La "petite église" et l'abbé Barruel.
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La "petite église" et l'abbé Barruel.
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Bonjour à tous,
Voici un écrit de l’abbé Barruel qui réfute les imputations de M.r Mériel-Bucy, l’ Avocat de la petite-église.
Pour des informations additionnelles à ce sujet veuillez consulter la « Table » alphanumérique du lien suivant :
https://messe.forumactif.org/t8391-sommes-nous-de-la-petite-eglise#147750
Bien à vous.
Bonjour à tous,
Voici un écrit de l’abbé Barruel qui réfute les imputations de M.r Mériel-Bucy, l’ Avocat de la petite-église.
Pour des informations additionnelles à ce sujet veuillez consulter la « Table » alphanumérique du lien suivant :
https://messe.forumactif.org/t8391-sommes-nous-de-la-petite-eglise#147750
Bien à vous.
Dernière édition par Louis le Mer 06 Fév 2019, 6:09 am, édité 4 fois (Raison : Insertion du mot "alphanunérique".)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: La "petite église" et l'abbé Barruel.
.RÉPONSE
A L'AVOCAT
DE LA PETITE ÉGLISE,
PAR L’ABBÉ BARRUEL.TROISIÈME PARTIE.Des Imputations dirigées par l’Avocat
de la petite église contre les Prêtres
soumis au Pape et à ses Concordats.
Si nous ne savions pas à quel point d’exaltation peut se porter le zèle d’un parti que l’on s’est décidé à soutenir de tous les moyens de défense, peut-être imaginerions-nous reconnaître dans M.r Mériel-Bucy un homme moins disposé à se prêter aux paisibles discussions de ses anciens confrères, qu’à devenir le jouet de quelques ennemis astucieux.
Ceux-ci ont soin de lui cacher leur intention, de le faire servir d’instrument au projet de précipiter l’Eglise dans de nouveaux troubles et de la diviser par un schisme que bien des gens croiraient plus excusable, mais qui, par cela même, n’est pas moins dangereux que celui dont le Pape avait tant désirer nous délivrer.
Je sais trop bien que ce projet n’a rien de nouveau pour certains ennemis de l’Eglise ; mais dans le fond ce n’est pas là l’idée que je me suis faite de M. r Mériel-Bucy. Je le crois un peu dupe ; mais je ne demanderai d’autre preuve de sa bonne foi que cette franchise et ce ton sur lequel il déclare si hautement ne voir dans les hommes opposés à ses opinions sur le Pape et le concordat, que des schismatiques, des excommuniés, des ennemis de l’Autel et du Trône avec lesquels il n’est plus de mesure à garder.
Ces reproches sont un peu graves ; mais infailliblement Mr Mériel les croit encore plus vrais qu’offensants. Nous lui pardonnons tous les outrages ; mais pour la vérité, qu’il me soit permis de la lui faire un peu mieux connaître.
Et d’abord M.r Mériel n’exigera pas sans doute que nous nous croyions hérétiques et excommuniés, jusqu’à ce qu’il ait montré dans notre doctrine quelques-unes de ces propositions condamnées par l’Eglise ; ou bien quelque sentence d’excommunication prononcée contre nous par quelque autorité un peu plus légitime que la sienne, ou à moins qu’il ne vaille à lui seul un Concile œcuménique.
Quant à l’imputation de schismatique sur laquelle il insiste plus spécialement…
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Louis- Admin
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PAR L’ABBÉ BARRUEL.TROISIÈME PARTIE.Des Imputations dirigées par l’Avocat
de la petite église contre les Prêtres
soumis au Pape et à ses Concordats.SUITE
Quant à l’imputation de schismatique sur laquelle il insiste plus spécialement, nous avons appris des docteurs catholiques, et surtout de saint Augustin, à distinguer trois sortes de séparations religieuses :
La première est celle qui nous est si souvent recommandée dans nos livres saints, et qui consiste à fuir les pécheurs dont l’exemple et la fréquentation seraient dangereux pour nous, sans pourtant nous autoriser à les bannir de ces temples où ils pourraient encore trouver, ainsi que nous, des moyens de salut et de conversion par la participation aux prières de l’église et à ses instructions ; et nous espérons que s’il est parmi nous de ces sortes de pécheurs comme il en est trop malheureusement partout, on voudrait bien se souvenir avec l'Évangile, qu’il ne faut pas toujours arracher l’ivraie, de crainte d’arracher aussi le bon grain ; et qu’il serait d’ailleurs souverainement injuste d’attribuer à un membre en société les fautes de tous ceux dont elle se compose, et qu’elle ne garde dans son sein, que dans l’espoir de les rendre meilleurs.
Il est une seconde cause de séparation, et celle-ci n’est plus une précaution à prendre contre les pécheurs, c’est une vraie obligation de fuir toute communication religieuse avec eux ; c’est une véritable excommunication ; c’est l’anathême, qu’il n'est pourtant donné qu’à leurs Pasteurs et au Chef de tous les Pasteurs de prononcer contr'eux, anathême d’ailleurs dont les Pasteurs eux-mêmes doivent n’user qu’avec la prudence qu’exige le danger de perdre à jamais non seulement le pécheur qui l’aura mérité, mais encore tous ceux que dans son désespoir et par sa malheureuse influence il pourrait entraîner avec lui.
Il est enfin une troisième espèce de schisme dont la punition retombe tout entière sur ceux qui ont osé non seulement prévenir le jugement de l’Eglise, en se séparant de leur propre autorité, soit de ceux qu’elle admet dans sa communion, soit surtout des Pasteurs, et bien plus spécialement encore de ce Chef des Pasteurs qu’il ne leur appartient pas davantage de juger, de bannir de l’Eglise, qu’il n’appartient au simple citoyen de juger, de chasser de son tribunal le magistrat, et le Souverain de son trône.
Et c’est aussi ce schisme que saint Augustin trouve, en quelque sorte, plus coupable et plus odieux aux yeux du Seigneur que celui de l’idolâtrie même. Car, nous dit-il, s’il faut en juger par la vengeance que Dieu en a tirée, nous apprendrons de l’Ecriture Sainte que s’il condamnait à périr par le glaive ceux du peuple israélite qui adoraient les idoles, Il ordonnait à la terre de s’entrouvrir, et aux flammes de dévorer les chefs qui avaient tenté d’introduire le schisme dans son peuple, et tous ceux du peuple qui avaient consenti à les suivre. Qui fecerunt idolum, usitatà gladii morte perempti sunt; qui vero schisma facere voluerunt, hiatu terræ principes devorati, et turba consentiens igne consumpta est: diversitate pœnarum, diversitas agnoscitur meritorum. (August. tom. 2 epist. 43)
Je n’insisterai pas sur cet exemple menaçant…
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Louis- Admin
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PAR L’ABBÉ BARRUEL.TROISIÈME PARTIE.Des Imputations dirigées par l’Avocat
de la petite église contre les Prêtres
soumis au Pape et à ses Concordats.SUITE
Je n’insisterai pas sur cet exemple menaçant ; je sais qu’il est aussi pour saint Augustin des hommes dont le cœur désavoue l’erreur ; qu’il en est un bon nombre de ceux que saint Cyprien se hâtait de réconcilier à l’Eglise, lorsqu’ils venaient d’eux-mêmes souscrire à cette formule de rétractation rédigée par lui-même :
"Nous reconnaissons Corneille Évêque de la très Sainte Église catholique : Nous savons qu’il est élu par le Dieu tout-puissant et par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous avons été trompés par des imposteurs dont la perfidie et la captieuse loquacité nous a séduits ; car bien que nous ayons paru attachés à la communion d’un homme schismatique et hérétique, au moins notre volonté sincère a toujours été de ne pas nous séparer de l’Eglise".Nos Cornelium Episcopum sanctissime Ecclesiæ catholicæ, electum a Deo omnipotente et Christo Domino nostro scimus : nos errorem nostrum confitemur : nos imposturam passi sumus : circumventi sumus perfidiâ et loquacitate captiosâ. Nam et si videbamur quamdam communionem cum schismatico et hæretico homine habuisse, sincera tamen mens nostra in Ecclesia fuit. (Vid. spond- annal. eccles. ad annum 254 n° 13).
Oui nous le savons ; il est dans la petite église de ces hommes dont le cœur a toujours été sincèrement attaché à la vérité ; et ceux-là ne se sont séparés de nous que parce qu’on leur a persuadé que nous étions véritablement schismatiques, c’est aussi plus spécialement pour les détromper que nous demandons la permission d’en appeler de l’anathême lancé contre nous uniquement par les hérauts mêmes de leur petite église ; et d’observer, que, fussions-nous coupables de tous les crimes qu’il leur a plu de nous imputer, au moins auraient-ils dû réfléchir que rien ne les obligeait de rompre avec leurs anciens confrères.
Car enfin c’est une chose assez connue par tous les théologiens, que ni le Concile de Basle, ni ce Décret de Martin V, ad evitanda scandala, ne nous oblige de fuir que les hommes publiquement, expressément et personnellement dénoncés ou appartenant à une secte déjà frappée d’anathême.
Or, Messieurs, je peux vous assurer que voilà bien la première nouvelle de mon excommunication, sans savoir où j’ai été condamné, ni par qui, sans avoir été jugé ni entendu.
Je crois pourtant en deviner la cause : suivant M.r Mériel-Bucy, nous serions excommuniés et schismatiques, parce que nous avons cru devoir nous soumettre au Concordat et aux Décrets du Pape Pie VII ; et M.r Mériel-Bucy n’aurait évité l’excommunication qu’en résistant à cette autorité des Souverains Pontifes à laquelle toute notre Eglise gallicane a toujours hautement reconnu que tout chrétien devait obéissance.
D’un côté, vous M.r Mériel-Bucy…
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Louis- Admin
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PAR L’ABBÉ BARRUEL.TROISIÈME PARTIE.Des Imputations dirigées par l’Avocat
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D’un côté, vous M.r Mériel-Bucy, vous condamnez, et pas absolument sans raison, les articles organiques comme abolissant la juridiction du Pape ; et de l’autre, vous avez soin d’ajouter que cette juridiction lui appartient de droit divin. Mais cette juridiction de droit divin qui est-ce donc qui en viole le droit plus hautement que vous ? D’abord en refusant obéissance aux Décrets émanés de sa Sainteté, ensuite en déclarant le Pape schismatique, ce qui sape par le fondement même toute cette juridiction de droit divin.
Oh ! pour le coup, la contradiction est un peu forte, et je ne vois pas trop comment l’expliquer si ce n’est par une de ces distractions qui ressemblent à ces rêves sans ordre, sans accord, sans ensemble, auxquels bien des gens sont sujets, et dont toute la bonne foi n’exempte pas toujours.
Mais à propos de ces articles organiques dont Mr. Mériel s’imagine que nous avons juré l’observation, il faut bien encore que nous lui apprenions à être un peu plus exact sur les faits qu’on lui raconte.
D’abord il voudra bien observer que le Pape Pie VII a eu de fortes raisons pour demander l’abolition de quelques-uns de ces articles qui sont contraires à la religion ; et bien que tous ne le soient pas, telle était la répugnance générale des prêtres à leur observation que pour vaincre leur résistance, quelques Préfets se crurent autorisés à leur prescrire le serment de s’y soumettre.
La grande preuve de ces obstacles qu’éprouva ce serment, se trouve dans les plaintes qui arrivaient journellement à la police, et du côté des Prêtres qui le refusaient, et du côté des Préfets qui se plaignaient des refus. M.r Régnier, qui était alors chargé de la police et de la justice, fut bien aise de savoir là-dessus l’opinion d’un Prêtre récemment arrivé d’Angleterre, (c’était au mois d’octobre 1802) loin de se prêter à un pareil serment, ce prêtre commença par observer que si un Préfet le lui demandait, c’était le Préfet même qu’il dénoncerait à la police ; d’abord parce que personne n’a droit d’exiger un serment que la loi n’exige pas ; ensuite parce que s’il plaisait à chaque Préfet d’en faire autant, on verrait les ecclésiastiques réduits à passer chaque jour d’un département à l’autre pour savoir où poser le pied, et toujours tourmentés de la crainte de quelque serment qui viendrait encore répandre le trouble dans les consciences, ce qui est souverainement impolitique.
En considérant ensuite ce même serment relativement à la religion…
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Louis- Admin
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En considérant ensuite ce même serment relativement à la religion, il ne fut pas bien difficile à ce même ecclésiastique de démontrer que si tous ces articles organiques n’étaient pas également opposés aux droits de l’Eglise, au moins y en avait-il assez de contraires pour que notre conscience dût s’y refuser ; en sorte qu’exiger le serment de les maintenir, c’était vouloir recommencer la persécution.
Peu de temps après cette conversation, le même Prêtre eut la consolation de lire dans les journaux une défense faite aux Préfets par le Ministre de la justice et de la police, de demander ce serment aux ecclésiastiques. Je peux répondre de ce fait, comme en ayant été témoin.
Faut-il encore à l‘avocat de la petite église une nouvelle preuve de toute la résistance que la nôtre opposait à ces mêmes articles, il pourrait la trouver dans l’obligation où se trouva Bonaparte de les réformer, en supprimant ceux qui pouvaient blesser la conscience, quoique depuis longtemps, il ne fût plus question du serment de les observer.
Faudrait-il à présent perdre son temps à répéter tout ce que nous dit l’avocat de la petite église sur l’imputation qu’il nous fait d’avoir aboli le sacrement de baptême ; et cela sous prétexte que les parents sont forcés d’annoncer à la municipalité la naissance de leurs enfants avant de les faire baptiser dans l’Eglise ; d’avoir encore supprimé le sacrement de mariage, parce qu’en vertu d’un article organique, il est défendu aux prêtres d’administrer ce sacrement aux parties qui ne se seraient pas présentées à l’officier municipal ?
Il faut réellement avoir lu ces imputations, pour croire que M.r Mériel a pu se les permettre. Voudrait-il donc renouveler l’hérésie des Rebaptisants, regarder comme nul le baptême administré dans notre Église et se croit-il obligé d’y suppléer par un nouveau baptême dans la sienne ?
C’est à lui à répondre à cette question ; nous saurons ce qu’il entend par l’accusation d’avoir aboli le baptême.
Quant aux mariages, qu’il veuille bien au moins s’informer des leçons que nos curés…
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Louis- Admin
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Quant aux mariages, qu’il veuille bien au moins s’informer des leçons que nos curés ne cessent de donner, soit dans leurs prônes, soit dans leurs catéchismes, et il saura que s’il ne dépend pas de nous d’empêcher une loi qui prescrit aux citoyens à marier, de commencer par se présenter à l’officier municipal pour obtenir des droits civils ; au moins ne sont-ils pas dispensés pour cela de se présenter à l’Eglise pour y recevoir le Sacrement d’un vrai mariage suivant tout ce qui est prescrit par le saint Concile de Trente.
Mais au moins ne recevons nous pas à la communion des prêtres mariés, excommuniés, comme M. Mériel nous en accuse ?
Eh non, M.r Mériel, nous ne donnons pas la communion à des Prêtres restés dans l’état d'excommunication.
Nous savons que le crime de ces Prêtres est contraire aux canons du Concile de Trente et de bien d’autres Conciles ;
mais nous savons aussi que c’est là un objet de cette discipline dont la dispense est abandonnée au jugement de l’Eglise ;
nous savons même que le Concile de Florence n’exigea point des prêtres grecs qu’ils renonçassent au mariage que le Concile Quini-Sexte leur avait permis ;
nous savons qu’après la grande Apostasie de l’Angleterre, sous Henri VIII, les Papes Paul IV et Jules III, pour retrouver ce qui avait été perdu, pour lier ce qui avait été déchiré, réunir ce qui avait été dispersé dans ces jours de ténèbres et d’orages, avaient non seulement donné au Cardinal Polus, le pouvoir de maintenir les Évêchés établis pendant le schisme, mais encore la faculté de dispenser du célibat les malheureux Prêtres qui avaient profité de ces orages pour se marier (V. la vie du Cardinal Polus, la bulle de Jules III, l’histoire de l’Eglise d’Angleterre par Dod. etc.)
Le Pape Pie VII imitant l’exemple de ses prédécesseurs a pu donner, et nous sommes bien certains que pour les mêmes motifs, il a donné la même dispense aux Prêtres qui, pour se marier avaient profité de nos révolutions, à condition pourtant qu’ils feraient pénitence, demanderaient l’absolution des censures qu’ils avaient encourues, et ne feraient plus les fonctions du ministère sacerdotal, tant qu’ils seraient dans cet état de mariage : et voilà aussi ce que nous observons exactement avant de recevoir à la communion des hommes à qui il ne faut pourtant pas ôter les moyens de salut que l’Eglise a bien voulu leur laisser.
Nous savons bien aussi que pour éviter la censure de M.r Mériel, il faudrait écarter loin de nous bien des malheureux qui se sont vautrés dans toutes les horreurs de la révolution, et rejeter avec indignation tout ce qui ne mérite pas le nom de puristes qu’affectent encore les partisans de la petite église ; mais ce nom seul nous rappelle les prétentions de bien des hérétiques : celles des Catharres d’abord, dont le nom signifie puriste ; celles de ce Novatien qui, malgré la réputation et l’affectation d’une grande sainteté, n’en fut pas moins l’auteur du premier schisme qui désola le Siège apostolique ; celles des Donatistes à qui saint Augustin reprochait si vivement d’exclure de l’Eglise ceux qui , dans les temps de persécution, avait eu le malheur de succomber.
Je prierai donc ici, encore une fois, les avocats de la petite église de ne pas abuser…
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Louis- Admin
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Je prierai donc ici, encore une foi, les avocats de la petite église de ne pas abuser, comme le feraient les sectateurs de Calvin, de quelques textes de l'Ecriture, pour confondre avec une véritable excommunication qu’il ne nous appartient pas de prononcer, le droit que nous avons d’éviter la fréquentation des pécheurs dont la conversation et les exemples seraient pour nous une tentation dangereuse.
Toute la théologie nous apprend que l’Eglise visible sur la terre n’est pas seulement composée des justes qui en sont les membres vivants, mais aussi des pécheurs, membres morts, il est vrai ; mais à qui cependant elle peut rendre la vie de la grâce, à l’exemple de Jésus-Christ que l’on sait bien n’être pas venu appeler les justes, mais les pécheurs.
Ainsi au lieu de méconnaître la juridiction de leur Évêque, sous prétexte des fautes vraies ou imaginaires, qu’ils lui attribuent, que les avocats de la petite église apprennent au moins de la conduite de ce Pape Pie VI dont ils font de si grands éloges, que ces fautes, fussent-elles aussi grandes et aussi réelles que celles du Cardinal de Brienne, ne le privent cependant pas de sa juridiction sur son diocèse, puisque le Pape Pie VI, en déclarant nulle, celle que Brienne avait usurpée sur d’autres diocèses, lui laissa encore celle qu’il avait réellement dans toute l’étendue de l’ancien Archevêché de Sens.
Si M.r Mériel-Bucy est étranger à toutes ces sortes de questions, il ne l’est pas moins à toute l’histoire ecclésiastique, lorsqu’il nous objecte les ordres ou les décisions du Ministre Portalis ; comme si ces décisions-là étaient la règle de notre foi ou de notre conduite.
Où a-t-il donc vu que toute l’Eglise grecque ait été excommuniée pour les fautes et les édits mêmes de ses Empereurs, si souvent contraires à la foi, tels par exemple que la fameuse hénotique de l’Empereur Zénon ?
Non ; on ne fait pas retomber sur toute une Église les aberrations d’un chef ou d’un ministre de l’empire.
Où M.r Mériel-Bucy a-t-il vu encore dans l’histoire ecclésiastique qu’un nouveau concordat suffise pour accuser de nouveauté l’Eglise qui l’accepte et s’y soumet ?
Était-ce donc une nouvelle Église qui naissait en Allemagne lors du concordat germanique ?
Une nouvelle Église encore qui naquit en France avec le concordat de Léon X ?
Que M.r Mériel réfléchisse au moins qu’il a vécu long-tems, comme ses adhérents avec toute l’Eglise de France, soumis à ce concordat, et que si le titre de concordatiste qu’il affecte de donner à nos Prêtres est une preuve de notre prévarication, il ne serait lui-même qu’un prévaricateur, puisqu’il a été si longtemps concordatiste, c’est-à-dire soumis au Concordat de Léon X.
Lorsqu’il plaît à ces Messieurs de nous appeler Concordatistes, ils ne font en cela,..
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Louis- Admin
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DE LA PETITE ÉGLISE,
PAR L’ABBÉ BARRUEL.TROISIÈME PARTIE.Des Imputations dirigées par l’Avocat
de la petite église contre les Prêtres
soumis au Pape et à ses Concordats.SUITE
Lorsqu’il plaît à ces Messieurs de nous appeler Concordatistes, ils ne font en cela, comme en bien d’autres choses, qu’imiter les Donatistes à qui saint Augustin reproche (Epist. 88) de donner à l’Église catholique le nom d’Église Macariste, en haine de Macaire, légat du St. Siège, envoyé précisément pour réprimer leur schisme.
Et de quel droit encore veut-il que notre Église ne soit que l’Eglise de Bonaparte, et aussi nouvelle que cet usurpateur ?
La sienne donc n’est aussi que l’église de François premier et aussi nouvelle que ce Roi ?
Vraiment on s’étonne de toute l’ignorance que supposent de pareilles objections.
M.r Mériel ne sait donc pas que tous ces Concordats ne sont que des objets d’une discipline qui peut varier sans que la foi et l’unité de l’Eglise en soient le moins du monde altérées ?
Il ignore également que dans ces sortes de conventions, tout ce qui suppose réellement la juridiction ecclésiastique ne reçoit sa valeur que des concessions faites par le Souverain Pontife à la puissance politique, en faveur des engagements qu’elle prend pour le maintien ou le rétablissement de la religion ; ce qui n’autorise pas plus ces Messieurs à voir dans notre Église, l’Église de Bonaparte, qu’on ne l’était à voir en France l’église de François premier, pendant les trois siècles qu’elle a été gouvernée par le concordat de Léon X.
Le nom de prêtre concordatiste d’ailleurs ne dit en soi que le nom de tous ceux qui obéissent aux décrets du Pape …
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A L'AVOCAT
DE LA PETITE ÉGLISE,
PAR L’ABBÉ BARRUEL.SUITE
Le nom de prêtre concordatiste d’ailleurs ne dit en soi que le nom de tous ceux qui obéissent aux décrets du Pape ; tandis que celui de Séparatistes, d’Anti-Concordatistes qu’on donne trop justement aux adeptes de la petite église, ne signifie que des hommes rebelles à cette autorité à laquelle tout chrétien et tout prêtre surtout est tenu d’obéir.
Lors donc que, sous prétexte de leur résistance et de notre obéissance au concordat, ces Messieurs prétendent nous contester la validité des pouvoirs que nos Pasteurs exercent sur les fidèles, qu’ils ne soient pas surpris de nous entendre leur demander où ils peuvent en trouver de plus légitimes que ceux que nous recevons d’un Évêque dont la juridiction remonte si directement au Pape, dans lequel il est de foi que réside toute plénitude de juridiction ecclésiastique ; et s’ils prétendent au contraire légitimer les pouvoirs qu’ils nous disent avoir reçus d’un Évêque dont la mort a privé leur diocèse, qu’ils avouent au moins que ces pouvoirs n’existent plus dès qu’il plaît à leur nouvel Évêque de les révoquer.
S’ils allèguent, ainsi que M.r Mériel, ceux que leur aurait donnés un Évêque étranger à leur diocèse, qu’ils lisent la défense faite à tout Évêque d’ordonner ou d’exercer les droits épiscopaux sur un autre diocèse, sans la permission de l’ordinaire : et là, ils trouveront encore la censure portée contre ces Évêques et contre ceux qui auront profité de cet abus.. Nulli Episcopo liceat cujusvis privilegii prætextu, pontificalia in alterius diocæsi exercere, nisi de ordinarii loci expressâ licentiâ… Si secùs factum fuerit, Episcopus ab exercitio Pontificalium et sic ordinati ab executione ordinum sint, ipso jure, suspensi. (Trid. sess. 6, c. V). Voyez aussi les Conciles de Nicée, d’Arles, d’Antioche, d’Orange, etc., cités en marge de ce chapitre du Concile.
Au lieu de nous répondre qu’ils ne reconnaissent par leur Évêque, qu’ils prennent garde encore à l’anathème prononcé par le Concile de Trente contre ceux qui soutiennent que les Évêques établis par l’autorité du Pontife Romain, ne sont pas de vrais et légitimes Évêques, mais une fiction .Si quis dixerit Episcopos qui auctoritate Romani Pontificis assumuntur, non esse veros et legitimos Episcopos, sed figmentum humanum anathema sit ( Id. sess. 23. Canon 8 )
Et qu’ils osent encore nous parler de cette mission extraordinaire qui ne peut avoir lieu que dans les circonstances où les peuples n’auraient point d'Évêques légitimes !
Nous savons qu’ici les avocats de la petite église cherchent à se prévaloir de l’autorité de quelques-uns de nos anciens Évêques non démissionnaires…
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A L'AVOCAT
DE LA PETITE ÉGLISE,
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Nous savons qu’ici les avocats de la petite église cherchent à se prévaloir de l’autorité de quelques-uns de nos anciens Évêques non démissionnaires ; mais d’abord ces Évêques n’ont fait qu’user du droit qu’ils avaient suivant le Pape Benoît XIV, de faire de respectueuses représentations contre les décrets du Saint-Siège, qui leur semblent ne pas convenir au bien de leurs Églises, sans pour cela nier que suivant le même Pape, il faut pourtant se résoudre à obéir, lorsque, malgré ces représentations, le Pape continue à exiger la soumission à ses décrets Ità tamen hoc agere debent ut et probabilibus causis se ad hoc adductos ostendant, et debitam apostolicæ sedi reverentiam servent; atque demum si Pontifex auditis eorum rationibus, in priori sententiâ perseveraverit, prompti sint et parati tùm in exequendis mandatis, cùm legum observantiæ in suis diocæsibus præcipiendæ ( De Synodo diocesena. lib. 9. cap. 8 ).
C’est ainsi qu’avait obéi saint Charles Borromée en se soumettant, après les représentations qu’il avait cru devoir faire ; c’est ainsi, je crois pouvoir le dire, qu’obéit la célèbre assemblée du Clergé, lorsqu’en 1682, ayant reçu du Pape, non pas la condamnation de ses quatre articles, mais la cassation de ses actes, elle fit disparaître ces mêmes actes de ses archives.
Au moins est-il certain qu’ils en avaient disparu, lorsque vingt-huit ans plus tard ils furent retrouvés par les héritiers de M.r le Tellier, Archevêque de Rheims, qui les avait conservés, sans doute, comme simples mémoires historiques. (Coll. Des proc. verb. des assemb. du Clergé, tome. 5, page. 365.)
Observons de même la conduite de nos Évêques, d’abord non-démissionnaires.
Ils avaient commencé par user de leur droit en exposant leurs difficultés sur le concordat ; ils ont fini par suivre l’exemple de leurs prédécesseurs sous Louis XIV, en écrivant au Pape Pie VII pour lui témoigner combien ils étaient sensibles à la douleur que pouvait lui avoir causé ce qui s'était passé jusqu'alors relativement au Concordat.
Observons, de plus, que dans aucun de leurs écrits, dans leur protestation même, il ne se trouve pas un seul mot qui puisse autoriser une Église quelconque à se séparer de la communion du Pape, à faire schisme contre le Pape. Non ils savaient trop bien avec St.-Augustin, St.-Cyprien et toute l'Eglise gallicane, que jamais il ne peut exister de vraie raison d'une semblable séparation. Aussi les avocats de la petite église ne citent-ils pas, de ceux même, qui en si petit nombre n'ont pas encore donné leur démission, un seul mot qui exprime ce prétendu droit de renoncer à la communion du Pape.
Mais de quel front ces avocats de la petite église osent-ils se vanter d'être en communion avec toute l'Eglise catholique?
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Mais de quel front ces avocats de la petite église osent-ils se vanter d'être en communion avec toute l'Eglise catholique? Ils ont commencé à se montrer en Angleterre, et les Évêques catholiques anglais ont condamné leurs écrivains à la privation des saints mystères, jusqu'à ce qu'ils aient reconnu et signé que le Pape Pie VII n'est ni schismatique, ni hérétique, ni auteur ou fauteur du schisme ou de l'hérésie. Leurs écrits ont paru en Irlande; et ils ont été condamnés par un Concile des Évêques irlandais. Quelques-uns de ces écrits ont paru jusqu'à Rome, et les journaux publics en ont annoncé la suppression: et dans toute l'Eglise, ils ne nous montrent pas un seul Évêque, pas même M.r l'ancien Évêque de Blois , qui approuve la folie qu'ils ont de déclarer le Pape schismatique.
Mais je crains d'insister trop long-tems sur un ouvrage qui, malgré toute la bonne foi de son auteur, nous offre tant d'erreurs à relever: il faut pourtant bien que je l'avertisse encore que s'il se trouve chez nous quelques-uns de ces constitutionnels, dont on ait lieu de blâmer les erreurs ou la conduite, la preuve de la douleur qu'elle nous cause, c'est d'abord les éloges que nous faisons de tous ceux qui nous ont édifiés par leur rétractation publique; c'est ensuite les listes que nous avons vues des rétractations exigées par les Évêques, et qu'en général ils exigent de ces Prêtres.
S'il en est quelques-uns qui n'aient pas le même soin ou qui pensent que la demande de rentrer dans l'Eglise soumise au Pape et au concordat, soit une renonciation suffisante de leur première erreur, il s'en faut que nous applaudissions à une pareille condescendance; comme il s'en faut bien encore qu'il soit permis de la faire tomber sur une Église entière; comme il s'en faut bien aussi qu'un Évêque perde sa juridiction , et qu'il soit permis de la méconnaître et de faire schisme avec lui, avant qu'il n'ait été jugé et condamné, ainsi que l'exige le huitième Concile œcuménique dont j'ai parlé plus haut.
Avant de terminer cette réponse y qu'il me soit permis…
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Avant de terminer cette réponse y qu'il me soit permis d'avertir M.r Mériel-Bucy de ne pas se prévaloir dans une question toute religieuse, de la conduite politique que peuvent avoir suivi dans la révolution, des hommes dont plusieurs ont montré pour leur prince légitime au moins le même zèle , et peut-être un peu plus éclairé que celui dont il se glorifie ; si l'on voulait juger par-là de la vérité des religions, il faudrait en compter autant qu'il y a de partis dans toute révolution, qu'il y en avait même chez les premiers chrétiens, lorsqu'on comptait jusqu'à trente Empereurs à la fois.
Qu'il s'en faut bien d'ailleurs que M.r Mériel soit en cela d'accord avec le Pape Pie VI, dictant lui-même dans sa décision écrite de Florence, le serment que les Romains pouvaient prêter à la République des jacobins usurpateurs de ses états !
Qu'il s'en faut encore bien davantage qu'il soit d'accord avec M.r de Thémines, ancien Évêque de Blois, écrivant de Londres à Bonaparte une lettre digne d'ailleurs de son zèle et de son courage par des représentations éloquentes et vives sur l'état de l'Eglise, fondée sur l'opinion que les gouvernemens ne sont qu'un objet de fait, n'en reconnaissait pas moins l'usurpateur pour son vrai souverain, ce qu'assurément nous sommes loin de reconnaître; nous qui avons toujours cru distinguer l'autorité de fait que peut exercer un usurpateur, de cette autorité de droit que nous réservons aux légitimes héritiers de la couronne.
C'est en confondant tout dans les objets religieux et politiques que l'ouvrage de M.r Mériel-Bucy a pu faire illusion à des hommes dignes de notre admiration par le zèle et le courage dont ils ont fait preuve dans la cause du Roi (*) tandis que le véritable moyen de les tenir dans la voie de la vérité était de leur dire comme l'évangile: Rendez à César ce qui est à César , mais rendez aussi à Dieu ce qui est à Dieu ; et par conséquent, rendez à Jésus-Christ ce qui est dû au Pape qu'il a établi le chef suprême de son Église. Avec cette seule leçon, jamais ces hommes-là et leurs pasteurs ne se seraient laissé persuader qu'ils pouvaient rester catholiques en se jettant dans un schisme si spécialement dirigé contre le Pape.
Mais pour une dernière ressource, avec sa bonne foi ordinaire, M.r Mériel-Bucy…
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(*) Qu'il me soit ici permis de prier Messieurs de la petite église de ne pas se prévaloir d'une calomnie atroce qui a été insérée dans le premier tome de la Biographie des grands hommes, calomnie dont je n'ai pourtant pas été surpris en lisant un grand éloge de certains héros de la petite église ; mais que j'ai eu soin de faire rétracter dans le troisième volume du même ouvrage en démontrant;
1° qu'il serait difficile de trouver ailleurs rien de plus fort contre l'usurpateur que l'ouvrage même où l'on prétendait ne trouver en moi qu'un vil flatteur de son autorité;
2° que bien loin de lui prêter le serment des cent jours, dès qu'il fut de retour de l'isle d'Elbe, je n'eus rien de plus pressé que de me retirer à cent quarante lieues de Paris , pour échapper à ses agens qui, le lendemain de mon départ, vinrent en effet me chercher pour me conduire dans ces prisons dont ils m'avaient déjà fait éprouver la rigueur. Et comme je prévois que ces Messieurs pourraient prétendre me trouver en contradiction relativement aux articles organiques qu'il a plu à M.r Blanchard de me faire approuver dans mon ouvrage intitulé du Pape et de ses droits religieux, je les défie de citer dans tous mes écrits un seul mot d'approbation sur cet objet. Je conviens que l'adhésion à ces articles de la part de quelques Prêtres ou Évêques, ne m'a jamais paru suffisante pour autoriser avec eux ou contr'eux un véritable schisme, avant que l'Eglise eut prononcé ; en les privant de leur juridiction. Mais puisqu’ il faut que je parle de moi, je leur déclare en ce moment que c'est précisément moi qui ai eu à la police cette conversation à la suite de laquelle il fut défendu aux Préfets d'exiger des Prêtres le serment de maintenir ces articles organiques.
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Mais pour une dernière ressource, avec sa bonne foi ordinaire, M.r Mériel-Bucy et quelques bonnes dames, et jusqu'à leurs femmes de, chambre ont eu soin de nous dire : Ce n'est pas nous qui avons abandonné le Pape ; c'est le Pape même qui nous a abandonnés. Tristes et malheureuses victimes d'une illusion qu'il faut bien pardonner à des hommes parfaitement étrangers à ces sortes de questions , et sur-tout à un sexe plus fait pour nous édifier par sa tendre piété dans nos temples, que pour juger le Pape et les Évêques!
Apprenez au moins à rougir ou plutôt à faire rougir les docteurs de vos conventicules, de la source impure où ils ont puisé ce misérable subterfuge. Ils le tiennent d'abord et immédiatement de cette constitution civile du Clergé contre laquelle ils sont si justement révoltés, et de ces mêmes Évêques intrus et schismatiques qui, pour se montrer fidèles à cette constitution , avaient grand soin de nous dire aussi : ce n'est pas nous qui nous séparons du Pape, c'est le Pape lui-même qui se sépare de nous : et qui, pour nous en donner la preuve, ne manquaient pas de produire les lettres qu'ils écrivaient au chef de l'Eglise, en lui envoyant la nouvelle de leur élection, en demandant même très-humblement à sa Sainteté une bénédiction à laquelle ils ne s'attendaient pas sans doute à recevoir une réponse.
En remontant un peu plus haut, ils le tiennent ce misérable subterfuge de tous ces Évêques d'Utrecht dont l'église est communément désignée eu Hollande sous le nom d’Église Janséniste, et dont les lettres écrites au Pape pour le même objet et dans le même sens, n'obtenaient pour toute réponse qu'une excommunication formelle et personnelle.
Eu remontant encore un peu plus haut, ils le tiennent de ces docteurs de Genève qui, pour défendre leur église, ne manquaient pas encore de nous dire : Ce n'est pas nous qui nous sommes séparés de l'Église romaine : c'est cette Église qui s'est séparée de nous. Non ipsi calviniani ni Ecclesiam romanam deseruerunt, sed ipsa eo à sua communione separavit. (Tournely de Ecclesiâ Tomo primo quaestione tertiâ, articulo secundo. Conclusione tertiâ inter objectione calvinianorum).
En remontant encore plus haut, ils le tiennent des premiers Vaudois qui avaient eu soin de le transmettre aux Wiclefistes d'Angleterre et aux Hussites de Bohême.
Et pour laisser toutes les sectes intermédiaires, ils les tiennent enfin de ces fameux Donatistes qui, dès le 3.e siècle excitèrent tant de troubles dans l'Eglise romaine, et sur lesquels nous ne citerons ici que ces paroles de St. Cyprien :
« Ces hommes-là ont grand soin de nous dire: ce n'est pas nous qui nous éloignons d'eux, ( du Pape et des Évêques catholiques ; ) c'est eux qui se sont séparés de nous ». Non nos ab illis, sed illi à nobis discesserunt. « Et c'est ainsi, ajouta le même saint Père, que naissent les schismes et les hérésies. C'est ainsi qu'en se faisant des conventicules, ils abandonnent et le chef et l'origine de la vérité ». Et cùm hæreses et schismata, post modum nata sunt, dùm conventicula sibi diversa constituunt, veritatis caput atque originem reliquerunt. ( S. Cyprianus de unitate Ecclesiæ ).
Je plains sincèrement ceux de la petite Église à qui cette réponse de St. Cyprien ne suffirait pas pour les ramener à la vérité…
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Je plains sincèrement ceux de la petite Église à qui cette réponse de St. Cyprien ne suffirait pas pour les ramener à la vérité; mon intention n'étant pas de les humilier, tout ce que j'ajouterai ici, c'est la réponse que j'ai eu occasion de faire à un des adeptes de cette petite église : malheureux! c'est le Pape qui vous abandonne ! eh! où irez-vous donc pour trouver l'étendard de l'Église de Jésus-Christ ! ne voyez-vous pas que tous les catholiques, les Évêques, les Archevêques, les Primats d'Italie, d'Allemagne, de Pologne, de Hongrie, d'Espagne et de tout le monde catholique le suivent cet étendard que Jésus-Christ même nous montre dans la personne de St. Pierre et de ses successeurs ? Ah ! si le salut de votre âme vous est cher, et si vous avez à cœur celui des âmes confiées à vos soins, revenez et hâtez-vous de les ramener; de les réunir toutes autour de ce même étendard du salut et de toute l'Eglise de Jésus-Christ.
Puisse ce vœu de tout chrétien véritablement attaché à cette Église, être exaucé en faveur de ces frères dont la séparation nous est si justement douloureuse! et nous aurons le bonheur de nous féliciter de la seule récompense que nous avons en vue dans les observations que nous nous permettons de leur adresser.
FIN.
A suivre : Lettre à l’ÉDITEUR.
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LETTRE À L’ÉDITEUR
PAR L’ABBÉ BARRUEL.
MONSIEUR,
LORSQUE j'ai parlé du soin avec lequel les avocats de la petite église évitent la question de ce pouvoir dispensatif, exercé par le Pape Pie VII, dans le Concordat de 1801, je ne connaissais pas l'ouvrage de M.r Blanchard (Blanchardisme), intitulé : Seconde suite de la Controverse pacifique. Le nom de cet auteur m'annonçait un bien autre homme que celui du Mémoire justificatif. Car si celui-ci a eu le courage de se défendre devant un tribunal qui sans doute ne prétendait pas juger des questions qui n'étaient pas de sa compétence, M.r Blanchard montre bien un autre courage, en résistant aux censures de l’Évêque catholique de Londres, dont ses brochures scandalisaient le diocèse; et en ne montrant pas plus de docilité à celle du Concile d'Irlande, qui les a condamnées. Si M.r Mériel-Bucy, dans son canton, déclare schismatique le Pape Pie VII, M.r Blanchard a l'art de faire dénoncer le même Pape à tout l'univers catholique, ainsi que le confesse son adepte , M.r Gasché, excusant cette folie sur les conseils qu'il avait reçus de son maître.
M.rMériel, d'ailleurs, ne se pique pas d'une bien vaste érudition. Je ne crois pas qu'on puisse contester à M.r Blanchard toute celle d'un avocat laborieux qui peut citer beaucoup, et à force de tournures adroites, d'interprétations fausses, d'omissions affectées et de sophismes, viendrait à bout de persuader tons ceux qui n'ont pas entendu sa partie adverse. Je me contenterais de cet avis auprès de ceux qui ne jugeraient de l'ouvrage intitulé : du Pape et de ses droits religieux, que par la controverse prétendue pacifique, et qui l'est à peu près autant que les virulentes déclamations de M.r Mériel sont démonstratives ; mais au moins faut-il que je fasse connaître une partie des moyens auxquels il a recours pour détruire tout ce que j'ai dit sur ce pouvoir dispensatif que M.r Blanchard conteste au Pape. En faveur de cette autorité, j'avais cité ces paroles de Bossuet : Concedimus injure quidem ecclesiastico, Papam nihil non posse, ubi necessitas id postularit ; et je traduisais : Nous accordons que dans le droit ecclésiastique il n'est rien que le Pape ne puisse, lorsque la nécessité l'exige.
Dans cette traduction le mot quidem n'est pas rendu , parce qu'il restreint le droit de dispense au droit ecclésiastique, ce qui me suffirait, n'ayant jamais ni dit ni pensé, ni eu besoin de dire que le droit de dispense s'étendait sur le droit divin. Je n'ai point ajouté à cette traduction le reproche que Bossuet fait à son anonyme, de ne pas voir que l'objet des canons n'est point de restreindre cette puissance en elle-même, mais seulement d'en régler l'usage ; parce que cette addition n'aurait été là qu'une répétition fort inutile de ce que j'avais dit ailleurs, et sur-tout dans le chapitre sur nos libertés gallicanes; et parce que d'ailleurs ces règles, sur l'usage des dispenses, sont évidemment elles-mêmes soumises au pouvoir dispensatif et aux circonstances qui peuvent en rendre la dispense nécessaire.
Ce sont-là cependant, suivant M.r Blanchard…
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LETTRE À L’ÉDITEUR
PAR L’ABBÉ BARRUEL.SUITE
Ce sont-là cependant, suivant M.r Blanchard, deux fautes énormes, auxquelles il oppose d'abord cette traduction du texte de Bossuet: Nous accordons que le Pape peut tout, selon ou dans le droit ecclésiastique. Mais ne lui en déplaise, ce selon et ce dans pourraient bien n'avoir pas le même sens : n'importe accordons-lui son selon ; nous en serons quittes pour démontrer que selon le droit ecclésiastique et selon les canons, le Pape, dans les cas de nécessité, peut dispenser des règles comprises dans le droit ecclésiastique, et des canons même des Conciles œcuméniques. La preuve en est facile, puisque c'est Bossuet même qui va nous la fournir en nous renvoyant au Concile de Basle.
Car en nous citant ces paroles du Pape St. Damase, loin de moi que jamais je transgresse, sans une inévitable nécessité , les Canons des saints Pères : ce Concile admet d'abord avec St. Damase, cette nécessité comme une raison légitime de dispenser de ces canons si justement révérés. Car ensuite c'est après avoir parlé de toute l'autorité de ses propres canons que ce Concile ajoute : Au reste, les décrets du Concile ne dérogent nullement à la puissance qu'a le Pape de les modérer, et d'en dispenser selon le tems, les lieux, les causes, les personnes, selon qu'il le jugera utile ou nécessaire ; utilitate vel necessitate suadente.
Sur quoi je prierai d'abord M.r Blanchard d'observer que ce n'est pas ici à un Concile ou à quelque autre tribunal qu'est renvoyé le droit de juger de cette nécessité ou utilité, mais au Pape lui-même ; que c'est d'ailleurs toujours à celui qui a droit de dispenser, à juger lui-même si sa dispense est utile ou nécessaire, sauf le droit d'en appeler à une autorité supérieure.
Et si M.r Blanchard , frappé des sentences prononcées contre lui par les Évêques d'Irlande et d'Angleterre, a déjà cru devoir en appeler au futur Concile, il nous permettra bien de ne pas croire le gouvernement donné par Jésus-Christ, à son Église, assez imparfait pour nous réduire à attendre des siècles entiers, lorsqu'il s'agit de savoir si une dispense donnée par le Pape est bien ou mal donnée, sur-tout depuis que le même Concile de Basle, en nous parlant de cette autorité dispensatrice, a eu soin d'ajouter que personne ne peut l'ôter au Pape , quæ ab eo aufferri non potest (Conc. basil. épist. synod. 5. )
Mais n'est-ce pas, répond M.r Blanchard, cette même nécessité que vous objectent les intrus et constitutionnels ? Franchement, je ne m'attendais pas qu'un homme aussi éclairé que M.r Blanchard, pût être embarrassé de répondre à ces constitutionnels, que leur prétention est d'abord hérétique en ce qu'elle suppose dans la puissance politique une juridiction qui n'appartient qu'à l'Eglise; qu'elle est en second lieu, toute schismatique, en ce qu'ils ne peuvent s'autoriser sur une dispense du Pape, ni sur celle d'aucun Concile œcuménique; ce qui suffit, ce me semble, pour mettre une assez grande différence entre nous et des hommes qui, ayant commencé par le schisme et l'intrusion, ne peuvent se donner à eux-mêmes ce qu'ils n'ont jamais eu droit d'envahir ni pour eux ni pour les autres.
M.r Blanchard se croit un peu plus fort lorsque, discutant sur la nécessité même…
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LETTRE À L’ÉDITEUR
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M.r Blanchard se croit un peu plus fort lorsque, discutant sur la nécessité même, il met tout son esprit à nous prouver
1.° que la nécessité, qu'elle qu'en soit la cause , ne peut justifier la violation des lois fondamentales ;
2.º que la nécessité sur laquelle j'appuie la justification du Concordat, est en réalité la volonté même des persécuteurs.
Sur ces deux grandes thèses, observons d'abord à M.r Blanchard, que dispenser d'une loi n'est pas absolument la violer, au contraire, c'est la dispense même qui met une très-grande différence entre celui qui la transgresse sans y être autorisé, et la détruit par cela seul autant qu'il est en lui: au lieu que ne pas l'observer en vertu d'une dispense légitime, c'est confirmer la loi suivant cet ancien principe: exceptio firmat regulam.
Observons ensuite à M.r Blanchard, que bien moins encore faudrait-il confondre, comme il le fait, ce qu'il appelle les lois fondamentales de l'Eglise, avec les lois de discipline. Les premières consistent dans les articles de foi et dans les préceptes divins, dans les décisions sur le dogme qui jamais ne varie. Les lois de simple discipline varient au contraire, comme chacun sait, suivant les tems; les lieux, les circonstances.
La preuve de la confusion qu'il y a sur cet objet dans les idées de M.r Blanchard, c'est l'exemple qu'il a choisi, en nous disant « qu'il faut appliquer à ces sortes de lois fondamentales, ce que St. Augustin disait de l'unité même, puisqu'étant essentielles comme elle, et destinées à la maintenir, il n'y a pas plus de raison juste et légitime de les violer, pour quelque nécessité que ce soit, que de rompre l'unité; præ scindendæ unitatis numquam potest esse justa necessitas. »
Que je le remercie de reconnaître au moins sur l'unité ce grand principe que nous avons tant de peine à inculquer à cette petite église, qui le prend aujourd'hui pour son héros! Mais qu'il veuille bien aussi lui apprendre que cette unité de l'Eglise est un objet de foi, un vrai dogme évangélique, qu'il ne leur est pas plus permis qu'à nous de violer. Mais qu'il veuille bien nous dire aussi dans quel ouvrage de St. Augustin il a trouvé que ce fut un objet de foi, et non pas de simple discipline, qu'un Évêque occupe de de droit divin tel ou tel siège, et qu'il ne peut en être privé pour le bien ou la nécessité de l'Eglise, même par cette puissance du Pape, dispensatrice des canons.
Au lieu d'une pareille démonstration, M.r Blanchard se fâche que j'aie osé citer Bossuet et faire l'injure à ce grand homme, de l'accuser de n'avoir pas apperçu par la pénétration de son esprit, qu'admettre ce motif de la nécessité pour violer les canons en un seul cas, c'était l'admettre dans tous, anéantir la vigueur de la loi, en écarter l'objet et détruire la fin même de son établissement.
Encore une fois mille pardons à M.r Blanchard, mais après avoir observé…
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Encore une fois mille pardons à M.r Blanchard, mais après avoir observé avec Bossuet que l'usage de toute la puissance du Pape doit être réglée par les canons, je suis bien fâché que M.r Blanchard semble avoir oublié ce chapitre, où Bossuet nous traçant, d'après Gerson et St. Bernard, les règles à suivre dans les dispenses, met constamment au nombre des raisons qui les justifient, la nécessité au premier rang, et ensuite l'utilité publique, et même la considération des princes qui peuvent être utiles au public ou à l'Eglise, ou bien encore les circonstances dans lesquelles on ne pourrait pas recourir à un concile général : Numquàm dispensabis nisi necessitas urgeat, aut communis provocet uttilitas...ubi necessitas urget, excusabilis dispensatio est, ubi utilitas provocat, laudabilis dispensatio est, etc. (Ex. S. Bern. et Gers, defens. decl. part. 2, lib. II , Cap. XVI.)
Ce que la pénétration d'esprit de Bossuet n'avait pas sans doute apperçu, mais ce que M.r Blanchard apperçoit, c'est qu'admettre ce motif de la nécessité pour violer les canons, en un seul cas, c'était l'admettre dans tous. Quant à moi, qui n'ai pas la logique de M.r Blanchard, j'avoue ne pas concevoir la justesse de ce raisonnement : Une vraie nécessité ex[c]use les dispenses; donc toute dispense peut ê[t]tre légitime, et même hors les cas assez rares de la nécessité, ou d'une utilité proportionnée à la nature de la loi.
Suivons encore notre impitoyable censeur, lorsqu'il demande si la nécessité étant en réalité la volonté même des persécuteurs, la dispense peut être encore légitime ?
Il répond lui, tout simplement que NON.
En réponse à cette question, nous ajoutons simplement celle-ci: Si, quand le prince se voit forcé pour sauver la Patrie, à se mettre au-dessus de quelques lois…
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Re: La "petite église" et l'abbé Barruel.
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En réponse à cette question, nous ajoutons simplement celle-ci: Si, quand le prince se voit forcé pour sauver la Patrie, à se mettre au-dessus de quelques lois, la nécessité ne vient pas de l'ennemi ; et si, en ce cas, le prince ne doit pas se mettre au-dessus de quelques lois, plutôt que de laisser périr le peuple? Je me contenterais même de cette question s'il ne fallait pas observer ici que M.r Blanchard nous prête sa logique, quand il prétend que nous autorisons une dispense canonique sur la nécessité qui vient de la volonté des persécuteurs.
Ce serait aller chercher le principe des pouvoirs ecclésiastiques uniquement dans la volonté des persécuteurs. Eh ! non, Monsieur, ce n'est point là ce qu'on a jamais ni dit, ni pu conclure de ce que nous disons.
On sait trop bien que le pouvoir et l'usage d'une manœuvre extraordinaire, mais devenue nécessaire pour sauver le vaisseau, ne vient pas de la tempête, mais de la science et de la prudence du pilote; comme on sait fort bien que le pouvoir de fuir loin de la maison ne vient pas de l'incendie qui va la consumer, mais de l'activité de celui qui échappe au danger d'être la proie des flammes ; c'est ainsi que la nécessité qui vient de la volonté d'un persécuteur a bien sa cause dans la volonté de ce persécuteur ; mais que le pouvoir de dispenser des règles ordinaires n'a son principe que dans la volonté seule de Jésus-Christ, le donnant à nos Pontifes et sur-tout au premier des Pontifes.
Et ce que vous, M.r Blanchard, tirez de la lettre du clergé romain à l'Église d'Afrique, n'est point du tout contraire à l'usage de ses dispenses, lorsqu'elles sont devenues nécessaires. Ce Clergé a très-grande raison de nous dire que le tems des persécutions est précisément celui où il faut observer les canons avec le plus d'exactitude possible ; mais il ne vous dit pas qu'il faut les observer, soit lorsque l'exécution est devenue impossible, soit lorsqu'il faudrait exposer une Église nombreuse au danger de se perdre.
Et vous, Monsieur, qui prétendez si souvent nous opposer le Pape Pie VI, vous ne nous direz pas sans doute, que ce grand Pontife ait prétendu trouver le principe de son autorité ecclésiastique dans la volonté des persécuteurs, lorsque dans les tems de la terreur il dispensa les fidèles du canon du Concile de Trente, déclarant de toute nullité les mariages qui ne seraient pas contractés en présence de leurs Pasteurs. Je me garderai bien de rendre ici à M.r Blanchard les outrages qu'il me prodigue; mais il aurait pu faire moins d'usage de cet art, qu'il possède au suprême degré, de me faire dire à force de tours et détours, et cent et cent fois, ce que je ne dis pas, ou de voir des contradictions dans ce qui n'en a pas la moindre apparence.
A l'entendre, par exemple, on croirait que j'ai dit en général que si Pierre, ou le Pape a parlé, il n'y a pas même lieu aux moindres contestations, ce qui serait en pleine contradiction avec ce que j'ai dit des réclamations des Évêques. Tandis que ce que je dis est simplement que le silence de l'Église sur des décrets du Pape touchant le dogme, suffit pour attester l'identité de doctrine qui règne dans sa foi et celle de l'Église. Il nous dit (ce silence) qu'il n'y a pas même lieu aux moindres réclamations après la décision émanée de Pierre. J'exige donc ici deux choses pour ne plus laisser lieu aux contestations sur les décisions émanées de Pierre ; l.° ces décisions; 2.° le silence de l'Église; car ce silence équivaudrait à un consentement à l'erreur si la décision du Pape en était une , ce qui de la part de l'Église ne peut avoir lieu suivant la doctrine de tous les théologiens catholiques.
Mais j'aurais un volume entier à écrire, si j'entreprenais…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: La "petite église" et l'abbé Barruel.
LETTRE À L’ÉDITEUR
PAR L’ABBÉ BARRUEL.SUITE
Mais j'aurais un volume entier à écrire, si j'entreprenais de relever tout ce que je pourrais reprocher en ce genre à M.r M. B. Et je n'ai voulu faire qu'une Lettre. Hâtons-nous donc de demander à M.r Blanchard où il a pris que mon Ouvrage du Pape et de ses droits religieux avait été écrit par l'ordre des persécuteurs. Il me connait bien peu, et ne connaît guerres mieux les faits. Non-seulement cet Ouvrage était fini avant que ni ministres ni persécuteurs en eussent entendu parler; mais à peine eut-il paru, à peine un seul journal en eut-il rendu compte, qu'il fut défendu aux autres d'en parler. J'avais voulu faire imprimer à part la dernière partie, toute relative au Concordat ; le ministre ne voulut pas accorder à mon Libraire les conditions qu'il demandait pour la vendre à meilleur marché. D'ailleurs mon principal motif n'était pas de justifier le Concordat; mais d'élever, par la continuité non interrompue de la tradition des Églises, et spécialement par celle de l'Église gallicane, un monument à la chaire de St. Pierre contre laquelle il était trop visible que, depuis trop long-tems, il s'introduisait bien des erreurs. Si je n'y ai pas réussi, je désire que cet objet soit mieux rempli par d'autres.
Je finis par faire mes remercimens à M.r Blanchard pour une réflexion que son ouvrage m'a fait faire. Je le vois obstiné à défendre cette proposition « qu'on doit regarder comme appartenant à la constitution même de l'Église,aux lois établies par Jésus-Christ pour son régime, etc., les lois qui défendent de rien entreprendre d'important dans une église, sans la connaissance et le CONSENTEMENT de l'Évêque qui la gouverne ».
Ces lois appliquées aux Papes me parurent si étranges, que je crus pouvoir les traiter comme une nouveauté singulièrement opposée à tant de protestations, tant de serments d'une vraie et sincère obéissance au Pape, de la part du Clergé français. Je les trouvais encore si opposées à ces élans de Bossuet : Tout est soumis à ces clefs, tout, mes frères, Rois et peuples, pasteurs et troupeaux; nous le publions avec joie ; car nous aimons l'unité, et nous tenons à gloire notre obéissance.
Tout cela me semblait si inconciliable ; qu'enfin j'ai réfléchi. Je me suis assuré que ces prétendues lois ne se trouvent réellement exprimées que dans une note ajoutée au mémoire adressé au Pape par les Évêques français alors résidants à Londres. Quelque main étrangère à l'épiscopat pourrait bien avoir ajouté cette note au mémoire ; car cette main même ne peut être que celle de quelque homme pensant comme M.r Blanchard.
Ah ! pourquoi ne m'a-t-il pas plutôt fait naître cette réflexion! Que mon hommage rendu à ces Évêques aurait été plus consolant pour moi sans cette fatale exception ! Quelle soit donc effacée , et puisque M.r Blanchard veut prendre sur lui la censure que j'ai faite de ces lois si nouvelles encore, je ne me permets plus que de l'avertir, qu'en défendant au Pape de rien faire d'important dans une Église sans le consentement de l’Évêque, il faut bien prendre garde à ne pas autoriser tous les Curés à dire: nous voulons bien obéir à notre Évêque quand il ne s'agira que de quelques minuties; mais il ne fera rien d'important dans nos paroisses sans notre exprès consentement, et sur-tout point de Concordat avec qui que ce soit.L'Abbé BARRUEL.
À suivre: Post scriptum.
Dernière édition par Louis le Ven 22 Fév 2019, 8:32 am, édité 1 fois (Raison : Orthographe : défendu au lieu de détendu, merci Roger.)
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Louis- Admin
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Re: La "petite église" et l'abbé Barruel.
Louis a écrit:mon Ouvrage du Pape et de ses droits religieux avait été écrit par l'ordre des persécuteurs. Il me connait bien peu, et ne connaît guerres mieux les faits. Non-seulement cet Ouvrage était fini avant que ni ministres ni persécuteurs en eussent entendu parler; mais à peine eut-il paru, à peine un seul journal en eut-il rendu compte, qu'il fut dé[f]endu aux autres d'en parler. J'avais voulu faire imprimer à part la dernière partie, toute relative au Concordat ; le ministre ne voulut pas accorder à mon Libraire les conditions qu'il demandait pour la vendre à meilleur marché. D'ailleurs mon principal motif n'était pas de justifier le Concordat; mais d'élever, par la continuité non interrompue de la tradition des Églises, et spécialement par celle de l'Église gallicane, un monument à la chaire de St. Pierre contre laquelle il était trop visible que, depuis trop long-tems, il s'introduisait bien des erreurs.
DU PAPE ET DE SES RELIGIEUX À L'OCCASION DU CONCORDAT -Par M. l'Abbé BARRUEL - 1803 - Tome I :
https://archive.org/details/dupapeetdesesdro00barr/page/n5
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Re: La "petite église" et l'abbé Barruel.
LETTRE À L’ÉDITEUR
PAR L’ABBÉ BARRUEL.
Post scriptum. J'allais fermer ma Lettre, lorsque je me suis apperçu que je devais encore à M,r Blanchard bien d'autres remercimens pour l'intérêt qu'il prend au salut de mon âme, et pour tous les détails dans lesquels il a bien voulu entrer pour me faire connaître les mille et une fautes, erreurs, péchés, crimes, blasphèmes, dont je lui ai paru coupable dans mon ouvrage sur le Pape et ses droits religieux. Pour lui en témoigner ma reconnaissance, je crois devoir lui faire au moins l'aveu de mes dispositions relativement à deux ou trois de ces grands crimes.
Le premier, et celui sur lequel il insiste bien des fois, c'est d'avoir cru qu'on pouvait servir Dieu dans une Église qui est sous la servitude des persécuteurs. Je l'ai cru, je l'avoue, parce que j'étais assez ignorant pour croire que les premiers chrétiens avaient bien long-tems servi Dieu sous cette servitude de l'Eglise; et pour la distinguer de celle du péché, c'est-à-dire de celle des chrétiens assez lâches pour céder à la persécution en abandonnant la doctrine, la loi et l'unité de l'Eglise. Au reste je puis bien assurer M.r Blanchard que, s'il m'avait convaincu d'un pareil crime, je suis très-disposé à l'avouer et à m'en corriger,
Le second de mes crimes serait d'avoir tenu un langage blasphématoire, en disant : que dans les cas de nécessité le Pape peut user de son pouvoir dispensatif pour le salut de l'Eglise. Crainte d'avoir à répéter ce même blasphème, je préviens M.r Blanchard que mon intention est bien de ne plus m'exposer à la tentation en lisant ses ouvrages, ou bien en ajoutant la moindre chose à la courte réfutation que je me suis permis d'en faire dans cette Lettre.
Enfin un très-grand crime encore de ma part, voici en quels termes M.r Blanchard a la bonté de me le dévoiler avec le châtiment que Dieu m'en fait subir : s'il fallait de la part de M.r Barruel une grande expiaition POUR LE LAVER DES MÉMOIRES DU JACOBINISME , il l'a subie aux dépens de son honneur et même de sa foi. ( Pages 252 et 253 ) La peine est terrible assurément en elle-même, mais heureusement je ne m'en suis pas encore apperçu. Aussi puis-je assurer M.r Blanchard que les Mémoires du Jacobinisme sont franchement le crime dont je suis le moins disposé à me repentir.
FIN.
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