L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
3 participants
Page 1 sur 1
L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
gabrielle a écrit:Après avoir été baptisé, l'enfant qui survit devrait en théorie recevoir une éducation catholique. C'est ainsi que Pie IX, en 1857, fit enlever à Bologne l'enfant Edgard Mortara, né de parents juifs, pour le confier à une institution catholique. L'affaire fit couler beaucoup d'encre 8.
- Spoiler:
26. — 2° Parents non baptisés. — Au Moyen Age, on discuta la question de savoir si les enfants d'infidèles pouvaient être baptisés contre le gré de leurs parents. Plus tard le S. Office et la S. Congr. de la Propagande promulguèrent de nombreuses instructions ou réponses particulières sur la question. Benoît XIV s'occupa spécialement du baptême de tels enfants de Juifs dans ses Constitutions des 28 février 1747 3 et 15 décembre 1751 4. Le Code se borne à reproduire les principes tout à fait généraux.qui sont à la base de ces divers documents; il trace des règles de licéité plutôt que d'obligation stricte de baptiser.
Can. 750, § 1. L'enfant des infidèles est baptisé licitement, même contre le gré des parents, lorsque son état de santé est tel qu'on peut prévoir raisonnablement qu'il mourra avant d'atteindre l'âge de raison.
Cette notion de péril de mort s'est élargie au cours des siècles 5; le can. 750, § 1 s'inspire directement de la réponse particulière du S. Office du 18 juillet 1894 6. Il s'agit non seulement du danger de mort proprement dit, mais aussi d'un état de santé tellement défaillant qu'au dire d'un médecin sérieux ou, à son défaut, d'une autre personne expérimentée, l'enfant n'atteindra pas sept ans. Dans tous ces cas, il faut veiller d'abord au salut éternel de l'enfant et ne pas risquer qu'il meure avant de pouvoir prendre lui-même une décision concernant sa religion. Toutefois il faudrait s'abstenir de baptiser, s'il pouvait en résulter des sévices pour l'enfant, pour le ministre, pour la religion, par ex. dans les cas où le baptême irait à rencontre de lois ou règlements civils. Le danger doit provenir d'un état personnel du sujet et non d'un risque général d'épidémie, ainsi que l'avait déjà précisé l'instruction de la S. Congr. de la Propagande du 17 avril 1777 7.
- Spoiler:
3 Fontes, n. 377; Denz., n. 1480-1490.
4 Fontes, n. 418.
5 La réponse particulière du S. Office du 28 janvier 1637 parlait de l'article de la mort; celle du 24 août 1703 d'un péril imminent de mort (Fontes, n. 724 et 767).
6 Fontes, n. 1170.
7 Fontes,'». 4575.
8 Cf. .1. Souben, art. Mortara (Affaire), dans Dictionnaire apologétique, de la Foi catholique, t. III, col. 940 sq.
Traité de Droit Canonique Chanoine Raoul Naz Tome II ., liv III. page 31
https://messe.forumactif.org/t1167-baptiser-l-enfant-contre-ses-parents#22087
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
L'affaire Mortara :
Je reprends maintenant l'affaire Mortara dont mon ami s'est servi pour appuyer son objection. Au fond, l'affaire Mortara ne fut pas autre chose qu'une question de diplomatie maçonnique, quoique nombre de catholiques s'y soient laissés prendre. Le Pape n'avait pas tort. Le jeune Mortara baptisé était devenu enfant de l'Église ; et le pape, ayant les moyens d'action comme souverain temporel en même temps que chef spirituel, ne pouvait pas laisser se développer l'intelligence de l'enfant au milieu des influences délétères de la Synagogue. C'eût été de sa part confesser à l'univers que le baptême n'imprime pas sur le front du baptisé une marque ineffaçable qui le constitue enfant de l'Eglise ; ce que le Pape ne peut pas même penser, à cause des lumières de l'Esprit-Saint qui le font infaillible en matière doctrinale.
Mais, si le droit naturel est absolu, et si Pie IX, en enlevant l'enfant de Bologne à ses parents, n'a pas violé le droit naturel, quel est donc le point de la question qui donne raison à l'un et à l'autre ? — Voici la solution. Le droit naturel est absolu de soi, mais peut devenir inférieur per accidens, par suite de la violation d'un droit civil, dans l'observance duquel le droit naturel doit s'exercer. C'est précisément ce qui est arrivé dans l'affaire Mortara. Le Pape, en sa qualité de souverain temporel, avait porté une loi qui défendait aux Juifs réfugiés dans son royaume d'avoir à leur service des domestiques chrétiens. Or, il est arrivé qu'un Juif de Bologne a enfreint cette loi, en gardant dans sa maison une servante chrétienne, qui voulut ouvrir les portes du ciel à l'enfant de son maître, parce qu'elle le croyait en danger de mort. Donc, ce père Juif s'est vu appliquer la loi divine-positive pour avoir enfreint une loi civile, qui était la sauvegarde de son droit naturel. Tout revient à dire que le droit naturel, absolue de soi, peut perdre de sa force per accidens, par des causes qui existent en dehors de lui, et dont il faut tenir compte dans l'exercice du droit naturel.
Quelle est maintenant la force objective du droit naturel et du droit divin-positif, dans l'exercice normal de l'un et de l'autre, envisagés toujours au point de vue de l'éducation ?
Quand l'enfant n'est pas sorti de l'adolescence, c'est le droit du père qui prévaut ; plus tard le droit de l'Église l'emporte. Mais si le père est incroyant, et que l'enfant, dès qu'il est capable de poser un acte complet, reconnaît la foi catholique comme la seule véritable, ipso facto, le droit positif de l'Eglise l'emporte sur le droit naturel du père, car, en cas de collision, le droit le plus fort, c'est toujours celui qui tend vers un ordre plus universel, vers un objet plus important.Allocution : « L'ÉDUCATION - Rôle de la Famille, de l'Église et de l'État » - 1907 :
https://archive.org/stream/lducationrle00chasuoft#page/12/mode/2up
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
Wiki :
Affaire Mortara : https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Mortara
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
Texte sur la Bible, écrit par le R. P. Mortara, le petit juif baptisé par Pie IX :
https://messe.forumactif.org/t7410-la-traduction-en-langue-vulgaire-de-la-vulgate-d-apres-les-textes-originaux-par-le-r-p-mortara#132730
Il avait été ondoyé par une servante chrétienne ; le pape Pie IX dut sans doute compléter la cérémonie du sacrement de baptême. Et sans doute est-ce pour ça qu'on dit ici : « le petit juif baptisé par le pape Pie IX ».
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
Le R. P. Edgardo Mortara (à droite) avec sa mère
(wiki)
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
Roger Boivin a écrit:
Texte sur la Bible, écrit par le R. P. Mortara, le petit juif baptisé par Pie IX :
https://messe.forumactif.org/t7410-la-traduction-en-langue-vulgaire-de-la-vulgate-d-apres-les-textes-originaux-par-le-r-p-mortara#132730
Il avait été ondoyé par une servante chrétienne ; le pape Pie IX dut sans doute compléter la cérémonie du sacrement de baptême. Et sans doute est-ce pour ça qu'on dit ici : « le petit juif baptisé par le pape Pie IX ».
Merci Roger pour cette analyse de la traduction française de l'abbé Crampon. Excellent texte.
C'est la première fois que je lis ce texte. Le R. Père Mortara me fait penser au Chevalier Drach.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
ROBERT. a écrit:Roger Boivin a écrit:
Texte sur la Bible, écrit par le R. P. Mortara, le petit juif baptisé par Pie IX :
https://messe.forumactif.org/t7410-la-traduction-en-langue-vulgaire-de-la-vulgate-d-apres-les-textes-originaux-par-le-r-p-mortara#132730
Il avait été ondoyé par une servante chrétienne ; le pape Pie IX dut sans doute compléter la cérémonie du sacrement de baptême. Et sans doute est-ce pour ça qu'on dit ici : « le petit juif baptisé par le pape Pie IX ».
Merci Roger pour cette analyse de la traduction française de l'abbé Crampon. Excellent texte.
C'est la première fois que je lis ce texte. Le R. Père Mortara me fait penser au Chevalier Drach.
On peut remercier M. l'Abbé V.M. Zins de nous avoir encouragé d'acheter la VULGATE.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
ROBERT. a écrit:On peut remercier M. l'Abbé V.M. Zins de nous avoir encouragé d'acheter la VULGATE.
La Bible Glaire, Bible selon la Vulgate, édition 2002 ?
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
Roger Boivin a écrit:ROBERT. a écrit:On peut remercier M. l'Abbé V.M. Zins de nous avoir encouragé d'acheter la VULGATE.
La Bible Glaire, Bible selon la Vulgate, édition 2002 ?
Oui, jusqu'à plus ample informé. En passant, ce n'est pas la Préface de l'édition 2002 que nous lisons, mais bien le texte de la Vulgate.
La préface de l'édition de 2002, en passant, est amputée de longs paragraphes du texte écrit par le R.P. Mortara.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
Vulgate c'est ce qui est écrit sur la Bible
gabrielle- Nombre de messages : 19796
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: L'enfant juif, Edgard Mortara, baptisé par le pape Pie IX.
Sur « l'affaire Mortara », voici deux pages tirées du livre : Louis Veuillot - Vie Populaire - par François Veuillot - 1913 - pp. 90-91 :
Entre temps, l'Univers avait traversé d'autres polémiques, et de plus graves, de plus rudes, de plus prolongées. Quelques mois après la mort du chansonnier populaire [Béranger], il s'était trouvé saisi par un des plus furieux assauts que la libre pensée internationale ait jamais menés contre Rome. Je veux parler de « l'affaire Mortara ». Un enfant juif de Bologne, alors État de l'Église, avait été baptisé in extremis par une servante chrétienne ; aussitôt prévenu, le gouvernement pontifical, en conformité avec la loi civile comme avec la loi religieuse, ordonna que l'enfant serait soustrait à l'autorité de ses parents israélites, pour être élevé dansla vraie religion. Immédiatement, dans toutes les nations européennes, comme au coup d'archet de ce chef d'orchestre invisible dont la présence devait se révéler plus tard en d'autres occasions, ce fut une clameur indignée, furibonde et retentissante. En France, notamment, toute la presse officieuse, en secret stimulée par le gouvernement impérial, engagea la bataille avec frénésie. Elle y voyait un moyen, non seulement de discréditer l'autorité du Pape, mais de préparer la spoliation des Etats du Saint-Siège. L'Univers, tout de suite en armes et sur la brèche, fit face, avec un courage et une constance intrépides, à cette conjuration formidable. Il lui fallait d'autant plus de vaillance et il avait d'autant plus de mérite à soutenir ce combat que, devant la violence et la perfidie de l'agression, beaucoup de catholiques n'opposaient qu'une résistance molle, hésitante et craintive.
C'est une des rencontres, a dit Louis Veuillot, où j'ai le mieux vu l'esprit de la presse et où elle a le plus injurié le catholicisme et les chrétiens.....
..... Ce qui a été plus triste pour nous dans ce combat que la fureur des Juifs et la mauvaise foi des incrédules, c'est l'ignorance et la tiédeur d'un grand nombre de catholiques auxquels il fallut vraiment apprendre ce que c'est que le baptême.
Cette polémique, où Louis Veuillot fut vigoureusement secondé par la rédaction tout entière, en particulier par son frère, du Lac et Coquille, ainsi que par d'éminents collaborateurs, tels que Dom Guéranger, ne remplit pas moins de 316 pages dans les Mélanges. L'Univers y porta le combat sur tous les points attaqués. Il ne se borna pas, du reste, à défendre les principes et les droits de l'Eglise, l'autorité du Pape, les principes sacrés du baptême ; il fonça vigoureusement sur l'adversaire et traita à fond la question juive. Il ne fallut pas, à Louis Veuillot, plus de quelques semaines pour se rendre aussi compétent sur le Talmud qu'il s'était fait, en 1854, érudit sur les coutumes du moyen âge.
Inutile d'ajouter, n'est-ce pas, qu'il fut surabondamment injurié par la juiverie tout entière et par les journalistes à ses gages. Il fut même, un instant, menacéd'un procès Mais le Consistoire israélite, après avoir caressé cette vengeance, recula devant l'éventualité d'un échec, dont le retentissement eût ébranlé son prestige. Louis Veuillot dut se contenter de recevoir dans le très officieux Constitutionnel — où l'empereur lui-même ne dédaignait pas d'écrire, à certains jours, sous le pseudonyme de Boniface, — le surnom de « Mazzini de l'Église ». On sait que Mazzini étaitalors le chef reconnu du parti des assassins.
On accusait, au surplus, Louis Veuillot de préparer l'extermination des Juifs. Or, voici quelle était, sur ce point, l'expression de sa pensée :
Nous sommes ennemis du judaïsme et de la juiverie sans l'être des Juifs. A supposer que notre vieux sang chrétien et populaire conserve malgré tout quelque ferment d'antipathie, l'antipathie d'un chrétien est encore chrétienne. Nous n'en voulons pas à la liberté des enfants d'Abraham; puisque nous souhaitons qu'ils deviennent nos frères, nous ne pouvons trouver mauvais qu'ils soient nos égaux et nos concitoyens. Mais, suivant nous, ils ne seront partout véritablement affranchis qu'autant qu'ils seront affranchis eux-mêmes en abandonnant le judaïsme pour le mosaïsme, et le Talmud, qui est le livre des rabbins, pour la Bible, qui est le livre de Dieu. Voilà où il faut les amener.
Cette brillante et courageuse campagne valut à Louis Veuillot, parmi les bons et militants catholiques, un surcroît de gloire et d'affection. De l'épiscopat presque tout entier, des prêtres et des laïques ardents, il reçut de multiples et chaleureux témoignages d'admiration.
Seul, lui écrivait Mgr Parisis, vous avez eu l'intelligence des choses et le courage de les dire, au milieu de la fureur naturelle des uns et du silence bien plus coupable des autres. J'ai suivi le combat, bien disposé à intervenir s'il eût été nécessaire ou seulement utile. Mais ne vous ayant pas vu en péril un seul instant, j'ai trouvé plus dans l'ordre de vous laisser tout le mérite de la victoire, surtout après le petit article du Journal de Rome, qui suffisait à votre récompense comme à votre sécurité.
Pie IX partagea l'opinion de l'évêque d'Arras. Non seulement l'organe officiel du Saint-Siège en témoigna, mais le nonce eut mandat de le dire à Louis Veuillot.
Quelques mois plus tard, le rédacteur de l'Univers, en voyage à Rome, rencontrait dans la basilique vaticane, au pied de la Chaire de Saint-Pierre, le « petit Mortara ». Il l'embrassa de bon cœur :
Il est bien portant, racontait-il à son frère, il a la figure ouverte et spirituelle et les plus beaux yeux du monde Il est le plus fort de son âge et de sa classe sur le catéchisme. Il me dit qu'il aimait bien son père et sa mère et qu'il irait demeurer avec eux quand il serait grand et instruit, pour leur parler du Saint-Père, du bon Dieu et de Maria santissima....
Le « petit Mortara » vit encore aujourd'hui. C'est un religieux docte et militant.____
Louis Veuillot - Vie Populaire - Par François Veuillot - 1913 - p. 90-91 :
https://archive.org/stream/louisveuillotvie00veui?ref=ol#page/90/mode/2up
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum