LE PÈRE PRO, martyr, 1891-1927 ( Mexique )

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Message  ROBERT. Dim 04 Oct 2009, 5:07 pm


Le jour de la fête du Christ-Roi, ils sont plus de deux cent mille.

Le P. Pro assistait à cette fête. Il en fit le récit à ses amis :

« Je fus là depuis 9 h. du matin jusqu'à 11 h., et de 3 h. jusqu'à 9 h. dans l'après-midi; impossible de m'en arracher. Des milliers et des milliers de personnes nu-pieds, d'autres parcourant à genoux l'avenue de Persevillo, tous disant le rosaire et chantant; les pauvres et les riches, des ouvriers et des messieurs formant des groupes. J'AI VU UNE FAMILLE DE LA BOURGEOISIE, HUIT PERSONNES, TOUS PIEDS NUS; LE PÈRE PORTAIT LES CHAUSSURES DE TOUS. J'ai vu un jeune homme de la haute société, les pieds ensanglantés, longer l'avenue, le rosaire à la main. (…)J'ai vu arriver Mgr Mora y del Rio, à 4 h. de l'après-midi, comme un pèlerin quelconque et j'ai entendu les vivats et les applaudissements qui retentirent au dedans et au dehors de la Basilique. A 5 h. de l'après-midi, j'allais rentrer avec Mendez M... quand nous vîmes un groupe décidé de domestiques, accompagnés d'une centaine d'ouvriers chantant par les rues qui mènent à la Basilique.

« Mais les chants étaient plutôt « entre les dents ».

« « Compatriote, dis-je à mon compagnon, c'est le moment; » et à force de coups de coudes et de pincées, je me suis faufilé dans le groupe; soutenu par la voix puissante de mon compagnon, J'AI CHANTÉ À GORGE DÉPLOYÉE : « TU RÉGNERAS ! » QUAND CES PAUVRES GENS VIRENT CES DEUX CORYPHÉES QUI DIRIGEAIENT LA MUSIQUE, ILS S'ENTHOUSIASMÈRENT, ET C'EST ALORS QU'IL Y EN A EU DU CHANT ! ! ! EN PEU DE TEMPS, NOUS DOMINIONS LES MILLIERS DE PERSONNES QUI ENTOURAIENT L'ESPLANADE DE LA BASILIQUE, ET, CINQ MINUTES APRÈS, TOUS REDISAIENT EN CHŒUR LES CHANTS ET LES VIVATS AU CHRIST-ROI, AU PAPE, AUX ÉVÊQUES. Il n'y eu aucun désordre, quoique les pompiers soient arrivés à 8 h. du matin, et que le général Cruz ait deux fois inspecté la Basilique. Les jeunes organisateurs maintinrent l'ordre dans tout le quartier et les policiers ont passé la journée appuyés contre les arbres et sans molester personne. PAUVRES GENS ! EUX-MÊMES ÉTAIENT LES PREMIERS À SE RANGER À NOS CÔTÉS ! La Croix Rouge s'est admirablement conduite; et pourtant c'est une espèce dont l'écorce est ordinairement amère... MAIS OUI ! TOUT MEXICO EST CATHOLIQUE ! NOTRE-DAME DE GUADALUPE EST VRAIMENT LA REINE DES MEXICAINS !


(…)« LE TRIOMPHE NE TARDERA PAS; LE POUVOIR TRÈS GRAND DE NOS ENNEMIS QUI ONT POUR EUX L'ARGENT, LES ARMES ET LES MENSONGES, VA PROMPTEMENT CROULER, COMME LA STATUE VUE PAR DANIEL, FRAPPÉE PAR LA PETITE PIERRE TOMBÉE DU CIEL...

« LA HOULETTE QUI DIRIGE LE PEUPLE DÉSARMÉ DE GUADELUPE FERA BIENTÔT TOMBER LA TÊTE DU GOUVERNEMENT MEXICAIN, ET C’EST ALORS QUE LE CHRIST SEUL RÉGNERA, QUE LE CHRIST SEUL VAINCRA, QUE LE CHRIST SEUL COMMANDERA.

« De tous côtés arrivent les nouvelles d'outrages et de représailles; les victimes sont nombreuses; la liste des martyrs augmente chaque jour... Oh! si je pouvais gagner le gros lot...

« De tous in Domino :

EL BARRETERO » ( le Mineur ).


CHRISTUS VINCIT ! CHRISTUS REGNAT ! CHIRISTUS IMPERAT !

VIVA CRISTO REY !!!
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Message  Roger Boivin Mer 07 Oct 2009, 12:10 pm

VIVA CRISTO REY !
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Message  Roger Boivin Mer 07 Oct 2009, 12:15 pm


Voici comment s'organisent ces « retraites sous le feu ».

Un groupe de dames invitaient leurs amies à faire une retraite. Les exercices devaient se donner dans différentes maisons de la ville; il fallait un billet pour y entrer. Le soir, le directeur de la retraite annonçait dans quel endroit aurait lieu l'exercice du lendemain.

On commençait par réciter le rosaire; puis, le Père prêchait. Il s'asseyait d'ordinaire dans un fauteuil, près d'une petite chapelle improvisée. Il portait un complet à la mode et souvent une fleur au revers de son habit... Il parlait sans s'inquiéter des soldats à ses trousses. Après le sermon, quelques minutes de méditation ; puis un petit lunch que le Père présidait.

Les dames invitaient ensuite leurs maris à en faire autant. Les réunions avaient lieu le soir, après la journée faite. Il fallait toujours le billet d,entrée. Un soir, il y eut une réunion dans le grand édifice Espana, au sixième étage. Au milieu des bureaux, des machines à écrire, les hommes s'agenouillaient pour réciter le rosaire. Sermon. Puis, le matin du jour de clôture, communion générale.

Personne n'avait peur. Une fois, pour dérouter tous les soupçons, la messe fut dite dans une maison qui faisait face au Palais de Justice, tout près des bureaux du procureur général !...

Le P. Pro se signala dans ce genre de travail ( 1 ).

Quand les retraites sont finies, il court à autre chose :

« Le vendredi saint, je n'ai pas arrêté une minute. Je donnai les points de méditation à un groupe de professeurs; ailleurs je commentai les Sept Paroles; je menais de front dans un autre endroit une retraite à des jeunes gens; enfin je fis un sermon sur la « consolation » dans un quartier pauvre de la ville. »

Et il se désole de ne pouvoir encore plus :

« Si je pouvais triloquer ! » s'écrit-il après avoir énuméré ce qui reste à faire.
------

( 1 ) Dans un journal de San Francisco, The Monitor, on donnait récemment le compte rendu d'une réunion d'anciens retraitants. On y disait ( 12 mai 1928 ) :

« Le P. Pro a été le premier Jésuite martyr au Mexique et le premier martyr du mouvement des retraites fermées.
« Les soldats de Calles ont saisi le P. Pro au moment où il donnait une retraite à Mexico...
« Et devant ses deux cents auditeurs, le conférencier, Michael Williams, un auteur bien connu à San Francisco, proposa d'ériguer devant leur maison de retraites une statue du P. Pro, premier martyr et ardent promoteur des retraites fermées... »




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Message  Roger Boivin Sam 10 Oct 2009, 8:31 pm

On le demande partout.

« Malgré la stricte vigilance de la police secrète, qui emploie plus de dix mille agents dans la ville, je baptise, je bénis des mariages, je porte le saint Viatique aux mourants.

« Ah ! si je pouvait me multiplier cent fois ! »

Il raconte des cas difficiles :

« Une fois, raconte-t-il, durant une heure, j'eus à écouter les propos d'une femme théosophe; elle lançait les plus sauvages vociférations que des lèvres humaines peuvent prononcer. Je n'avais jamais rien entendu d'aussi fort chez les mineurs. Elle était pourtant bien malade. Elle blasphémait et maudissait tout ce que nous avons de plus sacré : les saints, les sacrements, et même le nom très saint de la Vierge. Je travaillai à convertir cette langue vraiment infernale. Au bout de six jours, elle ne disait plus que des Avés et des Crédos.

« Quelle misère quand manque l'éducation religieuse ! Pauvre âme ! cette femme mourra sans doute bientôt des suites d'une opération. Demain matin, je lui porterai de bonne heure la sainte Communion. »

Il essaye de rendre compte de son ministère; mais il n'a guère le temps de tout noter.

« Que de choses je voudrais vous raconter, dit-il à son Provincial ( 19 février 1927 ). En voici un résumé. Avant que les choses n'arrivent au pire, j'avais mes " centres eucharistiques " où j'allais tous les jours porter la sainte Communion ; j'en donnais de trois à quatre cents par jour. Le premier vendredi, c'était presque trois fois autant. Il vous est facile d'imaginer ce que cela veut dire pour un pauvre curé sans expérience du travail des confessions. Très élégant, sur la bicyclette de mon frère, je m'en allais, le mors aux dents, par ces rues de Dieu, au risque de me tuer; car les conducteurs de camions sont ici très effrontés.

« De mes autres ministères, j'ai presque perdu le compte; car les malades étaient mon occupation de prédilection : le Viatique, l'Extrême-Onction, les baptêmes et les mariages pullulaient, surtout dans la classe ouvrière; les plus remarquables ont été les baptêmes de deux petites de vingt-cinq et de vingt-huit ans (!) qui avaient fait la sottise de communier plusieurs fois avant d'être baptisées ; le mariage d'un couple qui vivait ensemble depuis vingt-cinq ans. Beaucoup, beaucoup de premières communions.

Nommé par la Ligue chef des conférenciers, j'ai organisé avec cent cinquante jeunes gens la propagande par discours, qui a donné, au début, de très bons résultats. Mais les appréhensions vinrent, nous coupèrent les ailes et jetèrent à bas l'édifice de nos labeurs.

« Dans les faubourgs... il paraît que j'étais dans mon élément ; je parlais, je criais, je bêlais devant cet auditoire sans chemise ; on venait par centaines à nos conférences,  sans craindre les policiers, ni les gendarmes. Pauvres petits ! on peut faire tant de bien parmi eux ! »




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Message  Régis Dim 11 Oct 2009, 2:14 am

Le Père Pro a prophétisé :

(…)« LE TRIOMPHE NE TARDERA PAS; LE POUVOIR TRÈS GRAND DE NOS ENNEMIS QUI ONT POUR EUX L'ARGENT, LES ARMES ET LES MENSONGES, VA PROMPTEMENT CROULER, COMME LA STATUE VUE PAR DANIEL, FRAPPÉE PAR LA PETITE PIERRE TOMBÉE DU CIEL...

« LA HOULETTE QUI DIRIGE LE PEUPLE DÉSARMÉ DE GUADELUPE FERA BIENTÔT TOMBER LA TÊTE DU GOUVERNEMENT MEXICAIN, ET C’EST ALORS QUE LE CHRIST SEUL RÉGNERA, QUE LE CHRIST SEUL VAINCRA, QUE LE CHRIST SEUL COMMANDERA.

Quiz des cristeros :

Pourquoi la prophétie de ce vrai et authentique prophète ne s'est pas réalisée ?

Régis

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Message  Diane + R.I.P Dim 11 Oct 2009, 11:07 am

Régis a écrit:

Quiz des cristeros :

Pourquoi la prophétie de ce vrai et authentique prophète ne s'est pas réalisée ?

Parce qu'une prophétie est toujours soumise à certaines conditions !!
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Message  gabrielle Dim 11 Oct 2009, 11:22 am

Le Christ-Roi a régné, régne et régnera toujours.

Son premier trône de gloire fut la Croix. Avait-il l'apparence du Roi des rois? Et pourtant son règne ne fait aucun doute...

Le Père Pro en le mettant cela futur, pour moi, parle du second avènement du Christ.

Et cette petite pierre tombée du ciel, est la Sainte Église, qui malgré les tempêtes demeure sans rides.

Au jour du jugement notre Roi Divin , l'exaltera à la face de ses ennemis pour le plus grande honte et confusion
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Message  Régis Dim 11 Oct 2009, 12:36 pm

Diane a parfaitement répondu au Quiz des cristeros:

la prophétie du Père Pro ne s'est pas réalisée dit-elle:

Parce qu'une prophétie est toujours soumise à certaines conditions !!

Je vais donc vous donner des citations qui nous diront elles-mêmes quelles conditions ont fait un barrage absolu à la victoire des Cristeros qui seule pouvait établir le Règne social de NSJC au Mexique!

"Ils nous vendent, Manuello, ils nous vendent! " confiait le Général en chef de la Cristiade. Enrique Gorostieta, à un officier d'ordonnance.
C'est une des dernières paroles connues de lui. Elle traduit le déchirement de Jeanne d'Arc devant l'évêque Cauchon!
Quinze jours avant sa mort au combat, le Général, convertit par ses hommes et parvenu à un haut degré de spiritualité mystique, se réclamait des martyrs de la foi et invoquait la communion des saints...Mais Gorostieta sentait déjà très fort que la Hiérarchie ne l'entendant pas quand il les suppliait:
"De grâce, ne négociez pas! "
(in Les Cristeros, Hugues Kéraly)



"Un des principaux problèmes consiste à effacer l'effet fatal produit dans l'âme de notre peuple par les actes de nos évêques et l'action plus directe et plus absurde encore, des prêtres qui suivent en cela les ordres de leurs prélats"
(Le Général Gorostieta au président du Comité Episcopal (Mgr Ruiz y Flores, le 16 mai 1929)



"Les ennemis de Jésus furent extrêmement malins d'accourir à Rome pour briser la muraille de la résistance armée. Ils avaient compris que le peuple déposerait les armes au premier signal du Vicaire de Jésus-Christ"
(L'Evêque de Huejulta en exil, le 26 Janvier 1930
L'évêque de Huejulta était Mgr Jésus Manriquez y Zarate est l'un des trois évêques cristeros affichés, sur 38 évêques mexicains. Arrêté le 15 mai 1926, exilé un an plus tard aux Etats Unis, il ne reverra jamais son pays, les "accords" de 1929 entre le gouvernement révolutionnaire et maçon de Calas et l'épiscopat missionné par Rome l'interdisant de séjour sur tout le territoire mexicain.)



"Dès le début, nous nous sommes heurtés à un problème que nous n'aurions même pas imaginé :que les Pères eux-mêmes nous défendaient de combattre pour le Christ, pour la religion que nos parents nous avait inculquée, que les prêtres avaient affirmée en nous par le bapteme."
(Le Colonel Ascevedo à Jean Meyer, historien de la Cristiade.)

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Message  Régis Dim 11 Oct 2009, 1:07 pm

Gabrielle vous dites :

Le Christ-Roi a régné, régne et régnera toujours.
Son premier trône de gloire fut la Croix. Avait-il l'apparence du Roi des rois? Et pourtant son règne ne fait aucun doute...
Le Père Pro en le mettant cela futur, pour moi, parle du second avènement du Christ.
Et cette petite pierre tombée du ciel, est la Sainte Église, qui malgré les tempêtes demeure sans rides.
Au jour du jugement notre Roi Divin , l'exaltera à la face de ses ennemis pour le plus grande honte et confusion.

Cependant, d’après ces paroles très précises du P. Pro, il semble qu’il ne parlait pas du second avènement du Christ dont il ne donne aucune indication mais du renversement précis du gouvernement maçon de Callas :

Relisez plutôt.

NOS ENNEMIS QUI ONT POUR EUX L'ARGENT, LES ARMES ET LES MENSONGES, VA PROMPTEMENT CROULER, COMME LA STATUE VUE PAR DANIEL, FRAPPÉE PAR LA PETITE PIERRE TOMBÉE DU CIEL...

« LA HOULETTE QUI DIRIGE LE PEUPLE DÉSARMÉ DE GUADELUPE FERA BIENTÔT TOMBER LA TÊTE DU GOUVERNEMENT MEXICAIN, ET C’EST ALORS QUE LE CHRIST SEUL RÉGNERA, QUE LE CHRIST SEUL VAINCRA, QUE LE CHRIST SEUL COMMANDERA.

Que le Christ règne malgré ses ennemis, qu’Il règne en droit et en puissance à cause de sa toutepuissance, chère Gabrielle, je le partage pleinement avec vous !

Que Jésus-Christ règne en fait, ceci est d’autant plus faux aujourd’hui que ce règne de fait appartient, presque sans partage à Satan aujourd’hui. Et si dans cette citation, le Père Pro parle du Christ qui SEUL REGNERA…au futur, c’est qu’il ne règnait pas ni sur le monde, ni au Mexique pendant cette persécution où, cependant des millions de mexicains combattait pour établir son Règne. Le Règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ vous l’établissez dans son Règne de gloire lorsqu’il viendra dans son second avènement et vous me faites peur car il semble que vous ne voulez pas ou vous ne désirez pas que ce Règne de gloire soit précédé du Règne Social de Jésus-Christ, Règne SOCIAL qui pourtant est partie intégrante de la doctrine catholique.

J’ai déjà entendu votre raisonnement ou plutôt lu votre raisonnement chez des ecclésiastiques et qui est le suivant:

Jésus est le Roi des Rois. Il est le DIEU TOUPUISSANT. Incontestablement, il est roi en droit donc, Il est roi en fait. POINT FINAL

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Message  Roger Boivin Dim 11 Oct 2009, 7:09 pm


Et sa santé ? Il n'a pas le temps d'y penser. Par-ci par-là, dans ses lettres, il y fait allusion... toujours en badinant.

« Il est trois h. Je devrais être au confessionnal; et ces jours derniers, comme cet acte m'a coûté ! Mon Père céleste m'a envoyé un cilice sous forme de rage de dents; parfois les douleurs sont si fortes que je voudrais prendre le paravent du confessionnal et le jeter à la tête de la pauvre pénitente... Mais il faut bien payer au bon Dieu l'intérêt de tout ce qu'il me donne pour ma grande famille ! » ( 25 mai 1927. )

Il préfère s'occuper du ministère des hommes.

« Qu'ils soient de la haute société, de la bourgeoisie ou de la basse classe, avec eux je peux me mouvoir à l'aise, regrettant seulement de ne pas leur donner tout le temps que je voudrais. Une splendide cohorte de chauffeurs forme ma couronne de gloire ! Qu'on est bien au milieu de ces gens qui parlent fort et que rien n'arrête, mais qui sont si dociles quand ils voient qu'on s'occupe d'eux et qu'on les prend en considération...

« Pendant que règne une paix relative, nous faisons la moisson ( des âmes ). ( Il fait allusion au mois pendant lequel il écrit cette lettre, 5 août 1927. ) Mais, toujours la même difficulté ; le jour n'a que vingt-quatre heures ! Les ministères sont aussi variés que beaux : mariages de luthériens et d'hérétiques mourants de tout âge et de toute condition ; consultation à la Nicodème, avec des gens armés à la porte pour garder ceux qui viennent à nous : premières communions émouvantes ; messes style catacombes où le célébrant se sent tout petit en voyant la foi des assistants ; confessions de jour et de nuit qui épuisent le vieil homme et lui font détester le péché ( pour ce qu'il lui en coûte ).

« Si j'avais la vie de communauté, le poids serait diminué de quatre-vingt-dix pour cent ; mais je cours de-ci de-là, transpirant et trimbalé dans des camions sans ressorts, épiant furtivement ceux qui nous épient, et, à chaque coin de rue, l'épée de Damoclès nous menaçant de la perquisition et des souterrains...

« Ah ! je préfèrerais presque être en prison pour me reposer un peu... Je suis brisé, de plus en plus brisé par cette barbarie ! Pauvres gens ! pauvres gens ! vous abandonnez les intérêts de vos âmes pour la commodité de vos corps !

« Mais je resterai sous les armes jusqu'à ce que le Capitaine en chef ordonne autre chose ; parce que ce n'est point par mes forces, mais gratia Dei mecum, que je persévérai jusqu'à la fin. »

L'apôtre souffre de voir les pauvres gens insoucieux de leur âme. Dieu lui donne bien des consolations pourtant :

« Il y a deux jours ( le 24 novembre 1926 ), nous avons eu une belle cérémonie : la conversion d'une protestante. Comme le prescrit le Droit Canon, elle a signé son abjuration en présence de deux témoins ; mais elle a voulu faire « des offrandes de plus de valeur et d'un plus grand prix » ; elle a demandé de faire en public l'abjuration de ses erreurs, quelques instants avant de communier. La cérémonie a eu lieu au Bon-Pasteur, en présence de plus de deux cents personnes. La profession de foi se fit devant le très saint Sacrement ; la convertie demanda pardon, promit fidélité aux enseignements de l'Église et se recommanda aux prières des témoins... »




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Message  Roger Boivin Dim 11 Oct 2009, 9:14 pm


Les supérieurs du P. Pro étaient au courant de ses travaux. Ils savaient aussi que l'ordre avait été donné à la police de le capturer. Ils jugèrent qu'il fallait le faire reposer. On devine l'ennui qu'il endura à rester les bras croisés. Il se soumit pourtant sans rien dire. Mais quel soulagement quand on lui redonna sa liberté !

« Avec quelle joie intense, écrit-il aussitôt, j'ai reçu la permission de quitter la cachette que j'avais été forcé de garder à cause de l'illustre M. Calles de Plutarque...

« Sans doute, il fallait prendre bien des précautions...

« Mais j'étouffais dans ma cachette !

« J'entendais sans cesse les plaintes de ceux qui étaient avec moi ; ils se lamentaient sur l'emprisonnement de celui-ci, sur l'exil de celui-là, sur l'assassinat de tel autre...

« Et moi, j'étais encagé !...

« Je ne pouvais étudier, je n'avais aucun livre. Puis, je brûlais de me jeter dans le feu de la bataille pour donner une vigueur nouvelle à ceux qui se battaient, avec, en mon coeur, l'espoir que peut-être je partagerais aussi leur sort.

« Mais ce miel n'effleura pas les lèvres du singe... Il fallait me résigner ; j'offrais au moins à Dieu mes désirs sur l'autel de l'obéissance. »

Il reprend donc avec transport sa vie périlleuse d'apôtre.

Dans la dernière lettre que nous avons de lui touchant ses ministères, il se montre calme malgré la bande d'espions qui le cherchent.

On se rappelle comment il avait fêté le Christ-Roi en 1926. Voici ce qu'il écrit le 30 octobre 1927 ; on a une idée du travail accompli pour célébrer avec plus de fruit encore la dernière fête du Christ-Roi qu'il devait voir en ce monde. C'était moins d'un mois avant sa mort.

Il parle des jours qui ont précédé la fête.

« A 5 h. du matin, j'ouvrais la porte de la rue qui était déjà animée par une trentaine de bonnes maritornes venant se confesser ; une file d'enfants portait l'auditoire à environ cent cinquante, qui s'empilaient dans une salle et attendaient patiemment que ma royale enveloppe eût fini les confessions pour commencer la messe. J'ai eu pendant tout le triduum, à la grande consolation de ma bienheureuse âme, sermon après l'Évangile et communion générale ; suivait une interminable série d'absoutes que ces bonnes gens me faisaient donner à leurs défunts depuis les arrières-grands-pères jusqu'aux futurs petits-fils.

« Vers le soir, quelque chose de semblable avait lieu pour les hommes, mais... sans messe. Je ne sais comment une telle quantité d'ouvriers et de gros messieurs pouvaient tenir dans trois pièces de moyenne grandeur et peu éclairées. Je calcule que dans mon auditoire il y avait au moins deux cents hommes, avides d'entendre la parole de Dieu. J'étais dans l'admiration de voir tant de gens venir, en dépit de la surveillance. Les révolutionnaires étaient à deux pas de nous, menaçant la population de tirer sur elle ; c'est sans doute pour cela que l'autorité municipale ne croyait pas qu'il pût y avoir un type aussi audacieux que moi, qui, à leur nez, donnerait un triduum avec rosaire et chants de missions, comme en temps normal.

« Moi, je m'étais fait un dilemme in barbara pour déposer les doutes de ma conscience scrupuleuse :

« Ou on me jettera en prison pendant le triduum, ou, me dis-je, on ne m'y jettera pas.

« Si on ne m'y jette pas, je continuerai à donner le triduum et j'honore ainsi le Christ-Roi.

« Si on m'y jette, je continuerai à donner le triduum par mes prières et mes pénitences ( je veux dire les insectes ) et j'honore également le Christ-Roi.




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Message  Roger Boivin Dim 11 Oct 2009, 10:42 pm


« Donc le triduum eut lieu pour faire enrager monsieur le diable qui dut plier le genou devant l'unique Roi du ciel et de la terre.

« Sous le titre pompeux de conférences, j'allais d'Hérode à Pilate, disant au commencement trois phrases mirobolantes et continuant ensuite un sermon vulgaire sur le jugement, la mort, le péché, la confession. »

Parmi ces auditeurs se trouvaient des gens qui avaient fréquenté les socialistes ; des gens simples qui s'étaient laissés berner par de grands mots vagues. Les trois premières phrases mirobolantes du conférencier les gagnèrent :

« Après une conférence, raconte le P. Pro, trois cordonniers sortirent en me disant :

« Tout cela nous chausse parfaitement. » C'est-à-dire que c'était bien à propos pour eux. Ces critiques éminents ont admis que ce genre de conférence avait un grand « prestige pour la mentalité constituante de la nation ! » Moi, je n'ai pas compris leur phrase, mais je leur ai donné une poignée de main telle, que la mienne a été parfumée au cigare pendant trois heures ! »

Il achève sa lettre en disant un mot de sa santé :

« Inutile de vous dire que j'oublie les prescriptions médicales qui devaient, après mon opération, peser pendant trois ans sur mon humanité comme autant d'anathèmes. Tout aliment gras est péché mortel pour moi : or, j'ai mangé les fameux saucissons et les pambasos et ils n'ont fait encore aucune protestation dans mon estomac ; ce qui fait que.. ces excursions qui donnent du « prestige à la mentalité constituante de la nation » peuvent se multiplier sans crainte des personnes et des choses... Qu'en pensez-vous ? Ah ! petit cousin, usez de votre influence pour qu'on allonge un peu ma corde, afin que je puisse aller plus librement de par les domaines de Dieu ! Rappelez-vous qu'il ne s'agit de rien moins que de la « mentalité constituante de la nation ! »

Le P. Pro, on le voit, ne refusait pas le travail ; cependant il souffrait de vivre seul ; il eût souhaité faire la même besogne, mais réconforté chaque soir par la compagnie de ses frères.

« Quand aurons-nous au moins une demi-heure, leur écrit-il, pour causer des mille incidents de la vie si active que je mène ?

« Je soupire sincèrement après le calme de nos maisons religieuses, à cause de l'ordre qui y règne, de la facilité avec laquelle s'accomplissent les travaux ordinaires...

« Pourtant ici, au milieu du tourbillon des travaux, je suis étonné de voir que parmi de si dangereuses occasions, Dieu nous donne l'assistance extraordinaire de grâces merveilleuses. Je suis surpris de voir combien sa présence est intimement sentie, quand le découragement essaye de déprimer mon âme. »

C'est la première fois que le mot « découragement » apparaît sous la plume du P. Pro. Mais il ne fait que passer...

L'apôtre se fortifie en pensant à la fin du combat qui s'annonce ; il a bien hâte d'aller au ciel avec le Christ ; il écrit : « Cupio dissolvi et esse cum Christo.

« Ce cri de saint Paul, où il demande à Dieu de le retirer de ce monde, ce cri qu'il répète trois fois ; ah ! que je le comprends !

« Et je comprends aussi la vérité de la réponse de Dieu : « Ma grâce te suffit, car la vertu se perfectionne dans l'infirmité... »




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LE PÈRE PRO, martyr, 1891-1927 ( Mexique ) - Page 3 Empty Re: LE PÈRE PRO, martyr, 1891-1927 ( Mexique )

Message  Roger Boivin Lun 12 Oct 2009, 11:27 am


Par les rues de Dieu


PERSONNE plus que le P. Pro ne désirait être avec le Christ ; mais personne plus que lui ne désira combattre jusqu'à l'heure marquée par Dieu.

Il affronte le danger ; mais il s'en tire avec une habilité consommée. Il sait que depuis longtemps la police est à sa poursuite. Laissons-le raconter lui-même, comment, pendant près d'un an, il la déjoue.

« J'avais tellement l'air d'un étudiant que l'on ne pouvait pas soupçonner ma profession réelle. jour et nuit j'allais de tous les côtés, pour faire le bien. Parfois, j'avais une canne à la main ; d'autres fois je faisais route avec un beau chien policier qu'on m'avait donné ; ou bien je montais la bicyclette de mon frère, à laquelle je suis redevable d'une déchirure au bras gauche et d'une bosse au front...

« Un ordre paru de m'arrêter, mais... l'ordre n'a pas encore été exécuté ! La raison, c'est que je ne me cache pas du tout. Je fais ce que j'ai à faire à la lumière du jour et même à la lumière électrique, puisque l'autre ne suffit pas. »

Il alla en prison plusieurs fois ; il trouvait toujours un moyen d'échapper.

Une fois il imagine de faire appel à la sympathie de son geôlier ; il découvre sa poitrine et montre les cicatrices encore fraîches qu'avaient faites ses trois opérations. Le geôlier, ému, le laisse partir.


Au mois de décembre 1926, les catholiques lâchèrent six cents ballons répandant sur le Mexique une pluie d'imprimés, de feuilles de propagande pour la défense de la religion. Calles, furieux, ordonna d'arrêter les coupables. Ce jour-là, le P. Pro fut fait prisonnier.

Il nous a laissé le récit détaillé de l'affaire.

« Mes frères selon la chair ( Humberto et Roberto ), qui, par atavisme, ont comme moi « une araignée au plafond » étaient plongés jusqu'au cou dans les affaires de la Ligue ; et, comme promoteurs de ces fameux ballons, ils ont attiré sur eux l'attention de nos amis du gouvernement.

« Le 4 décembre, jour où ils ont lancé les ballons, Bandala est venu perquisitionner à la maison. Il n'y a rien trouvé ; mais il a donné l'ordre de mener en prison tout homme qui entrerait là de midi à sept heure du soir. J'ai été le seul à y entrer et le seul de la famille qui ait visité le palais élégant ( La prison ) de Santiago Tlaltelolco !

« Quels souvenir s ! A 7 h. du soir on nous a menés à la prison entre deux files de soldats ; nous étions sept, pris à cause de ces fameux ballons. Le lieutenant qui nous a reçus à Santiago, en lisant l'avis officiel du gouvernement qui nous déclarait prisonniers, nous dit en riant :

« Demain, nous allons avoir la messe. »

« Ça va mal, me dis-je in petto ; ils ont flairé mon état.

- La messe ? avons-nous demandé en choeur, la messe ?

- Oui, répondit le lieutenant ; car, parmi vous il y a un prêtre.

« Ça va mal ; ça va très mal, me dis-je.

« Nous nous dévisagions mutuellement pour voir qui était le malheureux prêtre qui nous accompagnait.

- C'est un Miguel Augustin, reprit le lieutenant.

- Halte-là, dis-je à voix haute, ce Miguel Augustin, c'est moi. Mais il y a autant de probabilité que je dise la messe demain qu'il y en a pour moi à dormir sur un matelas cette nuit.

- Et ceci ? fit-il, en pointant le mot : Pro, qui se trouvait à la suite de son nom ?

- C'est seulement mon nom de famille ; ce n'est pas l'abréviation de presbitero ( 1 ) !

« La nuit vint ; nous l'avons passée dans la cours à la belle étoile. La consigne était : tâchez de molester les prisonniers. Et ce qu'ils l'ont bien observée !


-----

( 1 ) Les prêtres espagnols abrègent après leur signature le mot presbitero en pbro.





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Message  gabrielle Lun 12 Oct 2009, 12:00 pm

Réponse pour Régis ici

Mon Royaume n'est pas de ce monde
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Message  Régis Lun 12 Oct 2009, 1:48 pm

Merci Gabrielle pour votre réponse.

J'ai précisément toute une étude très intéressante sur l'interprétation de cette Parole:

"Mon Royaume n'est pas de ce monde"

Seulement, voilà, je suis retourné à la mine pour toute la semaine et ce n'est seulement que le prochain week-end que je pourrais mettre en ligne cette belle étude.

Alors à bientôt.

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Message  Régis Lun 12 Oct 2009, 2:06 pm

Merci beaucoup, cher Roger pour diffuser tout ce qu'à fait le Père Pro pour le règne social de Jésus-Christ au Mexique.

Si on pouvait en faire seulement le un centième de ce qu'il a fait !

D'autre part dans un autre coin du forum, on cherchait des renseignements pour l'abjuration que nous avons à faire par rapport à l'église conciliaire. Et bien, le Père Pro connaissait tout cela par coeur comme il nous l'explique dans le menu détail :

« Il y a deux jours ( le 24 novembre 1926 ), nous avons eu une belle cérémonie : la conversion d'une protestante. Comme le prescrit le Droit Canon, elle a signé son abjuration en présence de deux témoins ; mais elle a voulu faire « des offrandes de plus de valeur et d'un plus grand prix » ; elle a demandé de faire en public l'abjuration de ses erreurs, quelques instants avant de communier. La cérémonie a eu lieu au Bon-Pasteur, en présence de plus de deux cents personnes. La profession de foi se fit devant le très saint Sacrement ; la convertie demanda pardon, promit fidélité aux enseignements de l'Église et se recommanda aux prières des témoins... »

Régis

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Message  Roger Boivin Lun 12 Oct 2009, 6:00 pm

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Message  Roger Boivin Lun 12 Oct 2009, 7:15 pm


« Un grand lit de ciment, c'est-à-dire toute la cour, fut mis à notre disposition ; des oreillers très hauts, c'est-à-dire les murs ; et sans autre couverture que celle que pouvait nous fournir la fraîcheur de la nuit.

« Tous les sept nous nous sommes blottis les uns contre les autres, car le froid était exceptionnel. Nous avons commencé à dire le rosaire, à chanter à mi-voix tout ce que nous savions de religieux et de profane ; puis nous avons sommeillé, sans aucune considération pour les sentinelles qui nous regardaient. Moi qui ai passé des heures si longues à l'observatoire de Grenade pour prendre la hauteur des étoiles, et qui trouvais qu'elles allaient trop lentement !

« Le lendemain, on allait nous éveiller avec des sceaux d'eau ; mais comme nous ne dormions pas, au premier jet, nous nous sommes mis à courir, entre les rires et les sifflets des soldats.

« Notre bourse contenait trois piastres et dix sous, somme suffisante pour nous payer une marmite de feuilles d'oranger, bouillante et sans sucre, ce qui nous a paru du nectar ; car la gelée nous avait raidis comme des glaçons.



LE PÈRE PRO, martyr, 1891-1927 ( Mexique ) - Page 3 Numari42


LE PÈRE PRO, martyr, 1891-1927 ( Mexique ) - Page 3 Numari43


« A midi, je sortis de la prison ; mes compagnons, plus favorisés que moi, ne la quittèrent que le lendemain. J'ai dû me présenter deux fois pour faire des déclarations. Déclarer quoi ? Je n'en sais rien, et je ne l'ai jamais su. Le tout a été une farce, pendant laquelle je me suis joué de ces dignes gouvernants, en me servant d'un ton nigaud qui m'a permis de leur dire de bonnes vérités sans rien compromettre.

« Cependant, maintenant que j'y pense, je m'étonne qu'on ne m'ait pas fusillé pour une phrase que j'ai dite. car avant de me relâcher ils me demandèrent :

- Êtes-vous prêt à payer telle somme d'amende ? Car, M. Calles est très fâché pour l'affaire des ballons.

- Non, Monsieur, répliquai-je ; je ne suis pas prêt, pour deux raisons. La première, c'est que je n'ai pas le sou. La deuxième, c'est que si je l'avais, je ne voudrais pas, même au prix de ma vie, emporter le remords d'avoir contribué d'un demi-sou de ma poche au soutien du gouvernement actuel.

« Après cette comédie, mes ministères ont été réduits ; malgré tout, j'ai pu préparer la fête de Noël dans seize asiles, et au Bon-Pasteur, par des instructions, des bénédictions et la communion générale, le 25 décembre.

« Cela fut mon dernier exploit public, parce que le 29, un peloton de réservistes a envahi la maison avec ordre de saisir toute ma parenté. En vain j'ai fait l'homme vaillant ; en vain je les ai suppliés avec de tendres phrases ; en vain j'ai invoqué influences et recommandation : leur coeur de pierre ne s'est amolli qu'avec les cinquante piastres que je leur ai données ; mais mon père, mes deux frères et moi dûmes sortir avec seulement ce que nous avions sur le dos pour chercher un asile parmi nos parents et nos amis, chez qui nous logeons depuis cette date jusqu'au jour d'aujourd'hui.

« Mille versions ont circulé sur cette évènement ; celle qui a prévalu, c'est que j'étais l'auteur des feuilles « de l'armée » et que mes frères étaient responsables des ballons : les deux choses sont fausses. » ( 19 février 1927. )




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Message  ROBERT. Mar 13 Oct 2009, 3:47 pm

SI le P. Pro a pitié de la foule, s'il ne peut voir une misère sans la soulager, ce n'est pas simple bonté d'âme. Il a son but. Il commence par s'attacher les cœurs; puis quand il y est entré, il relève les âmes.

On voit que les Saints fonctionnent toujours de la même manière ; à preuve Saint Jean Bosco :

Dites-moi, Monsieur l'Abbé, pourquoi la loi n'exerce pas sur ses sujets un ascendant pareil au vôtre ?

--- Excellence, repartit l'homme de Dieu, notre pouvoir à nous est d'un autre ordre. La loi ne sait que commander et châtier. Nous autres nous parlons au cœur des jeunes, et notre parole est la parole de Dieu.
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Message  ROBERT. Mar 13 Oct 2009, 5:36 pm

« LES CATHOLIQUES RÉSISTENT, ÉCRIT-IL; LES REPRÉSAILLES VONT ÊTRE TERRIBLES, SURTOUT DANS LA VILLE DE MEXICO. LES PREMIERS À EN SOUFFRIR, SERONT SURTOUT CEUX QUI AURONT TREMPÉ LA MAIN DANS LA QUESTION RELIGIEUSE... ET MOI, QUI Y AI MIS LA MIENNE JUSQU'AU COUDE !... DIEU VEUILLE QUE JE SOIS PARMI LES PREMIERS, OU, SELON UN AUTRE POINT DE VUE, PARMI LES DERNIERS. EN TOUT CAS, QUE JE SOIS DU NOMBRE !

(Père Pro)

Pas de danger qu'on entende de belles paroles comme çà ici... Sad Sad

Père Pro, donnez-nous, par la Dame Marie, le centième du millième de votre héroïcité devant le martyre... VIVA CRISTO REY cheers


Dernière édition par ROBERT. le Mar 13 Oct 2009, 5:40 pm, édité 1 fois (Raison : balises superflues...)
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Message  Roger Boivin Sam 17 Oct 2009, 6:11 pm


Après cette alerte, le P. Pro doit se tenir sur la réserve. On sent qu'il a reçu l'ordre d'être prudent, même de ne pas bouger, au moins pendant quelque temps.

Il écrit à son Provincial :

« Reclus dans une petite chambre, sans autre paysage que la cours du voisin, avec défense de me montrer beaucoup, je passe les jours à tourner et retourner livres et papiers, à préparer à moitié mon examen...

« L'obéissance vaut mieux que les sacrifices ; alors je ne vais pas bouger d'ici.

« ... Pourtant, les gens ont grand besoin de secours spirituels ; tous les jours j'apprends que des personnes sont mortes sans sacrements ; il n'y a plus de prêtres qui affrontent les dangers ; par obéissance ou par crainte, ils restent renfermés. Si je donnais ma petite contribution de grain de sable comme auparavant, ce serait m'exposer ; mais le faire avec discrétion et mesure ne me paraît pas téméraire... Entre la témérité et la peur, il y a un milieu ; entre la prudence excessive et l'audace, il y a un milieu... On craint pour ma vie ! Ma vie ?... mais qu'est-elle ? ne serait-ce pas la sauver que de la perdre pour mes frères ?

« Certainement, il ne faut pas s'exposer sottement... Mais les fils de Loyola !... » ( 19 février 1927. )


Les supérieurs veulent être prudents, mais il savent que cette âme de feu ne peut rester cachée, inactive. Et le P. Pro repart à la bataille.

Depuis le mois d'octobre 1926, l'ordre a été donné de l'arrêter ; mais le Père compte sur son adresse et sur la Providence pour échapper à ceux qui le filent.

Il faillit se faire pincer plusieurs fois.

« Une fois, raconte-t-il, c'était à 6 h. du matin ; je distribuais la sainte communion dans une maison de « Station Eucharistique ». Tout à coup une servante entre en criant : « Les tecnicos ! » ( nous dirions : la police ! ). L'assistance s'effarouche et pâlit.

- Restez en paix, leur dis-je. Cachez vos voiles ; éparpillez-vous dans les chambres et ne faites pas de bruit.

« Ce jour-là j'avais une casquette et un complet gris clair, qui, par l'usage, tirait sur le sombre.

« Je tire une cigarette que j'adapte à un énorme fume-cigarette ; je cache le saint Sacrement sur ma poitrine et j'attends les intrus.

- Il y a ici culte public, dirent-ils.
- Ne vous moquez pas de moi, leur répondis-je.
- Oui, monsieur, il y a ici culte public.
- Eh ! bien, Messieurs, voici maintenant qu'on me fait des canards...
- Nous avons vu entrer le prêtre !
- Ah ! blagueurs que vous êtes. Tenez ! voulez-vous parier un demi-verre d'eau-de-vie qu'il n'y a pas de curé ici ?
- Nous avons ordre de faire une perquisition. Accompagnez-nous.
- Il ne manquait plus que cela ! vous suivre, vous autres ? et de quel gamin vient cet ordre ? Laissez-moi voir son nom... Mais, dame ! si vous voulez vous promener par la maison, allez-y et quand vous aurez trouvé le culte public , vous me le direz afin que j'aille à la messe.

« Ils commencèrent à parcourir la maison. Pour prévenir des maux plus graves, je les accompagnai. Je leur indiquais ce qu'il y avait derrière chaque porte close. Mais comme c'était la première fois que j'entrais dans la maison, je me trompais souvent. Je disais : voici une chambre à coucher. On ouvrait : c'était un bureau ! Ici, c'est une chambre de couture : c'était une chambre de toilette !...

« Naturellement, on ne trouva pas de prêtre et les rusés tecnicos se mirent à monter la garde devant la porte d'entrée.

« Je leur fis mes adieux, en leur disant que si je n'avais à rencontrer une amie à moi, je resterais avec eux jusqu'à ce qu'ils eussent saisi le prêtre insolent qui se faisait un jeu de tromper la vigilance émérite d'une police si bien stylée.

« Quand j'eus fini ma tournée de communions, je revins voir mes tecnicos ; ils gardaient encore la porte. Je ne sais comment expliquer la chose, mais le prêtre ne s'était pas montré ! »




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Message  Roger Boivin Dim 18 Oct 2009, 3:56 pm


« Une autre fois, j'allais dire la messe dans un district de la ville. J'aperçus que deux gendarmes gardaient l'entrée de la maison où je devais précisément dire la messe.

« Cette fois, ça y est, me dis-je en moi-même. Entrer, c'était courir un grand risque. Mais rebrousser chemin, c'était céder à la peur ; abandonner les fidèles qui m'attendaient, c'était, à mon avis, honteux.

« Je ramasse tout mon sang-froid et je vais droit aux gendarmes. D'un air important je transcris sur un carnet le numéro de la maison. Puis, j'ouvre mon gilet comme si je leur montrais mon bouton de police secrète et leur dis d'un air entendu :

- Il y a ici un chat en poche...

« Ils firent le salut militaire et me laissèrent passer, convaincus que j'étais un agent de la police secrète et que je leur avais réellement montré le bouton qu'il porte ordinairement sous le gilet.

« je montai les degrés de l'escalier à la course, en me disant :

- C'est maintenant qu'il y a ici un chat en poche !

« Impossible pourtant de dire la messe. Les pauvres gens en me voyant entrer étaient blancs de peur. On voulut me cacher derrière une garde-robe.

« Je leur dis :

- Nous ne pourrions être plus en sûreté : les gendarmes font la garde pour nous ! Mais je ne pus les convaincre. Ils me suppliaient de me sauver par le toit. Je serrai ma soutane et pris le chemin par lequel j'étais entré et je sortis, non sans recevoir des gendarmes deux magnifiques saluts militaires. »




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Message  Roger Boivin Dim 18 Oct 2009, 4:21 pm


Un autre incident amusant, mais qui aurait pu devenir tragique.

« C'était le premier soir de la retraite que je prêchais aux employés du gouvernement. Je les avais quittés vers 9 h. 30. Après les cris que je venais de pousser, j'étais rouge comme une tomate.

« J'aperçus deux individus qui me dévisageaient ; ils m'attendirent au coin de la rue. Je compris que c'étaient des espions. Je me dis :

- Cette fois, dis adieu à ta peau, mon garçon !

« Mais, je pensai à l'adage : celui-là donne deux fois qui donne le premier. Je m'approchai et demandai une allumette.

- Vous pouvez en avoir au magasin, répondirent-ils.

« Je m'éloigne, ils me suivent. Était-ce pure coïncidence ? Je tourne d'un côté, je tourne de l'autre : ils font comme moi...

- Vieille mère ! me dis-je à moi-même... Si j'avais ma bicyclette !...

« Il va certainement se passer quelque chose, cette fois.

« Je pris une auto ; ils en firent autant. Mon chauffeur était heureusement un catholique. En me voyant dans de tels draps, il se mit à mes ordres.

- Écoute mon garçon, lui dis-je, modère un peu, au coin que voilà ; je sauterai de l'auto. Toi, continue comme si de rien n'était.

« Je mis ma casquette dans ma poche, je déboutonnai mon gilet noir pour bien montrer ma chemise blanche et je sautai.

« Quelques enjambées rapides me menèrent à un arbre contre lequel je m'appuyai de telle sorte qu'on ne pouvait pas ne pas me voir. une seconde plus tard, les deux individus passèrent ; si près qu'ils m'égratignèrent avec le garde-poussière de leur auto. Ils me virent certainement, mais jamais il ne leur vint à l'esprit que j'étais celui après lequel ils couraient.

« Je fis demi-tour. Je n'étais pas dans l'état que j'aurais aimé ; je commençais à ressentir les effets du choc que je m'étais donné en descendant.

- Hardi, mon garçon, me dis-je, en fuyant.

« Maintenant, à autre chose ! »




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Message  Roger Boivin Dim 18 Oct 2009, 5:20 pm


Parfois il jouait la comédie au nez même de ceux qui étaient députés pour le prendre. Deux bonshommes se présentèrent un jour à lui : ils croyaient bien tenir celui qu'ils cherchaient. Le P. Pro s'avance vers eux, leur parle avec tant d'aplomb, s'amuse si cordialement avec eux, qu'ils commence à douter... Pour achever de les jouer, le Père les amène à l'un des cafés populaires de la ville, leur fait servir un petit goûter et prend un verre à leur santé.

Il fallait parfois une présence d'esprit peu ordinaire pour trouver une issue.

Deux agents courent une autre fois après lui. Il sent bien qu'ils sont à ses trousses. Au tounant d'une rue, il aperçoit une dame catholique qu'il connaît. Un clin d'oeil et elle comprend. Ils repartent à pas lents, comme deux amoureux...

Dix secondes après, arrivent les policiers. Ils ont beau regarder : plus de P. Pro ! Seulement un couple heureux qui se promène en causant...

Tout cela se passe à la fin de 1926. Le P. Pro réussit si bien à sortir de tous les dangers, qu'il craint de ne jamais être pris !

En entrant dans une prison pour visiter les détenus, il se dit :

« Si les geôliers savaient qui je suis, il y a longtemps que je serais moi-même en prison. L'autre jour, j'avais envie de crier bien haut, en présence des gens qui me cherchaient :

- Sachez, Monsieur le maire, que je suis le promoteur des conférences religieuses ; je suis l'homme qui forme les jeunes gens à parler ; je suis l'homme qui les confesse sous votre nez ; êtes-vous donc si sot de ne pas me prendre pour au moins quinze jours ?...

« Mais le miel n'est pas fait pour la bouche du singe...

« Dieu seul sait quel honneur ce serait pour moi d'aller manger les mets puants de la prison et de passer de longs jours et de longues nuits, courbé dans un petit cachot...

« Mes amis, priez Dieu que mon rêve le plus cher se réalise !

« J'ai promis aux saints les plus tristes du paradis de leur danser un jarabe tapatio ( danse mexicaine très comique ) si l'ordre qui a paru de me prendre arrive enfin jusqu'à moi... »

Cette lettre fut écrite le 13 novembre 1926.




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Message  Roger Boivin Dim 18 Oct 2009, 5:54 pm


L'ordre devait le chercher encore plus d'un an.

En attendant, le Père ne songe pas à se cacher.

Il s'ingénie à répandre les feuilles de défenses religieuses.

On imprimait de petits billets, sous forme de timbres, qu'on collait partout, même sur l'automobile de Calles.  Le P. Pro voulut un jour faire un peu de propagande dans un tramway. Il monte, s'assied et, à la dérobée, se colle lui-même dans le dos une série de billets. Puis comme un innocent à qui des malins auraient joué un tour, il se lève, se promène dans le tramway, avec un grand sérieux, pour bien montrer ses timbres à tout le monde...

Au printemps de 1927, les agents de Calles désirent à tout prix que le P. Pro soit arrêté.

« Les illustres types du gouvernement, écrit le Père à l'un de ses amis, brûlent de fureur à cause des Bons que la Ligue a expédiés et qui ont servi à stimuler la charité publique. L'argent que l'on recueille avec ces Bons servira... à beaucoup de choses.  Comme ces Bons ont déjà donné un excellent résultat et continuent à le donner, eux ( ces messieurs ) se donnent à tous les diables, leurs compagnons. ( Ils me pendront si cette innocente lettre tombe entre leurs mains. ) » ( 25 mai 1927. )

Il faut toujours avoir l'oeil au guet. Les perquisitions se font de plus en plus fréquentes, même dans la maison où loge la famille du P. Pro.

« Ici, ajoute-t-il, les choses vont sur des roulettes : c'est-à-dire qu'on envoie les chrétiens au ciel pour un oui et pour un non. L'heureux homme qui tombe dans la prison souterraine est certain de ne plus manger de pain à sa propre table. Chez moi, cette persuasion est tellement enracinée que toute ma tendre parenté, quand l'un de nous franchit le seuil de la maison, au lieu de dire « Au revoir », fait un acte de contrition.

« Nous le savons, celui qui n'est pas entré à 11 h. du soir va sûrement servir de point de mire aux balles traîtresses de nos dignitaires. Nous nous sommes fait nos adieux jusqu'à la vallée de Josaphat.

« Nous n'avons pas de testament : les deux paillassons et un poulailler qui nous restaient nous ont été pris.

« Mais au lieu de larmes, des éclats de rire se sont donné libre cours ; car c'est une aubaine d'aller à la cour céleste pour une si noble cause !

« Que ne donnerais-je pas pour que vous veniez passer une journée avec nous ! Nous vivons dans une maison, sans recevoir de visites, avec seulement ce qui est essentiellement essentiel pour vivre. Nous sommes sept : il y a cinq chaises, quatre assiettes, quatre couteaux, huit lits, trois matelas et un balai... Le tout nous est prêté, c'est-à-dire, donné ; car il est presque sûr que ni nous ni nos héritiers ne rendrons riens.

« Dans les trois alertes que nous avons subies, on ne nous a même pas laissé un crachoir... Mais comme cela n'est pas nécessaire pour aller au ciel, nous le livrons à bon marché !

Les livres ? ... ah ! ici, il faut que je chante un Requiem ; je ne sais aux mains de quel voleur votre Pesch est allé tomber ; mais je fais la promesse formelle de vous le rendre au ciel où il n'y a pas de voleur qui tienne...




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