abondant que celui que le Rhin jette dans la mer du Nord. Plusieurs de ses cascades sont remarquables, entre autres celle de la Chaudière, à l'entrée de Bytown. où, quoique fort resserrée en cet endroit, elle forme un fer à cheval de plus de soixante-dix mètres de large, et se précipite avec fracas, d'une hauteur de vingt mètres, dans un enfoncement d'où s'exhalent sans cesse d'épaisses vapeurs, comme d'une chaudière en ébullition.

A l'extrémité opposée de la ville, ne sont pas moins dignes d'attention les chutes de la rivière Rideau, ainsi appelée, parce que ses eaux, en tombant perpendiculairement d'une hauteur de quinze à seize mètres dans celles de l'Ottawa, ressemblent beaucoup à un rideau tendu.

Dans le voisinage, sur la rive gauche de l'Ottawa, est le confluent de la Gatineau, le plus important de ses affluents, qui coule presque directement du nord au sud, pendant plus de quatre cents kilomètres, et présente aussi, sur son parcours, des chutes très pittoresques.

§ 2. Chantiers et terres de chasse…

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Message  Louis Mar 08 Aoû 2023, 6:21 am



Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa)  (1844).

§ 2

Chantiers et terres de chasse.

Ces trois rivières faisaient de Bytown l'entrepôt naturel du commerce si considérable des bois de charpente, extraits des forêts immenses dont est couvert le nord du Canada. Autrefois, elles s'avançaient, presque sans interruption, de l'océan Atlantique au lac Supérieur, en remontant jusqu'aux plages glacées de la baie d'Hudson, sur une longueur de plus de trois mille kilomètres et une superficie de près de quatre cent mille kilomètres carrés. Fonds inépuisable ! car, des racines des arbres géants abattus,  sortaient  une  foule  de  rejetons   vigoureux,  qui,  au  bout  de quelques années, comblaient les vides causés par la hache.

Non seulement ces trois puissants cours d'eau et leurs tributaires offraient des commodités de transport pour les lourdes masses de bois, mais leurs cascades renfermaient un pouvoir hydraulique énorme.

Les OBLATS en Amérique. - Page 2 Captu189

Auprès de ces forces naturelles qu'il suffisait de capter, on installa, de bonne heure, des scieries mécaniques. Aujourd'hui encore, autour des chutes de la Chaudière se groupent beaucoup de ces établissements, dont quelques-uns emploient jusqu'à un millier d'hommes. Chaque année, descendent, là, en moyenne, de trois à quatre millions de billots, de diverses essences: pins, hêtres, ormes, chênes, etc.; et constamment, dans des dépôts environnants, est accumulée une réserve de cent vingt millions de pieds.

Sans s’être encore développé…

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Message  Louis Mer 09 Aoû 2023, 5:36 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa)  (1844).

§ 2

Chantiers et terres de chasse.

SUITE

Sans s’être encore développé  dans  les  dépôts  environnants,  est  accumulée  une  réserve  de  plus  de cent vingt millions de pieds.

Sans s'être encore développé à ce point, le commerce du bois, il y a trois quarts de siècle, occupait, néanmoins, de nombreux ouvriers. qui, s'ils ne résidaient pas tous ordinairement à Bytown,  y séjournaient, par intervalles, même assez longuement.

Des entrepreneurs, ayant sous leurs ordres chacun de quatre à cinq cents bûcherons, choisissaient un endroit de la forêt à exploiter, et les y amenaient avec eux. Pendant cinq ou six mois, ces phalanges de travailleurs coupaient les madriers, poutres, chevrons ; puis ils les transportaient par la voie fluviale. A Bytown se concentraient ces interminables convois, qui, de là, toujours par la même méthode, se dirigeaient vers Montréal et Québec, soit pour la vente en Canada, soit pour l'expédition en Angleterre, ou ailleurs.

Les chantiers d'abatage constituaient des espèces de villages, séparés par des distances très grandes. Pour atteindre quelques-uns d'entre eux, on avait à franchir, parfois, plus de trois cents kilomètres, sur la neige, à travers des champs incultes, des fondrières, des marécages ; ou sur des cours d'eau, fort dangereux à cause de leurs pentes excessives, appelées « rapides ». Les canots étaient exposés à s'y briser en mille pièces sur les rochers, quand ils ne s'engloutissaient pas dans un abîme.

Disséminée dans la forêt sans limite, il y avait donc une nombreuse population,  privée de tout  secours  religieux.

Comment l'évangéliser…

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Message  Louis Jeu 10 Aoû 2023, 6:01 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa)  (1844).

§ 2


Chantiers et terres de chasse.

SUITE

Comment l'évangéliser, d'autant plus qu'elle se déplaçait sans cesse,  d'après  les  besoins  de  l'exploitation ?

Souvent Mgr Bourget y pensait…

Le 19 octobre 1843, il en écrivit à Mgr de Mazenod :

— Vous devinez bien, lui disait-il, qu'on ne saurait donner des curés à ces camps volants ! Seuls des Missionnaires pourraient visiter ces pauvres gens, l'hiver, et, au printemps, les revoir, à l'embouchure des rivières où ils se rencontrent, pour assembler leurs bois en radeaux, qui flottent ensuite à la dérive, et couvrent notre Saint-Laurent.

Difficile, cette œuvre de régénération était urgente, car. laissés à eux-mêmes, ces ouvriers se livraient à toutes sortes d'excès.

Puisque le but de votre Congrégation, ajoutait Mgr Bourget. est de rechercher les brebis dispersées de la maison d'Israël, où donc, mieux que dans ces  chantiers,  trouverait-elle à  exercer son  zèle ?

Mais, pour réussir dans cette série de campagnes apostoliques, il fallait aux Oblats une résidence à Bytown. Centre du commerce, cette ville devait être aussi le centre de l'évangélisation de ces milliers d'âmes.

En même temps, cet établissement serait un boulevard avancé, pour la guerre au démon, à la domination duquel il s'agissait d'arracher les peuplades encore infidèles.

A quelques centaines de kilomètres plus au nord, commençaient les terres de chasse des sauvages. Pendant la majeure partie de l'année, ces païens erraient dans leurs forêts épaisses, sur les pistes des troupeaux de fauves de toute taille, dont ils convoitaient la chair ou les fourrures. Puis, à certaines époques, ils se réunissaient autour des « forts », ou comptoirs des marchands de pelleteries qui leur achetaient le produit de leur chasse. Les Missionnaires s'y rendraient aussi. Mais, pour éviter de perdre le temps en courses inutiles, une résidence moins éloignée que celle de Longueuil leur était nécessaire.

Pour cette fin encore, Bytown paraissait désigné. De cet avant-poste, les  intrépides chercheurs d'âmes s'élanceraient jusqu'à la baie d'Hudson.

§ 3. Sur les bords de l'Ottawa et de la Gatineau...

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Message  Louis Ven 11 Aoû 2023, 6:10 am


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CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa)  (1844).

§ 3

Sur les bords de l'Ottawa et de la Gatineau.

Quoique la plupart de ces chantiers et terres de chasse fussent entre les limites du diocèse de Montréal, alors extrêmement étendu, Bytown, placé sur la rive droite de la « grande rivière » qui séparait les deux Canadas, dépendait du diocèse de Kingston, créé en 1826 pour l'Ontario. L'évêque de cette ville ne désirait pas moins que Mgr Bourget, s'assurer la collaboration des Oblats. Dès leur arrivée à Saint-Hilaire. il la leur avait instamment demandée.

De son côté, mis au courant de la triste situation de tant d'âmes sans prêtres, Mgr de Mazenod écrivait au P. Honorat, avec cette générosité qui le caractérisait :

— Oh ! oui ! très volontiers je consens que notre Congrégation se consacre à la sanctification des chantiers et à la conversion des sauvages. Aussi l'établissement de Bytown est parfaitement de mon goût. Je le regarde comme très important, sous ce rapport, et j'entre entièrement dans vos vues.

Le P. Telmon y vint donc, avec le titre de supérieur local, au mois de janvier 1844. Son premier soin fut de pacifier les esprits : chose indispensable et ardue. Des rixes éclataient, fréquentes et si violentes que le sang coulait parfois. Les rudes « hommes de chantiers » qui, au nombre de quatre à cinq mille, y séjournaient, deux fois l'année, habitués à vivre sans frein aucun, n'apportaient ni la moralité, ni la concorde. En outre, les deux éléments si divers qui composaient la population ordinaire, Irlandais et Canadiens, étaient loin de s'entendre. Des rivalités déplorables, inspirées par les préjugés nationaux, engendraient des causes incessantes de troubles.

Tout en s'occupant constamment du salut des âmes confiées à son zèle, le P. Telmon se dévoua, avec cette activité entreprenante qui ne reculait devant aucun obstacle, à la construction d'une église dont le besoin se faisait de plus en plus sentir. A une haute intelligence il unissait un rare sens pratique. Avant lui. on avait jeté, le 26 octobre 1841, les fondements d'une église de quarante-cinq mètres de long sur une vingtaine de large ; mais les difficultés toujours renaissantes avaient découragé ses prédécesseurs, qui, par deux fois, abandonnèrent les travaux, laissant les murs à quelques pieds au-dessus du sol.

Il reprit l'œuvre avec une ténacité que rien ne devait abattre, se révéla architecte, car il transforma très heureusement le plan primitif, de roman en gothique, et en poussa si vigoureusement l'exécution, que le gros œuvre fut terminé en sept ou huit mois. L'inauguration eut lieu, le 15 août 1844.

Au mois de mai, il avait reçu un précieux auxiliaire dans la personne du P. Dandurand, très habile aussi en matière de construction. A lui était réservé l'honneur d'agrandir l'édifice, quelques années plus tard, de le compléter par un beau sanctuaire, et de le doter de deux magnifiques tours de soixante-cinq mètres, qu'il dessina lui-même. Leur élégance, leur légèreté et la pureté de leurs lignes témoignent de son bon goût et de son réel talent.

Malgré ces labeurs absorbants, ni l'un ni l'autre n'oubliaient les brebis perdues. Du haut des…

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CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa)  (1844).

§ 3

Sur les bords de l'Ottawa et de la Gatineau.

SUITE

Malgré ces labeurs absorbants, ni l'un ni l'autre n'oubliaient les brebis perdues. Du haut des rochers qui dominent l'Ottawa, ils aimaient à contempler les immenses et innombrables radeaux, dont le lit de la rivière se couvrait régulièrement. Une fourmilière d'hommes s'agitaient sur ces amas de madriers et de planches.

— Tenez ! disait le P. Telmon, voilà où serait notre place. Posséder une embarcation à soi ; courir d'un radeau à l'autre : grimper, descendre, circuler en toutes directions; prêcher, confesser ces gens-là; se faire pêcheur d'hommes, avec les allures d'un pêcheur de poissons, durant l'été, et, l'hiver, aller dans la forêt à la chasse des hommes, comme les sauvages vont à la chasse du caribou !... Et ces païens aussi comme ils m'attirent !...

De telles paroles exprimaient plus qu'un souhait: elles énonçaient un programme.

Peu après, le P. Telmon remontait la Gatineau sur un simple canot d'écorce. Accompagné d'un membre de la Société d'Histoire naturelle de Montréal et d'un arpenteur du gouvernement, il s'aventura jusque dans des régions alors presque totalement inconnues. La rivière coulait au milieu d'une des plus imposantes forêts de pins qu'on puisse imaginer.
Plusieurs de ces arbres superbes avaient jusqu'à soixante mètres de hauteur et pins de dix mètres de circonférence à la base.

Le soir, on s'enroulait dans une couverture, et l'on couchait sur le sol, à la belle étoile.

Annonçant à Mgr de Mazenod cette première excursion, il lui avait dit, la veille :

— Nous verrons les sauvages Têtes-de-Boule, et d'autres non moins intéressants... Voilà donc de la place pour des légions de Missionnaires !... Envoyez, envoyez du monde, tant que vous voudrez: il y a du travail pour tous. Les tribus errantes dans la vallée supérieure de l'Ottawa, ou dispersées autour des lacs Témiskamingue et Abitibi, réclament également des pasteurs.

§ 4. Le P. Guigues chargé d'organiser la province naissante du Canada...

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§ 4

Le P. Guigues chargé d'organiser la province naissante du Canada.

Tandis que les Oblats étendaient ainsi leur apostolat jusqu'à la baie d'Hudson, l'archevêque de Québec leur offrait la mission du Saguenay qui devait les conduire jusqu'à la côte du Labrador. Dans l'Ontario, l'évêque de Toronto, siège érigé en 1841, les appelait aussi.

Aux Etats-Unis, où leurs travaux dans les townships de l'est les avaient fait si avantageusement connaître, leur présence était désirée. L'évêque de Louisville, dans le Kentucky, sur l'Ohio, dépêchait à Marseille un de ses confidents, pour les obtenir. Celui de Pittsburg, dans la Pennsylvanie, l'imita, et profita ensuite de son voyage en Europe pour renouveler de plus vives instances. N'ayant pas trouvé Mgr de Mazenod dans sa ville épiscopale, il alla le chercher à Notre-Dame des Lumières. L'évêque de New-York expédiait courriers sur courriers, dans le même but.

En outre, à plusieurs milliers de kilomètres de Montréal, Mgr Provencher, vicaire apostolique de l'immense Nord-Ouest, les pressait de venir chez lui.

Ainsi, en moins de trois ans, l'œuvre des Oblats en Amérique prenait des proportions extraordinaires. Elle était susceptible de se dilater depuis le centre des Etats-Unis jusqu'à l'extrême nord du Canada, vers le Labrador, la baie d'Hudson, l'océan glacial arctique; et, à l'ouest, jusqu'aux Montagnes Rocheuses : superficie de dix à quinze fois grande comme celle de la  France.

Devant ces perspectives infinies, il y avait de quoi s'effrayer.

Se risquer à de pareilles distances, en tant d'endroits à la fois, et à travers tant d'obstacles de tout genre, n'était-ce pas imprudence et témérité de la part d'une Congrégation encore si jeune ?

Longuement le vénéré Fondateur médita aux pieds de son Crucifix, suppliant Dieu de l'éclairer...

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Message  Louis Lun 14 Aoû 2023, 6:29 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa) (1844).

§ 4


Le P. Guigues chargé d'organiser la province naissante du Canada.

SUITE

Longuement le vénéré Fondateur médita aux pieds de son Crucifix, suppliant Dieu de l'éclairer.

Dans le silence du recueillement et de la prière, il entendit la parole du Sauveur au Chef des Apôtres : [iÎDuc in altum ![/i] En avant, vers la haute mer !

Docile aux inspirations de la grâce, il accepta pour lui et pour ses enfants cette œuvre qui exigerait un personnel nombreux, des ressources considérables, un dévouement inlassable et une série ininterrompue d'immolations héroïques.

De Marseille, le Supérieur général, aidé de ses Assistants, dirigerait l'entreprise. Rien d'important et de définitif ne se ferait sans lui. Mais il fallait sur place un autre lui-même, qui le suppléerait dans les cas urgents, alors surtout que les relations postales étaient si lentes : plusieurs mois s'écoulaient avant qu'arrivât la réponse à une lettre. De plus, cet autre lui-même le renseignerait exactement sur l'état des choses. Cet homme sage et habile, perspicace, prudent et actif. ne serait pas seulement le supérieur d'une communauté, mais aurait sous lui tous les établissements du Canada.

Pour cette délicate fonction, le vénéré Fondateur choisit le P. Guigues qui, depuis plusieurs années à la tête de la maison de Notre-Dame de l'Osier, l'avait élevée à un degré de prospérité remarquable sous tous rapports.

Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, ne consentit à son éloignement que dans la pensée des incontestables avantages qui en résulteraient pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

— Cette séparation, dit-il au P. Guigues en l'embrassant, est au nombre des sacrifices les plus pénibles de ma vie !

En apprenant à Mgr Bourget l'envoi de cet homme de sa droite, Mgr de Mazenod lui écrivait, le 7 juin 1844 :

— La vue de l'utilité de sa mission en Canada, a pu seule me faire pardonner, par l'excellent évêque de Grenoble, le chagrin que je lui cause en le retirant de son diocèse, où il était si heureux de le posséder... Je délègue au P. Guigues les facultés les plus amples. Ce sera, en quelque sorte, un alter ego. ayant juridiction sur tous les membres et sur toutes les Communautés de notre Institut en Amérique. Avec lui Nos Seigneurs les évêques auront à traiter, pour tout ce qui concerne les services qu'ils désirent de la Congrégation, et pour tous les établissements à ériger... Vous trouverez en lui un homme capable, mais sans prétentions; plein de respect pour l'épiscopat; coulant dans les affaires qu'il entend fort bien, et d'une société très agréable. Je suis persuadé que, dès que vous l'aurez connu, vous en serez très content.

Parti de Marseille, le 10 juin, le P. Guigues arrivait à Longueuil, le…

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Message  Louis Mar 15 Aoû 2023, 5:47 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE IV. — BYTOWN (Ottawa)  (1844).

§ 4

Le P. Guigues chargé d'organiser la province naissante du Canada.

SUITE

Parti de Marseille, le 10 juin, le P. Guigues arrivait à Longueuil, le 8 août, emmenant en Canada le P. Pierre Aubert, frère du P. Casimir Aubert, et le P. Garin, destiné aussi à créer des œuvres durables. Dès la première semaine, il alla visiter l'archevêque de Québec, puis l'évêque de Kingston, avec lesquels il négocia les affaires du Saguenay et de Bytown, sans se douter que, trois ans plus tard, il serait, lui-même, évêque de cette dernière ville appelée à un si brillant avenir.

— Dans ces pourparlers, écrivait peu après Mgr Bourget à Mgr de Mazenod, il a déployé une habileté surprenante... Ce que vous me disiez de lui est au-dessous de ses mérites. Il a conquis tous les suffrages. C'est vraiment un religieux distingué et un parfait administrateur.

Tous les évêques du Canada partageaient l'estime de celui de Montréal pour le P. Guigues. Elle augmenta encore, et ils en donnèrent bientôt une preuve éclatante, en le désignant, d'une voix unanime, au Souverain Pontife, pour l'épiscopat.

Les OBLATS en Amérique. - Page 2 Captu190

A suivre: CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

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Message  Louis Mer 16 Aoû 2023, 5:49 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 1
 
Au sein de la forêt immense.

Peu après le voyage d'exploration du P. Telmon, commença régulièrement l'évangélisation des chantiers. A cette œuvre deux Pères, d'abord, se consacrèrent ; puis, il y en eut quatre : puis, six, et jusqu'à dix simultanément. Ils s'avancèrent très loin: mais au prix de quelles fatigues et de quels dangers ! Que de fois, ils endurèrent la faim, et faillirent s'égarer dans le dédale des voûtes formées par l'inextricable fouillis des branches et branchettes ! Que de fois, ils s'enfoncèrent dans l'eau jusqu'à la ceinture, et demeurèrent, des heures entières, embourbés ! Que de fois, ils n'eurent pour couche, la nuit, que le sol durci, dans le voisinage d'un brasier qui les rôtissait, d'un côté, mais qui ne les empêchait pas d'être transis, de l'autre !

Intrépides Missionnaires, ils avaient soupiré après les austères joies de l'immolation. Leurs vœux furent satisfaits, et au delà !

Parmi ces vaillants, le premier en date est le P. Brunet.

Un jour, en célébrant la Messe dans une hutte ouverte à tous les vents, il souffrit tellement du froid que ses deux mains gelèrent. On se demanda si on ne serait pas obligé de les lui amputer.

Très mortifié, il paraissait insensible à la douleur.

—  Il ne s'occupe pas plus de la terre que si elle n'existait pas, écrivait de lui le P. Guigues, le 18 mars 1845. Son âme s'élève constamment à Dieu, et se maintient si près du ciel, qu'elle plane à des hauteurs sereines, bien au-dessus des misères d'ici-bas.

Très souvent, son cheval s'arrêtait brusquement, en face d'énormes tas de neige amoncelés entre les arbres, et qui lui barraient complètement le passage. Impossible de franchir l'obstacle. Immobilisé sous une bise piquante et pénétrante, il ne s'en apercevait pas plus que s'il eût goûté la douce chaleur d'un bon feu.

Dans une circonstance semblable, tandis que son confrère, le P. Eusèbe Durocher, s'évertuait à chercher une issue, le P. Brunet, sans sortir de son recueillement, lui dit avec un calme ineffable : …

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Message  Louis Jeu 17 Aoû 2023, 6:21 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 1
 
Au sein de la forêt immense.

SUITE

Dans une circonstance semblable, tandis que son confrère, le P. Eusèbe Durocher, s'évertuait à chercher une issue, le P. Brunet, sans sortir de son recueillement, lui dit avec un calme ineffable :

— Nous sommes en Carême, et c'est aujourd'hui mercredi. Voulez-vous que nous récitions les psaumes graduels, comme la rubrique nous y invite ?

Son compagnon jugea, non sans quelque motif, que le moment ne s'y prêtait guère.

En voyant ce mystique ainsi absorbé en Dieu, qui aurait soupçonné se trouver en présence d'un homme ayant habité la caserne et manié le fusil ? Et, pourtant, le P. Brunet était bien un ancien soldat d'un régiment de ligne en garnison à Grenoble, et ensuite transféré à Lyon ! Mais, après une année d'exercices militaires, comprenant que Dieu le conviait à d'autres luttes, il déposa l'uniforme, revêtit la soutane, hésita quelque temps entre les Chartreux et les Oblats, puis, sur le conseil de son directeur, entra au noviciat de Notre-Dame de l'Osier. C'était, alors, un jeune homme robuste, à la démarche décidée, à la parole ferme, au visage franc, au rire facile. Il progressa rapidement dans la vertu, la piété et l'abnégation ; mais il ne perdit jamais son caractère enjoué. Et vraiment c'eût été dommage, car sa jovialité le rendit extrêmement populaire, et prépara la voie à bien des conversions.

Tacticien habile, il arrivait dans les chantiers, le soir, quand, les travaux de la journée étant terminés, les bûcherons se réunissaient, attendant le moment du repas.

Après les salutations d'usage, il engageait avec eux une conversation familière, cordiale, émaillée de traits d'esprit, pour gagner leur amitié. Puis, il leur apprenait des cantiques, ce qui leur plaisait toujours beaucoup. Leurs voix mâles et fortes constituaient un chœur très nourri, dont les notes puissantes ébranlaient les échos de la forêt.

Lorsqu'il les avait ainsi égayés et intéressés, il entamait un sujet plus grave, les entretenant de leurs fins dernières, de l'oubli de Dieu, de la malice du péché, de la nécessité de la confession, etc., etc.

— Combien ne seriez-vous pas malheureux, leur disait-il, si, après une vie de labeur comme la vôtre, vous tombiez dans l'enfer ! Ces arbres énormes que vous abattez, vont-ils donc alimenter pour vous le feu qui brûle éternellement ? Est-ce, là, ce que vous voulez ?

— Ah ! pour cela, non, par exemple !...

— Eh bien ! alors, pourquoi prenez-vous le chemin qui mène à l'abîme ? Car, il ne faut pas s'illusionner, mes amis... Vos œuvres ne sont pas toutes de celles que Dieu a promis de récompenser !... Vous êtes de solides gaillards et de rudes travailleurs, soit... mais quels chrétiens êtes-vous ?...

Ces réflexions, sans être du ressort d'une métaphysique transcendante...

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Message  Louis Ven 18 Aoû 2023, 6:05 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 1
 
Au sein de la forêt immense.

SUITE

Ces réflexions, sans être du ressort d'une  métaphysique transcendante, et justement parce qu'elles n'en étaient pas, touchaient ces âmes ignorantes, mais droites.

On ne se couchait pas, sans réciter ensemble la prière du soir, à laquelle le Père, pour 1'avantage de toute l'assistance, joignait un sérieux examen de conscience, à haute et intelligible voix.

Souvent, séance tenante, quelques ouvriers demandaient à se confesser. Le lendemain, leur nombre augmentait... de même, les jours suivants.

A mesure qu'il conquérait du terrain, le Missionnaire parlait avec plus d'autorité. Ses exhortations se faisaient plus vives, plus pressées, plus entraînantes.

Le mouvement, de plus en plus irrésistible, se communiquait à la masse. Ordinairement, nul ne résistait jusqu'au bout.

Cette mission, d'un genre si spécial, se terminait par une Messe solennelle et une communion générale.

Le soir, nouvelle cérémonie pour enrôler tous ces hommes dans la Société de Tempérance, leur imposer le scapulaire. et assurer leur persévérance dans la vertu.

Quand, après la clôture, sonnait l'heure de la séparation, quelle peine pour tous !... Ces chers ouvriers s'étaient attachés profondément à ceux qui les avaient remis sur le sentier du ciel.

Au moment du départ, retentissaient des cris, des prières, des supplications :

—  Pères ! Au revoir, au revoir !... Vous reviendrez, n'est-ce pas ?

— Nous reviendrons !

— Nous y comptons pour l'hiver prochain.

— Oui ! oui î

Et les mains se serraient, et les yeux se mouillaient de larmes.

Mais, avant ce retour dans la forêt, il était réglé qu'on se retrouverait, vers le printemps, à Bytown, lieu de concentration de tous les radeaux, et à Québec, point terminus de la navigation. Là. encore, tous pourraient se confesser... et raccommoder les déchirures de la robe de leur innocence... s'il y en avait.

Remerciant le Seigneur du bien accompli, les Pères se portaient vers d'autres points, où les attendaient les mêmes fatigues, mais aussi les mêmes surnaturelles joies. Comme leur modèle, ils se faisaient tout à tous, pour réconcilier les âmes à Dieu...

Un jour, en quittant un chantier régénéré par leur zèle…

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Message  Louis Sam 19 Aoû 2023, 6:06 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 1
 
Au sein de la forêt immense.

SUITE

Un jour, en quittant un chantier régénéré par leur zèle, ils manifestèrent le dessein d'exercer leur ministère auprès d'un autre, situé à quelques kilomètres plus loin.

—  Oh ! Pères, s'écrièrent plusieurs voix, n'allez pas là !

—   Pourquoi ?

—   Ce sont des misérables, des impies, des fils de Satan !... On y sacre, on y jure, on y blasphème, du matin an soir... Nous, nous avions oublié nos devoirs, c'est vrai ; mais, du moins, nous avions gardé la foi !... Eux, ils se vantent de ne croire ni à Dieu, ni à diable.

—   Raison de plus, pour que nous y allions.

—  Non. Pères ! vous n'obtiendrez rien de ces gens-là. Vous aurez beau prêcher, ils ne daigneront même pas vous entendre.

—   Possible ; mais nous y allons, tout de même.

Les OBLATS en Amérique. - Page 2 Captu191

—   Vous n'y recueillerez que des moqueries, des impertinences, des outrages, une série de mauvais traitements.

—  Peu importe ! Cela, c'est le pain de l'apôtre.

Malgré des efforts réitérés pour les en détourner, les deux Missionnaires se dirigèrent donc vers cet endroit redoutable.

Le premier individu qu'ils rencontrèrent, était un vieux « voyageur ». ou « coureur des bois »…

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Message  Louis Dim 20 Aoû 2023, 5:47 am



Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 1
 
Au sein de la forêt immense.

SUITE

Le premier individu qu'ils rencontrèrent, était un vieux « voyageur ». ou « coureur des bois », longtemps au service d'une compagnie commerciale. Dans ses pérégrinations si multipliées, il avait négligé tonte pratique de religion. Depuis, il se proclamait athée, et tâchait de propager l'incrédulité autour de lui. C'était précisément le personnage important de cette bande peu attirante.

Prévenu  de l'arrivée  des  Pères,  il  se  précipita  au-devant  d'eux, pour les empêcher  d'entrer  dans la place,  dont,  sentinelle  vigilante, il prétendait défendre les abords contre les tentatives d'invasion cléricale.
D'un ton goguenard, il leur notifia que très certainement ils se trompaient de route, et lança contre l'Église et ses ministres quelques lourdes plaisanteries, selon lui très spirituelles.

Mais il avait trouvé à qui parler.

Le mystique s'effaça chez le P. Brunet, pour ne plus laisser voir que le soldat. Comme tel, il connaissait plus d'une histoire, et possédait plus d'un tour dans son sac.

Sans perdre son calme, il répondit sur le même ton railleur, et se mit à raconter des anecdotes de la caserne, toutes plus désopilantes les unes que les autres.

Abasourdi, ahuri, le vieux renard demeura bouche bée.

Ses hazzi s'arrêtaient au fond de sa gorge, sans pouvoir monter jusqu'aux lèvres.

Un ancien soldat sous cette soutane ! se disait-il en lui-même. Qui l'eût cru ?... Pouvait-on le deviner ?... Fichtre !... J'en faisais une belle !... C'est qu'il est bien membré, alerte et jeune encore !... Et, puis, si intéressant avec ses histoires !... Non. non. ce n'est pas un « type » à flanquer dehors.

La conversation dura plus d'une heure. A la nuit tombante, les deux Missionnaires feignirent de s'éloigner.

—   Comment ! s'écria le « voyageur » désappointé, vous partez ainsi ?....

—    Eh ! oui ! puisqu'on nous a affirmé que des prêtres ne seraient pas reçus dans ce chantier.

Mais non ! mais pas du tout ! mais c'est faux ! Qui donc a pu articuler un pareil mensonge ? C'est abominable de calomnier les gens, de cette manière !... Comment donc ? Des hommes connue vous !... Ah ! si tous les prêtres vous ressemblaient !... Vous, ici, à plus de cent lieues dans la forêt !... Mais c’est une bonne aubaine que nous n'avons pas tous les jours !... Venez, venez chez moi ! Je ne veux céder à personne le plaisir et l'honneur de vous héberger ! On sera si heureux de vous voir et de vous entendre!... C'est à moi qu'on devra ce bonheur !

La manœuvre stratégique de l'ancien soldat avait parfaitement réussi. Il entrait dans la place, les portes grandement ouvertes, bannière déployée, tambour battant, et clairon sonnant.

De son côté, l'introducteur, tressaillant d'aise…

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Message  Louis Lun 21 Aoû 2023, 6:25 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 1

Au sein de la forêt immense.

SUITE

De son côté, l'introducteur, tressaillant d'aise, ne savait pas encore jusqu'à quel point était vraie la parole prononcée à la fin de son invitation si pressante :

C'est à moi qu'on devra ce bonheur.

Lui, ne songeait qu'à procurer à ses amis la joie d'une agréable conversation. Les deux apôtres pensaient à tout autre chose.

En un clin d'œil. la nouvelle se propage dans le chantier. On accourt: on s'assied auprès d'eux. Les histoires recommencent. On rit; on s'amuse; les heures passent, et la veillée se prolonge bien plus que de coutume. Nul ne songe à s'en plaindre.

Insensiblement, cependant, la conversation prend un tour plus sérieux. Quelques anecdotes habilement choisies ont permis de parler incidemment de la mort.

Comme fortuitement aussi la question s'est trouvée posée :

—  Et. après la mort, qu'arrive-t-il ?...

De là au jugement la transition est naturelle.

Et le jugement implique une sentence; celle-ci, des sanctions extraterrestres  et  éternelles...

On écoute ; on ne rit plus ; on devient pensif.

Sous l'effet de la grâce, la conscience, bourrelée par le remords, fait écho intérieurement à l'orateur.

Le vieux « coureur des bois » n'est pas le dernier à se gratter la tête, et à pousser un profond soupir.

L'enfer !... Brrr !... il n'y avait jamais réfléchi autant que ce soir-là !...

Et il était bien obligé in petto de l'avouer : nul ne le méritait plus que lui.

Sa misérable vie se présente à ses regards ! Que de fautes de tout genre !... surtout que d'efforts pour pervertir les autres, et leur insuffler l'esprit d'irréligion !... Non, non ! Dieu ne pardonnera jamais à un monstre tel que lui !... C'est impossible !... Et, cependant, s'approche-t-il pas du terme de son existence !... A son âge, comment se promettre encore de nombreuses années ?... Ce serait donc bientôt que... et pour toujours !...   C'est  long, l'éternité !...

Nouveau soupir, plus retentissant que le précédent.

Tous les regards convergent vers lui.

Son visage était blême.

—   Qu'avez-vous ?

—  Ah ! mon Père, il est trop tard !...

—   En effet, je vous retiens trop ! Excusez-moi. je vous prie. Après une journée de travail comme la vôtre, il est plus que temps d'aller vous reposer.

—   Ce n'est pas ce que je veux dire.

—   Quoi donc ?...

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Message  Louis Mar 22 Aoû 2023, 6:25 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 1
 
Au sein de la forêt immense.

SUITE

— Ce n'est pas ce que je veux dire.

— Quoi donc ?

— Trop tard pour me convertir.

— Oh ! cela, non ! Il n'est jamais trop tard pour bien faire.

— C'est que, voyez-vous, je suis un vieux gratin rouillé... trop rouillé, pour qu'on puisse jamais le repolir... La rouille l'a rongé... creusé de part en part !...

Et sa voix tremblait, et les larmes coulaient de ses yeux. Il fut obligé de cacher sa tête dans ses mains, tant son émotion était intense. Tout son être s'agitait, en proie à de violentes secousses.

Admirant les voies mystérieuses de la Sagesse incréée. qui, par sa grâce triomphante, touchait si fortement cette âme coupable, et lui inspirait une telle douleur de ses égarements, le Père,, après avoir prêché la justice incorruptible du Juge souverain des vivants et des morts, exalte sa tendresse compatissante et sa miséricorde infinie.

— Ce qui est impossible à l'homme, dit-il, est facile à Dieu. Sachez aussi que le plus grand crime qu'on puisse commettre, c'est de douter de sa bonté, et de manquer de confiance en lui !... Le désespoir, c'est le crime de Judas et de Caïn !... le seul que le Seigneur ne pardonne, ni en ce monde, ni en l'autre, parce qu'on repousse soi-même le pardon qu'il veut bien offrir. Mais, là où la faute abonde, la grâce peut surabonder.

— Eh bien !  mon  Père,  puisqu'il  en  est ainsi,  je me confesserai. Je le veux.

— Quand, cela ? Demain ?

— Dès ce soir.

Son exemple fut suivi.

La confession achevée, le vieux pécheur et ses hommes ne se possédaient pas de joie.

— Ah ! Père, comme nous sommes légers maintenant ! Quel poids vous  nous  avez  enlevé !

Le soleil allait paraître; toute la nuit s'était écoulée sans sommeil ; mais les visages rayonnaient.

A partir de ce jour, on ne reconnut plus ce chantier si mal famé jusque-là. Ces lèvres habituées au blasphème récitaient quotidiennement le chapelet, et, à la place de chansons impures, répétaient des cantiques pieux.

Chacun était content…

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Message  Louis Mer 23 Aoû 2023, 4:55 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 1

Au sein de la forêt immense.

SUITE

Chacun était content.

Jouissant, plus que tout autre, du bonheur de ceux qu'il avait, autrefois, entraînés dans les chemins détournés, l'ancien chef de file leur disait avec satisfaction   :

— Ce bonheur, c'est à moi que vous le devez.

Dans la mesure de ses forces, il travailla à le leur assurer pour l'avenir, en les affermissant dans leurs excellentes dispositions, tâchant de réparer par ses exemples et ses conseils le scandale autrefois donné !

— Il est maintenant à la tête de toutes les bonnes œuvres, écrivait de lui le P. Brunet, le 18 mars 1845. Il fait lui-même à ses hommes des lectures édifiantes, et il entonne les cantiques que ceux-ci continuent en chœur.

Que d'autres miracles de la grâce nous pourrions signaler encore ! La plupart des chantiers visités (il y en eut plus de vingt, cet hiver-là) réservèrent  aux vaillants apôtres des consolations de ce genre.

— En vérité, en vérité, je vous le dis, affirmait le Sauveur des hommes, il y aura plus de joie parmi les Anges pour la conversion d'un pécheur, que pour la persévérance de quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence.

Quelle joie ineffable les Missionnaires n'éprouvaient-ils pas, en voyant ces brebis perdues retourner au bercail du divin Pasteur !

Et c'est par eux que s'accomplissaient ces merveilles ! Ah ! qu'étaient donc leurs peines et leurs souffrances, en comparaison de pareils résultats ! C'est à eux que ces âmes régénérées devraient un bonheur ineffable, dans les siècles sans fin !

Par ces succès de leur ministère, Dieu se plaisait à récompenser leurs sacrifices. Déjà il les dédommageait de leurs fatigues si grandes, et leur montrait qu'il avait pour agréable leur héroïque dévouement.

Ces bénédictions si précieuses leur étaient, à la fois, un encouragement pour de nouveaux labeurs et une force pour de futures immolations.

Heureux ceux que Dieu constitue ainsi le canal de ses grâces et les instruments de ses miséricordes. Si leur nom est souvent inconnu sur la terre, leur couronne sera resplendissante dans le royaume céleste, durant  les perpétuelles éternités.

§ 2. Autour du lac Témiskamingue...

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Message  Louis Jeu 24 Aoû 2023, 5:23 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 2
 
Autour du lac Témiskamingue.

En dialecte algonquin, Témiskamingue signifie : là où l'eau est profonde. Ce lac, en effet, n'oppose aucun obstacle à la navigation, même pour les bateaux d'un certain tonnage.

Placé à quatre cents kilomètres de Bytown, il est divisé en deux parties distinctes. Au nord, le lac proprement dit, belle nappe d'eau limpide de quarante kilomètres de longueur. Ses bords, très échancrés, présentent successivement des courbes gracieuses, des caps avancés, des falaises abruptes en  granit, et des collines verdoyantes.  Quant au reste, deux fois plus long, mais beaucoup plus resserré, c'est moins un lac qu'une sorte d'immense estuaire de la rivière Ottawa qui en sort.

Celle-ci, à l'extrémité supérieure du lac, prend le nom de rivière des Quinze, à cause des quinze rapides qu'on y compte. A peu de distance,

Les OBLATS en Amérique. - Page 2 Page5010

débouche la rivière Blanche, navigable sur une cinquantaine de kilomètres. Sur la rive occidentale, plus au sud, se déverse la rivière Montréal, qui a deux cents kilomètres de longueur.

Près de l'endroit où le lac se rétrécit brusquement, pour former un passage large seulement de quelques centaines de mètres, the Narrow, le Détroit, au bout d'une presqu'île, s'élevait le fort, ou magasin de la Compagnie pour le commerce des fourrures. En deçà, un joli petit golfe s'appelle la Baie des Pères, depuis que les Oblats y ont établi une demeure permanente. Non loin, on voit maintenant Ville Marie.

Dans un rayon assez étendu…

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Message  Louis Ven 25 Aoû 2023, 6:49 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 2
 
Autour du lac Témiskamingue.

SUITE

Dans un rayon assez étendu, que de noms chers à la Congrégation, et qui témoignent éloquemment du travail surhumain accompli, là, par ses enfants ! Les cartes géographiques les plus récentes indiquent toujours les cantons Mazenod, Guigues, Lavcrlochère. Fabre, Tabaret, Gendreau, Poitras, Antoine, etc. Les missions des Oblats furent, en effet, le principe d'un mouvement vital qui ne cessa de croître, le foyer intense d'une colonisation improvisée en pleine solitude, mais prédestinée à un épanouissement aussi vaste qu'étonnant. Avec les lumières de la foi, ils apportèrent les avantages de la civilisation à ces régions alors  inexplorées.

De Bytown à Témiskamingue, la route la plus naturelle est la rivière Ottawa, qui a très souvent plusieurs kilomètres de largeur. Parfois, elle coule entre de hautes murailles de rochers énormes, qui dressent leurs masses formidables perpendiculairement au-dessus de ses eaux ; parfois, elle côtoie la forêt majestueuse, au milieu des sites les plus pittoresques et les plus variés.

Rude trajet ! car, quoique cette grande rivière soit presque entièrement navigable, elle abonde en rapides.

Remonter à force de rames les espaces intermédiaires n'était pas extrêmement difficile, attendu la faiblesse du courant ; mais, dans le voisinage d'une cascade, ou d'une pente trop prononcée, s'imposait le « portage », opération compliquée, fatigante, très ardue même.

On commençait par débarrasser le canot de son contenu : bagages, provisions de voyage ; sacs de farine, de fèves et de biscuits ; barils de lard ; ustensiles de cuisine, etc. De tout cet attirail on faisait des colis plus ou moins volumineux. Chacun, suivant sa vigueur, en chargeait un sur ses épaules, et grimpait sur les rives, écartant les broussailles, les ronces, les épines, les racines entrelacées, suant, soufflant, pliant sous le fardeau. Puis, il marchait le long du rapide, heureux quand il trouvait, nous ne dirons pas un chemin, c'était chose absolument inconnue, mais un minuscule sentier tortueux, rampant, tracé à peine entre les aspérités du terrain, et le plus souvent obstrué par des amas de branches brisées, ou de gigantesques troncs d'arbres renversés par la tempête.

Tantôt, comme des alpinistes de profession, on devait escalader, en se cramponnant des pieds et des mains à toutes les anfractuosités : tantôt, se hasarder sur la vase de la rive, avec la perspective peu réjouissante d'enfoncer jusqu'à mi-jambe, ou de s'enliser complètement dans un bourbier.

Simultanément, deux ou trois hommes, dans l'eau jusqu'à la ceinture, poussaient le canot dans les ondes bouillonnantes, à travers mille obstacles : pointes de rochers menaçant de le déchirer, ou troncs d'arbres qui, entraînés par le courant irrésistible, l'auraient, d'un seul coup, réduit en miettes, s’ils l'eussent heurté.

A cause du danger, ou de l'inclinaison trop accentuée, ce moyen, déjà si laborieux, n'était pas toujours praticable. Alors, il ne restait qu'une suprême ressource : amener le canot à terre, le renverser, le mettre sur les épaules, comme un simple colis, et aller ainsi, plusieurs heures, ou un jour entier.

Pour ce motif, le canot…

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Message  Louis Sam 26 Aoû 2023, 5:47 am


Au Canada (1841-1861)

CHAPITRE V. — VERS LE « GRAND NORD »  (1844-1849).

§ 2
 
Autour du lac Témiskamingue.

SUITE

Pour ce motif, le canot était construit le moins lourd possible. Mais aussi, en raison de sa légèreté relative, il devenait d'une extrême fragilité. De minces planches en constituaient la charpente. On les recouvrait de fragments d'écorce de bouleau cousus ensemble avec des fibres végétales, et enduits d'une couche de résine pour les rendre imperméables. Une telle cuirasse ne résistait pas, non seulement aux pointes d'un rocher, mais aux troncs d'arbre abandonnés à la dérive et qui, en les heurtant, y taillaient des fissures considérables. En outre, vu son faible tirant, l'équilibre du frêle esquif était si précaire, qu'une fois installés les voyageurs devaient s'interdire de changer de position: le moindre mouvement insolite suffisait à le faire chavirer, et à envoyer au fond de l'eau choses et gens.

Une vingtaine de rapides de cette espèce s'échelonnaient entre Bytown et Témiskamingue, la plupart longs de plusieurs kilomètres.

Et. nulle part, on ne rencontrait une maison pour s'y reposer un instant, ou s'y garantir des orages. Pour dormir, jamais de lit, mais le sol.

Au terme du voyage, que trouvait-on ? Une ville ? un village ? un hameau ? Moins encore: une masure ; quelque hutte enfumée, sale, ouverte à tous les vents ; la tente d'un sauvage nomade, indifférent ou hostile à toute idée de progrès et de civilisation.

Il est aisé d'imaginer ce qu'une pareille excursion renfermait de périls, de privations et de souffrances physiques ou morales. Que de dévouement et d'abnégation n'exigeait-elle pas ? Pour l'entreprendre, la continuer et la recommencer sans cesse, sans jamais se rebuter, ne fallait-il pas un courage et une persévérance bien au-dessus des forces ordinaires de la nature ?

Le premier à s'élancer vers ces régions désolées fut le P. Laverlochère. Il partit au mois de mai 1844. pour frayer la voie à ses futurs compagnons : les Pères Garin, Clément, Arnaud, Paillier, etc.

Quarante ans plus tard…

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