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Message  Louis Sam 03 Nov 2012, 12:03 pm

X. La sœur Bourgeoys reçoit les filles et les femmes
dans sa maison, pour y faire des retraites spirituelles.


Enfin, la sœur Bourgeoys n'ignorait pas que, malgré sa vigilance et toute l'ardeur de son zèle, quelques-unes des filles qu'elle avait élevées, ou à qui elle avait donné d'autres soins, pouvaient être exposées à perdre de vue les obligations de leur état, et à se ralentir dans les pratiques de la piété. A celles-ci elle fournissait un moyen efficace de se renouveler au service de DIEU par les retraites spirituelles qu'elle leur faisait faire dans la maison de la Congrégation (2).

Elle y recevait encore les petites filles aux approches de leur première communion. Convaincue de l'importance d'une digne préparation à cette action solennelle qui a tant d'influence sur le reste de la vie, elle était ravie de disposer les cœurs de ces enfants à recevoir leur SAUVEUR pour la première fois, et de leur donner la facilité de passer quelques jours dans le recueillement et dans la pratique de divers exercices de piété proportionnés à la faiblesse de leur âge.

Plusieurs parents désiraient même de placer leurs enfants en pension à la Congrégation pendant les semaines qui précédaient immédiatement leur première communion ; et nous voyons que Marie Barbier, qui succéda dans la suite à la sœur Bourgeoys, y passa ainsi six semaines. Ce fut dans ce court séjour à la Congrégation qu'elle sentit naître dans son cœur un désir ardent de s'attacher à ses saintes institutrices, et de consacrer elle-même sa vie à un ministère qu'elle savait être si avantageux aux âmes et si utile à la gloire de DIEU (1).

________________

(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Archives du séminaire Saint-Sulpice à Paris, Vie de Marie Barbier.

A suivre : XI. Austérités que pratique la sœur Bourgeoys, pour attirer la grâce de DIEU sur la colonie.

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Message  Louis Dim 04 Nov 2012, 7:01 am

XI. Austérités que pratique la sœur Bourgeoys,
pour attirer la grâce de DIEU sur la colonie.


Mais les secours les plus puissants que la sœur Bourgeoys pût offrir aux âmes, pour les aider dans l'œuvre de leur sanctification, étaient sans contredit les exemples admirables de sa propre vie, plus persuasifs et plus entraînants que tous les discours. Le zèle apostolique dont elle était animée ne lui permettait pas de se considérer autrement que comme une victime chargée d'expier les péchés des autres. Il lui inspirait un amour ardent et continuel pour la souffrance ; en sorte qu'elle pouvait dire en toute vérité qu'elle portait toujours dans son corps la mortification de JÉSUS-CHRIST (2); et qu'elle accomplissait sans cesse dans sa chair ce qui manquait à la passion du SAUVEUR pour la sanctification de cette Eglise (3) naissante. Voici un aperçu des mortifications ordinaires que son grand amour pour le salut des âmes lui avait inspirées.

Elle prenait pour sa nourriture les aliments les plus grossiers, donnait toujours la préférence à ceux qui étaient de mauvais goût, et s'il s'en trouvait quelqu'un qui put flatter sa sensualité, elle y remédiait toujours en le prenant trop froid ou trop chaud, en le délayant avec de l'eau, enfin en y mêlant de la cendre ou quelque autre poudre amère qu'elle portait toujours avec elle pour s'en servir dans l'occasion. Elle mangeait peu, et, selon son ancienne pratique, ne buvait que de l'eau, qu'elle ne prenait qu'une fois le jour, même dans les chaleurs de l'été, jamais en quantité suffisante pour étancher sa soif, mais assez pour l'irriter davantage. C'était toujours dans quelque posture pénible et mortifiante qu'elle prenait ses repas, se tenant debout ou appuyée sur un pied, ou assise seulement à demi. Le vendredi elle ne faisait qu'un seul repas, et le jour du Vendredi saint elle prenait ce repas à terre. Par la longue habitude de se mortifier dans le sens du goût, elle en perdit tellement l'usage, que les mets les plus désagréables ne lui causaient aucune peine, et que les plus délicats ne lui procuraient aucun plaisir (1).

_______________

(2) IIe Épître aux Corinthiens, chap. IV. V. 10.
(3) IIe Épître aux Colossiens, chap. I. V. 24.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 114.

A suivre : XII. Continuité et efficacité des prières…

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Message  Louis Dim 04 Nov 2012, 11:49 am

XII. Continuité et efficacité des prières
de la sœur Bourgeoys pour la colonie.


Son lit ordinaire était le plancher ou la plate terre, avec un billot pour chevet ; et elle s'accusait de sensualité condamnable, si elle était obligée de coucher sur une paillasse avec un oreiller de paille. L'hiver, elle ne s'approchait point du feu, et elle supportait les incommodités des autres saisons avec la même dureté pour elle-même, sans vouloir prendre, contre les accidents qui auraient pu survenir, les plus légères précautions. Son corps, qu'elle déchirait souvent par de cruelles disciplines, était de plus chargé d'instruments de pénitence très-meurtriers ; et l'on ne peut entendre parler qu'avec une sainte horreur d'un certain bonnet hérissé d'épingles au dedans, qu'elle portait secrètement nuit et jour sur sa tête. Ses sœurs ayant remarqué par hasard cette invention de son amour pour la souffrance, et l'ayant conjurée de quitter ce bonnet, elle leur dit en souriant qu'il ne lui faisait pas plus de mal qu'un oreiller de plume. Ayant été priée une fois par ses sœurs de modérer ses austérités, pour se conserver à sa communauté, elle leur répondit par une instruction sur l'obligation où est le chrétien de mener une vie austère et pénitente ; instruction si forte et si pathétique, que ses sœurs, étonnées et frappées, se sentirent touchées d'un saint et efficace désir d'imiter ses exemples (1).

A ces austérités elle ajoutait…

_____________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys 1818, p. 136-137. — Vie par M. Ransonet, p. 113 et suiv.

A suivre…

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Message  Louis Lun 05 Nov 2012, 6:46 am

XII. Continuité et efficacité des prières
de la sœur Bourgeoys pour la colonie.
(suite)


A ces austérités elle ajoutait des prières ardentes, pour toucher plus efficacement le cœur de DIEU en faveur des justes et des pécheurs ; et par la ferveur et la puissance de ses oraisons elle semblait être le plus ferme soutien de cette colonie.

Aussi M. Souart, qui la dirigea pendant plus de douze ans, convaincu du grand crédit de la sœur Bourgeoys pour négocier les intérêts du pays auprès de DIEU, aimait à la considérer comme la petite sainte Geneviève du Canada : c'était son expression ; et il était persuadé que, quelques efforts que fissent les ennemis de la religion et ceux de l'État, la colonie ne souffrirait aucun mal considérable de leur part, étant soutenue par les prières de cette sainte âme (1).

On pouvait dire d'elle comme du grand saint Martin de Tours, qu'elle était sans cesse en prière pour cette nouvelle Eglise. Quoiqu'elle ne prît qu'un sommeil très-court, elle l'interrompait toutes les nuits par deux heures d'oraison au moins, qu'elle passait dans les postures les plus humbles et les plus incommodes. Les grands froids de l'hiver ne la détournaient jamais de cette pratique de ferveur.

«Vous savez, » disait M. de Belmont aux sœurs de la Congrégation, après la mort de leur sainte fondatrice,

« vous savez qu'elle passait les nuits aussi bien que les jours en oraison presque continuelle, et que dans le moment précieux de la sainte communion, qu'elle recevait, les yeux ordinairement baignés de larmes, dans une bouche parfumée de soupirs amoureux, il semblait que son cœur venait tout enflammé d'amour à la rencontre de son bien-aimé. Voilà ce dont vous avez été témoins. Mais pour ces faveurs intérieures, ces paroles, ces colloques qui sont au-dessus du langage des hommes, ce sont des mystères dont DIEU seul s'est réservé la connaissance (1). »

____________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys 1818, p. 177-178.
(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris ; éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté.

A suivre : XIII. Efficacité des exemples de vertu que la sœur Bourgeoys donne à la colonie.

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Message  Louis Lun 05 Nov 2012, 2:19 pm

XIII. Efficacité des exemples de vertu que la sœur Bourgeoys donne à la colonie.


Malgré sa vie si austère, la sœur Bourgeoys n'avait rien dans son extérieur qui ne fût propre à attirer les âmes et à les gagner au service de DIEU.

« L'extérieur de la très-sainte Vierge, dit M. Olier, était couvert d'une modestie éclatante qui rejaillissait de la majesté de DIEU habitant en son âme ; et cette beauté ravissait les esprits et embaumait tellement les cœurs de ceux qui l'approchaient, qu'ils se sentaient secrètement portés à DIEU et tout remplis de son amour. Sa bouche parlait si prudemment, ses yeux regardaient si chastement, son maintien était si modeste, son marcher si grave, son entretien si doux, sa familiarité si agréable, qu'elle gagnait à DIEU tous les cœurs par son extérieur plein d'attraits et de charmes (1). »

C'était par proportion ce qu'opérait la présence de la sœur Bourgeoys sur les cœurs des colons de Villemarie. La vue seule de sa personne portait saintement à DIEU, comme l'expérimentaient heureusement les personnes de tous les états.

La sœur Morin, après avoir rappelé les services que cette fille de grâce rendait à l'Église du Canada, ajoute : « Voilà ce qu'a fait la sœur Bourgeoys, animée de l'amour de DIEU et du zèle pour sa gloire. Elle vit encore aujourd'hui en odeur de sainteté, si humble, si rabaissée, qu'elle inspire l'amour de l'humilité seulement à la voir (2). »

« Nous l'avons connue, écrivait le Père Le Clercq, récollet, pleine de l'esprit de DIEU, de sagesse et d’expérience, d'une constance invincible à tous les obstacles qu'elle a trouvés à son dessein (3). »

« Je ne crois pas avoir jamais vu de fille aussi vertueuse que la sœur Bourgeoys, écrivait le R. P. Bouvard, supérieur des Jésuites de Québec: tant j'ai remarqué en elle de grandeur d'âme, de foi, de confiance en DIEU, de dévotion, de zèle, d'humilité, de mortification (4). »

M. Dollier de Casson…

__________________________________

(1) Écritures autographes de M. Olier.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
(3) Premier établissement de la foi dans la Nouvelle-France, t.II.
(4) Vie de la sœur Bourgeoys 1818, p. 175-176.


A suivre…

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Message  Louis Mar 06 Nov 2012, 7:06 am

XIII. Efficacité des exemples de vertu que la sœur Bourgeoys donne à la colonie.(suite)


M. Dollier de Casson, dans son Histoire du Montréal, rendait, en 1672, ce beau témoignage à l'influence du zèle apostolique de la sœur Bourgeoys sur cette colonie naissante:

« Depuis son arrivée à Villemarie, elle a rendu à DIEU de très-grands services, surtout par les instructions qu'elle a faites aux personnes de son sexe, à quoi elle a travaillé depuis incessamment et avec tant de soins, que plusieurs autres bonnes filles se sont rangées auprès d'elle afin de la seconder, avec lesquelles elle a fait ici depuis plusieurs années un corps de communauté (1). »

Vers ce temps, une vertueuse Iroquoise, Thérèse Tegakouita, arrivée en 1677 à la mission du Sault- Saint-Louis, donna un grand exemple aux filles de sa nation en se consacrant à DIEU par le vœu de chasteté ; et nous ne pouvons guère douter que cette résolution généreuse n'ait été encore un effet de la bonne odeur de vertu que la sœur Bourgeoys et ses filles répandaient à Villemarie.

Car Thérèse conçut ce dessein dès qu'elle eut vu dans cette ville des religieuses : expression qui semble ne désigner que les sœurs de la Congrégation , puisque celles de Saint-Joseph gardaient alors la clôture.

« Aussitôt qu'elle eut vu des religieuses à Montréal, dit l'auteur de l'Histoire de Hôtel-Dieu de Québec, et qu'elle eut appris comment elles s'étaient consacrées à DIEU, elle importuna le missionnaire du Sault pour obtenir la permission de faire vœu de chasteté, ce qu'il lui accorda après avoir éprouvé son désir et s'être assuré de la solidité de sa résolution (1). »

Cette sainte fille mourut peu après, en 1680, à l'âge de vingt-quatre ans, laissant une réputation de vertu qui s'est répandue depuis et n'a fait que s'accroître à l'occasion de plusieurs guérisons miraculeuses qu'on lui a attribuées (2).

______________________________

(1) Histoire du Montréal, de 1652 à 1653.
(1) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec (par la mère Françoise Juchereau), in-12, p. 151.
(2) Ibid. État présent de l’Église de la Nouvelle-France, Paris, 1688, in-8º, p. 125-126.

A suivre : XIV. Désintéressement et pauvreté volontaire de la sœur Bourgeoys et de ses filles.

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Message  Louis Mar 06 Nov 2012, 12:32 pm

XIV. Désintéressement et pauvreté volontaire
de la sœur Bourgeoys et de ses filles.


Entre autres vertus que les sœurs offraient à l'édification publique, nous devons remarquer en particulier leur entier désintéressement. « Ce que j'admire, dit M. Dollier, c'est que ces filles soient si désintéressées, qu'elles veuillent instruire gratuitement les enfants et faire encore beaucoup d'autres choses de cette manière (3). »

Ce désintéressement parfait que la sœur Bourgeoys inspirait à ses filles, et qui était même la condition de leur admission dans sa communauté, les obligeait à travailler de leurs mains pour subsister, et à s'imposer encore les privations les plus dures. Nous avons raconté que lorsqu'elle se rendit à Troyes pour en emmener des compagnes, M. Châtel lui ayant demandé comment elle ferait pour subsister avec elles à Villemarie, elle lui répondit qu'elle promettait du pain et du potage à toutes celles qui voudraient la suivre, et qu'elles vivraient du fruit de leur travail. Ce fut en effet par ce seul moyen qu'elles pourvurent constamment à tous leurs besoins, sans recevoir de rétribution pour l'instruction qu'elles donnaient aux petites filles.

La sœur Morin, dans ses Annales, parlant des quatre premières compagnes que la sœur Bourgeoys avait amenées de France en 1659, les sœurs Crolo, Raisin, Châtel et Hioux, rend ce témoignage à leur amour infatigable pour le travail :

« Elles ont été avec elle les dignes fondements de la Congrégation, travaillant nuit et jour à coudre et à tailler, pour habiller les femmes et pour vêtir les sauvages, tout en faisant les écoles. Le partage de la sœur Crolo, ajoute-t-elle, fut le ménage de la campagne, où elle a consommé ses forces et ses années, et a rendu par là bien des services à ses sœurs : lavant les lessives le jour après les avoir coulées la nuit, cuisant le pain, étant toujours infatigable au travail, et se regardant comme la dernière de toutes et la servante de la maison. Elle vit encore aujourd’hui, âgée de quatre-vingts ans, en grande odeur de vertu (1). »

La première fille canadienne reçue à la Congrégation…

_____________________

(3) Histoire du Montréal, de 1652 à 1653.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.

A suivre…

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Message  Louis Mer 07 Nov 2012, 10:16 am

XIV. Désintéressement et pauvreté volontaire
de la sœur Bourgeoys et de ses filles.


(suite)

La première fille canadienne reçue à la Congrégation, la sœur Marie Barbier, ne montrait pas moins de dévouement dans les travaux pénibles dont elle fut chargée, quoique fort jeune encore ; et nous croyons édifier nos lecteurs en rapportant ici ce qu'elle écrivait dans la suite à son confesseur, sur cette époque de sa vie :

« Je ne peux pas comprendre comment, étant jeune comme j'étais (car j'entrai à la Congrégation à l'âge de quinze ans), je pouvais faire tout l'ouvrage que j'ai fait pendant cinq années de suite. J'avais soin de deux vaches, dont je tirais le lait et faisais le beurre ; je les menais le matin et les allais quérir le soir à près d'une demi-lieue loin de la ville, et lorsque je passais par les rues avec mes vaches, j'étais la risée de ceux qui m'avaient connue dans le monde.

« Je portais quelquefois sur mon cou le blé au moulin, et en rapportais de même la farine. Je boulangeais, seule, quelquefois trois fournées dans un jour. Avant moi c'étaient deux sœurs qui en étaient chargées, et qui en avaient assez ; mais parce que le pain n'était pas bon, on m'en donna le soin. Je n'y entendais rien, ne l'ayant jamais fait ; cependant, me confiant au saint ENFANT JÉSUS, avec qui je m'imaginais boulanger, j'en venais à bout. Les personnes qui se plaignaient auparavant, ne cessaient de louer la boulangère, et moi le Boulanger.

« Je me levais deux ou trois heures avant la communauté, afin d'avoir fait une fournée avant huit heures, qui est le temps où l'on disait la messe des écolières; car j'étais aussi employée à l'école. Quand on sonnait la messe, et que mon pain n'était pas encore au four, je nettoyais le four à moitié et mettais le pain tout comme il se rencontrait. Etant pressée et n'ayant personne pour mener les enfants à l'église, je recommandais le tout au saint ENFANT JÉSUS , et lui disais avec simplicité : Vous ferez tout pour votre peine. Comme je n'avais aucune expérience, je faisais continuellement des bévues, soit en faisant trop de pâte, soit en oubliant de faire le levain, ou bien n'ayant point de farine sacrée (?), ou point de bois ; mon recours était au saint ENFANT JÉSUS et à la sainte Vierge, et ils suppléaient à tout (1). »

Par cette application constante au travail, la sœur Bourgeoys et ses filles vivaient sans être à charge à personne….

__________

(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris, Vie de Marie Barbier.

A suivre…

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Message  Louis Mer 07 Nov 2012, 4:49 pm

XIV. Désintéressement et pauvreté volontaire
de la sœur Bourgeoys et de ses filles.


(suite)


Par cette application constante au travail, la sœur Bourgeoys et ses filles vivaient sans être à charge à personne. Il est vrai qu'elles se contentaient de la nourriture la plus grossière et des meubles les plus indispensables, ne couchant que sur des paillasses, avec de simples couvertures sans draps.

Mais ce qui relevait encore devant DIEU le mérite d'une vie si pauvre, c'est qu'elle était volontaire de leur part, et leur servait comme d'un moyen pour assister elles-mêmes les nécessiteux. Car elles pratiquaient à la lettre toutes les règles de la plus généreuse charité à l'égard du prochain, se privant de tout pour le soulager dans ses besoins, et donnant ou prêtant toujours très-volontiers aux autres tout ce dont elles pouvaient se passer pour elles-mêmes (1).

________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : xv. La sœur Bourgeoys établit une ferme…

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Message  Louis Jeu 08 Nov 2012, 6:27 am

XV. La sœur Bourgeoys établit une ferme, et fait construire
un bâtiment pour sa communauté. Nouvelle maison plus spacieuse.


Aussi DIEU, qui ne se laisse pas vaincre en générosité, et qui récompense les siens même dès ce monde, pour un verre d'eau froide qu'ils donnent en son nom, se plaisait-il à fournir, comme de sa main, à ces saintes filles, tout ce qui était nécessaire à leur établissement. Les premières acquisitions temporelles faites par la Congrégation dans ce pays nouveau, étaient une marque visible de cette divine assistance, qui avait autant de témoins qu'on comptait de personnes à Villemarie. C'était ce qui faisait dire avec raison à M. Dollier de Casson :

« Ce que j'admire le plus, c'est que ces filles, étant sans biens, et voulant instruire gratuitement les enfants, aient néanmoins acquis, par la bénédiction que DIEU verse sur le travail de leurs mains, et sans avoir été à charge à personne, plusieurs maisons et plusieurs terres dans l'île de Montréal (2). »

La sœur Bourgeoys, après avoir reçu des seigneurs une concession de soixante arpents de terre, située vers le lac Saint-Joseph, et ensuite quelques autres arpents que M. de Bretonvilliers fit ajouter à cette concession (1), en mit en effet trente-cinq en valeur (2), y construisit une grange (3) et y établit un fermier (4), afin de retirer de ce fonds de quoi faire subsister, au moins en partie, sa communauté naissante.

L'étable où elle s'était logée en 1657 fut bientôt insuffisante aux besoins des sœurs et à ceux des écoles. La sœur Bourgeoys fit bâtir alors sur le même terrain une maison assez grande pour y loger douze personnes (5) ; et, de plus, elle acheta du nommé Saint-Ange une petite maison située tout auprès (6).

Enfin, celle qu'elle avait fait construire étant encore insuffisante, et les sœurs de la Congrégation témoignant toutes le désir d'en avoir une plus spacieuse, elle consentit à leur dessein ; et on bâtit sur le terrain contigu à l'étable une grande maison toute en pierre (7).

Cependant, lorsque la sœur Bourgeoys vit cette dernière maison élevée, son grand amour pour la pauvreté lui inspira des regrets très-amers d'avoir donné son consentement pour la bâtir; elle se persuadait même qu'avant de l'entreprendre elle n'avait pas consulté le supérieur de la communauté, ou qu'elle n'avait pas eu un consentement assez exprès de sa part. Elle éprouva donc des peines de conscience très-vives, s'imaginant que la construction de cette grande maison était contraire à l'esprit de dénûment de toutes choses auquel elle se sentait si fortement attirée (1).

___________________

(2) Histoire du Montréal, de 1652 à 1653.
(1)Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie.
(2) Archives de la marine, Canada, recensement de 1667.
(3) Ibid.lettres patentes de la Congrégation.
(4) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(5) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
(6) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(7) Annales de l’Hôtel-Dieu, etc.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XVI : La sœur Bourgeoys promet à DIEU…


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Message  Louis Jeu 08 Nov 2012, 3:29 pm

XVI. La sœur Bourgeoys promet à DIEU de reprendre
la construction de Notre-Dame de Bon-Secours.


Mais DIEU permettait qu'elle tombât dans cet état de trouble, pour la déterminer à entreprendre une autre bonne œuvre, dont il voulait qu'elle fût l'instrument, et à l'exécution de laquelle ces peines servirent en effet d'occasion. Ce fut de construire une église en l'honneur de la très-sainte Vierge, selon le projet qu'elle en avait formé en 1657, et qui depuis avait été suspendu, comme nous l'avons raconté précédemment.

À son retour de France en 1659, elle avait trouvé que tous les matériaux préparés pour l'église de Notre-Dame de Bon-Secours étaient dissipés. Mais alors l'état chancelant du séminaire et de la colonie elle-même, les attaques journalières des Iroquois, et les autres événements qui survinrent, ne lui avaient pas permis de reprendre ce projet, malgré le désir qu'elle en avait toujours eu.

D'ailleurs, « depuis mon retour de France, dit-elle, étant en communauté avec mes sœurs, je n'avais pas la même liberté qu'auparavant. Enfin, en 1670, je ne voyais aucun moyen de construire cette église, car nous avions fait bâtir la grande maison, où il n'y avait plus à faire alors que le dedans, outre le logis où nous étions logées, la grange et autres choses qui avaient coûté beaucoup. Mais dans les peines que j'éprouvai (après la construction de cette grande maison), je promis à la sainte Vierge de faire bâtir sa chapelle, et tout aussitôt je trouvai du soulagement (1). »

Ce fut peut-être à la suite de cette promesse que la sœur Bourgeoys…

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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre…


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Message  Louis Ven 09 Nov 2012, 6:26 am

XVI. La sœur Bourgeoys promet à DIEU de reprendre
la construction de Notre-Dame de Bon-Secours.


(suite)


Ce fut peut-être à la suite de cette promesse que la sœur Bourgeoys fit construire un petit appentis sur l'endroit où elle avait jeté autrefois les fondements de la chapelle, ainsi que le rapporte la sœur Morin.

« Neuf ou dix ans après, dit-elle, la sœur Bourgeoys y fit faire un petit bâtiment de bois (*), mais si dévot que le peuple y allait comme à un asile assuré dans tous ses besoins. Il s'y fit plusieurs guérisons qu'on a crues miraculeuses tant pour l'âme, par la force et le courage qu'on y a obtenus de DIEU pour sortir du péché, que pour le corps, par la guérison de plusieurs maladies considérables (1). »

Ce petit monument étant construit depuis peu, la sœur Bourgeoys partit pour son second voyage de France, à l'occasion que nous allons raconter dans le chapitre suivant.


______________________________
(*) La sœur Morin, étant venue se fixer à Montréal en 1660, et ayant toujours pris un vif intérêt à ce qui concernait la religion, et spécialement le culte de Marie dans cette ville, son témoignage doit servir de correctif à ce que dit M. Montgolfier, lorsqu'il suppose que cet appentis fut construit en 1659, au retour de la sœur Bourgeoys de son premier voyage de France. Il avance encore, avec aussi peu de fondement, que la sœur se servit de ce lieu pour y faire l'école aux enfants (1). C'est ce qu'on lit aussi dans la notice historique sur cette chapelle, publiée en 1818 (2), d'après le récit inexact de M. Montgolfier.

(1) Vie de la sœur Bourgeoys 1818, p. 85-95.
(2) Manuel du pèlerin de Bon-Secours , p. 13 et 14.

______________________________
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.

A suivre : Chapitre IV. DEUXIÈME VOYAGE DE LA SŒUR BOURGEOYS EN FRANCE.

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Message  Louis Ven 09 Nov 2012, 2:41 pm

CHAPITRE IV

DEUXIÈME VOYAGE DE LA SŒUR BOURGEOYS EN FRANCE.
ELLE OBTIENT DES LETTRES PATENTES DU ROI
POUR SON INSTITUT,
ET FAIT CONSTRUIRE L’ÉGLISE DE NOTRE-DAME
DE BON-SECOURS.

I. Les Ursulines de Québec forment
de nouveau le projet de s’établir à Villemarie.


Lorsque M. de Queylus était arrivé à Québec en 1668, les religieuses Ursulines s'étaient empressées de lui donner des marques de leur estime, ainsi qu'aux autres prêtres de Saint-Sulpice qu'il conduisait à Villemarie (2); et comme ces religieuses ne perdaient pas l'espérance qu'elles avaient conçue déjà plusieurs fois, d'aller s'établir dans cette dernière ville, on fit alors quelques démarches pour engager M. de Queylus à favoriser lui-même leur dessein. Sans s'y refuser expressément, il répondit d'abord que l'état actuel des choses ne permettait pas encore de l'exécuter. C'est apparemment ce qui fait dire à la mère de l'Incarnation, dans une lettre de l'année 1670 : « M. l'abbé de Queylus, qui est supérieur spirituel et temporel à Montréal, pour MM. de Saint-Sulpice, nous promet sa protection lorsque les choses seront en état. Nous ne sommes pas marries de ce retardement. Mgr notre prélat, qui ne fait rien qu'avec prudence, est aussi de ce sentiment (1).

Si M. de Laval avait réellement le dessein de procurer à ces religieuses un établissement à Villemarie, on pourrait croire que ce fut pour ce motif qu'il ne s'empressa pas d'ériger en communauté la Congrégation, quoique déjà elle eût obtenu les éloges de M. de Courcelle et de M. Talon, et même leur autorisation expresse.

Ce prélat jugeait, sans doute, que deux communautés vouées à l'instruction n'auraient pu trouver assez d'occupation à Villemarie. Cependant, s'étant rendu dans cette ville au mois de mai 1669, pour concerter enfin avec les ecclésiastiques du séminaire et avec les fabriciens les moyens de bâtir l'église paroissiale, dont la construction avait été différée jusque-là (1), par suite de troubles précédents : dans cette circonstance il daigna, le 20 du mois de mai, approuver aussi lui-même les emplois de la sœur Bourgeoys et de ses compagnes. Du moins il leur donna alors par écrit la permission d'instruire les enfants dans l'étendue du diocèse (2) (*). Cette simple permission donnée aux sœurs pourrait faire entrevoir dans M. de Laval quelque dessein ultérieur d'établir les Ursulines à Villemarie, ou peut-être eut-elle pour motif l'incertitude où il était encore sur l'état futur de la Congrégation, ne jugeant pas qu'il fût prudent de l'ériger en communauté avant qu'elle eût donné des garanties pour son avenir.

Quoi qu'il en soit, les ecclésiastiques du séminaire…

___________________________________________
(*) Le greffier du parlement de Paris dans l'acte d'enregistrement qu'il dressa des lettres patentes du roi en faveur de la Congrégation, mentionna cette permission de M. de Laval, en marquant qu'elle avait été donnée le 2o mai, audit an (1). Cette manière de parler indiquerait l'année 1667, puisque immédiatement auparavant on rappelle l'acte d'assemblée des citoyens de Villemarie du 9 octobre de cette même année. C'est aussi ce qu'on lit dans l'acte d'enregistrement de ces lettre patentes au conseil de Québec, où les mêmes expressions sont répétées (2), mais c'est par erreur qu'on a écrit ces mots audit an; il fallait mettre: en 1669. Car, outre que l'ordre dans lequel les divers certificats énumérés dans l'acte d'enregistrement semble supposer que la permission dont nous parlons était d'une date postérieure au 20 mai 1667, on voit dans les Lettres d'établissement de la Congrégation , données en 1676 par M. de Laval lui-même, que cette permission, qu'il y rappelle, était de l'année 1669 (3).

(1) Archives du royaume à Paris, section judiciaire, 20 juin 1671.
(2) Acte d’enregistrement, du 17 octobre 1672. Archives de la Congrégation.
(3) Archives de l’archevêché de Québec. — Archives de la Congrégation, Lettres de M. de Laval. Remarques sur les Constitutions, 1694. — Remontrance sur les Règles. Acte de Basset, notaire, 19 septembre 1676.

___________________________________________
(2) Lettres de la mère de l’Incarnation, IIe partie, lettre LXXX.
(1) Lettres de la mère de l’Incarnation , Ire partie, lettre LCXXVII, P. 187-188.
(1) Registres des délibérations de la paroisse de Villemarie , 12 mai 1669.
(2) Archives de l’archevêché de Québec, lettres d’établissement de la Congrégation , 6 août 1676.
A suivre…


Dernière édition par Louis le Sam 10 Nov 2012, 3:32 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Sam 10 Nov 2012, 6:47 am

I. Les Ursulines de Québec forment
de nouveau le projet de s’établir à Villemarie.


(suite)


Quoi qu'il en soit, les ecclésiastiques du séminaire, chargés seuls, comme seigneurs, de soutenir la colonie, et de pourvoir à ses divers besoins, ne goûtaient pas le projet d'y établir les Ursulines. Ils pensaient que ces religieuses, vivant en clôture, étaient moins en état que les sœurs de la Congrégation, de rendre au pays le genre de service qu'exigeaient alors ses besoins.

Ils remercièrent donc les Ursulines, en leur alléguant ce motif. D'ailleurs ces religieuses, qui ne pouvaient encore vivre de leurs revenus, ni se suffire à elles-mêmes par le travail, comme faisaient les sœurs de la Congrégation, auraient été à charge au pays ; leur établissement eût même été inutile, la colonie de Montréal étant trop peu nombreuse pour fournir assez d'occupation à deux communautés à la fois. Aussi les Ursulines de Tours, qui avaient eu dessein de passer elles-mêmes à Villemarie, comprenant sans doute qu'elles ne pourraient y trouver matière à exercer leur zèle tant que la sœur Bourgeoys et ses filles y instruiraient les enfants, écrivaient à leurs sœurs de Québec qu'elles iraient volontiers à Montréal, pourvu qu'elles y fussent seules.

Pour les détourner de ce projet, la mère de l'Incarnation leur répondit en ces termes :

« Si vous saviez ce que c'est que Montréal, vous n'auriez garde d'y envoyer des religieuses: elles n'y pourraient vivre sans être changées de temps en temps, à cause de l'incommodité du pays. Mais nous ne serons pas en cette peine, parce que MM. de Saint-Sulpice, qui en ont la conduite, n'y veulent que des filles séculières, qui aient la liberté de sortir pour aller çà et là, afin de solliciter et d'aider le prochain. Laissons donc conduire le tout à Dieu, qui fera toutes choses dans le temps ordonné dans son conseil (1). »

_________________________

(1) Lettres , IIe partie, lettre LXXXVIII, p. 668-669.

A suivre : II. On conseille à la sœur Bourgeoys de passer en France pour solliciter du roi des lettres patentes...

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Message  Louis Sam 10 Nov 2012, 4:25 pm

II. On conseille à la sœur Bourgeoys de passer en France
pour solliciter du roi des lettres patentes,
et amener de nouveaux sujets pour sa communauté.


Le dessein de Dieu sur la sœur Bourgeoys paraissait assez clairement par les fruits qu'elle avait déjà produits dans la colonie, et l'on avait lieu d'en espérer de plus grands encore de son zèle, si sa Communauté y était établie d'une manière fixe et par l’autorité du souverain. Nous avons même vu qu'en 1667 M. Talon avait autorisé les citoyens à s'assembler officiellement pour dresser une requête au roi, afin d'obtenir en faveur de cette communauté des lettres patentes. La sœur Bourgeoys, toujours étrangère aux maximes de la sagesse humaine, n'avait point demandé la convocation de cette assemblée ; et, depuis ce temps, elle n'avait fait aucun usage de la requête, ne comptant que sur le secours de Dieu pour elle-même et pour sa communauté.

Mais ceux qui la dirigeaient ne crurent pas qu'elle dût négliger plus longtemps un moyen que la prudence rendait nécessaire, et que la parfaite confiance en Dieu ne condamnait pas. Ils lui conseillèrent donc, cette même année 1670, de passer en France pour solliciter de la cour des lettres patentes, et aussi pour amener de nouvelles compagnes, dont elle ne pouvait plus se passer, à raison tant de l'accroissement de la colonie que du petit nombre de sœurs qui partageaient alors avec elle le soin des écoles. Car la sœur Marguerite Picaud, qui s'était jointe à elle en 1657, avait pris parti dans le monde (1) ; et il ne lui restait plus que les sœurs Catherine Crolo, Marie Raisin, qu'elle avait emmenées de France, et la sœur Anne Hioux, venue aussi avec elle, qui s'était donnée à la communauté depuis son arrivée en Canada.

Au reste, Dieu montra manifestement qu'il approuvait ce nouveau voyage, par l'heureux résultat dont il se plut à le couronner. Bien plus, pour que ce succès ne pût être attribué à la faveur des hommes, il voulut, par un concours de circonstances que sa Providence avait sans doute ménagées, priver si universellement la sœur Bourgeoys de tout secours humain, qu'il est difficile de concevoir un plus grand dénûment que celui où elle fut réduite pendant les deux ans que dura ce voyage. Voici le récit qu'elle nous fait elle-même des attentions de la bonté divine à son égard.

_________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : III. Second voyage de la sœur Bourgeoys en France…

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Message  Louis Dim 11 Nov 2012, 7:11 am

III. Second voyage de la sœur Bourgeoys en France. Sa traversée.


« On me dit qu'il fallait patentes et emmener quelques filles. Je reçus beaucoup de certificats, tant du séminaire de Saint-Sulpice que de Montréal et de Québec (*). Je partis donc avec tous ces certificats que j'avais eus sans aucune peine. À Québec, étant un peu indisposée, j’allai prier M. de Fénelon, qui devait passer avec nous, de permettre à son domestique d’emporter ma couverte et une boîte où étaient mes hardes, ce qu'il me promit. Je vais ensuite pour recevoir la bénédiction du saint Sacrement et celle de Mgr l’évêque, et je m'embarque (**). Ma boîte avait été mise chez Mme Saint-Amand, avec les effets des voyageurs ; et quand ils partirent, ne reconnaissant point cette boîte, ils la laissèrent. Cependant le serviteur de M. de Fénelon m’assure que tout est dans le navire ; je cherche mes affaires, on n'y voyait pas clair ; il fallut passer ainsi la nuit. Le matin, je ne trouve ni ma couverte ni ma boîte. M. de Fénelon veut donner une pièce de 40 sols pour envoyer quelqu'un les chercher à Québec ; mais dans le moment on crie qu'on va faire voile. Je m'avise alors d'écrire à M. Dupuis, major de Montréal, qui était à Québec: que si ma boîte se trouvait, il m'envoyât en France ce qui pourrait me servir, comme les papiers, et fît parvenir la boîte à Montréal. Il ne reçut point ma lettre. Cependant, comme cette boite était restée chez Mme Saint-Amand, M. Dupuis en fait l'ouverture; et reconnaissant par les hardes qu'elle étaient à moi, il fait un paquet des papiers, qu'il m'envoie par un autre navire, et fait passer la boîte à Montréal.

« Me voilà embarquée, seule de mon sexe, n'ayant pas même 10 sols. Je me range sur des étoupes et sur un rouleau de cordes. Il y avait deux prêtres avec nous. J'avais de la toile pour une paillasse qui devait me servir dans le navire; me voyant sans ma boîte, j'en fis une chemise, et cependant je ne changeai point de linge dans la traversée. Nous ne fûmes que 31 jours en mer; mais à la Rochelle, en descendant du navire, croyant y rentrer (ensuite), je laissai cette chemise, et elle fut perdue (1).


__________________________________________
(*) Outre la permission que M. de Laval avait donnée à la sœur Bourgeoys en 1669, elle était encore munie de la délibération de l'assemblée générale du 9 octobre 1667, d'un certificat de M, Pérot, prêtre du séminaire et curé de Villemarie, daté du même jour ; d'une attestation du juge de ce lieu datée du 10, et enfin d'un certificat de M. Talon, intendant, donné à Québec le 17 août de cette année 1670 (1).

(**) La sœur Bourgeoys, en racontant à diverses reprises les circonstances de ses trois voyages en France, a confondu, dans un endroit de ses mémoires, le deuxième, qui eut lieu en 1670, avec le troisième, qu'elle fit en 1679.

« Quelque temps avant mon second voyage, dit-elle, j'étais fort inquiète. Je prends occasion de nos règles, pour aller consulter Mgr de Pétrée en France; car il était à Paris aux Missions étrangères.... »

Il n'est pas étonnant qu'écrivant vingt-huit ans après son deuxième voyage, elle ait pu rapporter à celui-ci cette circonstance, qui n’appartient qu'au troisième. Car il est certain qu'en 1670 M. de Laval était à Québec et non à Paris. D'ailleurs, la sœur nous donne assez à entendre qu'il y a confusion dans ce dernier récit, puisque ailleurs elle dit expressément qu'avant de s'embarquer pour aller solliciter du roi des lettres patentes, elle demanda la bénédiction de M. de Laval. M. Montgolfier, qui n'a pas fait cette remarque en lisant les mémoires de la sœur Bourgeoys, a mêlé ensemble les circonstances de ces deux derniers voyages.

______________________

(1) Archives du royaume, parlement de Paris, enregistrement des lettres patentes de la Congrégation, 20 juin 1671.
__________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.


A suivre : IV. Arrivée de la sœur Bourgeoys à Paris.


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Message  Louis Dim 11 Nov 2012, 11:58 am

IV. Arrivée de la sœur Bourgeoys à Paris.


« En arrivant dans cette ville. M. de Fénelon me fit prêter 50 livres ; et pour le carrosse je donnai 45 livres 10 sols jusqu'à Paris. Je ménageai ma dépense. J'arrivai à Paris le soir fort tard, sans argent, sans hardes et sans connaissances, et je passai la nuit chez une femme proche Saint-Sulpice. Le matin, je vais à cette église, et comme je vis qu'on allait porter le saint Viatique à des malades, je me joignis aux fidèles, et je suivis NOTRE-SEIGNEUR. On passe devant l'église des religieux Prémontrés (située tout proche au carrefour de la Croix-Rouge); j'y entrai pour faire mes dévotions, et ce fut là que je me confessai, et continuai tout le temps de mon séjour à Paris. Ensuite je portai une lettre de M. Pérot, notre curé de Montréal, à ses sœurs, qui me demandèrent ce qu'il fallait de port. Je leur dis qu'elle venait de trop loin ; et elles me connurent par le contenu de la lettre. Elles m'offrirent à déjeuner, ce que j'acceptai avec besoin, sans leur dire pourtant que j'étais arrivée dès le soir fort tard. J'allai ensuite au séminaire donner quelques lettres, et savoir où je pourrais trouver M. de Maisonneuve.

« Je dirai ici que, comme j'étais à Québec avant l'embarquement, un prêtre du séminaire de Montréal, à qui nous avions fait de l'ouvrage et fourni quelque chose, sans que je connusse combien il pouvait me devoir, m'avait mandé en quoi je voulais qu'il payât mes sœurs. Je lui mandai que si j'avais cela à Paris, cette somme pourrait me servir, et je ne pensai plus à cela : nous allions faire voile. Étant donc allée au séminaire de Saint-Sulpice pour rendre mes lettres, comme j'attendais à la porte, j'entends un prêtre qui disait : On me mande de donner 100 livres à une fille que je ne connais point; et entendant prononcer mon nom, je dis : C'est moi. Une lettre de M. Pérot, que je remis, confirma la vérité. Tout de ce pas, je suivis ce monsieur qui demeurait tout auprès dans la rue Princesse. Il me donna 100 livres, et je lui fis une quittance double (1).

« Il y avait je ne me souviens point combien d'années que j'avais prêté à un jeune garçon 120 livres, et M. de Maisonneuve lui en avait prêté 12, à la prière de M. Galinier (*), et ce jeune homme m'avait fait une promesse que j'envoyai à M. Blondel à Paris, pour nous en faire payer. Mais M. Blondel était mort, et l'on m'avait mandé que la promesse était perdue ; je ne pensais plus à cela.

_________________________________________________
(*) La sœur écrit ici, par inadvertance, de Galinée pour Galinier. Car M. de Galinée n'étant arrivé à Montréal qu'en 1668, après le départ de M. de Maisonneuve, le nombre d'années qui s'était écoulé depuis ce prêt, et dont la sœur Bourgeoys avait perdu le souvenir, montre qu'elle veut parler ici de M. Galinier, arrivé en effet à Villemarie en 1657.
_________________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : V. Elle va loger chez M. de Maisonneuve.


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Message  Louis Lun 12 Nov 2012, 7:05 am

V. . Elle va loger chez M. de Maisonneuve.


« Ayant donc reçu les 100 livre dont j'ai parlé, je fis en sorte de trouver M. de Maisonneuve, qui était logé au fossé Saint-Victor, proche les Pères de la Doctrine chrétienne. J'y arrivai assez tard. Il n'y avait que quelque jour qu’il avait fait garnir une petite chambre, et construire une cabane à la façon du Canada, afin d'y loger quelques personnes qui viendraient de Montréal. Je frappai à la porte, et lui-même descendit pour m'ouvrir; car il logeait au deuxième étage, avec Louis Frin, son serviteur; et il m'ouvrit la porte avec une joie très-grande. A quelques jours de là, comme il me montrait quelque chose en son cabinet, il mit la main sur une planche, et y trouva la promesse de ce jeune homme. Je cherchai le jeune homme pour lui faire reconnaître sa promesse. Je trouvai sa mère, qui était veuve, et la somme...(1) » (me fut rendue d'une manière bien providentielle).

On a su de la sœur elle-même, rapporte M. Montgolfier, que, marchant un jour à pied dans une rue de Paris, elle entendit un cavalier qui courait après elle, et qui, l'ayant atteinte, lui demanda si elle ne connaissait pas une fille venue du Canada, nommée Marguerite Bourgeoys. Celui-ci, ayant appris par sa réponse que c'était elle-même, voulut lui remettre en main une somme d'argent, qu'elle refusait absolument de recevoir, ne sachant pas le motif d'une pareille générosité. Mais elle fut bientôt rassurée lorsqu'elle apprit de lui que c'était le remboursement de ce même qu'elle lui avait fait dans son besoin à Villemarie (1).

_____________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818.

A suivre : VI. Bienveillance de M. Colbert pour la sœur Bourgeoys et pour la Congrégation.


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Message  ROBERT. Lun 12 Nov 2012, 10:32 am

Louis a écrit:
V. . Elle va loger chez M. de Maisonneuve.


Spoiler:
A suivre : VI. Bienveillance de M. Colbert pour la sœur Bourgeoys et pour la Congrégation.


Cette histoire de "100 livres" me fait me souvenir de l'histoire d'un de mes amis

qui trouva, un jour, 100 piastres... non loin ou en face de l'église Notre-Dame-du-Bon-Secours !

.
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Message  Louis Lun 12 Nov 2012, 12:05 pm

VI. Bienveillance de M. Colbert pour la sœur Bourgeoys et pour la Congrégation.


Nous ne connaissons pas le détail des démarches que la sœur Bourgeoys fit à Paris pour obtenir ses lettres patentes. On ne peut douter que les anciens associés de Montréal, et les autres personnes zélées pour l'établissement de cette colonie, ne l'aient aidée de leur crédit auprès de M. Colbert, ministre de la marine, d'ailleurs si bien disposé lui-même pour l'avancement de Montréal, qu'il favorisait de tout son pouvoir. Aussi, non content de faire obtenir à la sœur Bourgeoys les lettres patentes qu'elle était venue solliciter, il écrivit encore en sa faveur à M. Talon, intendant du Canada.

« Quant à l'établissement de la Congrégation de filles, lui disait-il, qui se forme à Montréal pour enseigner aux personnes du même sexe à lire, écrire et quelques ouvrages de main, le roi trouve bon que vous vous appliquiez à le fortifier : ces œuvres de piété pouvant contribuer beaucoup à l'augmentation du culte de notre religion (1). »

Enfin, sachant toutes les oppositions que le séminaire de Villemarie avait éprouvées de la part du conseil souverain de Québec, M. Colbert voulut que les lettres patentes de la sœur Bourgeoys fussent d'abord enregistrées au parlement de Paris avant d'être présentées à Québec, afin qu'elles ne pussent rencontrer aucun obstacle dans cette dernière cour. Il avait usé de la même précaution dans la rédaction de celles des sœurs de Saint-Joseph de Villemarie, expédiées en 1669, et qui même furent adressées au parlement de Paris seulement (2).

Une autre circonstance qui montre combien la Providence disposait en faveur de la sœur Bourgeoys toutes les personnes avec lesquelles elle avait à traiter dans cette négociation, c'est que le secrétaire chargé d'écrire les lettres patentes ne voulut rien recevoir pour frais de sceau (3) (*). Elles furent signées par le roi à Dunkerque, au mois de mai 1671, et enregistrées au parlement de Paris le 20 juin suivant. Nous ne pouvons nous dispenser de les rapporter ici en substance, comme étant une confirmation authentique de tout ce que la sœur Bourgeoys avait fait jusque alors pour l'augmentation de la piété dans la colonie de Montréal.

_________________
(*) La sœur Bourgeoys, qui rapporte ce trait sans se rappeler le nom du secrétaire qui l'avait traitée avec tant de bienveillance, parle sans doute de M. de Sérancourt, chargé en effet de ces sortes d'expéditions. Il en usa de la même sorte six ans après, à l'égard du séminaire de Saint-Sulpice. « Il m'a remis de très-bonne grâce nos lettres patentes du Canada, écrivait M. Bourbon, ne me demandant autre chose que quelque part à mes prières, et renvoyant à M. Colbert toute la reconnaissance que je lui témoignai de la part de la maison (1). »

(1) Journal de M. Tronson, par M. Bourbon.
_________________

(1) Archives de la marine, Canada, registres des dépêches, de 1671 à M. Talon, fol. 31.
(2) Édits concernant le Canada, t. I, p. 55-59.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VII. Lettres patentes du roi qui érigent la Congrégation en communauté.

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Message  Louis Mar 13 Nov 2012, 6:23 am

VII. Lettres patentes du roi qui érigent la Congrégation en communauté.


« Notre bien-aimée Marguerite Bourgeoys, originaire de notre ville de Troyes en Champagne, dit le roi, nous a très humblement fait exposer qu'il y a longtemps qu'il a plu à DIEU de lui inspirer le désir de l'avancement de la foi catholique, par la bonne instruction des personnes de son sexe, tant des Sauvages que des Français naturels de la Nouvelle-France, où elle s'est retirée pour ce sujet dès l'année 1653. S'y étant établie dans l'île de Montréal avec quelques autres filles vivant en communauté, elle y a fait l'exercice de maîtresse d'école, en montrant gratuitement aux jeunes filles tous les métiers qui les rendent capables de gagner leur vie; et avec un si heureux progrès, par les grâces continuelles de la divine Providence, que ladite exposante ni ses associées ne sont aucunement à charge au pays, ayant fait bâtir à leurs dépens, dans l'île de Montréal, deux corps de logis propres à leur dessein, et fait défricher plusieurs concessions de terre, bâtir une métairie garnie de toutes les choses nécessaires.

Cet établissement ainsi fait a depuis été approuvé tant par le Sr évêque de Pétrée, vicaire apostolique, par le Sr de Courcelle, notre lieutenant général en Canada, et le Sr Talon, intendant de justice, police et finance, que par un résultat d'assemblée des habitants du lieu ; au moyen de quoi ladite exposante a été conseillée, pour le bien général de l'île, de venir nous requérir de lui accorder nos lettres de confirmation de cet établissement, sous le titre de Congrégation de Notre-Dame.

Voulant contribuer de notre part, comme nous ferons toujours autant qu'il nous sera possible, aux bonnes intentions de ladite exposante, de ses associées et de celles qui leur succèderont, en leur donnant le moyen de fortifier et d'étendre leur établissement, dans tous les lieux où il sera jugé le plus à propos pour la gloire de DIEU et le bien du pays: nous confirmons par les présentes, signées de notre main, l'établissement de ladite Congrégation dans l'île de Montréal, sous la juridiction de l'Ordinaire, sans qu'elles y puissent être troublées sous quelque prétexte que ce soit (1). »

_____________________

(1) Archives de la marine, Canada, 1671. — Archives du royaume, parlement de Paris, enregistrement 20 juin 1671. — Édits concernant le Canada, t. I, p. 59. — Archives de la Congrégation à Villemarie. Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 88-89-90.

A suivre : VIII. La sœur Bourgeoys emmène avec elle six nouvelles compagnes pour entrer dans sa communauté.


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Message  Louis Mar 13 Nov 2012, 1:59 pm

VIII. La sœur Bourgeoys emmène avec elle
six nouvelles compagnes pour entrer dans sa communauté.


Après que la sœur Bourgeoys eut obtenu ces lettres patentes, elle songea à s'associer de nouvelles compagnes. Nous ignorons les démarches qu'elle fit à ce sujet; elle rapporte seulement que dans ce voyage elle emmena de France, pour vivre avec elle en commun six filles (1), dont plusieurs étaient ses propres nièces; ce qui nous porte à croire que ce fut encore à Troyes qu'elle forma cette nouvelle recrue. Ces six nouvelles compagnes furent, selon toutes les apparences, les sœurs Elisabeth de la Bertache, Madeleine Constantin, Thérèse Soumillard, Perette Laurent, Geneviève Durosoy et Marguerite Soumillard, que nous voyons, quelques années plus tard (2), former avec les anciennes toute la communauté de la Congrégation.

S'étant rendue à Paris avec ses filles, pour aller de là au Havre, où elles devaient s'embarquer, elle apprit que M. de Laval, évêque de Pétrée, était arrivé en France pour solliciter l'érection de Québec en évêché, et qu'il était logé au séminaire des Missions étrangères. Elle s'empressa d'aller lui demander sa bénédiction et de lui présenter les compagnes qu'elle menait avec elle. Le prélat les accueillit avec bonté et approuva qu'elles entrassent comme postulantes dans la communauté de la Congrégation (3) ; du moins c'est ce que semble dire la sœur Bourgeoys lorsqu'elle écrit : « qu'elles furent reçues au séminaire des Missions étrangères par Mgr de Laval (1); puisque dans la suite elle écrivit à Québec pour obtenir leur admission définitive dans sa communauté (2).

___________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Registre des délibérations de la paroisse de Villemarie, actes relatifs à Notre-Dame de Bon-Secours.
(3) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 107. — Vie par M. Ransonet, p. 60.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Archives de la Congrégation, lettre de M. de Bernières, du 4 novemb. 1674.
A suivre : IX. MM. Denis et Louis Leprêtre donnent une statue pour la chapelle de Bon-Secours.



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Message  Louis Mer 14 Nov 2012, 7:02 am

IX. MM. Denis et Louis Leprêtre donnent
une statue pour la chapelle de Bon-Secours.


Avant de partir de Paris, la sœur Bourgeoys visita plusieurs ecclésiastiques dévoués à l'œuvre de Montréal, à qui elle apprit la promesse qu'elle avait faite avant son voyage de bâtir à Villemarie une église de pierre en l'honneur de la très-sainte Vierge, qui serait ainsi la première construite dans le pays. Ils furent tous charmés de ce pieux dessein, et M. Macé, prêtre du séminaire de Saint-Sulpice, lui donna 100 livres pour l'aider à l'exécuter. M. de Fancamp lui ayant offert de payer les frais de son retour, la sœur Bourgeoys refusa cette offre, et lui dit qu'elle recevrait volontiers de sa charité une grande statue, pour la placer dans l'église qu'elle avait promis de faire bâtir. Édifié d'une demande si conforme à sa tendre piété envers Marie, et ravi de contribuer par ce moyen à la faire honorer en Canada, M. de Fancamp envoie aussitôt chez les sculpteurs pour acheter une statue. Mais on ne put en trouver une seule dans tout Paris telle qu'il la désirait (3) ; et cependant le temps de l'embarquement, qui était proche, ne permettait pas à la sœur Bourgeoys d'attendre.

Alors deux anciens associés de Montréal, M. Denis Leprêtre et M. Louis Leprêtre, son frère, seigneur de Fleury, qui, dès le commencement de la société, avaient eu un très-grand désir de faire honorer la très-sainte Vierge dans cette île, sachant l'embarras où était M. de Fancamp, lui donnèrent avec joie, pour être envoyée à Montréal, une petite statue de la très-sainte Vierge qu'ils possédaient. Cette statue, faite du bois miraculeux de Montaigu et de la hauteur d'environ six pouces (env. 15 cm.), était honorée depuis longtemps dans leur chapelle domestique, et avait été à l'usage du R. P. Léonard, capucin, provincial illustre dans son ordre. Ils firent cette donation le 15 avril 1672, à dessein « d'échauffer d'autant plus la dévotion des habitants de l'île de Montréal, et d’y faire honorer la très-sainte Vierge, en l'honneur de laquelle cette île est dédiée, et dont elle est la maîtresse (1).»

_____________________________

(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Registre des délibérations de la paroisse de Villemarie, acte du 29 juin 1675.— Donation de la statue, par MM. Leprêtre. — Certificat de M. de Fancamp., ibid.

A suivre : x. M. de Fancamp, miraculeusement guéri à l'occasion de cette statue…


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Message  Louis Mer 14 Nov 2012, 12:00 pm

X. M. de Fancamp, miraculeusement guéri à l'occasion de cette statue,
donne à la sœur 30 pistoles, pour commencer la bâtisse de Bon-Secours.


Cette statue était renfermée dans une niche. M. de Fancamp, voulait l'y faire enchâsser mieux qu'elle ne l'était, désira de la garder quelques jours chez lui avant de la remettre à la sœur Bourgeoys (2). Il régnait alors à Paris une maladie épidémique qui emportait en très-peu de temps ceux qui en étaient atteints, et le soir du jour même où M. de Fancamp reçut en dépôt la statue, qui était le Vendredi saint, il fut subitement atteint de cette maladie, avec des symptômes si dangereux, que les médecins en furent alarmés, et qu'au rapport de la sœur Bourgeoys il n'avait plus à attendre que la mort (1).

« Le lendemain, veille de Pâques, rapporte M. de Fancamp lui-même, ayant été saigné, et étant pénétré de crainte des suites de ma maladie, je m'adressai à la très-sainte Vierge à l'occasion de cette image que j'avais pour lors devant les yeux, et je lui dis avec confiance:

« Vous allez à Montréal pour y faire paraître les largesses de vos miséricordes; voulez-vous donc en partant laisser son pauvre fondateur ? S'il vous plaisait de me guérir pour m'obtenir le temps de faire pénitence, je publierais partout vos bontés, je procurerais de tout mon pouvoir le bâtiment, de votre chapelle, et pour la commencer je vous offre et donne 30 pistoles. Après ces paroles je demeurai sans douleur ni crainte de ma maladie. Quelque temps après, il me survint un si grand débordement d'une bile enflammée, sans aucun remède ni aide de la nature, ce me semble, que je me trouvai incontinent guéri (2). »

La guérison de M. de Fancamp fut en effet aussi durable qu'elle avait été subite ; car il vécut encore environ vingt ans, et mourut dans une extrême vieillesse (1). Il remit donc à la sœur Bourgeoys la statue avec la somme qu'il avait vouée, en y joignant encore une attestation de sa guérison qu'il signa de sa main, le dernier jour du mois d'avril de cette même année 1672.

______________________

(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Ibid.
(2) Certificat de M. de Fancamp., ibid.
(1) lettres de M. Tronson, lettre à M. de Belmont, du 30 mai 1690.

A suivre : XI. Séjour de la sœur Bourgeoys et de ses filles à Rouen.

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Message  Louis Jeu 15 Nov 2012, 5:56 am

XI. Séjour de la sœur Bourgeoys et de ses filles à Rouen.


La sœur Bourgeoys, au comble de ses désirs, reçut cette statue comme une nouvelle marque des bénédictions que la très-sainte Vierge donnait à ses entreprises, et ne songea plus qu'à hâter le départ pour le Havre, où devait se faire l'embarquement. Outre les six filles agréées par M. de Laval pour entrer dans sa communauté, elle était chargée d'en conduire quelques autres, destinées à s'établir à Villemarie. En descendant la Seine en bateau de Paris à Rouen avec sa petite troupe, composée de onze filles; et là elles furent obligées de séjourner plus d'un mois, le navire sur lequel elles devaient s'embarquer n'étant pas encore prêt à partir. Un séjour si prolongé dans une grande ville, eut bientôt épuisé leurs modiques ressources. Celle de ses filles qui avait été chargée du soin de la dépense, voyant qu'elles étaient à la veille de manquer de tout, dit à la sœur Bourgeoys :

« Ma sœur, nous n'avons plus d'argent que pour cette semaine: que ferons-nous après?

— Vous vous défiez donc de la Providence ? » lui répondit la sœur Bourgeoys ; « elle ne nous a jamais manqué dans nos besoins.

— Mais en attendant, répliqua « l’autre, il faut que nous vivions.

— C'est assez, ma sœur, lui dit-elle, DIEU y pourvoira. »

DIEU y pourvut en effet ; car, avant la fin de la semaine, Louis Frin, qui demeurait chez M. de Maisonneuve, arriva à Rouen, et apporta pour chacune de ces filles un mandat de 200 livres, et une rétribution journalière de 11 sols 6 deniers jusqu'à leur arrivée à Québec (1); secours qui, selon toutes les apparences, leur était procuré par M. Colbert, si dévoué à l'œuvre de Montréal.

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(1) Vie de la soeur Bourgeoys, 1818, p. 108.

A suivre : XII. Pèlerinage à Notre-Dame des Neiges.

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