Abrégé de la vie de M. Olier.

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Message  Louis Lun 06 Mar 2017, 6:08 am

CHAPITRE IX

Départ des nouveaux colons.


(suite)

Le 17 mai suivant, la petite troupe, qui avait passé l'hiver à Québec, arriva enfin à Montréal. En abordant, elle se prosterna sur le rivage, et, dans les transports d'un saint enthousiasme, elle entonna plusieurs psaumes, pour témoigner sa reconnaissance à Dieu.

Dans le lieu destiné pour la nouvelle ville, on éleva des tentes et des pavillons pour se loger, et l'on dressa un autel, où, le lendemain, le père Vimont, après le Veni Creator, célébra le premier le saint sacrifice, et exposa le saint Sacrement pour obtenir du ciel un heureux commencement à cette sainte œuvre. Une chapelle construite avec des écorces fut d'abord le lieu où l'on déposa le très-saint Sacrement, qui, depuis ce moment, a toujours été conservé à Ville-Marie; et comme le pays ne fournissait ni huile ni cire, on mit devant le tabernacle, qu'on avait apporté de France, au lieu de lampe, une fiole de verre où l'on avait renfermé plusieurs mouches à feu, insectes qui, lorsqu'on les multiplie, jettent une lumière semblable à celle de plusieurs bougies réunies.

Tels furent les commencements de Ville-Marie. Il ne manquait aux vœux de M. Olier que de pouvoir passer lui-même dans ce pays lointain. En 1636, l'autorité du Père de Condren fut seule capable de l'arrêter; depuis il ne cessa de gémir et de soupirer pour obtenir un jour cette grâce.

"Etant instruit, écrivait-il en 1642, des biens qui se font en Canada, pays habité par des peuples gentils, et me trouvant lié de société comme miraculeuse à celui à qui Notre-Seigneur a inspiré le mouvement et commis l'entreprise de Ville-Marie, je me suis toujours senti porté d'aller finir mes jours en ces quartiers avec un zèle continuel d'y mourir pour mon Maître. Qu'il m'en fasse la grâce, s'il lui plaît ; je continuerai toujours à l'en solliciter avec instances."

A suivre : chapitre X.

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Message  Louis Mar 07 Mar 2017, 7:07 am

CHAPITRE X

Les colons de Ville-Marie se fortifient contre les sauvages.

Pour se mettre à l'abri des incursions des sauvages, la colonie construisit à la hâte quelques fortifications avec des pieux. Bientôt elle s'y vit harcelée par les Iroquois, les plus cruels d'entre ces peuples barbares, et qui avaient coutume de brûler leurs prisonniers, et de nourrir ensuite de leurs chairs. A ces alarmes journalières, se joignit encore la disette ; car la terre, pendant plus de dix ou douze ans, ne produisit presque rien, tant par l'inexpérience des colons à l'égard du climat de ce pays, que par les travaux sans nombre dont ils se voyaient accablés. Quoiqu'on eût la consolation de voir plusieurs sauvages embrasser le christianisme, cette île fut néanmoins, dans les premiers temps, le théâtre d'une guerre très-meurtrière, qui, dans une infinité de surprises et de petits combats, fit répandre beaucoup de sang, et donna lieu à des cruautés inouïes.

" Les Iroquois, écrivait mademoiselle Manse, ayant vaincu et presque entièrement détruit les Hurons, leurs anciens ennemis, se tournèrent contre nous avec plus d'orgueil et d'insolence, qu'ils avaient fait jusqu'alors. Ils nous serraient de si près, et leurs attaques étaient si brusques et si fréquentes, qu'il n'y avait plus de sûreté pour personne. Ils tuèrent plusieurs des nôtres et brûlèrent des maisons de Ville-Marie. Notre hôpital même n'était pas en sûreté, et il fallut y mettre une forte garnison pour le défendre ; enfin tout le monde était découragé."

Dans cet état de choses, M. de Maisonneuve prit le parti de repasser en France pour demander des renforts à la compagnie de Montréal, et parvint en effet à rassembler plus de cent hommes, tous robustes, exercés au métier des armes, et qui s'embarquèrent avec joie pour une si glorieuse expédition.

Pour en assurer de plus en plus le succès, on désirait d'établir dans le pays…

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Message  Louis Mer 08 Mar 2017, 7:25 am

CHAPITRE X

M. Olier se charge de la mission de Montréal.  


Pour en assurer de plus en plus le succès, on désirait d'établir dans le pays une communauté de missionnaires, ainsi qu'on se l'était proposé au commencement. M. de Maisonneuve, gouverneur de l'île, vint en France pour en représenter de vive voix la nécessité, et pressa M. Olier de se charger lui-même de cette œuvre. Tous les membres de la Société de Montréal exprimant aussi le même vœu, M. Olier accepta enfin la conduite de cette mission, conformément à la pensée que Dieu lui avait inspirée depuis longtemps.

Il nomma M. de Quaylus pour être supérieur de l'établissement projeté, et il lui associa trois ecclésiastiques : M. Souart, destiné pour la cure de Ville-Marie ; M. de Galinée, qui devait former les sauvages chrétiens et les réunir en village ; et M. Dallet, pour servir de secrétaire à M. de Quaylus, nommé vicaire-général pour le Canada.

Lorsque M. Olier proposa cette mission à ses ecclésiastiques, tous s'offrirent comme de concert. L'un d'eux, M. Le Maître, voulant témoigner son zèle, se mit alors à dire qu'une fois au Canada, il serait prêt à courir de toutes parts pour chercher des sauvages, qu'il irait même dans leur pays. " Vous n'en aurez pas la peine, reprit M. Olier ; ils viendront bien vous chercher eux-mêmes ; et vous vous en trouverez si environné, que vous ne pourrez vous échapper de leurs mains." Cette prédiction fut bientôt justifiée par l'événement.

Deux ans après la mort du serviteur de Dieu, on envoya M. Le Maître à Ville-Marie…

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Message  Louis Jeu 09 Mar 2017, 6:01 am

CHAPITRE X

Mort de M. LeMaitre et de M. Vignal.


Deux ans après la mort du serviteur de Dieu, on envoya M. Le Maître à Ville-Marie. Le jour de la Décollation de saint Jean-Baptiste, 29 août 1661, après avoir dit la sainte Messe à la campagne, il se mit à faire la garde pendant que les serviteurs de la communauté s'occupaient à la moisson. Alors une troupe d'Iroquois cachés en embuscade fondirent sur lui et lui tranchèrent la tête, qu'ils mirent dans un mouchoir, et qu'ils emportèrent dans leur pays.

"Lorsque ces barbares l'eurent décapité, écrivaient les Hospitalières de Montréal à leurs sœurs de France, tous les traits de son visage demeurèrent empreints sur ce mouchoir ; en sorte que plusieurs des nôtres, qui étaient prisonniers dans leur pays, le reconnurent parfaitement ; ce que nous ont dit plusieurs fois M. de Saint-Michel, M. de Caillères, personnes dignes de foi, ainsi qu'un père Jésuite, qui était prisonnier d'une nation plus éloignée, et qui nous a assuré que les sauvages lui avaient parlé de cette merveille comme d'une chose extraordinaire. Ce qu'il y a de particulier, c'est qu'il n'y avait point de sang au mouchoir; et qu'il était très-blanc : il paraissait dessus comme une cire blanche très-fine, qui représentait la face du serviteur de Dieu. Les sauvages s'entre-disaient les uns aux autres que cet homme était un grand démon, ce qui veut dire, parmi eux, un homme excellent et tout esprit. Ils en conçurent une si grande crainte, qu'ils vendirent ce mouchoir aux Anglais."

" Cette perte, continuent les Hospitalières, nous a coûté bien des larmes, tant à cause de l'estime et de la vénération dont nous étions pénétrées pour ce grand serviteur de Dieu, que pour les obligations infinies que nous lui devions. Nous nous flattions au moins de posséder pendant longtemps M. Vignal, qui nous avait été donné pour supérieur ; mais le bon Dieu en a disposé bien autrement, et lui a fait éprouver le même sort qu'à M. Le Maître.

Après la mort de ce dernier, il fut mis économe du séminaire, et obligé, pour satisfaire à sa charge, d'aller avec quelques ouvriers à une habitation nommée l'Ile-la-Pierre, pour en faire tirer, afin de bâtir le séminaire : il fut aperçu par les sauvages, qui le prirent et le tuèrent. Ces malheureux, non contents de cela, firent rôtir sa chair et la mangèrent. C'étaient des circonstances bien douloureuses pour ses amis, mais particulièrement pour nous qui en sommes vivement affligées."

La compagnie de Montréal avait travaillé jusqu’alors à défricher et à peupler le pays, uniquement pour procurer la conversion des sauvages…

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Message  Louis Ven 10 Mar 2017, 7:51 am

CHAPITRE X

La Société de Montréal substitue à sa place les prêtres du Séminaire de St. Sulpice.


La compagnie de Montréal avait travaillé jusqu’alors à défricher et à peupler le pays, uniquement pour procurer la conversion des sauvages.

Désirant de voir continuer cette œuvre dans le même esprit de désintéressement, elle substitua à sa place les ecclésiastiques du Séminaire de-Saint-Sulpice ; et, par contrat du 9 mars 1663, leur fit cession et donation de tous les droits seigneuriaux. Ces droits devinrent, pour les nouveaux possesseurs, une charge très-onéreuse : ils furent même obligés à tant de dépenses, pour le soutien de cette colonie, qu'ils auraient été contraints de l'abandonner, sans les libéralités de M. de Bretonvilliers, de M. de Quaylus, de M. du Bois, et de quelques autres prêtres du Séminaire. Une conduite si désintéressée attira la bénédiction de Dieu sur leurs travaux : ils défrichèrent peu-à-peu toute l'île, la mirent en valeur, établirent des paroisses, bâtirent des églises, et entretinrent, pour les sauvages, diverses missions.

"Certainement vingt particuliers, entre lesquels on aurait partagé cette île, disait le père Charlevoix, ne l'auraient pas mise dans l'état où nous la voyons, et n'y rendraient pas les peuples aussi heureux : c'est le fruit du travail et de la bonne conduite des seigneurs. On avait eu, dès le commencement, une attention particulière à n'y recevoir que des habitants d'une exemplaire régularité ; et cette île ressemblait à une communauté religieuse."

Un historien ajoute : "II a régné longtemps, entre les habitants de Montréal, une sorte de communauté de biens, qui subsiste encore dans les campagnes : on allait, dans les voyages, loger chez les premiers venus ; rien n'était fermé sous la clef, et il était inouï qu'on eût eu à se repentir de sa confiance."

Enfin, les espérances de M. Olier sur l'accroissement de cette colonie ont été pleinement réalisées. La ville de Montréal, ou plutôt Ville-Marie, nom sacré, qui lui fut donné dès son berceau, et que l'Eglise lui conserve, cette ville privilégiée, formée d'abord de quelques cabanes, comme on a vu, prit tant d'accroissement, qu'elle comptait quinze ou seize cents habitants en 1677.

Un siècle après, elle était presque aussi considérable que Québec, et aujourd'hui elle se compose d'une population de plus de cent mille âmes. M. Olier n'eut point la consolation de voir de si heureux résultats, étant mort avant que M. de Quaylus et  ses compagnons eussent mis à la voile. Néanmoins, comme il sentait qu'il touchait à sa fin, et craignait qu'après lui, on ne renonçât à un dessein qui devait être d'abord si onéreux et si difficile, il recommanda, peu de temps avant de mourir, qu'on ne laissât pas de le poursuivre, déclarant que telle était la volonté de Dieu. Cette dernière volonté de M. Olier a toujours été sacrée pour ses enfants, et de tout temps, ils ont préféré faire tous les sacrifices plutôt que d'être infidèles à cette recommandation solennelle de leur saint fondateur.

A suivre: Chapitre XI.

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Message  Louis Sam 11 Mar 2017, 7:22 am

CHAPITRE XI

Dernières  années   de   M. Olier.


Après que M. Olier eût ainsi travaillé aux œuvres du zèle, Dieu voulut, pour mettre le comble à ses mérites, que ses dernières années ne fussent qu'une suite continuelle de croix. A peine était-il sorti, en 1652, de la maladie qui l'avait obligé à se démettre de sa cure, qu'il ressentit les douleurs de la pierre. Elles devinrent bientôt si aiguës, qu'à voir les efforts qu'il faisait pour soutenir son courage, on ne pouvait comprendre la tranquillité d'esprit dont il jouissait. Dès qu'il fut délivré des douleurs de la pierre, Dieu l'éprouva encore par d'autres infirmités, qu'il endura avec la même résignation. Au retour du printemps, il alla, par l'ordre des médecins, prendre du repos à la campagne, et se retira au château de Péray, près Corbeil. Ce fut là qu'après un pèlerinage qu'il fit à Notre-Dame des Ardilliers, il fut frappé de la maladie qui devait achever l'œuvre de sa sanctification, et terminer sa vie.

Le 26 septembre…

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Message  Louis Dim 12 Mar 2017, 7:10 am

CHAPITRE XI

Ses diverses maladies.


Le 26 septembre, pendant qu'il était seul dans sa chambre en oraison, il fut frappé d'une apoplexie qui le rendit paralytique de tout le côté gauche. La parfaite résignation qu'il fit voir dans cette circonstance, prouva que l'amour des souffrances que respirent ses écrits, était bien profondément gravé dans son cœur. Non-seulement il montrait une patience inaltérable, mais il souriait agréablement à tous ceux qui lui apportaient quelque chose à prendre ; les encourageant à lui offrir sans crainte tout ce qui répugnait le plus au goût, dès qu'il était prescrit par le médecin. La paralysie le rendait tellement immobile, qu'il ne pouvait pas même prendre ses aliments, en sorte qu'il fallait le servir comme un enfant. En cet état, il se conformait aux dispositions du divin Maître, qui, assujetti aux faiblesses de l'enfance, recevait tout ce que lui présentait sa sainte mère.

Environ quinze jours après, on le transporta à Paris, où il reçut une grande consolation d'une lettre que lui écrivait un de ses amis, dans laquelle il l'assurait que son état, quelque pénible qu'il fût à la nature, était très-saint et infiniment utile à son âme. Cette lettre inspira à M. Olier un nouveau courage, et le fortifia dans la résolution de tout souffrir en union avec Jésus-Christ. Quoiqu'il ne pût presque pas méditer d'une manière suivie, il était néanmoins continuellement pénétré des dispositions de victime, dans lesquelles il s'était toujours efforcé de vivre. Il était content de se voir en cet état, y trouvant l'occasion de témoigner son respect amoureux envers la justice divine.

La paix de son âme paraissait d'une manière si profonde dans la sérénité de son visage, que saint Vincent de Paul, étant venu le visiter, ne put s'empêcher d'en témoigner son étonnement par ces paroles : J'admire, dit-il, cette tranquillité : j’estime comme une merveille de voir un homme rempli de tant de joie, au milieu des accablements que cause une telle maladie. Ces douleurs n'étaient rien pourtant, en comparaison des peines d'esprit dont elles furent bientôt accompagnées.

Car peu de jours après, Dieu le visita par des croix intérieures beaucoup plus difficiles à porter : sans lumière dans l'esprit, en proie à la tristesse et même aux frayeurs d'une âme qui craint d'être dans la disgrâce de son Dieu, il ne pouvait s'empêcher de demander quelquefois à ceux en qui il avait le plus de confiance, s'ils ne croyaient pas que Notre-Seigneur et sa très-sainte Mère se fussent retirés de lui. On remarqua même en lui une privation de grâces sensibles, si complète, qu'il n'était plus capable de parler de Dieu comme auparavant. Néanmoins, si l'on recourait à lui pour le consulter, il recouvrait aussitôt ses premiers dons.

En cet état, contraint de passer une partie de l'année dans sa chambre…

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Message  Louis Lun 13 Mar 2017, 6:03 am

CHAPITRE XI

Ses diverses maladies.

(suite)

En cet état, contraint de passer une partie de l'année dans sa chambre, et d'employer l'autre aux remèdes, il se considérait comme un arbre infructueux, qui devait être arraché. Il aimait néanmoins cet état, comme ordonné de Dieu pour sa sanctification. Ne pouvant s'occuper ni à l'oraison, ni à la lecture, ni à rien qui lui apportât le moindre soulagement, accablé d'ailleurs par les peines intérieures qu'il éprouvait, il disait quelquefois : " Notre-Seigneur ne veut pas que je me réjouisse en rien ; il faut en être content, et se soumettre de bon cœur à ses ordres."

Lorsque le mal lui eût laissé un peu de relâche, on lui apporta quelques petits métiers, afin qu'il pût se délasser dans sa chambre, par un travail de main très-facile; mais tous les moyens de le récréer qu'on imagina ne produisirent en lui qu'un dégoût extrême de tout ce qui ne l'élevait pas à Dieu. Il disait même que, dès qu'il cherchait quelque consolation dans les créatures, il y trouvait aussitôt la croix.

Au printemps de cette année 1654, il se trouvait cependant moins souffrant. Les médecins, jugeant qu'il pourrait recevoir du soulagement des eaux de Bourbon, lui conseillèrent d'entreprendre de nouveau ce voyage. Quoiqu'il fût assuré que son mal ne le quitterait qu'à la mort, il regarda néanmoins l'invitation des médecins comme un ordre de Dieu. Pendant ce voyage, il ne laissa passer aucun jour sans recevoir la sainte Eucharistie ; et, comme on lui proposa de s'en abstenir quelquefois, lorsque les églises se trouvaient trop éloignées des hôtelleries où l'on était obligé de s'arrêter : "Hélas ! répondit-il, ôtez-moi tout, pourvu que vous me laissiez la sainte communion, la seule consolation qui me reste." L'accent avec lequel il prononça ces paroles toucha si vivement ceux qui l'accompagnaient, qu'ils trouvèrent les moyens de le satisfaire tous les jours.

A Bourbon, les pères Capucins lui donnèrent une chambre dans leur couvent, tout auprès d'une chapelle, où il entendait la sainte messe et communiait aux heures qui lui étaient le plus commodes.

Les infirmités de M. Olier l'obligèrent jusqu'à sa mort de faire tous les ans le même voyage, quoique toujours avec aussi peu de succès…

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Message  Louis Mar 14 Mar 2017, 6:59 am

CHAPITRE XI

Ses diverses maladies.

(suite)

Les infirmités de M. Olier l'obligèrent jusqu'à sa mort de faire tous les ans le même voyage, quoique toujours avec aussi peu de succès. Après avoir pris les eaux, à la première saison de l'année 1655, sentant que sa fin était proche, il désira faire une dernière fois le pèlerinage de Notre-Dame du Puy. Son séjour dans cette ville, où régnait une tendre dévotion envers la mère de Dieu, fut pour lui une source de bénédiction et un grand sujet d'édification pour les habitants.

On le voyait prier très-assidûment dans l'église de Notre-Dame : ne pouvant y demeurer toujours présent de corps, et désirant y être au moins en esprit autant que possible, il laissa, auprès de l'image de Marie, une statue d'argent, où il s'était fait représenter dans la posture d'un suppliant respectueusement incliné devant elle. En quittant la ville du Puy, il reprit la route des eaux, et passa par Langeac, pour y vénérer les précieux restes de la mère Agnès.

Comme il se présentait pour entrer dans la clôture, appuyé sur un bâton, il dit agréablement à la mère prieure, qui vint le recevoir à la porte du couvent : " Vous voyez, ma mère, comme je suis ; c'est la mère Agnès qui m'a fait ce tour-là ; " voulant dire qu'elle était fidèle à lui obtenir les croix qu'elle lui avait promises. Il serait difficile d'exprimer les sentiments de vénération qu'il fit paraître, lorsqu'on eut ouvert le cercueil. Sans converser visiblement avec elle, comme il avait fait si souvent durant son premier séjour en Auvergne, il ressentit une joie intérieure, qui surpassait tout ce qu'il avait éprouvé alors dans ses différents entretiens.

Depuis ce dernier voyage, sa vie ne fut plus qu'une suite de souffrances et de peines d'esprit, comparables à un continuel martyre. A mesure qu'il approchait du terme de sa carrière, on remarquait que Dieu lui donnait de fréquentes pensées du mystère de la résurrection, pour lequel il avait eu de tout temps un attrait particulier. Rien n'occupait plus son cœur que le désir d'aller à Dieu. Il passa la dernière année de sa vie, en soupirant presque sans cesse vers l'éternité. Plus il approchait de sa fin, plus il se sentait attiré à une privation universelle de toute satisfaction, même spirituelle, de la part des hommes. Considérant Notre-Seigneur sur la croix, dénué de toute consolation, il se priva aussi lui-même de la seule qu'il goûtait depuis longtemps dans la conversation d'un ami qu'il chérissait en Notre-Seigneur.

Le 26 mars 1657, qui était le lundi de la Semaine Sainte…

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Message  Louis Mer 15 Mar 2017, 7:07 am

CHAPITRE XI

Sa mort.


Le 26 mars 1657, qui était le lundi de la Semaine Sainte, lorsqu'il voulut se lever, il fut saisi d'un tremblement qui se communiqua à tout son corps, et il fut attaqué d'une légère apoplexie, sans perdre néanmoins connaissance. Il était alors à la maison de campagne du séminaire, à Issy, d'où on le transporta, par ordre du médecin, au séminaire de Saint-Sulpice. Il y ressentit quelque soulagement qui fut de peu de durée. Dès lors on s'aperçut qu'il perdait la mémoire de presque tout, excepté de Dieu. Le Samedi-Saint, quelqu'un le priant de se ressouvenir de lui, quand il serait au ciel, laissa échapper quelques mots de louanges. M. Olier ne pouvant dissimuler la peine qu'il en ressentait : " Ha ! monsieur, répondit-il, vous me dites des paroles qui me blessent le cœur." Ce furent les dernières qu'il prononça lui-même.

Car peu après, vers neuf heures du matin, il perdit tout-à-coup la parole, qu'il ne recouvra plus ; à midi, il entra dans un profond assoupissement, et comme il avait déjà reçu le saint Viatique, et qu'on jugeait que sa fin approchait, on lui donna, sans différer, le sacrement de l'Extrême-Onction, qu'il reçut avec sa parfaite connaissance.

Dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques, les fréquentes absences d'esprit qu'il éprouva donnèrent de nouvelles alarmes. Il revint cependant encore à lui, et ce ne fut qu'à trois heures après midi qu'il perdit toute connaissance. Saint Vincent de Paul, qui l'avait visité pendant sa maladie, ayant appris l'extrême défaillance où il était, vint le voir de nouveau le lundi de Pâques, qui devait être son dernier jour; et ce fut sous les yeux de cet ange tutélaire, auquel il avait eu recours tant de fois durant sa vie, qu'il rendit son âme à son Créateur, vers cinq heures un quart du soir, le second jour d'avril, fête de saint François de Paule. On ne sait s'il avait alors sa connaissance. Il avait vécu quarante-huit ans six mois et douze jours.

A peine la mort de M. Olier fut-elle connue dans Paris, qu'on accourut de tous côtés pour témoigner à sa dépouille mortelle la vénération qu'on lui portait. Les uns se recommandaient humblement à lui, les autres faisaient toucher à son corps des objets de piété. Son visage était beau et serein, et n'inspirait pas la secrète horreur que l'on a coutume d'éprouver aux approches d'un cadavre. Après que la curiosité des âmes pieuses eût été satisfaite, on l'ouvrit le quatrième jour : il fut embaumé et mis dans une bière de plomb, qu'on renferma dans un cercueil de chêne. Son cœur fut séparé de son corps ainsi que sa langue, et ce sont les deux seules portions qui restent de son corps, le cercueil ayant été enlevé pendant la révolution.

Ses obsèques furent célébrées…

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Message  Louis Jeu 16 Mar 2017, 7:03 am

CHAPITRE XI

Sa mort.

(suite)

Ses obsèques furent célébrées avec un concours prodigieux, le 5 du mois d'avril : personne néanmoins ne songeait à prier pour le défunt, chacun était occupé à l'invoquer pour lui-même. Le 9 du même mois, on lui fit un autre service solennel, où M. de Maupas, évêque du Puy, prononça l'oraison funèbre. L'orateur, en louant le désintéressement de M. Olier, n'oublia pas ce beau trait auquel il avait lui-même donné occasion. " Je connais un évêque, dit-il, en parlant de lui- même, qui s'est mis à genoux devant lui, pour le prier, les mains jointes, de recevoir son évêché, sans que jamais il ait pu l'y faire consentir."

Ce prélat écrivait, le jour même de la mort de M. Olier, ces belles paroles qui résument les éloges unanimes rendus à sa mémoire :
" Ce digne abbé, ce vrai pasteur des âmes, qui a caché son nom et sa vertu avec tant de soin, aussi bien que les avantages de sa naissance, a refusé le sceptre d'un David, mais non pas sa houlette, ses sueurs, ses peines et ses combats. Il a donné une pâture excellente aux âmes fidèles, il a fait la guerre aux ennemis de Dieu, il a vaincu les Philistins et terrassé les ours et les lions. On peut dire, aujourd'hui qu'il a quitté la terre, que c'était un homme du ciel, admirable dans la pureté de sa vie, comme dans celle de sa doctrine... Il a fait de sa vie sainte la première minute et le véritable original de tout ce qu'il nous a laissé par-écrit; il a imité son bon Maître et le nôtre, il a commencé de s'expliquer par ses actions plutôt que par ses paroles ; il a refusé les premières mitres du royaume que notre grande Reine lui a offertes ; et, bien que la modestie de ce parfait ecclésiastique l'ait porté à ce constant et généreux refus des plus éminentes dignités de l'Eglise, bien qu'il n'ait pas voulu monter sur les trônes du clergé, il a néanmoins conservé les troupeaux du Fils de Dieu."

Mais la plus belle louange de M. Olier reste dans ses œuvres, auxquelles Dieu paraît avoir donné le sceau de l'immortalité ; la paroisse de Saint-Sulpice qu'il a réformée et qui, encore aujourd’hui, est une des plus belles paroisses du monde catholique ; le séminaire de Saint-Sulpice qui, depuis plus de deux siècles, forme les membres les plus distingués du clergé de France ; les autres séminaires de province, qui fournissent aux paroisses et aux missions tant de dignes ouvriers évangéliques ; la fondation merveilleuse de Ville-Marie, cette belle cité, qui grandit toujours et qui devient en se développant, le plus puissant boulevard de la foi en Amérique ; ajoutons aussi les écrits dont M. Olier a enrichi l'Eglise et où les prêtres et les fidèles trouvent une nourriture si solide et si abondante : voilà les œuvres qui feront à jamais le plus bel éloge de ce grand serviteur de Dieu et qui rendront sa mémoire immortelle comme celle du juste : In memoria æterna erit justus.
A suivre : Chapitre XII — Vertus de M. Olier.

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Message  Louis Ven 17 Mar 2017, 7:00 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE PREMIER. — SA FOI.

La foi, fondement de toutes les vertus chrétiennes, fut toujours inébranlable dans le cœur de M. Olier, et il en soutint les intérêts avec un zèle que rien ne pouvait intimider. Dès qu'il fut curé de St.-Sulpice, il prit des mesures énergiques pour garantir ses paroissiens du péril auquel ils se trouvaient exposés par le grand nombre de protestants répandus alors dans la paroisse, et il fit si bien qu'il réussit à en éloigner ceux qui résistaient à sa charité, et qui, en s'obstinant dans l'hérésie, menaçaient d'infecter tout le troupeau.

Il n'eut pas moins de zèle à prémunir ses ouailles contre les nouvelles erreurs des Jansénistes, et comme ceux-ci publiaient calomnieusement que le curé de St.-Sulpice inspirait à sa compagnie l'amour des nouveautés, M. Olier se hâta de repousser la calomnie ; et, en présence d'un nombreux auditoire, il rendit hommage à Jésus-Christ et à son Eglise, quoiqu'il prévit qu'une telle déclaration allait lui susciter de la part des sectaires des persécutions nouvelles qui ne tardèrent pas à éclater.

Il professa en toute rencontre la soumission la plus profonde et la plus universelle pour tous les oracles qui émanaient du Siège apostolique. Et jamais personne ne vénéra plus que lui dans le Souverain-Pontife la représentation vivante de Jésus-Christ :

" Le Fils de Dieu, disait-il, pour vivifier et régir son Eglise jusqu'à la fin des siècles, s'est laissé dans St.-Pierre et dans ses successeurs, en qui seuls persévère toujours la mission d'Apôtres, laquelle a l'infaillibilité conjointe, avec obligation à tous les hommes de recevoir la prédication. C'est pourquoi par Jésus-Christ vivant en eux, les successeurs de St.-Pierre sont le fondement, la base de l'Eglise, et l'hypostase qui la soutient. Comme l'hypostase ou la personne du Verbe soutient l'humanité sainte de Jésus-Christ, ainsi la lumière de Jésus-Christ, qui est la lumière du Père Eternel, soutient dans le successeur de St.-Pierre toute l'Eglise. Qui pourrait porter ce vaste et immense bâtiment, qui occupe toute la terre, et doit voir passer tous les temps, que l'infinie sagesse de Dieu, et cette subsistance du Verbe ? Qui pourrait fournir la lumière à tout un monde, comme est l'Eglise, si ce n'est ce soleil de justice ? Qui serait capable de résister à toutes les illusions, à toutes les erreurs, à toutes les hérésies, à tous les mensonges de l'Enfer, que la sagesse incarnée, qui s'est établie en St. Pierre, comme dans une pierre inébranlable par la solidité de sa lumière, et la droiture invariable et inflexible de ses mœurs ?"

Impossible d'exprimer plus énergiquement la plénitude de puissance du Souverain-Pontife et l'infaillibilité de ses oracles.

Les écrits et les œuvres de M. Olier témoignent aussi de son profond respect pour les évêques, qu'il vénérait comme les Chefs et les Pères du peuple et du clergé ; Dieu ayant mis enEUX,comme il s'exprime, l'abondance du lait de sa grâce en proportion de la multitude de leur famille.

Sa foi était éminemment pratique, et il pouvait dire comme St. Paul : …

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Message  Louis Sam 18 Mar 2017, 7:29 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE PREMIER. — SA FOI.

(suite)

Sa foi était éminemment pratique, et il pouvait dire comme St. Paul : " Je vis dans la foi du Fils de Dieu." Dans les grands, il considérait la grandeur de Dieu ; dans les dames de qualité qui étaient sur sa paroisse, il se représentait la très-sainte Vierge, la plus élevée en dignité de toutes les femmes, aussi vivement que s'il l'avait vue des yeux du corps ; dans ses supérieurs, il adorait la Majesté de Dieu qui lui commandait ; dans les inférieurs il voyait Dieu le servant par les mains de ses serviteurs ; en un mot, toutes les créatures étaient autant de voix qui lui rappelaient la Divinité.

Mais ce qu'il avait le plus à cœur, c'était de fermer les yeux à tout être sensible, pour contempler les choses célestes et invisibles. Une personne de qualité lui ayant un jour demandé à quoi il s'occupait, étant seul et infirme : " A ne rien désirer, répondit-il, de ce qui frappe les yeux." Il fit un voyage de plus de six cents lieues, sans vouloir considérer aucune des choses curieuses qui attirent ordinairement les regards des voyageurs. Pour accoutumer les ecclésiastiques qui se formaient dans sa compagnie, à sanctifier les actions les  plus communes par quelque motif surnaturel, il leur faisait souvent cette demande : " Par quel motif de foi faites-vous cela ? "

Enfin, sa foi était si pure qu'il n'avait aucun désir des goûts sensibles, des lumières extraordinaires, des visions ou révélations, disant que c'était une illusion grossière que de s'appuyer sur ces sortes de faveurs, plutôt que sur la pratique des vertus chrétiennes, et que c'était une grande faiblesse, une curiosité blâmable et une sorte d'infidélité que de les désirer, puisque c'était croire que Dieu n'avait pas suffisamment pourvu au salut de ses enfants en leur donnant la foi.

Mais pour mieux comprendre ses dispositions à cet égard, il faut rapporter ici ce qu'il en dit lui-même dans un de ses écrits…

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Message  Louis Dim 19 Mar 2017, 6:41 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE PREMIER. — SA FOI.

(suite)

Mais pour mieux comprendre ses dispositions à cet égard, il faut rapporter ici ce qu'il en dit lui-même dans un de ses écrits.

" La foi, dit-il, ne donne point de quartier à la nature, aux sens, à la raison et au propre esprit ; elle est de la nature de Dieu même, qui en est l'auteur. Aussi inflexible que lui, elle ne descend point au-dessous de lui. Elle peut bien nous élever au-dessus de nous, et nous tirer à elle ; mais jamais elle ne descend jusqu'à nous. Et c'est ce qui afflige toute créature qui n'est pas morte à elle-même, de n'avoir rien, de ne trouver rien dans la foi où elle puisse se reposer sur elle-même et goûter sa propre satisfaction.

" La foi est le tourment de toute la nature ; elle cherche toujours à élever la créature au-dessus d'elle-même malgré son propre poids. Que ne devons-nous pas à Dieu, pour nous tenir ainsi dans une séparation continuelle de nous-mêmes ! car son dessein en nous attachant à lui par la foi, est de nous transformer en lui. Est-on parvenu à cette transformation, on ne voit plus rien que dans la lumière de Dieu.

"L'esprit de l'homme divinisé ne juge plus, ne goûte plus, n'entend plus les choses à sa manière, mais à celle de Dieu. Aussi élevé au-dessus de lui-même qu'il l'est au-dessus des hommes, il entre dans une nouvelle nature ; tout en lui devient nouveau. Une âme crucifiée par la foi ne se porte plus que vers les choses divines, et ne soupire plus que pour elles : sa vie est en Dieu ; son royaume et toutes ses espérances sont en Dieu.

"Du haut de la région toute céleste qu'elle habite, tout ce qui n'est pas Dieu, elle le trouve si petit et si méprisable qu'elle est surprise qu'on puisse aimer quelque chose de créé ; toute la créature la dégoûte. Sent-elle encore dans la partie inférieure d'elle-même, un reste d'inclination pour les choses de la terre, c'est une gêne, un poids, un tourment intolérable. Dès lors elle ne peut plus être contente que lorsqu'elle sera en pleine liberté de jouir de Dieu, et que comme un oiseau délivré du filet qui le tenait attaché, et l'empêchait de voler en pleine campagne, elle pourra dire : vous avez rompu mes liens.

"C'est ainsi qu'un clerc, qu'un prêtre à plus forte raison, est obligé de vivre séparé de la terre, et d'habiter dans l'élément de la foi, où, volant, s'élevant et planant en toute liberté, il se laisse conduire, sans retardement ni obstacle, partout où l'esprit de Dieu l'emporte."


Voilà comment M. Olier entendait la vie de la foi. Il n'est pas possible de trouver rien de plus pur, de plus saint et de plus sublime.

A suivre : Art. 2 :  Sa confiance en Dieu.

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Message  Louis Lun 20 Mar 2017, 6:58 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE  DEUXIÈME. — SA  CONFIANCE  EN  DIEU.

Le plus haut degré de cette vertu est d'espérer toujours dans le Seigneur au milieu des obstacles et des contradictions, de s'appuyer sur les promesses de Jésus-Christ, même dans les derniers délaissements, et de dire avec le saint homme Job : " Quand Dieu m'ôterait la vie, jamais je  ne perdrai l'espérance que j'ai mise en lui." (Job XIII, 15.) Or, telle fut la confiance de M. Olier. Au sein des plus grandes épreuves, où il se vit privé de tout appui et de toute consolation sensible, il ne cessa de s'abandonner à Dieu  et de se livrer aveuglément à toutes ses volontés.

Ces épreuves elles-mêmes ne servirent pas peu à affermir et à augmenter en lui ce sentiment de confiance et d'abandon. On a vu avec quelle constance il a poursuivi l'établissement des Séminaires, et comment il a surmonté tous les obstacles qui s'opposaient à cette grande œuvre. Aussi recommandait-il souvent l'abandon de ses plus chers intérêts à la bonté infinie de Dieu, comme un moyen sûr de réussir en tout ce qu'on entreprend.

" Il semble, disait-il à ce sujet, que tout le monde soit fait pour ceux que Dieu veut favoriser de ses grâces. Et comme sa puissance est sans bornes, comme sa sagesse et son amour sont inépuisables, il supplée à nos besoins avec d'autant plus d'abondance que sa puissance et sa sagesse ainsi que son amour, surpassent les nôtres, qui ne sont plutôt qu'impuissance, que folie et aversion de nous-mêmes ; tant nous savons mal conduire toutes choses à une heureuse fin.

"Il est vrai que depuis qu'il a plu à la bonté de Dieu m'enseigner ce divin abandon, loin que rien m'ait jamais manqué, au contraire tout a travaillé pour moi. Il semble qu'on craigne de ne pas m'obliger assez tôt ; ceux mêmes qui semblaient plus réservés à mon égard, sont aujourd’hui les plus prompts et les plus portés à m'offrir toutes les commodités nécessaires. C'était à quoi la divine Providence me préparait lorsque le Seigneur me retirait toutes les créatures et m'ôtait tout appui, pour m'apprendre à me reposer sur lui seul."

M. Olier se plaisait à faire voir comment Dieu prévient jusqu'aux moindres désirs de ceux qui mettent en lui leur confiance, et il remarquait avec une attention pleine de reconnaissance toutes les circonstances, comment la divine Providence pourvoyait à tous ses besoins dans tous les événements de la vie, et pour toute sa conduite extérieure. Mais ce qui le touchait le plus, c'étaient les soins de cette même Providence pour tous les besoins de son âme…

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Message  Louis Mar 21 Mar 2017, 7:08 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE  DEUXIÈME. — SA  CONFIANCE  EN  DIEU.

(suite)

Mais ce qui le touchait le plus, c'étaient les soins de cette même Providence pour tous les besoins de son âme.

" Ce que fait ce tendre Père, ajoute M. Olier, pour la conduite extérieure, il le fait encore pour nos besoins intérieurs. Autant j'étais délaissé de son divin Esprit pendant mes deux années de tribulations, autant j'en suis secouru et assisté aujourd'hui ; autant il me tenait dans l'obscurité, autant il me découvre de lumière ; autant il me faisait essuyer de rebut, autant il me fait sentir les douceurs de sa présence.

"Enfin, autant j'éprouvais de sécheresses et d'aridités, autant je goûte l'onction de sa grâce ; et dans tout cela, son dessein est de me faire connaître que, depuis le péché originel, nous ne sommes de notre propre fonds qu'attache à nous-mêmes, qu'impuissance à nous élever vers lui, qu'inquiétude, que légèreté, que misère, qu'aveuglement, pauvreté, néant et péché ; tandis qu'avec le secours de sa grâce, nous sommes toujours élevés, toujours appliqués, toujours unis à Dieu."

Dès le début de son ministère pastoral, M. Olier eut bien des ennemis à combattre et bien des obstacles à aplanir ; mais sa confiance le soutint toujours, et l'empêcha de retourner jamais en arrière. Une personne de piété lui représentant qu'il serait bien difficile de réformer sa paroisse et d'en déraciner les abus :

" Hélas ! répondit-il, il faut donc tout laisser et ne rien entreprendre; car où pourra-t-on faire le bien sans contradiction ? Non, il ne faut pas tout quitter pour les grandes difficultés qu'on y rencontre ; mais se jeter plus fortement en Dieu, pour y trouver la force et le courage. Si l'on nous attaque, il nous défendra ; si l'on veut mettre opposition  à nos œuvres, il viendra à notre secours ; et ce que nous sommes incapables de faire par nos  propres forces, il le fera lui-même, en nous et  par nous ; il n'est pas moins fort dans ses membres, quand on le laisse agir, que dans sa propre personne ; il ne faut que l'avoir bien  établi dans notre cœur."

Dans un autre endroit, après avoir rapporté ce qui se passa dans son âme le 1er juin 1644:

"Représentant à Dieu, dit-il, l'extrémité où je me voyais réduit au milieu de tant de contra dictions et de renversements, lorsque je croyais tout perdu, je me trouvai tout-à coup entièrement rassuré ; il me fut répondu que, malgré les traverses et les obstacles, il fallait travailler sans jamais se rebuter ; que les œuvres de Dieu ne se faisaient pas autrement dans le monde ; qu'on ne devait y attendre que troubles, combats et agitations, qu'on ne verrait tout paisible et parfait que dans le ciel ; que la terre, enfin,  était un lieu de tentation, où-il fallait être à l'épreuve de tout, souffrir à toute heure mille contre-temps ; et qu'à chaque pas, dès qu'on voulait faire le bien, l'on trouvait de nouvelles contradictions, mais qu'elles nous servaient à honorer Dieu par le sacrifice continuel de nous-mêmes et la confiance en la force de son bras."

Aussi, dès qu'il était assuré qu'une œuvre serait agréable à Dieu, rien ne pouvait l'ébranler…

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Message  Louis Mer 22 Mar 2017, 7:27 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE  DEUXIÈME. — SA  CONFIANCE  EN  DIEU.

(suite)

Aussi, dès qu'il était assuré qu'une œuvre serait agréable à Dieu, rien ne pouvait l'ébranler. On a vu souvent des personnes d'autorité s'opposer à ses entreprises, user même de menaces pour le contraindre à les abandonner ; c'était alors qu’il espérait le plus. Il disait, "que Dieu pouvait en un moment dissiper tous ces nuages et faire succéder le calme à la tempête, changer les cœurs et faire de nos plus grands persécuteurs nos meilleurs amis."

" Si je pouvais, disait-il aux prêtres de sa compagnie, vous laisser cette vertu de confiance en Dieu, oh ! que je vous laisserais de grâces et de trésors ! Non, rien ne vous manquerait ni pour l'intérieur, ni pour l'extérieur, ni pour le spirituel, ni pour le temporel."

Rien n'eut été plus facile à M. Olier que d'engager des personnes riches à faire de grands dons à son séminaire ; il se garda bien de recourir à de tels moyens, et il refusa même plusieurs fois des sommes considérables qui lui étaient offertes. Il ne se lassait point de dire à ses ecclésiastiques, que souvent l'on travaillait trop pour enrichir les Communautés, et trop peu pour les sanctifier, ajoutant qu'au lieu de les établir en prenant cette voie, on les ruinait de fond en comble.

" On veut de la terre, disait-il, eh bien ! Dieu permet qu'on en trouve, mais il retire son Esprit, le plus riche trésor dont nous puissions jouir dans ce monde ; quelquefois même il laisse tout périr, au lieu que si l'on pensait, lorsqu'on établit une maison, à y faire régner Jésus-Christ, on la verrait prospérer, parce que Jésus-Christ y établirait tout le reste."
A suivre : Article troisième. — Sa Charité envers Dieu.

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Message  Louis Jeu 23 Mar 2017, 6:48 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE  TROISIÈME. —  SA CHARITÉ ENVERS DIEU.

M. Olier était si plein de l'amour de Dieu, qu'il ne pouvait se lasser de parler de lui, dans ses visites chez les grands, dans ses conversations familières, en traitant d'affaires aussi bien qu'en récréation. Jamais il ne manquait d'y mêler quelque chose de Dieu et qui pût inspirer son amour; et cela d'une manière qui ne gênait personne et qui ne troublait point la gaieté de la conversation.

Mais son amour pour Dieu a éclaté bien davantage dans les travaux qu'il a entrepris pour sa gloire, dans les peines intérieures qu'il a endurées si longtemps sans jamais se relâcher, dans ses mortifications, son renoncement continuel et cette vie de crucifiement qu'il a constamment pratiquée jusqu'à la mort.

Enfin, son amour ne voulant point de bornes, il fit, près de quinze ans avant sa mort, le vœu de faire toujours ce qu'il croirait être le plus parfait, et toute son histoire prouve combien il y fut fidèle.

Dieu, de son côté, se donna à lui sans mesure, et se plut à le combler des plus rares faveurs. Un jour qu'il était en oraison, il sentit comme une flèche qui vint lui percer le cœur, et qui laissa en lui des ardeurs si impétueuses que sans un secours particulier de Dieu, il n'aurait pu les supporter. Cet amour excitait souvent en lui d'ineffables transports:

"Je me suis vu, dit-il lui-même, entièrement abîmé en Dieu, ne pouvant me défendre de m'écrier : O Tout ! ô mon Tout ! je ne suis plus moi-même ; je ne suis plus que Vous ! Je me sentais comme englouti en Notre-Seigneur ; ce qui n'a pas duré ; car je ne pouvais souffrir ce nouveau feu. Je  l'ai ressenti même tous ces jours-ci, en parlant de mon amour ; dès que l'on m'entretient de lui, je sens une ardeur qui me saisit jusqu’à m'incommoder la poitrine et m'obliger à prendre du rafraîchissement, pour tempérer la chaleur qui me pénètre ; ce sont comme des éclats de feu qu'il me semble voir sortir de mon Jésus reposant dans mon cœur."

"Oh mon Dieu! s'écriait-il dans les transports de son amour, que je voudrais que toutes les créatures fussent converties en langues et en bouches pour vous bénir et vous aimer ! Que je voudrais que toute l'étendue de la terre et des cieux fut pleine et inondée de votre gloire, que tous les éléments ne cessassent de publier votre grandeur, votre Majesté sainte et votre puissance infinie ! Qu'à tout jamais, ô mon Dieu, je vous loue et vous bénisse ! Oh ! si j'avais autant de cœurs qu’il y a de maudits esprits qui vous blasphèment, que je les emploierais volontiers à chanter vos louanges, et à vous rendre les honneurs qu'ils vous refusent ! comme je multiplierais ma langue en autant de créatures que vous en avez formées sur la terre ! mais ô mon Dieu ! pour y suppléer, que je me perde en mon Jésus, votre louange éternelle, qui vous rend seul des honneurs dignes de vous."

Ce même amour portait M. Olier à se vouer à tous les sacrifices et à se réjouir au milieu des persécutions…

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Message  Louis Ven 24 Mar 2017, 6:44 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.


ARTICLE  TROISIÈME. —  SA CHARITÉ ENVERS DIEU.

(suite)

Ce même amour portait M. Olier à se vouer à tous les sacrifices et à se réjouir au milieu des persécutions. Il prenait plaisir à se présenter devant Dieu en qualité d'hostie, et à lui dire :

" Oh ! le Dieu de mon cœur, que toutes ces contradictions servent à mon sacrifice ! Ne m'épargnez point ; coupez, brisez, mettez en pièces la victime; retranchez-moi tout honneur et tout estime, et arrachez moi tout ce que je pourrais prétendre sur la terre ; c'est tout que de vous aimer."

Parfois cet amour devenait en M. Olier comme un feu qui le dévorait.

" Ce matin, écrivait-il en 1646, je me suis trouvé surpris d'un feu pur et d'abord insensible, mais très-actif et très-puissant, qui s'est répandu ensuite dans tous mes membres, et qui me faisait aimer Dieu dans toute l'étendue de moi-même ; car il me semblait que l'amour agissait en moi jusqu'à l'extrémité des pieds et des mains : tant le sentiment de la présence de Dieu, que j'aimais, m'affectait tout entier : amour répandu dans toute mon âme qui aimait dans tout et par tout ce qu'elle anime ; de là un désir ardent de souffrir des peines inconcevables pour Dieu, d'endurer la mort en cent mille manières, et en cent mille corps différents."

Tel fut l'amour de M. Olier pour son Dieu ; il faut avouer que même dans les âmes les plus saintes et les plus séraphiques, il n'y eut jamais rien de plus grand, de plus généreux et de plus pur.

A suivre : Article quatrième.— Sa charité envers le prochain.

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Message  Louis Sam 25 Mar 2017, 10:15 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.


ARTICLE QUATRIÈME. — SA  CHARITÉ  POUR LE  PROCHAIN.

Sa charité pour le prochain répondait à l'amour qu'il avait pour son Dieu ; il aimait tendrement tous les serviteurs de Jésus-Christ, sans aucune ombre de jalousie du bien fait par les autres ; il avait un grand respect et une singulière affection pour les religieux ; il vivait avec eux dans une parfaite union, les servant avec joie, les employant volontiers et les aidant de tout son pouvoir ; il travaillait surtout à établir une parfaite charité parmi ses disciples et parmi les prêtres qu'il avait sous sa conduite ; il les exhortait à vivre ensemble avec beaucoup de simplicité, à se traiter les uns les autres avec une grande ouverture et avec toute la cordialité que se doivent réciproquement des amis et des frères. Il leur recommandait de n'avoir qu'un cœur et qu'une âme, et de se revêtir des mœurs, des sentiments, de la douceur et de la charité de Jésus-Christ ; maximes qu'il enseignait autant par ses exemples que par ses discours.

Il avait un vrai cœur de père pour les pauvres, dans lesquels il regardait la personne même de-Notre-Seigneur : "Les pauvres, disait-il, ressemblent au Saint-Sacrement : aux yeux de la chair, rien de plus commun qu'un peu de pain,  mais aux yeux de la foi, rien de plus grand sur la terre et dans le ciel que ce qu'il contient. Il en est ainsi du pauvre, qui paraît à l'extérieur. la chose du monde la plus abjecte ; mais avec la lumière divine, nous verrons sous ses haillons la Majesté de Dieu, selon cette parole : Ce que vous avez fait à un de mes membres, c'est à moi-même que vous l'avez fait. Jésus-Christ est dans l'Eucharistie comme un grand Roi qui distribue ses grâces, ou comme un père qui enrichit ses enfants. Dans le pauvre, il y est comme manquant de tout, et demandant l'aumône ; mais il y est également plein de charité, ne demandant que pour donner, et ne recevant que pour enrichir."

Plein de ces sentiments de foi, il avait coutume dans ses voyages, quand il s'arrêtait dans quelque ville, d'aller visiter l'hôpital après avoir visité l'église, disant qu'après avoir rendu ses devoirs à Notre-Seigneur résidant sur son trône d'amour, il fallait le visiter dans la personne des pauvres ; dans sa pensée, c'était une étrange ingratitude qu'un homme eut la main fermée pour Dieu, qui lui demandait par la bouche des pauvres, lorsque Jésus-Christ avait les siennes toujours ouvertes pour donner ce qu'il a de plus cher et de plus précieux.

Quant à lui, il ne pouvait rien refuser aux pauvres. Un de ses amis, M. de Béget, chanoine de la cathédrale du Puy, lui ayant fait connaître la pauvreté d'un prêtre qui n'avait qu'une très-mauvaise soutane, M. Olier lui remit aussitôt la sienne, en le priant de ne pas faire connaître celui qui la donnait. M. de Béget, déjà plein de vénération pour M. Olier, garda cet habit, et en donna au prêtre un autre de même valeur. Notre-Seigneur permit cet événement pour faire voir plus tard combien la charité de son serviteur lui avait été agréable ; car après sa mort, plusieurs miracles ont été opérés par l'attouchement de cette même soutane, qu'on fut obligé de partager par une infinité de morceaux ; tant les pieux fidèles étaient jaloux d'en posséder au moins quelques parcelles.

Sa joie était de rendre aux pauvres toutes sortes de bons offices…

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Message  Louis Dim 26 Mar 2017, 6:56 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE QUATRIÈME. — SA  CHARITÉ  POUR LE  PROCHAIN.  

(suite)

Sa joie était de rendre aux pauvres toutes sortes de bons offices ; il lui était ordinaire de les servir à table, de manger leurs restes, et de baiser leurs pieds ; quelquefois, dans ses voyages, il faisait mettre leurs fardeaux dans son carrosse ; d'autres fois, il les pressait de monter sur son cheval ; et, en ayant rencontré un sur un fumier, tout plein de vermine, il s'en chargea, se faisant aider par un de ses ecclésiastiques pour le porter au travers de la ville jusqu'à l'hôpital. Sa maison elle-même était comme cette grande salle où l'homme de l'Evangile rassemblait toute espèce de misérables, les boiteux, les sourds, les aveugles, les infirmes. On en voyait se rendre chez lui en foule, les uns appuyés sur des béquilles et traînant avec peine un corps à demi brisé, les autres presque sans vêtements, et exhalant la mauvaise odeur qui s'attache à l'indigence.

Son bonheur surtout était d'instruire et de catéchiser les pauvres; sur quoi il disait ces paroles remarquables : " Celui qui ne se sent pas attiré également à instruire les pauvres et les riches, ni à quitter ceux-ci pour aller au secours des autres, quand leur besoin est plus pressant, fait voir, à cette seule marque, qu'il est vide de l'esprit de Dieu, par qui Jésus-Christ a été envoyé pour annoncer aux pauvres le royaume des cieux : Evangelizare pauperibus misit me. Quels cris de désespoir ils feront entendre au dernier jour à la voix des pauvres, qui leur diront : Nous avons eu faim de la justice, et nous n'avons trouvé personne pour nous rassasier ! Si Jésus-Christ doit punir avec tant de sévérité ceux qui auront refusé l'aumône temporelle, quel sera donc le châtiment de ceux qui n'auront pas fait l'aumône spirituelle ! "

Quant à lui, il n'épargnait rien pour distribuer aux pauvres le pain de l'instruction. Durant ses missions d'Auvergne, il allait les chercher dans les trous des rochers et des montagnes comme dans les lieux les plus riants et les plus agréables. Si une première ou une seconde instruction n'avait pas été suffisante pour les tirer de l'ignorance, il y revenait jusqu'à ce qu'il les vît assez éclairés sur les choses nécessaires au salut.

Aussi partout où il allait, toutes les bouches le bénissaient à l'envi comme le père des pauvres ; et ceux-ci lui portaient un amour vraiment filial. Un jour que sa mère venait le voir en Bretagne où il était tombé dangereusement malade, M. Olier guéri par miracle, vint au devant d'elle. Je lui présentai, dit-il, trois ou quatre cents pauvres, qui me suivirent hors de la ville. Là, elle vit l'amour et l'affection qu'ils me portaient; elle vit encore que le médecin, qui m'avait rendu une santé si prompte, était Notre Seigneur : ce que toute ma famille n'aurait pu me rendre avec tout son argent et tous ses soins, je l'avais obtenu par les prières des pauvres, ses amis les plus chers.

Nous avons vu dans sa vie combien il aima aussi ses ennemis et ses persécuteurs…

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Message  Louis Lun 27 Mar 2017, 7:45 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE QUATRIÈME. — SA  CHARITÉ  POUR LE  PROCHAIN.  

(suite)

Nous avons vu dans sa vie combien il aima aussi ses ennemis et ses persécuteurs, allant quelquefois jusqu'à pleurer sur leurs infortunes, les regardant comme ses plus chers amis et comme ses insignes bienfaiteurs. Nous n'ajouterons ici que les suivants : nous nous bornerons ici à rappeler sa douceur et sa patience envers M. de Fiesque, un de ses plus cruels persécuteurs,

" Dieu, disait-il, m'a fait traiter avec furie par la personne de M. de Fiesque, que je devais honorer comme Dieu lui-même irrité contre moi. Aussi la bonté divine n'a jamais permis que j'aie éprouvé contre lui le moindre ressentiment intérieur. Au contraire, lorsqu'on vint me dire qu'on le menait en prison, les larmes m'en vinrent aux yeux, tant j'en sentais de chagrin et d'affliction dans mon âme. Je ne fus pas moins affligé que si le traitement qu'il essuya fut arrivé à la personne du monde que j'aimais le plus, et en effet je le considérais comme celui que je devais honorer davantage, me tenant la place de Dieu armé contre moi."

Tels furent constamment les sentiments de M. Olier pour tous ses paroissiens, qui l'avaient si cruellement persécuté au commencement de son ministère pastoral, et il les aima toujours comme ses enfants : " Je conserve toujours pour eux, disait-il, un cœur de père. David ne voulut jamais qu'on fit aucun mal à son fils Absalon, quoiqu'il cherchât sa vie et son royaume ; pourquoi ne l'imiterais-je pas ? Ils n'ont jamais eu la volonté de me faire un si grand mal. Ah ! si leur salut dépendait de ma vie et de mon sang, ils seraient tous assurés du Paradis."

Enfin, la charité eut tant d'empire sur M. Olier, qu'elle le porta à se lier au service du prochain par un vœu particulier, le vœu de servitude envers tous les membres de l'Eglise ; et voici comment il représente les obligations de ce vœu :

" Le vœu de servitude, dit-il, nous oblige à aimer tellement tous les membres de Jésus-Christ, que nous entrions dans tous leurs intérêts, et que nous les préférions même aux nôtres. Le Chrétien qui vit dans cet esprit doit être prêt à tout sacrifier, et à tout souffrir pour leur salut. Si nous sommes vraiment serviteurs de nos frères, nous ne leur parlerons jamais qu'avec bonté et douceur ; nous nous étudierons à les contenter, à ne point les contrister, ni leur donner la moindre peine ; nous les soulagerons dans leurs besoins, nous supporterons leurs infirmités; nous les traiterons enfin comme un serviteur traite son maître."

Il n'y a sans doute que la charité la plus héroïque qui puisse inspirer de pareils sentiments.

On peut dire que la Religion…

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Message  Louis Mar 28 Mar 2017, 7:59 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE CINQUIÈME. — SA  RELIGION.  

On peut dire que la Religion fut la vertu dominante et caractéristique de M. Olier. Etant destiné à raviver l'esprit sacerdotal et à former des prêtres, il a dû avoir au plus haut degré une vertu qui est comme l'âme du sacerdoce; aussi on la vit éclater en lui de toutes manières,

soit dans le souverain respect qu'il avait pour les Saintes Ecritures,

soit dans les termes dont il usait en parlant des choses saintes et des cérémonies de l'Eglise,

soit dans les dépenses extraordinaires qu'il fit pour relever dans sa paroisse et ailleurs, la majesté du culte divin,

soit dans les livres qu'il a composés pour procurer à Dieu de parfaits adorateurs ;

soit enfin, dans toutes ses actions et dans tout son maintien, où se peignait la religion intérieure dont son âme était si vivement pénétrée.

Pauvre en tout le reste, il était magnifique dès qu'il s'agissait de faire honorer Dieu et ses mystères : il voulut construire une église nouvelle, où les cérémonies pussent se faire avec plus de dignité ; il y fit placer dans le chœur sept lampes toujours allumées devant le très-saint Sacrement pour représenter les sept esprits qui sont toujours en adoration devant le trône de l'Agneau. Il fit présent à son église de plusieurs ornements de prix, d'un grand nombre de vases sacrés, d'un riche tabernacle, d'une chasuble d'un travail si beau et si parfait, qu'il n'y avait dans tout Paris ni à la cour, rien de comparable en ce genre.

Ce goût pour le culte lui venait de sa grande dévotion pour le saint Sacrement de l'Autel ; non content de rendre à Notre-Seigneur des visites fréquentes, et de passer des heures entières en sa présence, toutes les fois qu'il sortait de la maison ou qu'il y rentrait, il allait se prosterner devant son tabernacle pour lui demander sa bénédiction. Dans tous ses voyages, avant de chercher un logement, il allait à l'église pour l'y adorer : il n'en sortait qu'avec le regret de ne pouvoir demeurer nuit et jour en sa compagnie, pour s'y consumer en actions de grâces, en amour et en louanges.

" Je me souviens, dit-il ailleurs, d'une chose qui m'est arrivée plusieurs fois, avec beaucoup de consolation intérieure…

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Message  Louis Mer 29 Mar 2017, 7:00 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE CINQUIÈME. — SA  RELIGION.  

(suite)

" Je me souviens, dit-il ailleurs, d'une chose qui m'est arrivée plusieurs fois, avec beaucoup de consolation intérieure. Lorsque j'arrivais à Paris de la province ou de la campagne, et qu'allant saluer Notre-Seigneur a Notre-Dame, je trouvais les portes fermées, je prenais plaisir à regarder dans l'église au travers des fentes de la porte ; et voyant les lampes allumées : hélas ! disais-je, que vous êtes heureuses de vous consumer entièrement, pour Dieu, et de  brûler perpétuellement à sa gloire !

"Ordinairement, continue-t-il, quand il y a deux voies pour aller dans un lieu où je suis appelé, je passe par les rues où il se trouve plus d'églises pour être toujours plus proche du saint Sacrement ; je suis heureux quand je vois un lieu où mon Maître repose ; je ressens des joies non pareilles, et je dis en mon cœur : vous êtes là, mon tout ; soyez adoré par vos anges, et loué à jamais."

Son vœu le plus ardent était de faire honorer le saint Sacrement par tous les hommes.

"Je désire tant, disait-il, d'avoir mille sujets à ma disposition pour les envoyer partout répandre l'amour de Jésus-Christ au très-saint Sacrement ! et quand je pense que la cure qui  m'est offerte pourra me servir à en donner le zèle, non-seulement à Paris, mais dans toute la France, je suis ravi de joie."

Il réalisa en effet ces désirs ardents, dès qu'il fut curé de St.-Sulpice. Il prit des mesures pour que le saint Sacrement ne demeurât jamais seul dans l'église, en établissant la Confrérie de l'Adoration Perpétuelle, soit pour l'église de la paroisse, soit pour la chapelle du Séminaire.

Nous avons vu comment il répara d'une manière éclatante l'horrible profanation des saintes hosties commise en 1648. Il en profita pour former une association, qui avait pour but de réparer les injures faites au saint Sacrement ; voici comment il s'en exprime :

" Notre-Seigneur, dit-il, a bien voulu souffrir l'attentat effroyable de douze voleurs qui ont porté leurs mains sacrilèges sur le saint Ciboire, et, par un mépris horrible de sa personne, ont jeté par terre son sacré corps ; c'est ce qui a donné lieu à douze habitants de la paroisse de s'unir en esprit aux douze Apôtres pour réparer ce crime abominable par tout ce que leur inspirera la religion dont leur cœur est rempli : ils se sont associé douze autres adorateurs pour doubler leur réparation, et par cette réunion de vingt-quatre, ils ont voulu imiter la fonction religieuse des vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse, qui adorent continuellement Jésus-Christ, prosternés et abimés devant son trône.

"  Ces vingt-quatre personnes se partageront les vingt-quatre heures du jour, demeurant chacune, l'une après l'autre, l'espace d'une heure devant le très-auguste Sacrement de l'autel, afin d'y être en adoration perpétuelle, et de pouvoir en leur manière, toute pauvre qu'elle est, honorer Dieu sur la terre, comme il est honoré par les anges et les bienheureux dans le Ciel.

Leur dessein ne sera pas seulement de réparer l'injure commise extérieurement contre lui dans l'église de St.-Sulpice, et en tant d'autres-lieux où il a souffert le même attentat, mais des injures, des crimes et des sacrilèges sans nombre commis dans les âmes, et connus de Dieu seul."

La religion de M. Olier paraissait surtout dans la manière dont il célébrait le Saint-Sacrifice…

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Message  Louis Jeu 30 Mar 2017, 7:45 am

CHAPITRE XII

Vertus de M. Olier.

ARTICLE CINQUIÈME. — SA  RELIGION.  

(suite)

La religion de M. Olier paraissait surtout dans la manière dont il célébrait le Saint-Sacrifice ; il s'unissait aux dispositions de la très-sainte Vierge recevant Notre-Seigneur au jour de l'Incarnation, et à la religion des saints dans le ciel ; on peut juger de sa modestie au saint autel par ce qu'on trouve écrit de sa main sur la fonction du prêtre célébrant les saints Mystères.

" Dès l'âge de sept ans, disait-il, j'avais une telle idée de la sainte messe, que, dans mon pauvre esprit d'enfant, lorsque je voyais un prêtre à l'autel, je croyais qu'il ne vivait plus que de la vie de Dieu. Je me le figurais si appliqué et si consommé en lui, que je m'étonnais de le voir cracher. C'était pour moi une grande peine de le voir tourner la tête, pensant qu'il avait perdu alors l'usage de la vie corporelle et terrestre, comme les saints dans le ciel, qui sont entièrement séparés de la terre. Je croyais les prêtres transformés en des anges, depuis qu'ils étaient revêtus des habits sacerdotaux, et du moment surtout qu'ils étaient montés à l'autel."

Ce même sentiment de religion lui inspirait les désirs les plus ardents pour le renouvellement de l'esprit de ferveur dans le clergé. " Je crois, disait-il à ses prêtres, que nous devons dans ces malheureux temps prier beaucoup pour l'Eglise, et demander instamment à Dieu qu'il fasse revivre la piété en beaucoup de lieux, où elle est si languissante, et même presqu'éteinte et abolie. C'est le défaut de religion qui laisse déchoir en tant d'endroits des villes et des campagnes, la beauté des églises, la décoration des autels, le respect dû au Saint-Sacrifice, la gravité du chant, la majesté des cérémonies, la sainteté des prélats, la décence, la modestie et la vie édifiante des autres ministres, la richesse et la propreté des ornements, le soin des vases ou instruments qui touchent de plus près la personne du Sauveur; comme les ciboires, les calices, les soleils et les lampes qui doivent brûler jour et nuit devant sa sainte présence. Demandons beaucoup à Dieu qu'il rétablisse dans tout le monde chrétien la dignité du culte extérieur ; mais qu'il lui plaise avant toute chose réformer dans les ecclésiastiques l'intérieur de sa religion."

Enfin, pour se faire une idée du respect profond de M. Olier pour Dieu et pour son culte, on n'a qu'à lire son Traité des SS. Ordres et son ouvrage sur les Cérémonies de la Grand'Messe, et on se convaincra aisément que, même parmi les saints, il en est peu qui aient eu au même degré, cette grande vertu de religion.

A suivre : Article sixième — Sa dévotion à la Très-Sainte Vierge.

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