Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.

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Message  Louis Jeu 15 Nov 2012, 1:09 pm

XII. Pèlerinage à Notre-Dame des Neiges.


Comme le séjour de Rouen n'offrait aucun intérêt à ces vertueuses filles, la sœur Bourgeoys les fit embarquer pour le Havre, afin qu'elles fussent témoins des travaux que l'on faisait pour équiper le vaisseau. Elles furent obligées de demeurer encore plus de quinze jours dans cette dernière ville. Pendant ce temps, la sœur Bourgeoys, qui ne cessait de les occuper par divers exercices de dévotion, leur proposa de faire un pèlerinage à Notre-Dame des Neiges, afin d'obtenir de DIEU un temps favorable pour leur traversée (1), et surtout de se renouveler dans le désir de pratiquer toute leur vie les maximes les plus pures de la perfection chrétienne.

« Dans les deux voyages où j'ai emmené des filles, écrit-elle, lorsqu'il s'est trouvé des lieux de dévotion sur la route, nous avons toujours renouvelé la résolution de suivre la perfection (2). »

Toutes ses filles agréant sa proposition, il fut décidé qu'on ferait ce pèlerinage à pied et à jeun, et que toutes y communieraient. Le trajet était long ; quoiqu'elles fussent parties de très-grand matin, elles n'arrivèrent qu'un peu plus tard dans la matinée ; en sorte que deux prêtres qui résidaient dans ce lieu, l'un avait déjà dit la sainte messe, et l'autre, malade et alité depuis plus de six semaines, n'était pas en état de la célébrer. Mais la sœur Bourgeoys ayant raconté au premier la promesse qu'elle avait faite avec ses filles, celui-ci alla en rendre compte à son confrère, qui était encore à jeun et qui se trouva sur-le-champ en état de se lever. Ces deux prêtres se rendent à l'église; ils se mettent, chacun de son côté, à confesser toute cette troupe ; et le malade, qui n'avait pu descendre qu'à l'aide d'un bâton, célébra sans incommodité la sainte messe, où elles eurent toutes le bonheur de communier (3).

_____

(1)Vie de la sœur Bourgeoys , 1818, p. 108.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3)Vie de la sœur Bourgeoys , ibid.

A suivre : XIII. Traversée et arrivée à Québec.


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Message  Louis Ven 16 Nov 2012, 5:58 am

XIII. Traversée et arrivée à Québec.


Deux ou trois jours après, le navire étant équipé et le temps favorable, on mit enfin à la voile le 2 juillet, jour de la Visitation. Parmi les passagers, qui étaient au nombre de quarante-cinq, se trouvait M. François Le Fèbvre, prêtre de Saint-Sulpice, qui exerça quelques années plus tard les fonctions de supérieur du séminaire de Villemarie. On comprend assez à quoi devaient s'occuper durant ce voyage la sœur Bourgeoys et ses pieuses compagnes. Elle leur faisait faire de fréquents exercices de dévotion devant la statue qu'elles portaient à Villemarie, et qu'elles aimaient à considérer comme leur sauvegarde durant cette traversée. La sœur Bourgeoys désirait surtout de se trouver en Canada le jour de l'Assomption avec sa statue, pour mettre en quelque sorte la très-sainte Vierge en possession d'un pays qui lui est spécialement consacré. Avant partir du Havre, et lorsqu'elle avait vu l'embarquement si longtemps différé, elle avait même engagé ses filles à faire une neuvaine pour demander à DIEU cette grâce. Elles avaient promis, dans ce cas, d'entendre chacune trois messes le jour de l'Assomption, et autant les deux jours suivants ; et il plut à DIEU d'exaucer leurs désirs, car elles arrivèrent à Québec l'avant-veille de cette fête (1).
____________

(1)Vie de la sœur Bourgeoys , 1818, p. 109-110-111.

A suivre : XIV. Arrivée de la sœur Bourgeoys à Villemarie.

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Message  Louis Ven 16 Nov 2012, 11:36 am

XIV. Arrivée de la sœur Bourgeoys à Villemarie.


Lorsque la sœur Bourgeoys arrivait à Québec une personne, qui apparemment n'approuvait pas ses desseins, vint lui annoncer que la communauté de la Congrégation était en décadence et prête à tomber ; à quoi elle répondit : « Celui qui la fera tomber, pourra bien la relever quand il lui plaira. »

La maison de Montréal était alors dans un très-grand dénûment ; et c'était apparemment ce qui faisait croire à quelques-uns qu'elle ne pourrait se soutenir. Mais il s'en fallait bien que la sœur Bourgeoys tirât de ce dénûment une induction si peu conforme à la sagesse chrétienne et à la conduite de la divine Providence sur les œuvres dont elle est le soutien. La pauvreté réelle était au contraire le plus riche trésor que la sœur désirait laisser à ses filles, et le plus ferme appui qu'elle voulait donner à leur établissement. Aussi fut-elle charmée, en arrivant à Villemarie, de voir qu'on ne pût lui présenter à son premier diner qu'un petit morceau de viande salée et du pain. Pleine de confiance, elle ne laissa pas de charger la sœur Geneviève Durosoy de préparer à souper pour la communauté.

« Mais que voulez-vous que je prépare? lui dit celle-ci ; je ne vois rien dans la maison. — Pourquoi vous défiez-vous ainsi de la Providence? lui répondit la sœur Bourgeoys; allez toujours à votre office : Dieu y pourvoira. »

En effet, dès cette après-midi plusieurs personnes, étant venues les visiter, leur apportèrent en présent diverses espèces de provisions, en sorte que dans le jour même il y eut abondance de tout (1).

L'arrivée de la sœur Bourgeoys fut un grand sujet de joie pour tous les bons citoyens de Villemarie. Ils avaient demandé au roi d'affermir, par des lettres patentes, l'établissement de la Congrégation, qui leur était si cher à tous, et dont ils appréciaient de plus en plus les précieux avantages. Ils bénirent comme à l’envie la divine Providence en apprenant le succès de leur supplique, et en voyant arriver encore, pour se consacrer à cette œuvre, les zélées coopératrices que la sœur Bourgeoys amenait.

« Ce que j'admire, » disait dans ces circonstances M. Dollier de Casson, que nous pouvons considérer ici comme l'organe des sentiments de toute la colonie ; « ce que j'admire est que cette bonne sœur Bourgeoys vienne de faire, comme elle a fait, un voyage de France de deux ans, dans lequel, sans amis ni argent, elle a subsisté, elle a obtenu ses expéditions de la cour, et est revenue avec douze ou treize filles, dont il y en avait bien peu qui eussent de quoi payer leur passage.

Tout cela est admirable, et fait voir la main de DIEU sur cette bonne fille et sur son institut (1). »

_____
(1) Ibid. p. 111.
(1) Histoire du Montréal, de 1652 à 1653.

A suivre : XV. La sœur Bourgeoys place la statue…

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Message  Louis Sam 17 Nov 2012, 5:55 am

XV. La sœur Bourgeoys place la statue dans le petit appentis de bois.
On obtient la permission de bâtir l'église de Bon-Secours.


Mais un autre sujet de joie pour tout le pays ce fut l’acquisition que la sœur avait faite de la statue miraculeuse dont nous avons parlé, et qui devait être bientôt pour les fidèles une source de grâces et l'occasion d'un renouvellement dans la dévotion envers Marie. La sœur Bourgeois la plaça d'abord dans la maison des sœurs, en attendant qu'on eût bâti la chapelle qu'elle avait promis de faire construire. Mais, pour ne pas priver jusque alors les fidèles de l'avantage de prier devant cette statue, M. Pérot, curé de Montréal , désira qu'elle fût placée dans le petit appentis de bois, en forme de chapelle , que la sœur Bourgeoys avait fait élever avant son dernier départ pour la France. En conséquence, elle la plaça elle-même dans ce lieu de piété, au commencement du mois de juin, durant l'octave du saint Sacrement de l'année suivante 1673 (2) ; et la statue y demeura jusqu’à ce qu'on commençât les travaux de la bâtisse. Ils furent encore différés environ deux ans, apparemment pour qu'on pût, durant cet intervalle, se procurer les fonds nécessaires: ce que la construction de l'église paroissiale, à laquelle on travaillait, devait rendre plus difficile alors que dans un autre temps.

Cependant , déjà au mois d'août de cette année 1673 , un ecclésiastique du séminaire, M. Pérot, curé de Montréal, ou peut-être M. Dollier de Casson, devenu supérieur en remplacement de M. de Queylus, que ses affaires domestiques avaient rappelé en France (1), écrivit à M. Dudouyt, grand-vicaire en l'absence de M. de Laval, pour lui demander la permission de bâtir la chapelle. M. Dudouyt répondit le 24 août de la même année :

« J'ai bien de la joie de voir que vous procurez la dévotion à la sainte Vierge avec tant de zèle. J’approuve bien le dessein d'une petite chapelle proche de la ville de Montréal, où l'on puisse aller facilement, par dévotion, honorer la sainte Vierge. Selon que le R. P. Pijard me l'a fait connaître, ce lieu est bien proche ; s'il était un peu plus éloigné, cela contribuerait à la dévotion du peuple, qui y ferait volontiers ses petits pèlerinages. Vous y penserez avec vos messieurs, et vous m'en direz votre sentiment (2). »

Il parait cependant que la distance fut jugée convenable, les fidèles étant d'ailleurs accoutumés déjà à fréquenter ce lieu par dévotion. Du moins on convint de bâtir la chapelle dans l'endroit même où la sœur Bourgeoys avait résolu d'abord de la faire construire. La sœur désirait qu'on donnât à la chapelle l'Assomption pour fête principale; et elle en écrivit à M. de Bernières, grand-vicaire, qui approuva ce dessein le 4 novembre de l'année suivante (1).

______________________________________

(2) Registre des délibérations de la paroisse de Villemarie, 29 juin 1675.
(1) Histoire du Montréal, de 1670 à 1671.
(2) Registre des délibérations, etc., 24 août 1673.
(1) Ibid., 4 novemb. 1674.

A suivre : XVI. Construction de l’église de Notre-Dame de Bon-Secours.

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Message  Louis Sam 17 Nov 2012, 12:16 pm

XVI. Construction de l’église de Notre-Dame de Bon-Secours.


Enfin, l'année 1675, une partie des fonds étant déjà réunis, on résolut de construire la chapelle. Les 300 livres données par M. de Fancamp avaient été employées par la sœur Bourgeoys à acheter des marchandises en France pour les revendre avec bénéfice à Villemarie, et avaient produit 600 livres, monnaie de Canada. Elle reçut d'autres dons, et amassa ainsi pour cette bonne œuvre un fonds de plus de 2,000 livres, auquel elle ajouta 100 louis provenant des économies de sa communauté.

Ensuite, pour entrer dans les vues des donateurs, elle demanda au curé et aux marguilliers de Villemarie de vouloir que la nouvelle chapelle fût une annexe et une dépendance de leur paroisse, et d'en diriger eux-mêmes la construction. Ils acceptèrent ses offres, et M. Souart, au nom de M. de Bretonvilliers, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, donna l'emplacement pour la bâtir. Le même jour, 29 juin, fête de saint Pierre et de saint Paul, à l'issue des vêpres, on alla processionnellement au lieu destiné pour la chapelle. M. Souart planta la croix, et le lendemain, après les vêpres, s'y étant rendu de nouveau avec un grand concours de peuple, il posa la première pierre de l'édifice au nom de M. de Fancamp (*).

Comme la chapelle devait être une fois plus grande que celle que la sœur Bourgeoys avait eu dessein de faire construire en 1657, on fut obligé de relever la première pierre qu'on avait posée alors, et on la remplaça par une autre plus grande , sous laquelle on mit une médaille de la sainte Vierge , avec une plaque de plomb portant l'inscription suivante :


D.O.M.

beatæ mariæ virgini
Et sub titulo assumptionis
(**)

Enfin on dressa de cette cérémonie un procès-verbal qui fut signé par les ecclésiastiques du séminaire, les marguilliers, et par quatre sœurs de la Congrégation, les sœurs Bourgeoys, Anne Hioux, Elisabeth de la Bertache et Marguerite Preudhomme (1)

Dès que la première pierre eut été posée…

____________________
(*) M. Montgolfier, dans sa Vie de la sœur Bourgeoys, a supposé, par erreur, que cette cérémonie avait eu lieu en 1673 (1) ; et c’est de cette source que la même date s’est glissée dans la Notice historique sur la chapelle de Notre-Dame-de-Bon secours (2)

(**) C’est-à-dire : A Dieu très-bon et très-grand. A la bienheureuse Vierge Marie, et sous le titre son Assomption.


(1) Vie de la sœur Bourgeoys , 1818, p. 96.
(2) manuel du Pèlerin de Bon-Secours, p. 17


____________________

(1) Registre des délibérations,29 juin 1675.

A suivre…

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Message  Louis Dim 18 Nov 2012, 7:04 am

XVI. Construction de l’église de Notre-Dame de Bon-Secours.

(suite)


Dès que la première pierre eut été posée, on se mit incontinent à l’ouvrage, qui fut poussé avec beaucoup d'activité, la sœur Bourgeoys ayant su inspirer aux ouvriers, et même à ses propres filles, un saint zèle pour cette œuvre, qu'elle avait si fort à cœur de voir bientôt achevée.

« Quand on maçonnait les marches de la porte, dit-elle, nous avions un engagé qui ne voulait point aller servir les maçons. Ma sœur Soumillard avait alors dans la tête un abcès qui la faisait beaucoup souffrir, jusqu'à l'empêcher de se baisser, et à l'obliger même de se mettre à genoux lorsqu'elle voulait balayer sa chambre. Néanmoins elle alla incontinent au travail, et servit les maçons, environ deux ou trois heures, avec la force d'un homme, et comme sans faire réflexion à son état. Or il est à remarquer que, depuis ce moment, elle cessa pendant un an entier d'éprouver aucune douleur à la tête (1).»

Cette guérison extraordinaire ne fut pas la seule de ce genre qu’il plut à Dieu d'opérer alors pour accréditer ce lieu de dévotion, ainsi que la sœur Bourgeoys nous l'apprend.

« Il se faisait, dit-elle, plusieurs merveilles par les prières que l'on faisait dans cette chapelle. »

Comme ce sanctuaire consacré à Marie devait être pour tout le pays une sauvegarde plus assurée que tous les secours humains, il sembla que la Providence eût inspiré à la sœur Bourgeoys d'employer pour matière de la cloche destinée à y appeler les fidèles, les débris d'un canon employé jadis à la défense du pays contre les Iroquois.

« La fonte de cette cloche, qui pèse un peu moins de cent livres (env. 45 kg.), écrit-elle, est d'un canon cassé que j'avais obtenu de M. de Maisonneuve. M. Souart en a payé la façon (1). »

_____________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Ibid.

A suivre : XVII. L’église de Bon-Secours est annexée à perpétuité à la paroisse de Villemarie.

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Message  Louis Dim 18 Nov 2012, 12:06 pm

XVII. L’église de Bon-Secours est annexée
à perpétuité à la paroisse de Villemarie.


La chapelle de Bon-Secours étant terminée, la sœur Bourgeoys, de concert avec ses filles, pour en assurer la possession à l'église paroissiale, fit donation à la fabrique des cent louis qu'elle avait fournis pour la bâtir, et mit pour condition qu'elle serait une annexe inséparable de la paroisse de Villemarie. Peu après, les sœurs adressèrent une requête à l'évêque de Québec pour le prier de l'annexer lui-même à perpétuité à cette paroisse, « sans que jamais, disent-elles, pour quelque raison que ce soit, elle puisse en être séparée, ni être occupée et possédée par d'autres ; afin que, de cette sorte, les desseins des personnes qui ont donné les aumônes soient exécutés, conjointement avec ceux des filles de la Congrégation (2).» Enfin, elles prient ce prélat de leur permettre de continuer leurs soins à l'orner et à recueillir les aumônes pour en faire achever l'intérieur.

« Ce qu'elles offrent de faire, ajoutent-elles, pour rendre à la sainte Vierge, leur mère, tout l'honneur et service qui leur est possible. »

M. l'évêque de Québec accorda en effet à la sœur Bourgeoys l'objet de sa requête, le 6 novembre 1678 ; ordonnant expressément que, pour aucune raison, la chapelle de Bon-Secours ne pourrait être séparée de la paroisse de Villemarie, suivant les intentions de la sœur Bourgeoys et de ses sœurs, et de tous ceux qui leur avaient envoyé, pour ce dessein, des aumônes de France. Il imposa pour charge au curé d'y faire célébrer la sainte messe le jour de la Visitation, fête principale de la Congrégation Notre-Dame, et d'y aller en procession le jour de l'Assomption (1).


Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.  - Page 9 Notre-10
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(2) Registre des délibérations, etc., lettre des sœurs à M. de Laval, 1678
(1) Ibid. Mandement du 6 novembre 1678.

A suivre : XVIII. Le désir de M. Olier d’être chapelain de la très-sainte Vierge à Villemarie…

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Message  Louis Lun 19 Nov 2012, 6:54 am

XVIII. Le désir de M. Olier d’être chapelain
de la très-sainte Vierge à Villemarie,
est accompli dans la personne de ses disciples.


Tels furent les moyens dont la divine Providence voulut se servir pour exécuter enfin le dessein qu'elle avait inspiré aux premiers associés de Montréal, de bâtir en l'honneur de la très-sainte Vierge la première chapelle qui serait construite dans cette île ; car la chapelle de Bon-Secours, comme nous l'avons dit déjà, fut la première qu'on y eût bâtie en pierres. M. Olier, parlant de ce dessein en 1642, rendait ainsi compte de ses sentiments à son directeur :

« Je ne tairai pas que la très-sainte Vierge m'avait dit qu'elle voulait que je fusse son chapelain. Il me semblait que cette sainte maîtresse me voulait retiré dans quelque lieu à l'écart, vaquant à la prière, et la servant en quelque petite chapelle qui lui serait dédiée. Il me vient souvent à l'esprit que la miséricorde de Dieu me fera cette grâce, que de m'envoyer au Montréal en Canada, où l'on doit bâtir la première chapelle à Dieu, sous le titre de la très-sainte Vierge, et que je serai le chapelain de cette divine dame. Oh ! que Dieu soit béni à tout jamais de ses desseins si saints, et qu'il conduit avec tant d'amour, de sagesse et de puissance (1) ! »

Mais c'était dans la personne de ses disciples que M, Olier devait jouir de cet de cet avantage ; et Dieu, qui lui en avait sans doute inspiré le désir, se plut à en procurer l'accomplissement, par une conduite pleine en effet de douceur et de sagesse, en portant M. de Laval à annexer, comme nous venons de le dire, cette chapelle à perpétuité à la paroisse de Villemarie après que ce prélat venait d'unir la paroisse elle-même au séminaire de Montréal (1). Car, en vertu de cette double union, le séminaire de Saint-Sulpice étant personnellement chargé de la desserte de la chapelle, un ecclésiastique de cette maison a constamment exercé jusqu'ici les fonctions de chapelain de Notre -Dame de Bon-Secours.

Une particularité que nous ne devons pas dérober ici à l'édification de nos lecteurs , c'est que M. Tronson, second successeur de M. Olier, avait la dévotion de se servir, pour sceller les actes relatifs à la seigneurie de Montréal , d'un sceau particulier, qui exprimait cette tendre et filiale piété de M. Olier envers Marie, dont il fut lui-même l'un des plus dignes héritiers. On voit dans la Vie de M. Olier la pieuse pratique qu'il avait adoptée, et qu'il recommandait à ses disciples, de s'acquitter envers cette divine Mère des devoirs que lui rendait saint Jean l’Évangéliste, lorsqu'après l'Ascension du Sauveur, il offrait le très-saint sacrifice de l’autel, dans les intentions qu'elle formait pour l'établissement de l'Église naissante (2): ce qui le portait à considérer saint Jean comme le chapelain de Marie (3). Conformément..

_______________________

(1) Mémoires autographes de M. Olier, année 1635, t. I, p. 73-74.
(1) Le 28 octobre 1678. Archives du séminaire de Villemarie, acte d’union de la paroisse.
(2) Vie de M. Olier, 1841, t. I, p. 207-208-209.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre…


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Message  Louis Lun 19 Nov 2012, 12:30 pm

XVIII. Le désir de M. Olier d’être chapelain
de la très-sainte Vierge à Villemarie,
est accompli dans la personne de ses disciples.
(suite)


Conformément à ces pieuses pensées, M. Tronson avait fait représenter, sur le sceau dont nous parlons, saint Jean l'Évangéliste à l’autel, communiant la très-sainte Vierge ; et tout autour on lisait cette inscription : Virgo Virginem Virgine communicat (1) ;
c'est-à-dire: le disciple vierge donne à la Vierge, JESUS, la pureté des vierges.

Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.  - Page 9 Madail10

Comme les ecclésiastiques de Saint-Sulpice de Villemarie étaient censés y exercer leurs fonctions au nom de M. Tronson, il aimait à se servir de ce sceau, en signe de son union aux devoirs qu'ils rendaient à Marie dans cette nouvelle chrétienté, et spécialement dans le premier sanctuaire qui venait d'y être élevé en son honneur. A peine la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours fut-elle achevée que les prêtres du séminaire commencèrent en effet à y célébrer la sainte messe tous les jours.

« M. Dollier, écrit la sœur Bourgeoys, a donné, pour servir à cette chapelle, la rétribution des messes qui s'y dirent pendant trois années. Ma sœur Soumillard en tenait note, et il s'est trouvé qu'il y a eu plus de mille messes, quoiqu'il y eût alors peu de prêtres et peu de monde à Montréal (1).»

L'un des premiers ecclésiastiques qui exercèrent la charge de chapelain de Notre-Dame de Bon-Secours, fut M. Frémont, grand zélateur de la dévotion envers Marie. « Je n'ai pu lire qu'avec joie dans votre dernière lettre, lui écrivait M. Tronson, ce que vous m'y marquez du désir que vous avez d'aimer la très-sainte Vierge, et de l'emploi que vous avez dans sa chapelle de Bon-Secours. Je ne doute pas que ce ne vous soit là une source de beaucoup de grâces, et que vous n'éprouviez combien cette mère de miséricorde se rend charitable à ceux qui la servent. Vous savez que c'est une des principales dévotions de la maison, et que c'est ce que nos très honorés pères M. Olier et M. de Bretonvilliers nous ont laissé pour héritage (2). »

_________________________

(1) Archives du séminaire de Villemarie, lettres de pouvoir agir au nom des seigneurs années 1678 et suivantes.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Lettres de M. Tronson à M. Frémont, du 18 avril 1685.

A suivre : XIX. Le pèlerinage de Notre-Dame de Bon-Secours ranime la dévotion envers Marie.


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Message  Louis Mar 20 Nov 2012, 6:02 am

XIX. Le pèlerinage de Notre-Dame de Bon-Secours
ranime la dévotion envers Marie.


La sœur Morin, religieuse de Saint-Joseph, parle ainsi du concours qui avait lieu à cette chapelle et du renouvellement de piété envers Marie que la sœur Bourgeoys excita par ce moyen dans tous les cœurs :

« On y dit tous les jours la sainte messe, et même plusieurs fois le même jour, pour satisfaire à la dévotion et à la confiance des peuples, qui sont grandes envers Notre-Dame de Bon-Secours. On y va aussi en procession pour les besoins et les calamités publiques, avec bien des succès. C'est la promenade des personnes dévotes de la ville , qui y vont tous les soirs en pèlerinage ; et il y a peu de bons catholiques qui, de tous les endroits du Canada, ne fassent des vœux et des offrandes à cette chapelle dans tous les périls où ils se trouvent.

« Je dis ceci pour faire connaître que l'origine de cette dévotion est due à la piété et au zèle de la sœur Bourgeoys, pour faire honorer la très-digne Mère de Dieu. Car elle n'avait rien pour faire ces choses, et dans toutes ses entreprises elle n'a manqué de rien. C'est une personne capable de toutes les œuvres utiles à la gloire de Dieu ; les affaires spirituelles et temporelles réussissent toujours entre ses mains, parce que c'est l'amour de Notre-Seigneur qui la fait agir, et qui lui donne l'intelligence (1). »

Ce fut surtout à l’occasion des ravages commis par les Iroquois dans l'île de Montréal qu'éclata la confiance des citoyens de Villemarie envers Notre-Dame de Bon-Secours. M. Tronson écrivait à M. Frémont dans ces circonstances :

« Puisque vous êtes persuadé que Dieu ne permet que les Iroquois attaquent le Canada qu'afin qu'on ait recours à lui et à sa très-sainte Mère plus que jamais, je ne doute pas que vous ne profitiez de la lumière qu'il vous donne , et que vous ne vous acquittiez fidèlement d'un si saint et si juste devoir ; et comme les prêtres doivent être le supplément de la religion des peuples, il faut que vous redoubliez vos prières pour attirer le secours du Ciel et obtenir miséricorde (1).»

« Vous avez raison, lui écrivait-il dans une autre circonstance, d'attribuer à la protection de la très-sainte Vierge la conservation du Canada. Continuez de bien implorer son secours. Vous savez que c'est particulièrement sous ses auspices que l'on a entrepris l'établissement de Montréal. Ainsi c'est son ouvrage, qu'il lui faut surtout recommander, afin qu'elle y soit glorifiée avec son Fils et que ses ennemis soient confondus (2) (*). »

_________________________________
(*) Comme la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours était alors a une certaine distance de la ville, car elle n'y fut renfermée qu'en 1709 (a), on plaça dans les combles de cet édifice la provision de poudre à canon qu'on était obligé de conserver à Villemarie, n'y ayant point encore de magasin pour cet usage. M. de Denonville, gouverneur général du Canada, écrivait à ce sujet au ministre le 13 novembre 1685 :

« A Montréal, j'ai trouvé les poudres dans le haut d'une chapelle où le peuple a grande dévotion. M. l'évêque m'a fort prié de les ôter de là, ce que je n'ai pu faire, n'ayant trouvé aucun lieu où on pût les mettre sans danger du feu (b). »


(a) Archives de la marine, lettre de M. Raudot fils , 9 novembre 1709, p. 195. — Archives du séminaire de Saint-Sulpice à Paris, plan de Villemarie de 1713.
(b) Archives de la marine, lettre de M. de Denonville 13 novembre 1685.

_________________________________
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
(1) Lettre à M. Frémont, 1693.
(2) Lettre à M. Frémont, 20 mars 1693.
(Note de Louis : les lettres a et b sont de moi pour éviter la confusion avec les nº)


A suivre : Chapitre V. TROISIÈME VOYAGE DE LA SŒUR BOURGEOYS EN FRANCE.
TENTATIVES QU’ELLE FAIT EN VAIN POUR OBTENIR L’APPROBATION DES RÈGLES DE SON INSTITUT.

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Message  Louis Mar 20 Nov 2012, 2:34 pm

CHAPITRE V

TROISIÈME VOYAGE DE LA SŒUR BOURGEOYS EN FRANCE.
TENTATIVES QU’ELLE FAIT EN VAIN
POUR OBTENIR L’APPROBATION DES RÈGLES
DE SON INSTITUT.

I. Les nouvelles maîtresses venues de France en 1672
sont reçues sœurs de la Congrégation.


Pour ne pas interrompre l'histoire de la construction de Notre-Dame de Bon-Secours, que nous venons de raconter, nous avons omis un fait important qui eut lieu dans cet intervalle: l'érection de la Congrégation en communauté par M. de Laval (*). On a vu déjà que la sœur Bourgeoys, dans son second voyage de France, après avoir obtenu des lettres patentes du roi, qui l'autorisaient, elle et ses sœurs, à vivre en communauté et à former des établissements en Canada , présenta à M. de Laval, alors à Paris, les six nouvelles compagnes qu'elle amenait avec elle, et que ce prélat voulut bien agréer. Lorsque ces filles eurent fait pendant deux ans à Villemarie l'essai de leurs nouvelles fonctions , la sœur Bourgeoys, qui les jugeait très-propres à la seconder dans son œuvre, voyant que M. de Laval était toujours retenu à Paris, écrivit à M. de Bernières, grand-vicaire à Québec , pour lui demander si elle pouvait les recevoir définitivement comme sœurs de la Congrégation avant l'arrivée de l'évêque, ou si elle devait différer leur réception jusqu'à son retour.

« Quoiqu'on puisse faire l'un et l’autre, lui répondit M. de Bernières, je pense néanmoins qu'il sera plus à propos de différer jusqu'à l'arrivée de monseigneur. Comme il m'a écrit de vous et de votre Congrégation, pour laquelle il témoigne bien de l’affection, il sera bon que lui-même règle toutes choses, et qu'il vous fasse connaître ses intentions. J'espère que le tout réussira pour la gloire de Dieu, le bien des âmes et votre consolation. J'y contribuerai de ma part en tout ce qui me sera possible (1). »

En effet, M. de Laval, étant revenu en Canada, fit sa visite pastorale à Villemarie au mois de juin 1676 (2), et reçut sans doute lui-même ces sœurs que nous voyons, en 1678, composer, avec les anciennes le corps de la Congrégation de Notre-Dame (1).

____________________________________
(*) Nous avons dit qu'au mois de mai 1669, ce prélat, étant allé à Villemarie, permit par écrit à la sœur Bourgeoys et à ses compagnes d'exercer leurs fonctions de maîtresses d'école. Ce fut peut-être dans cette occasion qu'il visita leur maison pour la première fois, et reçut lui-même deux sœurs dans la communauté, comme la sœur Bourgeoys le rapporte dans ses Mémoires. Elle ajoute cependant que l'une d’elles, la sœur Hioux, fut la première reçue en forme , ce qui pourrait faire douter si cette réception en forme n'eut pas lieu après que M. de Laval eut érigé en communauté les filles de la Congrégation, en 1676, ainsi que nous le dirons bientôt.
____________________________________
(1) Archives de la Congrégation, lettre du 4 novembre 1674.
(2) Registre de la paroisse de Villemarie, baptêmes 1er juin 1676.
(1) Registres des délibérations, requête des sœurs à M. de Laval, pour l’union de Bon-Secours à la paroisse, 1678.

A suivre : II. La sœur Bourgeoys obtient de M. de Laval la confirmation de la Congrégation.

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Message  Louis Mer 21 Nov 2012, 6:10 am

II. La sœur Bourgeoys obtient de
M. de Laval la confirmation de la Congrégation.


Cependant cette communauté, érigée depuis cinq ans par lettres patentes du roi, n'avait point encore reçu la sanction de l'autorité épiscopale. Ce fut ce qui détermina la sœur Bourgeoys à profiter de l'occasion de cette visite pour demander au prélat qu'il daignât en confirmer l’établissement. Elle le pria en même temps de donner à la Congrégation des règlements pour la diriger dans ses emplois, et d'approuver la communauté des sœurs en qualité de filles séculières (2), titre qui tendait à exclure les vœux solennels de religion, et surtout l'obligation de garder la clôture , qu'elle jugeait être tout à fait incompatible avec les fonctions de son institut (3). M. de Laval reçut avec bonté sa demande ; et, de retour à Québec, il adressa aux fidèles un mandement entièrement conforme aux désirs de la sœur Bourgeoys. Après y avoir rappelé la permission qu'il lui avait donnée, à elle et à ses compagnes , le 20 mai 1669 , ainsi que les lettres du roi de 1671 , il conclut en ces termes :

« Sachant qu'un des plus grands biens que nous puissions procurer à notre Église , et que le moyen le plus efficace pour conserver et augmenter la piété dans les familles chrétiennes, est l'instruction et la bonne éducation des enfants ; connaissant d'ailleurs la bénédiction que Notre-Seigneur a donnée jusqu'à présent à la sœur Bourgeoys et à ses compagnes dans les fonctions des petites écoles, où nous les avions employées ; et voulant favoriser leur zèle et contribuer de tout notre pouvoir à leur pieux dessein :

Nous avons agréé l'établissement de la sœur Bourgeoys et des filles qui se sont unies avec elle , ou qui y seront admises à l'avenir ; leur permettant de vivre en communauté en qualité de filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame , observant les règlements que nous leur prescrivons ci-après, et de continuer les fonctions de maîtresses d'école, tant dans l'ile de Montréal qu'aux autres lieux où nous et nos successeurs jugerons à propos de les envoyer; sans qu'elles puissent néanmoins, à l'avenir, prétendre de passer à la vie religieuse: ce qui serait contre notre intention et la fin que nous nous sommes proposée, de subvenir, par ce moyen, à l'instruction des enfants des paroisses de la campagne, conformément aux lettres patentes à elles accordées par Sa Majesté (1). »


_____________________________________

(2) Mandement de M. de Laval, du 6 août 1676, archives de l’archevêché de Québec.Archives de la Congrégation. Actes de Basset notaire à Villemarie, 19 septembre 1676.
(3) Mémoires autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Mandement, ibid.

A suivre : III. Règlements provisoires observés jusque alors dans la Congrégation.



Dernière édition par Louis le Mer 21 Nov 2012, 3:20 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 21 Nov 2012, 11:25 am

III. Règlements provisoires observés jusque alors dans la Congrégation.


Si la sœur Bourgeoys demanda à M. de Laval de donner lui-même à sa communauté les règles qu'il jugerait les plus propres à la fin de cet institut, ce n'est pas que la Congrégation, déjà établie depuis vingt ans, n'en eût eu aucun jusque alors. Sachant, au contraire, que sans règlements elle ne pourrait se maintenir dans la ferveur ni dans la fidélité à sa vocation, la sœur Bourgeoys avait eu soin, de concert avec les ecclésiastiques du séminaire, de lui en tracer qui fussent adaptés à son esprit et à ses emplois.

Depuis la formation de la communauté en 1659, on suivait ces règlements provisoires, en attendant que l'expérience eût fait connaître plus en détail ce que Dieu demandait du nouvel institut ; et l'on espérait qu'après un essai suffisant qu'on aurait fait de ces règles, M. de Laval y ferait toutes les modifications qu'il jugerait convenables, et les rendrait obligatoires par une solennelle approbation (1). C'était ce que la sœur Bourgeoys avait en vue en s’adressant à ce prélat en 1676 pour lui demander des règles, et ce que lui-même semblait avoir promis dans ses lettres d'établissement. Cependant, quoiqu'il prît la chose en grande considération, et que d'autres ecclésiastiques, à Québec et ailleurs, s'en occupassent aussi (2), plusieurs années se passèrent sans qu’il mit ce projet a exécution ; et enfin, au commencement de l'année 1679, il partit de nouveau pour Paris, où le rappelaient les affaires de son diocèse (1).

_____________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Montgolfier.
(2) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Rémy, 5 novembre 1679.
(1) Journal de M. Tronson par M. Bourbon, 18 avril 1679.

A suivre : IV. Motifs qui déterminent la sœur Bourgeoys à son troisième voyage en France.


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Message  Louis Jeu 22 Nov 2012, 5:32 am

IV. Motifs qui déterminent la sœur Bourgeoys à son troisième voyage en France.


Comme son dernier voyage en France s'était prolongé beaucoup au delà du terme qu'il s'était proposé en partant, la sœur Bourgeoys, qui éprouvait cette année quelques peines d'esprit, résolut de faire elle-même ce voyage. Ce qui la détermina à l'entreprendre, ce fut, d'un côté, l'espérance de trouver par ce moyen quelque soulagement à ses peines, et de l’autre, la facilité qu'elle aurait, soit de consulter, sur divers points de ses règlements, des personnes d'expérience qui avaient établi des instituts semblables au sien, soit aussi d'en conférer avec M. de Laval, et de le prier d'approuver les règlements qu'il jugerait plus convenables. Elle eut encore un autre motif : jusque alors elle n'avait reçu à la profession aucune fille née en Canada, et n'ayant pour aides que des compagnes venues de France, elle désirait d'amener avec elle de nouvelles associées pour suffire aux besoins du pays, qui augmentaient de jour en jour.

« En 1679, dit-elle, Mme Perrot (femme de M. le gouverneur de Villemarie) avait besoin d'aller en France. Je m'offris, avec le consentement de nos sœurs, pour l'accompagner, me servant du prétexte de nos règles et de Mgr de Laval qui était pour lors à Paris. Mais c'étaient plus mes peines d'esprit qui me faisaient entreprendre ce voyage, en ayant une très-grande de voir que les choses n'étaient pas comme je voulais (1). »

______________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : V. La sœur Bourgeoys veut se démettre de la supériorité…

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Message  Louis Jeu 22 Nov 2012, 1:20 pm

V. La sœur Bourgeoys veut se démettre de la supériorité.
La très-sainte Vierge est élue supérieure perpétuelle de la Congrégation.


Ce furent peut-être ces peines qui lui inspirèrent la résolution qu'elle prit alors de se démettre de sa charge de supérieure, sa profonde humilité ne lui permettant pas de douter que toute autre qu'elle ne la remplit d'une manière bien plus utile à la communauté. Avant donc de descendre à Québec pour s'embarquer, elle prit les arrangements qu'elle jugea nécessaires au bon gouvernement pendant son absence ; et ayant assemblé ses sœurs, elle leur proposa de faire parmi elles l'élection d'une autre supérieure en sa place. A peine leur eut-elle fait cette proposition, que toutes, comme d'une seule voix et sans s'être rien communiqué auparavant entre elles, s'écrièrent qu'elles choisissaient la très-sainte Vierge pour leur première supérieure, leur institutrice, leur fondatrice et leur bonne mère pour le temps et pour l'éternité ; et qu'elles priaient la sœur Bourgeoys de continuer à gouverner la Congrégation en la place et sous la protection de cette mère commune.

Alors la sœur Bourgeoys, se prosternant avec toute la communauté devant l'image de Marie, lui adressa sur-le-champ la prière suivante (1) :

« O très-sainte Vierge, voici la plus petite troupe de vos servantes qui se sont consacrées au service de DIEU sous votre conduite ! Elles souhaitent de vous suivre comme des filles bien nées suivent leur mère et leur maîtresse, et elles vous regardent comme leur chère institutrice et leur première supérieure, dans l'espérance que notre bon DIEU agréera notre élection, et vous donnera le domaine de cette petite communauté, qui est votre ouvrage. Nous n'avons rien qui soit digne d'être présenté à DIEU ; mais nous espérons obtenir par votre moyen les grâces nécessaires pour notre salut et la perfection de notre état. Vous savez mieux nos besoins et ce que nous devons vous demander, que nous ne le connaissons nous-mêmes ; ne nous refusez pas votre assistance. Aidez-nous par vos puissantes intercessions à recevoir les lumières et les grâces du SAINT-ESPRIT, afin de pouvoir travailler à la bonne éducation des filles et des écolières dont nous sommes chargées par notre profession. Sur toutes choses nous vous demandons, ô notre Dame et mère, que toutes les filles qui seront à l'avenir dans cette communauté, aussi bien que toutes les personnes qui contribueront à leur avancement spirituel, soient du nombre de vos élus ; afin qu'en votre compagnie nous puissions louer notre bon Dieu dans l'éternité bienheureuse (1). »


_________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 148.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 148, 149.

A suivre : VI. Avant son départ de Québec, la sœur écrit à M. Remy sur l’objet de son voyage.


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Message  Louis Ven 23 Nov 2012, 6:53 am

VI. Avant son départ de Québec,
la sœur écrit à M. Remy sur l’objet de son voyage.


La sœur Bourgeoys s’étant rendue à Québec pour l'embarquement, qui devait avoir lieu dans les premiers jours de novembre de cette année 1679, M. Remy, prêtre du séminaire, alors supérieur de la Congrégation, lui envoya les règlements de cette communauté, qu'apparemment on avait achevé de transcrire, ou que peut-être on avait complétés depuis son départ de Villemarie. Elle lui répondit le 5 novembre :

« Monsieur et très-cher père, j'ai reçu le paquet où sont les lettres, les règlements et le reste. Je remercie DIEU des bons soins que notre évêque prend pour notre petite communauté, et je le remercie aussi de ce qu'il inspire toutes ces personnes pour notre règlement ; car, étant conduite de cette façon, je ne doute point que le tout ne soit selon la sainte volonté de Dieu, et que la sainte Vierge ne nous accorde son secours, tant en cette rencontre qu'en toute les autres (2).

« La sœur Bourgeoys, qui avait obtenu divers certificats des autorités civiles et ecclésiastiques du Canada, lorsqu’elle était allée solliciter des lettres patentes, crut devoir en demander encore dans cette occasion, où il s'agissait de faire approuver les règlements de son institut. Elle en écrivait en ces termes à M. Remy :

« Pour les certificats, j'ai eu celui de M. de Bernières, celui de M. le procureur général. Ce dernier certificat a bien fâché M. le comte de Frontenac, disant que M. le procureur général ne pouvait pas en donner de cette nature, n'étant pas sur les lieux. Pour le Père D..., il m'a dit qu'il ne pouvait le donner qu'à notre désavantage, c'est-à-dire qu'il nuirait plutôt que de servir. Je tâcherai de faire en toutes choses ce que vous avez la charité de me marquer, et je garde vos lettres pour me servir d'instruction.

« Je vous remercie de…

______________________

(2) Archives de la Congrégation, lettre de la sœur Bourgeoys, du 5 novembre 1679.

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Message  Louis Ven 23 Nov 2012, 11:41 am

VI. Avant son départ de Québec,
la sœur écrit à M. Remy sur l’objet de son voyage.
(suite)



« Je vous remercie de tout le soin que vous prenez et prendrez d'offrir et de faire offrir à Dieu toutes nos petites entreprises. Je vous prie aussi de me permettre de remercier ici M. le curé Bailly (*), M. Barthélémy, M. Frémont et M. Seguenot, de la charité qu'ils ont eue pour nous. Je les prie de nous la continuer à la sainte messe. Je n'ai point écrit à M. Dollier, quoiqu'il m'ait fait l'honneur de m'écrire en m'envoyant une lettre. La sienne ne demandait point de réponse ; mais je ferai autant que je pourrai ce qu'il m'a ordonné. Je suis allée ce matin avec Mme Perrot au navire pour le transport de ses effets et de ses hardes, croyant que l'on devait s'embarquer; mais on nous a dit que ce ne serait que mardi. On pourrait bien encore reculer, en sorte que je ne puis pas vous dire le jour du départ. Ce sera quand il plaira à DIEU (1). »

Comme elle l'avait prévu, le départ fut encore différé, ce qui lui donna l'occasion d'écrire à M. Remy , le 11 novembre : « Celle-ci est pour vous remercier de toutes les lettres que vous avez la charité de m'écrire, et que je conserve toutes pour me servir d'instruction. Je ne sais s'il se trouvera encore quelqu'un, cet automne, pour porter la présente. Pour la réception des filles vous pourrez faire comme vous le jugerez à propos et attendre l'arrivée des règles. Je ne dois rien retarder; mais c'est un prétexte pour différer celles que vous jugerez à propos de retarder. Je vous supplie, mon très-cher père, d'avoir encore un peu de patience, comme vous avez eu depuis tant de temps ; et j'espère que vous verrez du changement ; c'est ce que j'attends de la miséricorde de mon DIEU. Je vous remercie de toutes les bénédictions que vous me souhaitez et que vous demandez pour moi (1). »

_________________________
(*) La sœur Bourgeoys donne à M. Bailly la qualité de curé, parce qu'il était chargé alors de la conduite de la Mission sauvage nouvellement établie à la Montagne.
_________________________
(1) Archives de la Congrégation, ibid.
(1) Ibid., lettre de la sœur Bourgeoys, du 11 novembre 1679.

A suivre : VII. Voyage de la sœur Bourgeoys de la Rochelle à Paris.

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Message  Louis Sam 24 Nov 2012, 5:59 am

VII. Voyage de la sœur Bourgeoys de la Rochelle à Paris.


Enfin on mit à la voile et on arriva heureusement à la Rochelle. Voici comment la sœur Bour Bourgeoys raconte son voyage de cette ville à Paris.

« Etant à la Rochelle, je quittai Mme Perrot, et je parlai de mes peines à un capucin qui me remit mon esprit en peu de temps. On me conseilla de prendre le carrosse jusqu'à Paris, à cause des gens qui étaient avec les rouliers (et avec lesquels j'aurais dû me trouver en allant en charrette). J'avais donc pensé à faire de la dépense en prenant le carrosse. Mais le père Fremin, un autre père, M. Prévost et tous les autres voyageurs l'avaient loué à un peu meilleur marché. Par leur faveur, je couchais pour peu de chose dans les auberges. Je portais ce que j'avais de reste de mon souper et je mangeais dans le carrosse, quoique ces Messieurs, qui vivaient en communauté, me pressassent assez de manger avec eux, ce que j'ai toujours refusé. Je restais tout le jour dans le carrosse et n'en sortais que pour le gîte. (Comme nous avions trois prêtres avec nous et qu'ils célébraient le saint sacrifice tous les jours, où j'avais le bonheur d'assister), il fallait se lever fort matin pour dire les trois messes avant que de partir, ce qui fit peut-être que je fus un peu malade.

Le lendemain de mon arrivée à Paris, je couchai chez M[lle de Bellevue , où je demeurai quelques jours. Mais aussitôt que M. de Turmenie (qui était chargé de nos affaires) eut appris mon arrivée, il m'envoya une chaise à porteur avec deux hommes, et fit préparer une chambre, où il me fit traiter comme si j'eusse été sa propre sœur. J'y restai jusqu'au rétablissement de ma santé, et après je fus loger aux Filles de la Croix, rue Saint-Antoine (1). »

Les Filles de la Croix, dont la sœur Bourgeoys parle ici, dirigeaient les écoles dans les campagnes et les hameaux. Elles avaient été établies d'abord à Vaugirard, près Paris, par Marie Luillier, dame de Villeneuve, d'après les conseils que lui avait donnés autrefois saint François de Sales, son ancien directeur ; et elles furent appelées Filles de la Croix à cause des traverses sans nombre qu'elles eurent à essuyer pour s'établir.

Comme M. Olier et ses ecclésiastiques avaient eu part à la formation de l'institut de ces filles (1), il est naturel de penser que ceux du séminaire de Villemarie engagèrent la sœur Bourgeoys à prendre son logement chez elles, afin d'avoir leur avis sur ses règlements.


_________________________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Vie de M. Olier, t. I, p. 307-360.

A suivre : VIII. M. de Laval n’approuve pas le voyage de la sœur pour ses règlements...


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Message  Louis Sam 24 Nov 2012, 3:16 pm

VIII. M. de Laval n’approuve pas le voyage de la sœur
pour ses règlements, et lui défend d’emmener
des compagnes avec elle.



Mais le voyage de la sœur Bourgeoys n'eut pas tout le succès qu'elle s'en était promis. Elle était dans l'espérance de faire approuver les règles de la communauté par M. l'évêque de Québec, et d'emmener avec elle de nouvelles compagnes ; et DIEU permit qu'elle vît toutes ses espérances s'évanouir presque à son arrivée.

« Je vais, écrit-elle, pour saluer Mgr de Laval, et lui faire connaître les motifs de mon arrivée. Il me dit que j'avais mal fait d'entreprendre le voyage pour nos règles, et qu'il ne trouvait pas à propos que j'emmenasse des filles pour nous aider à Montréal (2) (*). »

Cette réponse, et surtout la défense d'emmener à Villemarie de nouvelles maîtresses, pourrait autoriser à penser, avec le premier historien de la sœur, que ce prélat avait déjà quelque pensée d'incorporer les sœurs de la Congrégation aux Ursulines de Québec (1), comme nous verrons bientôt qu'il leur en fit la proposition. Mais un pareil dessein ne saurait se concilier avec les sentiments qu'il avait témoignés dans ses lettres d'établissement de la Congrégation données trois à quatre ans auparavant, à moins de supposer qu'il eût entièrement changé de vues à l'égard de cette communauté. Peut-être ne défendit-il à la sœur Bourgeoys d'emmener de nouvelles compagnes à Villemarie, que par la crainte qu'elles ne pussent y subsister.

___________________________________
(*) M. Montgolfier, dans sa Vie de la sœur Bourgeoys, a fait une étrange confusion en racontant les circonstances de ce voyage. Il écrit que la sœur l'avait entrepris par le conseil de M. de Laval alors à Québec (1); que sur ces entrefaites ce prélat se démit de son siège (2), et qu'en conséquence elle trouva à Paris, M. de Montigny de Saint-Vallier, qui venait, dit -il, d'être nommé second évêque de Québec. Enfin, ce qu'on a peine à comprendre, il donne ce récit controuvé comme tiré en partie des écrits de la sœur Bourgeoys (3).

Mais M. de Montigny, évêque de Québec, qu'elle alla trouver à. Paris en 1680, ne pouvait être M. de Saint-Vallier, nommé évêque de Québec cinq ans après le retour de la sœur en Canada, et qui, d'ailleurs, ne portait pas le nom de Montigny. C'était M. de Laval lui-même, réellement appelé de Montigny, et que, du reste, la sœur nomme expressément dans le passage de ses Mémoires cité plus haut. Elle ajoute encore:

« Après avoir parlé à Monseigneur, je vais trouver Mme de Miramion , pour la prier de me servir en cette occasion. Elle en demanda la permission à M. son supérieur, et ensuite à Monseigneur de Laval, pour retrancher et ajouter à nos règles ce qu'elle trouverait à propos ; mais... elle ne pouvait donner du mécontentement à Monseigneur (1). »

__________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 117.
(2) Ibid., p. 118-119.
(3) Ibid., p. 120.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

___________________________________
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 74.

A suivre : IX. Mme de Miramion s’entremet sans succès auprès de M. de Laval pour les règlements de la Congrégation.


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Message  Louis Dim 25 Nov 2012, 6:15 am

IX. Mme de Miramion s’entremet sans succès auprès de
M. de Laval pour les règlements de la Congrégation.


Quoi qu'il en soit, sans être découragée par ce refus, la sœur espéra que M. de Laval se rendrait plus facile sur l'article de ses règlements, si elle faisait intervenir quelque personne connue avantageusement pour son expérience et qui put inspirer toute confiance au prélat. Elle alla donc chez les filles de Sainte-Geneviève, et se présenta à leur supérieure, pour lui apprendre le sujet de son voyage et les difficultés qu'elle éprouvait (1).

C’était Marie Bonneau de Rubelle, veuve de Beauharnois de Miramion, institutrice de la communauté de la sainte Famille, réunie ensuite à celle des filles de Sainte-Geneviève, dont elle avait pris le nom. Comme les sœurs de Sainte-Geneviève ne faisaient point de vœux et se livraient gratuitement à l'instruction des jeunes filles (2), la sœur Bourgeoys crut avec raison que Mme de Miramion serait capable d'apprécier, mieux que personne, le genre de vie qui convenait aux filles de la Congrégation de Villemarie; et que le grand crédit que ses vertus et ses œuvres lui avaient acquis à la cour et dans toute la capitale, joint à son expérience, serait une puissante recommandation auprès de M. de Laval, en faveur des règles qu'elle aurait elle-même revues et approuvées. Elle lui remit donc les règlements qu'elle avait apportés du Canada , la priant de demander à M. de Laval la permission d'y ajouter elle-même tout ce qu'elle jugerait convenable, et d’en retrancher ce qui lui paraîtrait peu praticable ou superflu (1). Mme de Miramion accueillit avec bonté la sœur Bourgeoys, lui promit de la servir en tout ce qui dépendrait d'elle, et se rendit chez M. de Laval. Mais cette démarche n'eut d'autre effet, que de faire comprendre à la sœur Bourgeoys, que les moments de Dieu n'étaient pas encore venus ; car le prélat ne parut pas désirer que Mme de Miramion s'occupât de ces règles (2) (*)

________________________
(*) Cependant M. de Laval, dans son séjour à Paris, prit connaissance des règles des Filles de la Croix el de celles des Filles de Sainte-Geneviève, pour en tirer ce qui pourrait convenir aux sœurs de la Congrégation. C'était ce qu'écrivait en 1710, à Mme de Maintenon, la sœur Charly, alors supérieure.

« Monseigneur de Laval, dit-elle, voulant nous donner des règles proportionnées à notre institut, consulta les Filles de la Croix et celles de Mme de Miramion, et tira d'elles les règlements principaux qu'elles pratiquaient , pour en prendre ce qui pourrait nous convenir. Mais il se démit de son évêché sans avoir pu nous prescrire des règles (1). »

Il fit plus encore. Malgré le refus qu'il avait fait à la sœur Bourgeoys, il paraît qu'il pria lui-même Mme de Miramion de lui donner par écrit ses observations sur les règles que la sœur lui avait soumises. Du moins c'est ce qu'on doit conclure d'une lettre de M. Glandelet à la sœur Charly, où il lui parle en ces termes : « Il m'est tombé entre les mains un papier qui contient quelques remarques de Mme de Miramion sur vos règles, ensuite de la demande que lui en avait faite feu M. l'ancien (évêque de Québec), lorsqu'il avait la conduite de cette église (2). »

__________________________

(1) Archives de la Congrégation, lettre de la sœur Charly, octob. 1710.
(2) Ibid., lettre de M. Glandelet à la sœur du S.-Sacrement.

________________________
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2 Essai sur l’influence de la religion en France pendant le XVIIe siècle t. II, p. 86-71-72.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Ibid.

A suivre : X. La sœur Bourgeoys, par obéissance à M. de Laval…

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Message  Louis Dim 25 Nov 2012, 1:18 pm

X. La sœur Bourgeoys, par obéissance à M. de Laval,
n’emmène aucune compagne avec elle. Louis Frin.


Toujours soumise aux ordres de la divine Providence, qu'elle adorait dans ceux de ses supérieurs, la sœur Bourgeoys, jugeant qu'un plus long séjour eu France serait inutile à sa communauté et à elle-même, songea à repartir par les premiers vaisseaux, dès que la navigation serait ouverte. A Paris elle visita M. Tronson, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, qui conçut dès lors pour elle une estime singulière, dont ses lettres nous offriront bientôt des témoignages très-remarquables. La sœur Bourgeoys, fidèle à observer la défense que lui avait faite M. de Laval d'emmener avec elle des coopératrices, se contenta d'engager par contrat, au service de la Congrégation, le nommé Louis Frin, le même que dans son précédent voyage elle avait trouvé chez M. de Maisonneuve, et où probablement il était resté jusqu'à la mort de ce dernier, arrivée le 10 Septembre de l'année 1676 (1). Les sœurs, qui avaient déjà connu Louis Frin à Montréal, désiraient de l'attacher à leur maison ; et dans ce dessein elles avaient donné par écrit une déclaration pour autoriser la sœur Bourgeoys à faire un contrat d'engagement avec lui (2). C'était sans doute pour témoigner, dans la personne du serviteur, leur reconnaissance envers M. de Maisonneuve, son charitable maître et leur bienfaiteur insigne.
___________________________________

(1) Registres de l’état civil de Paris, paroisse Saint-Étienne-du-Mont, du 10 septemb. 1676.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : XI. La sœur traverse la mer. Sa confiance en DIEU dans le danger que court l’équipage.


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Message  Louis Lun 26 Nov 2012, 6:55 am

XI. La sœur traverse la mer. Sa confiance en DIEU
dans le danger que court l’équipage.


Le voyage de la sœur Bourgeoys en France eut un autre avantage, ce fut de lui offrir l'occasion d'exercer pour la quatrième fois sa sollicitude maternelle à l’égard d'un certain nombre de vertueuses filles destinées pour la colonie de Montréal, et dont plusieurs furent envoyées par le séminaire de Saint-Sulpice (1).

Le départ eut lieu à la Rochelle. Cette année, les Anglais s'étant rendus maîtres de l’Acadie pour la cinquième fois (2), la guerre se trouvait comme déclarée entre la France et l'Angleterre, et la traversée devenait d'autant plus périlleuse qu'il n y avait aucune artillerie, ni autres défenses humaines dans le vaisseau. On était à peine au milieu de la route lorsque le capitaine vint à découvrir quatre navires anglais, dont il estimait que le moindre était de 36 pièces de canons. Sur-le-champ il se met à crier : « Ma sœur Bourgeoys, nous sommes perdus ! Mettez-vous en prière avec toutes vos filles. »

Mais la plupart, frappées elles-mêmes de terreur et tout éplorées, n'avaient ni le mouvement ni la force de prier DIEU. Dans leur trouble et leur désolation, s'adressant à la sœur Bourgeoys : « Ma sœur, disent-elles, nous allons être prises ; qu'allons-nous devenir? » La sœur, sans être émue, leur dit d'un air riant : « Si nous sommes prises, nous irons en Angleterre ou en Hollande, et là nous trouverons DIEU, comme partout ailleurs. »

Le calme et la paix qu'elle fit paraître ayant rassuré tout le monde, on se mit en prière, et comme ce jour-là était un dimanche, un prêtre, qui était dans le navire, ne laissa pas de se préparer à dire la sainte messe, quoiqu'on vît ces vaisseaux s'approcher avec un bon vent. Mais en moins de deux heures on les perdit de vue, en sorte qu'après la sainte messe on chanta un Te Deum en action de grâces. Le capitaine du navire, charmé de la vertu de la sœur Bourgeoys, voulait absolument la faire manger à sa table ; ce qu'elle refusa toujours. Il ne laissait pas cependant de lui envoyer ordinairement ce qu'il avait de meilleur; et c'était pour elle autant d'occasions d'exercer la charité en faveur des personnes du vaisseau qui pouvaient avoir besoin de ces sortes d'adoucissements (1 ) (*).

___________________
(*) L'histoire de cette traversée, écrite par la sœur Bourgeoys elle-même, ne se trouve plus aujourd'hui dans les papiers qui nous restent d'elle, et nous l'avons empruntée à M. Montgolfier. Il l'a rapportée au second voyage de la sœur, en 1671 ; mais nous avons cru devoir la placer à son troisième sous l'année 1680, soit à cause de plusieurs particularités de ce dernier voyage que M. Montgolfier a mêlées mal à propos à l'histoire du second, ainsi que le prouvent les écrits autographes de la sœur; soit à cause de la guerre qui régnait alors entre la France et l'Angleterre , circonstance qui ne peut s'accorder avec le voyage de 1671, tandis qu'elle se concilie très bien avec son dernier voyage.
_____________________________________

(1) Lettres de M. Tronson, lettre à M. Dollier, 22 avril 1680.
(2) Histoire de la Nouvelle-France, par le P. de Charlevoix, t. I, p. 463.
(1) Histoire de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 110.


A suivre : XII. Depuis ce voyage la sœur reçoit un grand nombre de filles dans sa communauté.



Dernière édition par Louis le Lun 26 Nov 2012, 3:18 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Lun 26 Nov 2012, 12:21 pm

XII. Depuis ce voyage la sœur reçoit un grand nombre de filles dans sa communauté.


Ce fut le dernier des voyages que la sœur Bourgeoys fit en France. Dans les deux précédents elle amena avec elle de zélées compagnes, à qui elle sut communiquer son esprit de ferveur. Si dans le troisième elle n'eut pas cette consolation, c'est que Dieu voulait se montrer l'unique soutien d'un institut qui était son ouvrage ; car, dès son retour à Villemarie, elle admit à la profession la sœur Marie Barbier, la première fille de Villemarie qui soit entrée en communauté (1), et dans le recensement de l’année suivante nous trouvons les noms de six autres sœurs qui avaient été reçues après elle. Ce furent les sœurs Marie Denis, Madeleine Bourbault, Marie Charly, Françoise Lemoyne, Catherine Charly, Catherine Bony, toutes formées par la sœur Bourgeoys et élevées par elle dès l'âge le plus tendre. Les sœurs de la Congrégation étaient alors au nombre de dix-huit (2).
__________________________

(1) Vie de la sœur Marie Barbier.
(2) Archives de la marine, Canada, recensement de 1681.

A suivre : XIII. Après l’incendie de la Congrégation M. de Laval veut unir cette communauté aux Ursulines…

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Message  Louis Mar 27 Nov 2012, 9:30 am

XIII. Après l’incendie de la Congrégation M. de Laval
veut unir cette communauté aux Ursulines,
craignant qu’elle ne s’éteignit par défaut de sujets.


Trois ans après le voyage dont nous venons de parler, on eut lieu d'admirer de nouveau les soins de la bonté divine pour la conservation de cet institut. La maison des sœurs fut consumée par un furieux incendie, comme nous le dirons dans la suite ; et cet événement, qui les réduisit au dénûment le plus entier, semblait devoir ruiner leur société pour toujours (1).

M. de Laval, jugeant que jamais elles ne pourraient se relever de cette catastrophe, proposa alors à la sœur Bourgeoys de s'agréger aux Ursulines de Québec (2). Bien qu'elle fût très-soumise à ses supérieurs, et que même, au témoignage de M. Desmaizerets, grand-vicaire de M. de Laval, la sœur Bourgeoys excellât surtout en obéissance envers eux (3), elle crut néanmoins être obligée, dans cette circonstance, de représenter avec beaucoup de respect à ce prélat,

que le bien qu'elle se proposait de faire avec ses filles, n'était pas compatible avec les règles d'un autre institut, et notamment avec celles d'une communauté cloîtrée.

Que ce serait détruire entièrement les vues qu'elle croyait lui avoir été inspirées de DIEU.

Que d'ailleurs la très-sainte Vierge, à qui la Congrégation était spécialement consacrée, avait souvent montré, par des marques non équivoques, que cet établissement lui était très-agréable.

Qu'outre l'instruction des jeunes filles qu'elle se proposait de procurer, elle avait encore en vue la perfection et le salut de plusieurs vierges chrétiennes, qui, sans le secours de cet institut, ne trouveraient pas le moyen de se donner entièrement à DIEU.

Qu'on trouvait dans toutes les conditions des filles recommandables par leurs vertus et par leurs talents, mais que plusieurs, peu favorisées des biens de la fortune, et faute de pouvoir payer une dot, qu'on exigeait partout ailleurs, ne pouvaient être reçues en religion.

Que son intention était d'ouvrir à ces sortes de personnes la porte de la Congrégation ; et qu'elle faisait si peu de cas des richesses, qu'elle irait prendre sur ses épaules une fille qui, n'ayant pas même de quoi se vêtir, aurait d'ailleurs une bonne volonté et une vraie vocation (1).

M. de Laval, qui avait toujours eu une très-grande estime pour la vertu de la sœur Bourgeoys (2), et qui songeait alors à se démettre de ses fonctions en demandant au roi un coadjuteur, ne crut pas devoir insister, et abandonna l'avenir de la Congrégation à la divine Providence.

_______________________________________

(1) État présent de l’Église de la Nouvelle-France, 1688, in-8º, p. 64-65.
(2)Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 123.
(3) Ibid., p. 175.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 123-124.— Vie par M. Ransonet, p. 73-74.
(2) Vie de la sœur, 1818, p. 175.

A suivre : XIV. Ce fut après l’incendie que la sœur reçut le plus de sujets…

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Message  Louis Mar 27 Nov 2012, 3:16 pm

XIV. Ce fut après l’incendie que la sœur reçut le plus de sujets.
Avis qu’elle leur donnât en les recevant.


Mais loin que cet incendie dût détourner les jeunes personnes d'entrer dans la Congrégation, et procurer ainsi, comme on l'avait craint, la ruine de cet institut, ce fut surtout après cet accident qu'on les vit s'y présenter en plus grand nombre. Car l'année même où M. de Saint-Vallier, successeur de M. de Laval, arriva en Canada et fit sa première visite à la Congrégation, la sœur Bourgeoys avait déjà reçu en tout plus de quarante sœurs, à qui, dit-elle, je n’ai jamais promis autre chose que pauvreté et simplicité (1). Il est à remarquer en effet que lorsqu'elle donnait l'habit à quelque fille pour la recevoir dans sa communauté, elle avait coutume de lui dire plusieurs fois, dans cette occasion solennelle : « Ma chère sœur, soyez toujours petite, humble et pauvre (2). »

« Toute fille qui demande à être reçue dans cette communauté, » disait- elle à ses postulantes, « doit se résoudre à quitter les principes du monde. Elle doit encore se quitter elle-même, rompre son humeur, ses méchantes habitudes et ses inclinations ; se défaire de l'attachement à ses parents, à ses amis et à tout ce qui peut occuper inutilement l'esprit. Je lui déclare qu'on pourra l'employer aux offices les plus bas ; la mettre en mission avec une sœur qui sera chargée de la contrarier en tout ; la faire taire pour faire parler une petite fille ; en un mot l’humilier et la mortifier sans aucun ménagement. Qu'elle craigne, quand elle sera reçue, d'être infidèle à DIEU, à qui elle se sera donnée. Qu'elle obéisse promptement en toutes choses aux personnes à qui elle se sera soumise. Qu'elle soit pauvre de cœur. Que ses paroles, ses gestes, sa démarche ne sentent pas la dissipation ni la légèreté ; mais que partout elle se conduise avec modestie, retenue et dévotion. Qu'elle mortifie ses sens. Qu'elle évite les entretiens qui ne seront pas nécessaires, et qu'elle tâche de marcher toujours en la présence de Dieu (1). »

… Jusqu'ici nous avons raconté ce que le zèle de la sœur Bourgeoys lui inspira en faveur des jeunes personnes de la colonie de Villemarie. Nous parlerons dans les chapitres suivants des missions qu'elle entreprit hors de cette ville, et d'abord de la mission sauvage de la Montagne.

_____________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 103.
(1) Vie de la sœur, etc., p. 71-72.
A suivre : CHAPITRE VI. LA SOEUR BOURGEOYS ÉTABLIT UNE MISSION A LA MONTAGNE DE MONTRÉAL...

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