Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXV a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXV.
DES PHILOSOPHES QUI SE SONT SIGNALÉS SOUS LE RÈGNE DE SÉDÉCHIAS,
ROI DES JUIFS, ET DE TARQUIN L’ANCIEN, ROI DES ROMAINS,
AU TEMPS DE LA PRISE DE JÉRUSALEM ET DE LA RUINE DU TEMPLE.
Sous le règne de Sédécias, roi des Juifs, et de Tarquin l’Ancien, roi des Romains, qui avait succédé à Ancus Marcius, le peuple juif fut mené captif à Babylone, après la ruine de Jérusalem et du temple de Salomon. Ce malheur leur avait été prédit par les Prophètes, et particulièrement par Jérémie, qui même en avait marqué l’année. Pittacus, de Mitylène, l’un des sept sages, vivait en ce temps-là, et Eusèbe y joint les cinq autres, car Thalès a déjà été mentionné, savoir: Solon d’Athènes, Chilon de Lacédémone, Périandre de Corinthe, Cléobule de Lindos, et Bias de Priène. Ils furent nommés Sages, parce que leur genre de vie les élevait au-dessus du commun des hommes, et comme ayant tracé quelques préceptes courts et utiles pour les moeurs. Du reste, ils n’ont point laissé d’autres écrits à la postérité, si ce n’est quelques lois qu’on dit que Solon donna aux Athéniens. Thalès a aussi composé quelques livres de physique, qui contiennent sa doctrine. D’autres physiciens 1 parurent encore en ce temps, comme Anaximandre, Anaximène et Xénophane 2. Pythagore florissait aussi alors, et c’est lui qui porta le premier le nom de philosophe 3 .
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1. En ces premiers âges de la science, physicien et philosophe, c’est tout un, la physique ayant pour objet la phusis tout entière, c’est-à-dire l’ensemble des choses.
2. Xénophane de Colophon, chef de l’école Eléatique, florissait vers 550 ayant J.-C. — 3. Sur ces philosophes, voyez plus haut, livre VIII, chap. 2 et les notes.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXVI a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXVI.
FIN DE LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE
ET DU RÈGNE DES ROIS DE ROME.
En ce temps-là, Cyrus, roi de Perse, qui commandait aussi aux Chaldéens et aux Assyriens, relâchant un peu de la chaîne des Juifs, en renvoya cinquante mille pour rebâtir le temple. Mais ils se bornèrent à en jeter les fondements et à dresser un autel, à cause des courses continuelles des ennemis, de sorte que l’ouvrage fut différé jusqu’au règne de Darius. Ce fut alors qu’arriva ce qui est rapporté dans le livre de Judith que les Juifs ne reçoivent point parmi les livres canoniques. Or, sous le règne de Darius, roi des Perses, les soixante-dix années prédites par Jérémie étant accomplies, la liberté fut rendue aux Juifs, pendant que les Romains chassaient Tarquin le Superbe et s’affranchissaient de la domination de leurs rois. Jusque-là, les Juifs eurent toujours des prophètes; mais à cause de leur grand nombre, il y en a peu dont les écrits soient reçus comme canoniques, tant par les Juifs que par nous. Sur la fin du livre précédent, j’ai promis d’en dire quelque chose, et il est temps de m’acquitter de ma promesse.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXVII a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXVII.
DES PROPHÈTES QUI S’ÉLEVÈRENT PARMI LES
JUIFS AU COMMENCEMENT DE L’EMPIRE ROMAIN.
Afin que nous puissions bien voir en quel temps ils vivaient, remontons un peu plus haut. Le livre d’Osée, qui est le premier des douze petits prophètes, porte en tête: "Voici ce que le Seigneur a dit à Osée du temps d’Ozias, de Joathan, d’Achaz et d’Ezéchias, rois de Judée 1". Amos de même dit 2 qu’il prophétisa sous Ozias; il ajoute et sous Jéroboam, roi d’Israël, qui vivait vers ce temps-là. Isaïe, fils d’Amos, soit du prophète, soit d’un autre Amos, indique au commencement de son ouvrage 3 les quatre rois dont parle Osée au début du sien, et déclare comme lui qu’il prophétisa sous leur règne. Michée marque aussi le temps de sa prophétie après Ozias 4, sous Joathan, Achaz et Ezéchias. Il faudrait joindre à ces prophètes Jonas et Joël, dont l’un prophétisa sous Ozias, et l’autre sous Joathan, au moins selon les chronologistes, car eux-mêmes n’en disent rien. Or, tout cet espace de temps va depuis Procas, roi des Latins, ou Aventinus, son prédécesseur, jusqu’à Romulus, roi des Romains ou même jusqu’au commencement du règne de son successeur Numa Pompilius; car l’époque d’Ezéchias se prolonge jusque-là. Ce fut donc en cet espace de temps que jaillirent ces sources de prophéties, sur la fin de l’empire des Assyriens et au commencement de celui des Romains.
Comme en effet c’est à la naissance de la monarchie des Assyriens que les promesses du Messie furent faites à Abraham, elles devaient être renouvelées à ces prophètes au commencement de la monarchie romaine, Babylone de l’Occident, sous le règne de laquelle elles devaient s’accomplir par l’avènement de Jésus-Christ. Ces dernières prophéties sont encore plus claires que les autres, comme ne devant pas seulement servir aux Juifs, mais aussi aux païens.
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1. Osée I, 1. — 2. Amos I, 1. — 3. Isaïe I 1. — 4. Michée I, 1.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXVIII a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXVIII.
VOCATION DES GENTILS PRÉDITE
PAR OSÉE ET PAR AMOS.
Il est vrai qu’Osée est quelquefois difficile à saisir dans sa profondeur; mais il faut en rapporter ici quelque chose pour m’acquitter de ma promesse: "Et il arrivera, dit-il, qu’au même lieu où il est écrit: Vous n’êtes point mon peuple, ils seront aussi appelés les enfants du Dieu vivant 1". Les Apôtres mêmes ont entendu cette prophétie de la vocation des Gentils. Et comme les Gentils sont aussi spirituellement les enfants d’Abraham, et qu’à ce titre on a raison de les appeler le peuple d’Israël, le Prophète ajoute: "Et les enfants de Juda et d’Israël seront rassemblés en un même corps et n’auront plus qu’un chef, et ils s’élèveront sur la terre 2". Ce serait ôter sa force à cette prophétie que de vouloir l’expliquer davantage. Qu’on se souvienne seulement de la pierre angulaire et de ces deux murailles, l’une composée des Juifs, et l’autre des Gentils 3; celle-là sous le nom de Juda, et celle-ci sous le nom d’Israël, s’appuyant toutes deux sur un même chef, et toutes deux s’élevant sur la terre. A l’égard de ces Israélites charnels, qui ne veulent pas croire en Jésus-Christ, le même prophète témoigne qu’ils croiront un jour en lui (entendez: non pas eux, mais leurs enfants), lorsqu’il dit: "Les enfants d’Israël demeureront longtemps sans roi, sans prince, sans sacrifice, sans autel, sans sacerdoce, sans prophétie 4".
Qui ne voit que c’est l’état où sont maintenant les Juifs ? Mais écoutons ce qu’il ajoute: "Et après cela, les enfants d’Israël reviendront et chercheront le Seigneur, leur Dieu , et leur roi David; et ils s’étonneront de leur aveuglement et de la grâce de Dieu dans les derniers temps 5". Il n’y a rien de plus clair que cette prophétie où Jésus-Christ est marqué par David, parce que, comme dit l’Apôtre: "Il est né selon la chair de la race de David 1". Ce même prophète a prédit la résurrection du Sauveur au troisième jour, mais d’une manière mystérieuse et prophétique, lorsqu’il a dit: "Il nous guérira après deux jours, et nous ressusciterons le troisième 2". C’est dans le même sens que l’Apôtre nous dit: "Si vous êtes ressuscités avec Jésus-Christ, cherchez les choses du ciel 3" . Voici encore une prophétie d’Amos sur ce sujet: "Israël, dit-il, préparez-vous pour invoquer votre Dieu, car c’est moi qui fais gronder le tonnerre, qui forme les tourbillons , et qui annonce aux hommes leur Sauveur 4". Et ailleurs: "En ce jour-là, dit-il, je relèverai le pavillon de Dieu qui est tombé, et je rétablirai tout ce qui est détruit; je le remettrai au même état qu’il était le premier jour; en sorte que tout le reste des hommes me chercheront, ainsi que toutes les nations qui deviendront mon peuple, dit le Seigneur qui fait ces merveilles 5".
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1. Osée I, 10. — 2. Osée I, 11. — 3. Éphésiens II, 14-15, 20-22. — 4. Osée III, 4. — 5. Osée III, 5. — 1. Romains VIII, 31.
2. Osée VI, 1. — 3. Colossiens III, 1.— 4. Amos XV, 11. — 5. Amos XX, 11-12.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXIX a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXIX.
PROPHÉTIES D’ISAÏE TOUCHANT
JÉSUS-CHRIST ET SON ÉGLISE.
Isaïe n’est pas du nombre des douze petits prophètes, qu’on nomme ainsi parce qu’ils ont écrit peu de chose au prix de ceux qu’on appelle les grands prophètes. Parmi ceux-là est Isaïe, que je joins à Osée et à Amos, comme ayant vécu du même temps. Ce prophète donc, entre les instructions qu’il donne au peuple et les menaces qu’il lui fait de la part de Dieu, a prédit beaucoup plus de choses que tous les autres de Jésus-Christ et de son Eglise, c’est-à-dire du roi de gloire et de la cité qu’il a bâtie, tellement, qu’il y en a qui disent que c’est plutôt un évangéliste qu’un prophète. Mais, pour abréger, je n’en rapporterai ici qu’un seul endroit, celui où il dit en la personne de Dieu le Père:"Mon fils sera rempli de science et de sagesse; il sera comblé d’honneur et de gloire. Comme il sera un spectacle d’horreur à plusieurs qui le verront déshonoré et défiguré, il sera un sujet d’admiration à une infinité de peuples, et les rois, pleins d’étonnement, demeureront dans un profond silence, parce que ceux à qui il n’a point été annoncé le verront, et ceux qui n’ont point entendu parler de lui sauront qui il est. Seigneur, qui a cru à notre parole, et à qui le bras de Dieu a-t-il été révélé ? Nous bégaierons devant lui comme un enfant, et notre langue sera sèche comme une racine dans une terre sans eau. Il n’a ni gloire, ni beauté. Nous l’avons vu sans majesté et sans grâce, et le dernier des hommes était moins difforme que lui. C’est un homme en butte aux coups et accablé de faiblesse. Il a caché sa gloire; c’est pourquoi il a été méprisé et déshonoré. Il porte nos péchés, et c’est pour nous qu’il souffre; et nous avons cru que c’était pour ses crimes. Cependant c’est à cause de nos iniquités qu’il a été couvert de blessures, et ce sont nos péchés qui l’ont réduit en cet état de faiblesse. Il nous a procuré la paix par ses souffrances, et ses plaies ont été notre guérison. Nous étions tous comme des brebis égarées; tous les hommes s’étaient écartés du droit chemin, et le Seigneur l’a livré pour nos péchés, et il n’a pas ouvert la bouche pour se plaindre. Il a été mené comme une brebis à la boucherie, et il est demeuré muet comme un agneau qu’on tond. Son abaissement lui a servi de degré pour monter à la gloire: qui pourra raconter sa génération ? Il sera enlevé du monde, et les péchés de mon peuple le conduiront au supplice. Sa sépulture coûtera la vie aux méchants, et les riches porteront la vengeance de sa mort, parce qu’il n’a fait aucun mal, qu’il n’y a en lui ni artifice, ni déguisement, et que le Seigneur veut le guérir de ses blessures. Si vous souffrez la mort pour vos péchés, vous verrez une longue postérité. Le Seigneur veut le délivrer de toute douleur, lui rendre le jour, remplir son esprit de lumière, justifier le juste qui s’est sacrifié pour plusieurs et qui s’est chargé de leurs péchés. Aussi acquerrai-t-il un domaine sur plusieurs, et il partagera les dépouilles des puissants, parce qu’il a été livré à la mort et mis au rang des scélérats, qu’il a porté les péchés de plusieurs et qu’il est mort pour leurs péchés1".
Voilà ce que dit ce prophète au sujet de Jésus-Christ.
Citons ce qu’il ajoute de l’Eglise:"Réjouissez-vous, stérile qui n’enfantez pas; éclatez en cris de joie, vous qui ne concevez point; car celle qui est abandonnée aura plus d’enfants que celle qui a un mari. Etendez le lieu de votre demeure et dressez vos pavillons. Ne ménagez point le terrain, prenez de grands alignements et enfoncez de bons pieux en terre. Etendez-vous à droite et à gauche, car cette postérité possédera les nations comme son héritage, et vous peuplerez les cités désertes. Vous êtes maintenant honteuse à cause des reproches qu’on vous fait; mais ne craignez rien: cette honte sera ensevelie dans un éternel oubli, et vous ne vous souviendrez plus de l’opprobre de votre veuvage, parce que le Seigneur qui vous a créée s’appelle le Dieu des armées, et celui qui vous a délivrée est le Dieu d’Israël et de toute la terre1".
Cette citation suffit, et bien qu’il se trouve certaines choses dans ces passages qui auraient besoin d’explication, il en est d’autres qui sont si claires que nos ennemis mêmes les entendent, malgré qu’ils en aient.
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1. Isaïe LII, 13 et suiv. — 1. Isaïe LIV, 1 et suiv.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXX a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXX.
PROPHÉTIES DE MICHÉE, JONAS ET
JOËL QUI REGARDENT JÉSUS-CHRIST.
Le prophète Michée, parlant de Jésus-Christ sous la figure d’une. haute montagne, dit ceci: "Dans les derniers temps, la montagne du Seigneur paraîtra élevée au-dessus des plus hautes montagnes, et les peuples s’y rendront en foule de toutes parts, et diront: Venez, montons sur la montagne du Seigneur, et allons en la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera le chemin qui mène à lui , et nous marcherons dans ses sentiers. Car la loi sortira de Sion, et la parole du Seigneur, de Jérusalem. Il jugera plusieurs peuples, et s’assujettira des nations puissantes pour longtemps 2". Le même prophète dit du lieu de la naissance du Sauveur: "Et toi, Bethléem, maison d’Ephrata, tu es trop petite pour être mise au rang de ces villes de Juda qui fournissent des milliers d’hommes, et cependant c’est de toi que sortira le prince d’Israël. Sa sortie est dès le commencement et de toute éternité. C’est pourquoi Dieu abandonnera les siens jusqu’au temps où celle qui est en travail d’enfant doit accoucher, et le reste de ses frères se rangeront avec les enfants d’Israël. Il s’arrêtera, il contemplera et paîtra son troupeau par l’autorité et le pouvoir qu’il en a reçu du Seigneur; et ils rendront leurs hommages au Seigneur, leur Dieu, qui sera glorifié jusqu’aux extrémités de la terre 1".
Le prophète Jonas n’a pas tant annoncé le Sauveur par ses discours que par cette espèce de passion qu’il a subie. Car pourquoi a-t-il été englouti dans le ventre d’une baleine et rejeté le troisième jour, sinon pour signifier la résurrection de Jésus-Christ 2 ?
Pour Joël, il faudrait s’engager dans un long discours pour expliquer toutes les prophéties qu’il a faites de Jésus-Christ et de l’Eglise. Toutefois j’en rapporterai un passage que les Apôtres mêmes alléguèrent3, quand le Saint-Esprit descendit sur eux, selon la promesse de Jésus-Christ: "Après cela, dit-il, je répandrai mon esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions. En ce temps-là, je répandrai mon esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes 4".
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2. Michée IV, I et suiv. —1. Michée, V, 2 et suiv. – 2. Matthieu XII, 40. – 3. Actes II, 17. – 4. Joël, II, 28-29.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXI a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXI.
SALUT DU MONDE PAR JÉSUS-CHRIST
PRÉDIT PAR ABDIAS, NAHUM ET HABACUC.
Trois des petits prophètes, Abdias, Nahum et Habacuc, ne disent rien du temps où ils ont prophétisé, et l’on n’en trouve rien non plus dans les chronologies d’Eusèbe et de Jérôme. Il est vrai qu’elles joignent Abdias à Michée; mais je pense que c’est une faute de copiste; car elles mettent Abdias sous Josaphat, et il est certain que Michée n’est venu que longtemps après. Pour les deux autres, nous ne les avons trouvés mentionnés dans aucune chronologie. Toutefois, comme ils sont reçus parmi les livres canoniques, il ne faut pas que nous les omettions. Abdias, le plus court de tous les Prophètes, parle contre le peuple d’Idumée, c’est-à-dire contre Esaü, l’aîné des deux enfants d’Isaac, qui fut réprouvé. Que si par l’Idumée nous entendons toutes les nations, en prenant la partie pour !e tout, comme cela est assez ordinaire dans le langage, nous pouvons fort bien appliquer à Jésus-Christ ce qu’il dit entre autres choses:
"Le salut et la sainteté seront sur la montagne de Sion 1"; et un peu après, sur la fin de cette prophétie: "Ceux qui ont été rachetés de la montagne de Sion s’élèveront pour défendre la montagne d’Esaü et y faire régner le Seigneur". Il est évident que ceci a été accompli, lorsque ceux qui ont été rachetés de la montagne de Sion, c’est-à-dire les fidèles de la Judée, et surtout les Apôtres, se sont élevés pour défendre la montagne d’Esaü. Comment l’ont-ils défendue, si ce n’est par la prédication de l’Évangile, en sauvant ceux qui ont cru, et les tirant de la puissance des ténèbres pour les faire passer au royaume de Dieu ? C’est ce qui est ensuite exprimé par ces paroles: "Afin d’y faire régner le Seigneur". En effet, la montagne de Sion signifie la Judée, où devait commencer le salut et paraître la sainteté, qui est Jésus-Christ; et la montagne d’Esaü est l’Idumée, figure de l’Eglise des Gentils, que ceux qui ont été rachetés de la montagne de Sion ont défendue, comme je viens de le dire, pour y faire régner le Seigneur. Cela était obscur avant de s’accomplir; mais qui ne le comprend depuis l’événement ?
Pour le prophète Nahum, voici comme il parle, ou plutôt comme Dieu parle par lui: "Je briserai, dit-il, les idoles taillées et celles qui sont de fonte, et je les ensevelirai, parce que voici sur les montagnes les pieds légers de ceux qui portent et annoncent la paix. Juda, solennisez vos fêtes et offrez vos vœux; car vos jours de fête ne vieilliront plus désormais. Tout est consommé, tout est accompli. Celui qui souffle contre votre face et qui délivre de l’affliction va monter 2". Qui est monté des enfers et qui a soufflé l’Esprit-Saint contre la face de Juda, c’est-à-dire des Juifs ses disciples ? Je le demande à quiconque a lu l’Évangile. Ceux dont les fêtes se renouvellent, de telle sorte qu’elles ne peuvent plus vieillir, appartiennent au Nouveau Testament. Du reste, nous voyons les idoles des faux dieux détruites par I’Evangile et comme ensevelies dans l’oubli; et nous reconnaissons cette prophétie encore accomplie en ce point.
Quant à Habacuc, de quel autre avènement que celui du Sauveur peut-il parler, quand il dit: "Le Seigneur me répondit: Ecrivez nettement cette vision sur le buis, afin que celui qui la lira l’entende. Car cette vision s’accomplira en son temps, à la fin, et ce ne sera pas une promesse vaine. S’il tarde à venir, attendez-le en patience, car il va venir sans délai 1."
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1. Abdias, 17, 21, selon les Septante. — 2. Nahum I, 14. — 1. Habacuc II, 2-3.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques, soulignés
et gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXII a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXII.
PROPHÉTIES DU CANTIQUE D’HABACUC. (à suivre...)
Et dans sa prière ou son cantique, à quel autre qu’au Sauveur dit-il: "Seigneur, j’ai entendu ce que vous m’avez fait entendre, et j’ai été saisi de frayeur; j’ai contemplé vos ouvrages, et j’ai été épouvanté 2 ?" Qu’est-ce que cela, sinon une surprise extraordinaire à la vue du salut des hommes que Dieu lui avait fait connaître: "Vous serez reconnu au milieu de deux animaux". Que signifient ces deux animaux ? Ce sont les deux Testaments, ou les deux larrons, ou encore Moïse et Elie, qui parlaient avec Jésus sur la montagne où il se transfigura. "Vous serez connu dans la suite des temps". Cela est trop clair pour avoir besoin qu’on l’explique. "Lorsque mon âme sera troublée, au plus fort de votre colère, vous vous souviendrez de votre miséricorde". Il dit ceci en la personne des Juifs, parce que, dans le temps qu’ils crucifiaient Jésus-Christ, transportés de fureur, Jésus, se souvenant de sa miséricorde, dit: "Mon père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font 3". Dieu viendra de Théman, et le saint viendra de la montagne couverte d’une ombre épaisse. D’autres, au lieu de Théman, traduisent du côté du midi; ce qui marque l’ardeur de la charité et l’éclat de la vérité. Pour la montagne couverte d’une ombre épaisse, on peut l’expliquer de différentes façons; mais il me paraît mieux de l’entendre de la profondeur des Écritures qui contiennent les prophéties de Jésus-Christ.
On y trouve en effet beaucoup de choses obscures et cachées qui exercent ceux qui les veulent pénétrer. Or, Jésus-Christ sort de ces ténèbres, quand celui qui le cherche sait l’y découvrir: "Il a fait éclater son pouvoir dans les cieux, et la terre est pleine de ses merveilles". C’est ce que le psalmiste dit quelque part: "Mon Dieu, montez au-dessus des cieux et faites éclater votre gloire par toute la terre. Sa splendeur sera aussi vive que la plus vive lumière 4": c’est-à-dire que le bruit de son nom fera ouvrir les yeux aux fidèles. "Il tiendra des cornes en ses mains"; c’est le trophée de la croix. "Il a mis sa force dans la charité"; cela n’a pas besoin d’explication. "La parole marchera devant lui et le suivra"; c’est-à-dire qu’il a été prophétisé avant qu’il ne vînt, et annoncé depuis qu’il s’en est allé. "Il s’est arrêté et la terre a été ébranlée"; il s’est arrêté pour nous secourir, et la terre a été portée à croire. "Il a tourné les yeux sur les nations, et elles ont séché"; entendez qu’il a eu pitié d’elles et qu’elles ont été touchées de repentir. "Les montagnes ont été mises en poudre par un grand effort"; c’est-à-dire que l’orgueil des superbes a cédé à la force des miracles. "Les collines éternelles ont été abaissées"; elles ont été humiliées pour un temps, afin d’être élevées pour l’éternité. "J’ai vu ces entrées éternelles et triomphantes, prix de ses travaux", c’est-à-dire: J’ai reconnu que les travaux de la charité recevront une récompense éternelle. "Les Ethiopiens et les Madianites seront remplis d’étonnement"… (à suivre…)
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2. Habacuc III, 1. - 3. Luc XXIII, 34. – 4. Psaume LVI, 7.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques, gras et
soulignés ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXII a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXII.
PROPHÉTIES DU CANTIQUE D’HABACUC. (suite)
(suite) "Les Éthiopiens et les Madianites seront remplis d’étonnement"; les peuples surpris de tant de merveilles, ceux mêmes qui ne sont pas sous l’empire romain, seront sous celui de Jésus-Christ. "Vous mettrez-vous en colère, Seigneur, contre les fleuves, et déchargerez-vous votre fureur sur la mer ?" C’est qu’il ne vient pas maintenant pour juger le monde, mais pour le sauver. "Vous monterez sur vos chevaux, et vos courses produiront le salut"; c’est-à-dire: Vos évangélistes vous portent, et vous les conduisez, et votre Évangile procure le salut à ceux qui croient en vous. "Vous banderez votre arc contre les sceptres, dit le Seigneur" entendez qu’il menacera de son jugement les rois mêmes de la terre."La terre s’ouvrira pour recevoir les fleuves dans son sein". Cela signifie que les cœurs des hommes, à qui il est dit: "Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements1", s’ouvriront pour recevoir la parole des prédicateurs et confesser le nom de Jésus-Christ. "Les peuples vous verront et s’affligeront"; c’est-à-dire qu’ils pleureront, afin d’être bienheureux2. "En marchant, vous ferez rejaillir de l’eau de toutes parts"; vous répandrez de tous côtés des torrents de doctrine en marchant avec vos prédicateurs. "Une voix est sortie du creux de l’abîme"; c’est-à-dire que le cœur de l’homme, qui est un abîme, n’a pu retenir ce qu’il pensait de vous, et a publié votre gloire partout. "La profondeur de son imagination"; c’est une explication de ce qui précède; car cette profondeur est un abîme. Et quand il ajoute: de son imagination, il faut sous-entendre: a fait retentir sa voix, c’est-à-dire a publié ce qu’elle voyait.
En effet, l’imagination, c’est une vision que le cœur n’a pu cacher ni retenir, mais qu’il a proclamée à la gloire de Dieu. "Le soleil s’est levé et la lune a gardé son rang"; Jésus-Christ est monté au ciel, et l’Eglise a été ordonnée sous son roi. "Vous lancerez vos flèches en plein jour", parce que votre parole sera prêchée publiquement. "Et elles brilleront à la lueur de vos armes". Il avait dit à ses disciples: "Dites en plein jour ce que je vous dis dans les ténèbres1". — "Vos menaces abaisseront la terre"; c’est-à-dire, humilieront les hommes. "Et vous abattrez les nations dans votre fureur"; parce que vous dompterez les superbes, et ferez tomber vos vengeances sur leur tête. "Vous êtes sorti dans l’intention de sauver votre peuple, pour sauver vos christs, et vous avez donné les méchants en proie à la mort"; cela est clair. "Vous les avez chargés de chaînes"; par ces chaînes, on peut aussi entendre les heureux liens de la sagesse. "Vous avez mis des entraves à leurs pieds et un carcan à leur cou. Vous les avez rompues avec étonnement"; il faut sous-entendre les chaînes. De même qu’il a noué celles qui sont bonnes, il a brisé les mauvaises, d’où vient cette parole du psaume: "Vous avez rompu mes chaînes 2".
— "Avec étonnement"; c’est-à-dire, avec l’admiration de tous ceux qui ont été témoins de cette merveille. "Les plus grands en seront touchés; ils seront affamés comme un pauvre qui mange en cachette"; c’est que quelques-uns des premiers parmi les Juifs, touchés des paroles et des miracles du Sauveur, le venaient trouver, et, pressés par la faim, mangeaient le pain de sa doctrine, mais en secret, parce qu’ils craignaient le peuple, comme le remarque l’Evangile 3. "Vous avez poussé vos chevaux dans la mer et troublé ses eaux"; c’est-à-dire les peuples. Les uns ne se convertiraient pas par crainte, et les autres ne persécuteraient pas avec fureur, si tous n’étaient troublés. "J’ai contemplé ces choses, et mes entrailles ont été émues. La frayeur a pénétré jusque dans mes os, et tout mon être intérieur en a été troublé". Faisant réflexion sur ce qu’il disait, il en a été lui-même épouvanté. Il prévoyait ce tumulte des peuples, suivi de grandes persécutions contre l’Eglise, et aussitôt, s’en reconnaissant membre: "Je me reposerai, dit-il, au temps de l’affliction", comme étant de ceux qui, selon la parole de l’Apôtre 1, se réjouissent en espérance et souffrent constamment l’affliction. "Afin d’aller trouver le peuple qui a été étranger ici-bas comme moi", en s’éloignant de ce peuple méchant qui lui était uni selon la chair, mais qui, n’étant point étranger en ce monde, ne cherchait point la céleste patrie. "Car le figuier ne portera point de fruit, ni la vigne de raisin. Les oliviers tromperont l’attente du laboureur, et la campagne ne produira rien. Les brebis mourront faute de pâturage, et il n’y aura plus de bœufs dans les étables".
Il voyait que cette nation, qui devait mettre à mort Jésus-Christ, perdrait les biens spirituels qu’il a prophétiquement figurés par les temporels; et parce que la colère du ciel est tombée sur ce peuple, à cause qu’ignorant la justice de Dieu 2, il a voulu établir la sienne à la place, il ajoute aussitôt: "Mais moi je me réjouirai, Seigneur, je me réjouirai en mon Seigneur et mon Dieu. Le Seigneur mon Dieu est ma force, il affermira mes pas jusqu’à la fin. Il m’élèvera sur les hauteurs, afin que je triomphe par son cantique"; c’est-à-dire par ce cantique dont le Psalmiste dit quelque chose de pareil en ces termes: "Il a affermi mes pieds sur la pierre, et il a conduit mes pas. Il m’a mis en la bouche un nouveau cantique, un hymne à la louange de notre Dieu 3". Celui-là donc triomphe par le cantique du Seigneur, qui se plaît à entendre les louanges de Dieu, et non les siennes, "afin que celui qui se glorifie, ne se glorifie que dans le Seigneur 4". Au reste, quelques exemplaires portent: "Je me réjouirai en Dieu mon Jésus"; ce qui me paraît meilleur que "en Dieu mon Sauveur", parce que Jésus est un nom plein de douceur et de confiance.
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1. Joël II, 13. — 2. Matthieu V, 5. — 1. Matthieu X, 27. — 2. Psaume CXV, 16. — 3. Jean XVII, 38. — 1. Romains XII, 12. — 2. Romains X, 3. — 3. Psaume XXXIX, 3. — 4. I Corinthiens I, 31.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXIII a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXIII.
PROPHÉTIES DE JÉRÉMIE ET DE SOPHONIAS TOUCHANT
JÉSUS-CHRIST ET LA VOCATION DES GENTILS.
Jérémie est du nombre des grands prophètes, aussi bien qu’Isaïe. Il prophétisa sous Josias, roi de Jérusalem, et du temps d’Ancus Marcius, roi des Romains, la captivité des Juifs étant proche, et sa prophétie alla jusqu’au cinquième mois de cette captivité, comme il le dit lui-même. On lui joint Sophonie, l’un des petits prophètes, parce qu’il prophétisa aussi sous Josias, comme lui-même le témoigne; mais il ne dit point combien de temps. Jérémie prophétisa, non-seulement du temps d’Ancus Marcius, mais aussi du temps de Tarquin l’Ancien, cinquième roi de Rome, qui l’était déjà lorsque les Juifs furent emmenés en captivité. Jérémie dit donc de Jésus-Christ: "Le Seigneur, le Christ par qui nous respirons, a été pris pour nos péchés1" , marquant ainsi en peu de paroles et que Jésus-Christ est notre Seigneur, et qu’il a souffert pour nous.
Et dans un autre endroit: "Celui-ci est mon Dieu, et nul autre n’est comparable à lui. Il est l’auteur de toute sagesse, et il l’a donnée à Jacob son serviteur, et à Israël son bien-aimé. Après cela il a été vu sur terre, et il a conversé parmi les hommes 2". Quelques-uns n’attribuent pas ce témoignage à Jérémie, mais à Baruch, son scribe, quoique ordinairement on le donne au premier. Le même prophète parlant encore du Messie: "Voici venir le temps, dit le Seigneur, que je ferai sortir du tronc de David un germe glorieux. Il régnera et sera rempli de sagesse et fera justice sur la terre. Alors Juda sera sauvé, et Ismaël demeurera en sûreté, et ils l’appelleront le Seigneur notre justice 3". Voici comme il parle de la vocation des Gentils, qui devait arriver et que nous voyons maintenant accomplie: "Seigneur, mon Dieu et mon refuge au temps de l’affliction, les nations viendront à vous des extrémités de la terre, et diront: Il est vrai que nos pères ont adoré de vaines statues qui ne sont bonnes à rien 4". Et parce que les Juifs ne devaient pas le connaître et qu’il fallait qu’ils le fissent mourir, le même prophète en parle de la sorte: "Leur esprit est extrêmement pesant: c’est un homme; qui le connaîtra 1?" Voici enfin un dernier passage de Jérémie que j’ai rapporté au dix-septième livre touchant le Nouveau Testament, dont Jésus-Christ est le médiateur: "Voici venir le temps, dit le Seigneur, que je contracterai une nouvelle alliance avec la maison de Jacob, etc 2"
De Sophonie, qui prophétisait du même temps que Jérémie, je veux citer au moins quelques témoignages sur Jésus-Christ. Voici donc comme il en parle: "Attendez que je ressuscite, dit le Seigneur, car j’ai résolu d’assembler les nations et les royaumes 3"; et encore: "Le Seigneur leur sera redoutable; il exterminera tous les dieux de la terre, et toutes les nations de la terre l’adoreront, chacune en son pays 4"; et un peu après: "Je ferai que tous les peuples parleront comme ils doivent; ils invoqueront tous le nom du Seigneur, et lui seront assujettis. Ils m’apporteront des victimes des bords du fleuve d’Ethiopie. Alors vous n’aurez plus de confusion pour toutes les impiétés que vous avez commises contre moi; car j’effacerai toute la malice de vos offenses, et il ne vous arrivera plus de vous enorgueillir sur ma montagne sainte. Je rendrai votre peuple doux et modeste, et les restes d’Israël craindront le Seigneur 5". C’est de ces restes que l’Apôtre 6 a dit après un autre prophète 7: "Quand le nombre des enfants d’Israël égalerait le sable de la mer, il n’y aura que les restes qui seront sauvés" car les restes de cette nation ont cru au Messie.
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1. Lamentations IV, 20. — 2. Baruch, III, 36-38. — 3. Jérémie XXXIII, 5. — 4. Jérémie XVI, 19. — 1. Jérémie XVII, 9. — 2. Jérémie XXXI, 31. — 3. Sophonie III, 8. — 4. Sophonie II, 11 — 5. Sophonie III, 9-12.
6. Romains IX, 27. — 7. Isaïe X, 22.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques, gras et
soulignés ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXIV a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXIV.
PRÉDICTIONS DE DANIEL ET D’ÉZÉCHIEL SUR LE MÊME SUJET.
Daniel et Ézéchiel, deux des grands prophètes, prophétisèrent pendant la captivité même de Babylone; et le premier a été jusqu’à dire combien il s’écoulerait d’années avant l’avènement et la passion du Sauveur. Cette supputation serait longue, et d’ailleurs elle a déjà été faite par d’autres avant nous; mais voici comme il parle de la puissance et de la gloire du Messie: "J’eus une vision en dormant, où je voyais le fils de l’homme, environné de nuées, s’avançant jusqu’à l’Ancien des jours. Comme on le lui eût présenté, il lui donna puissance, honneur et empire, avec ordre à tous les peuplés, à toutes les tribus et à toutes les langues de lui rendre leurs hommages. Son pouvoir est un pouvoir éternel qui ne finira jamais, et son empire sera toujours florissant 1".
Ézéchiel, de même, figurant Jésus-Christ par David, parce que c’est à cause de David que Jésus-Christ a pris cette nature charnelle, cette forme d’esclave qu’il a revêtue en venant au monde, d’où vient que, tout en étant fils de Dieu, il est appelé esclave de Dieu, Ézéchiel, dis-je, en parle ainsi au nom de Dieu le Père: "Je susciterai un pasteur pour paître mes troupeaux, mon serviteur David; et il les fera paître, et il sera leur pasteur. Pour moi, je serai leur Dieu, et mon serviteur David régnera au milieu d’eux. C’est le Seigneur qui l’a dit 2"; et dans un autre endroit: "Ils n’auront plus qu’un roi et ne formeront plus deux peuples, ni deux royaumes séparés. Ils ne se souilleront plus d’idolâtrie et d’autres abominations; et je les tirerai de tous les lieux où ils m’ont offensé et les purifierai de leurs crimes. Ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera à tous leur roi et leur pasteur 3"
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1. Daniel VII, 13. – 2. Ezéchiel XXXIV, 23, 24. – 3. Ézéchiel XXXVII, 22 et suiv.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXV a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXV.
PRÉDICTIONS D’AGGÉE, DE ZACHARIE ET
DE MALACHIE TOUCHANT JÉSUS-CHRIST. (à suivre…)
Restent trois petits prophètes qui ont prophétisé sur la fin de la captivité de Babylone: Aggée, Zacharie et Malachie. Aggée prédit en peu de mots Jésus-Christ et l’Eglise en ces termes: "Voici ce que dit le Seigneur des armées: Encore un peu de temps, et j’ébranlerai le ciel et la terre, la mer et le continent, et je remuerai toutes les nations; et celui qui est désiré de tous les peuples viendra 4". Cette prophétie est déjà accomplie en partie et le reste s’accomplira à la fin du monde. Dieu ébranla le ciel, quand Jésus-Christ prit chair, par le témoignage que les astres et les anges rendirent à son incarnation. Il émut la terre par le grand miracle de l’enfantement d’une vierge; il émut la mer et le continent, lorsque le Sauveur fut annoncé dans les îles et par tout le monde. Ainsi nous voyons que toutes les nations sont remuées et portées à embrasser la foi. Ce qui suit: "Et a celui qui est désiré de tous les peuples viendra", doit s’entendre de son dernier avènement; car avant que de souhaiter qu’il vînt, il fallait l’aimer et croire en lui.
Zacharie parle ainsi de Jésus-Christ et de l’Eglise: "Réjouissez-vous, dit-il, fille de Sion, bondissez de-joie, fille de Jérusalem, car voici venir votre roi pour vous justifier et pour vous sauver. Il est pauvre, et vient monté sur une ânesse et sur le poulain d’une ânesse; mais son pouvoir s’étend d’une mer à l’autre, et depuis les fleuves jusqu’aux confins de la terre 1". L'Évangile nous apprend, en effet, en quelle occasion Notre-Seigneur se servit de cette monture 2, et fait même mention de cette prophétie. Un peu après, parlant à Jésus-Christ même de la rémission des péchés qui devait se faire par son sang: "Et vous aussi, dit-il, vous avez tiré vos captifs de la citerne sans eau, par le sang de votre Testament 3". On peut expliquer diversement, et toujours selon la foi, cette citerne sans eau; mais, pour moi, je pense qu’on doit entendre la misère humaine, qui est comme une citerne sèche et stérile, où les eaux de la justice ne coulent jamais, et qui est pleine de la boue et de la fange du péché. C’est de cette citerne que le Psalmiste dit: "Il m’a tiré d’une malheureuse citerne et d’un abîme de boue 4".
Malachie, annonçant l’Eglise que nous voyons fleurir par Jésus-Christ, dit clairement aux Juifs en la personne de Dieu : "Vous ne m’agréez point, et je ne veux point de vos présents. Car depuis le soleil levant jusqu’au couchant, mon nom est grand parmi les nations. On me fera des sacrifices partout, et l’on m’offrira une oblation pure, parce que mon nom est grand parmi les nations, dit le Seigneur 5". Ce sacrifice est celui du sacerdoce de Jésus-Christ selon l’ordre de Melchisédech, que nous voyons offrir depuis le soleil levant jusqu’au couchant, tandis qu’on ne peut nier que le sacrifice des Juifs à qui Dieu dit: "Vous ne m’agréez point, et je ne veux point de vos présents", ne soit aboli. Pourquoi donc attendent-ils encore un autre Christ, puisque cette prophétie qu’ils voient accomplie n’a pu s’accomplir que par lui ? Un peu après, le même prophète, parlant encore… (à suivre)
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4. Aggée II, 7. — 1. Zacharie IX, 9. – 2. Jean, XII, 14. – 3. Zacharie IX, 11. – 4. Psaume XXXIX, 2. – 5. Malachie I, 10.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques, gras et
soulignés ajoutés.
à suivre…
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXV a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXV.
PRÉDICTIONS D’AGGÉE, DE ZACHARIE ET DE
MALACHIE TOUCHANT JÉSUS-CHRIST. (suite)
(suite) Un peu après, le même prophète, parlant encore en la personne de Dieu, dit du Sauveur: "J’ai fait avec lui une alliance de vie et de paix; je lui ai donné ma crainte, et il m’a craint et respecté. La loi de la vérité était en sa bouche; il marchera en paix avec moi, et il en retirera plusieurs de leur iniquité. Car les lèvres du grand-prêtre seront les dépositaires de la science; et ils l’iront consulter sur la loi, parce que c’est l’ange du Seigneur tout-puissant 1". Il ne faut pas s’étonner que Jésus-Christ soit appelé l’ange de Dieu; de même qu’il est esclave à cause de la forme d’esclave en laquelle il est venu parmi les hommes, il est aussi ange à cause de l’Evangile qu’il leur a annoncé; car Evangile en grec signifie bonne nouvelle, et ange, messager 2. Aussi le même prophète dit encore de lui: "Je m’en vais envoyer mon ange pour préparer la voie devant moi, et aussitôt viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez, et l’ange du Testament que vous demandez. Le voici qui vient, dit le Seigneur et le Dieu tout-puissant; et qui pourra supporter l’éclat de sa gloire et soutenir ses regards 3 ? "On trouve prédit en cet endroit le premier et le second avènement de Jésus-Christ; son premier avènement, lorsqu’il dit: "Et aussitôt le Seigneur viendra dans son temple" , c’est-à-dire dans sa chair, dont il est dit dans l’Evangile: "Détruisez ce temple, et je le rétablirai en trois jours 4" et le second en ces termes: "Le voici qui vient, dit le Seigneur tout-puissant, et qui pourra supporter l’éclat de sa gloire et soutenir ses regards ?"
Ces paroles: "Le Seigneur que vous cherchez, et l’ange du Testament que vous demandez", signifient que les Juifs mêmes cherchent le Christ dans les Ecritures et désirent l’y trouver. Mais plusieurs d’entre eux, aveuglés par leurs péchés, ne voient pas que celui qu’ils cherchent et qu’ils désirent est déjà venu. Par le Testament, il entend parler du Nouveau, qui contient des promesses éternelles, et non de l’Ancien, qui n’en a que de temporelles; mais ces promesses temporelles ne laissent pas de troubler beaucoup de personnes faibles qui s’y attachent, et qui, voyant les méchants comblés de ces sortes de biens, ne servent Dieu que pour les obtenir.
C’est pourquoi le même prophète, pour distinguer la béatitude éternelle du Nouveau Testament, qui ne sera donnée qu’aux bons, de la félicité temporelle de l’Ancien, qui pour l’ordinaire est commune aux bons et aux méchants, s’exprime ainsi: "Vous avez tenu des discours qui me sont injurieux, dit le Seigneur. Et vous dites: En quoi avons-nous mal parlé de vous ? Vous avez dit: C’est une folie de servir Dieu; que nous revient-il d’avoir observé ses commandements, et de nous être humiliés en la présence du Seigneur tout-puissant ? — N’avons-nous donc pas raison d’estimer heureux les méchants et les ennemis de Dieu, puisqu’ils triomphent dans la gloire et dans l’opulence ? Voilà ce que ceux qui craignaient Dieu ont murmuré tout bas ensemble. Et le Seigneur a vu tout cela et entendu leurs plaintes; et il a écrit un livre en mémoire de ceux qui le craignent et qui le révèrent 1". Ce livre signifie le Nouveau Testament. Mais écoutons ce qui suit: "Et ils seront mon héritage, dit le Seigneur tout-puissant, au jour que j’agirai; et je les épargnerai comme un père épargne un fils obéissant. Alors vous parlerez un autre langage, et vous verrez la différence qu’il y a entre le juste et l’injuste, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas. Car voici venir le jour allumé comme une fournaise ardente, et il les consumera. Tous les étrangers et tous les pécheurs seront comme du chaume, et ce jour qui approche les brûlera tous, dit le Seigneur, sans qu’il reste d’eux ni branches, ni racines. Mais, pour vous qui craignez mon nom, le soleil de justice se lèvera pour vous, et vous trouverez une abondance de tous biens à l’ombre de mes ailes. Vous bondirez comme de jeunes taureaux échappés, et vous foulerez aux pieds les méchants, et ils deviendront cendre sous vos pas, au jour que j’agirai, dit le Seigneur tout-puissant 2". Ce jour est le jour du jugement, dont nous parlerons plus amplement en son lieu 3, si Dieu nous en fait la grâce.
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1. Malachie II, 5. — 2. Angelos, messager, ange; Evangelion, récompense donnée au porteur d’une bonne nouvelle.—3. Malachie III, 1. — 4. Jean II, 19. —1. Malachie III, 13-16.
2. Malachie III, 17-18 et Malachie IV, 1-3. — 3. Dans les quatre derniers livres.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXVI a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXVI.
D’ESDRAS ET DES LIVRES DES MACCHABÉES.
Après ces trois prophètes, Aggée, Zacharie et Malachie, écrivit Esdras, lorsque le peuple fut délivré de la captivité de Babylone. Mais il passa plutôt pour historien que pour prophète, aussi bien que l’auteur du livre d’Esther où sont rapportées les actions glorieuses de cette femme illustre, qui arrivèrent vers ce temps-là. On peut dire néanmoins qu’Esdras a prophétisé Jésus-Christ dans cette dispute qui s’éleva entre quelques jeunes gens pour savoir quelle était la chose du monde la plus puissante 1. L’un ayant dit que c’était les rois, l’autre le vin, et le troisième les femmes, qui souvent commandent eu rois, ce dernier finit par montrer que c’est la vérité qui l’emporte par-dessus tout.
Or, l’Évangile nous apprend que Jésus-Christ est la vérité. Depuis le temps que le temple fut rétabli jusqu’à Aristobule, les Juifs ne furent plus gouvernés par des rois, mais par des princes. La supputation de ces temps ne se trouve pas dans les Écritures canoniques, mais ailleurs, comme dans les Macchabées, que les Juifs ont rejetés comme apocryphes. Mais l’Eglise est d’un autre sentiment, à cause des souffrances admirables de ces martyrs qui, avant l’incarnation de Jésus-Christ ont combattu pour la loi de Dieu jusqu’au dernier soupir et enduré des maux étranges et inouïs.
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1. III Esdras, III, 9 et suiv.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
soulignés et
gras ajoutés.
à suivre…
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXVII a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXVII.
NOS PROPHÈTES SONT PLUS ANCIENS QUE LES PHILOSOPHES.
Du temps de nos prophètes, dont les écrits sont maintenant répandus dans le monde entier, il n’y avait point encore de philosophes parmi les Gentils. Du moins ils n’étaient point connus sous ce nom; car c’est Pythagore qui l’a porté le premier, et il n’a commencé à fleurir que sur la fin de la captivité de Babylone 2. A plus forte raison les autres philosophes sont-ils postérieurs aux prophètes. En effet, Socrate lui-même, le maître de ceux qui étaient alors le plus en honneur et le premier de tous pour la morale, ne vient qu’après Esdras dans l’ordre des temps 1; peu après parut Platon, qui a surpassé de beaucoup tous les autres disciples de Socrate. Les sept sages mêmes, qui ne s’appelaient pas encore philosophes, et les physiciens qui succédèrent à Thalès dans la recherche des choses naturelles, Anaximandre, Anaximène, Anaxagore 2, et quelques autres qui ont fleuri avant Pythagore, ne sont pas antérieurs à tous nos prophètes.
Thalès, le plus ancien des physiciens, ne parut que sous le règne de Romulus, lorsque les torrents de prophétie qui devaient inonder toute la terre sortirent des sources d’Israël. Il n’y a que les poètes théologiens, Orphée, Linus et Musée, qui soient plus anciens que nos prophètes; encore n’ont-ils pas devancé Moïse, ce grand théologien, qui a annoncé le Dieu unique et véritable, et dont les écrits tiennent le premier rang parmi les livres canoniques. Ainsi, quant aux Grecs, dont la langue a donné tant d’éclat aux lettres humaines, ils n’ont pas sujet de se glorifier de leur sagesse comme plus ancienne que notre religion, en qui seule se trouve la sagesse véritable. Il est vrai que parmi les Barbares, comme en Egypte, il y avait quelques semences de doctrine avant Moïse; autrement l’Ecriture sainte ne dirait pas qu’il avait été instruit dans toutes les sciences des Egyptiens à la cour de Pharaon; mais la science même des Egyptiens n’a pas précédé celle de tous nos prophètes, puisque Abraham a aussi cette qualité. Et quelle science pouvait-il y avoir en Egypte, avant qu’Isis, qu’ils adorèrent après sa mort comme une grande déesse, leur eût communiqué l’invention des lettres et des caractères ? Or, Isis était fille d’Inachus, qui régna le premier sur les Argiens, au temps des descendants d’Abraham.
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2. La date de Pythagore n’est pas fixée d’une manière certaine. Eusèbe le fait fleurir pendant la 62e olympiade, au temps du prince Zorobabel, sous le pontificat de Josadech, fils de Jésus (Prœp. Evang., lib. X, cap. 4). Parmi les modernes, Lloyd place la naissance de Pythagore à la 3e année de la 48e olympiade (586 avant J.-C.) et Dodwell à la 4e année de la 52e olympiade (568 avant J.-C.) 1. Socrate naquit le 6e jour du mois Thargélion de l’an 470 avant J.-C. (Olympiades 77, 4). —2. Il y a ici une erreur chronologique. Anaxagore, contemporain de Périclès, est de beaucoup postérieur à Pythagore.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXVIII a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXVIII.
POURQUOI L’ÉGLISE REJETTE LES
ÉCRITS DE QUELQUES PROPHÈTES.
Si nous remontons plus haut avant le déluge universel, nous trouverons le patriarche Noé, que je puis aussi justement appeler prophète, puisque l’arche même qu’il fit était une prophétie du christianisme. Que dirai-je d’Enoch, le septième des descendants d’Adam ? L’apôtre saint Jude ne dit-il pas dans son épître canonique qu’il a prophétisé ? Que si les écrits de ces personnages ne sont pas reçus comme canoniques par les Juifs, non plus que par nous, cela ne vient que de leur trop grande antiquité qui les a rendus suspects. Je sais bien qu’on produit quelques ouvrages dont l’authenticité ne paraît pas douteuse à ceux qui croient vrai tout ce qui leur plaît; mais l’Eglise ne les reçoit pas, non qu’elle rejette l’autorité de ces grands hommes qui ont été si agréables à Dieu, mais parce qu’elle ne croit pas que ces ouvrages soient de leur main.
Il ne faut pas trouver étrange que des écrits si anciens soient suspects, puisque, dans l’histoire des rois de Juda et d’Israël, il est fait mention de plusieurs circonstances qu’on chercherait en vain dans nos Écritures canoniques et qui se trouvent en d’autres prophètes dont les noms ne sont pas inconnus et dont cependant les ouvrages n’ont point été reçus au nombre des livres canoniques. J’avoue que j’en ignore la raison; à moins de dire que ces prophètes ont pu écrire certaines choses comme hommes et sans l’inspiration du Saint-Esprit, et que c’est celles-là que l’Eglise ne reçoit pas dans son canon pour faire partie de la religion, bien qu’elles puissent être d’ailleurs utiles et véritables. Quant aux ouvrages qu’on attribue aux prophètes et qui contiennent quelque chose de contraire aux Ecritures canoniques, cela seul suffit pour les convaincre de fausseté.
[i]Traduction par M. SAISSET, 1869.[/
gras ajoutés.
à suivre…
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XXXIX a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XXXIX.
LA LANGUE HÉBRAÏQUE A TOUJOURS
EU DES CARACTÈRES.
Il ne faut donc pas s’imaginer, comme font quelques-uns, que la langue hébraïque seule ait été conservée par Héber, (Haber) qui a donné son nom aux Hébreux, et qu’elle soit passée de lui à Abraham, tandis que les caractères hébreux n’auraient commencé qu’à la loi qui fut donnée à Moïse. Il est bien plus croyable que cette langue a été conservée avec ses caractères dès les époques primitives. En effet, nous voyons Moïse établir certains hommes pour enseigner les lettres, avant que la loi n’eût été dénuée, et l’Ecriture les appelle 1 des introducteurs aux lettres, parce qu’ils les introduisaient dans l’esprit de leurs disciples, ou plutôt, parce qu’ils introduisaient leurs disciples jusqu’à elles. Aucune nation n’a donc droit de se vanter de sa science, comme étant plus ancienne que nos patriarches et nos prophètes, puisque l’Egypte même, qui a coutume de se glorifier de l’antiquité de ses lumières, ne peut prétendre à cet avantage.
Personne n’oserait dire que les Egyptiens aient été bien savants avant l’invention des caractères, c’est-à-dire avant Isis. D’ailleurs, cette science dont on a fait tant de bruit et qu’ils appelaient sagesse, qu’était-elle autre chose que l’astronomie, et peut-être quelques autres sciences analogues, plus propres à exercer l’esprit qu’à rendre l’homme véritablement sage ? Et quant à la philosophie, qui se vante d’apprendre aux hommes le moyen de devenir heureux, elle n’a fleuri en ce pays que vers le temps de Mercure Trismégiste 1, longtemps, il est vrai, avant les sages et les philosophes de la Grèce, mais toutefois après Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, et même après Moïse; car Atlas, ce grand astrologue, frère de Prométhée et aïeul maternel du grand Mercure, de qui Mercure Trismégiste fut petit-fils, vivait encore lorsque Moïse naquit 2 .
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1. En grec: grammatoeisagogeis, en latin: litterarum inductores vel introductores. —1. Sur Mercure Trismégiste, voyez plus haut, livre VIII, ch. 23, pages 115, 116 et les notes. 2. Eusèbe fait vivre ce douteux personnage l’an 1638 avant Jésus-Christ, c’est-à-dire vingt-neuf ans avant la naissance de Moïse.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XL a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XL.
FOLIE ET VANITÉ DES ÉGYPTIENS, QUI FONT
LEUR SCIENCE ANCIENNE DE CENT MILLE ANS.
C’est donc en vain que certains discoureurs, enflés d’une sotte présomption, disent qu’il y a plus de quatre cent mille ans que l’astrologie est connue en Egypte. [ n.d.l.r. !!!!...] Et de quel livre ont-ils tiré ce grand nombre d’années, eux qui n’ont appris à lire de leur Isis que depuis environ deux mille ans ? C’est du moins ce qu’assure Varron, dont l’autorité n’est pas peu considérable, et cela s’accorde assez bien avec l’Ecriture sainte. Du moment donc que l’on compte à peine six mille ans depuis la création du premier homme, ceux qui avancent des opinions si contraires à une vérité reconnue ne méritent-ils pas plutôt des railleries que des réfutations ? Aussi bien, à qui nous en pouvons-nous mieux rapporter, pour les choses passées, qu’à celui qui a prédit des choses à venir que nous voyons maintenant accomplies ?
La diversité même qui se rencontre entre les historiens sur ce sujet ne nous donne-t-elle pas lieu d’en croire plutôt ceux qui ne sont pas contraires à notre Histoire sacrée ? Quand les citoyens de la cité du monde qui sont répandus par toute la terre voient des hommes très savants, à peu près d’une égale autorité, qui ne conviennent pas en des choses de fait fort éloignées de notre temps, ils ne savent à qui donner créance. Mais pour nous, qui sommes appuyés sur une autorité divine en ce qui concerne l’histoire de notre religion, nous ne doutons point que tout ce qui contredit la parole de Dieu ne soit très faux, quoi qu’il faille penser à d’autres égards de la valeur des histoires profanes, question qui nous met peu en peine, parce que, vraies ou fausses, elles ne servent de rien pour nous rendre meilleurs ni plus heureux.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras, soulignés
et note ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XLI a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XLI.
LES ÉCRIVAINS CANONIQUES SONT AUTANT D’ACCORD
ENTRE EUX QUE LES PHILOSOPHES LE SONT PEU. (à suivre…)
Mais laissons les historiens pour demander aux philosophes, qui semblent n’avoir eu d’autre but dans leurs études que de trouver le moyen d’arriver à la félicité, pourquoi ils ont eu tant d’opinions différentes, sinon parce qu’ils ont procédé dans cette recherche comme des hommes et par des raisonnements humains ? Je veux que la vaine gloire ne les ait pas tous déterminés à se départir de l’opinion d’autrui, afin de faire éclater la supériorité de leur sagesse et de leur génie et d’avoir une doctrine en propre; j’admets que quelques-uns, et même un grand nombre, n’aient été animés que de l’amour de la vérité; que peut la misérable prudence des hommes pour parvenir à la béatitude, si elle n’est guidée par une autorité divine ?
Voyez nos auteurs, à qui l’on attribue justement une autorité canonique: il n’y a pas entre eux la moindre différence de sentiment. C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner qu’on les ait crus inspirés de Dieu, et que cette créance, au lieu de se renfermer entre un petit nombre de personnes disputant dans une école, se soit répandue parmi tant de peuples, dans les champs comme dans les villes, parmi les savants comme parmi les ignorants. Du reste, il ne fallait pas qu’il y eût beaucoup de prophètes, de peur que leur grand nombre n’avilît ce que la religion devait consacrer, et, d’un autre côté, ils devaient être en assez grand nombre pour que leur parfaite conformité fût un sujet d’admiration.
Lisez cette multitude de philosophes dont nous avons les ouvrages; je ne crois pas qu’on en puisse trouver deux qui soient d’accord en toutes choses; mais je ne veux pas trop insister là-dessus, de peur de trop longs développements. Je demanderai cependant si jamais cette cité terrestre, abandonnée au culte des démons, a tellement embrassé les doctrines d’un chef d’école qu’elle ait condamné toutes les autres ? N’a-t-on pas vu en vogue dans la même ville d’Athènes, et les Épicuriens qui soutiennent que les dieux ne prennent aucun soin des choses d’ici-bas, et les Stoïciens qui veulent au contraire que le monde soit gouverné et maintenu par des divinités protectrices ? Aussi, je m’étonne qu’Anaxagore ait été condamné pour avoir dit que le soleil était une pierre enflammée et non pas un dieu 1, tandis Épicure a vécu en tout honneur et toute sécurité dans la même ville, quoiqu’il ne niât pas seulement la divinité du soleil et des autres astres, mais qu’il soutînt qu’il n’y avait ni Jupiter ni aucune autre puissance dans le monde à qui les hommes dussent adresser leurs vœux 2.
N’est-ce pas à Athènes qu’Aristippe 3 mettait le souverain bien dans la volupté du corps, au lieu qu’Antisthène 4 le plaçait dans la vigueur de l’âme, tous deux philosophes célèbres, tous deux disciples de Socrate, et qui pourtant faisaient consister la souveraine félicité en des principes si opposés ? De plus, le premier disait que le sage doit fuir le gouvernement de la république, et le second, qu’il y doit prétendre, et tous deux avaient des sectateurs. Chacun combattait avec sa troupe pour son opinion (à suivre)…
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1. Cléon le démagogue se porta l’accusateur d’Anaxagore, qui fut défendu par Périclès, son disciple et son ami. Voyez Diogène Laërce, lib. II, § 12 et 13. — 2. Saint Augustin paraît oublier qu’entre Anaxagore et Epicure deux siècles se sont écoulés. —3. Aristippe, de Cyrène, vint à Athènes où il entendit Socrate. Il se sépara de son maître pour fonder l’école dite Cyrénaïque, berceau de l’école épicurienne. — 4. Antisthène est le chef de cette école cynique tant et si justement discréditée par les folies, de ses adeptes, mais qui n’en garde pas moins l’honneur d’avoir légué au stoïcisme quelques-uns de ses plus mâles préceptes.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XLI a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XLI.
LES ÉCRIVAINS CANONIQUES SONT AUTANT D’ACCORD
ENTRE EUX QUE LES PHILOSOPHES LE SONT PEU. (suite)
(suite) Chacun combattait avec sa troupe pour son opinion; car on discutait au grand jour, sous le vaste et célèbre Portique 1, dans les gymnases, dans les jardins, dans les lieux publics, comme dans les demeures particulières. Les uns soutenaient qu’il n’y a qu’un monde 2, les autres qu’il y en a plusieurs 3; les uns que le monde a commencé, les autres qu’il est sans commencement; les uns qu’il doit finir, les autres qu’il durera toujours; ceux-ci qu’il est gouverné par une providence, ceux-là qu’il n’a d’autre guide que la fortune et le hasard. Quelques-uns voulaient que l’âme de l’homme fût immortelle, d’autres la faisaient mortelle; et de ceux qui étaient pour l’immortalité, les uns 4 disaient que l’âme passe dans le corps des bêtes par certaines révolutions, les autres rejetaient ce sentiment; parmi ceux au contraire qui la faisaient mortelle, les uns prétendaient qu’elle meurt avec le corps, les autres qu’elle vit après, plus ou moins de temps, mais qu’à la fin elle meurt 5. Celui-ci mettait le souverain bien dans le corps, celui-là dans l’esprit, un troisième dans tous les deux, tel autre y ajoutait les biens de la fortune 6. Quelques-uns disaient qu’il faut toujours croire le rapport des sens, les autres pas toujours, les autres jamais 7.
Quel peuple, quel sénat, quelle autorité publique de la cité de la terre s’est jamais mise en peine de décider entre tant d’opinions différentes, pour approuver les unes et condamner les autres ? Ne les a-t-elle pas reçues toutes indifféremment, quoiqu’il s’agisse en tout ceci, non pas de quelque morceau de terre ou de quelque somme d’argent, mais des choses les plus importantes, de celles qui décident du malheur ou de la félicité des hommes ? Car, bien qu’on enseignât dans les écoles des philosophes quelques vérités, l’erreur s’y débitait aussi en toute licence; de sorte que ce n’est pas sans raison que cette cité se nomme Babylone, c’est-à-dire confusion. Et il importe peu au diable, qui en est le roi, que les hommes soient dans des erreurs contraires, puisque leur impiété les rend tous également ses esclaves.
Mais il en est tout autrement de ce peuple, de cette cité, de ces Israélites à qui la parole de Dieu a été confiée; ils n’ont jamais confondu les faux prophètes avec les véritables, reconnaissant pour les auteurs des Ecritures sacrées ceux qui étaient en tout parfaitement d’accord. Ceux-là étaient leurs philosophes, leurs sages, leurs théologiens, leurs prophètes, leurs docteurs. Quiconque a vécu selon leurs maximes n’a pas vécu selon l’homme, mais selon Dieu qui parlait en eux. S’ils défendent l’impiété 1, c’est Dieu qui la défend. S’ils commandent d’honorer son père et sa mère 2,c’est Dieu qui le commande. S’ils disent: "Vous ne serez point adultère, ni homicide, ni voleur 3", ce sont autant d’oracles du ciel. Toutes les vérités qu’un certain nombre de philosophes ont aperçues parmi tant d’erreurs, et qu’ils ont tâché de persuader avec tant de peine, comme par exemple, que c’est Dieu qui a créé le monde et qui le gouverne par sa providence, tout ce qu’ils ont écrit de la beauté de la vertu, de l’amour de la patrie, de l’amitié, des bonnes œuvres et de toutes les choses qui concernent les mœurs, ignorant au surplus et la fin où elles doivent tendre et le moyen d’y parvenir, tout cela, dis-je, a été prêché aux membres de la Cité du ciel par la bouche des prophètes, sans arguments et sans disputes, afin que tout homme initié à ces vérités ne les regardât pas comme des inventions de l’esprit humain, mais comme la parole de Dieu même.
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1. Ce portique est celui où Zénon de Cittium, le fondateur de l’école stoïcienne, réunissait ses disciples. —2. C’est l’opinion des Stoïciens. —3. C’est l’opinion des Épicuriens. — 4. C’est la doctrine pythagoricienne, adoptée dans une certaine mesure par quelques platoniciens, rejetée par d’autres. —5. Sur ces divers systèmes, voyez Cicéron, Tusculanes, livre I. —6. Les Stoïciens plaçaient le souverain bien dans l’âme, les Epicuriens dans le corps, les Péripatéticiens dans tous les deux. — 7. Toujours croire aux sens, c’est le sentiment Épicure; y croire quelquefois, c’est le sentiment des Péripatéticiens et des Stoïciens; n’y croire jamais d’une manière absolue, c’est le sentiment commun de l’école pyrrhonienne et de la nouvelle Académie. —1. Exode XX, 3. — 2. Exode XX, 12. — 3. Exode XX, 13.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XLII a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XLII.
PAR QUEL CONSEIL DE LA DIVINE PROVIDENCE
L’ANCIEN TESTAMENT A ÉTÉ TRADUIT DE L’HÉBREU
EN GREC POUR ÊTRE CONNU DES GENTILS.
Un des Ptolémée, roi d’Egypte, souhaita de connaître nos saintes Écritures. Car après la mort d’Alexandre le Grand, qui avait subjugué toute l’Asie et presque toute la terre, et conquis même la Judée, ses capitaines ayant démembré son empire, l’Egypte commença à avoir des Ptolémée pour rois. Le premier de tous fut le fils de Lagus, qui emmena captifs en Egypte beaucoup de Juifs. Mais Ptolémée Philadelphe, son successeur, les renvoya tous en leur pays, avec des présents pour le temple, et pria le grand-prêtre Éléazar de lui donner l’Ecriture sainte pour la placer dans sa fameuse bibliothèque. Eléazar la lui ayant envoyée, Ptolémée lui demanda des interprètes pour la traduire en grec; de sorte qu’on lui donna septante et deux personnes, six de chaque tribu, qui entendaient parfaitement l’une et l’autre langue, c’est-à-dire le grec et l’hébreu.
Mais la coutume a voulu qu’on appelât cette version la version des Septante. On dit qu’ils s’accordèrent tellement dans cette traduction que, l’ayant faite chacun à part, selon l’ordre de Ptolémée, qui voulait éprouver par là leur fidélité, ils se rencontrèrent en tout, tant pour le sens que pour l’arrangement des paroles, si bien qu’il semblait qu’il n’y eût qu’un seul traducteur. Et il ne faut pas trouver cela étrange, puisqu’en effet ils étaient tous inspirés d’un même Esprit, Dieu ayant voulu, par un si grand miracle, rendre l’autorité de ces Ecritures vénérable aux Gentils qui devaient croire un jour, comme cela est en effet arrivé.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XLIII a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XLIII.
PRÉÉMINENCE DE LA VERSION DES
SEPTANTE SUR TOUTES LES AUTRES.
Bien que d’autres aient traduit en grec l’Ecriture sainte, comme Aquila, Symmaque, Théodotion 1, et un auteur inconnu, dont la traduction, à cause de cela, s’appelle la Cinquième, l’Eglise a reçu la version des Septante comme si elle était seule, en sorte que la plupart des Grecs chrétiens ne savent pas même s’il y en a d’autres. C’est sur cette version qu’a été faite celles dont les Eglises latines se servent, quoique de notre temps le savant prêtre Jérôme, très versé dans les trois langues, l’ait traduite en latin sur l’hébreu. Les Juifs ont beau reconnaître qu’elle est très fidèle, et soutenir au contraire que les Septante se sont trompés en beaucoup de points, cela n’empêche pas les Eglises de Jésus-Christ de préférer celle-ci, parce qu’en supposant même qu’elle n’eût pas été exécutée d’une manière miraculeuse, l’autorité de tant de savants hommes qui l’auraient faite de concert entre eux serait toujours préférable à celle d’un particulier. Mais la façon si extraordinaire dont elle a été composée portant des marques visibles d’une assistance divine, quelque autre version qu’on en fasse sur l’hébreu, elle doit être conforme aux Septante, ou si elle en paraît différente sur certaines choses, il faut croire qu’en ces endroits il y a quelque grand mystère caché dans celle des Septante. Le même Esprit qui était dans les prophètes, lorsqu’ils composaient l’Ecriture, animait les Septante, lorsqu’ils l’interprétaient.
Ainsi, il a fort bien pu tantôt leur faire dire autre chose que ce qu’avaient dit les Prophètes; car cette différence n’empêche pas l’unité de l’inspiration divine, tantôt leur faire dire autrement la même chose, de sorte que ceux qui savent bien entendre y trouvent toujours le même sens. Il a pu même passer ou ajouter quelque chose, pour montrer que tout cela s’est fait par une autorité divine, et que ces interprètes ont plutôt suivi l’Esprit intérieur qui les guidait, qu’ils ne se sont assujettis à la lettre qu’ils avaient sous les yeux. Quelques-uns ont cru qu’il fallait corriger la version grecque des Septante sur les exemplaires hébreux 1 : toutefois, ils n’ont pas osé retrancher ce que les Septante avaient de plus que l’hébreu; ils ont seulement ajouté ce qui était de moins dans les Septante, et l’ont marqué avec de certains signes, en forme d’étoiles qu’on nomme astérisques, au commencement des versets. Ils ont marqué de même avec de petits traits horizontaux, semblables aux signes des onces, ce qui n’est pas dans l’hébreu et se trouve dans les Septante, et l’on voit encore aujourd’hui beaucoup de ces exemplaires, tant grecs que latins, marqués de la sorte. Pour les choses qui ne sont ni omises ni ajoutées dans la version des Septante, mais qui sont seulement dites d’une autre façon que dans l’hébreu, soit qu’elles fassent un sens manifestement identique, soit que le sens diffère en apparence, quoique concordant en réalité, on ne les peut trouver qu’en conférant le grec avec l’hébreu.
Si donc nous ne considérons les hommes qui ont travaillé à ces Écritures que comme les organes de l’Esprit de Dieu, nous dirons pour les choses qui sont dans l’hébreu et qui ne se trouvent pas dans les Septante, que le Saint-Esprit ne les a pas voulu dire par ces prophètes, mais par les autres; et pour celles au contraire qui sont dans les Septante et qui ne sont pas dans l’hébreu, que le même Saint-Esprit a mieux aimé les dire par ces derniers prophètes que par les premiers, mais nous les regarderons tous comme des prophètes. C’est de cette sorte qu’il â dit-une chose par Isaïe, et une autre par Jérémie, ou la même chose autrement par celui-ci et par celui-là. Et quand enfin les mêmes choses se trouvent également dans l’hébreu et dans les Septante, c’est que le Saint-Esprit s’est voulu servir des uns et des autres pour les dire, car, comme il a assisté les premiers pour établir entre leurs prédictions une concordance parfaite, il a conduit la plume des seconds pour rendre leurs interprétations identiques.
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1. Aquila, dont il a été parlé plus haut, publia sa traduction sous Adrien, vers l’an 130 de J.-C. La version de Symmaque est de 200 ans environ de J.-C., sous Aurélien ou sous Sévère. Théodotion donna la sienne avant Symmaque, sous Commode, vers l’an 180. Outre les cinq versions dont parle saint Augustin, Il y en a une sixième qui fut publiée à Nicopolis, vers l’an 230. Voyez dans l’édition bénédictine d’Origène les remarques de Montfaucon sur les Hexaples. — (note complémentaire: (WIKI) Hexaples est un terme désignant une Bible polyglotte réunissant six versions différentes…qui plaçait côte à côte les versions suivantes: 1. Le texte consonantique Hébreu. 2. La translittération de l'hébreu en caractères grecs. 3. La traduction grecque d'Aquila de Sinope. 4 La traduction grecque de Symmaque. 5. La traduction grecque des Septante. 6. La traduction grecque de Théodotion. — 1. C’est l’opinion d’Origène, de Lucien le martyr, d’Hésychius et de saint Jérôme.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras, couleurs et note
complémentaire ajoutés.
à suivre…
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XLIV a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XLIV.
CONFORMITÉ DE LA VERSION
DES SEPTANTE ET DE L’HÉBREU.
Quelqu’un fera cette objection: Comment saurai-se ce que Jonas a dit en effet aux Ninivites et s’il leur a dit: "Encore trois jours", ou bien: "Encore quarante jours, et Ninive sera détruite 1 ?" Il est clair en effet que ce prophète, envoyé pour menacer Ninive d’une ruine imminente, n’a pu assigner deux termes différents et qui s’excluent l’un l’autre. Si l’on me demande lequel des deux il a marqué, je crois que c’est plutôt quarante jours, comme le porte l’hébreu. Car les Septante, qui sont venus longtemps après, ont très bien pu attribuer à Jonas d’autres paroles, lesquelles toutefois se rapportent parfaitement au sujet et expriment, quoique en d’autres termes, un seul et même sens, et cela pour inviter le lecteur à s’élever au-dessus de l’histoire et à, chercher ce qu’elle signifie, sans mépriser d’ailleurs en rien ni l’autorité des Septante ni celle de l’hébreu. Les événements prédits par Jonas se sont effectivement accomplis dans Ninive, mais ils en figuraient d’autres qui ne convenaient pas à cette ville; tout comme il est vrai que ce prophète fut effectivement trois jours dans le ventre de la baleine, et néanmoins il figurait un autre personnage qui devait demeurer dans l’enfer pendant ce temps, et celui-là est le Seigneur de tous les prophètes.
C’est pourquoi, si par Ninive était figurée l’Eglise des Gentils, qui a été détruite en quelque façon par la pénitence, en ce qu’elle n’est plus ce qu’elle était, comme c’est Jésus-Christ qui a opéré en elle ce changement, c’est lui-même qui est signifié, soit par les trois jours, soit par les quarante; par les quarante, parce qu’il demeura cet espace de temps avec ses disciples après sa résurrection, avant que de monter au ciel; et par les trois jours, parce qu’il ressuscita le troisième jour. Ainsi il semble que les Septante aient voulu réveiller l’esprit du lecteur qui se serait arrêté au récit historique, pour le porter à approfondir la prophétie qu’il contient,et lui aient dit en quelque sorte: Cherchez dans les quarante jours celui-là même en qui vous pourrez aussi trouver les trois jours; et vous verrez que l’un des deux termes assignés s’est accompli dans son ascension, et l’autre dans sa résurrection.
— Il a donc fort bien pu être désigné par l’un et par l’autre nombre dans le prophète Jonas d’une façon, dans la prophétie des Septante de l’autre, mais toujours par un seul et même Esprit. J’abrège, et ne veux pas rapporter beaucoup d’autres exemples où l’on croirait que les Septante se sont éloignés de la vérité hébraïque, quoique, bien entendu, on les y trouve parfaitement conformes. Aussi les Apôtres se sont-ils servis indifféremment de l’hébreu et de la version des Septante, en quoi j’ai cru devoir les imiter, parce que ce n’est qu’une même autorité divine. Mais poursuivons, selon nos forces, l’œuvre que nous avons à cœur d’accomplir.
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1. Jonas, III, 4.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XLV a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XLV.
DÉCADENCE DES JUIFS DEPUIS
LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE.
Du moment que les Juifs cessèrent d’avoir des prophètes, ils devinrent pires qu’ils n’étaient, bien que ce fût le temps où, la captivité de Babylone ayant pris fin et le temple étant rétabli, ils se flattaient de devenir meilleurs. C’est ainsi que ce peuple charnel entendait cette prophétie d’Aggée: "La gloire de cette dernière maison sera plus grande que celle de la première 1". Mais ce qui précède fait bien voir que le prophète parle ici du Nouveau Testament, lorsque, promettant clairement le Christ, il dit: "J’ébranlerai toutes ces nations, et celui que tous les peuples désirent viendra 1". Les Septante, de leur autorité de prophètes, ont rendu ces paroles dans un autre sens qui convient mieux au corps qu’à la tête, c’est-à-dire à l’Eglise qu’à Jésus-Christ. "Ceux, disent-ils, que le Seigneur a élus parmi toutes les nations, viendront"; suivant cette parole du Sauveur dans l’Evangile: "Il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus 2". En effet, c’est de ces élus des nations, comme de pierres vivantes, que la maison de Dieu est bâtie par le Nouveau Testament, maison bien plus illustre que le temple construit par Salomon et rétabli après la captivité de Babylone. Les Juifs ne virent donc plus de prophètes depuis ce temps-là, et eurent même beaucoup à souffrir des rois étrangers st des Romains, afin qu’on ne crût pas que cette prophétie d’Aggée eût été accomplie par le rétablissement du temple.
Peu de temps après, ils furent assujettis à l’empire d’Alexandre; et quoique ce prince n’ait pas ravagé leur pays, parce qu’ils n’osèrent lui résister, toutefois la gloire de cette maison, pour parler comme le prophète, n’était pas alors si grande que sous la libre domination de ses rois. Il est vrai qu’Alexandre immola des victimes dans le temple de Dieu, mais il le fit moins par une véritable piété que par une vaine superstition, croyant qu’il devait aussi adorer le Dieu des Juifs comme il adorait les autres dieux. Après la mort d’Alexandre, Ptolémée, fils de Lagus, emmena les Juifs captifs en Egypte, et ils ne retournèrent en Judée que sous Ptolémée-Philadelphe, son successeur, celui qui fit traduire l’Ecriture par les Septante. Ensuite ils eurent sur les bras les guerres rapportées aux livres des Machabées. Ils furent vaincus par Ptolémée Epiphane, roi d’Alexandrie, et contraints par les cruautés inouïes d’Antiochus, roi de Syrie, d’adorer les idoles; leur temple fut souillé de toutes sortes d’abominations, jusqu’à ce qu’il fût purifié de toute cette idolâtrie par la valeur de Judas Macchabée, grand capitaine, qui défit les chefs de l’armée d’Antiochus.
Peu de temps après, un certain Alcimus usurpa la souveraine sacrificature, quoiqu’il ne fût pas de la lignée sacerdotale, ce qui était un attentat. Cinquante ans s’écoulent, pendant lesquels, malgré quelques succès heureux, les Juifs ne furent pas en paix; Aristobule prend le diadème et se fait roi et grand prêtre tout ensemble. C’est le premier roi que les Juifs aient eu après la captivité de Babylone, tous les autres depuis ce temps-là n’ayant porté que la qualité de chefs ou de princes. Alexandre succéda à Aristobule dans le sacerdoce et la royauté, et l’on dit qu’il maltraita fort ses sujets. Sa femme Alexandra fut après lui reine des Juifs; et depuis, leurs maux augmentèrent toujours. Comme ses deux fils Aristobule et Hircan se disputaient l’empire, ils attirèrent les forces romaines contre les Juifs, parce que Hircan leur demanda secours contre son frère. Rome alors avait déjà dompté l’Afrique et la Grèce, et porté ses armes victorieuses en beaucoup d’autres parties du monde, en sorte qu’elle était comme accablée du poids de sa propre grandeur 1 .
Elle avait été tourmentée de furieuses séditions, qui furent suivies de la révolte des alliés et ensuite de guerres civiles, et les forces de la république étaient tellement abattues qu’elle ne pouvait encore subsister longtemps. Pompée, l’un des plus grands capitaines de Rome, étant entré en Judée, prit la ville de Jérusalem, ouvrit le temple comme vainqueur, et entra dans le Saint des saints; ce qui n’était permis qu’au grand prêtre. Après avoir confirmé le pontificat d’Hircan et établi Antipater gouverneur de la Judée, il emmena avec lui Aristobule prisonnier. Depuis ce temps, les Juifs devinrent tributaires des Romains; ensuite Cassius pilla le temple, et quelques années après, les Juifs eurent même pour roi un étranger qui fut Hérode, sous le règne duquel naquit le Messie. Le temps prédit par le patriarche Jacob en ces termes: "Les princes ne manqueront point dans la race de Juda, jusqu’à ce que vienne celui à qui la promesse est faite; et il sera l’attente des nations 2"; ce temps, dis-je, était déjà accompli. Les Juifs ne manquèrent donc point de rois de leur nation jusqu’à cet Hérode; et ainsi, le moment était venu où celui en qui reposent les promesses du Nouveau- Testament et qui est l’attente des nations devait paraître dans le monde. Or, les nations ne pourraient pas attendre, comme elles font, cet événement suprême où tous les hommes seront jugés par Jésus-Christ dans l’éclat de sa puissance, si elles ne croyaient à cet autre avènement où il a daigné, dans l’humilité de sa patience, subir le jugement des hommes.
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1. Aggée, II, 10.— 1. Aggée II, 8.— 2. Matthieu XXIX, 14. —1. Ces expressions sont relies de Tite-Live dans le préambule de son Histoire. —2. Genèse XLIX, 10.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques, gras et
soulignés ajoutés.
à suivre…
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XVIII — Histoire des Deux Cités. (Complet. — Table des Matières.)
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XVIII, cap XLVI a écrit:
LIVRE DIX-HUITIÈME: HISTOIRE DES DEUX CITÉS.
CHAPITRE XLVI.
NAISSANCE DU SAUVEUR ET DISPERSION
DES JUIFS PAR TOUTE LA TERRE.
Hérode régnait en Judée, et l’empereur Auguste avait donné la paix au monde, après que toute la constitution de la république eut été changée, quand le Messie, selon la parole du prophète cité tout à l’heure 1 , naquit à Bethléem, ville de Juda: homme visible, né humainement d’une vierge comme homme, Dieu caché, divinement engendré de Dieu le Père. Un autre prophète l’avait prédit en ces termes: "Voici venir le temps qu’une vierge concevra ou enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous 2". Il fit plusieurs miracles pour rendre sa divinité manifeste, et l’Évangile en rapporte quelques-uns qu’elle croit suffisants pour la prouver. Le premier est celui de sa naissance; le dernier est celui de sa résurrection et de son ascension au ciel. Peu après, les Juifs, qui l’avaient fait mourir et qui n’avaient pas voulu croire en lui, parce qu’il fallait qu’il mourût et qu’il ressuscitât, ont été chassés de leur pays par les Romains et dispersés dans toute la terre.
Et ainsi, par leurs propres Écritures, ils nous rendent ce témoignage, que nous n’avons pas inventé les prophéties qui parlent de Jésus-Christ. Plusieurs même d’entre eux les ayant considérées avant la passion, mais surtout après la résurrection, ont cru en lui, et c’est d’eux qu’il est dit: "Quand le nombre des enfants d’Israël égalerait le sable de la mer, les restes seront sauvés 3". Les autres ont été aveuglés, suivant cette prédiction: "Qu’en récompense, leur table devienne pour eux un piège et une pierre d’achoppement; que leurs yeux soient obscurcis, afin qu’ils ne voient point, et faites que leur dos soit toujours courbé 4". Ainsi, par cela même qu’ils n’ajoutent point foi à nos Ecritures, les leurs s’accomplissent en eux, encore qu’ils soient assez aveugles pour ne le pas voir.
Quelqu’un dira peut-être que les chrétiens ont supposé les prophéties des sibylles touchant Jésus-Christ, ainsi que quelques autres qui ne sont pas d’origine juive; mais, sans nous arrêter à celles-là, nous nous contentons de celles que nos ennemis nous fournissent malgré eux, et dont ils sont eux-mêmes les dépositaires; d’autant mieux que nous y trouvons prédite cette dispersion même dont les Juifs nous fournissent le témoignage éclatant. Chaque jour, ils peuvent lire dans les psaumes cette prophétie: "C’est mon Dieu; il me préviendra par sa miséricorde, Mon Dieu m’a dit en me parlant de mes ennemis: Ne les tuez pas, de peur qu’ils n’oublient votre loi; mais dispersez-les par votre puissance 1".
Dieu donc a fait voir sa miséricorde à l’Eglise dans les Juifs ses ennemis, parce que, comme dit l’Apôtre: "Leur crime est le salut des Gentils 2". Et il ne les a pas tués, c’est-à-dire qu’il n’a pas entièrement détruit le judaïsme, de peur qu’ayant oublié la loi de Dieu, ils ne nous pussent rendre le témoignage dont nous parlons. Aussi ne s’est-il pas contenté de dire: "Ne les tuez pas, de peur qu’ils n’oublient votre loi"; mais il ajoute: "Dispersez-les". Si avec ce témoignage des Ecritures ils demeuraient dans leur pays, sans être dispersés partout, l’Eglise, qui est répandue dans le monde entier, ne les pourrait pas avoir de tous côtés pour témoins des prophéties qui regardent Jésus-Christ.—
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1. Michée V, 2 - 2. Isaïe VII, 14. - 3. Isaïe X, 22.- 4. Psaume LXVIII, 27. —1. Psaume LVIII, 10. — 2. Romains XI, 11.
Traduction par M. SAISSET, 1869.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
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