Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXX.Comment il peut y avoir une nécessité absolue dans les créatures.SUITE
2° La nécessité absolue provient, en second lieu, de l'ordre qui existe entre les principes essentiels et les parties de la matière ou de la forme, s'il arrive en certains cas que ces principes ne soient pas simples. En effet, la matière propre de l'homme étant un corps mélangé, d'une certaine complexion et organisé, tout homme doit, en vertu d'une absolue nécessité, avoir en lui chacun des éléments, des humeurs et des organes principaux. Pareillement, si l'homme est un animal raisonnable et mortel et que ce soit là sa nature ou sa forme (2), il est nécessairement un animal raisonnable.
3° Enfin, la nécessité absolue a pour cause l'ordre établi entre les principes essentiels et les propriétés qui dérivent de la matière et de la forme. Une scie, par exemple, étant faite d'acier, est nécessairement dure. L'homme doit être capable de science. Quant à le nécessité qui provient de la part de l'agent, on la considère et par rapport à l'action elle-même et par rapport à l'effet qui s'ensuit. Si on l'envisage sous le premier point de vue, elle ressemble à la nécessité de l'accident qui dérive des principes formels. En effet, de même que les autres accidents procèdent de la nécessité des principes essentiels, ainsi l'action est produite par la nécessité de la forme en vertu du laquelle l'agent a une existence actuelle; car il n'agit que parce qu'il est en acte.
Il y a pourtant une différence entre l'action qui demeure dans l'agent, comme connaître et vouloir, et l'action qui passe dans un être; distinct de lui, comme celle d'échauffer.
Pour ce qui regarde le premier genre d'action, sa nécessité est une conséquence de la forme, au moyen de laquelle l'agent existe actuellement; car il n'est besoin, pour qu'elle se produise, de rien d'intrinsèque qui en devienne le terme. Ainsi, chaque sens entrant en acte, au moyen de l'espèce sensible, l'action de sentir se produit nécessairement, et il en est de même de l'intelligence qui arrive à l'acte au moyen de l'espèce intelligible.
Dans le second genre d'action, sa nécessité résulte de la forme en tant qu'elle regarde la vertu d'agir. Par exemple, de ce que le feu est chaud, il a nécessairement la vertu d'échauffer. Il n'est cependant pas nécessaire qu'il échauffe, parce qu'il peut en être empêché par quelque obstacle extrinsèque. Il importe peu, pour cette question, qu'il y ait un agent unique, capable, à raison de sa forme, de produire seul l'action, ou bien qu'il faille réunir plusieurs agents pour la même action, comme feraient plusieurs personnes qui tireraient ensemble un bateau; car ils ne composent qu'un seul agent qui entre en acte, à cause de leur concours à une môme action.
La nécessité produite dans l'effet ou le mobile, par la cause qui agit ou imprime le mouvement, ne dépend pas uniquement de l'action de cette cause, mais encore de la condition du mobile et de l'être qui reçoit l'action de l'agent. Car, ou cet être est complètement privé de la puissance de recevoir l'effet d'une telle action, comme la laine, que l'on ne saurait employer pour en faire la proue d'un navire; ou bien cette puissance est entravée par des agents contraires, on par des dispositions ou formes opposées inhérentes au mobile, et qui font obstacle nu moteur. D'où il suit que la vertu de l'agent ne peut produire son action; ainsi, le fer ne se fond pas si la chaleur est peu intense.
Il faut donc, pour que l'effet suive réellement, qu'il y ait dans l'être…
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(2) Il ne s'agit pas ici de la forme prise dans son acception ordinaire, mais de l'essence même de l'homme. Saint Thomas prouvera plus loin que l'âme humaine est la forme de l'homme, c'est-à-dire un principe essentiel qui détermine son espèce.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXX.Comment il peut y avoir une nécessité absolue dans les créatures.SUITE
Il faut donc, pour que l'effet suive réellement, qu'il y ait dans l'être passif la puissance de recevoir quelque chose, et que l'agent soit victorieux du sujet, afin de pouvoir changer sa disposition actuelle en une autre contraire; et si l'effet qui résulte, dans l'être passif, de la victoire remportée sur lui par l'agent, est contraire à sa disposition naturelle, il y aura nécessité de coaction, comme il arrive lorsqu'on lance une pierre en haut; si au contraire, il n'y a rien d'opposé, dans cet effet, à la disposition naturelle du sujet, il n'y aura plus nécessité de coaction, mais simplement nécessité d'ordre naturel.
Il en est ainsi du mouvement du ciel, qui est imprimé par le premier agent qui lui est extrinsèque; il ne contrarie cependant pas la disposition naturelle du mobile et, par conséquent, il n'est pas violent, mais selon la nature.
Il en est de même du changement produit dans les corps inférieurs par les corps célestes; car il y a dans les premiers une inclination naturelle qui les dispose à recevoir l'impression des autres.
Il faut dire la même chose encore de la génération des éléments. En effet, la forme qu'ils doivent revêtir en vertu de cette génération ne contrarie pas la matière première qui est le sujet de la génération, bien que cette forme soit contraire à celle dont elle doit être dépouillée; car la matière n'est pas le sujet de la génération, tandis qu'elle existe sous une forme opposée.
Il est donc évident, pour toutes ces raisons, que la nécessité qui se rencontre dans la cause qui agit dépend uniquement, en certains cas, de la disposition de l'agent, et dans d'autres, tout à la fois de la disposition de l'agent et de celle de l'être passif. Si donc la disposition qui amène nécessairement tel effet est nécessaire et absolue dans l'agent et le sujet, la nécessité sera également absolue dans la cause agissante.
Et c'est dans cette condition que se trouvent les êtres qui sont nécessairement et toujours en action. Si elle n'est pas absolument nécessaire, mais qu'il soit possible de l'éloigner, il y aura nécessité dans la cause active, seulement dans l'hypothèse que la disposition voulue pour l'action existera des deux côtes. Nous avons pour exemples les êtres dont l'opération est quelquefois entravée, parce que la force leur fait défaut ou qu'ils sont soumis à une violence contraire. C'est pourquoi ils n'agissent pas toujours par nécessité, mais dans la plupart des cas.
La nécessité peut ressortir de la cause finale en deux manières : …
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chapitre XXXI. Il n’est pas nécessaire que les créatures aient existé dès l’éternité.De la création en général.XXX.Comment il peut y avoir une nécessité absolue dans les créatures.SUITE
La nécessité peut ressortir de la cause finale en deux manières :
1° Si elle est tout d'abord dans l'intention de l'agent, et sous ce rapport, la nécessité provient de la même manière de la fin et de l'agent; car l'agent exerce son action parce qu'il tend à sa fin, et cela est vrai aussi bien pour ce qui se fait naturellement que volontairement.
Dans les choses naturelles, l'agent recherche sa fin à raison de sa propre forme, qui fait que telle fin lui convient. D'où il vient que toute chose naturelle doit tendre à sa fin d'une manière déterminée par la vertu de sa forme; ainsi, un corps pesant tend vers son centre en proportion de sa pesanteur.
Mais quand une chose se fait volontairement, la volonté n'incline à l'action qu'à cause de la fin qu'elle a en vue, quoiqu'elle ne soit pas toujours portée à faire uniquement telles ou telles choses qui se rapportent à la fin, quand elle peut atteindre cette fin non-seulement par tels ou tels moyens, mais de plusieurs manières.
2º La nécessité vient encore de la fin, selon qu'elle est postérieure pour l'existence; et cette nécessité n'est pas absolue, mais conditionnelle. Il est nécessaire, par exemple, que la scie soit d'acier, si l'on veut qu'elle remplisse l'office qui lui est propre.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXXI.Il n’est pas nécessaire que les créatures aient existé dès l’éternité.
Les questions qui précèdent demandent que nous prouvions qu'il n'est nullement nécessaire que les créatures aient existé de toute éternité. En effet :
1° Si toutes les créatures prises dans leur universalité, ou quelqu’une seulement d'entre elles, existent nécessairement, cette nécessité provient ou de la créature même, ou d'un autre être. Or, une créature ne peut avoir cette nécessité en elle-même; car nous avons démontré [ch.15] que tout ce qui existe doit procéder d'un premier être. Ce qui n'a pas l'existence de soi-même ne peut pas non plus exister nécessairement de soi-même, parce qu'il est impossible que ce qui a une existence nécessaire n'existe pas. Ainsi donc l'être qui trouve en lui-même le principe d'une existence nécessaire est également, par lui-même, dans l'impossibilité de se trouver à l'état du non-être, et par conséquent, il n'est pas un non-être, mais un être réel.
Si cette nécessité de la créature se tire d'un autre être, elle doit venir d'une cause extrinsèque, parce que tout ce qui est intrinsèque à la créature a reçu l'existence d'un autre. Or, la cause extrinsèque est un principe efficient ou une fin. Il résulte de la cause efficiente que l'effet existe nécessairement, parce que l'action de l'agent est nécessaire; car c'est par l'action de l'agent que l'effet dépend de la cause efficiente.
Si donc l'agent n'est pas nécessité à agir pour produire son effet, cet effet ne sera pas absolument nécessaire. Or, l'action de Dieu, par laquelle il produit les créatures, ne lui est imposée par aucune nécessité [ch. 23]. Donc l'existence de la créature n'est pas nécessaire d'une nécessité qui dépend de la cause efficiente, ni, pour la même raison, d'une nécessité qui tire son origine de la cause finale.
En effet, la chose qui existe pour une fin ne tire sa nécessité de la fin qu'autant que cette fin peut ou ne peut pas exister sans elle: par exemple, il est impossible d'entretenir la vie sans prendre de nourriture; ou bien parce que la fin ne pourrait pas se réaliser sans elle d'une manière aussi parfaite, comme il arriverait si l'on entreprenait un voyage sans le secours d'un cheval.
Or, la fin que se propose la volonté divine, de qui toutes choses ont reçu l'existence, ne peut être que sa bonté [liv. I, ch.75]. Et cette bonté ne dépend des créatures, ni quant à son être, puisqu'elle existe nécessairement par elle-même, ni quant à la perfection de son être; car elle est absolument parfaite, si on la considère en elle-même [Liv. I, 13 et 28].Donc la créature n'existe pas en vertu d'une absolue nécessité ; donc il n'est pas nécessaire d'admettre qu'elle a toujours existé.
2° Ce qui résulte de la volonté n'est pas absolument nécessaire, à moins que…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXXI.Il n’est pas nécessaire que les créatures aient existé dès l’éternité.SUITE
2° Ce qui résulte de la volonté n'est pas absolument nécessaire, à moins que la volonté ne soit nécessitée à vouloir telle chose. Or, Dieu a donné l'existence aux créatures, non en vertu de la nécessité de sa nature, mais par sa volonté [ch. 23]. Il ne veut pas non plus nécessairement l'existence des créatures [liv. I, ch. 81]. Donc les créatures ne sont pas absolument nécessaires; donc, par conséquent, il n'est pas nécessaire qu'elles aient toujours été.
3° Nous avons démontré [ch. 23] que Dieu n'agit pas au moyen d'une action extérieure qui sorte de lui, en quelque manière, pour se terminer à la créature, comme l'échauffement sort du feu et se termine au bois; mais vouloir pour lui, c'est agir, et toute chose existe de la manière dont Dieu veut qu'elle soit. Or, il n'est pas nécessaire que Dieu veuille que la créature ait toujours été, puisqu'il ne veut pas même nécessairement qu'il existe quelque créature [liv. I, ch. 81]. Donc il n'est pas nécessaire que la créature ait toujours existé.
4° L'agent volontaire ne produit rien par nécessité…
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Chapitre XXXII. Raisons rapportées par ceux qui admettent l’éternité du monde, et qui sont prises en Dieu lui-même.De la création en général.XXXI.Il n’est pas nécessaire que les créatures aient existé dès l’éternité.SUITE
4° L'agent volontaire ne produit rien par nécessité, si ce n'est en ce sens, qu'il y a pour lui quelque obligation. Or, il n'y a pour Dieu aucune obligation de créer, si l'on considère absolument la production de la création tout entière [ch. 28]. Donc Dieu ne crée pas nécessairement; donc il n'y a pas nécessité, parce qu'il est éternel, qu'il ait créé de toute éternité.
5° Il n'existe, dans les êtres créés, aucune nécessité, à raison de l'ordre où ils sont par rapport au premier principe, qui existe nécessairement par lui-même et qui est Dieu, mais seulement relativement à d'autres causes qui ne sont pas nécessaires par elles-mêmes c'est, ce que nous avons prouvé [ch.29 et 30]. Or, la nécessité de l'ordre qui rattache un être à un autre être, lequel n'est pas nécessairement par lui-même, ne force pas le premier à avoir toujours existé. Par exemple, si tel animal court, il faut nécessairement qu'il se meuve; cependant, il n'est nullement nécessaire qu'il ait toujours été en mouvement, parce que l'acte de courir n'est pas nécessaire par lui-même. Donc rien n'impose à la créature la nécessité d'avoir toujours existé.
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De la création en général.XXXII.Raisons rapportées par ceux qui
admettent l’éternité du monde,
et qui sont prises en Dieu lui-même.
Beaucoup d'auteurs ayant prétendu et essayé de prouver que l'existence du monde est éternelle et nécessaire (1), il nous reste à donner les raisons sur lesquelles ils s'appuient, afin de faire voir que l'éternité du monde ne s'en déduit pas nécessairement.
Nous exposerons d'abord les raisons prises en Dieu lui-même, ensuite celles qui sont tirées de la créature [ch. 33], et en troisième lieu celles que l'on prend dans la manière dont les choses ont été faites et d'après laquelle on veut qu'elles recommencent à exister [ch. 34].
Voici les arguments pris en Dieu lui-même, à l'aide desquels on essaie d'établir l'éternité du monde :
1° La première raison : Tout agent qui n'agit pas toujours entre en mouvement, ou par lui-même, ou par accident: d'abord par lui-même, comme le feu qui, ne brûlant pas continuellement, recommence à brûler, ou parce qu'on l'allume une seconde fois, ou bien parce qu'on le transporte pour le rapprocher du combustible; ensuite par accident, de même que le moteur de l'animal recommence à le mouvoir en produisant à son égard un nouveau mouvement, qui a son principe, ou à l'intérieur, ainsi que cela arrive pour l'animal qui, sortant de son sommeil après avoir achevé de digérer ses aliments, commence à se remuer; ou à l'extérieur, savoir quand il survient quelques actions nouvelles qui inclinent à recommencer une certaine action particulière. Or, Dieu ne se meut, ni par lui-même, ni par accident [liv. I, ch. 13]. Donc il agit toujours de la même manière. Les créatures ont l'existence et subsistent en vertu de son action. Donc elles ont toujours été.
2º L'effet procède de la cause qui agit par le moyen de sou action propre…
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(1) Du nombre de ces auteurs est Aristote, qui pose ainsi la question au commencement du huitième livre de sa Physique, d'où sont tirés les arguments qui remplissent les trois chapitres suivants: — N.D.L.R La suite de cette note est libellée en latin. Sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
Dernière édition par Louis le Lun 07 Nov 2022, 7:11 am, édité 1 fois (Raison : Insertion des liens des ch. 33 et 34.)
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De la création en général.XXXII.Raisons rapportées par ceux qui
admettent l’éternité du monde,
et qui sont prises en Dieu lui-même,SUITE
2º Le second argument : L'effet procède de la cause qui agit par le moyen de son action propre. Or, l'action de Dieu est éternelle; autrement d'agissant en puissance, il deviendrait agissant en acte, et par conséquent, il serait nécessairement déterminé à l'acte par un autre agent actuel antérieur; ce qui est impossible. Donc les êtres créés par Dieu ont existé éternellement.
3° Dès lors que l'on suppose une cause et qu'elle est suffisante…
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De la création en général.XXXII.Raisons rapportées par ceux qui
admettent l’éternité du monde,
et qui sont prises en Dieu lui-même,SUITE
3° La troisième raison : Dès lors que l'on suppose une cause et qu'elle est suffisante, il est nécessaire de supposer l'effet; car si l’on ne suppose pas nécessairement l'effet lorsque la cause est supposée, cette cause existant, l'effet pourra indifféremment exister ou n'exister pas, et si l'effet suit la cause, ce sera seulement une simple possibilité.
Or, ce qui est possible ne saurait parvenir à l'acte sans y être amené par un autre être. Il faudra donc admettre une certaine cause ayant pour fin de rendre l'effet actuel; ce qui équivaut à dire que la première cause n'était pas suffisante.
Or, Dieu est une cause qui suffit à produire les créatures: autrement il ne mériterait pas le nom de cause; mais plutôt il serait en puissance pour devenir cause, puisqu'il ne passerait à cet état qu'en lui adjoignant un autre être: conséquence dont l'impossibilité est évidente. Il semble donc nécessaire que Dieu existant de toute éternité, la créature soit aussi éternelle.
4º L'être qui agit par sa volonté…
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De la création en général.XXXII.Raisons rapportées par ceux qui
admettent l’éternité du monde,
et qui sont prises en Dieu lui-même,SUITE
4º L'être qui agit par sa volonté, ne tarde à réaliser le dessein qu'il a formé que parce qu'il attend, pour l'avenir, quelque chose qui n'est pas encore arrivé; et quelquefois cette chose est dans l'agent lui-même, comme, par exemple, quand il attend que sa puissance soit assez grande pour agir, ou que l'obstacle qui entravait son action ait disparu. Cela peut exister aussi en dehors de l'agent : ainsi, on diffère une action jusqu’a ce que la personne devant qui on doit la faire soit présente, ou bien qu'il se rencontre un[e] circonstance favorable qui ne s'est pas encore offerte.
En effet, si la volonté est complète, la jouissance exécute aussitôt ses ordres, toutes les fois qu'il n'y a aucun défaut dans l'agent; par exemple, dès que la volonté commande, chaque membre se meut, à moins que la puissance motrice qui accomplit ce mouvement ne soit défectueuse.
Il est donc évident que si quelqu'un veut faire une chose, et qu'elle ne se fasse pas immédiatement, c'est nécessairement, ou à cause d'un défaut de puissance, dont l'agent attend l'éloignement, ou parce que la volonté n'est pas encore complète pour faire la chose dont il s'agit. La volonté est complète quand elle veut faire telle chose absolument et en toutes manières. Elle est incomplète, au contraire, lorsque quelqu'un ne veut pas faire telle chose absolument, mais sous une condition qui n'existe pas encore, ou bien en exigeant l'éloignement d'un obstacle actuel.
Or, il est certain que Dieu a voulu éternellement l'existence de tout être dont il veut l'existence actuelle; car il ne peut survenir en lui aucun mouvement nouveau de la volonté. Sa puissance ne souffre également ni défaut ni empêchement, et il serait absurde de dire qu'il a attendu quelque chose pour produire toute la création, puisque rien n'est incréé que lui seul [ Liv. II, 6 et 15]. Donc il a donné de toute éternité l'existence aux créatures.
5" L'être qui agit par son intelligence ne choisit une chose…
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De la création en général.XXXII.Raisons rapportées par ceux qui
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et qui sont prises en Dieu lui-même,SUITE
5º L'être qui agit par son intelligence ne choisit une chose, de préférence à une autre, qu'à raison d'une certaine prééminence de la première sur la seconde.
Or, il ne peut y avoir de prééminence là où il ne se rencontre aucune différence. Donc on ne peut préférer l'une à l'autre deux choses qui ne diffèrent entre elles sous aucun rapport, et, par conséquent, l'agent qui est indifféremment disposé envers toutes les deux ne sera pas plus capable d'action que la matière; car on doit assimiler une telle puissance à celle de la matière.
Or, il est impossible d'établir une différence entre le non-être et le non-être. Donc il n'y a pas de non-être qui soit préférable à un autre. Il n'y a en dehors de l'universalité des êtres que la seule éternité de Dieu.
Or, on ne peut indiquer dans le néant des moments différents; en sorte que certaines choses doivent se faire plutôt à un instant qu'à un autre. Il n'y en a pas non plus dans l'éternité, qui est tout uniforme et parfaitement simple [liv. I, ch.15].Donc la volonté de Dieu est également disposée, pendant toute l'éternité, à produire les créatures. Donc il veut, ou que la créature ne soit jamais constituée pendant son éternité, ou bien qu'elle existe toujours. Or, sa volonté n'a pas pour objet que la créature ne soit jamais constituée pendant son éternité, puisque toutes les créatures ont été formées par sa volonté.
On arrive donc forcément, comme on le voit, à conclure que la créature a toujours existé.
6º Ce qui existe pour une fin tire sa nécessité de la fin, et cela a lien surtout pour…
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De la création en général.XXXII.Raisons rapportées par ceux qui
admettent l’éternité du monde,
et qui sont prises en Dieu lui-même,SUITE
6º Ce qui existe pour une fin tire sa nécessité de la fin, et cela a lien surtout pour ce qui se fait volontairement. Il est donc indispensable que, la fin restant la même, les êtres qui existent pour cette fin persévèrent dans le même état, ou se produisent de la même manière, à moins qu'il ne s'établisse un nouveau rapport entre eux et leur fin.
Or, la fin des créatures qui procèdent de la volonté de Dieu est la bonté divine; car elle seule peut être la fin de la volonté de Dieu. Si donc la bonté de Dieu, envisagée en elle-même et comparée à sa volonté, reste éternellement la même, il paraît en résulter que les créatures sont appelées à l'existence de la même manière pendant toute l'éternité; car on ne saurait affirmer qu'il est survenu un nouveau rapport entre elles et leur fin, si l'on prétend qu'elles n'ont absolument pas existé avant un certain temps dans lequel on suppose qu'elles ont commence d'être.
7º En affirmant que la bonté de Dieu atteint le plus haut degré de la perfection…
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Chap. XXXIII Raisons prises dans les créatures.De la création en général.XXXII.Raisons rapportées par ceux qui
admettent l’éternité du monde,
et qui sont prises en Dieu lui-même,SUITE
7º En affirmant que la bonté de Dieu atteint le plus haut degré de la perfection, on ne veut pas dire que tout procède de lui à cause de sa bonté, de telle sorte qu'elle reçoive quelque accroissement de la part des créatures ; mais il en est ainsi, parce que c'est le propre de la bonté de se communiquer, autant que le permet la nature de l'être dans lequel elle se manifeste.
Or, puisque tous les êtres participent à la bonté de Dieu, en tant qu'ils ont l'existence, plus leur durée sera longue, et plus cette participation sera complète. C'est pour cela que l'on regarde comme divin l'être [esse] éternel d'une espèce (2). Or, la bonté divine est infinie. Donc il lui appartient de se communiquer infiniment, et non pas seulement pendant un temps déterminé. Donc la bonté divine paraît demander qu'il y ait eu éternellement quelques créatures.
Tels sont les arguments pris en Dieu lui-même, et au moyen desquels on semble prouver qu'il a existé des créatures pendant toute l'éternité.
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(2) L'être de l'espèce est éternel, parce qu'il n'est autre que l'essence, et que les essences sont éternelles. L'être individuel est transitoire, parce que l'individu lui-même est contingent. Le premier est quelque chose de divin, non pas qu'il fasse partie de l'être de Dieu, mais en ce sens que les essences sont en Dieu et qu'elles ont avec lui ce trait de ressemblance, qu'elles sont incréées, et, par conséquent, éternelles.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXXIII.Raisons prises dans les créatures.
On apporte encore d'autres raisons prises dans les créatures elles-mêmes, et qui paraissent démontrer la même chose.
1° Il est impossible que ce qui n'a aucune puissance pour le non-être n'existe pas.
Or, il y a des créatures qui n'ont aucune puissance pour le non-être. En effet, une telle puissance ne peut se rencontrer que dans les êtres qui ont une matière soumise à la contrariété ; car la puissance d'être et de n'être pas est la puissance de subir la privation et de recevoir la forme qui ont pour sujet la matière, et la privation est inséparable d'une forme contraire, puisque la matière ne peut exister absolument sans forme. Or, on trouve des créatures dont la matière n'est pas soumise à la contrariété, ou parce qu'elles sont totalement séparées de la matière, comme les substances intellectuelles, ainsi que nous le démontrerons plus loin [ch. 50], ou parce qu'elles n'ont aucun principe contraire: tels sont les corps célestes; et ce qui nous le prouve, c'est que leur mouvement n'est pas contrarié par un autre. Donc certaines créatures sont dans l'impossibilité de ne pas exister. Donc elles existent nécessairement toujours.
2° La durée de l'existence de chaque chose est dans une proportion exacte avec sa puissance d'exister…
Dernière édition par Louis le Ven 03 Fév 2023, 7:12 am, édité 1 fois (Raison : Insertion du lien du [ch. 50].)
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXXIII.Raisons prises dans les créatures.
2° La durée de l'existence de chaque chose est dans une proportion exacte avec sa puissance d'exister, à moins qu'elle ne soit violemment détruite, comme cela arrive quelquefois.
Or, il y a des créatures qui ont la puissance d'exister, non pour un temps déterminé seulement, mais pour toujours. De ce nombre sont les corps célestes et les substances intellectuelles, qui sont incorruptibles, puisqu'il n'y a pas en eux de principes contraires. Donc il leur appartient d'exister toujours.
Or, ce qui commence à être n'existe pas toujours. Donc il ne leur convient pas de commencer à exister.
3° Toutes les fois qu'un être est soumis à un nouveau mouvement…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXXIII.Raisons prises dans les créatures.SUITE
3° Toutes les fois qu'un être est soumis à un nouveau mouvement, le moteur et le sujet qui est mû sont nécessairement, lorsque ce mouvement est produit, dans une disposition autre que pendant le temps qui l'a précédé; car il survient une certaine habitude ou relation entre le moteur et son mobile, lorsqu'il le meut actuellement.
Or, une relation nouvelle ne peut commencer à exister sans qu'il y ait changement dans les deux extrêmes, ou au moins dans l'un des deux, et ce qui se trouve actuellement dans d'autres conditions que par le passé est soumis au mouvement.
Donc le nouveau mouvement doit être précédé d'un autre qui a pour sujet le mobile ou le moteur. Donc tout mouvement est éternel, ou bien succède à un autre mouvement. Donc le mouvement a toujours existé. Donc il y a toujours eu des mobiles, et par conséquent des créatures; car Dieu est absolument immobile [ou immuable] [liv. I, ch.13].
4° Tout agent qui produit quelque chose de semblable…
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De la création en général.XXXIII.Raisons prises dans les créatures.SUITE
4° Tout agent qui produit quelque chose de semblable à lui-même tend à conserver dans l'espèce l'existence perpétuelle, qui ne peut se conserver dans l'individu. Or, une tendance de la nature ne peut être vaine. Donc les espèces qui peuvent se reproduire par la génération doivent être éternelles.
5° Si la durée du temps est perpétuelle…
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De la création en général.XXXIII.Raisons prises dans les créatures.SUITE
5° Si la durée du temps est perpétuelle, le mouvement sera aussi perpétuel, puisque le temps est la mesure du mouvement. D'où il suit que les mobiles participeront à cette perpétuité; car le mouvement est l'acte du mobile.
Or, le temps doit avoir une durée perpétuelle. On ne conçoit pas, en effet, de temps sans un instant actuel, de même que la ligne ne saurait se concevoir sans le point, et l'instant actuel est la fin du passé et le commencement du futur; car telle est sa définition (1). Ainsi tout instant actuel est précédé d'un temps passé, et il en vient un autre après lui. Par conséquent, aucun instant ne peut être le premier ni le dernier. Donc les mobiles, qui sont des substances créées, existent de toute éternité.
6° Tout doit être ou affirmé ou nié…
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(1) Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
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De la création en général.XXXIII.Raisons prises dans les créatures.SUITE
6° Tout doit être ou affirmé ou nié. Si donc, après avoir nié une chose, on est obligé de la supposer, cette chose est nécessairement toujours.
Or, c'est ce qui a lieu pour le temps. En effet, si le temps n'a pas toujours été, il faut considérer sa non-existence avant son existence. Également, s'il n'est pas toujours futur, sa non-existence doit être postérieure à son existence.
Or, il ne peut y avoir priorité et postériorité quant à la durée, sans que le temps existe; car le temps est le nombre de ce qui est avant et de ce qui vient après, et ainsi il est nécessaire que le temps ait été avant de commencer, et qu'il doive exister après avoir cessé. Donc le temps est nécessairement éternel.
Or, le temps est un accident qui ne peut être sans sujet, et ce sujet n'est pas Dieu, qui est au-dessus du temps, puisqu'il est complètement immuable [Liv. I, 13 et 15]. Donc il existe une substance créée éternelle.
7° Il y a une multitude de propositions qui…
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
Chap. XXXIV Raisons prises dans la création.De la création en général.XXXIII.Raisons prises dans les créatures.SUITE
7° Il y a une multitude de propositions qui sont telles que celui qui les nie ne peut éviter de les supposer. Si quelqu'un, par exemple, nie que la vérité existe, il établit son existence, puisqu'il affirme que sa proposition négative est vraie. Il en est de même, si l'on nie ce principe, que les deux termes de la contradiction ne sont pas vrais en même temps; car celui qui nie prétend que sa négation est vraie et que l'affirmation opposée est fausse, et, par conséquent, que la négation et l'affirmation ne sont pas vraies en même temps, appliquées au même objet. Si donc la chose que l'on suppose inévitablement en la niant doit exister toujours, comme nous venons de le montrer, il s'ensuit que ces propositions et toutes celles qui en découlent sont éternelles.
Or, ces propositions ne sont pas Dieu. Donc il y a nécessairement quelque chose d'éternel en dehors de Dieu. On peut donc tirer des créatures ces arguments et d'autres semblables, pour démontrer qu'elles ont toujours existé.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXXIV.Raisons prises dans la création.
La même proposition se prouve encore par les raisons suivantes, prises dans la création :
1° Il est impossible qu'une chose affirmée communément par tous soit fausse en tous points; car une opinion fausse indique une sorte d'infirmité de l'intelligence, de même qu'un jugement faux, porté sur l'objet propre d'un sens, ne peut provenir que de l'infirmité de ce sens.
Or, un défaut ne se rencontre que par accident; car il est en dehors des vues de la nature, et ce qui se rencontre par accident ne peut exister toujours et chez tous les êtres. Par exemple, le jugement que l'on porte sur les saveurs, et qui est confirmé par le goût universel, no peut se trouver faux; il est également impossible que tous ceux qui se prononcent pour la vérité soient ensemble dans l'erreur.
Or, c'est un sentiment commun, parmi les philosophes, que rien ne se fait de rien (1). Donc il doit être vrai. Si donc quelque chose est fait, cela est fait nécessairement de quelque chose, et si ce quelque chose a été fait, à son tour, il a été fait aussi nécessairement de quelque autre chose.
Or, on ne peut remonter ainsi jusqu'à l'infini ; car il n'y aurait aucune génération complète, puisqu'il n'est pas possible d'aller au-delà de ce qui est infini. On devra donc arriver à un être premier, qui n'a pas été fait.
Or, tout être qui n'a pas toujours été a nécessairement été fait. Donc celui dont tous les autres ont primitivement été faits est éternel.
Or, cet être n'est pas Dieu; car Dieu ne saurait être la matière d'aucune chose [liv. I, ch.17]. Donc il existe en dehors de Dieu quelque chose d'éternel, savoir la matière première.
2º Tout être qui ne se trouve pas actuellement dans le même état qu'auparavant a…
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(1) Cette note est libellée en latin. Sur demande, nous la publierons. Bien à vous.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXXIV.Raisons prises dans la création.SUITE
2º Tout être qui ne se trouve pas actuellement dans le même état qu'auparavant a certainement subi quelque changement ; car le mouvement consiste dans la différence de l'état présent avec l'état passé. Or, ce qui commence de nouveau à exister n'est pas maintenant dans les mêmes conditions où il se trouvait auparavant. Donc c'est le résultat d'un certain mouvement ou changement.
Or, tout mouvement ou changement a un sujet; car c'est l'acte du mobile. Et comme le mouvement est antérieur à ce qui se fait par le mouvement, puisque cet objet en est le terme, il existe de toute nécessité, avant l'être qui est fait, un sujet mobile. Comme aussi on ne peut remonter jusqu'à l'infini, il faudra arriver à un premier sujet qui n'a pas une existence nouvelle, mais qui existe toujours.
3° Tout ce qui commence à exister avait une existence possible…
Dernière édition par Louis le Sam 26 Nov 2022, 6:59 am, édité 1 fois (Raison : Caractère gras.)
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXXIV.Raisons prises dans la création.SUITE
3º Tout ce qui commence à exister avait une existence possible avant d'exister réellement; car si un tel être n'avait pas la possibilité d'exister, il était dans la nécessité de n'exister pas. Par conséquent, il serait resté éternellement à l'état de non-être, et jamais il n'aurait commencé d'être.
Or, ce qui a la possibilité d'exister est un sujet qui est un être en puissance. Donc il doit exister avant tout ce qui commence un sujet qui soit un être en puissance. Et parce qu'on ne peut remonter jusqu'à l'infini, il faut arriver à supposer un premier sujet qui n'a pas commencé d'exister.
4° Aucune substance n'existe tandis qu'elle se fait…
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Chap. XXXV. Réponses aux arguments tirés de Dieu.De la création en général.XXXIV.Raisons prises dans la création.SUITE
4° Aucune substance n'existe tandis qu'elle se fait; car elle se fait pour exister, et elle ne se ferait pas si elle était déjà. Mais tandis qu'elle se fait, il doit y avoir quelque chose comme sujet de la création; car la création étant un accident, elle ne peut exister sans sujet. Donc il y a un sujet qui préexiste à tout ce qui se fait; et comme cela ne saurait se multiplier à l'infini, il résulte que le premier sujet n'a pas été fait, mais qu'il est éternel. Il s'ensuit de plus qu'il y a quelque chose d'éternel en dehors de Dieu, puisqu'il ne peut être sujet de la création ou du mouvement.
Telles sont les raisons que plusieurs regardent comme démonstratives, et au moyen desquelles ils prétendent prouver que les êtres créés ont toujours été. Ils contredisent en cela la foi catholique, qui enseigne que rien n'a existé de toute éternité, si ce n'est Dieu, et que tous les êtres ont commencé à exister, excepté Dieu, qui est seul éternel.
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Re: Somme de la Foi catholique contre les Gentils.
De la création en général.XXXV.Réponses aux arguments tirés de Dieu.
Nous avons donc, après cet exposé, à démontrer que l'on n'est aucunement forcé de tirer des conclusions semblables des raisons alléguées, et surtout de celles qui sont prises dans l'agent. Car :
1º De ce que les effets qui ont Dieu pour cause commencent à exister, il ne s'ensuit pas que Dieu entre en mouvement essentiellement ou par accident, ainsi qu'on veut l'établir par la première raison. La nouveauté d'un effet peut, il est vrai, devenir le signe d'un changement de l'agent, en ce qu'elle indique une action nouvelle; car un agent ne peut faire une action nouvelle sans être mû en quelque manière, en passant, au moins, du repos à l'action. Cependant, la nouveauté d'un effet divin ne dénote pas une action nouvelle en Dieu, puisque son action est son essence [liv. I, ch.45].Donc on ne peut s'en servir pour prouver qu'il y a changement en Dieu lorsqu'il agit.
2° Quoique l'action du premier agent soit éternelle, on n'en peut pas conclure que…
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