Abrégé de la vie de M. Olier.

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Message  Louis Jeu 09 Fév 2017, 5:45 am

CHAPITRE V

M. Olier est nommé Curé de St. Sulpice.  

La paroisse de Saint-Sulpice, la plus grande qui fût alors, surpassait en étendue et en nombre d'habitants, les plus grandes villes du royaume. Située dans le faubourg Saint-Germain, elle formait, depuis un temps immémorial, une ville à part, et était soumise à la justice de l'abbé de Saint-Germain, qui en était seigneur ; mais cette justice était trop mal administrée et trop peu redoutable pour effrayer les malfaiteurs ; aussi s'y réfugiaient-ils à l'envi, attirés par l'assurance de l'impunité. Cette paroisse était devenue, par suite de cette même impunité, la sentine non-seulement de Paris, mais de toute la France: elle servait de retraite à tous les libertins, athées et autres personnes qui vivaient dans le désordre et l'impiété ; enfin la dépravation en était venue à ce point qu'on vendait publiquement, à une des portes de l'église, des caractères de magie, et d'autres inventions superstitieuses et diaboliques.

"Nommer le faubourg Saint-Germain, écrivait M. Olier, c'est dire tout d'un coup tous les monstres des vices à dévorer à la fois."

M. de Fiesque, qui était alors curé de Saint-Sulpice, désespérant de porter à tant de maux un remède efficace, résolut de se retirer. Il avait souvent entendu parler des ecclésiastiques réunis avec M. Olier à Vaugirard, et qui avaient déjà donné tant de preuves de leur zèle pour le salut des âmes; il pensa donc à prendre M. Olier pour son successeur. Mais à la première ouverture qu'il lui en fit, il le trouva effrayé d'une charge si pesante, et, malgré les plus vives instances, il ne put le déterminer à accepter son offre. M. de Fiesque ne se rebuta point; il fit agir plusieurs personnes de considération, entre autres saint Vincent de Paul, qui parvinrent à ébranler M. Olier; à la fin son confesseur lui fit un commandement d'accepter la cure de Saint-Sulpice.

Ne doutant plus alors de la volonté divine, il alla s'offrir à la très-sainte Vierge, pour la prier de l'aider à porter ce fardeau.

" Prosterné à ses pieds, dit-il, je me suis trouvé en esprit comme une pauvre victime, abandonné à sa conduite, pour devenir ce qu'il lui plairait; car il me semble que c'est dans cet esprit que Dieu veut que je le serve, c'est-à-dire d'hostie dédiée à sa gloire, toute prête d'être égorgée et immolée pour son amour. Maintenant que nous allons prendre la cure de Saint-Sulpice, Dieu, ce me semble, me manifeste ma vocation, qui est de ranimer par trois moyens la piété chrétienne; le premier sera l'instruction et la sanctification du peuple; le second, la sanctification des docteurs et des prêtres; et le troisième, la formation des jeunes clercs. Je sens de si grands désirs de sauver tout le monde, de répandre le zèle de l'amour de Dieu dans tous les cœurs; je pense tant à avoir mille sujets pour les envoyer porter partout l'amour de Jésus-Christ et l'honneur du très-saint-Sacrement ! et quand je considère que la cure qu'on me présente pourra servir à cela, et à communiquer ce zèle à Paris et à toute la France, je suis ravi de joie, et je ne désire plus autre chose que de faire glorifier mon Maître, surtout dans ce mystère où il a été si méprisé."

Cependant on fut étonné à Paris de l'entreprise de M. Olier…

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Message  Louis Ven 10 Fév 2017, 6:34 am

CHAPITRE V

M. Olier est nommé Curé de St.-Sulpice.  

(suite)

Cependant on fut étonné à Paris de l'entreprise de M. Olier. Chacun était persuadé que la réforme d'une paroisse aussi vaste et aussi dépravée que l'était le faubourg Saint-Germain, surpassait de beaucoup ses forces et celles de ses coopérateurs. Les parents de M. Olier, jugeant des dignités ecclésiastiques par l'éclat qui les environne, se crurent aussi beaucoup humiliés de l'acceptation qu'il venait de faire d'une cure d'un faubourg de Paris. Sa mère, encore plus blessée que les autres de le voir curé, après qu'il avait refusé l'évêché de Châlons, vint à Vaugirard, et lui fit des plaintes vives et amères, bien propres à l'ébranler, s'il eût été moins invariablement résolu à n'écouter que la voix de Dieu.

Sans différer davantage, M. Olier commença une retraite pour se disposer prochainement à son entrée dans le ministère pastoral. Dieu lui donna alors un amour extraordinaire pour les croix, et lui fit connaître qu'il en aurait un grand nombre à porter dans la cure de Saint-Sulpice.

Enfin, le jour de l'Assomption, commença l'établissement du séminaire de Saint Sulpice et celui de la communauté des prêtres qui devaient partager avec M. Olier les fonctions pastorales. Il présida lui-même au milieu de son clergé, à l'office et à la procession solennelle, et chacun admira le profond recueillement et la modestie angélique du nouveau pasteur. M. Olier n'avait alors que 34 ans.

Regardant cette paroisse comme un champ que Dieu lui donna…

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Message  Louis Sam 11 Fév 2017, 5:18 am

CHAPITRE V

Industrie de son zèle pour la réforme de la paroisse.

Regardant cette paroisse comme un champ que Dieu lui donnait à cultiver, le serviteur de Dieu le partagea en huit quartiers, qu'il consacra chacun à la très-sainte Vierge, sous le titre de l'une de ses fêtes. Il nomma pour chacun des huit quartiers, un prêtre qui devait veiller spécialement sur les paroissiens renfermés dans cette circonscription. Il enjoignit à ces prêtres de prendre des informations sur les nécessités spirituelles et temporelles des habitants, et, pour cet effet, de dresser un état nominatif de toutes les personnes, au moins de tous les chefs de famille, et de le renouveler tous les trois mois. Il désigna encore, pour chaque rue en particulier, une personne de piété, chargée de faire connaître les désordres qui pourraient se trouver dans les ménages, ainsi que le nom et la demeure des personnes de mauvaise vie qui auraient leur domicile dans cette rue. Le prêtre de quartier devait tenir un mémoire exact des pauvres, des ignorants, comme aussi de tous ceux qui vivaient dans l'éloignement des sacrements, et dont la conduite scandaleuse pouvait être pour plusieurs autres, une occasion de péché.

D'après l'état particulier de chaque quartier, il fit composer un état général de la paroisse, afin de ressembler au bon pasteur, qui connait toutes ses brebis, et les appelle chacune par son nom. Les prêtres des quartiers, auxquels il en associa d'autres, au nombre de dix ou douze, devaient visiter assidûment leurs malades, en sorte que ceux qui étaient en danger ne demeurassent jamais deux jours sans être vus de leur confesseur, pour recevoir de sa bouche quelque parole de salut.

Outre ces prêtres, M. Olier en désigna d'autres pour porter aux malades les sacrements d'Eucharistie et d'Extrême-Onction, d'autres pour les baptêmes, les mariages et les sépultures, plusieurs pour donner conseil aux paroissiens, d'autres pour recevoir leurs confessions à quelque heure du jour que ce fût.

Pour suffire à une moisson si abondante, M. Olier, dès son entrée dans la cure de Saint-Sulpice, s'était adressé à la très-sainte Vierge, son recours ordinaire, et l'avait priée de lui obtenir de son divin Fils des prêtres selon son cœur. Le ciel l'exauça très-promptement de la manière la plus sensible. La communauté compta bientôt cinquante prêtres, tous remplis de zèle et de ferveur, uniquement occupés à procurer la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Pour ôter aux libertins toute occasion de décrier la maison et la rendre inaccessible à la calomnie, M. Olier…

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Message  Louis Dim 12 Fév 2017, 5:17 am

CHAPITRE V

Industrie de son zèle pour la réforme de la paroisse.

(suite)

Pour ôter aux libertins toute occasion de décrier la maison et la rendre inaccessible à la calomnie, M. Olier défendit qu'on y laissât entrer les femmes, sous quelque prétexte et pour quelque raison que ce fût ; il régla aussi que toutes les rétributions offertes par les fidèles aux ecclésiastiques de la communauté seraient mises en commun, et que chacun se contenterait du vêtement et de la nourriture, et, afin de leur faciliter la pratique de ce détachement, il leur en donna constamment lui-même l'exemple.

" Dans la place que j'occupe, écrivait-il, je dois recevoir les offrandes d'une main et les donner de l'autre, fournir aux riches matière de donner à Notre-Seigneur en entretenant ses membres (souffrants) ; ne rien m'approprier, enfin, de ce qui viendra de la cure, mais en appliquer une partie aux pauvres, une partie à l'entretien des anciens prêtres, et l'autre à la communauté."

Dieu bénit cette communauté naissante, et inspira à tous ses membres l'amour et la pratique du désintéressement, qui fut le caractère particulier de la maison.

L'ignorance des choses du salut où vivaient la plupart des paroissiens, parut être au serviteur de Dieu celui des maux de sa paroisse qu'il fallait guérir le premier. Depuis longtemps le ministère de l'instruction y était si négligé, que même les pères et les mères, la plupart aussi peu instruits que leurs enfants, ignoraient jusqu'aux premiers éléments de la doctrine chrétienne.

Il fallait donc annoncer et expliquer tout de nouveau  l'Evangile aux petits et aux grands, et, pour réussir dans une entreprise si difficile, M. Olier établit divers catéchismes. Outre celui de l'église paroissiale, il en distribua douze autres dans l'étendue du faubourg.

Il établit des instructions et des catéchismes particuliers pour les domestiques et les pauvres, pour les vieillards et les enfants. Il voulut lui-même exercer ce ministère dans son église paroissiale, à l'égard des plus jeunes enfants, et il s'en acquittait, disent les Mémoires du temps, avec un amour et une humilité admirables.

Rien ne consolait tant ce zélé pasteur que le changement qu'opéra bientôt cette dispensation si bien ordonnée du pain de la parole, à laquelle quatre mille enfants, trois ou quatre cents pauvres et un nombre immense d'autres personnes de tout âge et de toute condition, participaient à la fois.

Il s'occupa aussi, d'une manière spéciale, des maîtres et des maîtresses d'école, et les assembla plusieurs fois pour s'assurer s'ils connaissaient bien ce qu'ils devaient enseigner eux-mêmes aux enfants. Enfin, rien n'échappait au zèle vigilant et infatigable de ce bon Pasteur.

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Message  Louis Lun 13 Fév 2017, 6:41 am

CHAPITRE VI

Travaux de M. Olier pour la conversion des hérétiques, pour le soulagement des pauvres,
pour le rétablissement du culte, et pour la réformation des mœurs.

La conversion des protestants fut aussi l'un des premiers objets de la sollicitude de M. Olier. Ils étaient en si grand nombre dans sa paroisse, et y vivaient avec tant de liberté, que le faubourg Saint-Germain était communément appelé la petite Genève.

Pour les préparer à la grâce qu'il désirait si ardemment leur procurer, il établit des conférences publiques et particulières, et appela pour cet effet auprès de lui des controversistes d'un mérite et d'une piété incontestables. La bénédiction de Dieu surpassa toutes ses espérances, car il eut pendant longtemps la consolation d'en voir chaque jour plusieurs se convertir.

M. Olier était surtout attentif à pourvoir aux besoins de ceux qui, après leur abjuration, n'avaient plus, pour subsister, d'autres ressources que les aumônes des fidèles : il fournissait à tous avec une charité inépuisable.

Craignant que les écrits que les protestants répandaient dans le public, ne vinssent à affaiblir la foi dans quelques catholiques, il établit pour ses paroissiens une librairie publique, qu'il eut soin de fournir des meilleurs ouvrages.

Il s'efforça aussi d'abolir quelques excès et superstitions que les hérétiques faisaient passer pour des dévotions de l'Eglise catholique ; les ministres ayant même l'impudence de débiter en chaire une si atroce calomnie.

Ce charitable pasteur, qui savait se faire tout à tous, ne témoignait à personne autant d'amour qu'aux pauvres, sous l'extérieur desquels Jésus-Christ aime à se cacher. On voyait de ces pauvres se rendre en foule à son presbytère, les uns traînant avec peine un corps à demi brisé, les autres presque sans vêtements, exhalant la mauvaise odeur qui s'attache à l'indigence. Non content de les recevoir avec la douceur et l'affabilité d'un père qui fait accueil à ses enfants, il les invitait, il allait au-devant d'eux et les cherchait même pour leur prodiguer toute sorte de secours. Deux jours de la semaine, il faisait donner la nourriture à un grand nombre de mendiants, qu'on a vus quelquefois jusqu'à neuf cents ; et souvent, pour les vêtir, il faisait acheter de la toile et des étoffes. Outre les pauvres ordinaires, il nourrissait quinze cents pauvres honteux.

Pour subvenir à tant de besoins, M. Olier établit…

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Message  Louis Mar 14 Fév 2017, 6:34 am

CHAPITRE VI

Travaux de M. Olier pour la conversion des hérétiques, pour le soulagement des pauvres,
pour le rétablissement du culte, et pour la réformation des mœurs.

(suite)

Pour subvenir à tant de besoins, M. Olier établit une compagnie de charité : il convoqua à cet effet une nombreuse assemblée de personnes de toutes conditions, dans la salle du presbytère. Il exhorta les uns à retrancher leurs dépenses superflues ; les autres, à se priver de ce qui n'était pas absolument nécessaire.  

Enfin, faisant un appel général à la charité de tous, il entra dans le détail des nécessités des pauvres, que chacun pouvait soulager selon sa condition, et demanda à ceux qui n'avaient rien autre chose à offrir, de consacrer leur temps à cette charitable entreprise, ajoutant que les conseils qu'on peut donner aux indigents, et les soins que l'on en prend, sont souvent pour eux l'aumône la plus profitable.

Dieu bénit les paroles de son serviteur.

Elles firent tant d'impression sur l'assemblée que plusieurs donnèrent sur-le-champ des sommes considérables, la plupart s'engagèrent pour une certaine somme chaque mois, et tous offrirent encore leur temps, leurs soins et leurs peines.

Mais ce fut surtout pendant la guerre de Paris, que la charité de M. Olier pour les pauvres parut inépuisable. Lorsque la Reine régente, par une résolution contraire à sa douceur, eût ordonné le siège de Paris, pour réduire les mécontents, et que la disette commença à se faire sentir dans cette ville, M. Olier assembla les notables du faubourg, et prit des mesures pour pourvoir au soulagement des pauvres. Ensuite il fit la visite générale de tous ces indigents, dont il trouva quatorze ou quinze cents ménages, tous réduits à la dernière nécessité. Quelque grand que fût ce nombre, sa charité entreprit de les assister tous. Il n'y avait aucune espèce de besoin qu'il ne voulût soulager ; pain, viande, potage, habits, linge, instruments de travail pour les artisans, tout était fourni à ceux que la disette avait mis dans l'impuissance de subsister autrement que par les soins et les efforts de la charité chrétienne.

Enfin, la rigueur excessive du froid s'étant jointe à la disette universelle, il fit faire de grands amas de bois et de charbon, qu'on distribuait selon les besoins de chaque famille. M. Olier faisait de plus rechercher les familles indigentes, dont le nombre augmentait de jour en jour ; et, à chaque tournée qu'il faisait faire pour cela, la somme qui se trouvait distribuée par ses ordres montait ordinairement à environ deux mille francs. Une personne étant venue recommander à sa charité une famille malheureuse, et lui demandant une certaine somme pour l'assister : " Ce n'est pas assez, dit M. Olier, il faut lui en donner trois fois autant ; " et sur-le-champ il lui fit porter cette somme.

Enfin, dans cette nécessité, il vendit tout ce qu'il possédait en biens de patrimoine, et en distribua le prix à ses paroissiens.

Quelque sensible que fût ce bon pasteur au sort des indigents, il était encore plus touché des désordres que la corruption des mœurs causait dans sa paroisse…

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Message  Louis Mer 15 Fév 2017, 6:20 am

CHAPITRE VI

Travaux de M. Olier pour la conversion des hérétiques, pour le soulagement des pauvres,
pour le rétablissement du culte, et pour la réformation des mœurs.

(suite)

Quelque sensible que fût ce bon pasteur au sort des indigents, il était encore plus touché des désordres que la corruption des mœurs causait dans sa paroisse. Celui qui l'affecta le plus fut la multitude des maisons qui servaient de retraite aux femmes de mauvaise vie, et de rendez-vous aux libertins ; parce qu'il n'en connaissait point de plus désastreux, ni qui perdît un plus grand nombre d'âmes. Il serait impossible de rapporter ici tout ce qu'il entreprit pour délivrer son troupeau de cette contagion.

Tantôt il exhortait ses paroissiens à ne pas louer leurs maisons aux personnes vendues au  libertinage ; et, lorsque les conseils ne suffisaient pas, il le leur défendait au nom du souverain Juge, défense qu'il accompagnait des menaces les plus terribles, et qu'il appuyait des exemples les plus effrayants.

Tantôt pour proscrire les lieux de prostitution, aussi funestes à l'honneur et à la prospérité des familles qu'au salut des âmes, il réclamait l'appui que lui devaient les magistrats ; leur représentant avec toute la vigueur que donne le zèle apostolique, qu'à titre de protecteurs des lois, ils répondraient, au tribunal de Dieu, des scandales publics qu'ils entretiendraient par leur négligence, ou qu'ils autoriseraient par l'impunité ; et ses avis eurent tout l'effet qu'il avait lieu d'en attendre.

Mais un moyen plus conforme à la douceur de M. Olier, et qu'il employait de préférence, en faveur de ces malheureuses victimes de l'incontinence, était d'essayer de les gagner, pour assurer ensuite leur salut. On le trouvait toujours prêta fournir de quoi lever le plus grand obstacle à leur conversion, en leur procurant quelque moyen de subsister. Tantôt il appelait à son secours les personnes les plus vertueuses des différents quartiers de la paroisse, et les engageait à prendre toutes les voies de la persuasion et de la douceur, pour retirer ces pauvres pécheresses du gouffre où la misère les avait précipitées.

Tantôt il les confiait à des personnes charitables, à qui il payait leur pension, afin de les mettre à portée de recevoir des instructions capables d'assurer leur retour à Dieu. Cette œuvre ne lui coûtait pas moins de dépenses que de travaux et de soins. Mais, disait-il, " si le fils de Dieu  a donné, pour cette âme que je veux retirer du vice, sa vie et son sang ; et si, pour la sauver, il n'exige pas que je me sacrifie moi-même, n'est-il pas raisonnable que j'y contribue au moins de mon argent ? "

Quand M. Olier prit possession de la cure de Saint-Sulpice, tout annonçait dans sa paroisse le dépérissement de la religion…

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Message  Louis Jeu 16 Fév 2017, 5:43 am

CHAPITRE VI

Travaux de M. Olier pour la conversion des hérétiques, pour le soulagement des pauvres,
pour le rétablissement du culte, et pour la réformation des mœurs.

(suite)

Quand M. Olier prit possession de la cure de Saint-Sulpice, tout annonçait dans sa paroisse le dépérissement de la religion ; il s'empressa d'en relever l'éclat et la pompe. Les autels de l'église étaient nus et sans décoration, plusieurs même étaient mutilés ou à demi-brisés ; il les fit démolir tous, et reconstruire avec la décence convenable. La sacristie était dépourvue d'ornements, bientôt elle en fut richement fournie : elle ne possédait que trois calices; il n'épargna ni ses propres revenus, ni les sollicitations auprès des grands de la paroisse, pour en augmenter le nombre ; et, en peu d'années, son église fut une des plus riches en mobilier de toutes celles de Paris. Il fit plusieurs règlements pour rendre aux offices divins toute la majesté et la splendeur qui leur sont dues.

L'église ne pouvant contenir la foule du peuple, M. Olier forma le dessein de construire un édifice proportionné à l'immense population du faubourg, et qui répondit mieux au bel ordre qu'il avait mis dans les cérémonies, ainsi qu'au nombre de ses ecclésiastiques. Il résolut donc de reconstruire son église paroissiale. Lorsque tous les préparatifs eurent été disposés, il invita la Reine à poser la première pierre du nouvel édifice : ce qu'elle fit au milieu des personnes de sa cour et d'un nombreux clergé, à la tête duquel était M. Olier.

Mais de tous les moyens qu'il employa pour réformer sa paroisse et lui communiquer l'esprit de piété, les principaux furent la dévotion au très-saint Sacrement de l'autel et le culte envers l'auguste Mère de Dieu.(Note de Louis : Ne pas oublier que nous sommes avant la Révolution Française.) Il rétablit une pieuse confrérie pour l'adoration de Jésus-Christ, présent dans nos saints tabernacles. L'objet de cette confrérie est de rendre assidûment à Notre-Seigneur, dans le sacrement de son amour, les hommages de l'esprit et du cœur, qui sont dus à son immense charité envers les hommes. Grand nombre de paroissiens se firent un devoir d'y entrer, même les plus considérables, qui ne dédaignaient pas de se confondre avec le menu peuple, et de venir à leur tour, chaque semaine, adorer le  très-saint Sacrement, au temps de l'après-midi qui leur avait été assigné.

Ayant une fois remarqué que plusieurs personnes, surtout parmi les grands, n'étaient point fidèles à venir visiter Jésus-Christ, M. Olier se plaignit publiquement de cette négligence. La princesse de Condé, qui était dans l'auditoire, avait elle-même donné tout récemment l'exemple de cette omission. Voulant sans doute en prévenir les suites, elle se leva, et dit tout haut avec une simplicité et une humilité bien touchante : Monsieur, j'ai manqué samedi, étant allé faire ma cour à la Reine. M. Olier reprit incontinent : " Vous en seriez plus louable, madame, si vous fussiez venue ici faire votre cour au Roi des Rois."

Pendant que le serviteur de Dieu mettait tous ses soins à rétablir dans sa paroisse la dévotion envers l'auguste Sacrement de nos autels, son âme fut noyée dans la plus amère douleur par un événement qui lui fit verser des torrents de larmes. Des voleurs s'étant introduits dans l'église, pendant la nuit, enfoncèrent le tabernacle et prirent le saint ciboire, dont ils vidèrent les saintes hosties dans un confessionnal. Dès que les paroissiens apprirent la nouvelle de cet horrible attentat, ils en furent consternés; les divertissements cessèrent aussitôt dans le faubourg, et chacun se mit en devoir d'apaiser la justice divine par les prières et les œuvres de piété et de mortification ; mais personne n'en conçut une douleur si profonde que M. Olier.

Après avoir gémi amèrement au pied de l'autel où le crime venait d'être commis, il…

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Message  Louis Ven 17 Fév 2017, 5:43 am

CHAPITRE VI

Travaux de M. Olier pour la conversion des hérétiques, pour le soulagement des pauvres,
pour le rétablissement du culte, et pour la réformation des mœurs.


(suite)

Après avoir gémi amèrement au pied de l'autel où le crime venait d'être commis, il résolut de le réparer par une cérémonie éclatante. Il voulut que le saint-Sacrement fût exposé, pendant trois jours, sur un trône élevé en forme de pyramide, tout couvert de vases d'or et d'argent, et surmonté d'une couronne étincelante de pierreries. La Reine et toute sa cour voulurent contribuer à l'éclat de cette cérémonie, en y faisant servir ce que chacun avait de plus précieux en tapisseries, tableaux, cristaux, chandeliers, lustres d'or et d'argent. Tous ces objets, rehaussés par l'éclat d'une multitude innombrable de flambeaux qui brûlèrent durant trois jours, donnaient à ce temple l'aspect le plus majestueux et le plus imposant.

La marquise de Palaiseau, sachant qu'on avait dessein de mettre au-dessus du saint-Sacrement un lit à la romaine, pour y former une espèce de dôme, offrit le sien qui avait coûté vingt mille livres; et, comme on le refusait, parce qu'il devait recevoir la vapeur de plus de trois cents cierges, elle demanda avec prières que ce lit, fait par vanité, fût sacrifié à la gloire de Jésus-Christ. On se rendit à ses pieuses instances, et, quand la cérémonie fut achevée, il ne se trouva gâté ni terni en aucune façon.

Le troisième jour, on fit une procession solennelle dans les principales rues de la paroisse. Le Nonce du Pape portait le très-saint Sacrement, qui était suivi de la Reine-régente, accompagnée des princes, des princesses, et d'une grande partie de sa cour, en habit de deuil, ainsi que d'une multitude innombrable d'autres personnes.

M. Olier voulut perpétuer le souvenir de cette éclatante réparation rendue à Jésus-Christ, en établissant dans sa paroisse une fête particulière qui se célèbre encore tous les ans.

La religion vive et ardente de ce zélé pasteur lui faisait désirer aussi de voir réprimer les blasphèmes qui demeuraient impunis. Il en écrivit à la Reine ; et cette princesse, entrant volontiers dans les sentiments du serviteur de Dieu, fit rendre un édit mémorable contre tous les blasphémateurs, qui furent par suite punis de châtiments très-sévères.

Dieu bénit si visiblement les travaux de M. Olier et de ses ecclésiastiques, qu'au bout de quelques années, la paroisse de Saint-Sulpice ne fut plus reconnaissable. Ce n'était plus cette Babylone d'autrefois, livrée à tous les crimes et à tous les désordres, mais c'était une véritable Jérusalem, ville de charité et de paix, digne de reprendre sa place dans le corps mystique de Jésus-Christ, dans la sainte Eglise catholique, que Dieu lui-même a revêtue pour toujours de sa justice et de sa sainteté.

M. Olier savait depuis longtemps que Dieu, en l'appelant à la cure de Saint-Sulpice, avait borné à dix ans les services qu'il exigeait de lui comme pasteur. Il fut en effet attaqué d'une violente fièvre, au mois de juin de l'année 1652, qui était la dixième depuis qu'il gouvernait sa paroisse ; et le mal fit bientôt de si rapides progrès, qu'il ne laissa presque plus d'espoir. Les médecins ayant déclaré qu'il ne passerait pas le lendemain, dès le matin de ce jour, qui fut le 20 du même mois, il remit sa cure entre les mains de l'abbé de Saint-Germain.

Mais, aussitôt après sa démission, il se trouva hors de danger, comme si Dieu ne lui eût envoyé cette maladie que pour lui fournir l'occasion de se démettre de sa cure, afin de s'occuper tout entier du gouvernement de la compagnie de Saint-Sulpice, et de l'établissement des séminaires en France.

A suivre: Chapitre 7e.

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Message  Louis Sam 18 Fév 2017, 6:32 am

CHAPITRE VII

Établissement du Séminaire et de la Compagnie de St.-Sulpice au milieu des persécutions.

Le Père de Condren avait, avant sa mort, déclaré que Dieu ferait réussir l'œuvre des séminaires contre toute apparence et malgré les oppositions que l'ennemi de tout bien ne manquerait pas de lui susciter. M. Olier, plein de confiance dans ces promesses, ne craignit pas de tenter cette entreprise regardée jusqu'alors comme impraticable, et le succès répondit bientôt à son attente. On vit accourir dans son séminaire des sujets de divers points du royaume, sans aucune invitation ; de sorte que dès les premiers temps, le séminaire se composa de cent ecclésiastiques. Il est vrai que M. Olier accueillait et aidait tous ceux qui ne montraient d'autres intentions que celle de se donner à Dieu pour travailler au salut des âmes.

Mais une œuvre destinée à procurer un bien si universel à l'Eglise, devait s'établir au milieu des persécutions. M. Olier ne l'ignorait pas. Dès son entrée dans la cure de Saint-Sulpice, Dieu lui avait fait connaître qu'avant trois ans, lui et les siens seraient honteusement chassés de la maison curiale, que tout le monde se soulèverait pour détruire le séminaire dès sa naissance, et que toutefois cette violente persécution, au lieu de mettre obstacle à son établissement, servirait, au contraire, à l'affermir davantage et en assurerait la stabilité.

Cet orage éclata dès le commencement du ministère pastoral de M. Olier. En effet, dès que ce zélé pasteur eut entrepris d'arracher dans sa paroisse tous les scandales que l'hérésie, l'impiété et le débordement des mœurs y causaient, il vit aussitôt se déchaîner contre lui les libertins, les sages du monde et jusqu'à ses parents même.

Ceux-ci s'irritèrent de son zèle, censurèrent sa conduite et s'efforcèrent de traverser ses desseins.

"Je me vois dans les traverses de tout genre dont  Dieu veut se servir pour m'immoler à sa gloire, écrivait-il alors; mais au milieu de toutes les peines du dedans et des contradictions du dehors, je tâche de vivre dans une confiance entière en Dieu, comme un enfant qui repose sur le sein de son père, ne me préoccupant pas de l'avenir ; car l'âme qui est bien abandonnée à Dieu ne doit regarder que le présent. Dieu me montre, cependant, qu'il va m'immoler comme une victime, mais je le vois me châtier d'une main si douce, que je voudrais la baiser mille et mille fois, n'éprouvant en mon cœur qu'amour pur pour la main de mon Dieu, et pour les châtiments qu'il me réserve. "

Quand les trois années au bout desquelles M. Olier savait qu'il serait chassé de sa cure approchèrent de leur terme, il dit à ses confrères."Préparons-nous à ce que DIEU nous réserve, et demandons beaucoup son Saint-Esprit, afin de porter saintement la croix qu'il nous a destinée."

On l'entendit aussi s'écrier de temps en temps : "De bon cœur, mon DIEU, de bon cœur, je ne suis pas digne de cette grâce ; non, je ne mérite pas cette miséricorde avec laquelle vous voulez me traiter, par le grand désir que vous avez de faire du bien au plus ingrat des hommes."

Contre toutes les apparences, le coup fut porté à M. Olier par celui-là même de qui il devait craindre le moins une persécution…

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Message  Louis Dim 19 Fév 2017, 7:06 am

CHAPITRE VII

Établissement du Séminaire et de la Compagnie de St.-Sulpice au milieu des persécutions.

(suite)

Contre toutes les apparences, le coup fut porté à M. Olier par celui-là même de qui il devait craindre le moins une persécution. On finit par persuader, à force de flatteries et d'importunités, à M. de Fiesque, ancien curé de Saint-Sulpice que le bénéfice qu'on lui avait donné, lors de sa démission, était d'un revenu fort inférieur à ce qu'il avait droit d'attendre : on lui persuada que, depuis son départ, tout était bouleversé dans sa paroisse, et qu'il avait perdu son troupeau en l'abandonnant. M. de Fiesque, trop crédule et trop peu en garde contre la séduction, donna dans le piège. Pour rentrer en possession de sa cure, il publia contre M. Olier un écrit des plus sanglants, où il l'accusait d'en être l'injuste détenteur, en vertu d'une permutation nulle, disait-il, et obtenue par surprise.

En même temps les libertins, dont M. Olier était le fléau le plus redoutable, et les filles vendues au crime, furieuses de se voir continuellement surveillées et poursuivies par l'homme de Dieu, se liguèrent ensemble et entraînèrent dans leur complot une multitude de laquais et de domestiques tous disposés aux coups de main. Ils finirent par ameuter toute la populace de la paroisse et, en moins d'une semaine, une conjuration se forma contre M. Olier de manière à mettre sa vie dans le plus grand danger.

Le jeudi après la Pentecôte, 8 juin 1645, M. Olier fut averti qu'une troupe de gens armés s'étaient réunis dans une maison voisine avec dessein de se porter contre sa personne aux dernières violences. Il profita de cet avis, non pour écarter le coup, mais pour s'y préparer par la prière. Il se rendit à l'église et y célébra le saint sacrifice, acceptant d'avance le calice après lequel il avait si ardemment et si longtemps soupiré. Il était à peine rentré au presbytère, vers huit heures du matin, qu'une troupe de factieux fondent en armes sur la maison avec un bruit et un tumulte qui mettent l'alarme dans tout le quartier. Aussitôt on ferme les portes de l'église de Saint-Sulpice, pour les empêcher de s'y introduire ; quelques-uns y pénètrent néanmoins ; les autres entrent en foule dans le presbytère.

Au milieu de ce tumulte, pendant que les uns pillent la maison, brisent et enfoncent les portes des chambres, les autres se portent en furieux à la chambre de M. Olier, qu'ils trouvent à genoux, en surplis, s'offrant à Dieu comme une victime prête à être immolée. Sans nul égard pour son caractère et sa qualité de pasteur, ils se jettent sur lui, déchirent le saint habit qui le couvre, le tirent avec violence de son appartement, l'accablent de coups et lui font souffrir les traitements les plus indignes. Après l'avoir traîné rudement sur l'escalier, ils le jettent hors de son presbytère à la vue d'une foule immense qui l'accueille avec des huées, des injures et des menaces de la mort. Il devient en un moment le jouet de la populace la plus effrénée qui le traîne dans les rues voisines comme un malfaiteur insigne, digne des derniers châtiments.

Au milieu de ces outrages, M. Olier, sans aucune crainte, s'unissait aux dispositions intérieures de son divin Maître, qui, comme un doux agneau, s'était laissé lier et garrotter par les Juifs, sans ouvrir même la bouche pour se plaindre.

Cependant, quelques amis du serviteur de Dieu, qui étaient accourus à son secours…

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Message  Louis Lun 20 Fév 2017, 6:56 am

CHAPITRE VII

Établissement du Séminaire et de la Compagnie de St.-Sulpice au milieu des persécutions.

(suite)

Cependant, quelques amis du serviteur de Dieu, qui étaient accourus à son secours, se mêlant dans la foule, le conduisirent, à travers les huées du peuple, jusqu'au palais du Luxembourg, où il fut aussitôt reçu avec tout le respect que méritait sa vertu. Ne sachant dans quel état on l'avait laissé, M. de Bretonvilliers courut au Luxembourg, où il le trouva dans un calme aussi parfait que s'il n'avait eu que des sujets de consolation et de joie.

" Il ne me parut nullement ému, dit-il, et je n'aperçus pas en lui la moindre altération. Ce fut pour moi une très-forte conviction de la plénitude de l'Esprit qui le possédait ; mais ce qui m'étonna singulièrement, ce fut la manière dont il parla des auteurs de la persécution. Pendant que chacun les condamnait et qualifiait leurs procédés comme ils le méritaient, non-seulement il les excusait, mais il témoigna tant d'estime et d'affection pour  leurs personnes, que j'en conçus de la peine. Je crus même devoir lui dire à l'oreille que les louanges qu'il leur donnait étaient capables de faire retomber sur lui tout le blâme de cet événement : m'ayant entendu, il se contenta de sourire à ce que je lui disais, et continua de parler aussi favorablement des personnes qui avaient donné lieu à cette persécution."

La paroisse demeura sans pasteur depuis le jeudi jusqu'au samedi suivant, le presbytère étant toujours occupé par les factieux. Pendant ce temps, le service divin fut interrompu à l'église paroissiale. M. Olier, de concert avec plusieurs des plus notables de la paroisse, présenta requête au Conseil d'Etat, pour être rétabli dans sa cure. Le Conseil d'Etat renvoya l'affaire au parlement, qui, sur les instances de personnes de la plus haute qualité et de la Reine même, rendit un arrêt en faveur de M. Olier, ordonnant qu'il fût remis en possession de l'église et du presbytère de Saint-Sulpice. Il y était de plus ordonné de saisir les principaux auteurs de la sédition et de les mettre dans les prisons de la Conciergerie : ce qui irrita étrangement les factieux.

Aussi M. Olier était à peine rentré au presbytère que la sédition recommença. Une nouvelle troupe, ramassée de la lie du peuple par les auteurs de la première émeute, vint en armes à la maison curiale, pour chasser de force et destituer de fait celui qu'ils ne voyaient qu'avec une sorte de rage rétabli publiquement par les ministres de la justice. Les séditieux investissent de nouveau la maison, dont on ferme aussitôt les portes. Ils s'efforcent de les renverser ; mais ne pouvant y réussir, à cause de la résistance qu'on faisait du dedans, ils essaient d'y mettre le feu ; et, ce moyen étant encore rendu inefficace, ils s'efforcent enfin, quoique sans succès, d'escalader le mur du jardin. Sur-le-champ, des personnes dévouées à M. Olier vont avertir la Reine du danger, et aussitôt cette princesse envoie quelques compagnies du régiment des gardes, qui arrivent au moment même où ce peuple transporté de fureur allait mettre le feu à la maison. La vue des soldats suffit pour dissiper l'émeute ; tous les factieux prirent la fuite. On établit toutefois, dans le presbytère même, un détachement de soldats pour assurer la vie de M. Olier et celle de ses ecclésiastiques.

Au milieu d'un si grand tumulte, M. Olier était aussi paisible que s'il eût joui dans sa paroisse de la plus parfaite tranquillité…

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Message  Louis Mar 21 Fév 2017, 6:52 am

CHAPITRE VII

Établissement du Séminaire et de la Compagnie de St.-Sulpice au milieu des persécutions.

(suite)

Au milieu d'un si grand tumulte, M. Olier était aussi paisible que s'il eût joui dans sa paroisse de la plus parfaite tranquillité. Il fut toujours d'une humeur égale, et jamais on ne remarqua en lui la moindre altération, tant il était maître de tous ses mouvements ! Loin de poursuivre l'arrestation des coupables, le serviteur de Dieu cherchait, au contraire, à faire mettre en liberté tous ceux qui étaient déjà détenus à cause de lui. Ayant appris qu'on avait conduit en prison un homme qui s'était montré l'un des plus ardents pendant l'émeute, ce charitable pasteur s'empressa d'aller le visiter, et, quoiqu'il en fût reçu avec des paroles insolentes, accompagnées d'injures et de moqueries, il ne laissa pas de lui témoigner une tendresse et une douceur excessives, en sorte qu'à le voir, on eût cru que ce prisonnier était son meilleur ami. Il n'en demeura pas là : il saisit toutes les occasions pour demander sa grâce à la reine, qui finit par la lui accorder. Enfin, M. Olier donna constamment, surtout à l'occasion de cette sédition, des marques si éclatantes et si publiques de son amour envers ses ennemis, qu'on disait dans la paroisse qu'un moyen d'en recevoir certainement des bienfaits, c'était de lui faire du mal.

Quoique le plus fort de la tempête fût apaisé, plusieurs amis de M. Olier, effrayés des suites que pouvait avoir la scène affreuse qui venait de se passer et des mouvements que faisaient encore les partisans de M. de Fiesque, voulurent l'engager à lui remettre sa cure. Ils lui représentaient surtout les difficultés insurmontables qu'il rencontrerait dans l'établissement de son séminaire.

" Jamais nous ne devons abandonner les œuvres de Dieu pour les oppositions qui s'y rencontrent, leur répondait-il ; au contraire, ces oppositions doivent augmenter notre courage. Si l'on avait égard aux contradictions, on ne ferait jamais rien pour Dieu; La croix n'est-elle pas l'apanage des œuvres dont il est l'auteur ? Elles ne se font jamais sans elle."

Sur ces entrefaites, la Reine elle-même désirant procurer à M. Olier le calme et le repos, dont il ne paraissait pas qu'il pût jamais jouir dans sa cure, lui fit offrir avec beaucoup de bienveillance l'évêché de Rodez. M. Olier, pressé par ses amis de se rendre aux désirs de la Reine, résolut de s'en rapporter à la décision pure et simple de l'abbé de Saint-Germain, son supérieur. Quoique l'abbé de Saint-Germain eût été opposé jusqu'alors au dessein de l'établissement du séminaire, et eût refusé d'en autoriser l'érection, il fut si touché du désintéressement et de l'humilité de M. Olier, qu'il le pria de ne pas penser à quitter la cure de Saint-Sulpice, l'assurant de sa protection et lui promettant de le seconder dans l'œuvre du séminaire.

En même temps, M. Olier, rendant le bien pour le mal, parvint…

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Message  Louis Mer 22 Fév 2017, 6:56 am

CHAPITRE VII

Établissement du Séminaire et de la Compagnie de St.-Sulpice au milieu des persécutions.

(suite)

En même temps, M. Olier, rendant le bien pour le mal, parvint à contenter M. de Fiesque en lui assurant une rente de dix mille livres en dédommagement de la prétendue injustice dont il se plaignait.

Toutes les difficultés étant ainsi aplanies du côté de M. de Fiesque, et l'abbé de Saint-Germain étant tout disposé à ériger le séminaire en communauté, M. Olier ne s'occupa plus que des moyens de consommer cette œuvre. " Ce petit corps, disait-il dans la suite, a été engendré dans la persécution et au milieu des traverses du démon et du siècle."

L'abbé de Saint-Germain, selon sa promesse, autorisa rétablissement du séminaire, le 23 octobre 1645, et la Reine régente s'empressa, pour donner à M. Olier une nouvelle preuve de son estime, de joindre les lettres patentes du Roi à l'autorisation de l'abbé de Saint-Germain, et de faire jouir le séminaire de Saint-Sulpice de tous les privilèges que la protection du monarque accordait aux communautés du royaume.

Le Roi rappelle dans ses lettres que M. Olier et ses ecclésiastiques lui ont exposé que la bonté divine leur avait inspiré de se réunir en communauté, et d'employer leurs biens, leurs soins et leur travaux à l'instruction des jeunes gens qui aspirent aux ordres sacrés, ou qui y sont parvenus, afin de les former au culte divin, à l'administration des sacrements et à la prédication de la parole de Dieu; il approuve donc en conséquence et confirme de son autorité royale la compagnie de prêtres établie par M. Olier.

C'est ainsi que, contre toutes les apparences humaines et au milieu des contradictions et des persécutions de tout genre, le séminaire et la compagnie de Saint-Sulpice furent établis.

A suivre : Chapitre VIII.

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Message  Louis Jeu 23 Fév 2017, 5:39 am

CHAPITRE VIII

Construction du Séminaire de St. Sulpice.

Après que M. Olier eût été ainsi éprouvé par cette persécution, il reprit la conduite de son troupeau avec un nouveau zèle. En récompense des humiliations auxquelles il s'était soumis, il fut environné de l'estime et de la vénération universelle de sa paroisse, de ceux même qui avaient paru le plus envenimés contre lui ; chacun le proclama le père des pauvres, l'ami le plus sincère de ses paroissiens, un saint pasteur tout dévoué au salut de ses ouailles. Il profita de ces bonnes dispositions pour mettre la dernière main à l'établissement de son séminaire. Il en fit creuser les fondements sans délai, et voulut qu'on en posât la première pierre dans l'octave de la Nativité de la sainte Vierge, qu'il reconnaissait comme la seule fondatrice et maîtresse de la maison. Il mit dans les fondations plusieurs médailles d'or, où elle était représentée au-dessus de ce bâtiment, qu'elle semblait défendre et protéger comme un bien dont elle avait la propriété et le domaine. On poussa le bâtiment du séminaire avec tant de diligence qu'il fut achevé à l'Assomption de l'année suivante.

Lorsque le séminaire fut presque achevé, M. Olier, avant qu'on y logeât, eut la dévotion d'aller à Chartres, pour en offrir les clefs à la sainte Vierge, patronne de cette ville.

" J'espère, écrivait-il, que le nom de Marie sera béni à jamais dans notre pauvre maison ; et tout mon désir, c'est de l'imprimer dans l'esprit de nos frères."

Il voulut en conséquence que le monogramme de Marie parût partout dans la maison, sur les portes, sur les meubles, le linge, les ferrures, les vitres. Mais ce fut surtout dans la décoration de la chapelle que sa dévotion pour l'auguste Mère de Dieu parut avec éclat. S'il désira que toute la maison qu'il avait fait bâtir ne se fit remarquer que par sa simplicité, il voulut que la chapelle fût magnifique ; et les artistes de l'époque secondèrent si parfaitement ses religieux desseins, qu'on la comptait au nombre des plus rares curiosités de Paris, et qu'on lui donnait même le premier rang pour ses tableaux. On admirait surtout la peinture du plafond, regardée comme un chef-d'œuvre. Elle représentait le triomphe de la très-sainte Vierge couronnée dans le ciel de la main de Dieu le Père, aux acclamations de toute la cour céleste et proclamée Mère de Dieu par l'Eglise universelle, dans le saint Concile d'Ephèse.

Après avoir fait connaître ce qui regarde la construction de l'édifice matériel du séminaire…

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Message  Louis Ven 24 Fév 2017, 6:33 am

CHAPITRE VIII

Esprit du Séminaire.

Après avoir fait connaître ce qui regarde la construction de l'édifice matériel du séminaire, nous devons parler des sentiments que M. Olier s'efforça d'inspirer aux jeunes gens qui venaient s'y disposer à recevoir les saints ordres. Le principal objet des soins de M. Olier fut de donner à ses disciples un tendre amour pour Jésus-Christ, souverain prêtre et pasteur des âmes. Il s'efforça d'établir en eux les dispositions saintes qui animaient toutes les actions de ce divin Sauveur; ses sentiments de religion envers son Père, de charité envers le prochain, d'anéantissement à l'égard de soi-même, d'horreur pour le monde et le péché.

C'est là ce que M. Olier appelait la vie intérieure de Jésus-Christ, vie qui, selon lui, était la vocation propre non-seulement des prêtres, mais même de tous les chrétiens.

"En effet, disait-il, pour que les chrétiens soient dignes du nom auguste de disciples  de JÉSUS-CHRIST, il faut qu'ils s'efforcent de vivre selon l'avertissement que saint Paul donnait aux fidèles de son temps : Ayez-en vous-mêmes  les sentiments de JÉSUS-CHRIST. Ils seront donc vraiment chrétiens, si l'on peut dire, quand ils parlent : C'est ainsi que JÉSUS-CHRIST parlait ;  quand ils agissent : C'est ainsi que JÉSUS-CHRIST  agissait ; quand ils souffrent : C'est ainsi que JÉSUS-CHRIST souffrait."

Après la dévotion à la vie intérieure de Jésus, M. Olier donna, pour second fondement à la piété du séminaire de Saint-Sulpice, la dévotion à la vie intérieure de Marie. Cette dévotion a principalement pour objet les dispositions intérieures de cette incomparable créature dans toutes ses actions, et les trésors de grâce dont elle a été enrichie.

M. Olier voulut de plus qu'on honorât spécialement dans le séminaire, saint Joseph et saint Jean l'Evangéliste, qui ont eu des rapports si particuliers avec Jésus et Marie. Il rappelait aussi à ses disciples qu'étant destinés à continuer sur la terre le même ministère que les Apôtres, ils devaient s'efforcer d'entrer dans leurs dispositions et leurs sentiments, afin de pratiquer leurs vertus.

Le dessein de M. Olier, en fondant le séminaire de Saint-Sulpice, n'était pas seulement de former à l'esprit ecclésiastique les jeunes gens que la Providence lui envoyait, mais encore d'instituer une compagnie vouée elle-même à l'éducation des clercs, et qui contribuât efficacement à l'établissement des séminaires. Mais quelque désir qu'il eut de servir le clergé, jamais il ne sollicita personne à entrer dans sa compagnie ; et cet abandon entier à la conduite de la divine Providence lui attira, en moins de huit ou dix mois, trente ou quarante sujets pleins de zèle, de talents, de piété et surtout de détachement apostolique.

M. Olier crut que, pour bâtir sur un fondement solide, il devait soumettre aux évêques du royaume…

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Message  Louis Sam 25 Fév 2017, 6:05 am

CHAPITRE VIII

M. Olier soumet aux Évêques les Constitutions de sa compagnie.

M. Olier crut que, pour bâtir sur un fondement solide, il devait soumettre aux évêques du royaume la constitution de sa société, son règlement et tout son esprit. C'est ce qu'il fit pendant l’assemblée générale du clergé de France, qui se tint en 1650. Les évêques, non contents d'approuver les règlements de cette compagnie, l'acceptèrent encore pour le service de leur clergé, et, en signe de cette acceptation, lui donnèrent le nom de Compagnie des prêtres du clergé de France. C'est ce qui faisait dire à l'illustre Fénélon : La Maison de Saint-Sulpice est une source de grâces, pour tout le clergé.

Enfin, l'assemblée générale de 1725 et celle de 1730, dans leurs suppliques à Benoit XIII et à Clément XII, pour solliciter la canonisation de la mère Agnès, s'exprimaient à peu près de la même sorte: " Que de fruits abondants, disaient les évêques, ne tire-t-on pas tous les jours de la fondation du séminaire de Saint-Sulpice, qui doit sa naissance à ce très-pieux prêtre (M. Olier) ! C'est de ce séminaire, comme d'une sorte de citadelle de la religion, et d'une école de toutes les vertus, que sort une multitude innombrable, soit de prélats, soit d'ecclésiastiques de tous les rangs, puissants en parole et en exemples, fermes dans la foi, fondés et enracinés dans la charité, et préparés à toutes sortes de bonnes œuvres."

Quelque désir qu'éprouvât M. Olier de répondre aux demandes des prélats qui désiraient des prêtres de sa compagnie pour établir leurs séminaires, il en fut d'abord empêché par les besoins immenses du faubourg Saint-Germain, à la réforme duquel il employait la plupart de ses ecclésiastiques. Il eut cependant la consolation, avant sa mort, d'établir, dans un grand nombre de diocèses de France, des séminaires dirigés par ses disciples, qui ont perpétué, jusqu'à ce jour, l'œuvre pour laquelle Dieu avait suscité ce prêtre selon son cœur.

Le zèle de M. Olier ne se bornait pas au royaume de France…

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Message  Louis Dim 26 Fév 2017, 7:01 am

CHAPITRE VIII

Son zèle pour les missions étrangères et pour la conversion de l'Angleterre.  

Le zèle de M. Olier ne se bornait pas au royaume de France. Il brûlait de faire connaître et aimer Jésus-Christ au très-saint Sacrement, par tout l'univers.

" Je voudrais, disait-il, avoir des bras qui pussent embrasser le monde entier, pour le porter à Dieu et le remplir d'amour. O mon tout! que vous êtes peu connu, que vous êtes peu aimé ! "

L'espérance de ramener à l'Eglise grand nombre d'hérétiques et de schismatiques, répandus dans les Etats du roi de Perse, le détermina à accepter l'évêché de Babylone qui lui était offert par le Nonce du Pape, et il fallut toute l'opposition de ses confrères pour l'empêcher d'exécuter ce dessein.

Plus tard, tout infirme qu'il était, il voulut suivre le Père de Rhodes, célèbre missionnaire de la Compagnie de Jésus, pour aller prêcher avec lui la foi dans la Chine. Il sollicita, à genoux, avec les plus vives instances, ce religieux de vouloir bien l'agréer au nombre de ses compagnons. Ne pouvant le persuader, il imputa son refus à la grandeur de ses péchés qui le rendaient indigne d'une vocation si sublime. Du moins il obtint du Père de Rhodes la grâce de lui voir accepter quelques prêtres de son séminaire, qui consumèrent leur vie en Chine au service de Jésus-Christ.

Comme les princes ambitieux rêvent sans cesse aux moyens d'agrandir leurs domaines, ainsi ce grand serviteur de Dieu songeait sans relâche à étendre le royaume de son divin Maître parmi les infidèles. Dans l'impuissance de le faire par lui-même, il voulut au moins travailler efficacement à la conversion des hérétiques des Cévennes, boulevard du calvinisme en France.

Obligé, par ordre des médecins, de passer l'hiver dans le Midi, il profita de cette circonstance pour entreprendre ce grand ouvrage…

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Message  Louis Lun 27 Fév 2017, 8:45 am

CHAPITRE VIII

Son zèle pour les missions étrangères et pour la conversion de l'Angleterre.  

(suite)

Obligé, par ordre des médecins, de passer l'hiver dans le Midi, il profita de cette circonstance pour entreprendre ce grand ouvrage. Ayant inspiré au clergé du pays une partie de son zèle, il obtint de personnes riches et charitables d'abondants secours pécuniaires, et forma comme un petit camp de missionnaires d'élite, composé de quelques-uns de ses prêtres et d'autres ecclésiastiques tout remplis de l'esprit apostolique. Il mit à leur tête M. de Queylus, qui s'était déjà distingué par son zèle, par sa doctrine et son désintéressement. Il le fit nommer curé de Privas, où les missionnaires firent leurs premières tentatives. Cette ville passait avec raison pour la métropole des Protestants dans toutes les Cévennes.

On sait que Louis XIII et le cardinal de Richelieu avaient été contraints de faire en personne le siège de cette ville, auquel vingt-cinq mille hommes prirent part. Mais depuis qu'elle avait été forcée de recevoir le joug du vainqueur, elle n'en était que plus obstinément attachée à l'hérésie. Les missionnaires eurent dans les commencements beaucoup à souffrir dans cette ville; privations, mépris, rebuts, calomnies, rien ne leur manqua ; jusque là qu'ils furent six mois sans pouvoir louer une maison ; les ministres l'ayant défendu sous peine d'anathème.

Mais enfin, aidés de la grâce et forts de leur confiance en Dieu, ils triomphèrent de tous les obstacles. Leurs seules armes étaient la charité, la douceur et l'exemple de toutes les vertus chrétiennes ; aussi Dieu se plût-il à bénir leurs travaux. Bientôt la face de ces provinces fut changée, et aujourd'hui, grâces aux travaux des missionnaires que M. Olier et ses successeurs y ont envoyés en divers temps, la ville de Privas ne compte plus guères dans son enceinte que des catholiques, si l'on en excepte environ la trentième partie.

On s'était empressé, dès qu'on avait vu les esprits un peu plus calmes, de mettre Notre Seigneur sur le trône de sa miséricorde, dans les tabernacles où il veut bien reposer pour la consolation de ses enfants, et l'on put même, dès la première année de la mission, faire, le jour de la Fête-Dieu, la procession du très-saint Sacrement dans les rues et les places de la ville. Pendant cinq années, M. Olier continua avec le même bonheur à donner des missions dans les villes et les villages circonvoisins, où les calvinistes étaient en grand nombre. Partout où ses prêtres allèrent prêcher la foi catholique, on vit la grâce opérer des prodiges sans nombre.

Invité à retourner à Paris pour travailler à de nouvelles œuvres de la plus haute importance…

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Message  Louis Mar 28 Fév 2017, 6:04 am

CHAPITRE VIII

Son zèle pour les missions étrangères et pour la conversion de l'Angleterre.

(suite)

Invité à retourner à Paris pour travailler à de nouvelles œuvres de la plus haute importance, M. Olier, après avoir consulté Dieu dans la prière, se décida à partir pour cette capitale. On conjecture que le motif de ce voyage était le désir de contribuer à la conversion de Charles II, roi d'Angleterre, qui venait de se réfugier en France durant la tyrannie de Cromwell.

Depuis longtemps le serviteur de Dieu demandait avec de vives instances le retour de la Grande-Bretagne à la foi. Il écrivait, en 1642, lorsqu'il jetait à Vaugirard les fondements de sa compagnie :

" Je me souviens que le 12 mars, jour de saint Grégoire-le-Grand, je me sentis porté à m'offrir à Dieu comme victime pour l'Angleterre, et à donner ma vie pour ce royaume, dont saint Grégoire a été l'apôtre. A l'issue de l'office, j'éprouvai le mouvement d'engager notre jeunesse à communier ce jour-là, en l'honneur de ce grand saint, pour demander à Dieu la conversion de l'Angleterre, où j avais ouï dire, ces jours passés, que quelques prêtres et d'autres venaient de souffrir le martyre. Si j'osais aspirer encore à quelque chose de la solide gloire qu'on trouve dans le service du divin Maître, en donnant sa vie et en répandant son sang pour lui, je regarderais l'Angleterre  comme mon espérance."

M. Olier parvint à lier avec Charles des conférences, et commença à l'instruire sur les matières de la religion. Cependant il priait avec ardeur et faisait beaucoup prier pour le succès de cette grande entreprise.  

" Je demande avec instances à tous nos frères, écrivait-il au directeur du séminaire du Puy, de recommander à Notre Seigneur, en notre divine Mère, l'affaire du roi d'Angleterre, dont la Providence m'a encore chargé, lequel présentement se laisse éclairer des difficultés de la religion. J'eus encore le bien de lui parler hier. Autant que je puis vous recommander une chose à tous en général, et à chacun en particulier, je le fais de celle-ci. Je laisse le tout à l'amour que vous avez pour Jésus et pour Marie, qui avait autrefois ce royaume pour douaire. Je ne vous dis plus rien après cela."

Dans l'ardeur de son zèle et pour lever les obstacles que la politique pouvait apporter, M. Olier, simple prêtre, faible et infirme, alla jusqu'à offrir au roi d'Angleterre de mettre à sa disposition dix mille hommes de troupes réglées, pour l'aider à rentrer dans ses états.

L'immense ascendant qu'exerçait le serviteur de Dieu sur les plus braves militaires de son temps, l'aurait sans doute mis à même de remplir une promesse si extraordinaire. Mais Dieu, dont les desseins sont impénétrables, n'accorda pas à son serviteur une conversion qui l'aurait tant consolé.

L'amour des plaisirs et les considérations politiques l'emportèrent pour le moment dans le cœur de Charles sur les intérêts de son âme.

Mais au lit de la mort, comme le rapporte Lingard (année 1685), il désira se réconcilier avec la sainte Eglise catholique et reçut d'un prêtre les sacrements d'Extrême-Onction et d'Eucharistie, après s'être confessé et après avoir déclaré qu'il regrettait d'avoir différé jusqu'à ce moment sa conversion.

A suivre : chapitre IX.

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Message  Louis Mer 01 Mar 2017, 6:40 am

CHAPITRE IX

Zèle de M. Olier pour le Canada.

L'œuvre que M. Olier eut le plus à cœur, après la sanctification du clergé, fut la conversion des sauvages de la Nouvelle-France. Nous avons différé jusqu'ici d'en parler, afin de présenter, dans un même exposé, tout ce qu'il entreprit pour le succès de ce grand dessein. Il gémissait de voir que la foi n'eût presque point encore pénétré dans ce pays, soumis depuis plus d'un siècle à la France, et qu'à la honte du christianisme, l'ambition eût formé diverses compagnies de commerce, pour dépouiller le Canada de ses richesses, sans que presque personne eût songé à lui porter en échange les richesses bien plus précieuses de la foi.

Brûlant du désir de se consacrer à une si noble entreprise, il résolut de former à son tour une compagnie, uniquement dévouée au salut de ces nations abandonnées. Québec, le seul établissement qu'il y eût encore, était trop incommode pour les sauvages du Haut-Canada, qui ne pouvaient alors y descendre facilement pour leur commerce, en sorte que l'œuvre de leur conversion n'avait fait que languir. Il conçut donc le dessein de bâtir, dans l'île de Montréal, une ville qui serait tout à la fois le siège des missions, une barrière aux incursions des sauvages, le centre du commerce pour les peuples voisins, et serait consacrée à la très-sainte Vierge, et appelée pour cela Ville-Marie : " De tous les projets que l'on a faits pour la conversion de ces barbares, écrivait, vers la fin du même siècle, le Père le Clercq, Récolet missionnaire, il n'y en a point eu de plus désintéressé, de plus solide ni de mieux concerté que celui-ci."

Pendant que M. Olier en méditait l'exécution, il connut, de la manière du monde la plus extraordinaire, un gentilhomme…

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Message  Louis Jeu 02 Mar 2017, 7:14 am

CHAPITRE IX

Sa rencontre avec M. de la Dauversière.

Pendant que M. Olier en méditait l'exécution, il connut, de la manière du monde la plus extraordinaire, un gentilhomme à qui Dieu avait inspiré le même dessein. C'était Jérôme le Royer de la Dauversière, résidant à la Flèche, en Anjou, qui portait au plus haut degré l'abnégation, le détachement, l'assiduité à l'oraison, et surtout l'amour des austérités, quoique engagé dans l'état du mariage. Il était persuadé qu'il devait donner commencement à une congrégation d'hospitalières, afin d'en former ensuite un établissement dans l'île de Montréal, encore inculte et déserte.

Son directeur, à qui il fit part d'un dessein en apparence si extravagant, le rejeta d'abord comme on devait s'y attendre. Néanmoins, après l'avoir examiné mûrement, il finit par y donner son approbation, et permit à M. de la Dauversière d'aller à Paris, pour essayer de se procurer les secours nécessaires à l'établissement d'une colonie dans cette île. Il fallait, en effet, commencer par là, puisque les hospitalières, qu'il voulait fonder, ne devaient être destinées qu'au soulagement des colons lorsqu'ils seraient malades.

Étant arrivé à Paris, il alla se présenter chez le Garde-des-sceaux, qui était alors à Meudon ; dans le même temps, M. Olier s'y rendit pour quelques affaires, et la Providence voulut qu'ils se rencontrassent dans la galerie de l'ancien château.

Alors ces deux hommes, qui ne se connaissaient pas, qui ne s'étaient jamais vus, et n'avaient eu aucune sorte de rapports ensemble, poussés par une sorte d'inspiration, coururent s'embrasser comme deux amis qui se retrouvaient après une longue séparation.

" Ils se jetèrent au cou l'un de l'autre, dit M. de Bretonvilliers, avec des tendresses et une cordialité si grandes, qu'il leur semblait qu'ils n'étaient qu'un même cœur."

Ils se saluèrent mutuellement par leur nom, ainsi que nous le lisons de saint Paul et de saint Antoine ; M. Olier félicita M. de la Dauversière du sujet de son voyage ; et, lui mettant entre les mains un rouleau d'environ cent louis d'or, lui dit ces paroles : Monsieur, je veux être de la partie. Il célébra ensuite la sainte Messe, où communia M. de la Dauversière, et, après leur action de grâces, ils se retirèrent dans le parc du château, où ils s'entretinrent, durant trois heures, des desseins qu'ils avaient formés l'un et l'autre pour procurer la gloire de Dieu dans l'île de Montréal.

Tous deux avaient les mêmes vues et se proposaient d'employer les mêmes moyens. Cette rencontre si extraordinaire, et la conformité non moins frappante de leurs projets, ne leur permettant pas de douter que Dieu ne les eût effectivement choisis pour réaliser de concert cette entreprise, ils se lièrent dès ce moment d'une très-étroite amitié et entretinrent un commerce de lettres.

M. Olier commença par former une association…

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Message  Louis Ven 03 Mar 2017, 6:16 am

CHAPITRE IX

Société de Montréal.

M. Olier commença par former une association de personnes zélées et opulentes, connues depuis sous le nom de Société de Notre-Dame de Montréal, et que le souverain Pontife daigna encourager par des indulgences plénières. Le serviteur de Dieu la dirigea constamment par ses conseils, et M. de la Dauversière en exécuta presque toutes les résolutions, en qualité de procureur, que sa modestie lui fit prendre.

La première fut d'aller demander l'île de Montréal à M. de Lauzon, intendant du Dauphiné, qui l'avait reçue en don de la grande compagnie du Canada, à condition d'y établir une colonie. Ce magistrat, cédant aux instances réitérées de M. de la Dauversière, qui fit deux fois à cette fin le voyage du Dauphiné, substitua M. Olier et ses associés à sa place, par contrat passé à Grenoble le 17 août 1640, et approuvé par la grande compagnie au mois de décembre suivant.

Voici les principales dispositions des articles que la société de Montréal s'engagea à exécuter, et qui furent vraisemblablement rédigés par M. Olier et M. de la Dauversière :

" Le dessein des associés est de travailler purement pour la gloire de Dieu et le salut des sauvages. Pour atteindre ce but, ils ont arrêté entre eux d'envoyer, l'an prochain, à Montréal, quarante hommes bien conduits, équipés de toutes choses nécessaires pour une habitation lointaine, et de fournir deux chaloupes pour transporter les vivres de Québec à Montréal.

" Ces quarante hommes, étant arrivés dans l'île, se fortifieront d'abord contre les sauvages, puis  s'occuperont pendant quatre ou cinq ans à défricher la terre et la mettre en état d'être cultivée. Pour avancer cet ouvrage, les associés augmenteront d'année en année le nombre des ouvriers, selon leur pouvoir ; enverront des bœufs et des laboureurs à proportion de ce qu'il y aura de terres défrichées, et un nombre suffisant de bestiaux pour en peupler l'île et engraisser les terres.

" Les cinq années étant expirées, les associés, sans interrompre le défrichement, feront bâtir un séminaire (c'est-à-dire une sorte de collège), pour y instruire les enfants mâles des sauvages.

" On  tâchera de conserver habituellement dans cette maison dix ou douze ecclésiastiques, dont trois ou quatre sauront les langues du pays, afin de les enseigner aux missionnaires qui viendront de France. Ceux-ci, en arrivant, se reposeront un an au séminaire, pour apprendre ces langues, et ensuite être dispersés parmi les nations sauvages, selon qu'il sera jugé à propos. S'ils tombent malades, le séminaire leur servira de retraite.

" Les autres ecclésiastiques s'occuperont à l'instruction des enfants des Sauvages et des Français habitants de la dite île. Il y faudra encore un séminaire de religieuses pour instruire les filles sauvages et les françaises, et un hôpital pour y soigner les pauvres sauvages quand ils seront malades.

" Enfin, toutes ces choses étant en bon état, on ne pensera qu'à bâtir des maisons pour loger quelques familles françaises, les ouvriers nécessaires dans le pays, les jeunes gens mariés qui auraient été instruits au séminaire et les autres sauvages convertis, qui voudraient s'y arrêter. On donnera à ceux-ci quelques terres défrichées, des grains pour les semer, des outils et des hommes pour leur apprendre à les cultiver.

" Au moyen de ces mesures, les associés espèrent de la bonté de Dieu, voir en peu de temps une nouvelle Eglise, qui imitera la pureté et la charité de la primitive ; ils espèrent encore que dans la suite, eux-mêmes et leurs successeurs, étant bien établis dans l'île de Montréal, pourront s'étendre dans les terres et y faire de nouvelles habitations, tant pour la commodité du pays que pour faciliter la conversion des sauvages."

M. de la Dauversière et M. Olier avaient déjà envoyé à Québec vingt tonneaux de vivres et d'autres choses nécessaires à l'établissement de la colonie…

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Message  Louis Sam 04 Mar 2017, 6:50 am

CHAPITRE IX

Société de Montréal.

(suite)

M. de la Dauversière et M. Olier avaient déjà envoyé à Québec vingt tonneaux de vivres et d'autres choses nécessaires à l'établissement de la colonie ; et, l'année suivante, ils assemblèrent environ trente familles qui, par zèle pour la religion plutôt que par intérêt, se dévouèrent à cette bonne œuvre. De ce nombre étaient des gentilshommes, des négociants, des artisans, des cultivateurs.  

Il manquait un homme d'expérience et d'autorité, qu'on pût mettre à la tête de la colonie. M. Olier et son collègue avaient souvent demandé à Dieu d'en susciter quelqu'un, lorsque M. Paul de Chaumedey de Maisonneuve, exercé dès sa jeunesse au métier des armes, et tout dévoué aux intérêts de la religion, se présenta de lui-même pour conduire ce dessein.

Ils demandaient aussi à Dieu d'inspirer un semblable dévouement à quelque femme courageuse, qui pût assister les malades de la colonie ; et dans le même temps arriva, de Langres à Paris, mademoiselle Manse, qui s'offrit en effet pour les servir. Après qu'elle eut fait connaître ses dispositions à M. Olier et à Marie Rousseau, qui la confirmèrent dans son dessein et acceptèrent avec reconnaissance ses services, elle se rendit à La Rochelle, pour l'embarquement.

Enfin, la petite troupe s'étant partagée sur deux vaisseaux…

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Message  Louis Dim 05 Mar 2017, 5:47 am

CHAPITRE IX

Départ des nouveaux colons.


Enfin, la petite troupe s'étant partagée sur deux vaisseaux, mit à la voile vers la fin du mois de juin 1641, et arriva heureusement à Québec, où elle passa l'hiver. Les missionnaires de la compagnie de Jésus résidant dans cette ville, et que les associés de France avaient priés d'assister spirituellement ces pieux colons, en attendant qu'on leur envoyât des ecclésiastiques, admirèrent leur courage et la foi de ceux qui dirigeaient une entreprise si hardie; en sorte que le Père Vimont, leur supérieur, en écrivit en ces termes au provincial de France :

" Un grand homme de bien, n'ayant jamais vu le Canada que devant Dieu, se sentit fortement inspiré d'y travailler pour sa gloire. Ayant fait rencontre d'une personne de même cœur (il parle de M. de la Dauversière et de M. Olier), ils envoyèrent, l'an 1640, vingt tonneaux, et, l'année dernière, firent passer quarante hommes  pour former les fondements de ce généreux  dessein. Cette entreprise paraîtrait autant téméraire qu'elle est sainte et hardie, si elle n'avait  pour base la puissance de celui qui ne manque jamais à ceux qui n'entreprennent rien qu'au branle de ses volontés ; et, qui saurait ce qui se  passe pour faire réussir cette grande entreprise, jugerait aussitôt que Notre-Seigneur en est le- véritable auteur."

Pendant que les colons attendaient à Québec le retour du printemps, pour passer à Montréal, M. Olier conçut un dessein bien digne de sa religion : ce fut de consacrer cette île à la sainte Famille, avant que la colonie en prît possession. Au mois de février 1642, il réunit dans l'église de Notre-Dame tous les membres de la compagnie de Montréal, célébra la sainte Messe à l'autel de la sainte Vierge, où il communia tous ceux qui n'étaient point prêtres, tandis que les prêtres célébraient aux autels voisins ; et tous consacrèrent l'île à la sainte Famille, sous la protection particulière de la très-sainte Vierge, et se consacrèrent eux-mêmes à ce pieux dessein. Au sortir de Notre-Dame, ils se rendirent à l'hôtel de Lauzon, pour concerter les moyens de consolider la bonne œuvre.

Il fut résolu

qu'on ferait un armement considérable ;

qu'on fréterait au moins trois navires, pour transporter à Montréal autant d'honnêtes familles de différents états qu'on en pourrait trouver disposées à cette émigration ;

qu'on prendrait possession de l'île au nom de la très-sainte Vierge, qui en serait toujours regardée comme la première et la véritable maîtresse,

et qu'avec la permission du Roi, on y bâtirait une ville sous le nom de Ville-Marie.

Puis, chacun s'étant fait un devoir de contribuer généreusement aux frais nécessaires pour l'exécution de ce dessein, on recueillit sans sortir de l'assemblée, une somme de plus de deux cent mille livres.

Le 17 mai suivant, la petite troupe, qui avait passé l'hiver à Québec, arriva enfin à Montréal…

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