Silence on tourne, prise 55!

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Message  Louis Mer 24 Juin 2020, 7:22 am

Bonjour à tous,

En 1955, Sa Sainteté Pie XII a reçu en audience les représentants du monde cinématographique italien le 21 juin, dans un premier temps, et de ceux des principaux pays  du monde entier, le 28 octobre, dans un deuxième temps.

Dès publication sur TE DEUM, nous insérerons des liens pour faciliter la lecture.

Bien à vous.

SOURCE : 21 juin http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/cpp.htm#ea ;  28 octobre http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/cpz.htm#is

_______________________________________________

Pie XII et le cinéma

Table des Matières


* Introduction.

I. Importance de l’art du cinéma :

* Le nombre de spectateurs. —  * Causes essentielles : — a) la perfection croissante de la technique du film,  — b) le perfectionnement de l’élément artistique,  — c) les lois de la psychologie des foules, — d) la part laissée à l’interprétation personnelle du spectateur. — * L'énorme influence exercée par le film a attiré l'attention de tous — individus ou collectivités — qui ont le sens des responsabilités. — * Que les producteurs se soucient eux aussi de la valeur morale autant qu'artistique des films qu'ils lancent.

II. Le film idéal.

* Les trois qualités du film idéal  

1. Le film idéal considéré par rapport au spectateur :

a) Respect de la dignité du spectateur. — b) Affectueuse compréhension de sa vie, de ses expériences et de ses états d’âme. —  c) Accomplissement des promesses et la satisfaction des désirs offerts peut-être et suscités dès le début. —  d) Ce film idéal a une mission haute et positive à remplir.  

* Le film idéal, efficace instrument d’élévation, d’éducation et d’amélioration. —   * Films d’enseignement.

2. * Le film considéré objectivement, c’est-à-dire, en ce qu’il contient :

* Films d’action :

a) Films de sujet religieux. — b) Le film dans la représentation du mal.


3. * Le film considéré en rapport avec la communauté :

a) à la famille. — b) à l’État. — c) à l’Église.

*  Conclusion.


Dernière édition par Louis le Mer 22 Juil 2020, 6:06 am, édité 28 fois

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Message  Louis Mer 24 Juin 2020, 7:29 am

ALLOCUTION DE SA SAINTETÉ

PIE XII
 
AUX REPRÉSENTANTS DU MONDE CINÉMATOGRAPHIQUE
I - AUX REPRÉSENTANTS DE L'INDUSTRIE
CINÉMATOGRAPHIQUE ITALIENNE

(Audience du 21 juin 1955)

INTRODUCTION

C'est pour Nous un très grand plaisir, Messieurs, d'accueillir en Notre présence les dignes représentants de ce monde du cinéma, dont l'extension et le prestige ont atteint en quelques années des proportions extraordinaires, au point d'imprimer en quelque sorte sa marque à notre siècle.

Le Saint-Père commence son discours en disant que son cœur est partagé entre la joie et l'anxiété en pensant au bien et au mal que peut faire le cinéma.

Bien que d'autres fois et en différentes circonstances Nous ayons accordé à l'activité cinématographique une attention pleine de sollicitude, Nous sommes heureux de rencontrer aujourd'hui personnellement ceux qui s'y consacrent de façon stable, pour ouvrir Notre cœur de pasteur où l'éloge envers les réalisations remarquables obtenues par eux s'accompagne d'une vive anxiété pour le sort de tant d'âmes sur lesquelles le cinéma exerce un pouvoir profond.

C'est à juste titre qu'on peut parler d'un « monde du cinéma », quand on pense à l'activité vaste et dynamique à laquelle le cinéma a donné naissance, soit dans le domaine strictement artistique, soit dans celui de l'économie et de la technique. Il dépend de légions de producteurs, d'écrivains, de réalisateurs, d'acteurs, de musiciens, d'opérateurs, de techniciens et de tant d'autres, dont les emplois sont désignés par des noms nouveaux de nature à constituer une nomenclature particulière dans la linguistique moderne. Que l'on pense encore aux établissements industriels innombrables et complexes qui pourvoient à la production des matériaux et des machines, aux studios, aux salles de spectacle : si l'on imaginait tout cet ensemble réuni en un seul lieu, il constituerait certainement une des plus grandes villes du globe, et, de fait, à la périphérie de nombreuses villes on en trouve de semblables, de dimensions plus réduites. De plus, le cercle des intérêts économiques créés par le cinéma et gravitant autour de lui, soit pour la production des films, soit pour leur utilisation, trouve peu d'équivalents dans l'industrie privée, spécialement si l'on considère la masse des capitaux engagés, la facilité avec laquelle ils sont offerts, et combien vite ils font retour aux industriels eux-mêmes, non sans d'enviables bénéfices.

Or ce monde du cinéma ne peut pas ne pas créer autour de soi un champ d'influence extraordinairement large et profond dans la pensée, dans les mœurs et dans la vie des pays où il déploie son pouvoir, surtout parmi les classes les plus humbles, pour lesquelles le cinéma constitue souvent l'unique détente après le travail, et parmi la jeunesse, qui voit dans le cinéma le moyen rapide et agréable de rassasier la soif de connaissance et d'expériences que son âge lui promet.

De la sorte, au monde du cinéma de la production, que vous représentez, fait pendant un monde particulier et bien plus vaste, celui des spectateurs, qui, avec plus ou moins d'assiduité et d'efficacité, reçoivent du premier une orientation déterminée dans leur culture, leurs idées, leurs sentiments et souvent dans la conduite même de leur vie. Cette simple considération montre clairement que l'art du cinéma doit être convenablement étudié dans ses causes et dans ses effets, afin que cette activité, comme toute autre, soit orientée vers le perfectionnement de l'homme et la gloire de Dieu.

I. L'importance de l’art du cinéma…

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Message  Louis Jeu 25 Juin 2020, 6:10 am

I. L'importance de l’art du cinéma.

Le nombre des spectateurs, dans les salles de cinéma, est évalué à plusieurs milliards, chaque année, pour le monde entier.

L'extraordinaire pouvoir du cinéma dans la société contemporaine paraît à la soif croissante qu'elle en a et qui, mise en chiffres, constitue un phénomène tout à fait nouveau et étonnant. Dans la copieuse documentation qui Nous a été aimablement communiquée, on rapporte, entre autres, que durant l'année 1954, le nombre des spectateurs pour l'ensemble de tous les pays du monde a été de douze milliards, parmi lesquels deux milliards et demi pour les Etats-Unis d'Amérique, un milliard trois cents millions pour l'Angleterre, tandis que le chiffre de huit cents millions met l'Italie au troisième rang.

Où ce nouvel art puise-t-il l'attrait fascinant grâce auquel, depuis…

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Message  Louis Ven 26 Juin 2020, 7:12 am

I. L'importance de l’art du cinéma.

Causes essentielles de cette extraordinaire attraction du cinéma

Où ce nouvel art puise-t-il l'attrait fascinant grâce auquel, depuis environ soixante ans qu'il est apparu, il a obtenu le pouvoir quasi magique d'attirer dans l'obscurité de ses salles, et non certes gratuitement, des foules qui se comptent par milliards ? Quel est le secret du charme qui fait de ces foules ses clients assidus ? Dans la réponse à ces questions se trouvent les causes fondamentales dont dérivent la grande importance et la popularité si étendue du cinéma.

La première force d'attraction d'un film naît de ses qualités techniques…

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Message  Louis Sam 27 Juin 2020, 7:09 am

I. L'importance de l’art du cinéma.

(SUITE)

a) la perfection croissante de la technique du film

La première force d'attraction d'un film naît de ses qualités techniques, lesquelles opèrent le prodige de transporter le spectateur dans un monde imaginaire, ou bien, pour un film documentaire, de mettre sous ses yeux la réalité distante dans l'espace et dans le temps.

La technique occupe donc la première place dans l'origine et dans l'évolution du cinéma. Elle a précédé le film et l'a rendu d'abord possible ; c'est elle encore qui le rend chaque jour plus agréable, facile, vivant. Les principaux éléments techniques d'un spectacle cinématographique existaient déjà avant que le film naisse, puis petit à petit le film s'en est emparé, jusqu'à pousser enfin la technique à créer de nouveaux moyens pour son service.

Dans cette influence réciproque la technique et le film ont ainsi évolué rapidement vers la perfection, partant de la prise de vue floue d'un train qui arrive pour passer au film animé par des idées et des sentiments, d'abord avec des personnages muets, puis parlants, puis se mouvant dans des lieux sonorisés par des bruits et de la musique. Préoccupé de réaliser la transposition parfaite du spectateur dans le monde irréel, le film a réclamé à la technique les couleurs de la nature, puis les trois dimensions de l'espace, et il tend maintenant par des procédés hardis à faire pénétrer le spectateur dans la scène vivante.

Quand on revoit aujourd'hui un film vieux de quarante ans, on peut noter les merveilleux progrès techniques obtenus et on doit admettre que, grâce à eux, un film d'aujourd'hui, même simplement sonore et en blanc et noir constitue une splendide représentation.

Mais plus que de la qualité technique…

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Message  Louis Dim 28 Juin 2020, 7:06 am

I. L'importance de l’art du cinéma.

(SUITE)

b) le perfectionnement de l'élément artistique

Mais plus que de la qualité technique, la force d'attraction et l'importance du film dérivent du perfectionnement de l'élément artistique, qui s'est affiné non seulement par suite de la contribution d'auteurs, d'écrivains et d'acteurs choisis selon des critères rigoureux, mais aussi en vertu de l'émulation vive qui s'est établie entre eux dans une compétition mondiale.

De la simple narration visuelle d'un événement ordinaire on est arrivé à mettre à l'écran le cours de la vie humaine dans ses drames multiformes, en analysant dans le détail les idéaux, les fautes, les espérances, les médiocrités ou les profondeurs d'un ou de plusieurs personnages.

Une maîtrise grandissante dans l'invention et la formation du sujet a rendu le spectacle toujours plus vivant et plus palpitant ; il a d'ailleurs tiré parti du pouvoir traditionnel de l'art dramatique de tous les temps et de toutes les cultures, jouissant même sur lui d'un avantage notable grâce à la grande liberté de mouvement, à l'ampleur de la scène et aux autres effets propres du cinéma.

Mais pour pénétrer toute l'efficacité du film et pour apprécier à sa juste valeur la cinématographie…

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Message  Louis Lun 29 Juin 2020, 7:33 am

I. L'importance de l’art du cinéma.

(SUITE)

c) les lois de la psychologie des foules

Mais pour pénétrer toute l'efficacité du film et pour apprécier à sa juste valeur la cinématographie, il faut porter son attention sur la part importante qu'y tiennent les lois de la psychologie, soit pour expliquer la manière dont le film agit sur les esprits, soit qu'on s'en serve consciemment pour faire plus d'impression sur les spectateurs. Les spécialistes de cette science observent avec soin le processus d'action et de réaction que suscite la vision du film, en appliquant la méthode d'enquête, l'analyse, les résultats de la psychologie expérimentale et scrutant les couches secrètes du subconscient et de l'inconscient. Non seulement ils recherchent l'influence du film en tant que reçu passivement par le spectateur, mais ils analysent également sa puissance connexe d'activation psychique, selon ses lois immanentes, c'est-à-dire le pouvoir qu'il a de subjuguer un esprit par le charme de la représentation.

Si, par suite de l'une et l'autre influence, le spectateur demeure vraiment prisonnier du monde qui défile devant ses yeux, il est poussé à transférer d'une certaine manière son moi, avec ses dispositions psychiques, ses expériences intimes, ses désirs latents et mal définis, dans la personne de l'acteur. Durant tout le temps de cette sorte d'enchantement, dû en grande partie à la suggestion du protagoniste, le spectateur se meut dans le monde de celui-ci comme si c'était le sien, et même, en un certain sens et jusqu'à un certain point, il vit à sa place et comme en lui, en parfaite communion de sentiment ; parfois même il est entraîné par l'action à lui suggérer des paroles et des expressions.

Ce processus, que les metteurs en scène des films modernes connaissent bien et dont ils cherchent à tirer profit, a pu être comparé à l'état onirique, avec la différence que les visions et les images du rêve jaillissent seulement du monde intime de celui qui rêve, tandis que pour le spectateur elles proviennent de l'écran, de manière toutefois à en susciter d'autres, plus vives et plus chères, du plus profond de sa conscience. Il arrive souvent alors que le spectateur voit se réaliser sous les images de personnes et de choses, ce qui ne s'est jamais produit dans les faits, mais ce qu'il a cependant plusieurs fois pensé profondément, désiré ou craint en lui-même.

C'est donc à raison que le pouvoir extraordinaire du film trouve son explication la plus profonde dans la structure intime du fait psychique, et le spectacle est d'autant plus attachant que le film en stimule davantage les processus.

Par conséquent le réalisateur lui-même est continuellement poussé à affiner sa propre sensibilité psychologique et sa perspicacité par l'effort qu'il fait pour rechercher la forme la plus efficace en vue de communiquer au film ce pouvoir cité plus haut, lequel peut agir dans une direction morale bonne ou mauvaise.

En fait les dynamismes intimes du moi du spectateur, dans le fond de sa nature, de son subconscient et de son inconscient, peuvent le conduire aussi bien dans le royaume de la lumière, de la noblesse, du beau, que dans les domaines des ténèbres et de la dépravation, à la merci d'instincts extrêmement puissants et effrénés, selon que le spectacle met en évidence et stimule les éléments de l'un ou de l'autre domaine et en fait le centre de l'attention, du désir et de l'impulsion psychique. La condition de la nature humaine est effectivement telle que les spectateurs n'ont pas ou ne conservent pas toujours, ni tous, l'énergie spirituelle, la réserve intérieure, souvent même la volonté de résister à la suggestion attirante et avec cela la capacité de se dominer et de se guider soi-même.

A côté de ces causes fondamentales et de ces explications de l'attirance et de l'importance du film…

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Message  Louis Mar 30 Juin 2020, 6:35 am

I. L'importance de l’art du cinéma.

(SUITE)

d) la part laissée à l'interprétation personnelle du spectateur

A côté de ces causes fondamentales et de ces explications de l'attirance et de l'importance du film, un autre élément psychique actif a été amplement mis en lumière. C'est l'interprétation libre et personnelle du spectateur et la prévision du développement futur de l'action qui procure, en quelque mesure, le plaisir propre de qui crée un événement. Le metteur en scène tire également profit de cet élément par des gestes habiles, apparemment insignifiants comme pourraient être par exemple un mouvement de main, un haussement d'épaules, une porte laissée entr’ouverte.

Avec des méthodes propres, le film a ainsi adopté les canons de la narration traditionnelle — fondés eux aussi sur les lois de la psychologie —, dont le premier consiste à tenir l'attention du lecteur constamment soutenue jusqu'au dernier épisode, en suscitant en lui des suppositions, des attentes, des espérances, des craintes, en un mot en le mettant dans l'angoisse de ce qui arrivera aux personnages devenus désormais, d'une certaine manière, ses connaissances.

Ce serait donc une erreur de présenter dès le début d'une manière claire et limpide la trame de la narration ou de la vision. Au contraire, le livre, et plus encore peut-être le film, en vertu des moyens les plus variés et les plus subtils dont il dispose, trouve son charme typique en incitant le spectateur à donner sa propre interprétation du récit, en l'invitant par une logique à peine esquissée ou d'agréables artifices, à entrevoir ce qui est indéterminé, à prévenir une action, à anticiper une impression, à résoudre un cas.

Ainsi, en s'adaptant de la sorte à l'activité psychique du spectateur, le film accroît encore le charme de la représentation cinématographique.

Une fois éprouvée la force pénétrante du film et vérifié le…

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Message  Louis Mer 01 Juil 2020, 6:53 am

I. L'importance de l’art du cinéma.

(SUITE)

L'énorme influence exercée par le film a attiré l'attention de tous — individus ou collectivités — qui ont le sens des responsabilités.

Une fois éprouvée la force pénétrante du film et vérifié le fait de sa large influence dans les rangs du peuple et sur les mœurs, la cinématographie a attiré l'attention tant des autorités compétentes, civiles et ecclésiastiques, que de la collectivité et de tous ceux qui sont doués d'un jugement serein et d'un véritable sens des responsabilités.

A la vérité, comment pourrait-on laisser livré à soi-même ou conditionné par le seul intérêt économique un moyen, en soi tout à fait noble, mais tellement puissant pour élever les âmes ou les dépraver ? un instrument prompt à faire le bien mais aussi à répandre le mal ?

La vigilance et la réaction des pouvoirs publics, pleinement justifiées par le droit de défendre le patrimoine commun civil et moral, se manifestent sous des formes diverses : par la censure civile et ecclésiastique des films et, s'il est nécessaire, par leur prohibition ; par la publication de listes provenant de commissions d'examen des films qui les qualifient selon leur valeur afin de fournir au public des informations et des normes.

Il est bien vrai que l'esprit de notre temps, qui se montre plus qu'il ne convient irrité des interventions des pouvoirs publics préférerait une défense qui proviendrait directement de la collectivité. Il serait certainement désirable que l'on obtînt l'accord des bons contre le film corrupteur, partout où il se montre, pour le combattre par les moyens juridiques et moraux à leur disposition ; une telle action n'est cependant pas en soi suffisante.

L'ardeur du zèle privé peut s'attiédir, et de fait s'attiédit bien vite, comme le démontre l'expérience. Au contraire la propagande agressive ne s'attiédit pas, qui tire souvent du film d'abondants bénéfices et qui souvent trouve un allié facile au fond même de l'homme, Nous voulons dire dans l'instinct aveugle avec ses attraits ou ses impulsions brutales et basses.

Si, en conséquence, le patrimoine civil et moral du peuple et des familles doit être protégé de manière efficace, il est plus que juste que l'autorité publique intervienne comme il se doit pour empêcher ou freiner les influences les plus dangereuses.

Laissez-Nous maintenant vous adresser…

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Message  Louis Jeu 02 Juil 2020, 6:24 am

I. L'importance de l’art du cinéma.

(SUITE)

Que les producteurs se soucient eux aussi de la valeur morale autant qu'artistique des films qu'ils lancent.

Laissez-Nous maintenant vous adresser, à vous qui êtes si pleins de bonne volonté, une parole, Nous voudrions presque dire confidentielle et paternelle. Ne serait-il pas opportun que l'appréciation honnête et le rejet de ce qui est indigne ou inférieur fût dès le début et d'une manière particulière entre vos mains? Dans ce cas on ne pourrait certainement pas parler d'incompétence ou de prévention, si vous, par un jugement mûr, formé selon de sages principes moraux, et dans un dessein sérieux, vous réprouviez ce qui cause du dommage à la dignité humaine, au bien des particuliers et de la société, et spécialement à la jeunesse.

Aucun esprit sensé ne pourrait ignorer ou railler votre verdict consciencieux et pondéré dans une matière qui concerne votre propre profession. Faites donc largement usage de ce prestige et de cette autorité que votre savoir, votre expérience, la dignité de votre travail vous confèrent. Remplacez les spectacles insignifiants ou pervertisseurs par des images bonnes, nobles, belles, qui, sans être troubles peuvent certainement être attirantes et même toucher au sommet de l'art. Vous aurez avec vous l'accord et l'approbation de tous ceux qui ont un jugement sain et une volonté droite, et surtout l'approbation de votre conscience.

II. - Le film idéal…

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Message  Louis Ven 03 Juil 2020, 7:03 am

II. Le film idéal.

Les trois qualités du film idéal.

Nous avons jusqu'ici consacré une partie de Notre exposé au film tel qu'il est en réalité, à présent; maintenant Nous voudrions, dans une seconde partie, dire Notre pensée sur le film tel qu'on voudrait qu'il fût, c'est-à-dire du film idéal.

Avant tout une question préalable: peut-on parler d'un film idéal? L'usage appelle idéal ce à quoi rien ne manque de ce qui lui est propre mais qui au contraire le possède d'une manière parfaite. Y a-t-il en ce sens un film simplement idéal? Certains ont coutume de nier qu'un idéal absolu puisse exister; en d'autres termes, on affirme que tout idéal est relatif, c'est-à-dire que l'idéal signifie toujours quelque chose, mais seulement pour une personne ou une chose déterminée. La divergence d'opinion est causée en grande partie par les critères différents employés pour distinguer les éléments essentiels des éléments accessoires. En effet, bien qu'on en affirme la relativité, l'idéal ne manque jamais d'un noyau absolu, qui se réalise dans tous les cas, même dans la multiplicité et la variété des éléments secondaires, requis par leur relation à un cas déterminé.

Ceci dit, il Nous semble qu'il faut considérer le film idéal sous trois aspects :

1) par rapport au sujet, c'est-à-dire aux spectateurs auxquels le film est destiné ;

2) par rapport à l'objet, c'est-à-dire au contenu du film lui-même ;

3) par rapport à la communauté sur laquelle, comme Nous le disions tantôt, il exerce une influence particulière.

Puisque Nous désirons Nous arrêter un peu sur cet argument important, Nous nous bornerons aujourd'hui à traiter le premier aspect, en réservant le second et le troisième à une autre audience, si l'occasion Nous en est donnée.

Le film idéal considéré par rapport au spectateur…

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Message  Louis Sam 04 Juil 2020, 6:27 am

II. Le film idéal.

1. Le film idéal considéré par rapport au spectateur.

Sa première qualité doit être le respect de la dignité du spectateur.

a) Le premier caractère qui doit à cet égard distinguer le film idéal est le respect envers l'homme. Il n'y a en effet aucun motif pour qu'il échappe à la norme générale, selon laquelle celui qui traite avec des hommes doit être rempli de respect pour l'homme.

Bien que les différences d'âge, de condition et de sexe puissent suggérer une attitude différente et une adaptation, l'homme conserve toujours cependant la dignité et la noblesse que le Créateur lui donna quand il le fit à son image et à sa ressemblance (Gen. 1,26). Dans l'homme, se trouve l'âme spirituelle et immortelle ; le microcosme avec sa multiplicité et son polymorphisme, avec l'agencement merveilleux de toutes ses parties ; la pensée et la volonté avec la plénitude et l'ampleur de leur champ d'activité ; la vie affective avec ses élévations et ses profondeurs ; le monde des sens avec son pouvoir, sa perception et sa sensation multiforme ; le corps formé jusque dans ses dernières fibres selon une téléologie qui n'est pas encore entièrement explorée. L'homme est constitué seigneur de ce microcosme ; il doit se guider librement lui-même selon les lois du vrai, du bien et du beau, comme la nature, la vie en commun avec ses semblables et la révélation divine le lui indiquent.

Puisque le spectacle cinématographique, comme on l'a observé, a le pouvoir d'orienter l'esprit du spectateur vers le bien ou vers le mal, Nous n'appellerons un film idéal que si non seulement il n'offense pas ce que Nous venons de décrire mais le traite avec respect. Bien plus, cela même ne suffit pas ! Nous devons dire: s'il renforce et élève l'homme dans la conscience de sa dignité; s'il lui fait connaître et aimer davantage le rang élevé où le Créateur le mit dans sa nature; s'il lui parle de la possibilité d'accroître en lui les qualités d'énergie et les vertus dont il dispose; s'il consolide en lui la persuasion qu'il peut vaincre des obstacles et éviter des décisions erronées; qu'il peut toujours se relever de ses chutes et se remettre sur la bonne route; enfin qu'il peut progresser du bien au mieux en se servant de sa liberté et de ses facultés.

Un tel film aurait déjà en réalité la fonction fondamentale d'un film idéal ; mais…

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Message  Louis Dim 05 Juil 2020, 6:06 am

II. Le film idéal.

1. Le film idéal considéré par rapport au spectateur.

(SUITE)

Au respect du spectateur doit s'ajouter une affectueuse compréhension  de sa vie, de ses expériences et de son état d'âme.

b) Un tel film aurait déjà en réalité la fonction fondamentale d'un film idéal ; mais on peut encore lui accorder quelque chose de plus si, au respect de l'homme s'ajoute une compréhension affectueuse. Rappelez-vous la parole émouvante du Seigneur : « J'ai pitié de ce peuple » (Mc 8,2).

La vie humaine ici-bas a ses grandeurs et ses abîmes, ses ascensions et ses déclins, elle se meut parmi les vertus et les vices, les conflits, les difficultés et les trêves, elle connaît victoires et défaites. Tout cela chacun l'expérimente à sa façon selon ses conditions internes et externes et selon les différents âges qui, comme un fleuve, le portent de paysages montagneux vers les collines boisées et vers les plaines illimitées brûlées de soleil.

Ainsi se diversifient les conditions de mouvement et de lutte ; chez l'enfant, à l'éveil de son esprit ; chez le garçon, la première fois qu'il possède pleinement l'usage de la maîtrise de sa raison ; chez le jeune homme, pendant les années de son développement quand de grandes tempêtes alternent avec de merveilleuses éclaircies ; chez l'homme mûr souvent totalement absorbé dans la lutte pour la vie avec ses secousses inévitables ; chez le vieillard, qui, jetant avec regret, nostalgie et repentir un regard en arrière sur son passé, se pose des questions et considère les événements comme seul peut le faire qui a beaucoup navigué.

Le film idéal doit montrer au spectateur qu'il sait toutes ces choses, qu'il les comprend et les apprécie exactement ; mais il doit le montrer à l'enfant comme il convient à l'enfant, au jeune homme avec un langage à lui adapté, à l'homme mûr comme il lui convient, c'est-à-dire en assimilant sa façon propre de connaître et de regarder les choses.

Mais il ne suffit pas de comprendre l'homme en général, quand le film s'adresse à une profession ou à une condition déterminée ; il faut en outre une compréhension spécifique des caractères particuliers aux divers états sociaux. Le film doit communiquer à qui voit et écoute le sens de la réalité mais d'une réalité vue avec les yeux de qui sait plus que lui et traitée avec la volonté de qui se place fraternellement à côté du spectateur pour pouvoir, s'il le faut, l'aider et le réconforter.

Dans cet esprit, la réalité reproduite par le film est présentée d'une manière artistique puisque c'est le propre de l'artiste de ne pas reproduire mécaniquement le réel ni de s'assujettir aux seules possibilités techniques des instruments, mais en se servant d'eux, d'élever et de dominer le sujet sans l'altérer ni le soustraire à la réalité. On en trouvera un exemple magnifique dans les paraboles splendides de l'Ecriture Sainte, dont les sujets sont empruntés à la vie quotidienne et aux occupations des auditeurs, avec une fidélité, Nous dirions presque photographique, mais dominés et élevés de telle manière que réalité et idéal soient fondus dans une forme d'art parfaite.

Le film doit aussi satisfaire les légitimes aspirations du spectateur qui désire trouver au cinéma une détente et l'oubli de ses peines. Toutefois il ne faut pas que l'illusion soit présentée de telle sorte qu'elle soit prise pour la réalité par des esprits inexpérimentés.

Au respect et à la compréhension

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Message  Louis Lun 06 Juil 2020, 6:51 am

II. Le film idéal.

1. Le film idéal considéré par rapport au spectateur.

(SUITE)

c) Au respect et à la compréhension, il faut ajouter l'accomplissement des promesses et la satisfaction des désirs offerts peut-être et suscités dès le début ; bien plus, en général les millions de personnes qui affluent au cinéma, y sont poussées par l'espérance vague d'y trouver la satisfaction de leurs désirs secrets et imprécis, de leurs aspirations intimes ; dans l'aridité de leur vie, elles se réfugient au cinéma comme chez un magicien qui peut tout transformer au toucher de sa baguette.

Le film idéal par conséquent doit savoir répondre à l'attente et apporter une satisfaction non quelconque, mais totale ; il n'a certes pas à satisfaire toutes les aspirations, même fausses et déraisonnables (Nous ne parlons pas de celles qui sont déplacées ou amorales) mais bien celles que le spectateur nourrit à bon droit.

Sous l'une ou l'autre forme, ce qu'on en attend est tantôt un soulagement, tantôt un enseignement, une joie, un réconfort, ou une émotion ; les unes plus profondes, les autres superficielles. Le film répond tantôt à l'une, tantôt à l'autre requête, ou bien il donnera une réponse qui peut satisfaire plusieurs ensemble.

Vous laissant juger en spécialistes ce qui touche à l'aspect technique et esthétique, Nous préférons considérer l'élément psychologique et personnel pour en tirer la confirmation de ce fait que, malgré l'élément de relativité, il reste toujours un noyau d'absolu qui dicte les normes pour accepter ou refuser de répondre aux requêtes du spectateur.

Pour se faire une idée de la question, il n'est pas nécessaire de reprendre les considérations de filmologie et de psychologie dont Nous Nous sommes déjà occupé ; il suffit de se laisser guider, ici encore, par le sens commun. Dans l'homme normal, en effet, on trouve aussi une psychologie pour ainsi dire non savante, dérivant de sa nature même qui le rend capable de se diriger correctement dans les cas ordinaires de la vie quotidienne, pourvu qu'il suive la saine faculté de penser, son sens du réel et les conseils de son expérience ; mais surtout pourvu que l'élément affectif soit en lui ordonné et réglé, puisque ce qui, en dernier lieu, détermine l'homme à juger et à agir est sa disposition affective actuelle.

Sur la base de cette psychologie simple, il est clair que celui qui va voir un film sérieux et instructif, a droit à l'enseignement promis ; qui se rend à une représentation historique veut qu'on lui montre l'événement, même si les exigences techniques et artistiques en modifient et en élèvent la forme ; celui à qui on a promis de montrer un roman ou une nouvelle, ne doit pas s'en aller déçu parce qu'il n'en a pas vu développer le sujet.

Mais il y en a qui, au contraire, fatigués de la monotonie de leur vie, ou affaiblis par ses luttes, cherchent dans le film en premier lieu le soulagement, l'oubli, la détente : peut-être aussi la fuite dans un monde illusoire. Ces exigences sont-elles légitimes ? Le film idéal peut-il s'adapter à de tels désirs et tenter de les satisfaire ?

L'homme moderne — affirme-t-on — au…

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Message  Louis Mar 07 Juil 2020, 6:51 am

II. Le film idéal.

1. Le film idéal considéré par rapport au spectateur.

(SUITE)

Au respect et à la compréhension (SUITE)

L'homme moderne — affirme-t-on — au soir d'une journée tourmentée ou monotone, sent le besoin de changer les circonstances de personnes et de lieux ; il désire donc des représentations qui, par la multiplicité de leurs images, à peine liées entre elles par un léger fil conducteur, calment l'esprit, même si elles restent à la superficie et ne pénètrent pas en profondeur, pourvu qu'elles réparent la fatigue et éloignent l'ennui.

Il se peut qu'il en soit ainsi, et même souvent. En ce cas, le film doit chercher à répondre d'une façon idéale à cette condition, en évitant cependant de tomber dans des vulgarités ou des sensations indignes.

Il n'est pas niable que même un spectacle plutôt superficiel puisse atteindre des formes artistiques élevées et mériter d'être jugé idéal, car l'homme est aussi superficialité et non seulement profondeur : mais celui qui n'est que superficialité et ne réussit pas à approfondir pensées et sentiments n'est qu'un sot.

Sans doute, il est permis au film de conduire l'esprit fatigué et ennuyé sur le seuil du monde de l'illusion, afin qu'il jouisse d'une courte trêve dans la réalité qui l'opprime ; mais on aura soin de ne pas revêtir l'illusion de telles formes qu'elle soit prise pour la réalité par des esprits trop inexpérimentés et faibles. Le film, en effet, qui conduit de la réalité à l'illusion, doit ensuite ramener de l'illusion à la réalité, un peu avec la même douceur que la nature utilise dans le sommeil. Elle aussi soustrait l'homme fatigué à la réalité et le plonge, pour quelque temps, dans le monde illusoire des songes ; mais, après le sommeil, elle le ramène plus solide et comme rénové, à la réalité vivante, à la réalité habituelle dans laquelle il vit et qu'il doit sans cesse dominer par le travail et la lutte. Que le film suive en cela la nature ; il aura alors accompli une partie notable de son office.

Pour l'apprécier, il ne suffit pas d'avoir pour le spectateur respect et compréhension ni de répondre à ses attentes légitimes et à ses justes désirs. Il faut aussi …

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Message  Louis Mer 08 Juil 2020, 6:52 am

II. Le film idéal.

1. Le film idéal considéré par rapport au spectateur.

(SUITE)

d) Mais le film idéal, considéré par rapport au spectateur, a enfin une mission haute et positive à remplir.

Pour l'apprécier, il ne suffit pas d'avoir pour le spectateur respect et compréhension ni de répondre à ses attentes légitimes et à ses justes désirs. Il faut aussi qu'il s'adapte aux exigences du devoir inhérent à la nature de la personne humaine et, en particulier, de l'esprit. L'homme depuis le moment où la raison s'éveille jusqu'à celui où elle s'éteint, a une foule de devoirs particuliers à remplir, à la base desquels, comme leur fondement à tous, on trouve celui de disposer justement de lui-même, c'est-à-dire selon une pensée et un sentiment honnêtes, selon son intelligence et sa conscience. La norme directive nécessaire à cette fin, l'homme la prend dans la considération de sa nature, dans l'enseignement d'autrui, dans la parole de Dieu aux hommes. Le détacher de cette norme signifierait le rendre incapable de mener à terme sa mission essentielle, de la même manière que ce serait le paralyser si on lui coupait les tendons et ligaments qui unissent et soutiennent les membres et les parties de son corps.

Eh bien ! un film idéal a justement l'important devoir de mettre les grandes possibilités et la force d'influence que Nous avons déjà reconnues à la cinématographie, au service de l'homme et de l'aider à maintenir et réaliser l'affirmation de soi-même dans le chemin de la rectitude et du bien.

On ne cache pas que pour cela sont requis chez le réalisateur des dons excellents car tout le monde sait qu'il n'est certainement pas difficile de produire des films attirants, en les rendant complices des instincts inférieurs et des passions qui entraînent l'homme en le soustrayant aux règles de sa raison et de son meilleur vouloir. La tentation des chemins faciles est grande, d'autant plus que le film pervers — le poète dirait « galeotto » — se prête facilement à remplir les salles et les caisses, à susciter des applaudissements frénétiques et à recevoir dans les colonnes de quelques journaux des recensions trop serviles et bénévoles ; mais tout cela n'a rien de commun avec l'accomplissement d'un devoir idéal. En réalité c'est une décadence et une dégradation ; c'est surtout un renoncement aux cimes.

Le film idéal par contre entend les atteindre à toute force et tout en refusant de servir des marchands sans scrupules. Il n'affecte pas de faire une morale creuse, mais compense abondamment ce refus par une oeuvre positive, qui, comme les circonstances l'exigent, enseigne, charme, répand une joie et un plaisir nobles et vrais, écarte tout ennui ; il est à la fois léger et profond, imaginatif et réel. En un mot, il sait entraîner, sans arrêts ni secousses, dans les régions pures de l'art et du plaisir de telle façon que le spectateur, à la fin, sort de la salle plus joyeux, plus libre et, dans l'intime de son âme, meilleur que lorsqu'il est entré : si à ce moment, il rencontrait le producteur, le scénariste ou le réalisateur, il ne manquerait peut-être pas de les entourer amicalement dans l'élan de son admiration et de sa reconnaissance, comme Nous les remercierions Nous-même, au nom de tant d'âmes devenues meilleures.

Nous vous avons signalé, Messieurs, un idéal sans cacher les difficultés de sa réalisation ; mais Nous exprimons en même temps la confiance dans votre haute compétence et dans votre bon vouloir. Réaliser le film idéal c'est le privilège des artistes qui sortent de l'ordinaire ; certes c'est le but élevé vers lequel au fond tendent votre pouvoir et votre vocation. Fasse le Seigneur que vous obteniez l'aide de tous ceux qui en sont capables.

Pour que Nos vœux se réalisent dans ce domaine important de la vie, si proche des régions de l'esprit, Nous invoquons sur vous, sur vos familles, sur les artistes et les travailleurs du monde cinématographique, la divine bienveillance, en gage de laquelle descende sur vous tous Notre paternelle Bénédiction apostolique.

Audience du 28 octobre 1955

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Message  Louis Jeu 09 Juil 2020, 6:15 am

ALLOCUTION DE SA SAINTETÉ

PIE XII  

II - AUX REPRÉSENTANTS DE L'UNION INTERNATIONALE

DES EXPLOITANTS DE SALLES CINÉMATOGRAPHIQUES

AINSI QUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE

DES DISTRIBUTEURS DE FILMS

(Audience du 28 octobre 1955)

Le 28 octobre, le Pape a reçu, en la salle des Bénédictions, au palais du Vatican, les membres du Congrès de l'Union internationale des Centres cinématographiques des principaux pays, représentant un ensemble de 40,000 salles, et ceux de l'Assemblée internationale des distributeurs de films. Les deux réunions se sont tenues à Rome. Le 21 juin dernier, le Souverain Pontife avait adressé, à des représentants de l'industrie cinématographique une instruction sur ces deux points :

1° L'importance du film.
2° Le film idéal.

Dans cette deuxième partie, le film idéal était considéré sous trois aspects :

1. En relation avec le sujet, c'est-à-dire par rapport aux spectateurs, auxquels le film est destiné ;
2. En relation avec l'objet, c'est-à-dire avec le contenu du film ;
3. En relation avec la communauté sur laquelle le film exerce une influence spéciale.

En considération de l'ampleur du sujet, le Saint-Père exposa longuement le premier de ces trois points, en se réservant de développer le deuxième et le troisième point en une autre occasion. Celle-ci s'est offerte en cette importante audience du 28 octobre :

II. Le film idéal.

1. Le film idéal considéré par rapport au spectateur.

(SUITE)

Le film idéal, efficace instrument d'élévation, d'éducation et d'amélioration.

En vous adressant une nouvelle fois, d’un cœur paternel, Notre bienvenue, à vous Messieurs,  qui vous consacrez à l'activité cinématographique,  Nous désirons affirmer à nouveau non seulement Notre estime pour vos personnes et votre profession, mais aussi la sollicitude vigilante de l'Eglise envers un moyen de diffusion de la pensée et d'influence sur les mœurs aussi puissant que le cinéma, afin de contribuer à l'élever à la dignité d'instrument de la gloire de Dieu et de perfectionnement de l'homme.

Il est clair que le contenu, c'est-à-dire le choix du sujet, capable de refléter le plus fidèlement possible la réalité bonne et belle, est d'une importance fondamentale dans la création du film idéal ; mais, pareillement, les spécialistes reconnaissent que tous les choix ne sont pas possibles, parce que, souvent, des obstacles d'ordre tout pratique se présentent qui arrêtent les réalisateurs au seuil de l'idéal, comme, par exemple, l'impossibilité intrinsèque de représenter visuellement la vérité, la bonté, la beauté.

Le film ne peut prétendre et ne doit pas se hasarder à aborder des sujets qui sortent du domaine de l'objectivité, qui ne peuvent se traduire en images, parce qu'ils sont impropres à toute représentation scénique, pour des motifs techniques ou artistiques, ou à cause de certaines raisons de tact social et naturel, de respect et de piété, ou encore de prudence et de sécurité pour la vie humaine.

Malgré ces restrictions, les unes de principes, les autres pratiques, le domaine des sujets reste vaste et riche, avantageux et attrayant, quel que puisse être l'élément de la triade prédominée dans chaque film.

En descendant dans le détail…

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Message  Louis Ven 10 Juil 2020, 6:26 am

II. Le film idéal.

1. Le film idéal considéré par rapport au spectateur.

(SUITE)

Films d’enseignement.

En descendant dans le détail, nous citerons en premier lieu le film qui se propose l'enseignement. Sa principale attraction est constituée par la vérité, dans la mesure où elle accroît les connaissances du spectateur. Il y a, sans aucun doute, dans ce genre, un idéal possible à atteindre, et dont les normes peuvent être ainsi résumées : ce qu'il offre en connaissances, en exposition, en approfondissement doit être exact, clairement intelligible, conduit avec une parfaite méthode d'enseignement et des formes artistiques supérieures.

Cette confiance, que Nous nourrissons pour le cinéma comme instrument efficace et positif de progrès, d'éducation et de perfectionnement, Nous porte à exhorter ses spécialistes et ses producteurs à faire tous leurs efforts pour l'arracher non seulement à la décadence artistique, mais surtout à la complicité de la dépravation, et à présenter à leur place les pures régions du film idéal.

Nous en avons déjà montré les caractères spéciaux, mais seulement dans le premier des trois aspects qu'il offre à l'examen. C'est-à-dire par rapport avec le sujet, qui est l'homme auquel le film idéal est présenté.

Passons maintenant à l'explication du deuxième point, à savoir : Le film considéré objectivement, c’est-à-dire, en ce qu’il contient.…

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Message  Louis Sam 11 Juil 2020, 7:05 am

II. Le film idéal.

2. Le film considéré objectivement, c’est-à-dire, en ce qu’il contient.

En traitant le film idéal dans son contenu, gardons-Nous de nous étendre en des exigences inutiles, mais prenons, au contraire, les éléments essentiels, et, pour cela, souvenons-Nous de l'idée déjà exprimée sur le noyau d'absolu renfermé dans la relativité de l'idéal, c'est-à-dire : la nature propre du film, sa bonté spécifique, son excellence particulière. Il est donc opportun de Nous rappeler le concept de l'idéal, à savoir : ce à quoi rien ne manque de ce qu'il doit avoir, et qui, au contraire le possède au plus haut degré. Le film étant fait pour l'homme, celui-là sera donc idéal dans son contenu qui s'adaptera, dans des proportions parfaites et harmonieuses, aux exigences primordiales et essentielles de l'homme.

Ces exigences fondamentales sont au nombre de trois : la vérité, la bonté, la beauté, qui sont comme des diffractions, à travers le prisme de la connaissance, du règne lumineux de l'être, qui s'étend au-delà de l'homme, en réalisant en lui une participation toujours plus vaste à l'être même. Il est vrai que, dans les cas particuliers, celui qui s'emploie, au moyen de l'art ou de la culture, à porter l'homme à participer à ce règne, se rend compte, à la fin, d'avoir bien peu satisfait sa soif insatiable. Cependant, il lui reste le mérite d'avoir su détourner à son profit un ruisseau quelconque de la plénitude originelle du vrai, du bien, du beau, dans la mesure du possible, en le préservant des souillures : il a concilié, en d'autres termes, la relativité de l'idéal avec son concept absolu.

Or, le film peut-il être le canal apte à transporter cette triade dans l'âme du spectateur ? Peut-il être un intermédiaire excellent et, dans les limites de ses méthodes, atteindre la perfection ? La réponse doit être affirmative, bien qu'elle ne se vérifie pas toujours, pas même dans le cas d'un film digne d'être classifié bon, mais qui, par manque de quelqu'un des éléments nécessaires, ou de l'harmonie entre eux, reste en dehors des régions idéales.

Les films de pur enseignement sont relativement rares ; le plus souvent, peut-être en considération des différences de préparation du public, au lieu d'approfondir le sujet, on l'effleure, en se bornant à donner les idées principales.

Et cependant, si l'on tient compte de la soif de culture que manifeste le public, et du regret qu'il a souvent d'en être privé, cette sorte de film, s'il est réalisé selon une perfection idéale, serait bien accueillie partout, sans compter que, parfaitement développée et propagée, elle serait utile au progrès de la civilisation.

La preuve en est dans l'abondante production et l'heureux succès des films basés sur les sciences naturelles. Certains d'entre eux méritent le titre de film idéal.

La nature, en effet, telle qu'elle s'offre au regard de l'observateur attentif, présente des richesses inépuisables de bien et de beau qui reflètent avec une transparente sincérité la surabondance infinie de la perfection et de la beauté de leur Créateur.

Le film peut moissonner à pleines mains dans son triple règne et parcourir, grâce aux moyens techniques dont il dispose, les voies harmonieuses de la création, ouvertes par les sciences physiques et biologiques, autant dans les immensités célestes que dans les retraites intimes du microcosme.

On n'assiste pas sans frémir d'admiration aux films qui nous transportent dans des mondes inconnus et parfois insoupçonnés…

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Message  Louis Dim 12 Juil 2020, 6:26 am

II. Le film idéal.

2. Le film considéré objectivement, c’est-à-dire, en ce qu’il contient.

(SUITE)

On n'assiste pas sans frémir d'admiration aux films qui nous transportent dans des mondes inconnus et parfois insoupçonnés, que nul autre moyen ne saurait, mieux que le cinéma, représenter d'une façon aussi vivante. Parfois, il charme et enchaîne la majesté des montagnes colossales ; d'autres fois, l'irrésistible fureur des tempêtes de l'océan, la solitude des glaces polaires, l'immensité des forêts vierges, la tristesse des sables du désert, la beauté des fleurs, la transparence des eaux, l'impétuosité des cascades, la grâce des aurores boréales, toutes visions qui, reproduites avec fidélité et accompagnées de sobres commentaires, de paroles et de musique, s'impriment dans l'âme comme les images d'un voyage. C'est encore une plus grande admiration et une plus grande richesse de connaissances qu'offre l'évolution de la vie, dans les films — ceux-ci non plus ne sont point rares — qui révèlent les secrets du règne animal et sont, par des auteurs expérimentés et des producteurs, après des jours et des mois exténuants de guet et d'observations, pris dans des conditions incommodes dans les forêts et dans les déserts inhospitaliers, sur les fleuves et dans la profondeur des mers. Quel témoignage de la richesse et de l'abondance de la nature on peut tirer de tels films et de tant d'autres capables de reposer, de récréer, de raffermir l'esprit !

On aura également joie et profit aux films qui scrutent l'homme, dont la structure organique, les opérations fonctionnelles, les procédés thérapeutiques et chirurgicaux pour le rendre à la santé présentent des objets de grand intérêt.

Si l'on pense ensuite à l'activité humaine, ici non plus il ne manque pas de sujets propres à être traités artistiquement et à répandre la culture sur une large échelle. On appelle précisément films de culture ceux qui décrivent les différentes races, les coutumes, le folklore, les civilisations et, plus en détail, les façons de travailler, les systèmes agricoles, les voies de transport par terre, mer et ciel, les moyens de communications, les types d'habitation et de résidence dans les diverses époques, pris par l'objectif aux multiples stades de leur développement qui part de la cabane primitive de feuillage pour aboutir aux nobles demeures, aux monuments d'architecture, aux hardis gratte-ciel des cités modernes.

Ces exemples suffisent à démontrer que le film instructif, s'il est traité avec une juste appréciation des données scientifiques, présenté sous des aspects nouveaux et animé par un sincère souffle artistique suffisant pour écarter l'idée d'un enseignement sévèrement didactique, peut, en ce qui regarde son contenu, offrir facilement au spectateur tout ce qu'il attend dans cet ordre d'idées d'un film idéal.

Bien moins aisée, au contraire, se présente l'entreprise dans le film d'action…

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Message  Louis Lun 13 Juil 2020, 6:16 am

II. Le film idéal.

2. Le film considéré objectivement, c’est-à-dire, en ce qu’il contient.

(SUITE)

Films d’action.

Bien moins aisée, au contraire, se présente l'entreprise dans le film d'action, c'est-à-dire celui qui prétend représenter et interpréter la vie et la conduite des hommes, leurs passions, aspirations et luttes.

Dans cette sorte de sujets, le film idéal n'est pas une affaire de tous les jours ; et cependant, ces films sont, par rapport au nombre, de beaucoup les plus répandus. Cela nous montre que ce genre est beaucoup plus réclamé et apprécié du public, et en même temps les sérieuses difficultés que sa réalisation offre à la réalisation d'un film idéal.

Nous avons déjà exposé, en parlant de l'importance du cinéma, et en étudiant la chose du côté du spectateur, en quoi consiste l'attrait du film d'action, quelle influence il exerce sur l'esprit et à quelles réactions psychologiques il donne lieu. Les mêmes réflexions reviennent aujourd'hui à l'étude, en les considérant dans leurs causes, dont la première est certainement le contenu, c'est-à-dire le sujet qu'on choisit de traiter.

Or, c'est proprement dans le choix du sujet que commencent les difficultés pour l'auteur ou le producteur consciencieux qui se propose le film d'action idéal ; d'autres s'y ajoutent ensuite, venant de sa configuration et de sa limitation de la matière, spécialement dans les moments les plus importants ; d'autres encore, et quelquefois insurmontables, de la disponibilité d'acteurs qui soient capables de donner une expression humainement et esthétiquement parfaite au sujet choisi.

Est-ce que tout sujet projetable peut être accueilli par celui qui se propose de faire un film idéal ? Nous avons déjà indiqué certains motifs d'exclusion, fondés sur des rapports moraux, sociaux, humains qui restreignent nécessairement la liberté du choix.

Deux questions particulières méritent d'être considérées de plus près…

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Message  Louis Mar 14 Juil 2020, 6:15 am

II. Le film idéal.

2. Le film considéré objectivement, c’est-à-dire, en ce qu’il contient.

(SUITE)

Films de sujet religieux.

Deux questions particulières méritent d'être considérées de plus près. Voici la première : dans les films d'action, est-il permis de prendre, comme matière, des sujets religieux ?

La réponse est qu'on ne voit pas pourquoi de tels sujets devraient être généralement, et en principe, interdits, d'autant plus que l'expérience tentée dans ce genre a déjà donné de bons résultats en des films de sujet strictement religieux.

Mais même quand le thème n'est pas expressément tel, le film idéal d'action ne devrait pas ignorer l'élément religieux. On a noté, en effet, que même les films moralement irréprochables peuvent cependant être spirituellement nocifs s'ils découvrent au spectateur un monde dans lequel on ne fait aucune allusion à Dieu et aux hommes qui croient en lui et Le vénèrent, un monde où les personnes vivent et meurent comme si Dieu n'existait pas. Il  suffit parfois dans un film, d'un instant, d'une parole sur Dieu, d'une pensée tournée vers lui, d'un soupir de confiance vers lui, d'un appel du secours divin. La grande majorité du peuple croit en Dieu, et, dans sa vie, le sentiment religieux occupe une place considérable. Rien donc de plus naturel et de plus opportun qu'on en tienne justement compte dans le film.

D'autre part, il faut reconnaître que tout fait ou phénomène religieux n'est pas apte à passer sur l'écran, ou à cause de l'impossibilité intrinsèque de le représenter sur la scène, ou parce que la piété et le respect s'y opposent. En outre, le sujet religieux présente souvent, pour les auteurs et les acteurs, des difficultés spéciales, dont la principale est peut-être dans le moyen d'éviter toute trace d'artifice ou d'affectation, toute impression de chose apprise machinalement, car la vraie piété est, par nature, contraire à l'exhibition extérieure et ne se laisse pas facilement « jouer ».

L'interprétation religieuse, même quand elle est dirigée avec une bonne intention, donne rarement l'impression d'une chose véritablement vécue et, par suite, communicable au spectateur.

Une autre question à laquelle il est difficile de donner une réponse décisive est la suivante :…

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Message  Louis Mer 15 Juil 2020, 6:12 am

II. Le film idéal.

2. Le film considéré objectivement, c’est-à-dire, en ce qu’il contient.

Films de sujet religieux. [suite]

Une autre question à laquelle il est difficile de donner une réponse décisive est la suivante : si dans un film d'action la description comparée des diverses confessions religieuses peut être un sujet bon et convenable. Il y a des exemples de ces films, effectués dans le but de représenter les différentes formes de culte, soit en le tirant de faits historiques, soit de scènes représentées à cet effet.

Dans tous les cas, soit qu'il s'agisse de films, soit qu'on veuille offrir au spectateur une opposition dramatique entre deux vies dirigées religieusement d'une façon différente, il faut une très grande finesse et profondeur de sentiment religieux et de tact humain, pour ne pas offenser et profaner ce qui, chez les hommes (même quand ils sont conduits par des pensées et des sentiments objectivement erronés), est sacré.

Les mêmes précautions et restrictions nécessaires s'imposent pour les films historiques qui traitent de personnages et d'événements qui furent au centre de luttes religieuses qui ne sont pas complètement calmées. Ici, la première condition est la vérité. Cependant, elle doit savoir se concilier avec la charité, afin que l'une n'aille pas à la perte de l'autre.

La deuxième question, par rapport au sujet du film idéal d'action…

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Message  Louis Jeu 16 Juil 2020, 6:03 am

II. Le film idéal.

2. Le film considéré objectivement, c’est-à-dire, en ce qu’il contient.

(SUITE)

Le film dans la représentation du mal.

La deuxième question, par rapport au sujet du film idéal d'action, regarde la représentation du mal : est-il permis de choisir, et avec quelles précautions doit-on traiter le mal et le scandale qui ont sans nul doute une part si importante dans la vie de l'homme ? Certainement, celle-ci ne pourrait se comprendre, au moins dans les grands et graves conflits, si on fermait les yeux sur les fautes qui en sont souvent la cause. L'orgueil, l'ambition démesurée, l'avidité du pouvoir, la passion des richesses, l'infidélité, les injustices, la débauche dessinent, hélas ! les traits de la figure et des actions d'un grand nombre, et l'histoire en est tristement tissue.

Mais une chose est de connaître les maux, en en demandant à la philosophie et à la religion l'explication et les remèdes ; autre chose d'en faire l'objet de spectacle et de divertissement. Or, donner une forme artistique au mal, décrire son pouvoir et ses progrès, ses voies connues ou cachées, les conflits qu'il engendre ou à travers lesquels il progresse, opère sur beaucoup d'hommes un attrait quasi irrésistible.

On dirait que, lorsqu'il s'agit de récit ou de représentation, beaucoup ne savent trouver ailleurs l'inspiration artistique ni l'intérêt dramatique, sinon dans le royaume du mal, même si c'est uniquement pour servir de fond pour le bien, et d'ombre pour faire resplendir davantage la lumière. A cette attitude psychique de beaucoup d'artistes répond une attitude semblable chez les spectateurs, Nous en avons déjà parlé.

Or, un film idéal peut-il prendre comme matière un tel sujet ? Les plus grands poètes et écrivains de tous les temps et de tous les peuples se sont occupés de ce problème difficile et ardu, et ils continueront à le faire dans l'avenir.

Une réponse négative à cette demande est naturelle, chaque fois que la perversité et le mal sont offerts à cause d'eux-mêmes ; si le mal finit, au moins en fait, par être approuvé ; s'il est décrit dans des formes excitantes, insidieuses, corruptrices ; s'il est montré à ceux qui ne sont pas en mesure de le dominer et de lui résister. Mais lorsqu'on ne donne aucun de ces motifs d'exclusion ; quand le conflit avec le mal, et même sa victoire passagère, vis-à-vis de tout l'ensemble, sert à la compréhension plus profonde de la vie, de sa droite direction, du contrôle de sa propre conduite, de l'éclaircissement et de la consolidation du jugement et de l'action, alors ce sujet peut être choisi et mêlé, comme un sujet secondaire, à l'action complète du film. On lui applique le même critère qui doit présider à tout genre artistique semblable : la nouvelle, le drame, la tragédie et toute œuvre littéraire. Les Livres Saints eux-mêmes de l'Ancien et du Nouveau Testament, qui sont le fidèle miroir de la vie réelle, accueillent dans leurs pages le récit du mal, de son action et de son influence dans la vie des individus comme dans celle des familles et des peuples.

Eux aussi laissent pénétrer le regard dans le monde intime, souvent tumultueux des hommes ; ils racontent leurs fautes, leur relèvement et leur fin. Tout en étant rigoureusement historique, la narration a souvent l'allure des plus grands drames, les couleurs sombres de la tragédie. Le lecteur reste frappé de l'art singulier et de la vivacité de leurs descriptions qui, même sous l'aspect psychologique, sont d'incomparables chefs-d’œuvre. Il suffit de rappeler des noms : Judas, Caïphe, Pilate, Pierre, Saul. Ou encore de l'époque des patriarches : l'histoire de Jacob, les aventures de Joseph en Égypte dans la maison de Putiphar ; du Livre des rois : l'élection, la réprobation, la fin du roi Saül ; ou encore, la chute de David et son repentir, la rébellion et la mort d'Absalon, et d'innombrables autres événements.

Là, le mal et la faute ne sont pas dissimulés sous des voiles trompeurs, mais racontés comme ils se passèrent en réalité. Et cependant, même cette partie du monde contaminé par la faute est environnée d'une atmosphère d'honnêteté et de pureté, répandue par ceux qui, tout en étant fidèles à l'histoire, n'exaltent pas ni ne justifient la perversité, mais clairement poussent à la condamner, et ainsi la vérité pure ne suscite pas d'impulsions ou de passions désordonnées, du moins dans les personnes d'âge mûr.

Au contraire, le lecteur sérieux devient plus réfléchi, plus clairvoyant ; son esprit se repliant sur lui-même, est porté à se dire : « Veille à ce que toi aussi tu ne sois pas induit en tentation. » (Gal. VI, 1.) « Si tu es debout, veille à ne pas tomber. » (I Cor., 10, 12.)

Ces conclusions ne sont pas seulement suggérées par la Sainte Ecriture, mais sont encore le patrimoine de l'antique sagesse et de l'expérience amère.

Admettons donc que même le film idéal puisse représenter le mal : faute et chute ; mais qu'il le fasse avec des intentions sérieuses et avec des formes convenables, de façon que sa vue aide à approfondir la connaissance de la vie et des hommes, et à rendre meilleur et à élever l'esprit.

Que le film idéal ait donc horreur de toute forme de justification du mal, et encore plus de son apothéose, et manifeste sa réprobation tout le cours de la représentation, et non seulement à la conclusion, qui arriverait souvent trop tard, après que le spectateur a déjà été séduit et bouleversé par de mauvaises excitations.

Telles sont les considérations que Nous désirions vous exposer sur le film idéal, par rapport au sujet, c'est-à-dire à son contenu. Il ne Nous reste maintenant qu'à ajouter un mot au sujet du film idéal, en rapport avec la communauté.

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Message  Louis Ven 17 Juil 2020, 6:00 am

II. Le film idéal.

3. - Le film considéré en rapport avec la communauté.  

Lorsqu'au commencement de cet exposé, Nous disions que le cinéma, en quelques années, a quasi donné son empreinte à notre siècle, Nous affirmions implicitement l'existence de rapports entre lui et la communauté. De cette vaste influence sur elle et sur le bien commun, Nous tirions de bons arguments pour affirmer l'importance du film et le devoir qui incombe à la collectivité d'exercer une légitime vigilance sur ses qualités morales.

Il est temps maintenant de considérer ses rapports avec cette communauté, en ce qu'il a et peut avoir de positif ou, comme on dit ordinairement, de constructif, conformément à Notre affirmation qui est de ne pas soulever de stériles accusations, mais d'amener le cinéma à se rendre un instrument toujours plus utile au bien commun. Quelle chose précieuse et très précieuse le film idéal peut-il offrir à la famille, à l'État, à l'Eglise ?

Dans la division du sujet, Nous donnons le pas à la famille…

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