LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
Page 1 sur 1
LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
LA
CROIX DE JÉSUS
OU
LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE
ET DE LA CROIX
Par le R. P. Fr. L. CHARDON
de l'Ordre de Saint-Dominique
NOUVELLE ÉDITION REVUE PAR LE R. P. TH . BOURGEOIS
du même Ordre
TOME PREMIER
PARIS
P. LETHIELLEUX, LIBRAIRE - ÉDITEUR
10, RUE CASSETTE , 10
1895
CROIX DE JÉSUS
OU
LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE
ET DE LA CROIX
Par le R. P. Fr. L. CHARDON
de l'Ordre de Saint-Dominique
NOUVELLE ÉDITION REVUE PAR LE R. P. TH . BOURGEOIS
du même Ordre
TOME PREMIER
PARIS
P. LETHIELLEUX, LIBRAIRE - ÉDITEUR
10, RUE CASSETTE , 10
1895
A venir.
Comme je ne suis pas vite je place le lien internet pour ceux qui désirent lire plus rapidement, et pour ceux aussi qui veulent les références en bas de page.... moi c'est pas mon fort.
https://books.google.ca/books?id=_XrL7adjKRsC&pg=PA433&hl=fr&source=gbs_selected_pages&cad=1#v=onepage&q&f=false
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
AVERTISSEMENT AU LECTEUR
J'adore ici , je ne scrute pas les mystères de la grâce . Si je ne présume pas de l'élection divine , je ne m'appuie pas non plus sur ce qu'il convient d'appeler les faiblesses plutôt que les forces de la nature. Je n'ai pas la prétention d'entrer dans les Conseils de la Divinité , ou de discuter les décrets de la Providence . C'est Dieu , c'est assez . Pénétré de la souveraine excellence de sa nature , je m'efforce de rendre ma parole le fidèle interprète de ma pensée . Si c'est un sacrilège de douter que le bonheur de la vocation à la grâce ait son principe dans les trésors infinis de la miséricorde divine , c'est une impiété de dire qu'il n'est pas en notre pouvoir de nous assurer , comme on nous y exhorte, la fin de notre vocation . Les opérations saintes de la créature n'échappent pas à l'ordre de la prédestination , mais elles n'en sont ni l'occasion ni la cause . La rencontre de la grâce et de notre volonté est un grand mystère entre tous les mystères surnaturels . Sans comprendre comment se fait l'accord des effets infaillibles de celle- là avec la liberté et les prérogatives de celle -ci, je confesse cet accord . Je suis théologien en cette matière ; et je me rendrais criminel si je voulais raisonner avec la présomptueuse confiance d'un philosophe . Je me déclare l'ennemi de l'école des Capharnaïtes . Mon comment est de la nature de celui de la très auguste Marie . Il n'y a que la toute- puissance de Dieu qui puisse lui répondre et le satisfaire.
Je veux être aveugle dans les questions de la grâce qui ne m'enseignent pas le salut . La nécessité , en ce sujet de grande importance , doit l'emporter sur la curiosité . Je renonce à la science qui enfle . Je cède aux douces contraintes de la charité qui m'édifie . Je refuse d'être cet homme , dont parle saint Paul écrivant à Timothée , qui n'est pas incliné à embrasser la Doctrine qui porte à la piété. L'apôtre dit que cet homme est orgueilleux et ignorant, qu'il languit au milieu de questions inutiles et de disputes qui ne produisent qu'envie, divisions , animosités , blasphèmes et suspicions . Je cherche dans mes entretiens à mieux connaître Dieu et les choses de Dieu . Mon désir est de les aimer et de m'efforcer , en les aimant , de m'unir à Dieu et de me transformer en lui . Les raisonnements que j'emploie , les questions que je traite, les difficultés que je tâche de résoudre , les vérités que j'établis et les autorités sur lesquelles je m'appuie pour en montrer la solidité tout cela n'a pour objet que d'exciter les désirs , de perfectionner l'oraison , d'embraser le cœur , de mortifier les sens et l'esprit , et de provoquer aux saintes pratiques des actes de la religion et de toutes les autres vertus .
Je demande une âme
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
Je demande une âme qui ait autant de simplicité que de pureté . Je ne veux pas qu'il y ait en elle quoi que ce soit , en dehors de Dieu , qui puisse tant soit peu retarder son union avec lui , ni mettre obstacle aux opérations éminentes qu'il désire produire en elle , pour la rendre sainte par proportion , comme il est saint lui -même . Je vise à lui faciliter l'accès de cette sainteté , à lui en indiquer les moyens , afin qu'elle suive où on l'appelle et qu'elle se laisse aller où on l'attire . C'est à la Croix qu'on trouve le Père vivant et bon avec Jésus son Fils unique ; là qu'ils réconcilient le monde avec eux pour s'unir le monde .
C'est aussi vers la Croix que l'âme est puissamment inclinée par le propre poids de la grâce sanctifiante qui lui est donnée , de cette grâce sanctifiante dont il est doux de méditer les perfections et les propriétés excellentes . Quand je parle de Croix , j'entends celle qui , par la séparations qu'elle creuse dans l'âme fidèle , la dégage de tout ce qui pourrait lui donner , en cette vie , des consolations sensibles . Pour comprendre le mystère de cette Croix , il faut voir les raisons pour lesquelles il est nécessaire de l'embrasser , les effets qu'elle produit dans les âmes qui l'acceptent.
Il faut voir l'amour de la Croix réalisé non seulement dans les membres du corps mystique de Jésus-Christ, mais dans Jésus - Christ lui - même , le chef de ces membres : dans la personne mystique , en un mot, composée du chef et des membres . II est nécessaire , dès lors , de pénétrer la nature de cette personne mystique , sa grandeur, ses habitudes , ses inclinations . On ne sera donc pas étonné que la Croix de Jésus nous ait conduit à considérer toutes ces grandes choses . Leur étude forme l'objet de notre premier entretien.
Dans le second entretien
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
Dans le second entretien on voit l'âme sainte sortir des celliers du bien -aimé, comme parle l'Écriture , où elle a été comblée de délices . Maintenant l'Amour divin la condamne à des épreuves d'autant plus dures qu'elle se souvient encore du bonheur qu'elle vient de goûter . Il veut par là s'assurer de sa fidélité , et lui donner cette suprême beauté qui disposé à la perfection souveraine de l'union . J'expose d'une manière aussi pratique que possible , ce qui se passe dans l'un et l'autre de ces états : c'est-à -dire dans l'état où les consolations abondent, et dans celui où ce sont les désolations qui dominent . Plein de respect pour la doctrine des mystiques , je ne m'écarte des formes de leur langage que pour essayer de donner plus de clarté et plus d'attrait à leurs enseignements . Il me semble que chacun de ceux qui me liront pourra trouver quelque profit aux vérités exposées ici , reconnaître la place que lui assigne la mesure de la grâce reçue, et , dans tous les cas , concevoir le désir de s'élever à de plus grandes faveurs . AEmulamini meliora charismata , nous dit saint Paul . Il n'y a qu'une Théologie.
La rendre affective , n'est pas détruire sa nature , mais la perfectionner. La connaissance de Dieu sans la charité n'a point de vie ; l'amour est son centre ; sans lui elle est hors de sa place . Il ne faut donc pas séparer la Théologie mystique de la Théologie scolastique . Elles seront , si l'on veut , comme les deux figures d'un emblème célèbre . Les pieds et les bras appartiendront à celle-là pour atteindre et embrasser le Bien que celle-ci découvre de ses yeux ; et ainsi l'une servant de guide à l'autre, cette dernière ne saurait tomber dans les précipices de l'erreur . Bien que la scolastique éclaire la mystique, elle ne laisse pas cependant de se complaire dans ses ténèbres pour obéir aux opérations toute- puissantes du saint amour .
Dans le troisième entretien tout est ramené à une seule vérité
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
Dans le troisième entretien tout est ramené à une seule vérité féconde en applications diverses , suivant l'état des âmes : la présence de Dieu lui-même en nous ! Toutes peuvent y voir ce que Dieu est pour elles , non pas tant par le don de sa grâce , que par la présence de sa propre substance qui veut se donner à elles comme un objet de jouissance , mais non sans opérations de leur part . Cette béatitude commencée est inséparable des missions invisibles des personnes divines .
L'éclaircissement de cette vérité , s'ajoutant à la réalité du corps mystique , établie au premier entretien , fournit au progrès spirituel son plus puissant motif et explique les effets admirables. de l'amour mystique . Le spectacle de la décadence de l'âme, lorsqu'elle cherche des satisfactions sensibles dans les dons de Dieu , même surnaturels et divins , fait ressortir avec plus d'éclat la perfection de celle qui cherche et aime Dieu seul , dans un éloignement absolu de tout ce qui n'est pas lui . En face de l'âme qui fait ses réserves , l'âme généreuse sans retour s'élève jusqu'à des hauteurs divines qui ne s'expliquent que par le silence . Puissé-je contribuer en quelque manière à éclairer les saintes ascensions par lesquelles on arrive jusque-là . ! C'est pour la plus grande gloire de Dieu que je tente cet effort ; et avec une soumission entière à l'autorité de l'Église Catholique, Apostolique et Romaine.
PRÉFACE
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
PRÉFACE
DE LA NOUVELLE ÉDITION
L'accueil qui a été fait à la nouvelle édition des Méditations sur la Passion , par le Père Chardon , m'a décidé à revoi et à publier un autre ouvrage du même auteur , le plus considérable de tous ceux qu'il a composés : La Croix de Jésus , ou, les divines affinités de la Grâce et de la Croix.
L'avouerai- je ? La première fois que cet ouvrage m'est tombé entre les mains , j'ai éprouvé une sorte d'effroi . En parcourant le titre de ces chapitres dont l'énoncé est si austère et paraît indiquer des doctrines si spéculatives , je me demandais comment des âmes chrétiennes , qui ne sont pas initiées à la science de la théologie scolastique , pourraient tirer quelque profit de ces pages . Une lecture attentive a bientôt fait disparaître mes craintes , et, sous l'écorce un peu rude de ce livre, j'ai rencontré des beautés de premier ordre qui m'ont ravi . J'ose promettre la même joie à ceux qui auront le courage de passer outre à certaines aspérités de langage ou à l'exposé technique de quelques vérités de l'ordre purement théologique . Ils y trouveront une doctrine. toujours élevée et parfois sublime ; une éloquence puisée dans l'admiration des mystères de la grâce et de la Croix ; une onction pénétrante qui presse d'aimer sans réserve Celui qui nous a aimés et nous aime encore sans mesure .
Oui , il est impossible à une âme généreuse , lorsqu'elle se sera pénétrée de l'esprit et des enseignements de ce livre , de ne pas s'écrier avec saint Paul : « A Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu'en la Croix de Notre Seigneur -Jésus-Christ . Vivre , pour moi c'est le Christ ;et la mort m'est un gain » . Il est impossible qu'elle ne comprenne pas , avec le sens divin qui est en nous , les saints élans que l'Église met sur les lèvres de ses enfants aux fêtes de la Dédicace de ses temples « Pierres d'un édifice sacré , ce sont les épreuves et les douleurs qui nous façonnent pour nous faire prendre , au sanctuaire de l'éternité , la place que nous a assignée la main du divin architecte . »
L'auteur de la Croix de Jésus
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
L'auteur de la Croix de Jésus résume son premier entretien en ces simples mots : Jésus source de grâce est aussi principe de Croix . Quel magnifique commentaire le Père Chardon fait de cette courte proposition ; de quelle lumière éclatante il la revêt ! Pour expliquer comment Jésus est source de grâce , il s'élève , d'abord , jusqu'au mystère de la vie intime de Dieu dans l'auguste Trinité . L'union des trois personnes en Dieu est le type exemplaire de l'union de la nature divine et de la nature humaine en la personne du Verbe , réalisée au mystère de l'Incarnation . Jésus -Christ , à son tour , a voulu produire dans l'humanité une union merveilleuse semblable à celle des trois personnes en Dieu . Il a fait l'union mystique des âmes sanctifiées en sa personne . Les âmes saintes sont ses membres, il en est le chef, et du chef et membres résulte le corps mystique qui subsiste en lui par la grâce . Jésus – Christ fait découler dans ses membres cette grâce sanctifiante dont il possède en lui-même la plénitude . Il est vraiment pour eux la source de la grâce . En cette grâce , ils font une même chose avec lui : ils sont élevés à une condition supérieure , la même pour tous , bien que la distribution inégale de la grâce leur assigne une place et des fonctions différentes dans la constitution et la permanence du corps mystique
C'est l'affirmation de cette glorieuse et mystérieuse réalité qui éclaire toute la doctrine de la Croix de Jésus . C'est elle qui nous fait saisir avec la plus grande évidence comment Jésus , source de grâce , est principe de Croix.
La plénitude de la grâce qui appartient à Jésus
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
La plénitude de la grâce qui appartient à Jésus , comme chef de son corps mystique , a causé dans son âme une violente inclination vers la Croix . Cette inclination est telle qu'elle a fait en lui comme un effort sur le poids de sa gloire . Elle possède son esprit au point de lui faire un martyre de la connaissance qu'il a de ses grandeurs . Sous l'empire de sa domination , il préfère la pensée de la mort à tout ce qui lui rappelle qu'il est le Fils de Dieu . La connaissance qu'il a, pendant sa vie , des circonstances de sa mort devient pour lui une cause de cruelles souffrances. Sa conduite envers saint Pierre , qui veut le détourner d'accomplir sa sanglante mission ; envers le traître Judas , qui en prépare l'exécution ; envers Satan , qu'il sait le complice et l'instigateur de ses ennemis ; envers les soldats qui viennent l'arrêter ; sa conduite , dis-je , en ces diverses circonstances , nous montre clairement combien est puissant l'attrait qui le pousse vers la Croix . Dans son cœur , la charité , qui est pour tous un principe de joie , est pour lui une source de tristesse . Son amour pour la Croix , qui lui fait désirer la mort, en retarde l'heure pour lui rendre la Croix plus douloureuse .
Ce même amour le porte
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
Ce même amour le porte à souffrir bien plus que ne l'exigeait la justice divine .C'était son sang que Dieu demandait dans sa mort ; il lui donne toutes les souffrances , toutes les humiliations , tous les travaux de sa vie mortelle . L'amour de la Croix porte Jésus à souffrir bien au-delà de ce qui était nécessaire pour nous faire comprendre l'excès de son amour pour nous . Chose étrange! La Croix elle- même, la mort sur la Croix , ne peut pas satisfaire l'attrait qu'il a pour elle . Jésus , au ciel , toujours , et sur la terre , jusqu'à la fin du monde, nous montrera la survivance de son amour pour la Croix . Et , parce que les âmes saintes lui appartiennent, comme membres de son corps mystique, c'est en elles que cet amour pour la Croix s'exercera jusqu'à la consommation des siècles . Il leur distribuera la souffrance dans la mesure même de la grâce qui leur sera départie . Il créera en elles un amour de séparation, semblable à celui qu'il a connu et pratiqué lui-même . Cet amour de séparation sera pour ces âmes une vraie cause de mort . Cet amour l'a séparé de tout: de son Père vivant et éternel , du Saint- Esprit et de lui -même . Il séparera ses apôtres d'eux-mêmes , de tout ce qui n'est pas Dieu et jusque de la joie même que leur causait sa présence au milieu d'eux . Il présentera ainsi , dans leurs personnes , aux âmes généreuses , le modèle des séparations absolues qu'elles doivent produire en elles -mêmes de tout ce qui n'est pas le Dieu très saint de l'Éternité .
Marie pouvait d'autant moins être oubliée dans l'application du mystère de la Croix qu'elle a une part plus grande à l'effusion de la grâce . Mère de Dieu , elle est constituée par sa dignité dans une sorte d'affinité ineffable avec Dieu ; à ce titre , elle a une place spéciale dans la communication de la grâce ; elle a la primauté dans la filiation adoptive . La grandeur de sa Croix sera donc proportionnée à l'excellence de sa maternité divine . Et, en effet, quelle souffrance que la sienne ! Elle provient surtout de ce qu'elle a été contrainte d'être une Croix à son Fils , car , suivant le langage de saint Épiphane , elle lui a été à la fois un ciel , un trône et une croix: un ciel , puisqu'elle a porté celui que le ciel même ne peut pas contenir ; un trône , puisqu'elle a possédé les perfections des esprits les plus élevés ; une croix, puisque , dans le mystère de l'Incarnation , elle lui a été plus intimement unie que ne l'a été la Croix à son corps sur le Calvaire . La Croix de Marie. a donc eu une étroite affinité avec celle de son Fils , comme il le fallait pour qu'il y eût proportion entre ses douleurs et sa grâce . Elle a été conforme à l'étendue de son amour qui a lui -même une sorte d'affinité avec l'amour incréé . Jésus , d'ailleurs , a contribué à rendre les croix de Marie plus pesantes , aussi bien pendant sa vie qu'au moment de sa mort . A cette heure si douloureuse , Marie a souffert sans aucune consolation . Bien plus , la résurrection glorieuse de Jésus n'a pas diminué l'intensité de ses peines , et , dans la part qui lui a été faite aux manifestations de Jésus pendant les quarante jours qui ont suivi sa résurrection , Marie a trouvé une nouvelle source de Croix . Et elle a souffert ainsi pendant les années où , retenue sur la terre, elle a vu se prolonger son exil , et jusqu'à ce que son Fils soit venu tirer son âme de son corps dans un baiser divin
Note de gabrielle : dans ces années, le dogme de l’Assomption n’était pas défini
Le second et le troisième entretien
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
Le second et le troisième entretien ont pour objet de nous montrer comment s'accomplit le mystère de la Croix dans les âmes appelées par Dieu à une charité éminente . Toutefois, comme les procédés de Dieu sont pleins de douceur , avant d'éprouver les âmes par la rigueur de ses désolations, il les visite d'abord dans la suavité de ses consolations .
Dans le second entretien notre auteur commence par nous décrire la nature , les causes et les effets de ces consolations . Le but auquel elles sont destinées , c'est d'unir l'âme à Dieu . Elles sont l’œuvre de Dieu , et dès lors , il nous expose la perfection des opérations de l'amour divin dans les âmes privilégiées . Mais pour atteindre le bien suprême d'une paix ineffable dans les tristesses et les agitations. de la vie présente , il faut que ces âmes correspondent à la motion divine . Leurs désirs incessants de s'accroître en l'amour divin , la contemplation des perfections de Dieu , à laquelle elles s'appliquent sans relâche, les acheminent à la consolation . Pourtant, leur amour n'est pas sans action ; et elles trouvent dans la sainte Eucharistie le modèle d'un amour qui agit et qui jouit . Qui pourra dire les délices admirables qu'elles goûtent , et comment dans leur ardeur à s'élever vers une perfection toujours plus haute , elles sont blessées de Dieu , désireuses de s'anéantir en Dieu , languissantes par la soif de Dieu ? comment il se fait en elles un combat à la fois admirable et douloureux entre le désir de souffrir et le désir d'entrer en possession du Bien suprême ? L'amour les transforme ; elles ont non seulement l'intelligence , mais le sentiment de la largeur , de la longueur , de la hauteur et de la profondeur de la charité du Christ qui surpasse toute science .
Maintenant c'est l'heure de l'épreuve, de la désolation , de la Croix , en un mot (note de gabrielle: C'est notre heure) . Elles sont prêtes pour le sacrifice , non seulement pour la séparation , mais encore pour l'union ; et l'auteur nous les présente dans cette nouvelle voie .
Aucune douleur intime n'est épargnée à ces âmes généreuses . Voici les Croix intérieures qui se font sentir comme un poids écrasant . Voici les Croix d'une sécheresse sans adoucissement . Leur volonté est troublée ; d'étranges inquiétudes l'agitent et s'en emparent . Elles ne sentent plus l'incomparable douceur de la présence de Dieu en elles . L'être inférieur se révolte et leur devient un cruel ennemi .
Elles se sentent dans un délaissement général ; leur esprit est plongé dans des ténèbres épaisses , à l'exemple de Job qui était accablé sous le double fardeau de la souffrance physique et de la souffrance morale . Dieu lui-même leur devient un supplice , dans un dessein où la miséricorde s'allie à la justice ,mais où la miséricorde cependant domine .
Le but de la désolation spirituelle n'est pas seulement de séparer les âmes d’elles-mêmes, mais encore et surtout de les unir à Dieu . Comment se fait cette union ; en quoi elle consiste c'est ce que nous voyons dans le troisième entretien
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
Notre auteur le commence en établissant les différents modes de la présence de Dieu. Il est présent à toutes choses par son immensité ; il se rend présent à l'âme juste par sa grâce . De plus , il unit l'âme sainte à ses attributs par les vertus surnaturelles . Enfin , ce sont les missions des personnes divines qui sont la cause du progrès que l'âme sainte fait dans la charité surnaturelle . Elles produisent ces opérations intimes qui correspondent à la haute connaissance et à l'amour parfait personnifiés par le Fils et le Saint - Esprit , au sein de la Trinité . Et plus les âmes sont éprouvées par les Croix spirituelles , plus aussi elles sont disposées à recevoir les bienfaits de la visite des personnes divines .
Il semblerait que les consolations spirituelles dussent unir plus efficacement les âmes à Dieu. Il n'en est rien . Les consolations ont leurs dangers. Les âmes peuvent en abuser soit qu'elles considèrent comme un bien qui leur est dû ces douces communications, soit qu'elles retournent contre Dieu les libéralités de son amour . Combien d'âmes n'en arrivent pas là ? Combien d'âmes deviennent présomptueuses par le fait des épanchements d'une bonté qui reste libre dans ses dons ? Combien s'attachent aux consolations sensibles , au détriment de l'amour désintéressé qu'elles doivent à leur source ? Combien sont tentées d'inconstance lorsque la consolation disparaît ; et , parfois , se départent de leur premier courage dans le vrai service de Dieu ? Quelques -unes , sous l'action d'une douceur sensible , se livrent avec ardeur aux œuvres du zèle ; mais elles abandonnent le soin de leur perfection , dans l'ardeur qui les porte à procurer le salut ou la perfection des autres . Elles en arrivent même à compromettre leur propre sanctification . Il n'en eût pas été ainsi si elles avaient eu à cœur d'imprimer à leur charité les caractères que préconise saint Paul ; mais elles n'ont pas été sauvegardées par une véritable humilité, et elles ont changé en force destructive pour elles- mêmes une vertu qui devait les unir à Dieu , en lui conquérant des âmes .
La désolation n'expose
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
La désolation n'expose pas les âmes aux mêmes périls . C'est même souvent pour leur épargner ces dangers que Dieu la fait succéder à des consolations antérieures . Il faut que ces âmes correspondent au dessein de Dieu qui veut, en les tenant en sa main , les perfectionner dans la charité . Elles le font , par une grande défiance d'elles- mêmes et par les sentiments d'une humilité qui prévient toute humiliation . Alors leur intention se purifie , elle se transforme en quelque sorte en Dieu même . Elles ne connaissent plus que Dieu seul . Il leur est tout , et le reste ne leur est rien . Il se produit dans leur volonté une sorte de mort à tout ce qui n'est pas de Dieu , pour Dieu et Dieu lui -même . Ces âmes sont constituées dans une très parfaite pauvreté d'esprit . Elles reconnaissent avec joie qu'elles n'ont en propre que le néant et que tout ce qu'il y a en elles , d'être , de vie , de puissances , d'opérations , d'habitudes , d'influences , de paix , d'honneur , de beauté dans la nature et dans la grâce , tout cela appartient à Dieu, et ne leur est prêté par lui qu'à titre provisoire et bénévole . Elles agissent d'après ces convictions qui les pénètrent jusqu'au plus intime de leur être et , par l'impulsion qui vient de Dieu , se tiennent dans une universelle et absolue dépendance de lui .
De ce détachement complet
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
De ce détachement complet d’elle-même naît dans ces âmes le perfectionnement supérieur de toutes leurs facultés ; et, en particulier , de leur mémoire , de leur intelligence et de leur volonté . Elles ne se souviennent des choses inférieures que dans leur rapport avec l'objet suprême auquel elles s'appliquent , et à l'unité duquel elles ramènent tout autre objet . Elles ne savent plus que Dieu . La curiosité de leur esprit s'évanouit . Tout son effort converge autour de la science du Rien de la créature et du Tout de Dieu . L'âme alors fait un pas en avant et elle s'élève à cette admirable contemplation que saint Denys l'Aréopagite a décrite si merveilleusement dans son livre de la Théologie mystique . La volonté, à son tour, est perfectionnée . Elle parvient à cet état où ni aucune distraction ne détourne , ni aucune affection ne ralentit son mouvement vers Dieu . A l'exemple de saint Paul, une seule chose lui plaît : la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ.
C'est le résultat de la conformité de son amour à celui de Jésus . De même que, pendant toute sa vie , Jésus éprouvait le plus vif désir de boire le calice amer de la souffrance qu'il devait épuiser sur le Calvaire , l'âme devenue forte et généreuse a soif de la souffrance , du délaissement, de la désolation universelle et sans aucun soulagement . Cette inclination à la Croix s'accorde , d'ailleurs , avec les bas sentiments qu'elle a conçus d'elle -même .
Ne se croit-elle pas indigne de tout , sinon de l'oubli , du mépris et de toutes sortes de Croix ? Lorsque l'âme est arrivée à ce sommet de pureté dans les vues , dans les désirs ,dans l'abandon d'elle-même , de conformité d'amour avec Jésus crucifié , elle ne tarde pas à être établie dans cet état sublime de la quiétude dont parlent les mystiques . Suivant l'expression de notre auteur , « son amour est comme une flamme émanée de la paix que comporte la toute- puissance des opérations éternelles dont , en son mouvement , elle porte l'imitation . C'est l'état de l'eau changée en vin , ou du fer embrasé changé en feu » .
Dans les derniers chapitres de ce troisième entretien , notre auteur nous montre l'efficacité des désolations pour unir les âmes à Dieu , dans la vie de plusieurs saints personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament, et dans cette admirable figure de la sainte Épouse que nous offre le Cantique des Cantiques .
Telle est , en résumé , la doctrine exposée dans LA CROIX DE JÉSUS . Ces vérités ne sont pas nouvelles ; mais c'est le caractère de ces entretiens de présenter les vertus chrétiennes dans leur suprême épanouissement comme des fruits savoureux de cet arbre de la Croix , planté par la main de Dieu au milieu des siècles . La Croix est vraiment l'arbre de vie , de la vie féconde et divine qui a sauvé le monde , et qui nourrit encore toutes les âmes qui veulent y venir chercher non seulement le salut , mais la perfection . Que dis-je ? La Croix de Jésus réalisée dans les âmes , c'est Jésus -Christ s'agrandissant par elles dans son corps mystique , et préparant cette plénitude qui sera , un jour , consommée dans l'éternité . Alors sera accomplie cette unité merveilleuse que Notre Seigneur demandait à son Père , à la veille et en regard de sa Passion : « Mon Père , qu'ils soient un en nous , comme vous et moi nous sommes un.!»
Fr. Th . B.
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
PREMIER ENTRETIEN
COMMENT JÉSUS SOURCE DE GRÂCE EST EN MÊME TEMPS PRINCIPE DE CROIX
CHAPITRE PREMIER
De trois Subsistances qui sont les principes
de trois unités adorables 1 .
(Note de gabrielle)Ce chapitre ouvre avec une note dans le titre. Elle est difficile à comprendre. Bon courage et bonne chance à tous!!!! On va se donner jusqu'à lundi avant de continuer .
1. Dans le cours de cet ouvrage , et surtout dans les premiers chapitres , on trouvera souvent employés les mots de substance , de subsistance , suppôt et personne . Nous croyons devoir préciser ici le sens de ces expressions techniques auxquelles on ne saurait facilement donner un équivalent.
La substance complète diffère des êtres incomplets en ce qu'elle s'appartient à elle -même et subsiste en elle -même comme terminée . Les êtres incomplets ne s'appartiennent pas , ils sont à un autre , comme lui étant soumis et parties d'un tout . Dès lors , si une substance complète , un homme par exemple , fait une action , cette action lui est attribuée . Mais si c'est une partie de l'homme qui agit, par exemple si la main frappe ou le pied marche , on ne dit pas que c'est la main ou le pied qui agissent, mais l'homme , par la main et le pied ; car la main et le pied ne s'appartiennent pas , mais ils appartiennent à l'homme . Cette perfection par laquelle la substance est accomplie de telle façon qu'elle se tient en elle-même (in seipsâ sistat) , qu'elle est à elle - même et non pas à une autre , s'appelle sa subsistance (quasi in se ipso sistentia) .
Pour bien comprendre cette définition il faut donner certaines explications . Et d'abord sur la notion de la subsistance, puis sur celle du suppôt et de la personne.
La subsistance est donc une actualité par laquelle la nature se tient de telle sorte en elle -même qu'elle n'a pas besoin d'être communiquée à une autre pour être et pour agir.
Nous disons qu'elle n'a pas besoin d'être communiquée ; parce que la nature divine peut être communiquée aux trois Personnes , bien qu'elle subsiste en elle- même ; et cela , non pas par nécessité, mais à raison de la fécondité infinie de la nature divine .
On pourrait ainsi définir la subsistance : une perfection par laquelle il se fait qu'une nature est à elle-même et non pas à une autre . D'où il suit que tout ce que fait une nature subsistante , elle le fait pour son propre compte , et non pour le compte d'une autre . Or , comme dans la nature humaine de Jésus- Christ , la subsistance du Verbe a été substituée à sa propre subsistance , cette nature ne s'appartenait pas , mais elle était la nature du Verbe ; elle n'agissait pas pour elle- même, mais pour le compte du Verbe divin . D'où il suit que tout ce qu'elle a fait ou souffert est attribué au Verbe auquel elle appartenait .
Le suppôt est comme la subsistance prise au sens concret ; de même que le vivant est le concret répondant à la notion de la vie . La personne ne veut dire autre chose que le suppôt d'une nature intellectuelle . Nous ne disons pas la personne d'un cheval ou d'une pierre, mais une personne divine, angélique ou humaine. Ainsi, la personne n'ajoute rien au suppôt, sinon une certaine dignité qui tient à la nature intellectuelle. Ce que les Latins appellent personne et suppôt, les Grecs l'appellent hypostase, Goudin, Métaphysique, 11e question.
Fin de la note
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: LA CROIX DE JÉSUS OU LES DIVINES AFFINITÉS DE LA GRÂCE ET DE LA CROIX
Dieu n'a point voulu mettre de bornes à l'agrandissement de l'homme . Les grâces qu'il lui fait ne sont point proportionnées à son propre mérite , mais aux richesses de son Bienfaiteur. La gloire qu'il a fait éclater sur lui , et dans laquelle il manifeste sa grandeur , nous fait adorer la force de l'amour du Créateur qui , dans l'excès de sa bonté envers une créature indigne , semble presque perdre le souci de sa sagesse . Il paraît contraire à la raison que l'Offensé satisfasse pour le coupable et que , tandis que celui - ci , méprisant les ordres de son Souverain et demeurant absous , est traité avec honneur et respect , l'Innocent porte la peine du péché qu'il n'a point commis ; que le Fils unique de Dieu , sans avoir failli , souffre les derniers supplices que l'homme seul avait justement mérités par ses crimes . C'est , semble- t- il , faire injure à la sagesse de Dieu , d'admettre que le Verbe se fasse homme ; que l'Éternel devienne sujet du temps ; que l'Immuable obéisse aux lois de l'inconstance des saisons et à toutes les vicissitudes d’ici-bas . C'est une sorte de paradoxe de dire que le Créateur commence à prendre l'être , que l'Infini reçoit de l'accroissement et que l'Immense est restreint dans un corps humain . C'est un véritable prodige que Celui qui était égal à son Père dans le sein de son Père devienne son inférieur dans un sein étranger , et que le Souverain Juge des hommes , source de vie pour les hommes , soit lui - même condamné à mort par les hommes .
Mais ce qui est surtout incompréhensible : c'est que deux abîmes , l'un de richesses , l'autre de pauvreté , se joignent ensemble en un même sujet , lequel , pendant qu'il verse de son abondance sur toutes les créatures et perfectionne ainsi leur condition , languit lui-même dans leur propre misère , privé de l'honneur qui lui est dû et accablé sous le poids terrible de la colère de Dieu que ces créatures ont excitée .
Cela pourtant s'est accompli
gabrielle- Nombre de messages : 19763
Date d'inscription : 25/01/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum