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Message  Louis Mar 25 Sep 2012, 3:31 pm

CHAPITRE IV

ÉTABLISSEMENT DU SÉMINAIRE SAINT-SULPICE À VILLEMARIE.
LA SŒUR BOURGEOYS COMMENCE SES ÉCOLES,
ET JETTE LES FONDEMENTS
DE L’ÉGLISE NOTRE-DAME DE BON SECOURS.


I. M. de Maisonneuve passe en France pour prier
M. Olier d’envoyer de ses ecclésiastiques à Villemarie.

Nous avons dit que le dessein de DIEU dans la fondation de Villemarie, était de répandre dans cette colonie l'esprit de la sainte famille par trois communautés, auxquelles donneraient naissance trois personnes, qui devaient participer, chacune selon sa vocation spéciale, à l'esprit de JESUS, de Marie et de saint Joseph. Pour préparer de loin l'exécution de ce dessein, DIEU avait inspiré aux premiers associés de Montréal la résolution d'y établir trois communautés : l'une d'ecclésiastiques séculiers, l'autre de filles pour l'instruction des enfants, et la troisième de sœurs hospitalières pour le soulagement des malades.

Mais l'état chancelant de la colonie, toujours en guerre avec les Iroquois, et sans cesse exposée à être dissipée et ruinée par ces barbares, n'avait pas permis, durant les quinze premières années, de donner commencement à ce dessein, quoique déjà M. Olier eût établi en France une communauté de prêtres séculiers, et M. de la Dauversière une communauté d'hospitalières , dont ils devaient former l'un et l'autre un établissement à Villemarie.

Mlle Mance, dans un voyage qu'elle avait fait à Paris en 1649, avait beaucoup pressé M. Olier d'y envoyer enfin de ses ecclésiastiques. D'autres personnes fixées dans cette colonie écrivaient de leur côté à M. Olier une multitude de lettres pour lui faire aussi les mêmes instances (1), et avec d'autant plus de raison que les membres de la compagnie de Montréal avaient toujours témoigné ne vouloir établir dans le pays que des ecclésiastiques de son séminaire (2).

De plus, les RR. PP. Jésuites, qui s'étaient efforcés jusque alors de desservir la petite colonie de Villemarie, désiraient eux-mêmes d'en être déchargés. Etant sans fondation dans ce lieu, et n'y ayant reçu de la compagnie que deux arpents de terre, comme le reste des colons (3), avec leur entretien (4), ils avaient représenté plusieurs fois qu'ils ne pouvaient le desservir au préjudice de leurs missions sauvages (5); et, dans l'impossibilité de suffire à tout, ils s'étaient vus obligés plusieurs fois de laisser sans missionnaire l'habitation de Montréal (6).

Enfin Mlle Mance et M. de Maisonneuve, apprenant chaque année que M. Olier était toujours malade et en danger de perdre la vie, crurent, en 1655, qu'il ne fallait plus différer d'obtenir de lui des ecclésiastiques (1). Dans ce dessein, après avoir nommé M. Lambert-Closse gouverneur du pays en son absence (2), M. de Maisonneuve partit lui-même pour aller solliciter M. Olier, et le faire solliciter encore par les associés de Montréal, sans faire connaître cependant à personne en Canada le motif de son voyage (3).

_________________________________________________

(1) Archives du séminaire de Saint-Sulpice, à Paris ; assemblée du 31 mars 1663.
(2) Histoire du Canda, par M. de Belmont. Manuscrit de la Biblioth. Royale. Suppl. français , 1265.
(3) Premier établissement de la Foi dans la Nouvelle-France, par le P. Le Clercq, 1691, t. II, p. 52.
(4) Ibid. p. 48.
(5) Histoire du Canada, par M. de Belmont.
(6) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1655 à 1656.
(1) Histoire du Canada, ibid.
(2) Archives du séminaire de Villemarie, île de Montréal, nº 544, acte du 25 août 1655.
(3) Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : II. M. Olier nomme quatre ecclésiastiques pour Villemarie…

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Message  Louis Mer 26 Sep 2012, 6:31 am

II. M. Olier nomme quatre ecclésiastiques pour Villemarie;
il prend des mesures pour y établir
les sœurs de Saint-Joseph, et meurt.


Arrivé à Paris, M. de Maisonneuve, après l'avoir informé de tout ce qui concernait la colonie, réitère ses instances et le prie de se ressouvenir d'une lettre que Mlle Mance lui avait écrite l'année précédente, pour l'avertir qu'il était temps d'exécuter enfin tous les beaux projets qu'il avait toujours faits pour Villemarie, et d'y envoyer sans délai des prêtres de son séminaire (4). Tous les membres de la compagnie de Montréal faisant de leur côté les mêmes instances, M. Olier, qui avait déjà adressé beaucoup de prières à DIEU pour ce dessein, crut y reconnaître clairement sa volonté (5), et s'empressa d'y donner les mains. Il nomma donc quatre ecclésiastiques pour cette mission, M. Gabriel de Queylus, abbé de Loc-Dieu, docteur en théologie ; M. Souart, bachelier en droit-canon, M. Galinier et M. d'Allet (6).

Comme d'ailleurs il ne doutait pas que le moment ne fût venu de fixer aussi à Villemarie la communauté naissante des hospitalières de Saint-Joseph, formée à la Flèche par M. de la Dauversière, il signa, conjointement avec tous les associés de Montréal, un acte d'engagement pour donner à ces filles la conduite de l'Hôtel-Dieu de Villemarie, dès que la compagnie aurait fait construire les bâtiments nécessaires pour les recevoir. M. de Maisonneuve signa lui-même ce contrat (1) et partit avec les ecclésiastiques de Saint-Sulpice pour s'embarquer à Saint-Nazaire (*).

On eut lieu d'admirer la conduite de la divine Providence dans le dessein qu'elle avait inspiré à M. de Maisonneuve d'aller solliciter M. Olier; car les ecclésiastiques de Saint-Sulpice ne seraient point partis pour Villemarie, non plus que les sœurs de Saint-Joseph, s'il eût différé son voyage, M, Olier étant mort cette année, le 2 avril I657, avant qu'ils eussent mis à la voile (1). Il est même à remarquer que ces ecclésiastiques seraient vraisemblablement revenus sur leurs pas en apprenant cette nouvelle, si M. Olier n'eût déclaré avant sa mort que DIEU demandait ce voyage de leur part, et qu'ils devaient le continuer (2), quelque obstacle qu'ils y rencontrassent.

_____________________________________________

(4) Ibid.
(5) Archives du séminaire de Paris ; assemblée du 31 mars 1663.
(6) Histoire du Montréal, ibid. — Histoire du Canada, ibid.
(1) Actes de Chaussières, notaire à Paris, 31 mars 1656.
(1) Histoire du Montréal, ibid.
(2) Mémoire de M. d’Aillet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, in-4º, p. 725.
A suivre : (*) …

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Message  Louis Mer 26 Sep 2012, 12:13 pm

II. M. Olier nomme quatre ecclésiastiques pour Villemarie;
il prend des mesures pour y établir
les sœurs de Saint -Joseph, et meurt.
(suite : le *)


(*) Il existe au dépôt de la marine, à Paris, un mémoire anonyme sur le Canada (1), où le Père de Charlevoix a puisé pour la composition de son Histoire de la Nouvelle-France. L'auteur de ce mémoire, qui écrivait lorsque M. de Saint-Vallier était prisonnier en Angleterre (2), c'est-à-dire plus de soixante ans après la fondation de Montréal, se montre fort peu instruit des commencements de cette colonie, qu'il fixe mal à propos à l'an 1640. Il ajoute que depuis cette année jusqu'en 1659, d'autres missionnaires que les RR. PP. Jésuites furent chargés de la desservir.

Une assertion si ouvertement démentie par toute la suite des registres de la paroisse de Villemarie et par les relations du Canada, décèle assez l'ignorance de l'auteur sur ce qui concerne Montréal. Il n'est pas étonnant après cela que, confondant diverses circonstances de la vie de M. de Queylus, il le fasse venir en Canada quelques années après 1640, avec des pouvoirs de grand vicaire de Rouen, en ajoutant qu'il fut alors obligé de retourner en France (sa commission n'ayant pas été reconnue); mais qu'en 1657 il revint paisiblement avec plusieurs ecclésiastiques de Saint-Sulpice. Ce premier voyage est une pure déception de l'anonyme, qui le confond avec celui de 1657, et qui prend ce dernier pour celui de 1668, dont il sera parlé dans la suite. Il est à regretter que le Père de Charlevoix (1) ait donné trop de créance aux récits de cet anonyme, et que d'autres écrivains aient mentionné aussi ce prétendu voyage sur la foi du Père Charlevoix (2). Ce Père n'en a pas fixé la date, que l'auteur du mémoire n'avait pas déterminée lui-même. Mais un écrivain moderne, qui semble écrire l'histoire en se jouant, a jugé à propos de faire venir M. de Queylus en Canada l'an 1644 (3), et lui a même assigné un compagnon de voyage (4).

________________________________________________________
(1) Carton 64, 1.
(2) Ibid.
(1) Histoire de la Nouvelle-France, t. 1, p. 340.
(2) Mémoires sur M. de Laval (par M. de La Tour), p. 10 — Histoire du Canada, par M. Garneau, t. 1, p. 343. — Histoire du Canada, par M. Bourbourg, t. 1, p. 80.
(3) Liste des prêtres du Canada, 1834, p. 3.
(4) Manuscris de M. Noiseux.
A suivre : III. M. de Queylus est nommé grand vicaire du Canada par l’archevêque de Rouen. Arrivée des prêtres de M. Olier à Villemarie.

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Message  Louis Jeu 27 Sep 2012, 6:13 am

III. M. de Queylus est nommé grand vicaire du Canada
par l’archevêque de Rouen.
Arrivée des prêtres de M. Olier à Villemarie.


Ces ecclésiastiques, étant à Saint-Nazaire en attendant le moment de l’embarquement, s’adressèrent à l'archevêque de Rouen pour obtenir de ce prélat les pouvoirs nécessaires à l'exercice du saint ministère à Villemarie ; car, depuis que les Français avaient repris possession du Canada, c'était de ce prélat que les Jésuites résidants dans ce pays avaient reçu tous leurs pouvoirs de juridiction (*).

Il leur en accorda donc de semblables à ceux qu'il donnait à ces Pères (1); et de plus, comme dans les lettres de grand-vicaire qu'il accordait au supérieur de la maison de Québec (2), il avait déjà mis pour condition expresse que ces pouvoirs cesseraient, lorsqu'il enverrait en Canada quelque ecclésiastique séculier avec les pouvoirs de vicaire général (3), il voulut donner ces mêmes pouvoirs à M. de Queylus, qu'il établit ainsi son grand-vicaire par ses lettres du 22 avril 1657 (4).

En effet, le navire qui portait les ecclésiastiques de Saint-Sulpice et M. de Maisonneuve étant arrivé à Québec le 29 juillet suivant, le Père Dequen, qui avait exercé jusque alors les pouvoirs de vicaire général de l'archevêque de Rouen, reconnut M. de Queylus pour seul grand-vicaire, ce que firent aussi le Père Poncet et les autres Jésuites résidants à Québec (1).

À l'arrivée de ces quatre ecclésiastiques parmi eux, les colons de Montréal firent éclater une joie proportionnée aux prières instantes qu'ils avaient faites à M. Olier pour les obtenir (2). Mlle Mance surtout, qui avait si vivement pressé leur arrivée, s'empressa de leur offrir pour les loger une chambre de l'Hôtel-Dieu, qui leur servit tout à la fois de salle, de dortoir, de réfectoire et de cuisine, jusqu'à ce qu'ils eussent fait construire pour leur usage une maison connue depuis sous le nom de séminaire. Ils lui annoncèrent une nouvelle qui fut pour elle et pour tous les colons un grand sujet de joie, savoir que les sœurs de Saint-Joseph partiraient de France pour aller servir les malades, aussitôt que les bâtiments destinés pour elles seraient en état de les recevoir (3).


(*) On exposera dans l'Histoire de la Colonie de Villemarie les preuves de ce fait, que le Père de Charlevoix semble avoir ignoré, et que M. de La Tour a entièrement défiguré dans ses Mémoires sur M. de Laval.
________________________________________________

(1) Archives de l’Archevêché de Rouen, registre in-folio, du 26 mars 1657 au 17 mai 1660, fol. 7.
(2) Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec (par la mère Juchereau), p. 56.
(3) Mémoire de M. d’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, in-4º, p. 726. — Manuscrit du frère Léonard Augustin, Bibliothèque royale ; Supplément français, 1628, in-folio, p. 17.
(4) Archevêché de Rouen, ibid. , fol. 7.
(1) Mémoire de M. d’Allet. ib. — Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec (par la mère Juchereau), p. 110-111. — Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1656 à 1657.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
A suivre : IV. La sœur Bourgeoys commence ses écoles dans une étable,…

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Message  Louis Jeu 27 Sep 2012, 11:54 am

IV. La sœur Bourgeoys commence ses écoles
dans une étable, qui lui est donnée par les seigneurs.


Enfin, après l'arrivée de ces ecclésiastiques, la sœur Bourgeoys commença elle-même l'exercice de ses fonctions de maîtresse d'école. Elle quitta alors la maison de M. de Maisonneuve, et alla habiter une pauvre étable que celui-ci lui offrit au nom des seigneurs, avec un terrain adjacent, et qui fut le seul local dont il pût disposer dans ces circonstances (1).

C'était là qu'elle devait former sa communauté, destinée à répandre dans la colonie l'esprit et les vertus de la très-sainte Vierge. On eût dit que pour donner à la sœur Bourgeoys des rapports de ressemblance plus parfaits et plus touchants avec cette sainte Mère, DIEU voulût qu'en entrant dans l'exercice des fonctions de sa vocation, elle n'eût à Villemarie d'autre logement que celui que Marie avait trouvé à Bethléem; et que ce lieu, qui rappelait si bien l'étable où son divin Fils avait voulu naître dans le monde, fût aussi le berceau de cette nouvelle société.

« Quatre ans après mon arrivée, écrit la sœur Bourgeoys, M. de Maisonneuve voulut me donner une étable de pierre pour en faire une maison, et y loger celles qui feraient l'école. Cette étable avait servi de colombier et de loge pour les bêtes à cornes. Il y avait un grenier au-dessus où il fallait monter par une échelle, par dehors, pour y coucher. Je la fis nettoyer, j'y fis faire une cheminée et tout ce qui était nécessaire pour loger les enfants. J'y entrai le jour de Sainte-Catherine (25 novembre 1657). Ma sœur Marguerite Picaud (qui a été ensuite Mme la Montagne) demeurait alors avec moi, et là je tâchai de recorder le peu de filles et de garçons capables d’apprendre (1) (*). »

Le désir des associés de Montréal était de…

___________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 58.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.



(*) La sœur Bourgeoys nous apprend qu'elle commença à réunir des enfants, pour les instruire à son école, le jour de Sainte-Catherine, 25 novembre 1657. C'est ce que confirment les registres de la paroisse. On y voit qu'auparavant elle n'était pas considérée comme institutrice de la jeunesse: ainsi, dans un acte de baptême, du 30 septembre 1657, elle est désignée simplement sous le titre de fille usant de ses droits (1), au lieu que l'année suivante elle est qualifiée dans les mêmes registres, fille maîtresse d’école (2).

(1) Registres des Baptêmes, 30 sept. 1657.
(2) Ibid. , 1658.


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Légende : La sœur Bourgeoys inspire
aux enfants de Villemarie la piété envers la
très Sainte Vierge.

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Message  Louis Ven 28 Sep 2012, 6:14 am

IV. La sœur Bourgeoys commence ses écoles dans une étable,
qui lui est donnée par les seigneurs
(suite)


Le désir des associés de Montréal était de mettre la sœur Bourgeoys en pleine possession de cette maison, afin qu'elle ne pût y être troublée dans la suite ; c'est pourquoi M. de Maisonneuve lui en fit donation en leur nom par un acte en forme, le 28 janvier 1658. On voit par cet acte que le bâtiment en pierre, donné à la sœur Bourgeoys, avait trente-six pieds de long (env. 11 m.) sur dix-huit de large (env. 5,5 m.), et qu'il était accompagné d'un terrain de quarante-huit perches (792 pieds ou env. 238 m.), destiné sans doute aux récréations des maîtresses et des enfants :

« La présente concession, ajoute-t-on, faite pour servir à l'instruction des filles de Montréal audit Villemarie, tant pendant le vivant de ladite Marguerite Bourgeoys qu'après le décès d'icelle à perpétuité (2). »

Mais comme la maison et le terrain étaient en face de l'enclos de l'Hôtel-Dieu, sur la rue Saint-Paul, M. de Maisonneuve mit pour condition à la donation, que si la sœur Bourgeoys, ou celles qui lui succéderaient, venaient à se fixer dans un autre local plus commode pour leur fonction, l'Hôtel-Dieu pourrait prendre la maison et le terrain, en en payant le prix, d'après l'estimation qui en serait faite par des experts (1).

__________________________________

(2) Archives de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph de Villemarie, acte du 22 janvier 1658.
(1) Ibid. — Archives de la Congrégation, acte de Basset, notaire, du 26 septem. 1690.
A suivre : V. Elle commence la CONGRÉGATION EXTERNE. Elle élève la première iroquoise qui ait reçu le baptême.


Dernière édition par Louis le Ven 28 Sep 2012, 2:33 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Ven 28 Sep 2012, 11:21 am

V. Elle commence la CONGRÉGATION EXTERNE.
Elle élève la première iroquoise qui ait reçu le baptême.


Dans cette pauvre étable la sœur Bourgeoys commença donc à exercer gratuitement ses fonctions en faveur des petites filles et des petits garçons de Villemarie, dont elle fut ainsi la première institutrice et l'apôtre. Il y avait dans le pays quelques filles qui n'étaient plus en âge de venir à l'école ; la sœur voulut étendre sa charité sur elles en les réunissant aussi dans cette maison pour les animer toutes à la piété et les exciter à la ferveur. Dans ce dessein elle établit, sur le modèle de ce qu'elle avait vu pratiquer à Troyes, la Congrégation externe, qu'elle commença le jour de la Visitation (2 juillet de l'année 1658), comme nous le raconterons avec plus de détails dans la suite (2); ce qui insensiblement fit appeler du nom de Congrégation la maison où elle les réunissait ainsi. Ce fut cette même année, et dans la maison de la Congrégation, qu'elle reçut et qu'elle forma à la piété la première fille iroquoise à qui on ait conféré le baptême.

« Dans le temps où je commençai la congrégation séculière, rapporte-t-elle, une femme iroquoise avait une petite fille d'environ neuf mois, quelle négligeait assez. Marguerite Picaud, qui demeurait avec moi, me pressait de la demander, ce que le P. Lemoine et M. Lemoyne trouvaient impossible d'obtenir. Mais M. Souart, prêtre du séminaire qui exerçait les fonctions de curé à Villemarie, offrit un collier de porcelaine de 30 francs, et quelques autres choses qu'on donna à la mère, et elle consentit à céder sa fille (1). »

La femme iroquoise dont parle ici la sœur Bourgeoys s'appelait Teonnhetharay , ce qui signifie il y a des pins ; et son mari, qui était Agneronon, se nommait Totinataghe , qui veut dire les deux villages. Elle était venue à Villemarie au retour de la chasse avec d'autres sauvages iroquois, et éprise par l'appât du modeste présent qu'on lui offrit, elle donna volontairement son enfant à M. de Maisonneuve, qui l'accepta pour en disposer comme de sa propre fille. Enfin, quatre jours après, cette femme iroquoise confirma et renouvela la donation qu'elle avait faite de sa fille, avec promesse de ne jamais la redemander (2).

___________________________________________________

(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Registres de la paroisse de Villemarie, 4 août 1658.
A suivre : VI. Baptême de cette jeune Iroquoise ; sa sainte mort. Deux autres sauvagesses élevées par la sœur Bourgeoys.

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 6:54 am

VI. Baptême de cette jeune Iroquoise; sa sainte mort.
Deux autres sauvagesses élevées par la sœur Bourgeoys.


L'enfant fui baptisée le dimanche 4 août 1658, fête de Notre-Dame des Neiges, et nommée pour cela Marie des Neiges. M. de Maisonneuve voulut être son parrain, et la marraine fut Élisabeth Moyen, femme de M. Lambert Closse, major de la garnison de Villemarie (1).

La sœur Bourgeoys, à qui l'enfant fut remise, ajoute, dans le récit qu'elle fait de cet événement : « La mère consentit à faire perdre son lait à l'enfant ; elle prenait garde cependant qu'elle fût bien soignée. Nous voulions la donner à une nourrice, mais l'enfant ne voulut jamais de son lait, et riait quand on lui en présentait. Le P. Lemoine a assuré que c'était la première baptisée des Iroquois. Peu de temps après que j'eus cette enfant j'allai en France, et durant mon absence elle fut mise chez la petite Lacroix. Le père de l'enfant, qui vint à Montréal, voulut ravoir sa fille; mais il ne put pas découvrir où elle était, et fut contraint de s'en retourner sans l'avoir. Cette enfant est morte à six ans dans notre maison (2). »

Elle mourut en effet le 19 août 1663 (3). M. Dollier de Casson, dans son Histoire du Montréal, ajoute les détails suivants :

« La petite sauvagesse nommée Marie des Neiges; qui promettait beaucoup, mourut à la Congrégation, chez la sœur Bourgeoys, qui l'avait élevée depuis l'âge de dix mois avec des soins et des peines bien considérables, dont elle a été payée par la satisfaction que l'enfant lui donnait. A cause de l'amitié qu'on portait à cette enfant, on a voulu ressusciter son nom par une autre petite sauvagesse à laquelle on a donné le même nom au baptême. Cette deuxième étant aussi décédée, on en a pris ensuite une troisième à laquelle on a encore donné le nom de Marie des Neiges. Si celle-ci ne meurt pas plus criminelle que les deux autres, toutes trois, après avoir demeuré ici-bas dans la Congrégation de Montréal, auront l'honneur d'être, j'espère, au ciel pour toute l'éternité, dans cette congrégation qui suit l'Agneau (1) immaculé avec des prérogatives toutes spéciales (2). »

___________________________________

(1) Ibid.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Registres de la paroisse de Villemarie, 19 août 1663.
(1) Apocalypse, XIV , 4.
(2) Histoire du Montréal, de[/i] 1662 à1663.
A suivre : VII. La sœur Bourgeoys fait jeter les fondements de la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours.

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Message  Louis Sam 29 Sep 2012, 12:09 pm

VII. La sœur Bourgeoys fait jeter les fondements
de la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours.


Mais le zèle de la sœur Bourgeoys pour la sanctification de la colonie naissante de Villemarie ne se bornait pas aux enfants et aux jeunes filles, il s'étendait à tous les colons. Un désir ardent qu'elle éprouvait, c'était de mettre de plus en plus en honneur parmi eux et d'accroître, autant qu'elle le pourrait, la dévotion envers la très-sainte Vierge; et ce désir lui inspira la pensée de lui élever, à une petite distance de la ville, une chapelle qui fût tout à la fois un lieu de pèlerinage et une sauvegarde pour le pays. De leur côté, les associés de Montréal, dès la formation de leur société, avaient résolu aussi de dédier à Marie la première chapelle qui serait bâtie dans cette île; ce qui faisait dire à M. Olier, avant l'établissement de la colonie : « Il me vient souvent à l'esprit que la miséricorde de DIEU me fera cette grâce de m'envoyer au Montréal en Canada, ou l'on doit bâtir la première chapelle à DIEU sous le titre de la très-sainte Vierge, et que je serai le chapelain de cette divine Dame (1). »

Mais quelque empressement que témoignassent les associés de Montréal pour élever ce monument de leur dévotion envers Marie, la construction en fut longtemps retardée par suite des hostilités des Iroquois ; en sorte que pendant bien des années il n'y eut à Villemarie qu'une simple chapelle en charpente. DIEU voulait sans doute que la sœur Bourgeoys, spécialement suscitée pour répandre cette dévotion dans la colonie, réalisât elle-même leur pieux dessein, et dans cette vue il lui inspira la résolution de jeter les fondements de l'édifice avant même que les ecclésiastiques de Saint-Sulpice fussent arrivés à Montréal. Car, pendant qu'ils se préparaient à partir de France avec M. de Maisonneuve, au printemps de l'année 1657, elle s'était adressée au R. P. Pijart qui desservait alors la colonie, et avait obtenu de lui la permission de bâtir la chapelle dont nous parlons. Munie de cette approbation :

« J'excitai, écrit-elle, le peu de personnes (qu'il y avait alors à Montréal) à ramasser des pierres, et je demandais quelques journées pour cette chapelle à ceux pour qui je faisais quelque travail (d’aiguille). On charria du sable, et les maçons s'offrirent. Le Père Pijard la nomma Notre-Dame de Bon-Secours; le Père Lemoine mit la première pierre, et M. Closse (qui tenait la place de gouverneur en l'absence de M. de Maisonneuve), fit graver sur une lame de cuivre l'inscription nécessaire; enfin, les maçons commencèrent (1) » et posèrent les fondements.

_____________________________

(1) Mémoires autographes de M. Olier, t. I, p. 73-74
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VIII. M. de Queylus fait suspendre la construction de la chapelle…

_________________
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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 6:04 am

VIII. M. de Queylus fait suspendre la construction
de la chapelle en attendant son retour à Villemarie.


La sœur se proposait de reprendre ces travaux à l'automne de la même année. Sur ces entrefaites arrivèrent les ecclésiastiques de Saint-Sulpice, conduits par M. de Maisonneuve; et ce fut alors que la sœur Bourgeoys commença ses écoles, comme nous l'avons raconté. Lorsque le temps de la reprise des travaux fut venu, elle excita de nouveau le zèle des colons pour cette sainte œuvre. M. de Maisonneuve, jaloux d'y contribuer de sa part, « fit abattre des arbres pour la charpente, et aidait lui-même à le traîner hors du bois (1). »

Toutefois, la sœur qui aurait pu s'autoriser de la permission déjà donnée par le Père Pijart, voulut, avant de passer outre, avoir aussi l'autorisation expresse de M. de Queylus, comme exerçant dans le pays les fonctions de grand-vicaire. Il se trouvait alors à Québec, où il était descendu au commencement du mois de septembre 1657 (2), avec le Père Poncet, à l'occasion d'un différend survenu entre ce Père et le Père Dequen, son supérieur (3).

La sœur lui écrivit donc pour connaître son intention sur cette bâtisse. M. de Queylus, qui n'avait guère fait qu'un mois de séjour à Villemarie, et avait peut-être ignoré jusque alors le projet de la sœur, lui écrivit de suspendre l'ouvrage jusqu'à son retour (4).

La prudence semblait demander qu'il en usât de la sorte : il était venu lui-même en Canada dans l'intention d'effectuer enfin le dessein des associés de Montréal, en bâtissant en pierre et en dédiant à la très-sainte Vierge la première église qui serait construite dans cette île, et dont M. de Bretonvilliers, successeur de M. Olier, voulait faire tous les frais.

Ce dessein de M. Queylus était si connu à Québec, que la mère de l'Incarnation croyait qu'on l'exécutait déjà l'année suivante, puisqu'elle écrivait que M. de Bretonvilliers avait entrepris de bâtir une très-belle église à Montréal (1), quoique cependant cette bâtisse n'ait été commencée que longtemps après, comme nous le dirons dans la suite. M. de Queylus jugea donc convenable de concerter le dessein de la sœur Bourgeoys avec celui des associés de Montréal, afin de rendre plus utiles au bien de la colonie les deux édifices projetés; et lui écrivit qu'en attendant son retour à Villemarie, elle suspendît la construction de cette église.

__________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Écrits des Jésuites, etc.
(3) Mémoire de M. d’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, p. 727.
(4) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Lettre de la mère Marie de l’Incarnation, IIe partie, p. 542.
A suivre : IX. La sœur prend la résolution de passer en France…

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Message  Louis Dim 30 Sep 2012, 12:20 pm

IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours.


Quelque désir qu'eût la sœur de voir son ouvrage bientôt achevé, elle se soumit sans peine à ce délai, dans l'espérance que M. de Queylus ne tarderait pas à revenir à Villemarie, comme on le croyait alors. Mais avant son retour un autre motif décida encore la sœur Bourgeoys à suspendre sa bâtisse ; savoir le désir d'accompagner Mlle Mance, qui forma alors le dessein de faire un voyage à Paris.

Se voyant en possession du terrain et de la maison donnés à perpétuité pour servir aux écoles, et considérant qu'elle n'avait que Marguerite Picaud pour la seconder, elle s'offrit pour accompagner Mlle Mance, afin d'aller chercher à Troyes, parmi ses anciennes compagnes, des filles zélées qui l'aidassent à instruire les enfants (2) (*).

Elle partit en effet ; mais ce voyage, et ensuite les troubles survenus dans le pays, furent cause que la construction de Notre-Dame de Bon-Secours demeura longtemps suspendue, comme nous le raconterons dans la suite.

Toutefois, dans l'interruption aussi bien que dans l'entreprise de cette bâtisse, on ne saurait méconnaître la conduite de la divine Providence.

____________________________________
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre: le (*)

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Message  Louis Lun 01 Oct 2012, 6:04 am

IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours.
(suite : le *)


(*) Quoique nous n'ayons point eu dessein de relever dans cette Vie toutes les inexactitudes de ceux qui ont écrit avant nous sur la sœur Bourgeoys, nous ne pouvons cependant nous dispenser de donner ici un éclaircissement sur les motifs de l'interruption de la bâtisse de Bon-Secours, que nous venons d'exposer, et qui ne s'accordent pas entièrement avec les récits qu'on a déjà publiés sur ce sujet, d'après M. Ransonet, le premier historien de la sœur. Cet écrivain, trop peu fidèle dans les citations qu'il prétend faire des écrits de la sœur Bourgeoys, s'est donné la liberté de les abréger et de les exprimer en d'autres termes, sans prendre garde qu'il en altérait quelquefois notablement le sens; et c'est ce qui est arrivé au sujet du récit qu'elle fait de la suspension de cette bâtisse. M. Ransonet lui fait dire ces paroles : M. de Queylus, ayant été instruit de mon dessein, EN EMPÊCHA L'EXÉCUTION. Alors je fis un voyage en France (1).

M. Montgolfier, qui commente d'ordinaire M. Ransonet, a conclu de là et a écrit dans sa Vie de la sœur Bourgeoys que M. de Queylus, en arrivant à Montréal, DÉFENDIT à la sœur de continuer l'ouvrage (2); et enfin, l'auteur du Manuel du Pèlerin de Bon-Secours (3), qui devait regarder ces deux écrivains comme bien fondés dans leur récit, s'est contenté de dire, sans nommer toutefois M. de Queylus : IL FALLUT CÉDER A L'ORAGE.

Mais M. Ransonet…

____________________________________________

(1) Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 62.
(2) Vie de la sœur, 1818, p. 71
(3) Manuel du Bon-Secours, p. 13.
A suivre…

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Message  Louis Lun 01 Oct 2012, 3:53 pm

IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours.
(suite : le *)


(*) … Mais M. Ransonet n'a donné lieu à ces jugements que parce qu'il a substitué aux paroles de la sœur Bourgeoys d'autres paroles de sa façon, qu'il a cependant accompagnées de guillemets, quoique ces signes soient la marque d'une citation littérale. Car, au lieu de ces paroles qu'il donne comme les expressions de la sœur : M. de Queylus, ayant été instruit de mon dessein, EN EMPÊCHA L'EXÉCUTION; alors je fis un voyage en France ; la sœur Bourgeoys dit en propres termes, ainsi que nous le lisons dans ses mémoires autographes : « J'ai écrit à M. de Queylus pour cette bâtisse. Il fit tout arrêter jusqu'à son arrivée à Montréal; et avant son arrivée je m'offris pour accompagner Mlle Mance en France, afin d'avoir des filles pour les écoles (1). » Ainsi, d'après la sœur Bourgeoys elle-même, la suspension des travaux de Bon-Secours eut deux causes : d'abord l'absence momentanée de M. de Queylus, qui jugeait à propos qu'un attendit son retour avant de les reprendre; et en second lieu, la résolution que la sœur prit d'elle-même de passer en France avant que M. de Queylus fût de retour à Villemarie.

M. Montgolfier semble supposer de plus que le dessein de la sœur Bourgeoys, en reprenant cette bâtisse, était de se procurer un local pour ses écoles (2). Mais, outre que ce local, à la distance où il était alors de la ville, et surtout dans un temps où rien n'était encore pavé à Montréal, n'aurait pu être fréquenté par les enfants pendant une partie considérable de l'année, il est certain que le dessein de la sœur Bourgeoys était de procurer non une école aux enfants, mais un lieu de pèlerinage aux citoyens de Villemarie.

D'ailleurs, lorsqu'elle songea à la reprise de cette bâtisse, elle avait déjà reçu des seigneurs la maison de l'Étable avec un terrain adjacent de quarante-quatre perches (726 pieds ou env. 218 m.), destiné aux-écoles : elle avait fait approprier la maison à ce dessein, et enfin elle y réunit des enfants, pour la première fois, le jour de Sainte-Catherine 1657, comme elle nous l'apprend elle-même. Nous faisons ici cette dernière remarque pour montrer quelle a été la véritable destination de Notre-Dame de Bon-Secours.

___________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Ibid. , p. 71,
A suivre : IX. La sœur prend la résolution de passer en France. Motifs de la Providence dans l'entreprise et dans l'interruption de Bon-Secours. : suite et fin.

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Message  ROBERT. Lun 01 Oct 2012, 4:20 pm

.

Vos nombreux dossiers, cher Louis, traitant notamment de Mère d'Youville,

de Jeanne Mance, de Marguerite Bourgeois et de Jeanne Le Ber,

me rappellent les Fondations de Sainte Thérèse d'Avila.

.
ROBERT.
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Message  Louis Mar 02 Oct 2012, 5:42 am

IX. La sœur prend la résolution de passer en France.
Motifs de la Providence dans l'entreprise
et dans l'interruption de Bon-Secours.
(suite et fin)


On a vu que trois communautés devaient répandre dans la colonie de Villemarie la dévotion envers la sainte famille : le séminaire de Saint-Sulpice, la dévotion envers NOTRE-SEIGNEUR ; la congrégation, celle envers Marie; et l'Hôtel-Dieu, la dévotion envers saint Joseph. En inspirant donc à la sœur Bourgeoys le dessein de cette chapelle, et en voulant que les RR. PP. Jésuites en approuvassent la construction durant les derniers mois qu'ils restèrent à Villemarie, DIEU voulut donner d'avance des indices manifestes de la vocation spéciale de la sœur à propager le culte de Marie, que ce lieu de pèlerinage contribua tant en effet à accroître dans le pays ; et en permettant que les prêtres du séminaire fussent la première cause de l'interruption de cet édifice, il voulut montrer que le zèle pour Marie, dont brûlait la sœur Bourgeoys, ne venait point de quelque impulsion qu'elle eût reçue de ces ecclésiastiques , et que la fin spéciale des trois communautés était son propre ouvrage, et non un dessein que les hommes eussent concerté.

Il sembla de plus qu'il eût permis cette longue interruption de la construction de Bon-Secours, qui dura quatorze à quinze ans, pour donner aux anciens associés de Montréal la joie de contribuer par eux-mêmes à la construction de cette première chapelle, selon le dessein qu'ils en avaient eu dès la formation de leur société. Car nous verrons que non-seulement ils fournirent à la sœur Bourgeoys les premiers fonds nécessaires pour la bâtir, ainsi que la statue miraculeuse de Marie qui devait y être exposée à la vénération des fidèles, mais que même la première pierre de l'édifice fut posée au nom du plus ancien des associés de Montréal. La sœur Bourgeoys fut donc ainsi l'instrument dont DIEU se servit pour exécuter leur pieux dessein, puisque, comme elle-même nous l'apprend : « La première église (de pierre) qui a existé à Villemarie est Notre-Dame de Bon-Secours. »

A suivre : DEUXIÈME PARTIE : ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION. FRUIT DE CET INSTITUT.



Dernière édition par Louis le Mar 02 Oct 2012, 2:46 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mar 02 Oct 2012, 12:55 pm

DEUXIÈME PARTIE

ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION.
FRUITS DE CET INSTITUT.



CHAPITRE PREMIER

PREMIER VOYAGE DE LA SŒUR BOURGEOYS EN FRANCE ; ÉTABLISSEMENT DE LA CONGRÉGATION
DE NOTRE-DAME, ET DES FILLES DE SAINT-JOSEPH
À VILLEMARIE.


I. Occasion et motifs du voyage de la sœur Bourgeoys en France.

Mlle Mance, depuis son arrivée à Villemarie, avait eu le soin de l'Hôtel-Dieu , en attendant que M. de la Dauversière pût y envoyer quelques-unes de ses hospitalières. Mais l'année même de l'arrivée des ecclésiastiques de Saint-Sulpice, le 28 janvier 1657, elle fit une chute dans laquelle elle eut le bras cassé et le poignet démis, et qui la mit hors d'état de rendre aucun service à cette maison ; car les chirurgiens qui lui remirent la fracture ne s'aperçurent de la dislocation que six mois après, lorsqu'il n'y eut plus de remède. Ce mal lui faisait souffrir des douleurs intolérables, et la réduisit à un tel état d'inaction qu'elle était incapable de s'habiller elle-même, et de rendre le moindre service aux malades de l'Hôtel-Dieu (1). Dans une situation si affligeante, elle résolut de passer en France, afin d'obtenir de Mme de Bullion une dotation pour des sœurs de M. de la Dauversière , à qui la compagnie de Montréal avait déjà résolu de donner la conduite de cette maison (2); et ce fut ce qui détermina la sœur Bourgeoys à entreprendre elle-même ce voyage.

« Mlle Mance, dit- elle , ayant besoin d'une personne pour la soulager dans son voyage , je m'offris pour cela, afin d'aller à Troyes pour avoir quelques filles qui m'aidassent à faire l'école au peu de filles et de garçons capables d'apprendre (3). »

Il est vrai que le nombre de ces enfants était alors peu considérable, comme la sœur Bourgeoys nous l'apprend, et qu'aidée par sa compagne, Marguerite Picaud, elle aurait pu aisément suffire à tout. Mais elle comprit sans doute que le séminaire de Saint-Sulpice devant se charger seul de l'œuvre de Montréal, d'après le désir des associés, il ne négligerait rien pour en accroître la population par des envois de colons chaque année, et que bientôt elle ne pourrait pas suffire à l'instruction de la jeunesse; ce qui serait arrivé en effet si elle n'eût entrepris ce voyage.

Car, au lieu que pendant les quinze premières années il n'y avait eu à Villemarie que vingt-six mariages: dans les quinze suivantes on en compta plus de cent cinquante. Il n'était né dans la première période que soixante enfants, dont même pas un seul n'avait pu être élevé les huit premières années: et dans la seconde il en naquit plus de six cents (1).

Aussi M. de Queylus, étant revenu de Québec à Villemarie, approuva-t-il volontiers le voyage de la sœur Bourgeoys pour la France (2).

_________________________________________

(1) Déclaration de Mlle Mance attestations autographes de M. Olier, p. 51 et suiv.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1657 à 1658.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Registres de la paroisse de Villemarie.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : II. M. de Queylus revient à Villemarie…


Dernière édition par Louis le Lun 28 Jan 2013, 4:09 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)

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Message  Louis Mer 03 Oct 2012, 6:21 am

II. M. de Queylus revient à Villemarie.
Son dessein de donner la conduite de
l'Hôtel-Dieu aux Hospitalières de Québec.


Nous avons dit que M. de Queylus étant arrivé l'année précédente avec des lettres de grand-vicaire de l'archevêque de Rouen, celles du supérieur des Jésuites avaient cessé, d'après la clause que ce prélat y avait mise. Toutefois, ces religieux, jugeant qu'il serait plus convenable pour eux d'être soumis à l'archevêque lui-même et d'exercer encore leurs anciens pouvoirs à Québec, avaient obtenu de ce prélat, le 30 mars 1658, des lettres de grand-vicaire pour ce lieu (3), Après la réception de ces lettres, M. de Queylus, voyant ainsi son grand-vicariat restreint à l'île de Montréal, et n'ayant plus de pouvoirs à exercer à Québec (4), retourna à Villemarie. A son arrivée, il trouva Mlle Mance dans l'état que nous avons dit, et plus incapable encore, qu'il ne l'avait laissée, de rendre aucun service aux malades. Sachant d'ailleurs que les religieuses hospitalières de la Flèche n'avaient aucune fondation, il songea à attirer à Villemarie celles de Québec, qui le désiraient beaucoup de leur côté. C'était aussi le désir des RR. PP. Jésuites; et à ne considérer les choses que selon les règles de la sagesse ordinaire, ce parti paraissait être le seul à prendre dans l'état où l'hôpital allait se trouver lorsque Mlle Mance serait partie. En conséquence, deux hospitalières, les sœurs de la Nativité et de Saint-Paul, partirent de Québec le 18 septembre (1), avec l'autorisation du P. Dequen, grand-vicaire, et se rendirent à Villemarie.

On voit encore par ce trait que M. de Queylus…

__________________________

(3) Archives de l’Archevêché de Rouen , ibid. , fol 40. — Mémoire de M. d’Allet, Œuvres d’Arnault, t. XXXIV, p. 728-729. — Ms. du frère Léonard, Augustin déchaussé ; Bibliothèque royale, à Paris ; Supplément français, 1628, in-folio, p. 17.
(4) Journal des Jésuites, 8 août 1658.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ibid. — Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, par la mère Juchereau, page 114.

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Message  Louis Mer 03 Oct 2012, 1:47 pm

II. M. de Queylus revient à Villemarie.
Son dessein de donner la conduite de
l'Hôtel-Dieu aux Hospitalières de Québec.
(suite)


… On voit encore par ce trait que M. de Queylus, quoique l'un des associés de Montréal, n'avait nulle connaissance du dessein de DIEU manifesté à M. Olier et à M. de la Dauversière, sur les trois communautés destinées à faire honorer dans la colonie la sainte famille : JÉSUS, Marie et Joseph; et DIEU permit que ce dessein fût ainsi traversé, afin que son accomplissement, qui devait avoir lieu malgré cet obstacle et une multitude d'autres contretemps, ne pût être attribué qu'à sa seule puissance, qui change quand elle veut les obstacles en moyens.

Mais Mlle Mance, à qui DIEU avait inspiré la pensée de ce voyage pour attirer à Villemarie les filles de Saint-Joseph, se contenta de recevoir à l'Hôtel-Dieu les deux religieuses de Québec, et donna provisoirement l'administration de cette maison à une bonne dévote connue ensuite sous le nom de Mme de la Bardilière, à laquelle elle adjoignit une servante. Enfin, les deux hospitalières semblèrent n'être venues à Villemarie que pour remplacer momentanément la sœur Bourgeoys. Car elle les pria de faire l'école aux petites filles pendant son absence, ce qu'elles acceptèrent, de l'avis de M. de Queylus (1).

______________________________

(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-JosephHistoire du Montréal, ibid.
A suivre : III. La sœur Bourgeoys et Mlle Mance passent en France.


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Message  Louis Jeu 04 Oct 2012, 5:33 am

III. La sœur Bourgeoys et Mlle Mance passent en France.


La sœur Bourgeoys et Mlle Mance se disposèrent donc à partir pour Québec. La sœur, qui jusque alors avait eu soin de la sacristie de Villemarie, alla faire ses adieux à M. Galinier, prêtre du séminaire, chargé lui-même du matériel de l'église, et le pria de vouloir bien lui conserver cette charge à son retour ; ce qu'il lui promit, pourvu qu'elle ne fût pas absente plus d'une année.

Elles partirent de Villemarie ce jour-là même, qui était le 29 septembre 1658, fête de saint Michel (2), et s'embarquèrent à Québec le 14 du mois suivant (3), qui était un lundi.

« Le navire sur lequel nous nous embarquâmes pour aller en France, écrit la sœur Bourgeoys, était tout rempli de huguenots ; il n'y avait que cinq ou six hommes de catholiques, outre Mlle Mance et moi. Nous ne sortions presque point de la chambre aux canons. Ces huguenots chantaient leurs prières soir et matin, et dans d'autres temps (contre les ordonnances du roi). Mais quand nous fûmes sous la ligne, Mlle Mance les pria de ne point chanter à leur coutume , leur représentant qu'elle était obligée de rendre compte de tout ce qui se faisait sur le navire ; et ils cessèrent leurs chants. Nous n'avions point de prêtre avec nous (1). »

En arrivant à la Rochelle, Mlle Mance éprouva des douleurs si vives et si aiguës qu'il lui fut impossible de supporter le mouvement de la voiture pour se rendre à la Flèche, où elle désirait aller visiter d'abord M. de la Dauversière ; et elle fut obligée de s'y faire porter sur un brancard (2), toujours accompagnée par la sœur Bourgeoys (3). Elles y arrivèrent le jour des Rois 1659 (4); et peu après elles partirent pour Paris, où Mlle Mance s'empressa de voir M. de Bretonvilliers, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, Mme de Bullion, et ensuite tous les associés de Montréal.

____________________________

(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Journal des Jésuites.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
(3) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph
(4) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : IV. Mlle Mance est guérie miraculeusement…

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Message  Louis Jeu 04 Oct 2012, 11:54 am

IV. Mlle Mance est guérie miraculeusement
par l’attouchement du cœur de M. Olier, et obtint
une fondation pour les sœurs de Saint-Joseph, à Villemarie.


Elle leur représenta l'impossibilité où elle était de rendre aucun service à l'Hôtel-Dieu, et combien il était nécessaire d'y envoyer des filles de M. de la Dauversière, que M. Olier avant sa mort et toute la compagnie avaient déjà choisies pour ce dessein. Touchés de l'état de Mlle Mance, les associés voulurent consulter sur son mal les plus habiles médecins et chirurgiens de la capitale. Mais ceux-ci demeurèrent tous d'accord qu'il était sans aucune sorte de remède humain. Alors, ne songeant plus à son mal, elle ne s'occupa que des moyens d'attirer les hospitalières de Saint-Joseph à Villemarie, et d'obtenir pour elles une fondation. Dans ce dessein, elle eut la pensée d'aller prier sur le tombeau de M. Olier (1).

« Elle demanda, dit la sœur Bourgeoys, à voir la chapelle où était (le corps de) M. Olier; j'allai avec elle; mais on nous remit au dimanche suivant (qui était cette année le jour de la Purification de la sainte Vierge). Je la laissai à Paris où elle avait une sœur, et je partis pour aller à Troyes. Le dimanche suivant, Mlle Mance fut guérie par la faveur de M. Olier. Je reçus d'elle à Troyes une lettre où elle me mandait qu'elle était guérie, et qu'elle m'écrivait de sa propre main. Je montrai cette lettre à un médecin et à d'autres, en leur racontant la manière dont son bras avait été rompu, et chacun me dit que cette guérison ne se pouvait faire sans miracle (2).»

Elle fut, en effet, opérée subitement par l'attouchement du cœur de M. Olier, et avec des circonstances qui étaient elles-mêmes un nouveau prodige. Car toutes les ligatures et les enveloppes qui environnaient la main de Mlle Mance, et qui étaient attachées avec une multitude d'épingles, se délièrent d'elles-mêmes ; et en même temps elle sentit une chaleur extraordinaire qui se répandit depuis son épaule jusqu'au bout de ses doigts, et qui lui rendit à l'instant le libre usage de sa main.

« DIEU, dit M. Dollier de Casson, voulut honorer la mémoire de feu M. Olier, son serviteur, en donnant à son cœur le moyen de témoigner sa gratitude à cette demoiselle, qui pour lors s'employait si fortement en faveur de l'île de Montréal, à laquelle il portait tant d'intérêt lorsqu'il était vivant, et dont DIEU veut bien qu'il prenne la protection après sa mort (1). »

La sœur Morin, religieuse de Saint-Joseph, qui rapporte aussi ce fait, ajoute à ce récit:

« Mlle Mance, persuadée plus que jamais que DIEU voulait dans Villemarie des filles de Saint-Joseph, que M. Olier, ce grand serviteur de DIEU, avait acceptées pour cela avant sa mort, avec messieurs de la compagnie, se sentit encouragée de leur procurer une fondation, comme elle le fit après ce miracle. Car cette merveille fit grand bruit dans Paris ; il y avait empressement parmi les dames à qui aurait Mlle Mance quelques heures en leur maison. Mme de Bullion surtout la combla de présents (1), » et lui donna pour fonder les hospitalières à Villemarie 22,000 livres (2), que Mlle Mance remit à M. de la Dauversière, et dont 20,000 devaient être placées pour produire une rente annuelle de 1,000 livres, destinée à l'entretien de quatre sœurs (3).

_________________________________________

(1) Histoire du Montréal, ibid. — Vie de M. Olier, t. II, p. 517.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Histoire du Montréal, ibid.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph.
(2) Histoire du Montréal, ibid.
(3) Actes de Marreau, notaire à Paris, 29 mars 1659.
A suivre : v. Les sœurs Châtel et Crolo s'engagent…

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Message  Louis Ven 05 Oct 2012, 6:33 am

V. Les sœurs Châtel et Crolo s'engagent
à suivre la sœur Bourgeoys à Villemarie.


Pendant que Mlle Mance, au comble de ses vœux, faisait tous les préparatifs nécessaires pour emmener avec elle les religieuses de Saint-Joseph à Villemarie, la sœur Bourgeoys, de son côté, réunissait à Troyes de zélées et ferventes compagnes destinées à former le noyau de la société qui devait répandre dans cette colonie l'esprit de piété envers la très-sainte Vierge. C'est elle-même qui nous apprend dans ses Mémoires les bénédictions qu'il plut à DIEU de donner à toutes ses démarches, et l'heureux succès qui les suivit :

« Étant arrivée à Troyes, dit-elle, je fus logée chez les religieuses de la Congrégation. Je dis que je voudrais emmener trois filles d'une assez forte santé pour nous soulager dans nos emplois. Le père d'une de mes amies, M. Raisin, qui demeurait à Paris, étant venu à Troyes sur ces entrefaites, et sachant mon dessein, me dit de faire prier (DIEU pour qu'il lui plût d'inspirer à de vertueuses filles de me suivre), ne pensant peut-être pas que la sienne, qui était jeune, songeât à ce voyage. Il retourna ensuite à Paris. Cependant Mlle Raisin, sa fille, pressait fort pour s'engager avec moi ; mais (je ne crus pas d'abord devoir l'accepter) ne voulant emmener personne que du consentement des parents. Enfin les trois qui s'offrirent furent ma sœur Aimée Châtel, ma sœur Catherine Crolo, et ma sœur Marie Raisin elle-même, qui espérait obtenir le consentement de son père à Paris (1).

« J’ai admiré comme M. Châtel…

_____________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre…

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Message  Louis Ven 05 Oct 2012, 12:29 pm

V. Les sœurs Châtel et Crolo s'engagent
à suivre la sœur Bourgeoys à Villemarie.
(suite]


« J'ai admiré comme M. Châtel, qui était notaire apostolique, m'a confié sa fille qu'il aimait beaucoup. M'ayant demandé comment nous vivrions à Villemarie, je lui montrai le contrat qui me mettait en possession de l'Étable qui avait servi de colombier et de loge pour les bêtes à cornes ; et ne voyant rien pour subsister : Eh bien ! me dit-il, voilà pour loger ; mais pour le reste, que ferez-vous ? de quoi vivrez-vous ? Je lui dis que nous travaillerions pour gagner notre vie, et que je leur promettais à toutes du pain et du potage ; ce qui lui tira les larmes des yeux et le fit pleurer. II aimait beaucoup sa fille, mais ne voulait pas s'opposer aux desseins de DIEU sur elle. Il prend conseil de l'évêque de Troyes (M. Malier du Houssay) (1), car il était bon serviteur de DIEU ; et sur la réponse affirmative du prélat, il accède aux désirs de sa fille. On passa en son étude le contrat d'engagement, ainsi que celui de ma sœur Crolo, qui avait eu le désir de venir avec moi dès mon premier voyage. Par ces contrats elles s'engagèrent pour demeurer ensemble et faire l'école à Villemarie. La sœur Châtel fit de plus une donation de tout son bien en faveur de ses filleuls et de ses filleules, si elle ne retournait pas après un certain temps limité (2).

« Ensuite M. Châtel voulut accommoder un coffre pour les hardes de sa fille, et une cassette pour son linge ; de plus il fit coudre proche la baleine de son corset 150 livres en écus d'or, avec défense de m'en parler, ni à personne, afin que s'il fallait revenir ou aller seule, elle pût s'en retourner. Enfin, il écrivit dans tous les lieux les plus considérables de la route par où l'on devait passer, que si sa fille avait besoin de service en allant, on lui donnât tout ce qui lui serait nécessaire, ou ce qu'elle demanderait pour s'en retourner à Troyes.»

__________________________________________________

(1) Gallia christiana, t. XII, col. 522.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : VI. Voyage de Troyes à Paris…

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Message  Louis Sam 06 Oct 2012, 7:03 am

VI. Voyage de Troyes à Paris. La sœur Raisin s'engage
aussi pour Villemarie. La sœur Hioux.


« Selon le désir que j'avais eu en arrivant, j'emmenai donc trois filles, mes sœurs Châtel, Crolo et Raisin, car cette dernière fut conduite jusqu'à Paris par sa (belle-)sœur (*), dans l'espérance d'obtenir le consentement de son père. J'emmenai encore une petite fille qui a été ensuite la femme de Nicolas Boyer. Enfin, il se présenta aussi un jeune homme studieux pour servir notre maison et se donner au service de DIEU toute sa vie. Il nous suivait et prenait ses gîtes proche des nôtres ; mais dans le navire il fut attaqué d'un flux de sang, dont il est mort dans notre maison, deux ans après être arrivé à Villemarie.

« De Troyes à Paris nous étions quinze ou seize personnes. Pour nous conduire, nous avions pris des charretiers qui nous donnèrent bien de la peine. Nous n'avions pas fait une lieue que la charrette fut arrêtée, parce qu'il n'était pas permis à des particuliers de nous conduire au préjudice des voitures publiques. Il fallut donc retourner à Troyes, où M. Châtel obtint la permission de continuer la route. Un jour de dimanche, comme nous passions près d'une église où l'on sonnait la sainte messe, nous demandâmes au cocher de nous la laisser entendre, mais nous ne pûmes l'obtenir. Cependant, environ à midi, une de ses roues se rompit en deux pièces, et il fallait aller jusqu'à Paris pour avoir une autre roue. Ceux qui ne purent aller à pied demeurèrent là. L'après-dînée, une petite cloche sonne, et un prêtre qui paraissait tout languissant, avec cinq ou six chétifs hommes, psalmodièrent les vêpres. Ce prêtre nous conta les misères de ce lieu : toutes les maisons ruinées, grande quantité de chevaux morts, et même des hommes et une femme : nous tâchâmes de mettre un peu de terre pour les couvrir.

« A Paris, ma sœur Raisin se présente à son père pour avoir son congé. Il n'avait que cette fille avec un fils. Il ne voulut point d'abord lui accorder son consentement ; il refusa même de la voir. Mais elle le fait prier, elle pleure, elle fait tout son possible. Enfin, après beaucoup de prières elle obtient sa demande; et son père lui fait faire un contrat semblable aux deux autres passés à Troyes. Il lui donna même pour son voyage et pour ses hardes 1,000 francs, dont je ne voulus prendre que 300, et lui laissai le reste, n'en ayant pas besoin. Mais tous les ans il nous donnait 35 livres pour les 700, et après sa mort, son fils a continué. Enfin, à la mort de ce fils, avocat au Parlement, outre ces dons, nous avons eu une rente de 300 livres pour les 6,000 (qui revenaient à sa sœur). A Paris, M. Blondel nous donna aussi sa nièce pour la conduire à Montréal (**). C'est la sœur Hioux, qui a été la première reçue en forme à la communauté. Nous étions environ seize filles pour Montréal, sans compter d'autres filles pour Québec (1). »


(*) La sœur Bourgeoys écrit dans cet endroit de ses Mémoires, que Mllr Raisin fut conduite par sa sœur. Il parait qu'elle veut dire sa belle-sœur, car elle fait remarquer ailleurs que M. Raisin n'avait que cette fille avec un fils; et elle ajoute dans un autre endroit : ma sœur Raisin était seule avec un frère.

(**) M. Blondel, dont il est ici parlé, était connu de M. Olier et de M. de la Dauversière. Ce fut lui qui, en 1656, accepta, au nom des religieuses hospitalières de la Flèche, dont il était procureur, la conduite de l'Hôtel-Dieu de Villemarie. Dans l'acte qui fut passé alors, il est qualifié ; Pierre Blondel, bourgeois de Paris (1).
_____________________________

(1) Actes de Chaussières, notaire à Paris, 31 mars 1656.

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : VII. Nouvelle recrue pour Villemarie. Désintéressement de la sœur Bourgeoys.

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Message  Louis Sam 06 Oct 2012, 12:00 pm

VII. Nouvelle recrue pour Villemarie.
Désintéressement de la sœur Bourgeoys.


La sœur Bourgeoys ne nous donne pas d'autres détails sur le séjour qu'elle fit à Paris avec ses compagnes ; mais on ne peut guère douter qu'avant de quitter cette ville pour se rendre à la Rochelle, lieu de l’embarquement, elles n'aient visité les ecclésiastiques du séminaire de Saint-Sulpice, et que ceux-ci ne les aient encouragées à se consacrer à une œuvre si utile à la colonie et au bien de la religion. Du moins c'est ce qu'on peut conclure de ce témoignage que la supérieure de la Congrégation leur rendait en 1702, dans une lettre au ministre de la marine : « MM. du séminaire de Saint-Sulpice de Paris ont attiré les sœurs de la Congrégation dans l'île de Montréal pour travailler à l'éducation des jeunes filles de cette île (1). »

C'est aussi ce que semble insinuer le Père Le Clercq, récollet, lorsqu'il rapporte que la sœur Bourgeoys, après s'être associée en France de zélées coopératrices, « qui conspiraient à un même dessein, sous la direction de MM. de Saint-Sulpice, arriva en Canada en 1659, où elle donna commencement à l'établissement des filles de la Congrégation (2). »

A l'occasion de cet embarquement, ces ecclésiastiques, et surtout M. de Bretonvilliers, firent des dépenses considérables pour engager un grand nombre d'hommes vertueux et des filles pieuses à aller s'établir à Villemarie. Le nombre des hommes s'éleva à soixante, et celui des filles à trente-deux. M. Vignal, qui devait être lui-même du voyage, engagea à ses dépens deux hommes, M. Souart en fit engager quatre, et M, de Queylus vingt-trois (1). Les trente-deux filles furent confiées à la sœur Bourgeoys pendant la traversée, et elle leur servit encore de mère à Villemarie jusqu'à ce qu'elles eussent été établies, comme nous le dirons plus en détail dans la suite de cet ouvrage.

M. Dollier de Casson, en parlant de ce voyage, rapporte un trait bien honorable à la sœur Bourgeoys. Un homme riche, qu'il ne nomme pas, membre de la compagnie de Montréal, touché de l'esprit de zèle et de dévouement apostolique qu'il reconnut dans la sœur, lui offrit un fonds considérable pour assurer un revenu à l'œuvre naissante de la Congrégation. Mais cette digne fondatrice refusa absolument de l'accepter, dans l'appréhension que cette aisance ne nuisit à l'esprit de pauvreté qu'elle avait si religieusement pratiquée jusque alors, et qu'elle était jalouse de léguer à ses filles comme le plus riche trésor qu'elle pût leur laisser (2).

___________________________

(1) Archives de la marine, lettre de la supérieure de la Congrégation, du 11 octobre 1702.
(2) Premier établissement de la Foi, 1691, t. II , p. 59.
(1) Archives du séminaire de Villemarie, engagements de 1659.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1658 à 1659. — Histoire du Canada, par M. de Belmont.
A suivre : VIII. Difficultés qu'on suscite à la recrue pour l'empêcher d’aller à Villemarie.

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Message  Louis Dim 07 Oct 2012, 6:47 am

VIII. Difficultés qu'on suscite à la recrue pour l'empêcher d’aller à Villemarie.


Mlle Mance avait écrit à M. de la Dauversière de conduire les sœurs de Saint-Joseph à la Rochelle ; elle écrivit aussi à la sœur Bourgeoys d'aller la première dans cette ville avec les filles qu'elle conduisait et de l'y attendre.

« Pour aller de Paris à la Rochelle, dit la sœur Bourgeoys, nous primes encore un charretier, mais environ à une demi- lieue de Paris il fut arrêté comme l'autre, et il nous fallut revenir pour avoir d'autres voitures (1). »

Deux ecclésiastiques du séminaire de Saint-Sulpice, M. Vignal, dont on vient de parler, et M. Le Maistre, s'étaient rendus de Paris à la Flèche pour accompagner les sœurs de Saint-Joseph (2); et enfin, au temps marqué, toute cette nombreuse recrue, composée de cent dix personnes, se trouva réunie au lieu de l'embarquement. Mais là quelques individus, qui ne voyaient qu'avec peine l'accroissement de la colonie de Villemarie, leur fournirent l'occasion de sanctifier leur voyage par de longues et dures épreuves. D'abord, pour empêcher les sœurs de Saint-Joseph de partir, on s'efforça de leur faire entendre qu'elles ne seraient pas reçues en Canada, et qu'on les renverrait en France la même année sans vouloir de leurs services. De plus, le maître du navire, homme fort intéressé, à qui on fit croire sans doute que les chefs de cette entreprise étaient insolvables, refusa d'embarquer les passagers pour Villemarie, à moins qu'on ne payât d'avance le fret des cent dix personnes et de tous leurs effets déjà chargés sur le vaisseau, qui se montait à près de 20,000 livres.

_________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.
A suivre…

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