TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
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La formule dont on se contentait était très variable. « Une malédiction proférée contre le Seigneur était, dès le temps de Trajan, de Marc-Aurèle, l'une des formes de la renonciation. On la voulait dite à haute voix, afin que le peuple pût l'entendre; d'autres fois, c'était une acclamation en l'honneur des faux dieux ou du génie du prince, une renonciation écrite, une formule sacramentelle répétée mot pour mot après celui qui la dictait. Les chrétiens vaincus par la terreur devaient venir au capitole de leur ville, la tête voilée et couronnée; ils s'avançaient pâles et défaits au milieu d'une foule ennemie ; arrivés près des autels païens, il leur fallait sacrifier et accepter des viandes immolées, ces idolothyta dont la fumée était, enseignait on, la nourriture des démons de l'Olympe (1). »
Ces malheureux étaient traités par les frères avec rigueur, mais avec pitié. La pénitence leur était ouverte, et beaucoup voulaient suivre cette voie malgré sa rudesse.
Les Actes mentionnent assez fréquemment le fait des chrétiens faisant preuve dans la torture d'une insensibilité absolue.
Ce phénomène, à ne tenir compte que des faits où l'intervention surnaturelle n'est pas constatée, n'était pas particulier aux fidèles. Des esclaves, des stoïciens supportèrent la série des tourments avec une constance qui ne se démentit pas (2). On attribuait leur vaillance à la grandeur d'âme. Peut-être l'orgueil avait-il une part prépondérante dans cette revanche de la volonté demeurée libre sous la tyrannie de la force. Plus d'un de ces misérables qui voyaient leur corps tomber en lambeaux autour d'eux a dû, dès lors, dire aux spectateurs curieux de savoir le motif de cette constance le mot du maire Bailly: « Mépris de la mort et de vous-mêmes. Ulpien constate le fait en ces termes, « La dureté des accusés, leur force à supporter les tourments, rendent souvent la torture inefficace (1) » ; et saint Augustin ajoute: Dureté chez les coupables, mais sainte patience chez les chrétiens (2).
1. LE BLANT, Les Perséc. et les Martyrs, p. 148.
2. CIC. Pro Cluentio, § 63 , SILVIUS ITALICUS, Bell. Punic., 1. I, 179 ; FL. JOSÈPHE, Ant. Jud., L. XIX, c. I, § ; Voyez WALLON, Histoire de l'Esclavage dans l'antiquité, passim.
1. L. I De quaestionibus § 23 (Digeste. LXVIII, 18).
2. Sermo 274.
A SUIVRE...
Monique- Nombre de messages : 13764
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Les païens ne l'attribuent qu'aux maléfices. A leurs yeux, le fidèle qui brave l'effort du bourreau doit sa force à l'emploi de moyens mystérieux, formules répétées sans relâche (3), onctions magiques (4). Pendant qu'on conduisait mourir Ptolémée et Romain, Épictète et Astion, les deux premiers chantaient : « Droite est la voie des justes, et le chemin leur est frayé. « Que disent ces hommes ? » demanda le juge ; l'assesseur répondit : « Ils chantent des paroles magiques, afin de résister et de te vaincre. » Pendant la torture, les deux autres saints répétaient : « Nous sommes chrétiens ! que la volonté de Dieu soit faite en nous ! » Le bourreau ne doutait pas que ce ne fût une forme d'incantation propre à préserver de la douleur. Pour rompre le charme, on faisait appel à toutes les folies, onctions de graisse de porc sur la victime et même des affusions d'urine (5).
Les hérétiques eurent eux aussi leurs martyrs insensibles : les compagnons de Marculus disaient que le Christ leur avait donné la grâce de ne pas sentir les angoisses de la torture (1).
Il n'est pas impossible, bien que nous n'ayons aucun cas historiquement certain, que l'insensibilité ait été produite une fois ou l'autre par l'usage des stupéfiants. Nous voyons offrir au Sauveur un vin aromatisé de myrrhe (2) ; le même breuvage reparaît dans la passion de l'évêque Fructueux (3). Tertullien dit d'un certain Pristinus que, lorsqu'il parut devant le tribunal, il était visible que le vin d'aromates qu'on lui avait versé pour soutenir ses forces avait égaré son esprit. « Sous les ongles de fer, dont son ivresse ressentait à peine les morsures, il ne put répondre au proconsul et se dire l'esclave du divin Maître (4). »
3. Vita SS. Epicteti et Astionis, c. 14 (Act. SS., 8 juillet).
4. Acta S. Thyrsi, § 7 (Act. SS., 28 janvier). Voy. LE BLANT.
De l'ancienne croyance à des moyens de défier la torture,
dans les Mém. de l'Acad. des Inscr., t. XXXIV, 1ère part., p. 289.
5. LE BLANT, Les Actes der Martyrs, p. 103.
1. Passio Marculi sacerdotis donatistae, à la suite des oeuvres de
S. OPTAT édit. 1700), p. 304-305.
2. Marc., XV, 23
3. Passio S. Fructuosi, § 3.
4. TERTULIEN, De jejunio, 12.
A SUIVRE... XXII. LE JUGEMENT Le délibéré. Rédaction et lecture de la sentence. Considérants. Sentence. Réponses. Acquittements. Renvoi de juridiction.
Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
XXII. LE JUGEMENT Le délibéré. Rédaction et lecture de la sentence. Considérants. Sentence. Réponses. Acquittements. Renvoi de juridiction.
Le jugement était quelquefois précédé d'une délibération du juge avec son conseil. Le renvoi de saint Paul devant César n'est prononcé qu'après délibération (5). Nous retrouvons ce détail de procédure dans la condamnation de saint Cyprien, de Pionius, de Philippe d'Héraclée, et dans plusieurs pièces d'une valeur moins assurée (1).
La délibération avait lieu dans le secretarium, dont on rabattait, les rideaux pour la circonstance. C'était là que s'élaborait et se rédigeait la sentence. La sentence devait être écrite de la main du juge, divers indices très solides permettent du moins de le conjecturer (2). C'était encore au juge à en donner lecture, exception faite pour les préfets du prétoire et les illustres, qui pouvaient se faire suppléer par l'officium ; dans toute l'étendue de l'Empire les sentences étaient rendues en latin. Elles étaient transcrites sur l'heure, et la copie était versée aux archives de la province. Désormais, rien, ni personne n'en pouvait altérer le texte. La sentence rendue contre saint Cyprien, celle des martyrs Scillitains offrent ce que nous appellerions aujourd'hui les considérants, mais cette partie n'était pas écrite. Voici les considérants de la condamnation de saint Cyprien : « Tu as montré longtemps un esprit sacrilège. Autour de toi tu as groupé de détestables conjurés. Tu t'es fait l'ennemi des dieux de Rome et de ses lois saintes. Les pieux et sacrés empereurs Valérien et Gallien Auguste et le très noble César Valérien n'ont pu te ramener à célébrer les rites de leur culte. Tu as donc été le fauteur de crimes abominables et le porte-enseigne des scélérats. Tu serviras d'exemple à ceux que tu as faits tes complices et tu scelleras de ton sang la discipline (3). »
Suivait la sentence, très brève d'ordinaire : Que Thascius Cyprianus soit frappé du glaive soit mis à mort soit livré aux bêtes soit mis à mort par le glaive (1). Elle était souvent accueillie par une formule comme celle-ci : Deo gratias.
Nous ne trouvons que de très rares sentences d'acquittement. Saint Denys d'Alexandrie raconte qu'un jeune garçon de quinze ans, nommé Dioscore, après avoir confessé dans la torture, fut renvoyé libre par le juge qui dit : « Je veux accorder à cet enfant le temps de se repentir. » Les actes de sainte Thècle rapportent un acquittement dont on ne saurait admettre la réalité historique (2).
Les actes de saint Acace nous font voir la cause renvoyée à une juridiction supérieure, celle de l'Empereur ; c'était Dèce en ce temps, qui s'amusa des réponses de l'accusé et ordonna de le mettre en liberté.
Le renvoi à une autre juridiction n'était pas chose extrêmement rare. Nous l'avons vu en Bithynie sous le proconsulat de Pline. Les martyrs étaient alors conduits soit avec une garde attachée à la personne, comme nous le savons de saint Ignace d'Antioche, ou bien enchaînés, comme saint Félix de Tibiuca, dans la cale d'un vaisseau ; enfin, et ce dernier cas devait être le plus fréquent, des hommes de l'officium menaient les martyrs jusqu'aux limites de la province, où d'autres appariteurs les recevaient pour les transmettre à leur tour (3).
5. Act. Apost , XXV, 12.
1. Acta S. Cypriani, § 4 ; Passio S. Pionii, § 20 ; Passio S. Philippi, § 11.
2. LE BLANT, Les Actes des Martyrs, p. 111, 120; Les Perséc. et les Martyrs, ch. 20.
3. Acta proconsulat.. S. Cypriani, § 4.
1. TERTULL., Ad nationes, L. II, c. 3. Pour le Deo gratias, voyez, LE BLANT,
Les Actes des Martyrs, p. 237 ; TERTULL., Apol., I, XLVI ; LE BLANT,
Les Perséc, et les Martyrs, p. 226.
2. LE BLANT, Les Actes des Martyrs, p. 118.
3. Acta SS. Sergii et Bacchi, § 10.
A SUIVRE... XXIII. L'APPEL
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
XXIII. L'APPEL
Le condamné avait le droit d'appeler de la condamnation qui le frappait (1), non seulement lui ou son mandataire, mais quiconque croyait la sentence réformable. Nous ne trouvons rien de semblable dans toute l'histoire des martyrs. Cela s'explique aisément. La loi excluait du droit d'appel les voleurs qualifiés, les fauteurs de sédition, les chefs des complots (2). Des chrétiens Cyprien par exemple tombaient sous cette disposition, et pour ceux-là le recours à l'empereur était impossible; d'ailleurs, à partir de Caracalla, qui étendit le droit de cité à tous les provinciaux, ce droit fut périmé. La masse des fidèles n'était pas poursuivie sur les chefs d'accusation que je viens de citer, et il n'est pas possible, en l'absence des constitutions impériales, de savoir si le crime de lèse-majesté et de sacrilège pour lequel ils étaient poursuivis entraînait la perte du droit d'appel.
M. Le Blant incline vers cette opinion et attribue à la force d'âme des martyrs l'absence de tout recours contre le jugement. Il est plus prudent de réserver un jugement sur un point que nous ne pouvons éclairer tout à fait. Dans le procès de saint Philéas, à Alexandrie, le frère du condamné interjette appel au nom de son frère, mais celui-ci le dément. Il ressort de là que l'accusé jouissait du droit d'appel, puisque sans sa dénégation le recours était formé. Mais il faut le répéter une fois de plus, l'Empire offre autant de coutumes que de provinces, que de villes, que de juges dans chaque ville.
Le condamné, une fois la sentence prononcée, était chargé d'un écriteau. Thècle portait cet écriteau avec le seul mot : SACRILÈGE ; Attale en portait un autre avec ces mots : ATTALE CHRÉTIEN. Enfin Pilate avait fait placer sur la croix du Sauveur une planchette avec cette inscription : JÉSUS DE NAZARETH, ROI DES JUIFS (1).
1. L. 6 De appell. (Digest., XLIX, t. I).
2. Ibid.
1. LE BLANT, Les Actes des Martyrs, p. 115.
A SUIVRE... XXIV. LES SUPPLICES
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
XXIV. LES SUPPLICES
Les fidèles n'étaient pas distingués des malfaiteurs vulgaires, ils ne faisaient pas l'objet de « fournées » spéciales. Sainte Félicité de Carthage, que son rang d'esclave ne laissait pas, depuis qu'elle était chrétienne, d'égaler aux matrones, répugnait à périr avec ces scélérats (2). D'autres, faisant taire leurs répugnances, voyaient dans cet outrage une ressemblance avec le Christ qui allait être leur récompense (3).
Les principales espèces de supplices furent : le crucifiement, le supplice du feu, l'exposition aux bêtes féroces, la décollation.
Je crois superflu d'entrer ici dans des explications qui n'ont été données que pour suppléer à l'obscurité des textes.
Il n'y a pas lieu de le faire là où les Actes que l'on va lire atteignent à une précision presque irréprochable.
La destination de ce recueil m'engage en outre à omettre toute explication sur un supplice infâme qui demeure la honte du pouvoir qui en fit un moyen de châtiment.
Les questions très délicates que soulève ce sujet ne pourraient être traitées avec un détail minutieux élue dans une étude purement scientifique. C'est ici un spectacle où les larmes tiennent la place du sang; mais il suffit de l'avoir rappelé. Il n'y a pas cependant d'autre moyen d'en parler, sinon pour condamner les procédés de certains scribes du moyen âge.
2. Passio S. Perpetuae, § 15.
3. EUSÈBE, Hist. eccl., VI, 41.
A SUIVRE...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Des rédactions postérieures, qui portent un caractère d'interpolation incontestable, ont pris à tâche de faire intervenir toujours un être surnaturel pour sauvegarder la pureté des vierges chrétiennes.
Il est certain, pour tous ceux qui prendront la peine d'étudier les documents primitifs et les actes sincères, que si pareille intervention surnaturelle a pu se produire, d'ordinaire il n'en était pas ainsi, et la vierge était livrée à de lamentables outrages.
Les chrétiennes apportaient d'ailleurs dans cette extrémité une force d'âme extraordinaire.
Le juge dit à la vierge Théodora : « Je te donne trois jours [pour sacrifier] et je te ferai conduire ensuite dans une chambre de lieu mal famé. » Théodora répondit : « Le Dieu qui est aujourd'hui ne change pas ; il ne souffrira pas que je l'abandonne. Tiens, je te livre mon corps, regarde les trois jours comme écoulés. Fais ce que tu voudras, je ne réclame qu'une chose, donne des ordres pour qu'on ne me touche pas jusqu'après la sentence que tu rendras. » Et elle persévère à trois interrogations différentes dans cette confiance et cette conduite.
A SUIVRE... XXV. L'INVENTAIRE LA CONFISCATION
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
XXV. L'INVENTAIRE LA CONFISCATION
Les biens des coupables de lèse-majesté étaient confisqués. Ceux des chrétiens, assimilés à cette catégorie de condamnés, avaient le même sort. Il en fut ainsi pour le martyr Léonide, père d'Origène (1). Des actes de valeur discutable font allusion à la confiscation. Un assesseur d'Almachius dans le procès de Valérien, le mari de sainte Cécile, lui fait observer que si on ne s'y prend de suite, la fortune de l'accusé aura bientôt disparu en prodigalités (2). Ce n'est là qu'une allusion, tandis qu'on peut citer nombre de faits assurés (3). La confiscation frappait le condamné dans sa postérité, qui n'avait aucun recours sur l'héritage paternel. On croit, avec quelque raison, retrouver une allusion à cette jurisprudence dans plusieurs formules d'adjuration : « Épargne tes enfants et ta femme », et ailleurs : « Souviens-toi de ton fils et évite de grands maux. Songe à toi-même, à ta famille, à tes biens et à tes enfants (4). » Dans ces heures d'angoisses, Léonide reçut de son fils Origène des billets dans lesquels l'enfant le conjurait d'être martyr : « De grâce, père, lui disait-il, ne renie pas à cause de nous (5). »
Le soin d'inventorier et de saisir ce que laissaient les condamnés revenait à l'officieux. Nous voyons, aussitôt après l'exécution de sainte Agathe, le juge se rendre avec l'officieux dans la maison de la martyre faire l'inventaire de ses meubles et immeubles (1).
Les condamnés à mort n'étaient pas les seuls qui fussent frappés par la confiscation. Un décret de 258 prononce cette peine contre plusieurs classes de fidèles : les sénateurs, les chevaliers romains, les femmes de même rang et les chrétiens de la maison de César (2). Les fugitifs n'évitaient pas la ruine : « Pendant un an, les possessions des contumaces, est-il dit au Digeste, sont placées sous séquestre, elles sont ensuite confisquées (3).» Saint Cyprien, qui avait dans son église un grand nombre de fidèles atteints de la sorte, estimait que ce dépouillement total consenti pour la conservation de la foi était le second degré dans le martyre. Cet évêque avait donné l'exemple du détachement de tous les biens. (4) On a conservé le détail de ce qui se passa alors. On voit que la saisie légale était précédée d'un avertissement colporté par le crieur public sous la forme suivante : « Quelqu'un détient-il ou possède-t-il quelque part des biens de Caecilius Cyprianus, l'évêque des chrétiens (5) ? »
Les biens saisis étaient mis sous scellés. Les scellés apposés consistaient en bandes de pourpre portant des inscriptions.
Le délai légal écoulé, les biens confisqués étaient liquidés par les soins des procuratores ad bona damnatorum, qui les vendaient aux enchères, sauf divers lots que le fisc ou l'empereur se réservaient.
Aussi, à leur retour d'exil, le dénuement des confesseurs était absolu ; «il en est parmi eux, dit saint Cyprien, qui manquent de vêtements (1).»
Nous ne voyons pas un seul cas de restitution (2) jusqu'au règne de Constantin, qui fit rendre aux fidèles les biens que gardait le fisc, et accorda des indemnités pour le reste (3).
1. EUSÈBE, Hist. Eccl., VI, 2.
2. Passio S Caeciliae.
3. Passio S. Theodoti, Ancyrani, § 4 et 8 ; Acta S. Agathae, § 14
Acta S. Dorotheae et Theophili, § 16 ; Acta S. Bergii, § 3 ;
Acta S. Stephani papae, § I et 15 ; Acta S. Aureae, § 17.
4. EUSÈBE, Hist. eccl., VIII, 9 ; Passio S. Philippi Heracl., § 9 ;
Act. S. Phileae, § I, 2.
5. EUSÈBE, Hist. eccl., VI, 2.
1. Acta S. Agathae, § 14. Cf. C. 7 De bonis proscriptorum
(Cod. Theod., IX, 42)
2. CYPRIEN, Epist. LXXXII, § 1, Sucesso fratri.
3. L. 5, De requirendis vel absentibus damnandis (XLVIII, 17).
4. CYPRIEN, De lapsis, § 8.
5. Captura, Epist., LXIX, § 5, ad Florentium ;
voy. Epist. LV, § 6, ad Cornelium.
1. CYPRIEN, Epist. V, ad presb. et diac., § 2.
2. Deux cas de restitution, les seuls signalés, ne s'appliquent
peut-être pas à des chrétiens On pourrait en tous cas, étudier
de près le texte de saint Paulin de Nole.
3. EUSÈBE. Const.. II, 21.
A SUIVRE... XXVI. LE DEVOIR DANS LES TEMPS TROUBLÉS
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
XXVI. LE DEVOIR DANS LES TEMPS TROUBLÉS
Toute tyrannie est haïssable. La subir c'est la mériter, car les peuples n'ont que la liberté dont ils sont dignes. L'homme juste doit résister et ne céder jamais, jusqu'à l'exil, jusqu'à la mort; mais c'est le grand sacrifice que seules les âmes élevées conçoivent et accomplissent. Il n'y a pas de limite mieux marquée que celle où finit l'honneur et où la honte commence ; il faudrait plaindre ceux qui ne la distingueraient pas.
Si la mort est impossible, sachons au moins périr en quelque façon. Ce monde et ce temps ne sont pas si aimables qu'on puisse souhaiter y demeurer quelques heures de plus. Notre enfance a vu des jours d'oppression, et peut-être la vie ne nous montrera-t-elle que la liberté violée. Si les temps où nous vivons sont pleins de tristesse et de menace, ils ne doivent pas troubler la sérénité de notre jugement, ni obscurcir le but de notre action.
Dans la lutte inégale il suffit d'être égal à son devoir.
A SUIVRE... LA PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
Après que Jésus eut dit ces choses, il s'en alla avec ses disciples au delà du torrent de Cédron, où il y avait un jardin dans lequel il entra avec ses disciples. Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu-là, parce que Jésus s'y était souvent trouvé avec ses disciples (1). Quand il y fut arrivé il leur dite (2): « Demeurez ici pendant que j'irai là pour prier (3). Priez afin que vous ne tombiez pas dans la tentation (4). » Et ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à être saisi de tristesse et plongé dans une profonde affliction ; alors il leur dit : « Mon âme est triste jusqu à la mort ; attendez ici et veillez avec moi (5). » Et, s'étant éloigné d'eux à la distance d'un jet de pierre, il se mit à genoux (6) priant pour que, s'il était possible, cette heure s'éloignât de lui, et il disait : « Père, Père, tout vous est possible (7); s'il vous plaît, éloignez de moi ce calice; néanmoins que ma volonté ne s'accomplisse pas, mais la vôtre (8). »
Et il retourna à ses disciples qu'il trouva endormis, il dit à Pierre (9) : « Simon, vous dormez (10)? Quoi ! vous n'avez pu veiller une heure avec moi ? Veillez et priez, afin que vous ne tombiez point dans la tentation (11) ; car l'esprit est prompt, mais la chair est faible (12). »
Il s'en alla encore prier une seconde fois, en disant .. « Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite (13). » Il revint à ses disciples de nouveau, et les trouva endormis ; car leurs yeux étaient appesantis, et ils ne savaient que lui répondre (14).
Et les ayant laissés, il s'en alla encore prier, pour la troisième fois, disant les mêmes paroles (15). Alors un ange du ciel lui apparut, et le fortifia ; et, étant tombé en agonie, il redoublait ses prières, il lui vint aussi une sueur qui découlait comme des gouttes de sang jusqu'à terre. Et lorsque, après sa prière, il se fut levé et qu'il fut revenu vers ses disciples. il les trouva qui s'étaient endormis, accablés par la tristesse, et il leur dit (1) : « Dormez maintenant et reposez-vous (2) ; c'est assez, l'heure est venue : voilà que le Fils de l'homme va être livré entre les mains des pécheurs. Levez-vous, allons (3); celui qui doit me trahir est près d'ici. » Comme il parlait encore, Judas, l'un des douze, arriva, et avec lui une grande troupe de gens armés d'épées et de bâtons, qui avaient été envoyés par les princes des prêtres et par les anciens du peuple. Or, celui qui le trahissait leur avait donné ce signal, en leur disant : « Celui que je baiserai, c'est lui-même : saisissez-vous de lui (4); arrêtez-le et gardez-le bien (5). »
1. Io. 18. 1-2. 2. Lc. 22. 40a. 3. Mt. 26. 36b. 4. Lc. 22. 40b. 5. Mt. 26. 37-48. 6. Lc. 22. 41. 7. Mc. 15. 35b-36a. 8. Lc. 22. 40b. 9. Mt. 26. 40. 10. Mc. 14. 37b. 11. Mt. 26. 40b-41a. 12. Mc. 14. 38b. 13. Mt. 26 42. 14. Mc. 14. 40. 15. Mt. 26. 44.
1. Lc. 22. 43-46a. 2. Mt. 26. 45 a. 3. Mc. 14. 4,b-42a. 4. Mt. 26. 46b-48. 5. Mc. 14. 44b. .
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Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Cependant Jésus, sachant tout ce qui devait arriver, vint à eux (6) et aussitôt s'approchant de Jésus, il lui dit : « Maître, je vous salue ; » et il le baisa.
Jésus lui répondit (7) : « Judas! vous trahissez le Fils de l'homme par un baiser (8) ; mon ami, qu'êtes-vous venu faire ici (9)? »
Alors Jésus dit aux princes des prêtres, aux officiers du temple, et aux anciens qui étaient venus pour se saisir de lui (10) : « Qui cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent : « Jésus de Nazareth. »
Jésus leur dit : « C'est moi. »
Or Judas, qui le trahissait, était lui-même avec eux. Aussitôt donc que Jésus leur eut dit : « C'est moi », ils reculèrent et tombèrent renversés à terre.
Il leur demanda une seconde fois : « Qui cherchez-vous? »
Et il lui dirent : « Jésus de Nazareth. »
Jésus leur répondit : « Je vous ai dit que c'est moi. Si donc c'est moi que vous cherchez, laissez ceux-là s'en aller. »
C'était afin que cette parole qu'il avait dite fût accomplie : Je n'ai laissé périr aucun de ceux que vous m'avez donnés (1).
En même temps ils s'avancèrent, et, mettant la main sur Jésus, ils l'arrêtèrent (2) ; ceux qui étaient autour de lui, voyant ce qui allait arriver, lui dirent : « Seigneur, frapperons-nous de l'épée (3)? » Alors Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira, en frappa un serviteur du grand-prêtre, et lui coupa l'oreille droite : et cet homme s'appelait Malchus; mais Jésus dit à Pierre : « Remettez votre épée dans son fourreau ; ne faut-il pas que je boive le calice que mon Père m'a donné (4) ? tous ceux qui se serviront de l'épée périront par l'épée. Croyez-vous que je ne puisse point prier mon Père, et ne m'enverrait-il pas aussitôt plus de douze légions d'anges? Comment donc s'accompliront les Ecritures d'après lesquelles tout cela doit arriver (5)? » et lui ayant touché l'oreille, il le guérit (6).
Ensuite Jésus dit à cette troupe :(7) « Vous êtes venus avec des épées et des bâtons pour me prendre comme un voleur; cependant j'étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m'avez pas arrêté, mais c'est ici votre heure et la puissance des ténèbres (8). Cela s'est fait afin que ce que les prophètes ont écrit fût accompli. » Alors les disciples l'abandonnèrent et tous s'enfuirent (9); aussitôt les soldats, le tribun qui les commandait et les gens envoyés par les Juifs, se saisirent de Jésus et le lièrent (10).
1. Lc. 22. 43-46a. 2. Mt. 26. 45 a. 3. Mc. 14. 4,b-42a. 4. Mt. 26. 46b-48. 5. Mc. 14. 44b. . 6. Io. 18. 4. 7. Mt. 26. 49-50. 8. Lc. 22. 48b. 9. Mt. 26. 50b. 10. Lc. 21. 52a.
1. Io. 18. 4b-9. 2. Mt. 26. 50b. 3. Lc. 22-49. 4. Io. 18, 10-11. 5. Mt. 26. 52b-54. 6. Lc. 22. 51b. 7. Mt 26. 55. 8. Lc. 22. 53b. 9 . Mt. 26. 56. 10. Io. 18. 12.
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Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Or, il y avait là un jeune homme qui le suivait, couvert seulement d'un suaire ; ils voulurent l'arrêter, mais il leur laissa le suaire entre les mains et il s'échappa nu du milieu d'eux (1).
Et ils amenèrent Jésus d'abord chez Anne, qui était beau-père de Caïphe, grand-prêtre cette année-là. Or, Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs, qu'il était expédient qu'un seul homme mourût pour le peuple. Cependant Simon-Pierre suivait Jésus avec un autre disciple, qui, étant connu du grand-prêtre, entra dans la cour de sa maison avec Jésus ; mais Pierre était demeuré dehors, à la porte. L'autre disciple, qui connaissait le grand-prêtre, sortit donc et, ayant parlé à la portière, il le fit entrer. Cette servante, qui gardait la porte, dit donc à Pierre : « N'êtes-vous point (3) aussi, vous, un des disciples de cet homme (2)? » Mais Pierre le renonça, en disant : « Femme, je ne le connais pointa, et je ne sais ce que vous dites (4). »
Or les serviteurs et les officiers du grand-prêtre étaient là auprès du feu, à cause du froid (5), et Pierre s'étant assis auprès (6), se chauffait avec eux (7), pour voir la fin (8).
1. Mc. 14. 51-52. 2. Io. 18. 13-17. 3. Lc. 22. 57. 4. Mc. 14, 68b. 5. Io. ,8. 18a. 6. Lc. 22. 55a. 7. Io. 18-18b. 8. Mt. 26. 58b.
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Cependant le grand-prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. Jésus lui répondit : « J'ai parlé publiquement au monde; j'ai toujours enseigné, dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s'assemblent, et je n'ai jamais parlé en secret. Pourquoi m'interrogez-vous ? Interrogez ceux qui m'ont entendu, et demandez-leur ce que je leur ai dit. Ceux-là savent ce que j'ai enseigné. » A ces mots, un des gens qui étaient là présents donna un soufflet à Jésus, en lui disant : « Est-ce ainsi que vous répondez au grand-prêtre? » Jésus lui répondit : «Si j'ai mal parlé, faites voir le mal que j'ai dit; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappez-vous? » (Or Anne l'avait envoyé lié chez Caïphe, le grand-prêtre.)
Cependant Simon-Pierre se tenait toujours là et se chauffai (1), une servante l'aperçut, elle commença à dire à ceux qui étaient présents (2), comme il était à la porte pour sortir : « Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth. » Pierre le nia une seconde fois, en disant avec serment : « Je ne connais pas cet homme (3), et un peu après (4) un des serviteurs du grand-prêtre, qui était parent de celui à qui Pierre avait coupé l'oreille, lui dit (5), assurant la même chose : « En vérité, cet homme était aussi avec lui (6), son langage le fait assez connaître (7) ; ne vous ai-je pas vu avec lui dans le jardin (8)? » Alors il se mit à faire des imprécations, et à dire avec serment : « Je ne connais point cet homme dont vous me parlez (9). » Au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta. Alors le Seigneur, se retournant, regarda Pierre, et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite (10) : « Avant que le coq ait chanté deux fois, vous m'aurez renoncé trois fois (11) » ; et étant sorti, il pleura amèrement (12).
Dès qu'il fut jour, les anciens du peuple, les princes des prêtres et les scribes s'assemblèrent (13); ils cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour le faire mourir ; et ils n'en trouvèrent pas, quoique plusieurs faux témoins se fussent présentés (14), mais leurs témoignages ne s'accordaient pas (15). Enfin, il vint deux faux témoins (16), disant : « Nous lui avons entendu dire : Je détruirai ce temple bâti par la main des hommes, et en trois jours j'en rebâtirai un autre, qui ne sera point fait de main d'homme (17). »
Mais Jésus se taisait (18).
1. Io. 18. 1925. 2. Mc. 14. 69. 3. Mt. 26. 71b. 4. Lc. 22. 58a. 5. Io. 18. 26a. 6. Lc. 22. 59b. 7. Mt. 26. 73b. 8. Io. 18. 26b. 9. Mc. 14. 71. 10. Lc. 22. 60b-61a. 11. Mc. 14. 30. 22. Lc. 22. 62. 13. 66. 14. Mt 26. 39b. Goa. 15. Mc. 14. 59. 16. Mt 26. 20b. 17. Mc. 14. 57b-58. 18. Mt. 26. 63a.
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Alors le grand-prêtre, se levant au milieu de l'assemblée, interrogea Jésus et lui dit (1) : « Vous ne répondez rien à ce que ceux-ci déposent contre vous (2) ? »
Mais Jésus gardait le silence et ne faisait aucune réponse (3).
Et l'ayant introduit dans leur conseil, ils lui dirent : « Si vous êtes le Christ, dites-le-nous. »
Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez point, et si je vous interroge, vous ne me répondrez pas, et vous ne me laisserez point aller (4). »
Et le grand-prêtre lui dit : « Je vous adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si vous êtes le Christ, le Fils de Dieu. » Jésus lui répondit : « Vous l'avez dit (5). »
Alors tous lui dirent: « Vous êtes donc le Fils de Dieu ?»
Il leur répondit : « Vous le dites, je le suis (6). Au reste je vous déclare qu'un jour vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la majesté de Dieu, et venant sur les nuées du ciel (7). »
Aussitôt le grand-prêtre, déchirant ses vêtements, s'écria (8) : « Il a blasphémé (9). »
Et ils criaient : « Qu'avons-nous encore besoin de témoignage, puisque nous l'avons entendu nous-mêmes de sa propre bouche (10) ? Que vous en semble (11)? »
Ils répondirent : « Il mérite la mort (12). »
Et quelques-uns commencèrent à lui cracher au visage et à le frapper (13), ils se jouaient de lui (14), et les valets lui donnaient des soufflets (15), disant : « Christ, prophétise qui est celui qui t'a frappé (16) ? »
Et ils proféraient encore contre lui beaucoup d'autres injures et blasphèmes (17).
1. Mc. 14. 60a. 2. Mt. 26. 62b. 3. Mc. 14. 61a. 4. Lc. 22. 66b-68. 5. Mt. 26. 63b-64a. 6. Lc. 22. 70. 7. Mt. 26. 641). 8. Mc. 14. 63a. 9. Mt. 26. 65b. 10. Lc. 22. 71. 11. Mc. 14. 64b. 12. Mt. 26. 66.b. 13. Mc. 14. 65a. 14. Lc. 22. 63b. 15. Mc. 14. 65b. 16. Mt. 26. 68. 17. Lc. 22. 65.
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Ils menèrent donc Jésus de la maison de Caïphe au prétoire. Or, c'était le matin (1), et ils le livrèrent à Pilate (2), mais ils n'entrèrent pas dans le prétoire, de peur de devenir impurs, et afin de pouvoir manger la pâque (3).
Or, Jésus parut devant le gouverneur (4) ; et Pilate, étant sorti, vint à eux et leur dit : « De quel crime accusez-vous cet homme ? » Ils lui répondirent : « Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne vous l'aurions pas livré (5). Nous l'avons trouvé pervertissant notre nation, empêchant de payer le tribut à César et se disant Roi et Christ (6). »
Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi ». Mais les Juifs lui répondirent : « Nous n'avons pas le droit de faire mourir personne », afin que la parole que Jésus avait dite fût accomplie, pour marquer de quelle mort il devait mourir.
Pilate rentra donc dans le prétoire, et, ayant fait amener Jésus, lui dit : « Etes-vous le roi des Juifs ? »
Jésus répondit : « Dites-vous cela de vous-même, ou d'autres vous l'ont-ils dit de moi ? »
Pilate lui répliqua : « Est-ce que je suis Juif ? Ceux de votre nation et les princes des prêtres vous ont livré entre mes mains : qu'avez-vous fait ? »
Jésus lui répondit : « Mon royaume n'est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes sujets ne manqueraient pas de combattre pour que je ne sois point livré aux Juifs ; mais mon royaume n'est point d'ici-bas. »
Pilate lui dit alors : « Vous êtes donc roi ! »
Jésus lui répondit : « Vous le dites ; je suis roi, et c'est pour rendre témoignage à la vérité que je suis né, et que je suis venu dans le monde. Quiconque aime la vérité entend ma voix. »
Pilate lui dit : « Qu'est-ce que la vérité ?
1. Io. 18. 28a. 2. Mc. 15. Ib. 3. Io. 18. 28b. 4. Mt. 27. 11a. 5. Io. 18. 29-39. 6. Lc. 23. 2b.
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
A peine eut-il dit ces paroles qu'il retourna vers les Juifs (1).
Alors Pilate dit aux princes des prêtres et au peuple : Je ne trouve aucun sujet de condamnation en cet homme. »
Mais eux insistaient avec plus de force, et disaient : « Il soulève le peuple, semant sa doctrine par toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu'ici. »
Pilate, entendant nommer la Galilée, demanda s'il était Galiléen ; et quand il eut su qu'il était de la juridiction d'Hérode, il le renvoya à Hérode, qui pour lors se trouvait lui-même à Jérusalem. Hérode fut ravi de voir Jésus, car il le désirait depuis longtemps, d'après tout ce qu'il avait entendu dire de lui, et il espérait lui voir faire quelque prodige. Il lui fit donc un grand nombre de questions ; mais Jésus ne lui faisait aucune réponse.
Cependant les princes des prêtres et les scribes étaient là, qui poursuivaient constamment leur accusation contre lui ; mais Hérode avec sa cour ne le traita qu'avec mépris, et lui ayant fait mettre une robe blanche, il se joua de lui, et le renvoya à Pilate, et dès ce jour, Hérode et Pilate, d'ennemis qu'ils étaient auparavant, devinrent amis.
Or Pilate, ayant assemblé les princes des prêtres, les magistrats et le peuple, leur dit : « Vous m'avez présenté cet homme comme soulevant le peuple ; et vous voyez que je l'ai interrogé devant vous, sans trouver en lui aucun sujet de condamnation sur les chefs dont vous l'accusez. Hérode n'en a point trouvé non plus, car je vous ai renvoyés à lui, et vous êtes témoins qu'il ne l'a reconnu coupable d'aucun crime qui mérite la mort. Je le laisserai donc aller, après l'avoir fait châtier (2). »
1. Io. 18. 31-38a 2. Lc. 23. 4-18a,
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Or, les princes des prêtres l'accusaient sur plusieurs chefs (1), et étant accusé par les princes des prêtres et les anciens, il ne répondit rien.
Pilate lui dit alors : « N'entendez-vous pas toutes les accusations dont ils vous chargent ? »
Et il ne lui répondit rien, de sorte que le gouverneur en était tout étonné. Or le gouverneur avait coutume au jour de la fête de Pâques de délivrer au peuple celui des prisonniers qu'il voulait ; et il y en avait alors un fameux, nommé Bar-Abbas. Comme ils étaient donc tous rassemblés, Pilate leur dit (2) : « C'est la coutume parmi vous, qu'à la fête de Pâques je vous relâche un criminel : voulez-vous donc que je relâche le roi des Juifs ? »
Tous alors se remirent à crier, et dirent : « Non, pas celui-là, mais Bar-Abbas. » Or, Bar-Abbas était un voleur (3) qui avait été mis en prison à cause d'une sédition excitée dans la ville, et d'un meurtre qu'il avait commis (4). Et le peuple, étant venu, commença à demander ce qu'il leur accordait toujours. Pilate leur répondit (5) : « Lequel voulez-vous que je vous délivre, Bar-Abbas, ou Jésus qu'on appelle Christ ? » Car il savait bien que c'était par envie qu'ils l'avaient livré. Or, pendant qu'il était assis sur son tribunal, sa femme lui envoya dire : « Ne vous mêlez point dans l'affaire de ce juste, car j'ai aujourd'hui beaucoup souffert dans un songe à cause de lui. »
Mais les princes des prêtres et les anciens persuadèrent au peuple de demander Bar-Abbas.
Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de Jésus qu'on appelle Christ (6) ? »
Ils crièrent de nouveau : « Crucifiez-le (7) ! »
Pilate, qui voulait délivrer Jésus, leur parla de nouveau, mais ils criaient de leur côté : « Crucifiez-le ! crucifiez-le ! »
Il leur dit pour la troisième fois : « Mais quel mal a-t-il fait ? Je ne trouve rien en lui qui mérite la mort. Je vais donc le faire châtier, après quoi je le laisserai aller. »
Mais ils redoublaient leurs instances, demandant avec de grands cris qu'il fût crucifié, et leurs clameurs allaient toujours croissant (1).
Pilate (2) leur relâcha, selon leurs désirs, celui qui avait été mis en prison pour un meurtre et une sédition (3), et ayant fait flageller Jésus, il le leur abandonna.
1. Mc. 15. 3. 2. Mt. 7. 12-17a. 3. Io. 18. 39-40. 4. Lc. 23. 19. 5. Mc. 15. 8-sa. 6. Mt. 27. 17b. 22. 7. Mc. 15. 18.
1. Lc. 23. 20-23. 2. Mc. 15. 15a. 3. Lc. 23. 25a.
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Les soldats du gouverneur emmenèrent ensuite Jésus dans le prétoire, et rassemblant autour de lui toute la cohorte, après lui avoir ôté ses habits, ils le couvrirent d'un manteau d'écarlate (4), et ils entrelacèrent une couronne d'épines, la lui mirent sur la tête (5), et un roseau dans la main droite ; et, fléchissant le genou devant lui, ils se moquaient, et lui disaient : « Je te salue, Roi des Juifs. » Et en lui crachant au visage, ils prenaient son roseau, et lui en donnaient des coups sur la tête (6) ; et ils lui donnaient des soufflets.
Pilate sortit donc de nouveau, et dit aux Juifs : « Voici que je vous l'amène, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime. » Jésus sortit donc, portant une couronne d'épines et un manteau d'écarlate ; et Pilate leur dit : « Voilà l'homme. »
Dès qu'ils le virent, les princes des prêtres et leurs serviteurs se mirent à crier, en disant : « Crucifiez-le ! crucifiez-le ! » Pilate leur dit : « Prenez-le, et crucifiez-le vous-mêmes, car pour moi je ne trouve en lui aucun crime. » Les Juifs lui répondirent : « Nous avons une loi, et d'après cette loi il doit mourir, parce qu'il s'est donné pour le Fils de Dieu. »
Pilate, entendant ces paroles, fut encore plus effrayé, et, rentrant dans le prétoire, il dit à Jésus : «D'où êtes-vous? Mais Jésus ne lui fit aucune réponse.
Pilate lui dit alors : « Vous ne me parlez point? Ne savez-vous pas que j'ai le pouvoir de vous faire crucifier et que j'ai le pouvoir aussi de vous délivrer ? »
Jésus lui répondit : « Vous n'auriez aucun pouvoir sur moi, s'il ne vous avait été donné d'en haut. Voilà pourquoi celui qui m'a livré entre vos mains est coupable d'un plus grand crime. »
Et depuis ce moment Pilate cherchait à le délivrer, mais les Juifs criaient : « Si vous le délivrez, vous n'êtes point ami de César, car quiconque se fait roi se déclare contre César. »
Alors Pilate, entendant ces cris, fit amener Jésus hors du prétoire, et prit place sur son tribunal, dans le lieu appelé en grec Lithostrotos, et en hébreu Gabbatha. Or, on était à la veille du sabbat de Pâques, vers la sixième heure ; et il dit aux Juifs : « Voilà votre roi. » Mais ils se mirent à crier : « Prenez-le, prenez-le ! Crucifiez-le ! » Pilate leur dit : « Crucifierai-je votre roi ? » Les princes des prêtres lui répondirent : « Nous n'avons pas d'autre roi que César (1). »
4. Mt. 27, 26b-28. 5. Io. 59. 7. 6. Mt. 27. 29b-30.
1. Ia. 19 3b. 15
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte croissait de plus en plus, demanda de l'eau, et se lavant les mains devant le peuple, il leur dit : « Je suis innocent du sang de ce juste : c'est vous qui en répondrez. » Et tout le peuple lui répondit : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants (2). »
Et il le leur abandonna pour être crucifié (3).
Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il était condamné, fut touché de repentir ; et reportant aux princes des prêtres et aux sénateurs les trente pièces d'argent, il leur dit : « J'ai péché en livrant le sang innocent » ; mais ils lui répondirent : « Que nous importe ? c'est votre affaire. »
Judas, avant jeté l'argent dans le temple, se retira et alla se pendre ; mais les princes des prêtres, ayant pris cet argent, dirent : « Il n'est pas permis de le mettre dans le trésor, parce que c'est le prix du sang » ; et après avoir délibéré entre eux, ils en achetèrent le champ d'un potier, pour la sépulture des étrangers ; c'est pour cela que ce champ est appelé encore aujourd'hui Haceldama, c'est-à-dire le champ du sang.
Alors fut accomplie cette parole du prophète Jérémie : « Ils ont pris les trente pièces d'argent, pour lesquelles on a vendu celui qui avait été mis à prix par les enfants d'Israël, et ils en ont acheté le champ d'un potier, comme le Seigneur me l'a fait prédire (1). »
Ils s'emparèrent donc de Jésus (2), et l'emmenèrent pour être crucifié (3), et l'ayant chargé de sa croix, ils lui ôtèrent le manteau d'écarlate, et lui remirent ses habits (4).
Or, comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon (5), père d'Alexandre et de Rufus (6) et le contraignirent de porter la croix de Jésus (7), derrière lui.
2. Mt. 27. 24-25. 3. Io. 19. 16a
1. Mt. 27. 3. 10. 2. Io. 19. 16b. 3. Mc. 15. 20c. 4. Io. 19. 17a. . 5. Mt. 27. 31b-32a. 6. Mc. 15. 21b. 7. Mt. 27. 32b.
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Jésus était suivi d'une grande foule de peuple, et de femmes qui pleuraient sur lui avec de grandes marques de douleur. Mais, se tournant vers elles, Jésus leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ; car bientôt viendront les jours où l'on dira : Heureuses les femmes stériles, et les entrailles qui n'ont pas enfanté et les mamelles qui n'ont point allaité ; ils commenceront alors à dire aux montagnes : « Tombez sur nous », et aux collines : « Couvrez-« nous. » Car s'ils traitent de la sorte le bots vert, comment le bois sec sera-t-il traité ? »
Il y avait aussi deux criminels qu'on menait avec lui pour être mis à mort.
Lorsqu'ils furent arrivés au lieu qu'on appelle Calvaire (1), en hébreu : Golgotha (2), on y crucifia Jésus ; et les deux voleurs aussi furent crucifiés, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche (3). Ainsi fut accomplie cette parole de l'Ecriture : « Et il a été mis au rang des scélérats (4) » ; et ils lui donnèrent à boire du vin mélangé avec de la myrrhe (5), mais il n'en voulut pas boire (6), et n'en prit pas (7).
Après qu'ils eurent crucifié Jésus, les soldats s'emparèrent de ses vêtements, et en firent quatre parts, une pour chacun d'eux. Ils prirent aussi sa tunique, et comme elle était sans couture, et d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas, ils se dirent entre eux : « Ne la partageons point, mais tirons au sort à qui l'aura. » Afin que cette parole de l'Ecriture fût accomplie : « Ils ont partagé entre eux mes vêtements et ils ont jeté ma robe au sort. » En effet, c'est ce que firent les soldats (8), et, s'étant assis, ils le gardaient (9).
Pilate fit aussi faire une inscription, et la plaça au haut de la croix. On y avait écrit : « JÉSUS DE NAZARETH, ROI DES JUIFS .» Comme le lieu où l'on avait crucifié Jésus était près de la ville, un grand nombre de Juifs lurent cette inscription, qui était écrite en hébreu, ex grec et en latin. Mais les princes des prêtres dirent à Pilate : «Ne mettez pas : Roi des Juifs ; mais qu'il a dit : Je suis le roi des Juifs. » Pilate leur répondit : « Ce qui est écrit est écrit (10). »
1. Lc. 23. 26b.-33b. 2. Io. 19. 17c. 3. Lc. 23. 33b. 4. Mc. 15. 28. 5. Mc. 15. 23a. 6. Mt. 27. 34b. 7. Mc. 15. 23c. 8. Io. 19. 23-24. 9 Mt. 27. 36. 10. Io. 19. 19-22.
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Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Cependant le peuple était là qui regardait (11), et ceux qui passaient le blasphémaient en branlant la tête, et lui disant (1) : « Toi qui détruis le temple et le reconstruis en trois jours (2), sauve-toi toi-même. Si tu es le Fils de Dieu. descends de la croix !»
Les princes des prêtres se moquaient aussi de lui, avec les scribes et les anciens, en disant : « Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même (3) ; qu'il se sauve lui-même; s'il est le Christ, élu de Dieu (4), qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui ! Il met sa confiance en Dieu, que Dieu donc, s'il l'aime, le délivre maintenant, car il a dit : « Je suis le Fils de Dieu (5). » Les soldats aussi l'insultaient, et s'approchaient de lui, et lui présentaient du vinaigre, en lui disant : « Si tu es le Roi des Juifs, sauve-toi toi-même (6) ! » Les voleurs qui étaient crucifiés avec lui l'insultaient de même (7). Or l'un des deux voleurs, qui étaient crucifiés avec lui, blasphémait contre lui, en disant : « Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous avec toi. » Mais l'autre, le reprenant, lui disait : « Tu n'as donc pas non plus de crainte de Dieu, toi qui vas mourir du même supplice ? Encore, pour nous, c'est avec justice, puisque nous souffrons la peine due à nos crimes ; mais celui-ci n'a fait aucun mal », et il disait à Jésus : « Seigneur, souvenez-vous de moi quand vous serez entré dans votre royaume. »
Et Jésus lui répondit : « Je vous le dis, en vérité, vous serez aujourd'hui avec moi dans le paradis (8). »
Cependant la mère de Jésus, et la soeur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine, se tenaient debout auprès de sa croix. Jésus ayant donc aperçu sa mère et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : « Femme, voilà votre fils. » Puis il dit au disciple : « Voilà votre mère. » Et depuis ce moment, le disciple la recueillit dans sa maison (9).
11. Lc. 23-35a
1. Mt. 27. 39-40a. 2. Mc. 15. 29b. 3. Mt. 17. 40b. 42a. 4. Lc. 23. 35b. 5. Mt. 27. 42b-43. 6. Lc. 23. 36-37. 7. Mt. 27. 44. 8. Lc. 23. 39-43. 9. Io. 19. 25-27.
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Monique- Nombre de messages : 13764
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Or, depuis la sixième heure les ténèbres couvrirent toute la terre (1), jusqu'à la neuvième heure, le soleil s'obscurcit (2), et à la neuvième heure, Jésus jeta un grand cri, en disant : « Eloï, Eloï, lamina sabacthani ? », c'est-à-dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné (3) ? » Quelques-uns de ceux qui étaient là l'entendirent, et ils disaient : « Il appelle Elie (4). »
Ensuite Jésus, voyant que tout était accompli, afin de réaliser encore une parole de l'Ecriture, dit : « J'ai soif ! » Et comme il y avait là un vase plein de vinaigre (5), aussitôt l'un des soldats courut en emplir une éponge (6), et, l'ayant mise au bout d'un roseau, il la lui présenta (7) ; après que Jésus eut pris le vinaigre, il dit : « Tout est consommé (8) », mais les autres disaient : « Attendez, voyons si Elie viendra le délivrer (9) », et Jésus cria : « Père, pardonnez-leur, ils ne savent ce qu'ils font (10). » Alors Jésus jeta un grand cri et dit : « Père, je remets mon âme entre vos mains. » Et ayant dit cela (11), il inclina la tête et rendit l'esprit (12).
En même temps le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas, la terre trembla, les roches se fendirent, les tombeaux s'ouvrirent et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent ; et sortant de leurs tombeaux après sa résurrection, ils vinrent dans la ville sainte et apparurent à plusieurs. Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et tout ce qui se passait, furent saisis d'une extrême frayeur (13) ; ils glorifiaient Dieu en disant : « Certainement, cet homme était un juste (14), il était vraiment le Fils de Dieu (15) »; et toute la multitude de ceux qui avaient été témoins de ce spectacle, et qui considéraient tout ce qui arrivait, s'en retournaient en se frappant la poitrine. (16)
1. Mt. 27. 45a. 2. Lc. 23. 44c-45a. 3. Mc. 15. 34. 4. Mt. 27. 47. 5. lo. 19. 2829a. 6. Mt. 27. 48a. 7. Mc. 15. 36b. 8. Io. 19. 30a. 9. Mt 37. 49. 10. Lc. 23. 34a. 11. Lc. 23. 46a. 12. Io. 19. 30b. 13. Mt. 27. 51. 54a. 14, Lc., 23. 15. Mt. 27. 54b. 16. Lc. 23. 48.
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Comme c'était la veille du sabbat, et que ce sabbat était fort solennel, afin que les corps ne demeurassent pas sur la croix pendant ce jour, les Juifs prièrent Pilate de leur faire rompre les jambes et de les faire enlever. Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes au premier, et à l'autre qu'on avait crucifié avec Jésus ; puis, étant venus à Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes; mais l'un deux lui ouvrit le côté d'un coup de lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau.
Celui qui l'a vu en rend témoignage, et son témoignage est véritable ; et il sait qu'il dit la vérité afin que vous aussi vous croyiez, car tout cela s'est ainsi fait afin que cette parole de l'Ecriture fût accomplie : « Vous ne briserez aucun de ses os » ; et cette autre parole qui est encore écrite : « Ils verront celui qu'ils ont percé (1). »
Tous ses amis, et les femmes qui l'avaient suivi de la Galilée (2) et qui avaient eu soin de lui (3), parmi lesquelles étaient Marie-Madeleine (4), et Marie, mère de Jacques le Mineur et de Joseph (5), et la mère des fils de Zébédée (6), et Salomé (7), et plusieurs autres qui étaient venues avec lui à Jérusalem (8), se tenaient à l'écart et regardaient ce qui se passait (9). Le soir étant venu, comme c'était le jour de la préparation et la veille du sabbat (10), il se trouvait un décurion nommé Joseph, homme juste et vertueux (11) qui était disciple de Jésus, mais disciple caché, parce qu'il craignait les Juifs (12), et qu'il n'avait point consenti au dessein des autres, ni à ce qu'ils avaient fait (il était d'Arimathie, ville de Judée, et de ceux qui attendaient le royaume de Dieu (13), alla hardiment trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus. Pilate, étonné qu'il fût mort si tôt, fit venir le centurion, et lui demanda s'il était déjà mort, et le centurion l'en ayant assuré (1), Pilate ordonna de le remettre (2) à Joseph ; ayant acheté un linceul celui-ci vint et enleva le corps de Jésus.
Ils prirent donc le corps de Jésus, et l'enveloppèrent de linges avec les aromates selon la manière d'ensevelir qui est en usage parmi les Juifs. (3)
Or, il y avait un jardin au lieu où il avait été crucifié ; et dans ce jardin un sépulcre nouvellement fait, où personne n'avait encore été mis ; comme donc c'était la veille du sabbat des Juifs, et que ce sépulcre était proche, ils y déposèrent Jésus (4). Et ayant roulé une grande pierre à l'entrée du sépulcre, Joseph se retira (5).
1. Io. 19. 3137. 2. Lc. 23. 49a. 3. Mc. 15. 41b. 4. Mt. 27. 56a. 5. Mc. 15. 40b. 6. Mt 27. 56c. 7. Mc. 15. 40c. 8. Mc. 15. 41c. 9. Lc. 23. 49e. 10. Mc. 15. 42. 11. Lc. 23. 50. 12. 10. 19. 38b. 13. Lc. 23. 51.
1. Mc. 15. 43b. 45a. 2. Mt. 27. 28b. 3. Mc. 15. 46a. 4. Io 19. 38b. 42. 5. Mt. 27. 60b.
A SUIVRE... LE MARTYRE DE SAINT ÉTIENNE DIACRE A JÉRUSALEM, VERS L'AN 37
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
LE MARTYRE DE SAINT ÉTIENNE DIACRE A JÉRUSALEM, VERS L'AN 37
Pendant les premières années qui suivirent la mort de Jésus, un grand nombre de convertis, appartenant à toutes les classes de la société juive et même au sacerdoce, portèrent l'Eglise de Jérusalem à un haut point de faveur dans la ville ; par leur assiduité au temple, leur étroite observance de la loi, les fidèles étaient un sujet d'édification pour le peuple. Tout fut changé le jour où l'on soupçonna chez ceux en qui l'on ne voyait que des pharisiens plus parfaits que les autres, l'intention de soustraire la foi nouvelle à l'autorité de la Synagogue. L'introduction des diacres hellénistes dans la hiérarchie précipita les événements. Parmi les apôtres nul ne songeait alors à détacher l'Eglise du tronc sur lequel Jésus l'avait entée. Moins subjugués par les grands souvenirs du passé, les hellénistes avaient compris les premiers certaines paroles du Maître qui annonçaient la séparation des deux Testaments. Le diacre Etienne provoqua un éclat terrible. On ne sait trop quel personnage il était autrefois, l'histoire ne commence pour lui qu'au moment de son élection. Dès lors, son zèle le portait à prêcher beaucoup, et son talent lui amenait des auditoires nombreux. Il soutenait la dispute contre les habitués de la synagogue des Libertini ou affranchis de Rome, des gens de Cyrène, d'Alexandrie, de Cilicie, d'Ephèse, et l'on s'animait fort à ces disputes, dont le sujet était le caractère messianique de Jésus, le crime de ceux qui l'avaient fait mourir, et de tous les Juifs qui refusaient de le reconnaître pour le Messie. Les autorités juives résolurent de perdre ce prédicateur ; elles profitèrent d'un gouvernement intérimaire de Marcellus pour entrer en possession de leurs droits méconnus par les procurateurs. La mort de Tibère et l'éloignement du légat de Syrie poussaient à hâter une entreprise qui rendait au Sanhédrin son autonomie d'autrefois. Des témoins furent apostés pour surprendre dans les discours d'Etienne quelque parole contre Moïse ; ayant trouvé ce qu'ils étaient venus chercher, ils se répandirent dans la ville, répétant qu'Etienne avait proféré des blasphèmes contre Moïse et contre Dieu.
[Actes des Apôtres, chap. VI, verset 12, au chap. VIII, verset 2.] Voy. FOUARD, Saint Pierre, ch. IV ; BEURLIER, Les Juifs et l'Eglise de Jérusalem dans la Revue d'Histoire et de Littérature religieuses (1897), t. II, p. I suiv.
A SUIVRE... ACTES DE SAINT ÉTIENNE, DIACRE
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
ACTES DE SAINT ÉTIENNE, DIACRE
Ils émurent donc le peuple, les anciens et les scribes et se jetant sur [Etienne], ils l'enlevèrent et l'amenèrent devant le conseil; ils produisirent même de faux témoins contre lui, qui dirent : « Cet homme ne cesse de parler contre le lieu saint et la Loi, car nous lui avons entendu dire que Jésus de Nazareth détruira ce lieu et changera les traditions que Moïse nous a laissées. »
Alors tous ceux qui étaient assis dans le conseil arrêtèrent les yeux sur lui, et crurent voir le visage d'un ange.
Le pontife demande à Etienne si ces accusations sont vraies. Celui-ci répondit : « Mes frères et mes pères, écoutez ! Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham quand il était en Mésopotamie, avant qu'il s'établît à Charan, et il lui dit : « Sors de ton pays et de ta parenté, et « viens dans la terre que je te montrerai. » Alors, sortant du pays des Chaldéens, il habita à Charan. Et après la mort de son père, Dieu le fit passer dans cette terre que vous habitez aujourd'hui, où il ne lui donna aucun héritage, pas même où poser le pied, mais il promit de lui en donner la possession et, après lui, à sa postérité, alors qu'il n'avait point encore d'enfant, et Dieu lui prédit que ses descendants iraient demeurer dans un pays étranger, qu'ils y seraient réduits en servitude et qu'on les y traiterait avec dureté pendant quatre cents ans ; mais Dieu ajouta : « J'exercerai mes jugements sur la nation qui les aura rendus esclaves, ensuite ils sortiront de là, et me serviront dans cette terre. »
Depuis il contracta avec lui l'alliance de la circoncision, et ainsi Abraham, ayant engendré Isaac, le circoncit le huitième jour. Isaac circoncit Jacob, et Jacob les douze patriarches. Les patriarches, poussés par l'envie, vendirent Joseph pour être mené en Egypte ; mais Dieu, qui était avec lui, le délivra de toutes ses afflictions, et par ta sagesse qu'il lui donna, le rendit agréable au Pharaon, roi d'Egypte, qui l'établit gouverneur de l'Egypte et de toute sa maison. En ce temps survinrent une famine et une grande désolation dans toute l'Egypte et dans le pays de Chanaan, en sorte que nos pères n'avaient pas de quoi vivre. Jacob apprit qu'il y avait du blé en Egypte, il envoya une première fois nos pères, puis une seconde fois, et ils reconnurent Joseph, et sa race fut découverte au Pharaon. Alors Joseph envoya un message à Jacob son père, et le fit venir avec toute sa parenté, qui était de soixante-quinze personnes. Jacob donc descendit en Egypte. Après leur mort, Jacob et nos pères furent transférés à Sichem, et déposés dans le sépulcre qu'Abraham avait acheté à prix d'argent des enfants d'Hémor, fils de Sichem.
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Re: TOME I - Les Temps Néroniens ET Le 2ème Siècle - par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Le temps de la promesse que Dieu avait faite à Abraham s'approchant, le peuple s'augmenta et se multiplia dans l'Egypte, jusqu'à ce que Pharaon eût pour successeur un prince qui ne connaissait pas Joseph. Ce roi, usant d'un artifice pervers contre notre nation, affligea nos pères, en les obligeant d'exposer leurs enfants, afin d'en perdre toute la race. Moïse naquit pendant ce temps-là et fut aimé de Dieu, on le nourrit pendant trois mois dans la maison de son père, et puis on l'exposa ; la fille du Pharaon l'emporta, et l'éleva comme son fils. Il fut instruit dans toute la sagesse des Egyptiens, et devint puissant en paroles et en œuvres. A l'âge de quarante ans, il eut la pensée d'aller visiter les enfants d'Israël ses frères ; or, il en vit un qui était maltraité ; il le défendit, et pour le venger, tua l'Egyptien qui lui avait fait outrage. Il croyait que ses frères comprendraient que Dieu les voulait mettre en liberté par son moyen ; mais ils ne le comprirent pas. Le lendemain, il se trouva présent lorsque deux Hébreux se querellaient, et les voulant mettre d'accord, il leur dit : « hommes, vous êtes frères, pourquoi vous faites-vous injure l'un à l'autre ? » Mais celui qui avait tort l'écarta en disant . « Qui vous a établi prince et juge sur nous ? Ne voudriez-vous point aussi me tuer, comme vous tuâtes hier cet Egyptien ? » Cette parole fit résoudre Moïse à s'enfuir; il alla demeurer comme étranger dans le pays Ce Madian, où il eut deux fils.
Quarante ans après, un ange lui apparut dans les déserts de la montagne de Sina, dans la flamme d'un buisson qui était tout en feu. Etonné de ce spectacle, Moïse s'approcha pour considérer ce que c'était, et entendit la voix du Seigneur qui lui dit : « Je suis le Dieu de vos pères, le « Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob. » Moïse fut si effrayé qu'il n'osait considérer ce feu, mais le Seigneur lui dit : « Otez vos souliers de vos pieds, parce que le lieu où vous êtes est une terre sainte. J'ai vu l'affliction de mon peuple qui est en Egypte ; j'ai entendu ses gémissements, et je suis descendu pour l'en tirer : venez donc maintenant, afin que je vous envoie en Egypte. »
« Ce Moïse qu'ils écartèrent, en disant : « Qui vous a établi prince et juge », c'est celui-là même que Dieu leur envoya pour être leur prince et leur libérateur, sous la conduite de l'ange qui lui apparut dans le buisson, c'est lui qui les retira de la servitude en faisant des prodiges et des miracles dans l'Egypte, dans la mer Rouge, et dans le désert pendant quarante ans. C'est ce Moïse qui dit aux enfants d'Israël : « Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète semblable à moi ; c'est lui que vous devez écouter. » C'est ce même Moïse qui fut avec toute l'assemblée du peuple dans le désert, avec l'ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï, et avec nos pères, et qui reçut les paroles de vie pour nous les donner. C'est lui que nos pères ne voulurent point écouter, mais qu'ils rejetèrent, retournant de cœur en Egypte, en disant à Aaron : « Faites-nous des dieux qui marchent devant nous, car pour ce Moïse qui nous a tirés du pays d'Egypte, nous ne savons ce qu'il est devenu. » Alors ils fondirent un veau et sacrifièrent à l'idole, et mirent leur joie dans cet ouvrage de leurs mains, mais Dieu se détourna d'eux et les abandonna jusqu'à leur laisser adorer les étoiles du ciel, ainsi qu'il est écrit dans les livres des prophètes : « Maison d'Israël, m'avez-vous offert des victimes, des hosties dans le désert pendant quarante ans ? Non ! mais vous avez élevé le tabernacle de Moloch et l'astre de votre dieu Rempham, qui sont des figures que vous avez faites pour les adorer : c'est pourquoi je vous transporterai au delà de Babylone. »
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