L'ÂME de JEANNE D'ARC
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Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Avec cet instinct des mères qui devinent aux moindres indices les vocations de leurs enfants, l'Eglise pressentit ce qu'elle devait attendre de sa fille aînée, et par la plume de saint Avit, évêque de Vienne, elle écrivit au royal néophyte de Reims :
« Une nouvelle lumière a brillé sur l'Occident :
la Noël du Seigneur devient la Noël des Francs. Cette nuit s'est écoulée pour nous pleine de votre pensée, et nous suivions en esprit chaque détail de la cérémonie sainte. Vous êtes le soleil qui vivifie.
Quelques années plus tard, Grégoire de Tours exprimait encore la pensée de l'Eglise quand il écrivait que le peuple franc était l'exécuteur des grandes œuvres, des Gestes de Dieu par le monde:
Gesta Dei per Francos.
« O Francs ! s'écriait le pape Etienne II, vous qui secourez tous ceux qui vous implorent, combien plus devez-vous défendre la sainte Eglise de Dieu ! O Francs ! de toutes les nations qui sont sous le soleil il est avéré que la vôtre est la plus dévouée à l'apôtre saint Pierre. »
Et voyez comme, dès l'origine, les Francs répondent au pressentiment et aux appels de l'Église. A la place des pharisiens déicides qui ne sont plus là pour éprouver la vigueur des lances franques, il y a les Ariens qui crucifient le Christ avec des textes de mensonge. Ah ! Clovis, ceux-là tu peux les atteindre ! « Il m'ennuie, dit-il un jour à ses soldats, il m'ennuie de voir ces hérétiques occuper les plus belles provinces des Gaules. En avant, avec l'aide de Dieu ! » Et il marche contre l'arianisme qu'il écrase à Vouillé. Ennui de Clovis, ennui des Francs écœurés de voir triompher le mensonge, ennui superbe et sacré, c'est encore la vocation qui gronde au cœur de la France.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
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Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Un galop de chevaux arabes à l'horizon. Des cimeterres de Damas qui étincellent. Mahomet, voici Mahomet ! Crois ou meurs ! Le Christ va être égorgé, le Christ se plaint et appelle au secours. A cette vue, Charles Martel bondit. A moi, les Francs ! A moi, l'épée de Clovis ! Champs de Poitiers. Victoire ! Mahomet mord la poussière.
O vocation de la France !
Une brèche dans les murs de Rome. Astolphe et Didier dans le palais des papes. Le vicaire du Christ asservi, le Christ prisonnier. C'en est trop. Pépin et Charlemagne franchissent les Alpes, glorieux ancêtres des zouaves, et vont apprendre aux Lombards que, si Jésus-Christ doit régner partout, à Rome il doit régner seul.
O vocation de la France !
Un sanglot en Orient. Le trône de Mahomet sur le tombeau violé de Jésus. Des chrétiens massacrés. A cette nouvelle, apportée par les Pierre l'Ermite et commentée par les Bernard, les Francs ont frémi ; ils ont pris la croix, en ont étoilé leur poitrine et leurs armes. Ils jurent de traverser les mers pour briser le Croissant, car Dieu le veut.
Dieu le veut! Il est parti le cri sublime, et désormais il ne se taira et ne s arrêtera plus durant des siècles. Il éclate sur la France, il s'étend comme une onde sonore immense sur l'Europe ; partout il suscite des soldats et scande leur marche guerrière. Dieu le veut ! Les hommes de France l'ont déclaré et les femmes de France le crient comme un suprême adieu à ceux qui s'en vont :
« Parlez, nos hommes ; partez, nos beaux fiancés ; partez, nos fils ; allez à mille lieues de la patrie faire régner le roi Jésus. Dieu le veut, et nous aussi, femmes de France, nous le voulons ! »
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
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Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
O vocation de la France !
Aussi, écoutez comme l'Eglise reconnaît et loue cette vocation qu'elle avait prévue. C'est un pape, Grégoire IX, qui écrit à un roi de France : « Le Rédempteur a choisi le béni royaume de France comme l'exécuteur spécial de ses divines volontés. Il le porte suspendu à son flanc comme un carquois d'où il tire ses flèches d'élection lorsque, avec l'arc de son bras tout-puissant, il veut frapper l'impiété. » Et, coïncidence touchante, le roi à qui Grégoire IX envoie ce glorieux témoignage de la satisfaction de l'Eglise, c'est saint Louis, le grand clairvoyant qui a le mieux défini d'un mot ce que doit être la politique de la France quand il disait : « Je suis le bon sergent de Jésus-Christ. »
Jeanne d'Arc était appelée à préciser et à mettre dans une plus vive lumière ce rôle de notre pays. Pour elle, Jésus -Christ est à ce point le roi de France que Charles VII n'en est que le lieutenant. Pour elle la France n'a qu'un but, aimer et faire aimer Jésus-Christ, et être heureuse et grande par cet amour. C'est pour nous faire comprendre et accepter cette mission, c'est pour nous rendre capables de la remplir, que Jeanne nous est envoyée. Si elle doit nous délivrer de l'Anglais, c'est que, pour devenir le ministre des grandes œuvres du Christ, le peuple français doit être autonome et indépendant. Si elle doit faire entrer toutes les provinces sous le pouvoir de Charles, c'est pour refaire l'unité du royaume sous une monarchie puissante, et parce qu'un petit roi de Bourges ne pourrait être un sérieux lieutenant et un bon sergent de Jésus-Christ, selon saint Louis. L'indépendance du pays, l'expulsion de l'étranger, le sacre du roi ne sont que des moyens; le but, c'est de faire de la France le soldat alerte et dispos de Notre-Seigneur.
Voilà, Messieurs, la belle lumière que nous apporte la Pucelle. Par là, elle a été une grande voyante et nous a mieux éclairés sur la constitution organique de notre pays que tous les penseurs et économistes modernes.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
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Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Jeanne ne vit, ne respire que pour Jésus-Christ, roi de France. Un écrivain indépendant, Siméon Luce, l'a justement remarqué : « Pour elle, dit-il, le nom de Jésus n'est pas seulement en tète de ses lettres, dans les plis de son étendard et jusque sur l'anneau mystique qu'elle porte au doigt, il est surtout au plus profond de son cœur. Elle ne se borne pas à adorer Jésus comme son Dieu, elle reconnaît en lui le vrai roi de France, dont Charles VII est le seul légitime représentant. »
Jésus roi de France, c'est ce que Jeanne répète en toute circonstance. A Vaucouleurs, elle dit au sire de Baudricourt : Le royaume n'appartient pas au Dauphin, il appartient à mon Seigneur. Mais mon Seigneur veut que le Dauphin soit roi et tienne le royaume en commende. » Elle le dit à Charles lui-même dans la grande salle du château de Chinon, où elle le reconnaît dissimulé au milieu des courtisans : « Gentil Dauphin, j'ai nom Jeanne la Pucelle, et vous mande par moi le roi des cieux que vous serez sacré à Reims et que vous serez le lieutenant du Roi des cieux, qui est le roi de France. »
Remarquez que Charles VII, bien que son père soit mort, n'est aux yeux de Jeanne qu'un gentil Dauphin. Il ne sera roi que lorsqu'il aura reçu de Dieu avec son sacre l'investiture du royaume, et, alors même, il ne sera que le roi en second, le lieutenant du Christ.
Voilà pourquoi la Pucelle exige du roi Charles qu'il lasse l'hommage lige de sa couronne au roi Jésus. Elle lui demande d'abdiquer son royaume entre les mains divines pour le recevoir de nouveau des mains divines, comme un vassal tient un fief de son suzerain. Le duc d'Alencon nous l'atteste, ainsi qu'Ebcrard de Windecken, trésorier de l'empereur Sigismond... Mais c'est le clerc du pape Martin V qui nous a légué le plus intéressant récit de cette abdication de Charles VII en faveur de Jésus-Christ. C'est un des faits les plus charmants et les plus beaux de la vie de notre héroïne.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
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Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Un jour, Jeanne dit à Charles : « Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ? » Le roi hésite, puis consent. « Sire, donnez-moi votre royaume. » Le roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l'ascendant surnaturel de la jeune fille : « Jeanne, lui répond-il, je vous donne mon royaume. » Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu'un acte en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du roi ; après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu'il avait fait, elle dit en souriant à l'assistance : « Voici le plus pauvre chevalier de France : il n'a plus rien. » Puis, aussitôt très grave, et s'adressant aux secrétaires : « Ecrivez, dit-elle : Jeanne donne le royaume à Jésus-Christ .» Et bientôt après : «Ecrivez encore : Jésus rend le royaume à Charles, » C'est là, Messieurs, n'est-il pas vrai, une scène étrange, presque fantastique ; mais gardons-nous bien d'y voir un jeu ou un caprice de la Libératrice. C'est très réellement, très sérieusement, quelle fut pendant quelques minutes, comme s'exprime le vieux chroniqueur, donataire et maîtresse du royaume de France, par suite, en quelque sorte, reine de France. Reine de France ! oh ! le beau titre pour notre Jeanne, et comme il nous est doux de penser qu'elle y a eu droit pendant quelque temps ! C'est à ce titre que, remettant toute chose dans l'ordre, elle rendit la suzeraineté du cher pays au roi Jésus et sa lieutenance au roi Charles.
A la lumière de ce grand principe, nous comprenons le langage de la vie de celle qui en a fait sa règle. Elle est au service du Christ avant d'être a celui de Charles VII. Elle le dit dans sa lettre aux habitants de Troyes : « Jeanne la Pucelle vous mande et fait savoir de par le Roi du ciel, son droiturier et souverain Seigneur, au service duquel elle est chaque jour de sa vie... »
Et nous comprenons aussi l'idée si haute et si glorieuse pour nous que Jeanne se faisait de la France. Elle ne rappelait, que le saint royaume. Elle disait que le roi la tenait en commende : Or, on ne lient en commende que les biens sacrés. Ah ! c'est que pour elle la France était vraiment une terre sacrée. Qui donc a dit que le patriotisme est né de nos jours ? Nul n'a plus aimé et vénéré sa patrie que la libératrice d'Orléans : nul n'en a fait аvec plus d'autorité un plus magnifique éloge !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
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Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Un pays prédestiné et ainsi aimé du Seigneur doit accomplir des œuvres splendides avec son aide et pour son amour. C'est bien ainsi que l'entend Jeanne d'Arc. Elle rêve pour la France une gloire unique. Elle écrit aux Anglais que les Français accompliront un jour le plus beau fait d'armes qui aura été fait pour la chrétienté. Elle se croyait même appelée à y prendre part personnellement. Je vous ai expliqué que, si cet événement ne s'est pas accompli, il n'en faut pas accuser les prévisions de Jeanne, mais la défaillance de ses coopérateurs.
Quoi qu'il en soit, quel était ce fait d'armes extraordinaire ? Si nous en croyons ses contemporains, c'était la répression de l'hérésie des Hussites et la destruction de la puissance musulmane. Au lendemain du sacre de Charles VII, Christine de Pisan assurait que détruire le parti anglais, l'englescherie, n'était aux yeux de la Pucelle que le début d'une plus vaste carrière. Elle partirait ensuite pour une mystérieuse croisade.En chrétienté et on église
Sera par elle mis concorde,
Des mécréants dont on devise
Et les hérites de vie orde
Détruira....,
Des Sarrasins fera essart
En conquérant la Sainte Terre.
Les mécréants sont les musulmans, les hérites de vie orde sont les partisans de Jean Huss qui agitaient l'Allemagne. Jeanne dans une lettre fameuse les menaçait, s'ils ne s'amendaient, de laisser pour un temps les Anglais, et de fondre eux pour les châtier.
Ainsi donc, si les hommes l'avaient soutenue, l'envoyée du ciel eut étouffé dans leur germe ces terribles hérésies qui devaient, au siècle suivant, ensanglanter l'Europe ; puis, portant plus loin ses armes triomphantes, elle aurait détruit cette puissance ottomane qui allait bientôt s'emparer de Constantinople. Les esprits affadis de notre temps ne goûteront pas cette intervention de Jeanne contre l'erreur de Huss et de Mahomet. Cependant, là est la vocation de notre pays. La France n'existe en grande partie que pour combattre l'hérésie et exterminer cette infâme religion du Coran qui a semé tant de ruines matérielles et morales par le monde.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
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Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Ainsi donc. Messieurs, vivre intimement uni au Cœur de Jésus-Christ, aimer passionnément Jésus-Christ, faire servir et respecter Jésus-Christ par le monde, voilà le devoir de notre pays, voilà le programme de Jeanne d'Arc.
Hélas ! il faut bien le dire, la France n' a jamais rempli qu'à demi ce beau programme. On l'a vue tantôt accomplissant des exploits généreux, donnant son sang et son or pour la vérité et pour l'Eglise, mais tantôt pactisant avec l'erreur. Le Ciel a terriblement châtié ces trahisons ; cependant, il n'a jamais abandonné la nation coupable, comme s'il la réservait pour une époque glorieuse où elle jouera mieux son rôle ici-bas. C'est pourquoi il lui rappelle ce rôle à chaque génération. Quand Jésus-Christ demandait à Marguerite-Marie de faire représenter son divin Cœur dans nos étendards, n'était-ce pas un suprême effort de son amour pour se rattacher le cœur de la France et pour faire son bonheur ? N'était-ce pas l'idée même de l'étendard de Jeanne d'Arc revenant du ciel sous une forme plus tendre et plus glorieuse encore pour notre pays ? Oh ! plaise à Dieu que la chère patrie réponde enfin de nos jours à ce vœu de son Roi ! Plaise à Dieu que le splendide mouvement d'opinion qui commence à tourner les esprits vers ce grand devoir national aille toujours croissant, devienne irrésistible et fixe enfin à tout jamais la victoire dans nos drapeaux avec l'emblème infiniment sacré du Cœur de Dieu!
Ce ne sera qu'une tardive réparation : car plus les siècles marchent et plus nous semblons oublier le programme de Jeanne. A la grande Révolution, l'abandon devint officiel ; un vent de folie passa sur la France et de la sur le monde. Les peuples frémirent et firent des rêves insensés pour détruire la puissance de Dieu et de son Christ. En vain tous nos bons saints français criaient-ils éperdus du haut du ciel à leur chère patrie égarée :
« Voici ton Roi! Ecce Rex vester », elle répondait en mettant Jésus hors la loi, en s'écriant :
Nous ne voulons pas qu'il règne sur nous. Tolle ! Tolle! » Et le tolle montait, montait de plus en plus forcené, renversant les crucifix, mutilant les statues des saints, démolissant les superbes vieilles cathédrales où avaient pleuré les aïeux. Et il retentit encore de nos jours le tolle maudit. Des hommes qui font plus de mal a notre pays que ne lui en lirent jamais les Anglais ont juré de détrôner le Christ. Ils en ont presque fait un pauvre roi de Bourges :
ils ne lui ont laissé que le cœur de son royaume, le cœur d'une élite. Ils voudraient renfermer dans l'intérieur de ses églises, détruire ses églises, et entourer nos libertés chrétiennes de bastilles plus odieuses que celles d'où l'Anglais insultait Orléans.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Tant d'impiété nous a été fatal. Toutes ces poignantes horreurs qui ensanglantèrent le siècle de la Pucelle, nous les avons connues et vécues. Nous avons eu, nous aussi, la grande angoisse de voir notre chère armée, malgré son courage héroïque, forcée de reculer devant l'invasion du nombre. Nous avons eu notre Azincourt.
Et, comme si ce n'était pas assez de la guerre étrangère, des malheureux ont donné aux ennemis couronnant les hauteurs voisines de la capitale, ce spectacle gratuit : un grand fleuve de flammes et de pétrole coulant près du vieux fleuve parisien, roulant des cadavres calcinés, dans le décor des rives sanglantes, des monuments fumants, sous le crépitement des fusillades fratricides.
Ah ! nos pères du quinzième siècle ont du moins connu les joies de la revanche, et salué le retour de la paix et de la concorde nationales, mais nous, ô mon Dieu ! nous avons encore au front la pale terreur des sombres avenirs et nous portons au bras le crêpe d'un double deuil inconsolé. Et sur nos grandes roules militaires, les pluies et les neiges de trente hivers n'ont pas encore lavé la tache de votre sang, ô nos pauvres soldats de l'année terrible.
O France , ô ma douce et bien-aimée France, c'est parce que je t'aime du plus profond de mon cœur que je parle ainsi de tes fautes et de les malheurs. C'est à genoux et avec un immense et douloureux respect, pauvre mère égarée, que je l'adjure de revenir au Christ, ton roi. A ce prix seulement tu verras se refermer les blessures. A ce prix tu seras non seulement la plus glorieuse parmi les nations, mais encore la seule IMMORTELLE.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Qu'ai-je dit, Messieurs ? j'ai parlé d'immortalité. Et cependant, je le sais, on n'admet plus guère aujourd'hui cette idée d'une nation immortelle. Plus que jamais de nos jours, après tant d'illustres décadences de peuples, on est frappé de ce grand spectacle, dont la hantise a si souvent inspiré la génie de Bossuet, des empires qui s'entre-choquent et se détruisent, des dynasties qui s'écroulent et des nations qui meurent. On en tire une loi. Les peuples puissants s'élèvent peu à peu jusqu'à un point culminant, puis un jour, reprenant en sens inverse la pente gravie jadis dans un crescendo d'enthousiasme et de gloire, ils glissent, glissent insensiblement jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans l'abîme, d'où ne monte plus que la mélancolie des grands souvenirs.
Et l'on applique cette loi à la France, et ses ennemis surtout croient y lire son mane, thecel, phares. « Elle est bien vieille, dit-on, la nation née à Tolbiac ; elle va mourir. » On veut bien encore respecter sa vieillesse, qui garde quelque verdeur et ne laisse pas d'être redoutable, mais on se partage à l'avance son héritage. Les uns auront ses belles provinces, les autres ses riches colonies :
d'autres enfin tendent les bras par-dessus les mers pour recueillir de ses mains défaillantes le flambeau de la civilisation qu'elle a porté si haut et si loin. « Ne voyez-vous pas, s"écrient-ils, que la prospérité industrielle, et commerciale l'abandonne et émigré vers nos rivages? Pauvre nation sentimentale et rêveuse ! Elle va faire place à d'autres races plus jeunes, plus actives, mieux organisées pour les luttes économiques, qui décideront dans l'avenir de la prééminence des nations. »
J'avoue, en effet, Messieurs, qu'il y a là une loi d'airain. Mais ceux qui l'escomptent ainsi contre nous oublient une chose qui leur réserve peut-être quelque surprise : c'est qu'à toute loi il peut y avoir des exceptions et que Dieu a peut-être quelque raison d'en faire en notre faveur et de donner au monde le spectacle de ce fait anormal, unique, de ce miracle, si l'on veut, d'une nation immortelle, montant la garde autour de l'Eglise immortelle !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Il faut, en effet, absolument, qu'il y ait ici-bas une race éprise d'idéal, qui mette l'esprit au-dessus de la matière, le droit au-dessus de la force, qui, en face des brutalités de la politique mercantile et matérialiste, soutienne la politique idéaliste et chevaleresque ; il le faut, ou c'en est fait du droit sur la terre. Il faut une race qui reste toujours, non par intérêt, mais par dévouement et par amour, l'apôtre de la vérité et le soldat de la foi, toujours prêle à donner des croisés, des zouaves, des missionnaires, à parler, à lutter, à agoniser pour la justice : il le faut, ou c'est à désespérer de ce triste monde. S'il n'y a qu'une race qui puisse ou qui veuille remplir ce rôle, il faut conclure qu'elle est nécessaire comme la justice qu'elle doit soutenir. A toi donc, ô la plus belle des nations, qui que tu sois, à toi l'immortalité politique.
Or, on a beau chercher par delà les océans et les grands fleuves séparateurs, on ne voit pas encore poindre à l'horizon la nation qui serait de taille et de cœur à s'acquitter de cette lâche. Apparemment, ce ne sont pas celles qui font tant d'état de la prospérité matérielle qu'on ne voit pas trop quelle place y reste encore à l'idéal, et qui entrent dans la voie des agrandissement par des conquêtes qui eussent chargé d'orages le front de saint Louis et de Jeanne d'Arc.
Il ne suffit pas non plus, pour nous supplanter, de prétendre protéger les chrétiens d'Orient, et d'afficher, par ambition, un dévouement de parade contre nature, qui ne tiendra pas contre le temps et que le monde, pas plus que la papauté, ne prend au sérieux.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Ce n'est pas ainsi que la France a entendu sa mission toutes les fois qu'elle l'a remplie. Elle ne calcule jamais ce que lui rapporteront ses sacrifices pour la justice. Si elle se dévoue, c'est parce qu'elle aime ! Ah ! une nation qui aime, c'est chose belle, Messieurs, c'est chose rare, si rare que j'ignore si cela s'est vu deux fois. La France donne son sang ; elle ne le vend pas :
ou plutôt, elle se regarde comme bien payée de ses périls et de ses douleurs si une noble cause en sort vengée.
O vocation de la France !
Supprimez donc la fille aînée de l'Eglise : qui soutiendra l'Idée? Qui vengera le droit ? Qui répandra des flots de sang pour le Christ comme la race de Clovis aimait à le faire ? « Je vois, écrivait Joseph de Maistre, en 1794, au moment où la Convention le jetais sans asile hors de son pays, je vois dans la destruction de la France le germe de deux siècles de massacre.... l'ABRUTISSEMENT IRRÉPARABLE DE L'ESPECE HUMAINE et même, étonnera beaucoup, une plaie mortelle pour la religion . »
Il faut en conclure que, tant que la France voudra remplir sa mission suivant le programme de Jeanne d'Arc, Dieu ne lui enlèvera pas le glorieux privilège, car il ne rejette que qui le rejette. Il y a donc là pour nous, si nous le voulons, un principe infaillible de rénovation. Grâce à ce principe, la France est toujours sortie indemne de toutes les catastrophes qui auraient du l'anéantir ; grâce à lui, son existence a été une alternative de chutes et de relèvements qui déconcertent la philosophie de l'histoire et qu'il faut juger de plus haut, dans une lumière surnaturelle ; grâce à lui, elle participa a la grande vie de l'Eglise qui est faite de passions et de résurrections, comme à cette grande vie de la nature que rythment les nuits et les jours.
1) Lettres, t. I. Lettre du 23 octobre 1794.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
A toi donc, ô blanche nation, ô gardienne de l'Idée, ô vengeresse du droit, ô soldat de l'Eglise, à toi, ma France, la couronne, à toi l'immortalité !
N'est-il pas doux de constater que, longtemps avant nous, nos pères ont eu conscience de ce grand théorème de l'immortalité exceptionnelle de la France ? Et, chose touchante, nous en trouvons l'expression sous la plume d'un contemporain de Jeanne d'Arc, le président Thomassin. Il écrivait, quelques années après le supplice de Rouen, cette phrase superbe que tout Français devrait connaître :
Sache un chacun que Dieu a aimé et aime le royaume de France et l'a spécialement élu pour son héritage et, POUR CE, N E PEUT LE LAISSER PÉRIR. Mais, sur tous les signes d'amour que Dieu lui a envoyés, il n'y en a point de si grand ni de si merveilleux que celui de cette Pucelle. »
Laissons donc, Messieurs, laissons aller nos cœurs à ces grandes et fortifiantes pensées. Chantons-nous à nous-mêmes ces belles espérances pour nous donner du cœur. Dans l'impressionnante immensité de cette cathédrale, où toutes les pierres son presque de notre race et de noire famille, tant elles sont été associées notre vie nationale, tant ils ont vu passer de générations de nos aïeux, dans celle inoubliable fête qui nous permet de boire un instant au calice des gloires passées, détournons les yeux des tristesses ambiantes et suivons du regard le doigt de la Pucelle, qui nous montre dans son programme, dans notre vocation surnaturelle, le secret des grandeurs et des prospérités humaines, une France plus belle que l'ancienne dans le flamboiement de l'avenir !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Mais pour que ces espérances deviennent des réalités, nous devons nourrir dans nos cœurs les sentiments de foi qui animaient celui de Jeanne.
Oh ! aimons comme elle ce Jésus qui est le vrai roi de France ! Aimons aussi comme elle cette France, royaume et soldat de Jésus-Christ. Certes, nous avons admiré notre héroïne, n'est-il pas vrai ?
Etait-elle assez belle, assez superbe, quand elle entraînait nos bons paysans et nos chevaliers de France à la victoire? Eh bien! ne l'oublions pas, Jeanne n'a été la Grande Française dont nous sommes tiers que parce qu'elle a été la Grande Chrétienne ! Elle n a été la Jeanne des batailles, la Jeanne de la victoire, que parce qu'elle a été la Jeanne de la prière et de l'Eucharistie.
O vous donc qui voulez marcher à sa suite et seconder la chère Libératrice, écoutez ce qu'elle vous dit en vous enrôlant sous son drapeau :
Jhesus Maria ! Français !
Si vous voulez lutter et travailler avec moi au salut de la patrie, il vous faut accepter les lois que j'imposais jadis à mes compagnons de guerre, à mes braves d'Orléans et de Patay. Je les voulais bons chrétiens. Je leur répétais sans cesse : c'est le péché qui fait perdre les batailles. Vous savez sur quel dos je brisai un jour mon épée pour empêcher la luxure de venir les contaminer dans mon camp.
Je les adjurais de n'aller au feu que fortifiés par les sacrements. Je m'étais formé une troupe selon mon cœur, composée des meilleurs chrétiens, d'hommes qui communiaient souvent ; avec ce petit bataillon, je n'aurais pas craint d'attaquer les armées anglaises les plus formidables.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Commencez ainsi par vous réformer vous-mêmes ; si vous ne le voulez pas, ne me dites pas que vous voulez me suivre ; vous n'êtes pas de la race des sauveurs, de la race dont je fais mes soldats.
Jhesus Maria ! Français !
Jésus-Christ ne doit pas seulement régner dans vos cœurs : il doit régner dans vos lois. Vous avez proclamé la liberté pour tous en ce siècle ! Donnez-la donc à Jésus-Christ aussi ! Qu'il puisse parler dans vos assemblées publiques, qu'il triomphe dans les manifestations populaires, qu'il puisse traverser en paix son beau royaume au milieu des processions et des fleurs, qu'il rayonne dans vos drapeaux comme il l'a demandé à ma sainte sœur Marguerite-Marie. Si vous ne lui obéissez pas, ne me dites pas que vous voulez être de mon armée !
Jhesus Maria ! Français !
Voilà mon programme ! Si vous voulez le suivre, venez ! Vous serez mes Dunois et mes Xaintrailles. Oui, venez et, vive Dieu ! il y aura encore pour la France des jours beaux comme ceux d'Orléans et de Patay ; venez, je vous conduirai à cette grande entreprise dont je disais aux Anglais que jamais plus beau fait d'armes n'aura été achevé pour la chrétienté. La France sera ainsi le très saint royaume de Jésus-Christ : elle accomplira les grands gestes de Dieu... et je serai, moi, une seconde fois la Libératrice de mon pays.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Voilà, messieurs, ce que vous dit Jeanne, voilà ce que vous disent les drapeaux suspendus à ces voûtes et à ces murailles qui retombent comme alourdis par le poids des glorieux souvenirs accumulés dans leurs plis. Ce sont des noms de triomphe : Orléans, Meung, Beaugency, Patay, Reims, qu'ils vous cachent ou vous découvrent tour à tour dans leurs frissons ; c'est toute l'épopée de Jeanne ondulant sur vos têtes en lettres d'or.
Ah ! drapeaux, drapeaux sacrés, apprêtez-vous à la revivre, la splendide épopée que vous nous racontez, car Jeanne va vous reprendre et vous reconduire avec nous au chemin de l'honneur. Toujours nous aurons devant les yeux votre grand geste, quand, soulevés par le vent, vous nous montrez le ciel. Toujours nous entendrons votre grande voix qui nous crie : Jhesus ! Maria ! Vous nous conduirez par les luttes de la pensée, de la parole, de l'action, à la délivrance de l'Église et de la patrie et à la conquête de nos libertés chrétiennes.
Nous mènerez-vous à d'autres victoires ? Nous n'osons pas le demander. Dormez plutôt, dormez tant qu'on ne vous provoque pas, dormez dans l'air tranquille, dans la grande paix dont nous avons besoin. Mais, si un jour on nous insulte, si de l'âme d'un canon part l'étincelle qui doit mettre le feu au monde , drapeaux! drapeaux! mettez-vous en marche dans l'orage ; nous vous suivrons ! Si la divine Libératrice vous précède, si de l'âme d'un canon part l'étincelle qui doit mettre le feu au monde , drapeaux! drapeaux! mettez-vous en marche dans l'orage ; nous vous suivrons ! Si la divine Libératrice vous précède, si vos lampes sont portées par des mains pures comme les siennes, nous savons à quel sacre de gloire vous nous conduirez. Heureux alors ceux qui combattront à votre ombre ! Heureux ceux qui mourront enveloppés du doux linceul de vos plis! Plus heureux ceux qui vous ramèneront dans nos vieilles cathédrales, au chant du Te Deum, illuminés des feux de la victoire !
Ainsi soit-il !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Le Cœur de Jeanne d'Arc (1)
***« Virile a été ton action et magnanime ton cœur.... aussi tu seras
éternellement bénie. »
(JUDITH, XV, 11).
MES SEIGNEURS (2),
MESSIEURS ,
Lorsque les Turcs emparèrent de la ville de Lissa, où reposaient les cendres de Scanderbeg, le fameux contemporain de Jeanne d'Arc, ils se partagèrent la poussière de son cœur, et chacun en mit une parcelle sur sa poitrine, afin de devenir invincible et invulnérable comme le héros albanais.
La France regrettera toujours de n'avoir rien de Jeanne d'Arc. Que ne donnerait-elle pas surtout pour posséder le cœur de son enfant! Quelle urne d'or, enrichie de diamants, lui paraîtrait digne de contenir cette sainte relique! Avec quel amour elle la baiserait! Avec quelle confiance elle la mettrait sur son cœur, sûre d'y trouver un secret de force et d'immortalité !
Hélas! ce cœur, nous ne l'aurons jamais. Le bourreau l'ayant trouvé parmi les cendres, intact et respecté par la flamme, le jeta, dit-on, dans la Seine qui l'emporta vers son embouchure. Une gracieuse légende nous le montre ballotté par le flux et le reflux, insubmersible aux flots de la mer comme il l'avait été à ceux de l'adversité et veillant sur nos côtes, palladium sacré, pour empêcher l'Anglais d'y revenir (1).
Mais, à défaut de ce cœur de chair, à jamais perdu pour nous, nous retrouvons dans l'histoire le cœur immatériel de Jeanne : ce cœur d'enfant qui fut la tendresse et saigna de pitié pour la France ; ce cœur de guerrière qui fut l'emthousiasme et enfanta tant d'immortels exploits; ce cœur de martyre qui fut la sainteté et rayonna d'un si glorieux éclat à travers les affres du supplice.
(1) Discours prononcé dans la cathédrale d'Orléans, le vendredi 8 mai 1908 , pour le 479e anniversaire de la
délivrance de la ville.
(2) S. G. Mgr Touchet, évêque d'Orléans ; S. G. Mgr Amette, archevêque de Paris ; S. G. Mgr Kandelafte, archevêque de Palmyre; S. G. Mgr Douais, évêque de Deauvais ; S. G. Mgr Bouquet, évêque de Chartres ; S. G. Mgr Albano Xislo, évêque de Bethsaïde.
(1) Et, depuis lors, le cœur immortel de la vierge
Descend au fil de l'eau jusque à l'océan,
Puis remonte le fleuve et vient battre la berge,
Dès qu'un nouveau malheur te menace, à Rouen ;
Dès qu'il voit que l'Anglais sur nos côtes accoste,
Et qu'il sent le pays abandonné de Dieu,
Il s'en revient vers toi s'offrir en holocauste,
Prêt à subir encore le supplice du feu.
(Théodore BOTREL).
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Ce cœur héroïque, l'Eglise le vénère pour ses vertus et la France pour ses prouesses : toutes deux chantent à celle dont il fut l'inspirateur l'hymne superbe du grand-prêtre Joachim à la libératrice de Béthulie : Fecisti viriliter et confortatum est cor tuum... ideo eris benedicta in œternum. Virile a été ton action et magnanime ton cœur,... aussi tu seras éternellement bénie.
Je voudrais, Messieurs, étudier avec vous le cœur de Jeanne dans les trois phases de son histoire : son enfance, sa vie guerrière et sa mort. Oh! nous aurions grand besoin et grand désir, n'est-il pas vrai, d'entendre un jour l'étendard de la Libératrice claquer sur nos têtes au vent de la victoire; mais, pour mériter cette faveur, nous devons d'abord la faire revivre dans nos âmes par sa foi et ses nobles amours. Plaçons donc son cœur sur notre cœur pendant quelques instants, et écoutons ses battements sublimes pour Dieu et pour la France.
Monseigneur (1),
Dans les trois panégyriques de Jeanne d'Arc que vous avez prononcés à Besançon, Orléans et Paris, vous avez élevé à la mémoire de l'héroïne un superbe monument oratoire, une cathédrale à trois nefs. Un jour que je la visitais et que j'e n'admirai les lignes harmonieuses, je me suis arrêté devant la fière statue que votre verbe a taillé dans un marbre immaculé et que l'Eglise couronnera bientôt du diadème des bienheureuses. C'est là, au bercement de vos paroles, que j'ai médité sur le cœur de la Pucelle; et cette méditation que je vous dois, je vais tout simplement vous la redire.
Messeigneurs,
Le cœur de Jeanne n'est pas perdu, puisqu'il vibre encore dans les paroles de foi et de patriotisme qui tombent si souvent de vos lèvres. Il vit dans le cœur de nos évêques avec ses vertus de résurrection. Aussi une France nouvelle se lève derrière vous, et elle salue avec amour et elle veut suivre jusqu'à la mort le saint étendard où vous rebrodez d'or et de pourpre les mots rédempteurs si chers à la Pucelle : JHESUS-MARIA .
(1) Mgr Touchet, évêque d'Orléans.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Le Cœur de l'Enfant
Lorsque Dieu prédestine une créature à un grand rôle religieux ou patriotique, il lui donne, avant tout, un cœur proportionné à l'importance de ce rôle. Aussi quand il créa la future Libératrice d'Orléans, il pétrit son cœur de vaillance et de bonté. Il y mit une haute idée et un immense amour de la France.
La France est belle !
Terre privilégiée et enchanteresse, le plus fier des royaumes après celui du Ciel, pèlerinage de beauté ou afflue la procession des peuples avides de contempler ses sites pittoresques et ses horizons lumineux, patrie des cathédrales altières d'où l'art gothique s'envola par le monde, belle dans ses richesses et ses défenses naturelles qui faisaient dire au vieux Strabon qu'elle serait l'impératrice de l'univers, belle jusque dans ses ruines où traînent encore des parfums de gloire; écrin merveilleux où Dieu accumula toutes les pierreries : rivières de diamants de ses neiges éternelles, mers de saphir ou d'émeraude qui chantent sur ses grèves, grappes de rubis ou de topazes accrochées aux pampres de ses vignes, or des moissons et des fruits qui ruissellent dans ses campagnes, argent des grands fleuves où se mirent les donjons et les clochers à jour.
La France est belle !
Son histoire est un firmament ; firmament unique, azuré d'idéal, empourpré d'héroïsme, criblé de belles étoiles filantes, les prouesses de ses fils ; les guerriers s'y dressent en des mêlées superbes ; les guerrières y chevauchent des nuages de rêves ; les mots et les traits sublimes y fourmillent comme des astres : c'est la grande voie lactée de l'honneur.
La France est belle !
Sa langue est claire comme le cristal, pure comme l'or, franche comme l'épée. Son Ame est une harpe. Harpe divine : ses cordes tendues résonnent à tous les vents du ciel. Elle chante la gloire et la justice. Elle exalte ou pleure la liberté. Elle frémit de tous les gémissements des malheureux. Echo sonore de l'Evangile, le verbe de la vérité s'en échappe en ondes harmonieuses, l'idée chevaleresque y prend des accents qui remuent les entrailles de l'humanité. Pour prêcher les belles croisades, elle sait unir la foi de l'apôtre, l'enthousiame de l'aède antique et la grâce et du troubadour.
La France est belle !
Belle dès le baptême, entourée de ses vieux évêques, les Martin et les Rémi, qui lui tracent sur le front le signe de la croix, bercée par ses douces marraines, les Clotilde et les Geneviève, qui rendorment au chant de leurs prières, visitée par les anges et les victoires, qui planent sur son berceau; belle au premier éveil de sa vocation chrétienne, lorsqu'elle sent frémir son épée au récit de la Passion, lorsqu'elle s'élance par delà les monts et les mers et bataille sous tous tes cieux pour accomplir les gestes de Dieu par le monde, avec Charlemagne et saint Louis, les bons sergents de Jésus-Christ. Elle est belle comme la foi, belle comme l'honneur, belle comme la gloire, belle comme la pitié, comme la justice, comme la liberté, car c'est de tous ces rayons que ton auréole est tissée, ô ma patrie !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Mais à l'époque où parait Jeanne d'Arc, toute la beauté de la France semble éclipsée par ses malheurs. Depuis près de cent ans, elle se débat contre l'Angleterre. L'ennemi a fauché sa noblesse aux lugubres journées de Poitiers, de Crécy et d'Azincourt. Ce que la faux anglaise a épargné, le pied du Bourguignon ou de l'Armagnac le foule et, derrière eux, s'avancent, spectres faméliques, les truands qui glanent dans le sang et dans les flammes ce qui peut rester de vie et d'or à la pauvre France. Pour relever le pays, il ne reste qu'un trésor épuisé, une armée abattue, des princes divisés, un roi enfant, successeur d'un roi fou, qui doute de son sang et de ses droits. C'en est fait, semble-t-il, de la blanche nation des lis, et le vent d'ouest, chargé de larmes, emporte ses raies vers les marches de Lorraine.
Mais là est le salut.
Là, vit une entant de treize ans qui aime la France comme on ne l'a jamais aimée, d'un amour tendre et profond, d'un amour où il entre de la vénération et de l'extase et que l'idée mystique exalte jusqu'à la passion. Elle souffre de voir la France mourir. Elle pleure au récit de sa Passion ; le soir, à la veillée, elle pâlit et la quenouille lui tombe des mains quand on raconte les récents désastres, les moissons brûlées, les paysans massacrés, les villes qui se rendent, les armées qui reculent. Mais, qu'y peut-elle, la pauvre petite? Ce n'est pas son affaire de sauver la patrie et elle n'y songe guère.
La Vierge, non plus, ne songeait pas à sauver le monde, quand elle priait à Nazareth. Mais Dieu y pensait pour elle. Et c'est pourquoi l'Ange du Seigneur annonça à Marie, et elle a conçu par l'opération du Sainl-Esprit. Et chaque jour nous commémorons la scène rédemptrice dans la prière de l' Angélus.
Jeanne aussi eut son Angélus, que nous aurions bien le droit de célébrer chaque année en nous écriant : L'Ange du Seigneur annonça à Jeanne et elle a conçu, par l'inspiration du Saint-Esprit, le projet grandiose de sauver la France.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
L' Angélus de Jeanne a la fraîcheur d'une aube. C'est une candide annonciation que pourrait seul reproduire, avec les bleus et les ors dont il avait le secret, le peintre des vierges et des anges, Fra Angelico.
Debout, au milieu de son troupeau, les lèvres entrouvertes en un sourire, le regard noyé dans l'extase, la petite paysanne s'est arrêtée : elle voit, elle écoute. Des anges et des saintes, frères et sœurs de son Âme, descendent vers elle du haut des cieux, droits et purs comme des rayons, avec des ailes qui palpitent, des auréoles qui flamboient, des yeux calmes et profonds comme l'azur, des voix musicales comme le bruissement des feuilles sous la caresse du vent.
— Petite Jeanne , lui disent-ils, nous venons à toi de très loin, très loin, de la maison de notre Père qui est aux cieux, pour te parler de la France. Elle est belle, elle est sainte, elle est chérie de Dieu, mais elle est en grande pitié. Depuis cent ans, elle pleure. Depuis cent ans, elle a le couteau sur la gorge et son sang coule par tous les chemins. Il faut aimer, Jeanne, la bien-aimer. Et il faut la sauver. Dis, le veux-tu ?
— Oui, certes, je l'aime, mes bons Anges et mes douces Saintes, je t'aime de tout mon cœur. Mais comment la sauverais-je? Je ne suis qu'une bergerette et ne sachant ni A ni B, incapable de chevaucher et de manier les armes.
— Petite Jeanne, c'est cependant toi que Dieu a choisie pour la relever.
— Et comment cela se fera-t-il?
— Dieu sera avec toi. Et nous aussi nous serons près de toi pour le conseiller et t'aider. Tu monteras à cheval et tu bouteras l'Anglais hors de toute France.
Jeanne reste perplexe. Est-ce Dieu qui lui parle par ses anges? Elle est épouvantée du rôle qu'elle entrevoit. Elle n'aspire qu'à rester cachée dans son village. Mais, durant quatre années, de treize à dix-sept ans, elle revoit ses maîtres et ses maîtresses du ciel. Ils ouvrent son esprit à l'idée d'une grande mission patriotique; ils arment son cœur d'invincibles vertus. El, pendant les quatre années de ce noviciat angélique, la lumière se fait de plus en plus vive dans son Âme et les voix célestes de plus en plus pressantes :
— Petite Jeanne, clament-elles, il faut te décider. Il faut obéir à Dieu.
Un jour vint où reniant s'inclina gracieuse et résignée et, comme la Vierge de Nazareth, prononça son fiât :
— Qu'il me soit fait selon votre parole!
Etait-ce là son devoir? On dit parfois que l'Eglise condamne toute inspiration privée et n'admet que la sienne propre. C'est pour cela qu'elle aurait, au seizième siècle, combattu la Réforme qui proclamait le libre examen et le rapport direct de l'Âme avec Dieu. C'est pour cela qu'un siècle plus tôt elle aurait traité Jeanne d'Arc en hérétique et en rebelle.
L'Eglise, Messieurs, ne repousse que l'inspiration fille de l'orgueil, celle qui est en contradiction avec les affirmations authentiques de Dieu, puisque Dieu ne peut se contredire. Mais, quand l'inspiration vient clairement du ciel, loin de la combattre, l'Eglise l'approuve et enseigne que l'Âme qui en est honorée doit croire et obéir.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
L'histoire des saintes est pleine de ces révélations particulières. La plus illustre est celle qui fut faite à Marie. La Vierge y donna son adhésion et l'Eglise l'en a louée en lui répétant le mot d'Elisabeth : Beata quœ credidisti, tu es bienheureuse d'avoir cru.
Les voix de Jeanne ayant à ses yeux, comme elles les avaient en réalité, tous les caractères d'une origine divine, c'était son devoir de les suivre. Elle n'y manqua pas. Aussi l'Eglise lui a-t-elle dit et va-t-elle lui redire bientôt, au son des cloches triomphales : Beata quœ credidisti. Parce que tu as cru, ô Jeanne , et que tu as conformé la conduite à la croyance, je le proclame bienheureuse!
Et la France fait et fera de plus en plus écho à cet hommage : Oh ! oui, Jeanne, tu as bien fait de croire à tes voix. Si tu les avais repoussées, que serais-je devenue? Ta foi a été le principe de ton héroïsme comme de ma délivrance. O bienheureuse inspirée, bienheureuse voyante, bienheureuse prophétesse, c'est parce que tu as été la grande croyante que tu as été la grande Libératrice.
Mais, dira-t-on, que vient-on parler d'héroïsme dans une chose aussi facile? Il suffisait à Jeanne d'un peu d'ambition pour obtempérer à des voix qui lui promettaient un avenir tout ensoleillé de gloire.
Eh bien, non, Messieurs, ce n'est pas sous ce jour brillant que l'avenir se révéla à l'humble pastourelle. Quand Dieu honore une créature d'une de ces annonciations extraordinaires, préludes d'une grande vie, ce ne sont pas les richesses et les honneurs qu'il lui promet. Derrière le voile qu'il soulève à demi, il lui montre un autel et un calice.
Un autel ! Et l'Ame doit dire son introïbo : « Je monterai à l'autel du Seigneur qui réjouit ma jeunesse, mais qui va terriblement assombrir le soir de ma vie. »
Un calice ! La coupe est d'or, mais la liqueur est amère . Et Dieu dit à l'âme, comme aux fils de Zébédée : «Peux-tu boire ce calice? » Et l'Ame doit répondre : « Calicem saluturis accipiam. Je boirai le calice du Seigneur.»
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Jeanne vit cet autel et ce calice. Elle accepta tout. Elle entendit ses voix qui lui disaient, tendres et austères :
— Petite Jeanne, il faudra quitter ta chaumière et les parents tant aimés : le veux-tu?
Elle pleurait et répondait : Si Dieu le veut, je le veux.
— Petite Jeanne, il faudra supporter les fatigues de la guerre, recevoir des blessures, voir ton sang couler : le veux-tu?
Elle pleurait et répondait : Si Dieu le veut, je le veux.
— Petite Jeanne, il faudra aller en prison et mourir toute jeune d'une mort terrible : le veux-tu ?
Elle pleurait et répondait : Si Dieu le veut, je le veux.
Vous le voyez, Messieurs, il fallait à la douce enfant un cœur magnanime pour accepter le rôle illustre, mais redoutable qui lui était proposé. Elle avait une aversion extrême pour cette vie agitée, douloureuse. Mais, elle avait deux amours qui lui faisaient vaincre toutes les répugnances : l'amour de Dieu et l'amour de la France .
Elle dira bientôt a ceux qui voudront la retenir :
« J'aimerais mieux filer auprès de ma pauvre mère, car ce n'est pas mon état de guerroyer ; mais il faut que j'aille et que je le fasse parce que Messire le veut ainsi. »
Elle dira plus tard à ses juges : « Non, j'eusse mieux aimé être tirée à quatre chevaux que de
venir en France sans la volonté de Dieu. »
Une fois son Fiat prononcé, rien au monde ne peut la détourner de son devoir.
En vain son honnête homme de père, qui a une haute idée de son autorité paternelle, déclare t-il qu'il préfère la voir noyée et qu'au besoin il la noiera de ses propres mains plutôt que de la laisser partir avec des hommes de guerre. Elle reste inébranlable.
En vain, le sire de Beaudricourt, commandant les troupes du roi à Vaucouleurs, brave militaire, mais un peu rude, à qui elle s'est fait présenter par son oncle Durand Laxard, dit-il a celui-ci : « C'est une folle, donnez-lui de bons soufflets et la ramenez à son père. » Elle reste inébranlable.
Il y a, d'ordinaire, dans ces petites prédestinées, une force de volonté au-dessus de leur âge et de leur sexe. Elles luttent pour Dieu et parfois contre les représentants de Dieu, oh ! avec douceur, avec humilité, avec respect pour l'autorité qui leur barre le chemin, mais avec des raisons lumineuses, décisives, qui ne semblent pas venir de leur cerveau et que souvent Dieu appuie par des miracles.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
C'est ainsi que Jeanne, la douce obstinée, sait allier merveilleusement l'obéissance à ses supérieurs et l'obéissance à Dieu. Et Dieu l'assiste et l'éclairé. Elle annonce, le jour même où il arrive, un événement qui se passe au loin, la bataille de Rouvray, nouvelle défaite de la France, qu'un triste message vient bien loin confirmer. Elle obtient enfin le consentement de Beaudricourt, qui ne parle plus de la souffleter.
Elle serait venue a bout d'oppositions cent fois plus fortes, comme elle l'affirmera un jour à ses juges : « Dieu le commandait, et quand j'aurais eu cent porcs et cent mères, quand j'aurais été fille de roi, je n'en serais pas moins partie. » Et maintenant que son départ est décidé, elle brûle de se mettre en marche et s'impatiente de tout retard : « Quand je devrais user mes jambes jusqu'aux genoux, je dois être auprès du Dauphin avant la mi-carême. C'est Dieu qui le veut. »
Dieu le veut ! Le mot est d'elle, vous le voyez, Messieurs. C'est une nouvelle croisade. Et quelle croisade, Seigneur! Et comme nos vieux chevaliers ont du tressaillir dans leur tombe, en entendant tomber des lèvres d'une frêle enfant le mot viril qui, jadis, leur faisait mettre la main à l'épée. C'est une croisade pour Dieu et pour la France.
Celle qui en est l'Ame n'est qu'une jeune fille de dix-sept ans. Mais, Dieu le veut ! elle a la bravoure des capitaines. Elle n'a auprès d'elle que cinq ou six hommes, mais, Dieu le veut ! des légions d'anges la protégeront. Elle n'a ni armes ni munitions, mais, Dieu le veut ! Le grand cœur de saint Louis, le cœur même de la patrie, bat dans son sein. Elle ne délivrera pas le Saint Sépulcre, mais, Dieu le veut ! elle délivrera Orléans et elle sauvera le royaume chéri du Christ. Donc, Dieu le veut, en avant !
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Le moment des adieux est venu. Ce que nous aimons ne nous parait jamais aussi aimable qu'à l'heure de la séparation. Nous nous étions cru le cœur libre peut-être, et nous nous apercevons qu'il est enchaîné par mille petits liens tenaces aux choses qui nous entourent. Ces choses mortes ont une âme ; ces choses muettes ont une voix et elles nous adressent de doux reproches.
Jeanne l'éprouve, car il y a en elle un mélange exquis de sensibilité féminine et de force virile. La Meuse, sa belle Meuse, aux eaux claires et charmantes, virile à rester dans ses prairies :
n'en est-elle pas la fleur vivante et embaumée ! Son clocher, son cher clocher, qui marquait pour elle le point le plus aimé du paysage natal, lui dit par le tintement doux et triste de ses cloches :
Ne t'en va pas ! Il n'est pas jusqu'à l'Arbre des Fées qui ne lui chante une symphonie plaintive :
n'est-elle pas la petite Fée de la France qui doit transformer la défaite en victoire ? Mais combien plus émouvante encore la pensée de ses proches, de son père et de sa mère surtout, qu'elle n'est pas sûre de revoir!
Oh ! ne le laisse pas attendrir, fille de Dieu. Sois virile ! Un dernier regard à la vallée, un dernier baiser à ceux que tu aimes, et puis, à cheval!
Et en avant ! Marche dans le grand espace qui s'ouvre devant toi. Devant toi, c'est la France qui l'appelle. Devant toi, c'est une armée qui réclame un chef. Devant toi, ce sont des bastilles a prendre et des Ailles à débloquer. Devant toi, c'est la rumeur de la guerre, le fracas des assauts, le gouffre de l'inconnu. Ne te demande pas ce qu'il y a dans ce gouffre, s'il n'y a pas une prison, des chaînes, la torture, un bûcher. Regarde plus loin, plus haut, vers les fleurs du paradis que t'ont promis tes voix.
Et oui, son cœur est en haut, et, bien qu'il batte à se rompre dans sa poitrine, il la pousse aux sommets du sacrifice. Cœur viril! Hier! Cœur fort! Emportée par son cœur, elle s'en va sauver la France.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: L'ÂME de JEANNE D'ARC
Il y avait longtemps que la France demandait le salut, et le salut ne venait pas. Dieu attendait que lui pleine la coupe de prières et de larmes que tout peuple coupable doit offrir pour sa rédemption.
Or, un jour, il y tomba une larme d'enfant, une goutte de sang de son cœur qui combla la mesure, et l'enfant qui avait pleuré et prié pour la France fut choisie pour la délivrer.
Le salut de la patrie repose peut-être sur vos têtes blondes, enfants qui dormez aujourd'hui dans les berceaux. Sa grandeur future sera faite de vos sacrifices.
Mais pour que vos douces petites mains soient un jour capables de tenir l'épée ou l'étendard de Jeanne, ah ! que Dieu et que vos parents forment en vous un cœur semblable a celui de Jeanne enfant, un cœur viril et tendre, capable d'immolations et qui belle d'amour pour la France et pour le Dieu de la France !
C'est l'amour qui fait les sauveurs.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13792
Date d'inscription : 26/01/2009
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