Litanies de Notre-Dame de Lorette.

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Message  Louis Mer 08 Fév 2017, 6:44 am

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Légende de la gravure.
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TURRIS DAVIDICA, ORA PRO NOBIS.

Si « la tour de David, couronnée de créneaux, dans laquelle on voyait mille boucliers suspendus aux murs, et toutes les armes des forts d'Israël 1, » était l'ornement et le boulevard de Jérusalem, Marie, n'est-elle pas la gloire et la forteresse invincible de l'Église? D'ailleurs, le sang de David ne coule-t-il pas dans ses veines, le sang de ce saint roi qui, avant d'arriver au trône, avait su allier aux modestes attributs de pasteur les nobles insignes de vainqueur du géant philistin ? Combien donc Marie peut justement être appelée Tour de David, elle en qui nous admirons tant d'humilité unie à tant de grandeur et à tant de gloire !...

Mais sous quel rapport devons-nous spécialement appliquer à la Vierge l'image d'une « grande et haute tour 1, » dont le front inaccessible défend une ville de guerre ? C'est surtout sous le rapport de sa protection contre les assauts que Satan a toujours livrés à l'Église comme dépositaire de la vérité apportée du ciel par Notre Seigneur Jésus-Christ. « Oh ! qu'elle est puissante contre l'enfer cette auguste Reine, s'écrie saint Bonaventure ! Elle lui est bien plus terrible qu'une armée rangée en bataille 1... » Aussi, l'ange pervers n'a-t-il jamais manqué, en attaquant l'Église avec violence, d'attaquer en même temps la très-sainte Vierge, qui en est comme la citadelle inexpugnable.

Depuis le second siècle, où l'impie Cérinthe osa contester l'un des privilèges que la foi catholique assure à Marie, il n'est presque pas d'hérésiarque qui, directement ou indirectement, n'ait voulu lancer contre elle le venin de sa funeste doctrine ; il n'en est pas un seul dont Marie n'ait confondu la folle audace par l'autorité foudroyante de l'Église, toujours prête à défendre Jésus-Christ attaqué dans son auguste Mère.

Voilà pourquoi cette gardienne fidèle de la doctrine céleste se plaît à nous montrer « l'ancien serpent 2 » s'efforçant toujours en vain de relever la tête sous le pied toujours vainqueur de la divine Vierge, dont il semble que le Seigneur a voulu, dans les temps modernes, faire éclater encore davantage la puissance admirable contre l'erreur.

Chose remarquable ! ce sont les peuples les plus dévots à Marie qui ont été préservés ou qui ont eu le moins à souffrir des ravages de l'hérésie du XVIe siècle. Voyez l'Italie, l'Espagne, la Belgique; voyez la France..., la France où la protection de la Reine du ciel s'est manifestée de nouveau, et d'une manière frappante, à la fin du XVIIIe. C'était alors plus qu'une hérésie, c'était l'impiété, armée du pouvoir politique, régnant en souveraine absolue. Plus de temples, plus d'autels, plus de prêtres ; la seule foi était un crime digne de mort... O Marie! oublierez-vous donc…
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1. Cant., IV, 4. — 2. II Esdr. III, 27. — 1. Cant., VI, 3. — 2. Apoc, XII, 9.

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Message  Louis Jeu 09 Fév 2017, 5:42 am

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TURRIS DAVIDICA, ORA PRO NOBIS.

(suite)

... O Marie! oublierez-vous donc que la France fut toujours pour vous un pays de prédilection ; qu'elle vous fut consacrée par un de ses rois, de pieuse mémoire 1 ? N'entendez-vous pas les ardents soupirs de vos serviteurs restés encore si nombreux au milieu de tant d'apostasies désolantes ? et sur la terre d'exil, nos confesseurs de la foi ne joignent-ils pas leurs supplications les plus ferventes à celles de ces brebis fidèles dont la fureur de la tempête les a forcés de s'éloigner?...

Oh ! cette bonne et tendre Mère ne délaissera pas son peuple chéri; tous les efforts de l'impiété triomphante se briseront enfin contre la nouvelle tour de David. Bientôt, en effet, les temples se rouvrent, les autels se redressent, les pasteurs sont rendus à leurs ouailles; et c'est le jour même de l'Assomption glorieuse de la très-sainte Vierge, qu'est signé par le Souverain Pontife le célèbre concordat qui fut le gage de la restauration de l'Église de France.

Félicitons-nous ici, devant Dieu, du bonheur que nous avons d'être nés sur une terre qui appartient à Marie par une consécration solennelle, gage consolant de la conservation du trésor si précieux de la foi dans notre belle patrie. Toutefois, n'oublions pas que jadis les Apôtres, quoique certains, d'après la parole de leur divin Maître, que la persécution de la Synagogue serait impuissante contre l'Église, à son berceau, « élevaient tous leur voix à Dieu dans l'union d'un même esprit 1, » pour lui demander la victoire.

Nous aussi demandons instamment au Seigneur de ne pas permettre que jamais la foi s'éteigne parmi le peuple bien-aimé de Marie; et dans nos tentations, dans celles surtout qui sont contraires à cette vertu fondamentale du Christianisme, recourant promptement à elle, réfugions-nous dans cette tour de David où les traits de l'ennemi ne sauraient nous atteindre.

O divine Mère de celui qui s'appelle lui-même « la « Vérité 1, » c'est à vous que votre Fils adorable semble avoir confié la garde de son Église ; car c'est à vous que cette même Église 2 rapporte la gloire de ses triomphes sur toutes les erreurs qui ont essayé d'ébranler les plus saintes croyances, et jusqu'aux fondements « de la cité de Dieu 3. » Vous êtes pour elle « un refuge, une forte tour contre ses ennemis 4 ; » vous êtes « la tour invincible 5 » qui sauve chacun de ses enfants «au jour de la tribulation 1. »

Ah! protégez-nous, Vierge sainte, contre les assauts de l'enfer, et particulièrement contre tout danger que pourrait courir notre foi ; protégez-nous surtout à l'heure de la mort, et pour nous préparer à la dernière lutte qui doit assurer notre triomphe éternel, obtenez-nous de Dieu une foi vive, inébranlable.


Tour de David, priez pour nous ! — Turris Davidica, ora pro nobis !

________________________________________________________________

1. Louis XIII. — 2. Actes des Ap., IV, 24. — 1. Jean, XIV, 6. — 2. Brév. rom. in festis B. M. V. — 3. Ps. LXXXVI, 3. — 4. Ps, LX, 4. — 5. Prov., XVIII, 10. — 6. Ps. XIX, 2.

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Message  Louis Ven 10 Fév 2017, 6:29 am

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Légende de la gravure.
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TURRIS EBURNEA, ORA PRO NOBIS.

L'ivoire a une éclatante blancheur, un émail remarquable, qui plaisent à l'œil, et en même temps une solidité, une force analogues à l'animal gigantesque qui le fournit à l'homme : double image également applicable à la très-sainte Vierge. Dans quelle autre créature humaine pourrions-nous trouver, comme en elle, cette innocence, cette candeur d'âme qu'admiraient les Anges mêmes, cet éclat de virginité qui, pendant les jours de son pèlerinage terrestre, se reflétait sur toute sa personne, et dont les charmes pénétraient les cœurs d'un sentiment de respect indicible 1 ?

Mais, sans nous arrêter ici à cette pureté prodigieuse qui, déjà plusieurs fois, a été l'objet de nos méditations, attachons-nous à considérer la mystique « Tour d'ivoire 2 » comme le modèle et le soutien de notre persévérance dans le service du Seigneur.

Quel ne fut pas le dévouement perpétuel de Marie à son Dieu, au milieu de tous les sacrifices qui remplirent sa vie si sainte dans ce monde ! Depuis la séparation d'avec sa famille que le Très-Haut demanda d'elle à un âge si tendre, que de tribulations, que d'angoisses, que de prévisions déchirantes et certaines, que de douleurs crucifiantes élevèrent jusqu'au sublime sa constance dans la voie du devoir !

La perplexité de saint Joseph au sujet d'un mystère que la prudence ne lui permettait pas de révéler elle-même à son chaste époux ;

le voyage à Bethléem, si pénible à tant d'égards ;

l'isolement et le dénûment de l'étable, seul asile laissé à l'Enfant-Dieu;

la double prophétie du saint vieillard Siméon sur la haine si injuste dont le Sauveur devait être l'objet, et « sur le glaive qui devait transpercer le cœur de sa mère 1 ; »

la fuite en Egypte, avec toutes les gênes, toutes les privations de l'exil;

l'absence désolante de Jésus durant trois jours, après la fête de Pâques ;

les travaux si humiliants auxquels elle le voyait  assujetti dans le pauvre atelier de Nazareth; toutes les fatigues, toutes les peines de sa vie publique;

les menées, les poursuites, les calomnies atroces de ses ennemis, dont elle était si profondément affectée ;

toutes les ignominies, toutes les souffrances inouïes de sa passion;

la croix, enfin, debout devant ses yeux maternels, et elle debout au pied de cette croix: oh! quelle suite non interrompue de rudes épreuves bien faites pour déconcerter, pour renverser le courage d'une fille d'Ève !...

Mais au sein de toutes ces épreuves, Marie toujours calme et sereine, Marie toujours soumise, toujours unie inséparablement à la volonté de son Dieu, Marie toujours forte et dévouée, Marie toujours la même, quel exemple! quelle éloquente leçon pour nous qui sommes si peu fermes, si peu constants dans le bien !

Tant que l'occasion dangereuse est loin de nous…
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1. S. Denys Aréop. Ep. ad Paul, apud Carthus. Sent, in I dist. 16, q. 2. — 2. Cant , VII, 4. — 1. Luc, II, 35.

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Message  Louis Sam 11 Fév 2017, 5:15 am

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TURRIS EBURNEA, ORA PRO NOBIS.

(suite)

Tant que l'occasion dangereuse est loin de nous, ou que la tentation nous laisse en repos, ou que le monde veut bien ne pas trouver mauvais que nous remplissions nos devoirs envers Dieu, « nos pieds ne dévient pas du droit chemin 1, ils courent même sans fatigue dans la voie du salut 2. »

Mais dès que les obstacles naissent sous nos pas, dès qu'il faut se faire violence pour rompre le charme trompeur de la séduction du cœur ou des sens, ou pour s'élever au-dessus du rire insensé « des enfants du siècle 3, » nous nous sentons défaillir. Ah ! si nous imitions Marie, loin de nous laisser décourager par les tempêtes dont la Providence permet que nous ayons à soutenir l'effort, nous les regarderions comme des moyens précieux d'expier le passé, d'acquérir une sainte défiance de nous-mêmes et une entière confiance en Dieu seul, de nous affermir dans le bien par la lutte contre le mal, de gagner d'inestimables mérites pour la vie éternelle.

Et vous aussi, âmes pieuses, si vous marchiez sur les traces de celle que vous aimez à appeler votre bonne Mère, ne porteriez-vous pas avec plus de courage et de confiance le poids des peines intérieures qui peuvent vous assaillir?... Ah! n'oubliez donc pas qu'un jour de fidélité à Dieu dans les aridités, dans les ténèbres de l'esprit, dans l'ennui et le dégoût, vous devient plus utile que mille jours coulés dans les saintes joies de la dévotion.

Il y a,  selon la pensée de saint Augustin, deux vies dont l'une dépend de l'autre : « celle de l'épreuve, que nous devons subir; celle de la béatitude, que nous devons espérer 1. » Dans cette seconde vie, chacun de vos gémissements, chacun de vos soupirs, chacun de vos actes de résignation, sera compté devant Dieu ; et vous les y retrouverez, aux pieds « du juste juge 2, » transformés en autant de perles précieuses, dont l'éclat immortel rehaussera votre diadème céleste.

O Marie! incomparablement plus éclatante aux yeux du Seigneur par vos vertus, par vos mérites, que ne le furent jamais, aux yeux des hommes, « le palais orné « d'ivoire, bâti par le septième roi d'Israël 3, » et le « trône tout d'ivoire de Salomon 4, » nous voulons toujours « porter nos regards vers vous comme vers la tour de salut d'où le secours doit nous venir 5 » contre le monde et le démon, contre les mauvais penchants de la nature, contre les obscurcissements de l'intelligence et les découragements de la volonté.

La persévérance dans le bien, au milieu des tentations de toute espèce, « dont notre vie est comme tissue 6, » est une grâce au-dessus de tout prix ; et nous ne saurions la demander avec trop d'instance. C'est par votre heureuse intervention que nous espérons l'obtenir; et pour mettre à couvert notre fragile vertu, c'est dans votre cœur immaculé que nous voulons nous réfugier désormais, comme dans un asile inviolable. O vous, que nous invoquons ici pleins de confiance,



Tour d’ivoire, priez pour nous ! — Turris eburnea, ora pro nobis !

______________________________________________________

1. Ps. XV, 12. —2. Ps.  XL, 31. — 3. Luc, XVI, 8. —1. Lib. 2, de Act. cum Fel. Manic. c. 10. — 2. II Timoth., IV , 8. — 3. III Rois, XXII, 39. — 4. III Rois x, 18. — 5. Ps. cxx, 1. —  6. Job, VII, I.

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Message  Louis Dim 12 Fév 2017, 5:03 am

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DOMUS AUREA, ORA PRO NOBIS.

Quelle merveille que le temple de Jérusalem, élevé par le roi Salomon ! Indépendamment des pierres magnifiques dont les fondements et les murs étaient bâtis, qui aurait pu ne pas admirer les lambris de cèdre sculptés avec tant d'art, les chérubins, les palmes en relief, les fleurs s'épanouissant sous le brillant éclat de l'or, le pavé même revêtu de lames de ce métal précieux, qui était prodigué de telle sorte « qu'il  n'y avait rien dans ce temple qui n'en fût couvert1, » et qu'on pouvait presque littéralement l'appeler une maison d'or?

Mais combien plus ce nom appartient-il à la très-sainte Vierge, sanctuaire vivant que le Seigneur a fait lui-même pour lui-même ; « demeure auguste et sacrée qu'il s'est choisie 2 : » c'est trop peu dire, avec laquelle il s'est uni par la grâce sanctifiante plus étroitement qu'avec toute autre créature, et par la maternité divine, de la manière la plus approchante du nœud adorable qui fait du Verbe éternel et du Fils de Marie une seule et même personne!....

Avant l'Incarnation, vous étiez déjà, ô Vierge incomparable, dans un sens merveilleux, « la maison du Seigneur 1, » sa Maison d'or par excellence, vous qu'il avait ornée de tant de prérogatives, infiniment plus précieuses que tout l'or du monde; vous dont toutes les pensées, tous les désirs, toutes les paroles, toutes les actions étaient,  à ses yeux,  d'une valeur si supérieure à ce qu'est pour les hommes ce métal brillant, objet de leurs recherches, ce métal plein de séduction, qui est le mobile, hélas ! et trop souvent l'idole de leur vie entière !

Mais au jour éternellement mémorable de l'Annonciation, vous êtes devenue, dans un sens bien plus admirable encore, sa Maison d'or; car de votre plus pure substance, le Verbe a fait alors et à jamais la sienne; il a demeuré en vous les neuf premiers mois de ses années expiatoires sur la terre, vivant de votre propre vie; et cette sublime alliance, cette union ineffable, « vous a mérité d'être proclamée bienheureuse par toutes les générations, bienheureuse par tous les prophètes, par toutes les puissances des cieux; oui, bienheureuse dans notre esprit, dans notre cœur, bienheureuse dans tous les concerts de nos louanges 2 ! »

Et à quel juste titre, d'ailleurs, n'est-elle pas appelée Maison d'or
_________________________________________________________________

1. III Rois, VI, 22. — 2. Ps. CXXXI, 13. —1. III Rois, VI, 22. — 2. Saint Ildefonse, Lib. de Virginit. B. M.

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Message  Louis Lun 13 Fév 2017, 6:18 am

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DOMUS AUREA, ORA PRO NOBIS.

(suite)

Et à quel juste titre, d'ailleurs, n'est-elle pas appelée Maison d'or, cette Vierge douée d'une pureté parfaite, dont l'or, qui n'est sujet à aucune altération est si bien le symbole; cette Vierge enflammée de l'amour divin, dont, par sa couleur de feu, l'or est encore l'emblème. En effet, son intégrité perpétuelle n'est-elle pas un des plus grands miracles du Seigneur?

« L'excellence de sa pureté, dit saint Anselme, ne surpasse-t-elle pas, sans comparaison, toute la pureté de toutes les créatures? Et n'est-ce pas ce qui l'a rendue digne d'être comme la réparatrice du monde, qui était plongé dans le plus profond abîme de la perdition 1 ? »

Son amour pour Dieu n'est pas moins étonnant.

« Qui peut douter, s'écrie saint Augustin, que les entrailles de Marie, dans lesquelles Dieu, la charité même, a reposé neuf mois corporellement, n'aient été toutes transformées en charité 2 ? »

Voilà pourquoi saint Bernardin a pu dire de cette Vierge bénie, « qu'il y avait en elle tant d'amour qu'elle se serait volontiers livrée à la mort pour son Fils, non pas une fois, mille fois, mais un nombre infini de fois, s'il eût été possible 3. »

Hélas! que n'en est-il ainsi de nous, autant, du moins, qu'il peut être permis à notre faible nature !

( Note de Louis : Ne pas oublier que le texte qui suit fut écrit au XIXe siècle, et que dans les temps mauvais où nous sommes, faisons d’ardentes et dévotes communions spirituelles. )

Pourquoi nous qui par le baptême, par la confirmation, par l'eucharistie, avons été consacrés à Dieu « comme ses temples 4, » nous montrons-nous si peu dignes du « Saint des saints 5, » qui a daigné faire de nous « sa demeure vivante 6 ? »

Pourquoi nous qui aurions tant d'empressement à orner notre demeure, si elle devait avoir l'honneur de recevoir un hôte illustre, sommes-nous si peu zélés pour faire de notre âme et de notre corps une Maison d'or agréable au Seigneur?....

Pourquoi encore, loin de nous laisser enflammer de l'amour du souverain bien, ne sentons- nous que passion folle pour « la bagatelle qui trompe 1 , » et froideur pour ce Dieu si ravissant d'amabilité, si ravissant d'amour ?...

Honte et confusion sur nous! Mais aussi repentir, et désormais actes fréquents, aussi fréquents que possible, de piété, de dévotion, d'amour ardent envers celui dont il nous est donné, par une faveur si insigne, de devenir les temples.

C'est par vous, ô Marie, c'est par votre intercession si puissante que nous espérons mériter qu'en nous s'accomplisse cette parole de votre divin Fils : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure 2. » « En vous le Seigneur s'est plu à habiter d'une manière admirable 3 et il vous a remplie de sa gloire 4 » d'une manière bien plus merveilleuse qu'il n'en remplit autrefois le temple de Salomon.

Oh! si nous pouvions comprendre à quel honneur il nous élève, en faisant de nous-mêmes ses temples vivants, que nous serions fidèles à nous conserver purs et saints; fidèles à immoler sans cesse sur l'autel de notre cœur la nature au devoir, les joies présentes et passagères aux joies futures et permanentes de l'éternité; fidèles à y faire brûler constamment le feu du saint amour ! Priez pour nous, afin que nous ayons ce bonheur inestimable; c'est de tout notre cœur que nous vous en conjurons,



Maison d'or, priez pour nous ! — Domus aurea, ora pro nobis !

_______________________________________________________________

1. De excel., B. V. ,c. 9. — 2. Cité par S. Bonavent., in spec., c. 14. — 3. Serm., de Nat. B. V. — 4. II Cor., VI, 16 — 5. Dan. , III, 24. — 6. I Pier., II. 5. — 1. Sag., IV, 12. — 2. Jean, XIV, 23. — 3. Ps. CXXXI, 14. — 4. III Rois, VIII, 10; — II Paral., V, VIII.

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Message  Louis Mar 14 Fév 2017, 6:29 am

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 FŒDERIS ARCA, ORA PRO NOBIS.

Si le magnifique temple de Salomon, où, pour ainsi dire, tout était d'or, nous offre un emblème de Marie, ce qu'il y avait de plus auguste dans cette « maison « du Seigneur 1 , » l'arche d'alliance est une figure bien plus significative encore de cette divine Vierge.

L'arche était faite d'un bois qui n'était pas sujet à la corruption 2, quoique le germe en fût corruptible. Et vous, ô Marie ! quoique issue d'une tige coupable, vous avez été préservée de la tache originelle, et nulle corruption n'a jamais pu vous atteindre.

Des lames d'or pur couvraient l'arche au dehors et au dedans; elle était surmontée d'une couronne d'or, et fermée par le propitiatoire qui était fait aussi de ce métal précieux ; deux chérubins, également d'or, les ailes étendues, ombrageaient le propitiatoire, du haut duquel la majesté de Dieu rendait ses oracles aux enfants d'Israël 3. Et vous, ô Marie ! « comblée de « grâce 4 , » de quel or éclatant, sans mélange, de quel or sans prix n avez-vous pas été revêtue ! quel trône vous avez offert en vous-même au Seigneur ! Ne pouvons-nous pas dire de vous, avec André de Crète, que « vous êtes le propitiatoire universel du monde 1, » le sanctuaire vivant d'où « le Verbe incarné 2 » a fait entendre l'oracle du salut à toute la terre?

Dans l'arche étaient déposés « un vase d'or rempli de manne, la verge d'Aaron qui avait fleuri miraculeusement, les deux tables de l'alliance 3 », données à Moïse sur la montagne de Sinaï.

Et vous, ô Vierge auguste ! vous avez eu le bonheur de concevoir et d'enfanter celui qui s'est fait pour nous la vraie manne céleste, « le pain vivant, descendu du ciel 4. »

Vous avez eu l'honneur infini de devenir la Mère d'un Fils qui a été formé en vous et qui est né de vous par un prodige bien plus étonnant que celui qui frappa d'admiration les douze tribus, quand elles virent couverte de feuilles, de fleurs et de fruits la verge aride du souverain sacrificateur 5.

Vous avez renfermé en vous, par une faveur à nulle autre pareille, l'auteur même des deux tables de l'alliance; vous êtes devenue comme la « dépositaire des titres sacrés de l'ancien et du nouveau Testament 6, l'abrégé de tous les divins oracles 7, le livre du Verbe divin, dont le Père éternel ouvré les pages sacrées aux yeux de tout l'univers 8. »

Dieu imprima jadis à son peuple, quelquefois même aux Gentils, un profond respect pour l'arche d'alliance…
___________________________________________________________________

1. III Rois, VIII, 11—2. Exod. , XXV, 10. — 3. Exod. XXV. — 4. Luc, I, 28. — 1. De dormit. Virg. — 2. Jean, I, 14.— 3. Hébr., IX, 4. — 4. Jean, VI, oi. — 5. Nombr., XVII. —6. Rupert, in cap. 4 Cant. — 7. André de Crète, serm. de Assump.— 8. Serm. de laudib. Virg. attribué à saint Épiphane.

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Message  Louis Mer 15 Fév 2017, 6:16 am

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 FŒDERIS ARCA, ORA PRO NOBIS.

(suite)

 Dieu imprima jadis à son peuple, quelquefois même aux Gentils, un profond respect pour l'arche d'alliance par divers prodiges dont elle fut l'occasion 9 ; devant elle les Israélites se prosternaient, pour se rendre le ciel propice 1, et son séjour dans la demeure d'Obédédom attira sur lui et sur sa famille la bénédiction du Seigneur 2.

Devant vous, ô Marie ! les fidèles se prosternent pour obtenir de votre divin Fils les faveurs qu'ils sollicitent, sachant bien qu'il se plaît à répandre par vous ses dons sur les hommes, et que « toute grâce découle de vos mains 3. »

Par vous mille et mille prodiges, dans l'ordre temporel et dans celui du salut, s'opèrent à la grande admiration des hommes de foi ; et votre sainte image pieusement vénérée dans les familles chrétiennes, n'attire-t-elle pas sur elles de précieuses bénédictions?

Qui pourrait enfin ne pas voir dans l'entrée si solennelle que David fit à l'arche dans Jérusalem, la figure de votre glorieuse et triomphante Assomption, ô vous ! « arche de sainteté, qui vous êtes élevée de la terre au ciel, pour entrer dans le repos du Seigneur 4, et pour  vous asseoir à la droite de Dieu 5,» auprès duquel vous ne cessez de « vous montrer notre bonne mère 6 ? »

Ah ! puissions-nous nous montrer nous-mêmes de vrais enfants de Marie, et trouver dans cette arche auguste de la nouvelle alliance une sauvegarde continuelle, et une source de célestes bénédictions ! « Celui qui néglige le service de la très-sainte Vierge, dit saint Bonaventure, court bien le risque de mourir dans ses péchés; mais celui qui l'honore dignement sera justifié, sera sauvé 7, » car elle est, suivant les expressions de saint Pierre Chrysologue, « médiatrice heureuse entre l'homme et l'Homme-Dieu 1 ; et si les mérites de celui qui prie, ajoute saint Anselme, ne peuvent le faire exaucer, ceux de la divine Mère qui intercède pour lui, font qu'il obtient sa demande  2. »

Comme l'arche précédant les Hébreux dans le passage du Jourdain les introduisit dans la terre promise, ainsi vous nous faites traverser heureusement, ô Marie ! les ondes périlleuses du fleuve de la vie présente ; vous êtes pour nous « l'arche vivante de l'alliance du souverain Seigneur de tout l'univers 3. »

Ah ! sans doute, l'alliance dont « le Dieu de majesté 4 » daigna honorer jadis Abraham, Isaac et Jacob, et les enfants d'Israël, était bien précieuse. Mais ce n'était pourtant qu'une image, une ombre de celle dont le Fils de l'Éternel nous a gratifiés en se faisant homme pour nous dans votre sein, en nous régénérant par son sang adorable, dont il nous applique les mérites par des rites sacrés qui nous sanctifient dès le berceau, nous aident, nous fortifient, nous consolent pendant la vie, et à la dernière heure nous encouragent et nous disposent à franchir avec confiance le seuil redoutable de l'éternité.

O vous par qui tous ces biens nous sont venus, « paradis du nouvel Adam 5, palais vivant du Très-Haut 6, » obtenez-nous la grâce d'en faire un saint usage, et de vous dire toujours avec l'élan d'un cœur fidèle :

Arche  d'Alliance,  priez  pour  nous !  —  Fœderis arca, ora  pro  nobis !



Arche  d'Alliance,  priez  pour  nous !  —  Fœderis arca, ora  pro  nobis !

_________________________________________________________________

9. Exod., xxv ; Jos., III,  VI ; I Rois, V, VI. — 1. Jos., VII, 6.— 2. Il Rois, VI, 11 — 3. S. Bernard, serm. 3 de nomine Mariæ. — 4. Ps., CXXXI, 8. — 5. Marc, XVI, 19. — 6. Hymn. Ave, Maris Stella. — 7. In Psalt. —  1.Serm. de Annuntiat. — 2. De excellent. Virg. — 3. Jos., III, 11. — 4. Ps. XXVIII, 3. — 5. S. Jean Damasc. Orat. de dormit. B. M. — 6. S. Chrysost. Homil. 2, in fest. S. Joan.

_________________
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Message  Louis Jeu 16 Fév 2017, 5:31 am

Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Image_43

Légende de la gravure.
Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Lygend13
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 JANUA CŒLI, ORA PRO NOBIS.

 « Je suis la porte, a dit Jésus 1 ; nul ne vient au Père que par moi 2. » Donner à Marie le nom de porte du ciel, n'est-ce donc pas lui attribuer ce qui n'appartient qu'à l'Homme-Dieu ? n'est-ce pas violer les droits inaliénables du Fils au profit de la Mère ?

Ah ! certes, l'Eglise « qui est la colonne et la base de la vérité 3, » n'oublie pas cet oracle de saint Paul, que « comme il n'y a qu'un Dieu, il n'y a qu'un médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ qui les a tous rachetés 4. » Mais elle enseigne avec saint Jérôme, que « tout honneur rendu à Marie tend à la gloire de Jésus comme à sa fin 5 ; » et avec saint Anselme, que « si Marie a tant de pouvoir, c'est de Jésus qu'elle le tient, c'est avec lui qu'elle l'exerce 6. »

C'est donc à la plus grande gloire de l'Homme-Dieu que l'Eglise invoque ici la très-sainte Vierge comme Porte du ciel, titre admirablement adapté à cette divine Mère. N'est-ce pas par Marie que le ciel a été comme transporté sur la terre, quand elle a attiré au milieu des hommes celui qui a pour nom « Dieu avec nous 1 ? » car « elle l'avait conçu dans son cœur, dit saint Léon, avant de le concevoir dans son sein 2. »

N'est-ce pas par elle « qu'a apparu au monde, sous les traits de l'humanité, la bonté de Dieu notre Rédempteur 3, « qui est la résurrection et la vie 4, » et dont l'Ascension triomphante a pu seule introduire dans le séjour de l'éternel bonheur les âmes mêmes les plus saintes de ceux qui étaient morts avant « qu'il entrât dans sa gloire 5 ? »

« N'est-ce pas [par] Marie, dit saint Augustin, que Dieu est descendu visiblement sur la terre, afin que par elle les hommes méritent de monter au ciel 6 ? »

De quel secours puissant n'êtes-vous pas, en effet, « ô douce Vierge Marie 7, » à tous ceux qui vous implorent, qui vous supplient humblement de les aider à se rendre dignes d'entrer un jour dans la béatitude céleste !

Oh ! que saint Anselme a bien raison de dire que « c'est par vous que les exilés sont appelés dans leur éternelle patrie 8 ! »

Vous les éclairez, vous les encouragez, vous les soutenez ; car vous êtes, d'après l'immortel évêque d'Hippone, « la Mère de tous les fidèles qui sont les membres de Jésus-Christ, puisque vous avez coopéré par votre charité à leur naissance spirituelle  9 ; » et s'ils ne rendent pas inutile, par leur malice, la puissante influence de votre bénigne protection, vous les conduisez heureusement au port du salut.

C'est ce qui a fait dire à saint Antonin…
__________________________________________________________________

1. Jean, x, 9. — 2. Jean, XIV, 6. — 3. I Timoth., III,  15. — 4.Timoth., II, 5,6. — 5. Ad Eustoch.— 6. De excell. Virg., c. 12. — 1. Matth., I, 23. — 2. Serm. I, de Nativ. Dom. —3. Tit. , III, 4. — 4. Jean, XI, 25. — 5. Luc, XXIV, 26. — 6. Serm. 18 De tempore. — 7. Salve Reg. — 8. In medit. — 9. Lib. de sancta Virginit., c. 6.


Dernière édition par Louis le Jeu 23 Fév 2017, 12:04 pm, édité 1 fois (Raison : Balises.)

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Message  Louis Ven 17 Fév 2017, 5:37 am

.
 JANUA CŒLI, ORA PRO NOBIS.

(suite)

C'est ce qui a fait dire à saint Antonin, après saint Anselme 1, ces étonnantes paroles : « Autant il est impossible que celui dont vous détournez vos regards miséricordieux se sauve, autant il est certain que celui pour qui vous intercédez, obtiendra la justification et la gloire 2. »

Si donc nous avons sérieusement travaillé jusqu'à ce jour à nous attirer les regards bienveillants de la très-sainte Vierge, soyons heureux, et bénissons le Seigneur « qui inspire, dit saint Jean Damascène, une tendre dévotion envers Marie à ceux qu'il a prédestinés au salut 3. »

Levons les yeux avec joie vers le paradis éternel de délices : là nous ne verrons pas un Chérubin armé d'un glaive de flammes, veillant pour nous en défendre l'approche, comme autrefois sur le seuil du jardin d'Éden ; mais nous aurons la consolation d'y voir une mère, la plus douce, la plus tendre, la plus prévenante des mères, tournant constamment vers nous des yeux d'amour, vers nous qui traînons avec douleur nos pas vacillants sur cette même terre qu'elle aussi foula jadis de ses pieds bénis ; nous la verrons, les mains étendues vers ce lieu d'exil et d'épreuve, nous invitant à nous confier en sa protection, « à nous faire violence pour arriver à ce royaume 4 » que le sang de son divin Fils a ouvert à nos désirs et à nos espérances.

Si jusqu'ici nous avons eu le malheur ou d'oublier Marie, ou de n'avoir pour elle qu'une dévotion faible ou démentie trop souvent par nos œuvres, déplorons notre froideur ingrate, déchirons le bandeau de nos illusions. La miséricorde d'une mère est grande; quelle ne doit pas être celle d'une mère telle que Marie!... Mais dès ce moment ayons pour elle une dévotion digne de Jésus que nous devons aimer et glorifier dans Marie, digne de Marie que nos frères doivent apprendre à aimer et à glorifier dans les exemples de tous ceux qui se disent ses serviteurs.

Jadis, ô Marie ! le patriarche Jacob voyant dans un songe une échelle mystérieuse du haut de laquelle le Seigneur lui prédisait le sublime avenir de sa postérité, s'écria, saisi d'un saint tremblement : « Que ce lieu est redoutable ! c'est ici la maison de Dieu et la porte du ciel 1. »

Que dirons-nous de vous, Vierge sainte, avec qui ce même Dieu a daigné contracter les liens du sang et de la nature, les plus étroits et les plus doux ! Ah ! vous êtes digne à jamais de notre crainte respectueuse, par votre grandeur admirable. Mais aussi la tendresse de mère avec laquelle «vous ouvrez sur nous les portes célestes, et en « faites descendre avec une merveilleuse abondance la manne de toutes les grâces 2, » ne peut que nous inspirer une confiance toute filiale. C'est avec ce doux sentiment que nous vous reconnaissons pour « la véritable porte du Seigneur, par laquelle les justes entrent 3 dans son repos éternel 4, » et par laquelle nous espérons y entrer nous-mêmes. Priez donc pour nous, tout indignes que nous en sommes,



Porte  du ciel, priez  pour nous ! — Janua cœli, ora pro nobis  !

____________________________________________________________

1. De excellent. Virg. c. 11. — 2. IV Part., tit. 13, c. 14. — 3. Orat. de Assumpt. — 4. Matth., XI, 12. — 1. Gen., XXVIII., 17. — 2. Ps.  LXXVII, 23, 24. — 3. Ps.  CXVII, 20. — 4. Hébr., IV, 10.

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Message  Louis Sam 18 Fév 2017, 6:21 am

Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Image_44
Légende de la gravure.
Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Lygend14
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STELLA MATUTINA, ORA PRO NOBIS.

Immortelle Étoile du matin, ô divine Marie, vous êtes aussi douce à nos yeux que radieuse, étincelante ! Si vous ne versez pas, comme le soleil, des flots éblouissants de lumière qui éclairent, échauffent et fécondent toute la nature, vous resplendissez du moins comme l'astre qui précède la marche de « ce géant des cieux 1 ! »

Mais qui pourra dire la beauté de ce jour nouveau que vous avez annoncé à la terre, ô heureuse « étoile de Jacob, qui avez paru sur l'horizon de l'humanité idolâtre 2, pour éclairer ceux qui étaient assis dans « les ombres de la mort 3 ? »

Qui saura peindre le bonheur qu'a eu l'univers de pouvoir saluer en vous l'approche de sa délivrance, l'auguste et sainte aurore de cet adorable « soleil de justice 4 » qui, après avoir comme voilé sa splendeur dans votre chaste sein, s'est montré ensuite à nos yeux avec un immense éclat, répandant de toutes parts ses rayons bienfaisants, donnant à ceux que l'erreur abusait la lumière de la vérité, communiquant aux malheureux « enfants de la mort 1 » la vie seule digne de ce nom, la vie éternelle?

Étoile de salut, «vous avez montré une splendeur digne du flambeau céleste qui chasse devant lui les ténèbres 2 ; » vous avez été véritablement « l'Étoile brillante du matin 3 » de ce jour bienheureux où le monde a vu se lever sur lui l'astre divin de sa rédemption et de sa régénération ineffable!

Oh! soyez bénie, à jamais bénie, par tout cœur et par toute langue ! car vous avez été comme le gage inestimable « de la réconciliation de la terre avec le ciel 4, de notre sanctification par Jésus-Christ 5, de notre salut éternel 6, de notre vocation au royaume et à la gloire de Dieu 7 ! »

Et encore aujourd'hui, cette mystique Étoile du matin ne nous est-elle pas un gage d'espérance, un gage de salut?

« Otez Marie, dit saint Bonaventure, qu'en serait-il de nous, infortunés? que devenir au sein des ténèbres du siècle, si nous étions privés de son doux éclat 8 ? »

Hélas! qui ne sait qu'il est des moments périlleux où la lumière de la foi paraît s'éclipser…
______________________________________________________________________

1. Ps. XVIII, 6. — 2. Nombr., XXIV, 17. — 3. Luc, I, 79. — 4. Malach., IV, 2. — 1. I Rois, XXVI, 16. — 2. Eccl., L, 7. —3. Apoc. XXII, 16. — 4. Coloss., I,20. — 5. I Cor., I, 30. — 6. Hébr., V, 9. — 7. 1 Thessal., II, 12. — 8. In spec. B. M. V.


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Message  Louis Dim 19 Fév 2017, 7:01 am

.

STELLA MATUTINA, ORA PRO NOBIS.

(suite)

Hélas! qui ne sait qu'il est des moments périlleux où la lumière de la foi paraît s'éclipser pour faire place aux pensées les plus contraires à ses divins enseignements ; des moments où l'on se sent violemment enclin à ce qu'on méprise et qu'on déteste par le fond de la volonté; où l'imagination s'embrase, s'emporte jusqu'à se complaire dans des objets qui font horreur, dès que le faux charme tombe, et que le calme renaît ? Mais si nous élevons alors une voix suppliante vers cette Étoile de bénédiction, elle ne tarde pas à montrer ses rayons consolants, et à ramener la sérénité.

Qui ne sait aussi, par une triste expérience, qu'il est des heures de dégoût amer, d'ennui dévorant, d'humeur sombre et noire, de découragement profond, où le cœur semble prêta manquer, s'il n'est soutenu par une puissance surnaturelle? Mais si, dans ces heures d'accablement et d'angoisse, des soupirs fervents appellent Marie au secours, son front radieux dissipe bientôt l'orage, et nous rend à nous-mêmes; car, « dans toutes les tempêtes qui peuvent nous assaillir ici-bas, dit saint Bernard, il suffit de regarder cet astre tutélaire, pour échapper au naufrage 1. »

Implorons donc avec ferveur le secours de Marie ; supplions-la de mettre en fuite « les puissances des «ténèbres 2, » comme les premiers rayons de la lumière du jour font rentrer « les bêtes féroces dans leurs tanières 3 ; » supplions-la de nous conduire heureusement sur la mer si dangereuse de cette vie jusqu'au céleste rivage. Elle se plait à sauver le matelot qui se confie en sa sainte protection; et le matelot reconnaissant se plaît à redire aux plages lointaines la gloire de « l'Étoile de la mer 4, » et à chanter, avec enthousiasme, le nom de la Vierge-du-Port, de la Vierge-de-la-Garde, de la Vierge-du-Bon-Secours.

Ah ! combien plus la douce Marie aime à soutenir, à diriger, à sauver le pieux chrétien qui l'invoque au milieu des orages du cœur, des orages de l'esprit, des orages des sens! Combien plus, nous qui souvent peut-être avons été consolés par le doux éclat de cette étoile chérie, nous devons être reconnaissants et fidèles envers notre céleste bienfaitrice, et l'honorer par une vie pure comme les rayons inaltérables de sa lumière !

O vous, asile assuré du marin en péril, Vierge toujours secourable, éloignez de nous les tempêtes et les naufrages sur cet océan plein d'écueils où se trouve lancé le frêle esquif qui porte notre éternité, heureuse ou malheureuse? Des nuées redoutables dont les flancs recèlent d'affreux ravages, peuvent nous environner, nous assaillir, nous livrer à des ballottements effroyables ; jamais elles ne pourront vous dérober à nos yeux.

« Étoile toujours radieuse, toujours consolante, toujours protectrice ! en suivant votre douce lumière, on ne dévie jamais, en vous implorant, on conserve l'espérance ; par votre appui l'on ne saurait faillir ; sous votre égide, plus de crainte ; sous votre conduite, plus de fatigue; sous vos auspices, l'on arrive au terme de tous les vœux 1 ; et comme l'étoile de la mer dirige le nautonier vers le port, ainsi vous conduisez les chrétiens à la gloire 2

Daignez, oh ! daignez réaliser tous ces effets merveilleux de la piété envers vous, ô Marie, en faveur de ceux qui, dans le calme comme dans l'orage, veulent vous redire sans cesse, avec un tendre amour :



Étoile du matin, priez pour nous ! — Stella matutina, ora pro nobis !


_____________________________________________________________

1. Homél.—2. Super Missus, Éphés., VI, 12. —3. Ps. CIII,  22.— 4. Ave. maris stella. —1. Saint Bernard, hom. 2,  sup. Missus. —  2. Saint Thomas, op. 8.

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Message  Louis Lun 20 Fév 2017, 6:51 am

Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Image_45
Légende de la gravure.
Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Lygend15
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SALUS INFIRMORUM, ORA PRO NOBIS.

Les souffrances! voilà l'apanage de l'humanité. À côté d'un enfant d'Adam qui s'avance alerte, joyeux, dans le voyage de la vie, mille autres, en proie à des infirmités plus ou moins cruelles, traînent leurs pas avec effort, avec larmes, et font entendre une voix gémissante, et parfois des cris déchirants.

Mais au milieu de ce triste concert qui s'élève du sein des souffrances de l'humanité, un nom auguste et doux, un nom plein de charme, retentit dans la bouche de l'infirme chrétien; et ce nom pieusement invoqué calme les douleurs, ranime les forces, soulage et peut même guérir les maux les plus invétérés, mettre fin aux maladies les plus incurables: c'est le nom de la divine Marie.

À quel cœur, après celui de Jésus, à quel cœur mieux fait pour le comprendre, pourrait s'adresser le fidèle souffrant? Ah ! Marie n'a-t-elle pas assez appris à compatir en contemplant les longues et indicibles douleurs de son adorable Fils sur le bois du supplice? N'a-t-elle pas, au pied de la croix, recueilli de ses lèvres divines, comme un héritage inaliénable, tous les fidèles en la personne « du disciple chéri 1 ? » Ne nous a-t-elle pas, dès lors, tous embrassés, avec une tendresse ineffable, dans les douces étreintes de son incomparable charité?... Et celui qui, dans l'infirmité, invoque cette Mère céleste, ne sait-il pas que sa puissance égale son amour?...

C'est seulement dans certains lieux (Note de Louis: Lieux interdits car investis, en nos jours mauvais, par la Secte.) que la dévotion des peuples a élevé aux autres Saints des monuments de confiance et de gratitude ; mais, pour Marie, c'est dans toutes les parties de l'univers chrétien. Qui n'a ouï parler de ces sanctuaires célèbres dédiés à cette divine Mère, et qui a pu avoir le bonheur d'en visiter quelqu'un, sans être pieusement ému d'y voir des témoins irrécusables des innombrables faveurs corporelles obtenues par son intercession?... Inscriptions gravées par la reconnaissance ; présents divers offerts à son autel ; membres humains d'or ou d'argent, déposés à ses pieds comme un trophée de sa puissance contre les maladies rebelles à tout l'art des hommes ; pauvres instruments de bois qui ont aidé celui qui venait réclamer son secours à se traîner jusqu'au seuil du lieu saint, et que son intercession a rendus désormais inutiles, suspendus aux murs sacrés, comme un naïf et touchant hommage à sa gloire : oh ! que vous parlez éloquemment à la foi ! que vous excitez vivement la confiance envers celle que l'Église appelle si bien le Salut des infirmes !

Sans doute, elle ne nous obtient pas toujours ce que nous désirons, parce que la réalisation de nos…
____________________________________________

1. Jean, XIX, 26.


Dernière édition par Louis le Sam 25 Fév 2017, 12:47 pm, édité 1 fois (Raison : 3e paragraphe incompréhensible: ajout des mots manquants.)

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Message  Louis Mar 21 Fév 2017, 6:44 am

.

SALUS INFIRMORUM, ORA PRO NOBIS.

(suite)

Sans doute, elle ne nous obtient pas toujours ce que nous désirons, parce que la réalisation de nos vœux, loin d'être utile à notre véritable bonheur, qui est celui de l'autre monde, nous serait souvent préjudiciable. Mais toujours cette « Mère de grâce 1 » devient notre salut dans l'infirmité : toujours, si le cœur qui pousse vers elle le pieux soupir de la prière, n'y met un volontaire obstacle, elle lui obtient de faire tourner ses souffrances au profit de ses intérêts éternels; elle le revêt de force et de patience, le remplit de résignation, de calme, durant les longues nuits sans sommeil, et les longs jours sans relâche ; toujours elle le pénètre du sentiment qui animait le saint homme Job, lorsqu'il s'écriait : « Ah ! que, dans mes douleurs extrêmes, il me reste au moins cette consolation, que Dieu ne m'épargne point dans ce séjour d'épreuve, et que je ne murmure en rien contre sa providence adorable 2 !... »

Et quand sonne l'heure marquée par le Seigneur, la mort vient, pour celui qui souffre sous les auspices de Marie, non pas affreuse, terrible, comme un grand supplice, mais paisible et sereine comme un doux passage de la fin du combat aux joies de la victoire, de « la vallée des larmes 3 » à ce magnifique royaume où « Dieu lui-même essuie les pleurs des yeux de ses élus 4. »

Recourons donc, avec une entière confiance, à la très-sainte Vierge, dans tous les maux corporels dont il plait à Dieu de permettre que nous soyons affligés ; et ne nous lassons pas d'implorer son crédit auprès de l'adorable Jésus, nous souvenant de ces paroles de saint Bernard : « Dieu lui a donné un pouvoir absolu au ciel et sur la terre; il a mis notre vie et notre mort entre ses mains 1. » Implorons-la surtout pour nos derniers moments, et afin de nous assurer son aide puissante à cette heure qui doit décider pour nous de tout et à jamais, « vivons comme devant mourir chaque jour 2. »

O vous dont le cœur si tendre peut nous dire bien mieux que le grand Apôtre : « Qui est dans la souffrance sans que j'y compatisse 3 ? » soyez glorifiée de ce que vous faites si souvent, et d'une manière si admirable, éclater votre puissance pour le soulagement ou la guérison de nos souffrances corporelles.

Ah ! vous êtes pour nous tous, et « pour toutes nos infirmités une ressource vivante 4, » tandis que la piscine probatique de Jérusalem n'offrait de salut que de loin en loin, et à celui-là seul qui le premier avait le bonheur d'y descendre quand l'eau était agitée par l'Ange du Seigneur 5. Nous bénissons mille fois, votre divin Fils de ce qu'il fait émaner de vous, comme jadis de son adorable personne pendant sa vie mortelle, « une vertu secrète qui remédie à tous les maux 6 ; » et nous le supplions de nous la faire surtout ressentir à cette heure décisive où nous toucherons à l'éternité.

O douce Vierge, qui « daignez recueillir avec une bonté maternelle le dernier soupir de celui qui se recommande à vous avec confiance 7, » faites qu'au moment suprême nous goûtions, dans toute son étendue, l'efficacité de cette pieuse invocation de l'Église :



Salut des infirmes,  priez  pour  nous ! — Salus  infirmorum, ora pro nobis !

____________________________________________________________________

1. Hymn. in offic. parv. B. M.— 2. Job, VI, 40. — 3. Salve Reg. — 4. Ap. VII, 17. — 1. Serm. 1 sup. salve. — 2. I Cor., xv, 31. — 3. II Cor., XI, 29. — 4. Ps. CII, 3. — 5. Jean, v, 4. — 6. Luc, VI, 19. — 7. Saint Jérôme, ep. 2 ad Eustoch.

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Message  Louis Mer 22 Fév 2017, 6:49 am

Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Litani11
Légende de la gravure.
Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Page_412
REFUGIUM PECCATORUM, ORA PRO NOBIS.

II est dans la nature de l'homme d'appréhender grandement de paraître devant celui qu'il sait avoir offensé, fût-ce même pour lui témoigner son repentir et lui demander grâce, surtout si le coupable est notablement inférieur et s'est montré fort ingrat envers un bienfaiteur signalé. Ah ! quel soulagement, quelle consolation pour lui, quand un ami commun, un ami dévoué, influent, vient lui offrir son heureuse entremise, et faciliter sa réconciliation !

Mais si c'est la mère elle-même de celui dont il sent le besoin de solliciter la clémence, qui daigne interposer en sa faveur son puissant crédit auprès d'un Fils plein de tendresse pour elle, quelle joie ! quel bonheur !

Pécheurs, qui que vous soyez, bénissez, bénissez la divine Marie qui vient, avec une bonté merveilleuse, se placer entre vous et son adorable Fils, dont vous avez méconnu les bienfaits incomparables, l'amour infini, dont vous avez audacieusement offensé la majesté suprême. Ah ! sans doute, vous êtes trop coupables envers lui. Si vous ne regardez que le Dieu Sauveur que vous avez pu, hélas ! tant outrager, ne serez-vous pas tentés de fuir « devant la face de « l'Agneau 1, » devant «  le lion vengeur de la tribu de Juda 2, » et de vous précipiter dans l'abîme du désespoir?.... Mais voilà que son auguste Mère ouvre sur vous des yeux pleins de douceur et de miséricorde, et qu'elle invoque en votre faveur le souvenir des jours bénis où l'Homme-Dieu reposait dans ses bras, comme pour la rendre dépositaire du trésor infini de ses grâces. Fussiez-vous mille fois plus coupables, prenez courage : elle est assez puissante pour obtenir votre pardon, et sa bonté la porte à le demander.

Peut-elle ignorer tout ce que le cœur de son divin Fils renferme de miséricorde ineffable pour les infortunés enfants d'Adam qui se font esclaves du péché? Ah ! jamais, sur la terre, nul ne leur témoigna un aussi tendre intérêt que Jésus : il le poussa si loin que ses ennemis lui en faisaient un sujet de reproche et d'accusation 3. Mais sa douce Mère n'est-elle pas entrée dans ses sentiments d'une manière plus intime que toute autre créature? et, en montant au ciel, n'a-t-elle pas emporté dans le sein du bonheur ce cœur si bon et toujours si sensible à la perte des âmes, rachetées par un sang dont elle connaît tout le prix ? « Sa miséricorde, dit saint Bonaventure, n'a fait que s'accroître avec sa gloire ; maintenant qu'elle règne avec Jésus, cette commisération est d'autant plus grande, que Marie voit plus à découvert le malheur des hommes 1 » qui méconnaissent l'admirable mystère de la rédemption.

Aussi, les saints docteurs…

________________________________________________

1. Apoc. VI, 46. — 2. Apoc.,V, 5. — 3. Matt., IX, 11; — Luc, VII, 34. — 1. In Specul. B. Virg . c. 5.

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Message  Louis Jeu 23 Fév 2017, 5:35 am

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REFUGIUM PECCATORUM, ORA PRO NOBIS.

(suite)

Aussi, les saints docteurs, en parlant de sa bonté compatissante envers les pécheurs, l'exaltent-ils, pour ainsi dire, sans mesure.
Saint Éphrem l'appelle « la plus puissante ressource de tous les pécheurs, le port assuré de tous ceux qui ont fait naufrage. 2

Vous êtes leur unique espoir, ô Marie ! s'écrie saint Augustin 3 !

Qu'il ne soit plus fait mention de votre miséricorde, dit saint Bernard, j'y consens, si jamais quelqu'un peut dire l'avoir en vain implorée 4 !

O Marie! dit encore saint Bonaventure, le pécheur, fût-il devenu le rebut du monde entier, ne vous fait point horreur; mais vous l'accueillez avec une tendresse maternelle, et ne le quittez point que vous ne l'ayez réconcilié avec son redoutable juge 5. »

Admiration, louange, bénédiction éternelle à Dieu, qui a ouvert à la misère si profonde du pécheur un si précieux asile !

Confiance, confiance sans bornes, confiance constante en Marie, et quand nous la prions pour le pardon de nos péchés, et quand nous la prions pour la conversion de nos frères, et quand nous la prions pour la guérison de nos infirmités spirituelles.

Confiance encore, et sans bornes, et constante, quand le découragement ou même le désespoir menace de ruiner nos saintes résolutions et notre bon vouloir pour la vertu ; écrions-nous alors avec l'Église : « Salut, ô Reine, ô mère de miséricorde ! O notre vie ! « O notre douceur ! O notre espérance 6 ! »

Comme l'apôtre saint Pierre, dans un ravissement d'esprit, vit jadis une foule d'animaux impurs aux yeux de la loi judaïque, purifiés par la puissance du Seigneur, et retirés dans le ciel 1 , ainsi nous voyons, ô Marie! avec admiration, une multitude d'âmes que le crime n'avait que trop souillées, converties par votre intercession, lavées de leurs crimes, et « conduites au port du salut éternel 2 »

Ah ! vous êtes vraiment, pour les plus grands pécheurs, un asile bien plus sûr que ne le fut jadis « la forteresse de Bethsura pour ceux qui avaient abandonné la loi du Seigneur 3 ; » plus sûr que l'autel qu'Adonias tenait embrassé pour échapper au ressentiment du roi Salomon 4.

Que de fois, oh ! que de fois le juste juge, désarmé par votre favorable entremise, a pu vous dire comme David à Abigaïl : « Sans vous, aujourd'hui, « j'aurais frappé de mort ce coupable 5 ! »

Que de fois vous avez bien voulu « vous souvenir du faible tribut d'hommages que vous avaient offert des cœurs trop dignes d'être comparés à la pécheresse Rahab ou aux enfants de Babylone 6, » et les sauver de l'éternel abîme !

Multipliez, ô Marie ! multipliez sans cesse les traits de votre bonté admirable pour tant d'aveugles et d'insensés, qui courent à leur malheur éternel ; ils sont, par les liens étroits de la charité chrétienne, comme « des membres de nous-mêmes 7, » et c'est pourquoi nous vous disons :


Refuge des pécheurs, priez pour nous !
Refugium peccatoram, ora pro nobis !
_________________________________________________________________

2. De laudib. B.V.— 3. Serm. de Annuntiat. — 4. Serm. de Assumpt. — 5. In Psalt. — 6. Salv. Reg. — 1. Actes des Ap., X. — 2. Ps. CVI, 30. — 3. Machab., x, 44. — 4. III Rois, I, 50. — 5. I Rois, xxv, 33. — 6.  Ps. LXXXVI, 4. —7. I Cor., XII, 27.

_________________
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Message  Louis Ven 24 Fév 2017, 6:29 am

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Légende de la gravure.
Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Lygend16
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CONSOLATRIX AFFLICTORUM, ORA PRO NOBIS.

Où sont les âmes sans afflictions, les cœurs sans angoisses ou les yeux sans larmes? Ce monde n'est pour l'homme qu'une école d'infortune, où il doit apprendre à s'élever à Dieu, à s'humilier devant lui, à le prier, à aspirer vers un monde meilleur, vers la félicité du ciel ; et à toutes les tristesses de la vie se joint l'horreur naturelle de la mort, inévitable pourtant, et qui, presqu'à chaque pas, se présente à nous sous des formes diverses et semble nous dire : Bientôt ce sera votre tour. Ah ! si l'on n'envisageait que les chagrins, les déceptions cruelles, les douleurs profondes, les deuils inconsolables, les déchirements de l'âme que Dieu seul connaît, et qui la réduisent presqu'au désespoir, ne serait-on pas tenté de s'écrier, en empruntant la pensée de Bossuet sur le trépas : Il faut vivre, que cela est triste !

Mais pour nous, chrétiens, Dieu, dans son admirable providence, a daigné préparer, à côté de ces peines, une intarissable source d'ineffable consolation ; c'est le cœur de Marie : un cœur plein d'une compassion immense; un cœur de mère comme il n'y en a jamais eu, comme il n'y en aura jamais ici-bas ; un cœur de mère qui s'identifie avec ses enfants, qui s'oublie en quelque sorte elle-même pour «pleurer avec ceux qui pleurent 1,» et pour soulager, par les épanchements les plus tendres, les divers maux qui les affligent.

Oh ! quel doux présent du Seigneur vous êtes pour nous, ô Marie! pour nous «qui sommes pleins de gémissements et de larmes 1!» Mère bien-aimée, que votre souvenir seul est puissant pour alléger le poids qui oppresse le cœur, pour adoucir l'amertume dont il déborde, pour cicatriser les plaies cruelles qui le dévorent ! Vous avez été si excessivement affligée vous-même, vous si sainte, vous Mère auguste de notre Dieu ; vous avez eu à boire un calice capable de renverser toute force humaine ; vous avez été plongée « dans un océan si profond de douleur 3 » crucifiante! Et dans cette extrémité, à nulle autre égale, vous avez été si résignée, si calme; vous vous êtes si admirablement abandonnée à la volonté divine !

Quel est le pécheur (et qui de nous n'est pécheur?) quel est le pécheur qui ne se sente relevé dans ses afflictions, en voyant que, malgré votre innocence, vous avez eu votre si large part de chagrins cuisants, de souffrances morales véritablement inexprimables?

Quel est celui, d'ailleurs, qui ne goûte un sentiment de pieuse consolation en pensant à tout ce qu'il y a dans votre cœur maternel de tendre intérêt pour nous, de vive sympathie, de dévouement, de charité compatissante et secourable?

Oui, notre divine mère a pour nous, malheureux affligés…

_____________________________________________

1. Rom., XII, 15. — 2. Salv. Reg. — 3. Lament. Jérém., II, 13.

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Message  Louis Sam 25 Fév 2017, 6:01 am

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CONSOLATRIX AFFLICTORUM, ORA PRO NOBIS.

(suite)


Oui, notre divine mère a pour nous, malheureux affligés, une douceur expansive et bienveillante qui ne se peut comprendre. L'Époux céleste compare la bonté, la suavité dont toutes ses paroles étaient empreintes pendant son séjour sur la terre, à tout ce qu'il y a de plus doux dans la nature : « Vos lèvres, dit-il, sont le rayon qui distille le miel ; le lait et le miel découlent de votre langue 1

Et ailleurs, voulant nous exprimer tout ce que cette douceur de Marie a de ravissant pour nous, il en est comme tout ravi lui-même : « Levez-vous, venez, ô ma bien aimée ! que votre voix se fasse entendre à mes oreilles ; car votre voix est la  douceur même 2. »

Saint Bernard a donc bien sujet de dire, « que tout en elle respirait la bénignité, la bienfaisance, qu'elle se faisait toute à tous, et montrait à tous une charité surabondante 3. O Marie! s'écrie ce saint docteur, ô mère d'une amabilité indicible, toujours, oui toujours, votre seul nom pénètre le cœur d'une sainte émanation de cette suavité divine dont le Seigneur a enrichi votre belle âme 4 ! »

«Non, non, il n'y a pas au ciel, parmi tous les  saints, ajoute saint Antonin, il n'y a pas un seul cœur qui compatisse à nos misères comme cette bienheureuse Vierge Marie 5. »

Allons donc à cette céleste consolatrice dans toutes nos peines, surtout dans les peines spirituelles; épanchons-les dans son cœur maternel : elle ne trompera pas notre confiance ; car « elle est le plus doux soulagement des angoisses, dit saint Jean Damascène, le plus sûr remède des souffrances morales 1. »

Qui pourrait, ô Vierge bénie ! mesurer « la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur 2 » de votre miséricordieuse bonté ? « La compatissance est née avec vous ; elle s'est accrue avec vos années 3 ; » elle a été pour les hommes, avant la fondation de l'Église, « comme l'étoile du matin dans les nuages ; après, comme la lune dans tout son doux, éclat; et depuis que vous êtes montée au ciel, elle a brillé avec toute la splendeur de l'astre du jour 4

O vous ! que nous aimons à appeler, après Dieu, « la consolation de notre vie 5, notre espoir dans nos peines 6, » vous de qui le Seigneur se sert pour changer en joie nos jours de chagrin et de deuil, comme autrefois il se servit de la pieuse Esther, pour consoler et secourir son peuple, soyez aussi toujours notre soutien dans nos désolations, dans nos souffrances ! Nous irons à vous avec cette foi vive, cette piété sincère qui doit caractériser vos véritables serviteurs. Faites que toujours les larmes, les peines, les tribulations, les douleurs tournent au plus grand bien de ceux qui vous disent dans l'effusion d'un cœur filial :



Consolatrice  des affligés,  priez pour nous !
Consolatrix afflictorum,  ora pro nobis!
_____________________________________________________________________

1. Cant., IV, II. — 2. Cant., II, 13, 14. — 3. Serm., de verbis Apoc. Signum magnum.— 4. Serm. Paneg. B. M. V. — 5. P. 4, t. 15, c. 2. — 1. Orat. 2 de dormit. Deip. — 2. Ephés.,III, 18. — 3. Job, XXXI, 18. — 4. Eccles., 4, 6, 7. — 5. Tob , x, 4. — 6. Jérém., XVII , 17.

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Message  Louis Dim 26 Fév 2017, 6:56 am

Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Image_48
Légende de la gravure.
Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Lyygen41
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AUXILIUM CHRISTIANORUM, ORA PRO NOBIS.

Dans tous les temps, ô Marie ! vous fûtes le secours, le bras protecteur des disciples de votre Fils, et de l'Église leur mère ; mais que vous le fûtes surtout admirablement dans certaines circonstances mémorables, où tout semblait conspirer pour l'anéantissement de l'œuvre admirable du divin Jésus!

L'islamisme, au XVI e siècle, menaçait d'envahir l'Europe, et de ruiner la chrétienté. Une flotte formidable se développait, avec orgueil, sous le signe du croissant, dans le golfe de Lépante ; les vaisseaux des peuples fidèles, quoique inférieurs en nombre, n'hésitent pas à se ranger, sous vos auspices, devant elle en front de bataille, et Juan d'Autriche, leur chef, fait vœu d'aller en personne visiter votre auguste sanctuaire de Lorette. Cependant, la ville de Rome entendait dans ses murs les solennelles processions du Rosaire, vous adresser les vœux les plus ardents pour le succès de l'armée catholique. Tout à coup le saint Pape Pie V s'écrie à votre gloire : « La flotte chrétienne a vaincu...» L'on ne tarde pas, en effet, à recevoir la nouvelle officielle de l'entière défaite des Musulmans; et, en mémoire d'un si magnifique témoignage de votre protection, le même saint Pontife enrichit les litanies que nous aimons à chanter en votre honneur, de cette nouvelle invocation : Secours des chrétiens, priez pour nous!... Ce beau titre, ô Marie, vous vous êtes plu à le justifier bien des fois, depuis cette immortelle journée de Lépante.

Sous les remparts de Vienne, au XVIIe siècle, deux cent trente mille soldats turcs sont mis en déroute par une armée chrétienne incomparablement moins nombreuse ; et c'est dans l'octave de votre Nativité, c'est le jour même où de solennelles supplications étaient offertes, dans la ville de Munich, à l'Auxiliatrice des chrétiens ; et l'honneur de ce brillant triomphe vous est rapporté par le vainqueur lui-même, qui, le matin de l'action, ayant assisté au saint sacrifice et participé aux divins mystères, avait encouragé ses officiers en leur promettant le secours du ciel par votre intercession.

Trente ans après, l'empereur Charles VI remporte sur les mêmes ennemis du nom chrétien une victoire signalée, le jour où à Rome l'on implorait pour lui votre protection, ô divine Vierge ! et bientôt après encore, le jour de l'octave de votre glorieuse Assomption, Corfou vous bénit de voir s'enfuir, loin de ses remparts, ces infidèles qui la tenaient assiégée.

Admirable série de victoires remportées par Marie sur le croissant ! Elles vivront à jamais dans le cœur reconnaissant de tous les pieux fidèles, qui leur doivent la consolation  de célébrer, chaque année, la solennité du saint Rosaire, dans toute l'étendue du monde catholique !

Mais ce n'était pas assez pour la gloire de la très-sainte Vierge : …

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Message  Louis Lun 27 Fév 2017, 8:42 am

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AUXILIUM CHRISTIANORUM, ORA PRO NOBIS.

(suite)

Mais ce n'était pas assez pour la gloire de la très-sainte Vierge : la Providence voulait que son titre de Secours des chrétiens fût consacré par une fête spéciale. Dans sa longue et douloureuse lutte contre le prince et le capitaine le plus redouté des temps modernes, le Pape Pie VII n'avait cessé d'invoquer cette céleste Auxiliatrice. Sa confiance ne fut pas trompée. Napoléon, ce puissant colosse, tomba; le vénérable vieillard put rentrer triomphant dans la ville éternelle ; et il voulut que le jour anniversaire de son retour de la captivité fût, chaque année, solennisé par la fête spéciale de Marie Secours des chrétiens.

Oui, secours constant, secours puissant, secours universel ! Secours contre la force des armes, secours contre les violences du pouvoir politique; secours contre les persécutions ; secours contre tous les orages que l'enfer peut susciter à l'Église de Dieu sur la terre, et qui tendent à retarder ses précieuses conquêtes, à diminuer le nombre des fidèles, à entraîner une foule d'âmes à leur perte. Contre ces funestes effets invoquons tous les jours, avec une ferveur nouvelle, la Vierge Auxiliatrice.

Mais pour nous aussi nous devons l'implorer : pour notre affermissement dans la foi et dans la vertu ; pour notre persévérance contre les scandales de toute espèce qui nous environnent ; car il est écrit : « Que celui qui est debout prenne garde de tomber 1. »

Adressons-nous donc à elle avec toute la confiance qu'elle mérite. « Tout obéit à son empire, dit saint Antonin 1!» «Votre nom seul est tout-puissant, après Dieu, s'écrie saint Bonaventure 2 ! »

O Marie! « invincible bouclier 1» des chrétiens, qui avez manifesté, avec tant d'éclat, la protection que vous leur accordez, à vous, bien plus qu'à l'illustre Judith il appartient de dire : « Malheur à la nation qui s'attaque à mon peuple ! car le Seigneur tout-puissant se vengera d'elle 4. » Soyez glorifiée « à jamais d'avoir brisé, en notre faveur, la force des armes 5, » et de nous avoir donné des motifs si consolants d'espérer, en vous contre tous les ennemis des enfants de Dieu et de sa sainte Église.

Avec elle nous aimons à vous dire : « Daignez secourir constamment ceux qui gémissent sous le poids de leur misère ; daignez animer les pusillanimes, fortifier les faibles, consoler ceux qui pleurent. Daignez prier pour tout le peuple chrétien, intervenir pour les membres du sacerdoce, intercéder pour le sexe qui vous  est particulièrement dévoué. Que tous les fidèles ressentent les effets de votre aide salutaire, mais plus « encore ceux qui se souviennent de vous avec bonheur 6, » et qui vous implorent avec une douce et filiale confiance.



Secours  des  Chrétiens,  priez  pour  nous !
Auxilium christianorum, ora  pro nobis !

__________________________________________________________

1. Cor., x. 12. — 1. Serm. 61.— 2.  In Cant. 4. — 3. Sag., V, 20.— 4. Judith, XVI, 20. — 5. Ps. LXXV, 4. — 6. Sancta Maria, succurre miseris, etc.

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Message  Louis Mar 28 Fév 2017, 6:00 am

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Légende de la gravure.
Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Lyygen42
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REGINA ANGELORUM, ORA PRO NOBIS.
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Élevons-nous, sur les ailes de la foi, jusque dans cette immortelle patrie où « Dieu lui-même est la récompense infinie des élus 1 et donne à chacun selon son mérite 2 ; » que verrons-nous ? Les trônes des pontifes, ceux des martyrs, ceux des apôtres, ceux des prophètes, ceux des patriarches; et nos yeux contempleront, avec ravissement, tant de grandeur et tant de gloire.

Mais là vainement nous chercherons Marie. Montons plus haut; voici le chœur des Anges: les Chérubins, les Séraphins, tous « ces mille millions 3 » d'esprits purs, qui rayonnent devant « le Saint des saints 4 » comme d'inaltérables soleils ; est-ce là que la Vierge par excellence jouit de la béatitude ? Non, non : plus haut encore. Au-dessus des Anges et des Archanges, près du trône adorable de l'Homme-Dieu ressuscité, un autre trône frappera nos regards éperdus, un autre trône moins élevé que celui de Jésus, plus élevé que ceux de tous les autres habitants des cieux ; et sur ce trône, une fille d'Ève revêtue d'une gloire moins éblouissante que celle de Jésus, plus riche, plus éclatante que celle même des Anges les plus haut placés dans la hiérarchie céleste : c'est la très-sainte Vierge Marie, c'est le chef-d'œuvre du Créateur, c'est la Reine de tous les Anges.

« Elle est, en effet, dit saint Épiphane, au-dessus de tous les êtres, Dieu seul excepté 1. »

« Sa dignité de Mère du Créateur, dit saint Jean Damascène, fait d'elle la Reine de toutes les créatures 2. »

« Celle qui a le droit d'appeler Dieu son Fils, s'écrie saint Bernard, peut-elle ne pas être supérieure à tous les chœurs des Anges? Ah ! rendez, rendez hommage, esprits célestes, à la Mère de votre divin Roi, vous qui adorez le fruit béni de notre Vierge bien-aimée 3 ! »

« Jésus a mis sur sa tête, dit encore saint Antonin, un diadème de magnificence et de gloire, qui assujettit à cette divine Reine tous les Anges 4. »

Et n'est-ce pas cette grandeur et cette gloire future de la très-sainte Vierge qu'honorait d'avance l'Archange Gabriel, quand il la saluait avec tant de vénération, et en termes si pompeux et si magnifiques? vénération, honneur bien légitimement dus à celle qui allait être revêtue du titre admirable de Fille bien-aimée du Père, de Mère bien-aimée du Fils, d'Épouse bien-aimée du Saint-Esprit, et aux pieds de laquelle le rang sublime où elle allait être élevée par la maternité divine mettait toutes les grandeurs du ciel et de la terre !

Comment, d'ailleurs, le messager du Très-Haut…

______________________________________________________________

1. Gen.,XV, 1.— 2. Matth.,XVI,27. — 3. Dan., VII, 10.— 4. Dan., IX, 24. — 1. De laudib. Virg.Lib. 4 Fidei orthod. c. 15. — 3. Homél. 1 super Missus est. — 4. Serm. de Assumpt.

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Message  Louis Mer 01 Mar 2017, 6:37 am

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REGINA ANGELORUM, ORA PRO NOBIS.

(suite)

Comment, d'ailleurs, le messager du Très-Haut aurait-il pu ne pas reconnaître « sa Reine dans celle qu'il saluait Mère de son divin Roi 1 ? » Et si les Anges sont infiniment au-dessous de la nature humaine du Verbe incarné, puisque « jamais, dit saint Paul, à nul Ange Dieu n'a pu dire comme à Jésus : Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd'hui 2, » comment ne seraient-ils pas au-dessous de celle qui a pu dire, elle aussi, à ce même Jésus : « Vous êtes mon Fils 3 ; je vous ai porté dans mon sein et vous ai nourri de ma propre substance 4 ? »

Mais quelle est donc cette créature si grande, devant qui tous les Anges s'inclinent, pénétrés de respect, saisis d'admiration; cette créature qu'ils s'empressent « de servir et d'entourer de leurs hommages 5, » répétant avec un saint transport : « Régnez, régnez éternellement sur nous, vous aussi bien que votre Fils 6!... »

Ah! c'est l'humble fille d'Anne et de Joachim ; c'est la jeune vierge obscure, fiancée à un pauvre artisan ; c'est la jeune mère si digne de compassion, qui ne trouva jadis à Bethléem qu'une étable, une crèche, un peu de paille pour coucher son nouveau-né; qui fut réduite à s'exiler au loin, sur une terre étrangère, pour sauver les jours précieux de son adorable enfant ; qui vécut toujours simple, toujours cachée, même après la résurrection et l'ascension glorieuse de son divin Fils. Le chemin de la gloire, de la solide gloire, de la gloire seule digne de ce nom de la gloire éternelle, est donc la voie de l'humilité dans ce monde.

Être petit aux yeux des autres, petit à ses propres yeux, et grand devant le Seigneur par une haute vertu sans fard, sans éclat, c'est là le précieux secret que Marie nous enseigne par toute sa vie, comme Jésus nous l'enseigne par ses divines leçons et ses divins exemples, qu'il continue encore sous nos yeux, dans l'ineffable mystère de l'Eucharistie. Imitons-le, imitons sa divine Mère, sachons descendre pour « être un jour éternellement élevés 1. » « Salut, Reine du ciel, salut, souveraine des Anges 2 ! »

Qu'y a-t-il, après Dieu, de plus grand que vous, qui avez reçu dans votre sein la majesté infinie, et à qui cette même majesté a daigné se soumettre : « Miracle de part et d'autre, dit avec raison saint Bernard ! Dans le Fils miracle d'humilité, dans la Mère miracle d'élévation et de grandeur 3 ! »

Ah ! du haut de votre trône sublime n'oubliez pas vos serviteurs sur la terre ; abaissez plutôt sur eux des regards de douce complaisance et de bienveillant amour, comme sur des frères malheureux, sur des enfants infortunés. Daignez nous aider, nous soutenir sans cesse dans le chemin du salut, jusqu'à notre sortie de ce monde d'épreuve ; daignez nous faire visiter et consoler par nos Anges, si la justice divine nous condamne au feu temporaire de l'expiation, et nous faire bientôt conduire au ciel. Puissions-nous mériter ces inestimables faveurs, en vous disant toujours avec une piété sincère :




Reine des Anges, priez pour nous.— Regina Angelorum, ora pro nobis.

______________________________________________________

1. Saint Athanase, serm. de  Deip. — 2. Hébr., I,5. —3. Ibid.   — 4. II Machab.,VII, 27. —5. Dan. VII, 10.— 6. Jug., VIII, 22. — 1. Matth., XXIII, 12. — 2. Ave. Reg. cœl. — 3. Homél. 1 super Missus est.

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Message  Louis Jeu 02 Mar 2017, 7:09 am

Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Image_50
Légende de la gravure.
Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Lyygen42
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REGINA PATRIARCHARUM, ORA PRO NOBIS.

Sur la terre les saints patriarches avaient « salué de loin 1, » avec une foi vive, une douce et ferme espérance, cette femme merveilleuse que le Seigneur avait annoncée, dès le commencement, comme devant donner le jour au Sauveur du monde. Dans le ciel ils lui offrent, avec une joie sans égale, le tribut de leur vénération et de leur tendre amour, comme à celle qui, par Jésus, les a introduits «dans les tabernacles éternels 2. »

C'est d'abord Adam qui admire et bénit en Marie, l'Ève nouvelle, la véritable « Mère des vivants 3, dont le pied a écrasé la tête du dragon infernal 4, » séducteur de la première Ève ; celle dont le divin Fils est venu réparer la chute primitive d'une manière si merveilleuse, que l'Église a pu s'écrier dans un pieux élan de reconnaissance : « O heureuse faute ! qui nous a valu un si admirable et si  grand Rédempteur 5 ! »

Après Adam, Noé, choisi jadis pour être comme le second père du genre humain qui était condamné à périr par le déluge, contemple avec ravissement celle que l'Église appelle « notre vie et notre espérance 1 ; »

Abraham, qui n'a pas hésité autrefois d'immoler à Dieu son fils unique, de la vie duquel dépendait naturellement l'existence du peuple destiné à produire le Messie, honore, loue, avec un saint transport, la Mère de l'adorable Fils unique dont Isaac avait été le symbole 2, et dans lequel « toutes les nations ont été bénies, selon les promesses du Seigneur 3. »

Puis, c'est Jacob qui célèbre la gloire de cette Vierge par excellence, de qui est né, sur la terre , « le salut du Seigneur qui avait été l'objet de ses vœux les plus ardents 4. »

C'est encore Joseph, « le Sauveur de l'Égypte 5, » qui rend un solennel hommage à la mère « du Sauveur du  monde 6, » dont son innocence, ses malheurs, son élévation avaient si bien figuré la sainteté, les souffrances et la gloire;

c'est Moïse qui admire, exalte celle qui a donné à l'univers « l'Envoyé divin, semblable à lui 7, » comme lui législateur, thaumaturge et libérateur ;

ce sont, en un mot, tous « les saints patriarches, tous les augustes chefs de familles bénis du Seigneur, aujourd'hui heureux habitants de la Jérusalem céleste 8, » qui se plaisent à reconnaître que par elle la couronne immortelle ceint leur front radieux, et qui lui disent de concert : « Votre sceptre est celui de la douceur et de la justice, et votre droite est pleine de merveilles 1! »

Mais qu'est-ce qui leur a mérité cette couronne inestimable ?...

________________________________________________________________

1. Hébr., XI, 13.— 2. Luc, XVI, 9. — 3. Gen., III , 20. — 4. Gen., III, 15. — 5. Missel rom., samedi-saint. —1. Salve Reg. — 2. Hébr., XI, 19. —3. Gen., XXII, 17,18. — 4. Gen., XLIX, 18. — 5. Gen., XLI, 45. — 6. Jean, IV, 42. — 7. Deutér., XVIII, 15, 18. — 8. Paralip., VIII, 28. — 1. Ps. XLIV, 5.

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Message  Louis Ven 03 Mar 2017, 6:12 am

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REGINA  PATRIARCHARUM, ORA PRO NOBIS.

(suite)

( Note de Louis : Ne pas oublier que ce texte a été publié il y a plus de 100 ans. )

Mais qu'est-ce qui leur a mérité cette couronne inestimable?... leur fidélité à Dieu, leur foi au Rédempteur futur, et « leur désir de voir luire le jour de sa venue 2 : » fidélité, foi, désir qui dans le cœur de la très-sainte Vierge, avant le bienheureux message qu'elle reçut d'en haut, étaient déjà montés à un degré de perfection inexprimable.

Si, en effet, la foi et la fidélité d'Abraham, par exemple, étaient allées jusqu'au prodige, quelles durent être celles de Marie, si élevée dans le ciel au-dessus de ce saint patriarche, dans le ciel où chacun a le rang qu'il a mérité ! Si le désir de voir arriver le Christ sur la terre était devenu si vif dans le cœur d'Abraham, que Jésus lui en donna publiquement une louange solennelle à Jérusalem 3, quelle dut être la flamme de ce même désir dans l'âme de celle dont saint Proclus a dit que « nul patriarche ne saurait en rien lui être comparé 4. »

Pour nous, (ô bonheur ineffable !) nous n'avons pas à désirer, nous n'avons qu'à jouir ; nous ne goûtons pas seulement les consolations d'une douce espérance, nous possédons tous les fruits délicieux de la réalité. Jésus est venu « du haut des cieux 5 ; il a visité la terre 6 ; » il l'a éclairée, il l'a sanctifiée, il l'a sauvée, il l'a dotée des dons les plus magnifiques, des ressources spirituelles les plus précieuses. Bien plus, il a fixé sa demeure « dans cette vallée de larmes 7, » qui eût été, sans doute, trop heureuse de le posséder quelques années, quelques instants…

Hélas ! et nous méconnaissons son adorable et continuelle présence; et nous négligeons de visiter cet hôte divin, qui semble s'oublier lui-même pour « faire ses délices d'être au milieu des enfants des hommes 1 ! »

Oh ! qu'il ne soit plus vrai de dire de nous ce que Jean-Baptiste disait des Juifs, contemporains du divin Jésus : « Au milieu de vous habite celui dont je ne suis pas digne de délier la chaussure, et vous ne le connaissez pas 2 ! »

O Marie! « doux espoir des patriarches 3,» qui avez possédé d'une manière si intime celui qu'ils avaient tant désiré, faites-nous apprécier le bonheur infini que nous avons de le posséder nous-mêmes, et de pouvoir jouir de toutes les grâces dont il est la source inépuisable.

Comme le Messie à venir avait été le centre de vos vœux les plus ardents, le Messie venu fut le centre de toutes vos affections; et il a été, sous vos auspices, l'objet unique de l'amour et du dévouement de ces illustres fondateurs d'Ordres religieux que la piété appelle les patriarches du nouveau Testament. Qu'il en soit ainsi de nous, ô divine Mère!

Puisse surtout notre foi s'animer dans nos cœur assez vivement pour nous faire bien voir et bien sentir que, par le mystère adorable de la présence continuelle de Jésus au milieu de nous, « la terre nous devient un ciel 4, » et que vers l'Eucharistie doivent se tourner toutes nos pensées, tous nos désirs, toutes nos affections ! afin que nous accomplissions fidèlement ce pieux devoir à la gloire de votre divin Fils,




Reine des patriarches, priez pour nous !

Regina patriarcharum, ora pro  nobis !

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8. Paralip., VIII, 28. — 1. Ps. XLIV, 5. — 2. Jean, VIII, 56. —3. Ibid. — 4. Orat. 5 in  S. Deip. — 5. Jean, III, 13. — 6. Luc, 1, 78. — 7. Salve Reg.  — 1. Prov., VIII, 31. — 2. Joan., I, 26. — 3. S. Ephrem., de Laudib. B. V.  — 4. S. Chrysost., Homél. 24 in I Cor.

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Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Empty Re: Litanies de Notre-Dame de Lorette.

Message  Louis Sam 04 Mar 2017, 6:45 am

Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Image_52
Légende de la gravure.
Litanies de Notre-Dame de Lorette. - Page 4 Lyygen43


.

REGINA  PROPHETARUM, ORA PRO NOBIS.


Prodiges vivants de connaissances surnaturelles, les Prophètes tracèrent jadis le tableau le plus parfait du Messie, bien des siècles d'avance. « Les plus anciens en firent comme la première esquisse; ceux qui vinrent après eux achevèrent successivement les traits laissés imparfaits par leurs devanciers. Plus ils approchaient de l'événement, plus leurs couleurs s'animaient ; et quand le tableau fut terminé, le dernier, en se retirant, désigna le saint Précurseur qui devait dire : Voilà l'Agneau de Dieu chargé des péchés du monde  1 ! »

Mais en peignant les diverses phases de la vie mortelle du Sauveur, les divers caractères de sa personne et de son ministère, les fruits merveilleux de sa mission, pouvaient-ils ne pas entrevoir la Mère auguste de cet Homme-Dieu, cette fille admirable d'Ève, dont ils savaient que le Seigneur avait annoncé primitivement la coopération glorieuse au salut du monde 2?

Ah ! sans doute, la douce et majestueuse figure de Marie les a fait tressaillir plus d'une fois, tandis qu'ils écrivaient l'histoire prophétique de son divin Fils ; et combien surtout vous dûtes en être émus, vous David 1, Ezéchiel 2, Isaïe 3, à qui des illuminations spéciales révélèrent les grandeurs de la Vierge-Mère !

Maintenant que, dans le séjour de la gloire éternelle, ils contemplent à découvert sa destinée si brillante et si magnifique, son éblouissante couronne de « souveraine universelle de toute créature 4, » avec quelle joie ils rendent hommage à leur céleste Reine ! Avec quelle vénération ils honorent l'excellence des lumières divines dont le Seigneur l'a gratifiée elle-même!

Chaque prophète n'avait été, en effet, surnaturellement éclairé que sur quelques points de l'histoire du Rédempteur ; et vous, Reine des prophètes, vous avez embrassé toute la suite de leurs prédictions, vous en avez pénétré tout le sens, selon la pensée de saint Liguori 5 ; « vous avez vu de vos yeux, vous avez ouï de vos oreilles, ce qu'ils avaient tant désiré de voir et d'entendre 6 ! »

Les prophètes, animés du feu sacré de l'inspiration, s'étaient élevés à une hauteur de pensées, de ton, qui nous frappe, nous charme, nous ravit dans leurs écrits; et vous…

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1. Lettres de M. Drack, rabbin converti. — 2. Gen., III,  15. — 1. Ps. XLIV, 11, 12. — 2. Ezéch., XLIV, 2. — 3. Is., VII, 14. — 4. S. Jean Damasc, Lib. 4 de fide orthod. — 5. Serm. sur les douleurs de Marie. — 6. Luc, x, 24.

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