Commandements de Dieu : explication du Saint Concile de Trente

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:16 am

Chapitre trente-cinquième — Du septième Commandement.


VOUS NE DÉROBEREZ POINT.


C’est une pratique fort ancienne dans l’Eglise que de chercher à pénétrer les Fidèles de la nature et de l’importance de ce Commandement. Nous en avons pour preuve ce reproche adressé par l’Apôtre à des hommes qui détournaient les autres des vices dont ils étaient eux-mêmes tout couverts. (4) « Vous instruisez les autres, et vous ne vous instruisez pas vous-mêmes. Vous prêchez qu’il ne faut pas voler, et vous volez vous-mêmes. » Grâce à cet enseignement, non seulement on parvenait à corriger les hommes de ce péché alors très fréquent, mais même on réussissait à apaiser les querelles, les procès et tous les autres maux que le vol amène ordinairement avec lui. Mais puisque malheureusement l’époque où nous vivons nous donne le spectacle des mêmes fautes avec les mêmes inconvénients et les mêmes malheurs qui en sont la suite, les Pasteurs se feront un devoir, à l’exemple des Saints Pères et des Maîtres de la discipline chrétienne, d’insister fortement sur ce point, et d’expliquer en détail, et avec tout le zèle possible, la nature et la portée de ce Commandement. Leur première occupation et leurs premiers soins seront de bien faire ressortir l’amour immense de Dieu pour nous. Il ne s’est pas contenté, en effet, ce Dieu infiniment bon, de mettre en sûreté notre vie, notre corps, notre honneur et notre réputation par ces deux préceptes: Vous ne tuerez point ; vous ne serez point adultère. Mais Il a voulu aussi par cet autre commandement, Vous ne déroberez point, entourer d’une sorte de garde, protéger et défendre tous nos biens extérieurs. Car quelle idée attacher à ces paroles, sinon celle que nous avons indiquée plus haut, en traitant des Commandements qui précèdent, à savoir, que Dieu défend de prendre ou d’endommager les biens d’autrui dont Il se déclare le Protecteur ? Or, plus le bienfait de la Loi divine est étendu, plus aussi nous devons être reconnaissants envers Dieu, qui en est l’Auteur. Et comme la meilleure manière d’avoir cette reconnaissance et de la Lui prouver, c’est non seulement de recevoir avec joie ses préceptes, mais encore de les pratiquer fidèlement, il faudra exciter (et enflammer) les Fidèles à observer exactement celui dont nous parlons.

Le septième Commandement — comme les précédents — se divise en deux parties: la première qui défend le vol, et qui est explicitement formulée ; la seconde qui est implicitement contenue et renfermée dans la première, et qui nous ordonne d’être bienfaisants et généreux envers nos semblables. Parlons d’abord de la première, Vous ne déroberez point.

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(4) Rom., 2, 21.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:16 am

§ I. — QU'EST-CE QUE LE VOL ?

Il y a lieu de faire remarquer tout d’abord que voler ne signifie pas seulement prendre quelque chose à quelqu’un, secrètement et malgré lui, mais encore retenir une chose contre la volonté de celui à qui elle appartient. Car il est impossible de s’arrêter même à la pensée que Dieu qui défend le vol, puisse approuver la rapine, qui est un vol commis avec violence et outrage. Et Saint Paul n’a-t-il pas dit, en propres termes: (1) « Les ravisseurs du bien d’autrui ne posséderont point le Royaume de Dieu. » C’est pourquoi il ajoute que nous devons éviter avec soin de les fréquenter et de les imiter. Cependant, quoique la rapine soit un péché plus grave que le simple vol — puisque non seulement elle enlève, mais enlève avec violence et insulte — ce n’est pas sans une raison profonde que Dieu, dans ce Commandement, s’est servi du mot vol qui est un terme plus adouci, et en même temps plus général et plus étendu que celui de rapine ; la rapine en effet ne peut être commise et consommée que par des êtres plus forts et plus audacieux que leur victime. Au surplus, tout le inonde comprendra que là où les fautes légères sont défendues, les fautes graves de même espèce le sont aussi, et nécessairement.

La possession et l’usage injustes du bien d’autrui prennent des noms différents, selon la diversité des choses qui sont soustraites à leurs propriétaires, malgré eux et à leur insu. Ainsi enlever quelque chose à un particulier, cela s’appelle un vol. Enlever le bien public, c’est un péculat. Réduire en servitude une personne libre ou s’approprier l’esclave d’un autre, c’est un plagiat. Dérober une chose sacrée, c’est un sacrilège. C’est le péché le plus énorme et le plus détestable qu’on puisse commettre contre ce Commandement: et pourtant, hélas ! il est très commun de nos jours. Des biens que la sagesse et la piété avaient voulu absolument consacrer au service divin, aux Ministres de l’Eglise et au soulagement des pauvres ne sont-ils pas détournés trop souvent pour satisfaire les passions et les plaisirs coupables de ceux qui les ont ravis ?

Mais ce précepte ne défend pas seulement le vol proprement dit, c’est-à-dire l’action extérieure du vol, il en défend aussi le désir et la volonté. C’est qu’en effet, il y a une loi spirituelle qui atteint le cœur, source de nos pensées et de nos résolutions. « Car c’est du cœur, dit Notre-Seigneur dans Saint Matthieu (1), que viennent les mauvaises pensées, les homicides, les impudicités, les vols et les faux témoignages. »

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(1) Cor., 6, 10. — (1) Matth., 15, 19.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:17 am

§ II. — LE VOL EST UN GRAND PÉCHÉ.

Les lumières naturelles et la raison seule suffisent pour nous faire comprendre la gravité de ce péché. En effet, le vol est entièrement contraire à la justice, qui attribue à chacun ce qui lui appartient. La distribution et le partage des biens, établis dès l’origine par le droit des gens, confirmés d’ailleurs par les Lois divines et humaines, doivent être tellement inviolables, que chacun puisse posséder paisiblement ce qui lui appartient de droit ; sans quoi la société est impossible.. Aussi, comme le dit l’Apôtre (1), « Ni les voleurs, ni les avares, ni tes ivrognes, ni les médisants, ni les ravisseurs du bien d’autrui ne posséderont le Royaume de Dieu. »

L’énormité de ce péché et l’horreur qu’il doit inspirer se révèlent encore par les suites funestes qu’il trame après lui. Il est la source d’une foule de jugements indiscrets et téméraires sur un grand nombre de personnes ; il produit des haines, des inimitiés, et quelquefois même des condamnations terribles de personnes innocentes.

D’ailleurs Dieu ne fait-il pas une obligation rigoureuse de réparer le dommage qu’on a causé à son semblable en lui dérobant son bien ? « Point de rémission du péché, dit Saint Augustin (2) , sans la restitution de l’objet enlevé. » Mais cette restitution, pour les personnes habituées à s’enrichir aux dépens du prochain, ne présente-t-elle pas les plus grandes difficultés ? chacun peut en juger par soi-même et par la conduite ordinaire des autres. Dans tous les cas, voici ce qu’en pense le Prophète Habacuc (3): « Malheur à celui qui amasse des biens qui ne lui appartiennent pas, et qui ne cesse de s’entourer d’une boue épaisse !» Cette boue épaisse, c’est la possession du bien d’autrui. Il est bien difficile d’en sortir et de s’en débarrasser.

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(1) 1 Cor., 6, 10. — (2) S. Aug. Epist., 54. — (3) Hab., 2, 6.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:17 am

§ III. — DIFFÉRENTES ESPÈCES DE VOL.

Il y a tant d’espèces différentes de vols, qu’il serait très difficile de les énumérer toutes. II suffira d’expliquer avec soin le vol et la rapine, qui sont les deux espèces auxquelles se rapporte tout ce que nous allons dire sur ce sujet. Le Pasteur fera donc tous ses efforts et ne négligera rien pour inspirer aux Fidèles une vive horreur de ce crime et pour les en détourner. Parlons d’abord de la première espèce.

On se rend coupable de vol, quand on achète des choses volées, ou que l’on garde celles qui ont été trouvées, saisies, ou enlevées de quelque manière que ce soit. « Trouver et ne pas rendre, dit Saint Augustin (1), c’est prendre ! » Toutefois, si l’on ne peut en aucune façon découvrir celui à qui appartient l’objet trouvé, il faut en faire profiter les pauvres. Celui qui ne veut pas restituer dans ce cas montre bien qu’il serait prêt à dérober tout ce qui lui tomberait sous la main, s’il pouvait l’emporter.

On commet le même crime lorsque, en vendant, ou en achetant, on a recours à la fraude et à des paroles mensongères. Ces fraudes et ces mensonges sont toujours punis de Dieu. Mais les plus coupables et les plus iniques en ce genre de vol sont ceux qui vendent comme bonnes et parfaites, des marchandises falsifiées et corrompues, ou qui trompent les acheteurs sur le poids, la mesure, le nombre et la règle. On lit dans le Deutéronome (2): « Vous n’aurez point dans votre sac deux poids différents ; » et dans le Lévitique (3): « Ne faites point tort par vos jugements, par vos poids et vos mesures. Que vos balances, vos poids, vos setiers et vos boisseaux soient justes ! » on lit aussi dans un autre endroit (4) : « Le double poids est une abomination aux yeux de Dieu ; la balance frauduleuse n’est pas bonne. »

Il y a encore vol évident, lorsque des ouvriers et des artisans n’ont pas travaillé d’une manière suffisante et comme ils le devaient, et que néanmoins ils exigent leur salaire en entier. Il faut dire la même chose des serviteurs et des gardiens infidèles. Et même ces sortes de voleurs sont beaucoup plus condamnables que les autres, car les clés défendent au moins contre les voleurs ordinaires, tandis qu’il n’y a rien de caché, ni de fermé pour le voleur domestique.

Sont aussi probablement coupables de vol, ceux qui par des discours pleins de dissimulation et d’artifice, ou par une feinte pauvreté, parviennent à extorquer de l’argent ; et même leur faute est d’autant plus grave qu’ils joignent le mensonge au vol.

Enfin il faut mettre aussi au nombre des voleurs ceux qui, étant payés pour remplir quelque fonction particulière ou publique, n’y donnent que peu ou point de temps, négligent leur charge, mais n’oublient point d’en toucher les profits et les émoluments.

Il existe une multitude d’autres manières de voler. Toutes viennent de l’avarice si ingénieuse à découvrir les moyens d’avoir de l’argent. II serait trop long, et même presque impossible, comme nous l’avons dit, d’en faire l’énumération.

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(1) S. Aug. Lib., 50. Hom., 9. — (2) Deut., 25, 13. — (3) Lev., 19, 35. — (4) Prov., 20, 23.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:17 am

§ IV. — DE LA RAPINE.

La rapine est la seconde espèce de vol. Mais avant de l’expliquer aux Fidèles, il importe grandement que le Pasteur leur rappelle ces paroles de l’Apôtre (1): « Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans le piège du démon. » Qu’il ne laisse jamais non plus oublier ce précepte (1). « Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le leur aussi ; » ni cet autre (2) : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas que l’on vous fit à vous-même. »

La rapine s’étend très loin. Ainsi, ceux qui ne paient point leur salaire aux ouvriers, sont de véritables ravisseurs. Saint Jacques les invite à la pénitence en ces termes: (3) « Allons, riches, pleurez maintenant, poussez des cris et des hurlements à cause des malheurs qui doivent fondre sur vous. » Et il leur en donne la raison en disant: « Voilà que le salaire que vous dérobez aux ouvriers qui ont moissonné vos champs crie contre vous, et que ces cris sont montés jusqu’aux oreilles du Dieu des armées. » Ce genre de rapine est absolument réprouvé dans le Lévitique, dans le Deutéronome, dans Malachie et dans Tobie.

Sont également coupables de rapine: ceux qui ne paient point à l’Eglise et aux princes les impôts, les tributs, les dîmes et tout ce qui leur est dû, ou bien qui le détournent à leur profit: les usuriers, ces ravisseurs si durs et si cruels qui pillent le pauvre peuple, et l’écrasent de leurs intérêts exorbitants. — L’usure est tout ce qui se perçoit au delà de ce qui a été prêté, soit argent, soit autre chose qui puisse s’acheter et s’estimer à prix d’argent. — II est écrit dans le Prophète Ezéchiel (4) : « Ne recevez ni usure ni rien au delà de votre prêt. » Et Notre-Seigneur nous dit dans Saint Luc (5) : « Prêtez sans rien espérer de là. » Ce crime fut toujours très grave et très odieux, même chez les païens. De là cette maxime: Qu’est-ce que prêter à usure ? Qu’est-ce que tuer un homme ? pour marquer qu’à leurs yeux, il n’y avait pas de différence. En effet, prêter à usure, n’est-ce pas, en quelque sorte, vendre deux fois la même chose, ou bien vendre ce qui n’est pas ?

Sont coupables aussi de rapine ces juges à l’âme vénale, qui vendent la justice, qui se laissent corrompre par l’argent et les présents, et font perdre les meilleures causes aux petits et aux pauvres.

Il en est de même de ceux qui trompent leurs créanciers, qui nient leurs dettes, ou qui, ayant obtenu du temps pour payer, achètent des marchandises sur leur parole, ou sur la parole d’un autre, et qui finalement ne paient point. Leur faute est d’autant plus grave, que les marchands prennent occasion de leur infidélité et de leurs tromperies pour vendre tout beaucoup plus cher au détriment de tous. C’est bien à eux que semble s’appliquer cette plainte de David (1) « Le pécheur empruntera, et il ne paiera point. »

Que dirons-nous de ces riches qui poursuivent des débiteurs insolvables, leur réclament avec la dernière rigueur ce qu’ils ont prêté, et ne craignent pas de retenir pour gage, contre la défense de Dieu, même les choses qui sont nécessaires à ces malheureux ? « Si vous prenez en gage, dit le Seigneur (2) , le vêtement de votre prochain, vous le lui rendrez avant le coucher du soleil, car c’est le seul qu’il possède pour se couvrir et sur quoi dormir. S’il crie vers Moi, Je l’exaucerai parce que Je suis miséricordieux. » Nous n’avons donc pas tort d’appeler rapacité, et par conséquent rapine, la dureté de créanciers si cruels.

Les saints Pères mettent aussi au nombre des ravisseurs, ou hommes de rapine, ceux qui dans une disette accaparent le blé, et sont cause que la vie devient chère et très dure. Il en est de même pour toutes les autres choses nécessaires à la nourriture et à la subsistance. C’est sur eux que tombe la malédiction de Salomon (1) : « Quiconque cache le blé, sera maudit du peuple. » Les Pasteurs ne craindront point de les avertir du mal énorme qu’ils font, de les reprendre sans ménagement, et de mettre sous leurs yeux tous les châtiments réservés à de pareils crimes.

Voilà ce que le 7 eCommandement nous défend. Venons maintenant à ce qu’il nous ordonne.

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(1)1 Tim., 6, 9. — (1) Matth., 7, 12. — (2) Tob., 4, 16. — (3) Jac., 5, 1. — (4) Ezech., 18, 8. — (5) Luc., 6, 35. — (1) Ps., 36, 21. — (2) Exod., 22, 26. — (1) Prov., 11, 26.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:18 am

§ V. — DE LA RESTITUTION.

La première chose que ce Commandement nous ordonne, c’est la restitution. [Rappelons-nous le mot de Saint Augustin]: « Point de rémission du péché, sans la restitution de l’objet volé. » Et comme l’obligation de restituer n’atteint pas seulement celui qui a perpétré le vol [de ses propres mains], mais encore tous ceux qui y ont participé de quelque manière que ce soit, il est nécessaire que les Pasteurs enseignent clairement comment on peut tremper dans le vol et la rapine, afin qu’on sache bien quelles sont les personnes qui ne peuvent se soustraire à cette loi de la satisfaction et de la restitution.

Nous nous trouvons ici en face de plusieurs catégories.

La première comprend ceux qui commandent expressément de voler. Ceux-là non seulement sont les complices et les auteurs du vol, mais à vrai dire, ils sont plus coupables que tous les autres.

La seconde renferme ceux qui se bornent à être les conseillers et les instigateurs du vol, parce qu’ils n’ont pas assez d’autorité pour le commander ; ils sont aussi coupables que les premiers, et doivent être placés sur la même ligne, quoique leur action ne soit pas la même.

La troisième se compose de ceux qui sont d’intelligence avec les voleurs.

La quatrième, de ceux qui participent au vol et qui en retirent quelque profit, si toutefois il est permis d’appeler profit ce qui leur vaudra un éternel supplice, à moins qu’ils ne viennent à résipiscence. C’est de cette espèce de voleurs que David vent parler quand il dit (1) : « Lorsque vous voyiez un voleur, vous couriez avec lui. »

La cinquième compte ceux qui, pouvant parfaitement empêcher le vol, le souffrent et le permettent, bien loin de s’y opposer et de le rendre impossible.

La sixième, ceux qui, sachant très bien qu’un vol a été commis, et où il a été commis, non seulement n’en disent rien, mais même vont jusqu’à feindre de n’en rien savoir.

La septième et dernière, tous ceux qui se font les aides des voleurs, leurs gardiens, leurs protecteurs, qui au besoin leur fournissent asile et domicile. — tous ceux qui participent au vol de l’une ou l’autre de ces manières, sont tenus de satisfaire à ceux qui ont été volés, et il ne faut pas négliger de les exhorter fortement à l’accomplissement de cet indispensable devoir.

Il est difficile d’exempter entièrement du péché de vol ceux qui le louent et l’approuvent. Et il faut dire la même chose des enfants de famille et des femmes qui ne craignent pas de dérober de l’argent à leurs parents et à leurs maris.

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(1) Ps., 49, 19.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:18 am

§ VI. — DES ŒUVRES DE MISÉRICORDE.

Le 7e Commandement nous impose encore une autre obligation. Il veut que nous ayons compassion des pauvres et des malheureux, et que nous sachions employer nos ressources et nos moyens pour les soulager dans leurs besoins et leur détresse. Or, ce sujet étant un de ceux qui demandent à être traités très fréquemment, d’une manière très étendue, les Pasteurs puiseront leurs développements dans les ouvrages de très saints Auteurs, comme Saint Cyprien, Saint Jean Chrysostome, Saint Grégoire de Naziance et d’autres encore qui ont écrit de si belles pages sur l’aumône. Ainsi ils n’auront aucune peine à s’acquitter de leur devoir. Ils chercheront à enflammer les Fidèles du désir et de l’ardeur de secourir ceux qui ne vivent que de la charité d’autrui. Mais surtout ils voudront leur montrer clairement combien il est pour eux nécessaire de faire l’aumône — c’est-à-dire de venir généreusement en aide aux malheureux, et par leur argent et par leurs soins — en leur rappelant cette vérité, impossible à nier, que Dieu, au jour suprême du jugement, repoussera honteusement et enverra au feu éternel de l’Enfer ceux qui auront omis et négligé le devoir de l’aumône, tandis qu’au contraire il comblera de louanges et introduira dans le ciel ceux qui auront fait du bien aux indigents. C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même qui a prononcé cette double sentence: (1) « Venez, les bénis de mon Père, possédez le Royaume qui vous a été préparé » et « Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel ! »

En outre les Prêtres auront soin de citer aux Fidèles d’autres textes de la Sainte Ecriture, bien faits pour les convaincre. (1) « Donnez, et l’on vous donnera ! »

Ils insisteront sur cette autre promesse de Dieu, la plus riche et la plus magnifique qui se puisse imaginer: (2) « Personne ne quittera pour Moi (ce qu’il possède), qu’il n’en reçoive cent fois autant dans cette vie, et le salut éternel dans l’autre. »

Il ne manquera pas d’ajouter ces autres paroles du Sauveur: (3) « Employez les richesses d’iniquité à vous acquérir des amis, afin que lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels. »

Puis, en développant les différentes parties de ce devoir sacré, ils s’appliqueront à bien faire comprendre que ceux qui ne sont pas en situation de donner aux pauvres, doivent au moins leur prêter de bonne grâce, selon ce Commandement du Seigneur: (4) « Prêtez, sans rien espérer de votre prêt. » Et David a exprimé en ces termes le mérite d’une telle conduite: (5) « Heureux celui qui a compassion des pauvres et qui leur prête ! »

_________________________________________________________

(1) Matth., 25, 34-41. — (1) Luc, 6, 38. — (2) Marc., 10, 19. — (3) Luc., 16, 9. — (4) Luc., 6, 36. — (5) Ps., 111, 5.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:19 am

§ VII. — DE IL FAUT SE METTRE EN ÉTAT
DE FAIRE L'AUMÔNE.

Si l’on n’a pas les moyens de venir en aide à ceux qui attendent leur vie de la compassion des autres, la piété chrétienne veut qu’on se mette en état de soulager leur détresse, en s’occupant pour eux, en travaillant de ses mains, s’il le faut. Ce sera en même temps un excellent moyen de fuir l’oisiveté. C’est à quoi l’Apôtre Saint Paul exhorte tous les Fidèles par son propre exemple, quand il écrit aux Thessaloniciens: (1) « Vous savez bien que vous êtes obligés de nous imiter. » Et dans une autre Epître il dit encore aux mêmes: (2) « Appliquez-vous à vivre en repos, faites ce qui est de votre devoir, et travaillez de vos propres mains, ainsi que nous vous l’avons commandé. » Et aux Ephésiens: (3) « Que celui qui dérobait, ne dérobe plus désormais, mais plutôt qu’il s’occupe en travaillant des mains à quelque ouvrage utile, afin qu’il ait de quoi soulager celui qui est dans le besoin. »

Enfin il faut vivre avec frugalité, et faire en sorte d’épargner le bien d’autrui, afin de n’être pas à charge, ni insupportable aux autres. Cette vertu, qui est la tempérance, brille d’une manière admirable dans la personne de tous les Apôtres, mais elle éclate surtout dans Saint Paul, qui a le droit d’écrire en ces termes aux Thessaloniciens: (4) « Vous vous souvenez, mes Frères, des peines et des fatigues que nous avons essuyées en travaillant jour et nuit, pour n’être à charge à aucun de vous pendant que nous vous annoncions l’Evangile de Dieu », et qui répète dans un autre endroit: « Nous avons été accablé de travail le jour et la nuit pour n’être à charge à personne. »

___________________________________

(1) 2 Thess., 3, 7. — (2) 1 Thess., 4, 11. — (3) Eph., 4, 28. — (4) 1 Thess., 2, 9.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:19 am

§ VIII. — CHÂTIMENTS DU VOL: RÉCOMPENSES
DES ŒUVRES DE MISÉRICORDE.

Mais afin d’inspirer aux Fidèles une horreur plus vive encore pour toute espèce de vols, les Pasteurs auront soin de leur montrer dans les Prophètes et les autres Auteurs sacrés, combien ces actions criminelles sont en exécration devant Dieu, et quelles menaces effrayantes Il a voulu faire à ceux qui les commettent: (1) « Ecoutez ceci, s’écrie le Prophète Amos, vous qui dévorez le pauvre et qui faites languir tous les indigents ; vous qui dites: quand sera passée la néoménie, afin que nous puissions vendre nos récoltes ? quand finira le Sabbat, afin que nous puissions ouvrir nos greniers ? Vous qui diminuez l’Epha, qui augmentez le poids du sicle et qui vous servez de balances trompeuses. »

Les mêmes menaces se trouvent dans Jérémie, dans les Proverbes et dans l’Ecclésiastique. Et on ne peut douter que la plupart des maux dont souffre notre siècle ne remontent à ces causes.

Au surplus, afin d’accoutumer les Chrétiens à exercer envers les pauvres et les malheureux tous les offices de libéralité et de bienfaisance qui se rapportent à cette seconde partie du septième Commandement, les Pasteurs ne manqueront pas de faire briller à leurs yeux les splendides récompenses que Dieu réserve en cette vie et en l’autre à ceux qui se seront montrés bons et charitables envers les pauvres.

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(1) Amos, 8, 4, 5.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:20 am

§ IX. — EXCUSES DES VOLEURS.

Il ne manque pas de gens qui cherchent à excuser même leurs vols. Aussi bien, faut-il leur déclarer positivement que leur péché sera sans excuse devant Dieu. II y a plus loin de diminuer leur faute, ils l’aggravent singulièrement en voulant la justifier. Il ne faut donc pas tolérer le luxe et les plaisirs de certains nobles, qui pensent atténuer leur crime en soutenant que s’ils s’emparent du bien d’autrui, ce n’est ni par cupidité, ni par avarice, mais seulement pour conserver la grandeur de leur famille et de leurs ancêtres, dont la considération et la dignité périraient, s’ils ne pouvaient plus les maintenir avec le bien des autres. Il faut détruire cette erreur pernicieuse, en leur faisant voir qu’il n’y a qu’un moyen légitime de conserver et d’augmenter leurs biens, la puissance et la gloire de leurs ancêtres, c’est d’obéir à la volonté de Dieu et d’observer ses Commandements. Que le mépris de ces Commandements peut causer la ruine des familles les plus riches et les mieux établies, précipiter les rois de leur trône, et du faîte des honneurs, et obliger Dieu, en quelque sorte, à élever à leur place des hommes de basse extraction. Et pour qui ils n’avaient que de la haine et du mépris. C’est ainsi que ces orgueilleux enflamment contre eux la colère de Dieu, et d’une manière terrible. Ecoutons plutôt ces paroles que le Prophète Isaïe met dans la bouche de Dieu même: (1) « Tes princes sont infidèles ; ils sont d’intelligence avec les voleurs ; ils aiment les présents ; ils recherchent les récompenses ; c’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur, le Dieu des armées, le Dieu fort d’Israël malheur à eux ; le temps viendra où Je me réjouirai de la perte de mes ennemis, et où Je me vengerai d’eux ; au lieu que Je te prendrai sous ma protection, et Je te purifierai de toutes tes souillures. »

D’autres, [pour essayer de se justifier] ne parlent pas de la splendeur et de la gloire de leur maison ; ils ne prennent le bien d’autrui, disent-ils, que pour mener une vie plus facile et plus élégante. Il faut les réfuter aussi et leur montrer combien leurs paroles et leurs actions sont impies, puisqu’ils ne craignent pas de mettre les avantages et les douceurs de la vie au-dessus de la volonté et de la gloire de Dieu, que nous offensons étrangement en négligeant ses préceptes. D’ailleurs, quels avantages peut-il y avoir dans le vol qui a des conséquences si funestes ? « Le voleur, dit l’Ecclésiastique (1), sera couvert de confusion et dévoré par les remords. » Mais en supposant même qu’il n’y ait rien de semblable à craindre, est-ce que le vol ne déshonore point le nom adorable de Dieu ? n’est-il pas contraire à sa très sainte volonté ? ne méprise-t-il pas ses préceptes les plus salutaires ? et par le fait, ne devient-il pas la source de toutes les erreurs, de tous les crimes, de toutes les impiétés ?

Faut-il ajouter que l’on entend quelquefois des voleurs soutenir qu’ils ne sont aucunement coupables, parce que s’ils prennent quelque chose, c’est à des gens riches et dans l’abondance, tellement riches, qu’ils n’en éprouvent aucun dommage, si même ils s’en aperçoivent. Cette excuse n’en est pas une. Elle est aussi misérable que criminelle.

Un autre va jusqu’à s’imaginer qu’il est parfaitement excusé, parce que…

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(1) Is., 1, 23, et seq. — (1) Eccl., 5, 17.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:20 am

§ IX. — EXCUSES DES VOLEURS.

(suite)

Un autre va jusqu’à s’imaginer qu’il est parfaitement excusé, parce que, dit-il, il a contracté une si grande habitude de prendre le bien d’autrui qu’il ne peut plus s’en empêcher. Mais si ce malheureux n’écoute pas le conseil de l’Apôtre qui lui dit: (2) « Que celui qui dérobait, ne dérobe plus, » il faudra bien qu’il s’habitue, qu’il le veuille ou non, à endurer les éternels supplices.

Plusieurs, pour excuser leurs larcins, se rejettent sur l’occasion. C’est en effet un proverbe banal, à force d’être répété, que « l’occasion fait le larron ». Mais il faut absolument les détromper, en leur rappelant que nous sommes obligés de résister à nos penchants déréglés. Car en vérité s’il fallait mettre sur-le-champ à exécution tout ce que la passion inspire, où s’arrêterait-on dans le crime, le désordre et l’infamie ? c’est donc une excuse tellement honteuse, qu’elle est plutôt l’aveu d’une extrême faiblesse de volonté, et d’une injustice criante.

D’autre part, prétendre qu’on ne pèche point, parce qu’on ne se trouve pas dans l’occasion, n’est-ce pas avouer, pour ainsi dire, que l’on pécherait sans cesse, si l’occasion ne cessait de se présenter ?

Il en est aussi qui soutiennent qu’ils sont en droit de voler pour se venger des torts dont ils ont été victimes. Il faut leur répondre, premièrement qu’il n’est permis à personne de se venger, ensuite que nul n’est juge dans sa propre cause, et que par conséquent il est encore bien moins permis de punir quelqu’un pour des injustices que d’autres auront commises contre vous.

Enfin on en rencontre qui croient que leur vol est assez justifié et non répréhensible, parce qu’ils le commettent pour payer des dettes accablantes dont ils ne pourraient se libérer autrement. A de tels hommes il faut montrer que de toutes les dettes, la plus lourde, la plus accablante pour le genre humain est celle dont nous parlons à Dieu chaque jour dans l’Oraison dominicale: Remettez-nous nos dettes ; (1) que par suite, c’est une insigne folie d’augmenter sa dette envers Dieu, c’est-à-dire ses péchés, pour s’acquitter envers les hommes ; qu’il vaut infiniment mieux être jeté dans un cachot que d’être un jour livré aux feux éternels de l’enfer ; qu’il est bien plus terrible d’être condamné au tribunal de Dieu qu’au tribunal des hommes ; et enfin qu’ils doivent recourir avec confiance à la bonté de ce même Dieu, toujours prêt à les assister et à leur accorder tout ce qui leur est nécessaire.

Il ne manque pas d’autres prétextes dont on se sert pour essayer de justifier le vol. Des Pasteurs zélés, habiles et appliqués, les réfuteront sans peine, de manière à former et à posséder un peuple (1) « fidèle à pratiquer les bonnes œuvres. »

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(2) Eph., 4, 28. — (1) Matth., 6, 12. — (1) Tit., 2, 14.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:22 am

Chapitre trente-sixième — Du huitième Commandement.


VOUS NE PORTEREZ POINT DE FAUX
TÉMOIGNAGE CONTRE VOTRE PROCHAIN.


Voici une raison capable de nous faire comprendre qu’il est non seulement utile, mais nécessaire d’expliquer très souvent ce précepte, et de rappeler à tous les devoirs qu’il impose. Nous voulons parler de la déclaration si autorisée de l’Apôtre Saint Jacques, lequel ne craint pas d’affirmer que « celui qui ne pèche point en paroles est un homme parfait » (1) et un peu plus loin ajoute: « La langue n’est qu’une petite partie du corps, et cependant quels effets ne produit-elle pas ! Il ne faut qu’une étincelle pour embraser une grande forêt », et le reste qui est dans le même sens. — Ces paroles nous apprennent deux choses: la première, que le péché de la langue est extrêmement répandu. C’est ce que nous confirme de son côté le Prophète David. « Tout homme est menteur », dit-il (2), comme si ce péché était le seul qui pût s’étendre à tous les hommes. La seconde, c’est qu’il est la source de maux innombrables. Car souvent le coup de langue du médisant cause la perte de la fortune, de la réputation, de la vie, du salut même, soit pour celui qui est atteint par la médisance, parce qu’il supporte mal l’injure qu’on lui fait, et qu’il manque de courage pour ne s’en point venger, soit pour celui qui est l’auteur de l’offense, parce que, victime d’une mauvaise honte et de la crainte exagérée du qu’en dira-t-on, il ne peut se déterminer à donner satisfaction à celui qu’il a blessé. C’est pourquoi il ne faut pas manquer d’exhorter les Fidèles à rendre à Dieu les plus vives actions de grâces de ce qu’il a défendu expressément le faux témoignage, en nous donnant un précepte très salutaire, qui ne nous interdit pas seulement d’injurier les autres, mais qui nous protège encore, si on l’observe, contre les injures que les autres seraient tentés de nous faire.

Afin de garder, en expliquant ce précepte, le même ordre et la même marche que dans ceux qui précèdent, nous avons à remarquer qu’il renferme deux prescriptions distinctes: l’une négative, qui nous défend de porter faux témoignage, l’autre positive, qui nous ordonne d’écarter résolument de notre conduite toute dissimulation et tout mensonge, et de mesurer nos paroles et nos actes sur la simple vérité. Double devoir que l’Apôtre Saint Paul rappelait aux Ephésiens, quand il leur disait: (1) « Ne séparons pas la vérité de la charité, afin de croître en Jésus-Christ dans toutes choses. »

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(1) Jac., 3, 2. — (2) Ps., 115, 11. — (1) Eph., 4, 15.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:23 am

§ I. — DU FAUX TÉMOIGNAGE.

On entend ordinairement par faux témoignage tout ce qui est affirmé et soutenu de quelqu’un, contre la vérité, en bonne ou en mauvaise part, devant la justice ou non. Cependant le faux témoignage qui nous est spécialement défendu par ce précepte, c’est celui qui se fait en justice, avec serment, contre la vérité. Car si le témoin jure par le nom même de Dieu, c’est parce qu’un témoignage qui s’appuie sur ce nom sacré n’en acquiert que plus de poids et d’autorité. Mais d’autre part comme ce témoignage est très dangereux dans ses conséquences, Dieu le défend d’autant plus fortement. C’est qu’en effet le juge lui-même n’a pas le droit de récuser des témoins qui affirment avec serment, s’ils ne tombent pas sous les exceptions prévues par la Loi, ou bien s’ils ne sont pas reconnus pour gens de mauvaise foi et sans aucune probité. Et la raison en est que la Loi divine nous ordonne expressément de tenir « pour constant et véritable le témoignage de deux ou trois personnes » (1). — Mais afin que les Fidèles comprennent parfaitement la nature et l’étendue de ce précepte, il importe avant toutes choses de bien leur apprendre ce qu’il faut entendre par le prochain, contre qui il est défendu de porter faux témoignage.

Or, le prochain, selon l’enseignement de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est tout homme quia besoin de nous, qu’il nous soit proche ou éloigné, concitoyen ou étranger, ami ou ennemi.

C’est un crime en effet de penser qu’on puisse faire un faux témoignage contre des ennemis, lorsque Dieu et notre Seigneur nous font un précepte de les aimer.

Mais il y a plus ; comme chacun de nous, dans un certain sens, est à soi-même son prochain, personne n’a le droit de porter contre soi-même un faux témoignage. Ceux qui ont le malheur de commettre un pareil crime, en se diffamant et en se couvrant de honte, se nuisent à eux-mêmes d’abord, et en même temps ils font tort à l’Eglise, comme ceux qui se suicident nuisent à la société. C’est l’enseignement formel de Saint Augustin (1) « Les personnes peu éclairées, dit-il, pourraient penser qu’il n’est pas défendu de se porter comme faux témoin contre soi-même, parce que dans la formule du Commandement il est dit seulement: « contre le prochain » ; mais que celui qui a fait contre lui-même une déposition fausse n’aille pas se croire innocent, puisque la règle de l’amour du prochain, c’est de l’aimer comme soi-même. »

Et parce qu’il nous est défendu de faire tort au prochain par le faux témoignage, il faut bien nous garder d’en conclure que le parjure nous est permis pour rendre quelque service ou procurer quelque avantage à ceux qui nous sont unis par les liens du sang ou de la Religion. Il ne faut être utile à personne par le mensonge, encore moins par le parjure. C’est pourquoi Saint Augustin, dans une lettre à Crescence sur le mensonge (2) , ne craint pas de dire, en s’appuyant sur l’autorité de l’Apôtre Saint Paul, que le mensonge doit être mis au nombre des faux témoignages, quand même il décernerait à quelqu’un de fausses louanges. Il rapporte d’abord les paroles de l’Apôtre: nous serons nous-mêmes convaincus d’avoir été de faux témoins, parce que nous avons porté témoignage contre Dieu même, en disant qu’Il a ressuscité Jésus-Christ, qu’Il n’a cependant pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent pas, puis il ajoute : l’Apôtre regarde comme faux témoignage de dire une chose fausse de Jésus-Christ, quoiqu’elle soit à sa Gloire (3).

N’arrive-t-il pas très souvent d’ailleurs que…

__________________________________________________

(1) Deut., 19, 15. — Matth., 18, 16. — (1) Epist., 52 ad Maced. — (2) Cap., 12, 13, 14. — (3) 1 Cor., 15, 15.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:23 am

§ I. — DU FAUX TÉMOIGNAGE.

(suite)

N’arrive-t-il pas très souvent d’ailleurs que celui qui favorise quelqu’un par son faux témoignage, porte par là même préjudice à un autre ? ne met-il pas le juge dans une sorte d’erreur invincible ? Aussi qu’arrive-t-il ? le juge trompé par de faux serments est forcé de prononcer contre le droit en faveur de l’injustice.

Quelquefois même celui qui a gagné sa cause en justice, grâce au faux témoignage d’un complice, et cela impunément, celui-là, disons-nous, est tout fier de sa victoire, dès lors il prend l’habitude de corrompre des témoins, dans l’espoir qu’avec leur aide, il réussira dans toutes ses entreprises.
Le faux témoignage est également très funeste au témoin lui-même. Aux yeux de celui qu’il a criminellement servi par son serment, il n’est plus qu’un parjure et un vil imposteur ; mais par contre, en voyant que son mensonge a réussi, il se trouve encouragé au mal et prend de jour en jour des habitudes plus grandes de hardiesse et d’impiété.

Mais si la fausseté, le mensonge et le parjure sont nettement défendus aux témoins, ils le sont tout autant aux accusateurs, aux accusés, aux protecteurs, aux parents, aux procureurs, aux avocats, en un mot à tous ceux qui ont part aux jugements.

Enfin Dieu défend, non seulement devant les juges, mais même partout ailleurs, un témoignage quelconque capable de porter préjudice ou de causer quelque dommage au prochain. Il est écrit en effet dans le Lévitique, à l’endroit même où ces défenses sont faites à plusieurs reprises: (1) « Vous ne déroberez point, vous ne mentirez point ; et personne ne trompera son prochain. » Des paroles si claires ne permettent pas de douter que Dieu, par ce précepte, ne réprouve et ne condamne absolument tout mensonge, quel qu’il soit. David dans ses Psaumes nous l’atteste aussi, et très clairement (1): « Vous perdrez, dit-il, tous ceux qui profèrent le mensonge. »

____________________________________________________

(1) Lev., 19, 11. — (1) Ps., 5, 7.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:24 am

§ II. — DE LA MÉDISANCE
ET DE LA CALOMNIE

Le huitième Commandement de Dieu ne nous défend pas seulement le faux témoignage, il nous interdit de plus le vice et l’habitude détestables de la médisance, cette véritable peste, qui donne naissance à une multitude incroyable d’inconvénients très fâcheux et de maux de toute espèce. Cette habitude criminelle de déchirer et d’outrager secrètement son prochain est vigoureusement condamnée en beaucoup d’endroits de nos Saints Livres. David nous dit: (2)« Je ne recevais pas le médisant à ma table. » Et l’Apôtre Saint Jacques ajoute de son côté: (3) « Mes Frères, ne parlez point mal les uns des autres. »

Mais l’Ecriture Sainte ne se borne pas à condamner la médisance, elle nous fournit des exemples qui mettent en pleine lumière toute l’énormité de ce crime. Ainsi Aman, par ses infâmes calomnies, enflamme tellement la colère d’Assuérus contre les Juifs, que ce prince ordonne de les faire tous périr. L’Histoire sainte est remplie de traits semblables. Les Pasteurs ne manqueront pas de les rappeler aux Fidèles, afin de les détourner de cet horrible péché.

Pour comprendre et pénétrer toute la malice de la médisance, il faut savoir qu’on blesse la réputation du prochain, non seulement en employant contre lui la calomnie, mais encore en augmentant et en exagérant ses fautes réelles. Et même si quelqu’un a commis un péché très secret dont la révélation doit nécessairement être préjudiciable à son honneur et le couvrir de honte, celui qui fait connaître ce péché, dans un lieu, dans un temps et à des personnes qui ne sont pas obligées de le savoir, doit passer à juste titre pour un calomniateur et un médisant.

Mais de toutes les calomnies, la plus coupable, à coup sûr, est celle qui s’en prend à la Doctrine catholique, et à ceux qui la prêchent. Et quiconque accorde des éloges aux propagateurs de l’erreur et des mauvais principes commet la même faute. Il faut en dire autant de ceux qui, en entendant la détraction et la médisance, non seulement ne blâment point les calomniateurs, mais les écoutent avec plaisir. C’est ce qui a fait dire à Saint Bernard et à Saint Jérôme, qu’il n’est pas facile de distinguer lequel est le plus coupable de celui qui médit, ou de celui qui écoute la médisance ; « car, disent-ils, (1) il n’y aurait point de médisant s’il n’y avait personne pour écouter la médisance ».

On désobéit également à ce précepte, si par ses artifices on met la désunion et le désaccord entre les hommes ; si l’on se plaît à semer des dissensions, à miner et à détruire, par des rapports mensongers, les liaisons et les sociétés les mieux établies, à pousser les meilleurs amis à des inimitiés irréconciliables, et même à les armer les uns contre les autres. Détestable peste que Dieu condamne et défend quand il dit: (2) « Vous ne serez ni délateur, ni détracteur au milieu de mon peuple. » C’était le crime d’un bon nombre de conseillers de Saül qui s’efforçaient de le détacher de David, et l’animaient contre lui.

________________________________________________

(2) Psal., 100, 5.— (3) Jac., 4, 11. — (1) S. Hier. Epist. ad Nepot. — Div. Bern. lib., 2 de Consid. Ad Eug. — (2) Lev., 19, 16.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:24 am

§ III. — LA FLATTERIE, LE MENSONGE
ET LA DISSIMULATION.

Nous trouvons encore, parmi ceux qui pèchent contre ce huitième Commandement, les flatteurs, les adulateurs qui, par des complaisances et des louanges hypocrites, cherchent à s’insinuer dans l’esprit et le cœur de ceux dont ils attendent la faveur, de l’argent et des honneurs. Vils complaisants qui appellent, comme le dit le Prophète (1), « mal ce qui est bien, et bien ce qui est mal ». Tristes gens que David nous avertit d’éloigner et de chasser de notre société, lorsqu’il nous dit: (2) « que le juste me reprenne par charité et qu’il me corrige, mais que le pécheur ne répande point ses parfums sur ma tête ! » encore que les flatteurs dont nous parlons ne disent point de mal de leur prochain, ils ne laissent pas de lui être très nuisibles, puisque, en le louant jusque dans ses fautes, ils sont cause qu’il persévère dans le mal, jusqu’à la fin de sa vie.

La flatterie, ou l’adulation la plus coupable en ce genre, est celle qui n’a en vue que le malheur et la ruine des autres. Ainsi Saül, pour exposer David à la fureur et au glaive des Philistins, c’est-à-dire selon lui, pour l’envoyer a une mort certaine, le flattait par ces belles paroles: (3) « Voici Mérob ma fille aînée ; je vous la donnerai comme épouse. Soyez seulement homme de cœur, et combattez les combats du Seigneur ! » Ainsi les Juifs pour surprendre Notre-Seigneur dans ses paroles Lui disaient insidieusement: (4) « Maître, nous savons que vous êtes sincère, et que Vous enseignez la Voie de Dieu selon la Vérité. »

Et cependant il y a quelque chose de bien plus pernicieux encore, ce sont ces discours que des amis, des alliés, des parents n’ont pas honte de tenir à un malade mortellement atteint, et déjà prêt à rendre le dernier soupir, discours dans lesquels ils affirment à ce moribond qu’il n’est pas en danger, lui ordonnent d’être gai et souriant, le détournent de la Confession de ses péchés, comme d’une pensée trop triste, et enfin écartent de son esprit tout souci et toute idée des terribles dangers dans lesquels il se trouve.

Il faut donc éviter toute espèce de mensonge, et avant tout, celui qui peut causer au prochain un dommage considérable. Mais ne pas craindre de mentir contre la Religion ou dans des choses qui s’y rapportent, c’est joindre l’impiété à la fourberie.

Il ne faut pas oublier que Dieu est encore grièvement offensé par les injures et les outrages qu’on répand dans les libelles diffamatoires et autres productions du même genre.

Il est même indigne d’un chrétien de chercher à tromper son prochain par un mensonge joyeux ou officieux, encore que ce mensonge n’entraîne pour personne ni profit, ni perte. L’avertissement de Saint Paul sur ce point est formel. « Evitez le mensonge, dit-il (1), que chacun de vous parle selon la vérité ! » C’est qu’en effet, du mensonge pour rire au mensonge grave, la pente est très rapide. Le mensonge joyeux fait contracter l’habitude de mentir. Dès lors on passe pour n’être point sincère et l’on est obligé d’affirmer sans cesse avec serment pour faire croire à sa parole.

Enfin ce Commandement nous défend toute espèce d’hypocrisie ou de dissimulation. La dissimulation dans les paroles aussi bien que dans les actions est également condamnable, puisque les unes et les autres sont comme le signe et la marque de ce que nous avons dans le cœur. Voilà pourquoi Notre-Seigneur, dans ses fréquents reproches aux Pharisiens, les traite d’hypocrites.

Nous avons expliqué ce que le huitième Commandement défend. Voyons maintenant ce qu’il ordonne.

__________________________________________________

(1) Is., 5, 20. — (2) Ps., 140, 5. — (3) I Reg., 18, 17. — (4) Matth., 22, 16. — (1) Eph., 4, 25.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:25 am

§ IV. — A QUOI NOUS SOMMES OBLIGÉS PAR
CE COMMANDEMENT.

L’objet propre de cette deuxième partie du précepte est que les tribunaux jugent avec équité et conformément aux Lois: elle a également pour but d’empêcher qu’on n’attire les causes à soi en empiétant sur les juridictions. « Car il n’est pas permis, comme le dit l’Apôtre (1) , de juger le serviteur d’autrui, » de peur de prononcer sans une connaissance suffisante de la cause. Ce fut le crime précisément de cette assemblée des prêtres et des scribes qui condamnèrent Saint Etienne, comme ce fut aussi le péché de ces magistrats de Philippes, dont l’Apôtre a dit: (2) « Après nous avoir publiquement battus de verges, et sans jugement préalable, nous qui sommes citoyens romains, ils nous ont jetés en prison, et maintenant ils nous en font sortir en secret. »

Il ne faut ni condamner les innocents, ni renvoyer les coupables, ni se laisser séduire par des présents ou par la faveur, par la haine ou par l’amitié. Aussi Moise ne manque pas d’adresser aux vieillards qu’il avait établis juges d’Israël, cet avertissement célèbre: (1) « Jugez toujours selon la justice le citoyen comme l’étranger ; ne mettez point de différence entre les individus ; écoutez le petit comme le grand ; ne faites acception de personne, parce que vous jugez pour Dieu. »

Quant aux accusés et aux criminels, Dieu leur fait un devoir de confesser la vérité, lorsqu’ils sont interrogés selon les formes de la justice. Cette confession est un hommage éclatant à la Gloire de Dieu. C’est la pensée de Josué : Lorsqu’il exhorte Achan à dire la vérité, il lui parle de la sorte: (2) « Mon fils, rendez gloire au Seigneur, Dieu d’Israël. »

Et parce que ce précepte s’adresse spécialement aux témoins, le Pasteur aura grand soin d’en parler comme il convient. C’est qu’en effet ce huitième Commandement n’a pas seulement pour but de défendre le faux témoignage, mais encore de nous commander de dire la vérité. Dans les affaires humaines, le témoignage conforme à la vérité est extrêmement important. Il y a une multitude de choses que nous ne pouvons connaître que sur la bonne foi des témoins. Rien donc n’est plus nécessaire qu’un témoignage véridique dans ces choses que nous ne savons pas, et que cependant nous n’avons pas le droit d’ignorer. De là ce mot de Saint Augustin: (3) « Celui qui tait la vérité, et celui qui profère le mensonge sont également coupables, le premier parce qu’il ne veut pas être utile, le second parce qu’il cherche à nuire. »

Il peut être permis quelquefois de taire la vérité, mais il faut que ce soit hors des tribunaux. En justice, un témoin interrogé par un juge compétent, doit faire connaître la vérité tout entière, mais à condition de ne pas trop se fier à sa mémoire, et de prendre garde d’affirmer comme certain ce dont il n’est pas absolument sûr.

Les autres personnes que ce précepte oblige également à dire la vérité sont les avoués et les avocats, les procureurs et les accusateurs.

Les avoués et les avocats ne refuseront ni leurs services ni leur appui à ceux qui en ont besoin; ils se chargeront généreusement de la défense du pauvre ; ils ne prendront point de mauvaises causes pour les soutenir, ils ne feront point durer les procès par calomnie, ou par avarice, et ils auront soin de régler leurs honoraires selon le droit et la justice.

De leur côté, les procureurs et accusateurs devront prendre bien garde de ne point se laisser entraîner par affection, par haine, ou par quelque autre passion, à poursuivre qui que ce soit sur d’iniques imputations,

Enfin la Loi de Dieu ordonne à toutes les personnes pieuses d’être toujours sincères et véridiques dans leurs entretiens et leurs discours, et de ne jamais rien dire qui puisse blesser la réputation d’autrui, pas même de ceux qui les auront offensées ou maltraitées. Elles ne doivent pas oublier en effet qu’il y a entre elles et ces malheureux l’union et les rapports qui existent entre les membres d’un même corps.

____________________________________________________________

(1) Rom., 14, 4. — (2) Act., 16, 37. — (1) Deut., 1, 16. — (2) Jos., 7, 19. —(3) Attribué à Saint Augustin par Gratien, mais à tort ; on le trouve pareillement dans Saint Isidore L., 3, cap., 19.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:25 am

§ V. — MOTIFS DE DÉTESTER LE MENSONGE.

Afin que les Fidèles se détournent plus facilement du vice abject du mensonge, le Pasteur leur en fera voir toute la honte et l’énormité. Dans nos Saints Livres, le démon est appelé le père du mensonge. « Parce qu’il n’est point demeuré dans la vérité, nous dit l’Apôtre Saint Jean (1) , il est menteur et père du mensonge. »

Pour essayer de détruire un désordre si funeste, le Pasteur ajoutera à cette parole de Saint Jean, tous les maux que le mensonge apporte avec lui ; et comme ces maux sont innombrables, il lui suffira de faire connaître ceux d’entre eux qui sont autant de sources d’où dérivent tous les autres.

Et d’abord, pour montrer combien l’homme faux et menteur offense Dieu grièvement, et à quel degré il encourt sa haine, il citera cette parole de Salomon dans les Proverbes: (2) « Il y a six choses que le Seigneur hait, et une septième qui est en abomination devant Lui: des yeux altiers, une langue calomniatrice, des mains qui versent le sang innocent, un cœur qui médite des pensées mauvaises, des pieds prompts à courir au mal, un homme menteur, un témoin faux. » Dès lors qui pourrait préserver des derniers châtiments celui que Dieu poursuit d’une haine si terrible ?

Et puis, comme le dit l’Apôtre Saint Jacques (3), « Quoi de plus odieux et de plus infâme que d’employer la même langue à bénir Dieu votre Père et à maudire les hommes qui sont créés à son image et à sa ressemblance, comme si une fontaine pouvait, par la même ouverture, donner une eau douce et une eau amère ! » Et en effet, cette langue qui tout à l’heure louait Dieu et Le glorifiait, ne Le couvre-t-elle pas maintenant de honte et d’opprobre, autant qu’elle le peut, par les mensonges qu’elle profère ? Aussi les menteurs sont-ils exclus de la béatitude céleste. Car à cette demande que David fait à Dieu: (1) « Seigneur, qui demeurera dans vos tabernacles ? » le Saint-Esprit répond « Celui qui dit la vérité dans la sincérité de son cœur, et dont la langue ne connaît pas l’artifice. »

Ce qui fait encore que le mensonge est un très grand mal, c’est qu’il constitue une maladie de l’âme presque incurable. Car le péché que l’on commet en accusant quelqu’un d’un faux crime, ou bien en blessant son honneur et sa réputation, ce péché ne peut être remis qu’autant que le calomniateur a réparé son tort envers sa victime. Mais précisément, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, cette réparation est très difficile à faire, parce qu’on se trouve retenu par une fausse honte ou par un faux point d’honneur. D’où il suit que celui qui est coupable de ce péché est pour ainsi dire voué aux supplices éternels de l’enfer. Personne en effet n’a le droit d’espérer qu’il obtiendra le pardon de ses calomnies et de ses diffamations, tant qu’il n’aura pas satisfait à celui dont il a souillé l’honneur et la réputation, soit publiquement et en justice, soit dans des entretiens privés et familiers.

Enfin les suites funestes du mensonge s’étendent très loin, et nous atteignent tous. La fausseté et le mensonge font disparaître la vérité et la confiance, qui sont les liens nécessaires de la société, et sans lesquels les rapports entre les hommes tombent dans une confusion telle que le monde ressemble à un véritable enfer.

Le Pasteur comprendra dés lors qu’il doit exhorter les Fidèles à éviter de trop parler. La modération dans les paroles fait fuir les autres péchés, et surtout elle est un préservatif assuré contre le mensonge, vice auquel échappent difficilement ceux qui parlent trop.

_____________________________________________________

(1) Joan., 8, 42. — (2) Prov., 6, 16 etc. — (3) Jac., 3, 9. — (1) Ps., 14, 1, 2.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:26 am

§VI. — VAINES EXCUSES DES MENTEURS.

Le Pasteur s’appliquera également à détruire l’erreur de ceux qui s’excusent sur le peu d’importance des conversations, et qui prétendent autoriser leurs mensonges par l’exemple de ces sages du monde qui ont pour maxime, disent-ils, de savoir mentir à propos. Il leur fera observer, ce qui est très vrai « que la prudence de la chair est la mort de l’âme » (1). Il les exhortera à mettre en Dieu leur confiance, au milieu des difficultés et des extrémités les plus fâcheuses, et à ne recourir jamais au grossier artifice du mensonge ; car ceux qui se servent de ce subterfuge, laissent voir clairement qu’ils comptent plus sur leur prudence personnelle que sur la Providence de Dieu.

Ceux qui rejettent la cause de leur mensonge sur les menteurs qui les ont trompés les premiers, ont besoin qu’on leur rappelle qu’il n’est pas permis à l’homme de se venger lui-même ; qu’il ne faut point rendre le mal pour le mal, mais au contraire chercher « à vaincre le mal par le bien » (2) ; et que, quand même la vengeance serait permise, il ne peut jamais être utile à personne de se venger à ses dépens, ce qui arriverait sûrement et avec un préjudice considérable si l’on avait recours au mensonge.

Si on en trouve qui apportent pour excuse l’infirmité et la fragilité naturelles, il faut leur remettre en mémoire l’obligation où ils sont d’implorer le secours divin, et de ne point se laisser vaincre par la nature. D’autres diront qu’ils ont contracté l’habitude de mentir. Il faut les exhorter à multiplier leurs efforts pour contracter l’habitude contraire, de dire toujours la vérité, d’autant que ceux qui pèchent par habitude, sont plus coupables que les autres. Quant à ceux — et ils ne sont pas rares — qui prétendent se justifier sur l’exemple des autres hommes qui, selon eux, mentent et se parjurent à tout propos, il faut les détromper par cette considération, que nous ne devons point imiter les méchants, mais bien plutôt les reprendre et faire en sorte de les corriger ; que si, par malheur, nous mentons nous-mêmes, notre parole aura bien moins d’autorité pour faire accepter nos reproches et nos bons conseils.

Ceux qui défendent leurs mensonges en alléguant qu’ils ont éprouvé souvent de graves ennuis parce qu’ils avaient dit la vérité, les Prêtres les réfuteront en leur montrant que par de telles paroles ils s’accusent, bien plus qu’ils ne s’excusent. Le devoir du vrai Chrétien en effet, n’est-il pas de tout souffrir plutôt que de mentir ?

Enfin nous avons encore deux sortes de personnes qui veulent excuser leurs mensonges: celles qui prétendent ne mentir que par plaisanterie, et celles qui le font pour leur utilité, parce que, disent-elles, elles ne pourraient ni bien vendre ni bien acheter, si elles n’avaient recours au mensonge. Les Pasteurs les tireront de leur erreur les unes et les autres. Ils écarteront les premières de ce vice en leur remontrant que rien n’augmente plus l’habitude du mensonge, que de mentir sans aucune retenue. Ils ajouteront (1) « qu’il leur faudra rendre compte de toute parole oiseuse ». Et pour les secondes, ils ne craindront point de les reprendre fortement, et de leur montrer qu’une excuse d’un pareil genre ne fait qu’augmenter leur faute, puisqu’elles prouvent bien par là qu’elles n’accordent ni autorité ni confiance à ces paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ (2) : « Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît. »

____________________________________________________________

(1) Rom., 8, 6. — (2) Rom., 12. 17, 21. — (1) Matth., 12, 36. — (2) Matth., 6, 33.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:26 am

Chapitre trente-septième — Du neuvième et du dixième Commandement.

Vous ne convoiterez point la maison de votre prochain, et vous ne désirerez point sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui lui appartient.

La première chose à remarquer dans ces deux derniers Commandements, c’est qu’ils nous donnent pour ainsi dire, le moyen infaillible de garder tous les autres. Car ils ont pour objet et pour fin de prescrire à celui qui veut fidèlement observer les Commandements précédents, d’éviter avec le plus grand soin les désirs déréglés. Celui qui ne convoite rien, est content de ce qu’il possède, il ne désire point le bien des autres, il se réjouit de leurs avantages, rend gloire au Dieu immortel, et lui témoigne les plus vives actions de grâces ; il observe le Sabbat, c’est-à-dire, qu’il jouit d’un repos perpétuel, il respecte ses supérieurs, et enfin il ne blesse personne ni en paroles, ni en actions, ni d’aucune autre manière. La convoitise est la racine et la source de tous les maux, et ceux dont elle enflamme les passions se précipitent dans tous les désordres et dans tous les crimes.

Ces réflexions ne peuvent que rendre le Pasteur plus zélé à expliquer ces deux Commandements, et les fidèles plus attentifs à l’écouter et à le suivre.

Nous avons réuni ces deux préceptes parce qu’ils se ressemblent du côté de leur objet, et que la manière de les expliquer est la même ; cependant le Pasteur pourra les traiter ensemble ou séparément, selon qu’il le trouvera plus commode pour ses exhortations et ses instructions. Mais s’il a entrepris d’expliquer en détail le Décalogue, il devra montrer la différence réelle de ces deux Commandements et des deux genres de convoitise qu’ils condamnent. C’est ce que Saint Augustin met très bien en lumière dans son Livre des Questions sur l’Exode (1).

_____________________________________________

(1) Quaest., 77, in Exod.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:27 am

§ I. — DIFFÉRENCE ET NÉCESSITÉ
DE CES DEUX COMMANDEMENTS.

L’une des convoitises dont nous parlons ne voit et ne cherche que ce qui est utile et avantageux, l’autre court après le plaisir et la volupté. Celui qui désire la maison ou la terre de son voisin, poursuit ce qui est utile et profitable plutôt que la volupté. Au contraire celui qui désire la femme d’autrui, cherche le plaisir et non pas l’utilité.

Ces deux Commandements étaient nécessaires. En voici la double raison: la première, c’est qu’il fallait expliquer le sens du dixième et du septième précepte. Sans doute, en voyant l’adultère défendu, on pouvait en conclure, avec les seules lumières naturelles, qu’il est défendu également de désirer la femme d’un autre ; car il est permis d’user de ce que l’on peut désirer sans crime. Cependant la plupart des Juifs, aveuglés par le péché, ne pouvaient se persuader que Dieu eût fait cette défense. Et même un bon nombre d’entre eux, qui se donnaient comme interprètes de la Loi, et qui par conséquent devaient bien la connaître, étaient tombés dans cette erreur, comme on peut le voir par ces paroles de Notre-Seigneur dans Saint Matthieu (1) : « Vous savez qu’il a été dit aux Anciens vous ne commettrez point d’adultères ; mais moi, je vous dis... etc. ».

La seconde raison [de la nécessité de ces deux Commandements] c’est qu’ils défendent d’une manière claire et distincte des choses que le sixième et le septième ne défendaient que d’une manière générale. Ainsi, par exemple, le septième Commandement défend de désirer injustement ou de ravir le bien d’autrui ; mais ici il est défendu de le désirer de quelque manière que ce soit, même si l’on pouvait l’acquérir justement et légitimement, dés que cette acquisition pourrait causer quelque dommage au prochain.

Avant d’en venir à l’explication de ce 9e et 10e précepte, il faudra, avant toutes choses, faire remarquer aux fidèles non seulement qu’ils nous obligent à réprimer nos convoitises, mais encore à reconnaître l’infinie bonté de Dieu envers nous. Par les Commandements précédents, II nous avait entourés comme d’une sorte de garde pour nous mettre, nous et nos biens, à l’abri des violences du prochain ; par ces deux derniers, II nous défend contre nous-mêmes et contre nos convoitises mauvaises, qui ne pouvaient manquer de nous nuire, s’il nous eût été loisible de tout désirer et de tout souhaiter. Dès lors par le seul fait que Dieu nous défend la convoitise, l’aiguillon des passions malsaines qui nous pousse d’ordinaire à toute sorte d’actions répréhensibles, se trouve émoussé pour ainsi dire ; il nous presse moins, et délivrés de ses sollicitations importunes, nous avons plus de temps pour remplir les devoirs nombreux et si importants que la Religion et la piété nous prescrivent envers Dieu.

Et ce n’est pas là seulement ce que ces deux Commandements nous apprennent. ils nous montrent encore que la Loi de Dieu, pour être observée comme il convient, non seulement exige l’accomplissement extérieur du devoir mais encore les sentiments intimes de l’âme. Et c’est ce qui met une grande différence entre les lois humaines et les lois divines. Les premières se contentent des actes extérieurs, les secondes, par cela même que « Dieu voit au fond du cœur », demandent, avec la préparation de l’âme, une grande pureté et intégrité de cœur.

La Loi de Dieu est donc comme un miroir où nous apercevons les vices de notre nature. Ce gui a fait dire à l’Apôtre (1) : « Je n’aurais point connu la concupiscence, si la Loi ne m’avait dit: vous ne convoiterez point. » En effet la concupiscence, qui est comme le foyer du péché, et qui tire son origine du péché même, demeure perpétuellement fixée en nous ; et c’est ce qui nous fait sentir que nous naissons dans le péché. Dès lors nous recourons en suppliants à Celui qui peut seul en laver les souillures.

Autre reste ces deux Commandements ont cela de commun avec les huit autres, qu’ils sont tout à la fois positifs et négatifs ; ils commandent et ils défendent. Et pour bien les faire comprendre, le Pasteur doit les expliquer séparément.

___________________________________________

(1) Matth., 5, 27. — (1) Rom., 7, 7.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:27 am

§ II. — QU'EST-CE QUE LA CONCUPISCENCE ?

Il ne faut pas s’imaginer que ce précepte condamne tous les désirs, ni qu’il considère comme vicieuse une concupiscence qui ne l’est pas. « L’esprit convoite contre la chair », dit Saint Paul (1) ; David « désirait en tout temps les ordonnances de Dieu avec la plus vive ardeur » (2) . Le Pasteur devra donc faire connaître aux Fidèles quelle est cette concupiscence qui est ici défendue.

Il faut entendre par ce mot, comme un mouvement, un élan de l’âme qui nous porte vivement à désirer les choses agréables que nous n’avons pas. Et de même que les autres mouvements de notre âme ne sont pas nécessairement et perpétuellement mauvais, de même l’ardeur de la concupiscence n’est pas nécessairement vicieuse. Ainsi ce n’est pas un mal de désirer de manger et de boire, de se chauffer quand on a froid, ou de chercher le froid quand on a chaud. Il faut dire au contraire que ces désirs sont bons en eux-mêmes, car c’est Dieu qui les a mis en nous. Mais le péché de nos premiers parents a dépravé ces désirs légitimes, ils se sont élancés au-delà des bornes naturelles, et maintenant ils nous poussent trop souvent à convoiter des choses que l’esprit et la raison condamnent.

Toutefois, si nous savons modérer cette ardeur et la contenir dans les justes limites, elle nous devient souvent très utile. D’abord, elle est cause que nous adressons à Dieu des prières assidues, pour Lui demander humblement et instamment ce que nous désirons le plus. La prière est l’interprète naturel de nos désirs, et si cet élan légitime n’existait pas, les prières ne seraient pas si nombreuses dans l’Eglise de Dieu.

Ensuite elle nous rend plus chers et plus précieux les dons de Dieu ; car plus nous désirons une chose avec ardeur, plus l’objet de notre désir nous devient cher et agréable lorsque nous l’avons obtenu.

Enfin le plaisir même que nous procure la chose désirée lorsque nous la possédons, nous porte à remercier Dieu avec une piété beaucoup plus grande. Si donc il est quelquefois permis de convoiter, nous sommes obligés d’avouer que tout élan de convoitise n’est point défendu. Et quoique l’Apôtre Saint Paul dise que « la convoitise est un péché » (1) , il faut entendre cette parole dans le sens que lui donne Moise, (2) puisqu’il cite son témoignage. D’ailleurs lui-même laisse voir clairement qu’il pense de même. Dans son Epître aux Galates, (3) il appelle cette convoitise « la convoitise de la chair. Conduisez-vous, dit-il, par le mouvement de l’esprit, et vous n’accomplirez point les désirs de la chair. »

On ne défend donc point ici ce désir naturel et modéré, qui ne sort point de ses limites, et bien moins encore cette convoitise toute spirituelle d’une âme pure, qui nous fait soupirer après les choses qui combattent la chair. nos Saints Livres eux-mêmes nous y exhortent. « Désirez mes entretiens, » (4) et encore: (5) « venez à Moi, vous tous qui Me désirez avec ardeur. » Ainsi ce que Dieu nous interdit dans ce Commandement, ce n’est pas cette puissance même de convoiter dont nous pouvons user pour le bien et pour le mal, mais bien l’exercice de cette convoitise déréglée que l’on appelle la concupiscence de la chair, et le foyer du péché ; convoitise qui nous rend toujours coupables, dés que notre cœur y donne son consentement.

___________________________________________________________________

(1) Gal., 5, 17. — (2) Ps., 118, 20. — (1) Rom., 7, 20. — (2) Exod., 20, 17. — (3) Gal., 5, 16. — (4) Sap., 6, 12. — (5) Eccl., 24, 26.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:27 am

§ III. — QUELLE EST LA CONVOITISE QUI
EST ICI DÉFENDUE ?

Dieu défend donc ici uniquement cette ardeur de convoitise que l’Apôtre appelle concupiscence de la chair, c’est-à-dire ces élans de désirs qui ne sont point modérés par la raison, et qui ne restent point dans les limites que Dieu a établies. Cette convoitise est réprouvée, ou parce qu’elle désire le mal, comme l’adultère, l’intempérance, l’homicide, et autres crimes abominables dont l’Apôtre a dit: (1) « ne nous livrons point aux mauvais désirs, comme les Juifs s’y livrèrent ; » ou parce que, si les choses que l’on désire ne sont pas mauvaises de leur nature, il est cependant défendu de les désirer pour d’autres motifs telles sont les choses que Dieu et l’Eglise nous défendent de posséder. Car il ne peut nous être permis de désirer ce qu’il ne nous est point permis de posséder. tels furent, dans la Loi de Moise, l’or et l’argent dont les idoles étaient faites, et que Dieu, dans le Deutéronome, défendait aux Juifs de convoiter.

Une 3e raison qui rend cette convoitise coupable et absolument défendue, c’est lorsqu’elle désire des choses qui appartiennent à autrui, comme sa maison, son serviteur, sa servante, son champ, sa femme, son bœuf, son âne et tous les autres biens que la Loi de Dieu nous défend de convoiter, uniquement parce qu’ils ne sont pas à nous.

Le désir de toutes ces choses est criminel, et il est compté parmi les péchés les plus considérables, lorsque le cœur y donne son consentement formel. Car le péché excité par les désirs déréglés de la concupiscence, prend plaisir au mal, soit qu’il l’approuve, soit seulement qu’il n’y résiste point. Ainsi l’enseigne l’Apôtre Saint Jacques, dans ce texte célèbre Où il nous montre l’origine et le progrès du péché: (1) « Chacun est tenté par sa propre concupiscence qui l’emporte et l’attire. Ensuite, quand la concupiscence produit son effet, cet effet est le péché, et le péché, lorsqu’il est accompli, produit la mort. »

Ainsi donc, quand la Loi nous dit: Vous ne convoiterez point, elle nous dit. En d’autres termes, d’éloigner nos désirs de tout ce qui ne nous appartient pas. Car la soif du bien du prochain est immense, infinie, et jamais rassasiée, ainsi qu’il est écrit: (2) « l’avare ne sera jamais rassasié d’argent », ce qui a fait dire à Isaïe: (3) « Malheur à vous qui joignez maison à maison, et un champ à un autre ! »

Mais chacun des termes du précepte veut être expliqué séparément. Ainsi l’on comprendra mieux la laideur et l’énormité du péché dont nous parlons.

_____________________________________________________________________

(1) Cor., 10, 6. — (1) Jac., 1, 14. — (2) Eccl., 5, 9. — (3) Is., 5, 8.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:28 am

§ IV. — DIFFÉRENTES ESPÈCES DE BIEN
D'AUTRUI QUE L'ON NE DOIT POINT DÉSIRER.

Le Pasteur enseignera aux Fidèles que ce mot de maison désigne non seulement le lieu ou l’on habite, mais en général tous les biens que l’on possède. C’est dans ce sens que les Ecrivains sacrés l’ont employé le plus ordinairement. Ainsi il est dit dans l’Exode: (1) « Dieu bâtit des maisons aux sages femmes. » Ces paroles signifient évidemment que Dieu étendit et augmenta leurs biens. Cette interprétation du mot maison nous montre que la Loi de Dieu nous défend de désirer avec avidité les richesses, et de porter envie à la fortune, à la puissance, à la noblesse des autres. Dieu veut que nous soyons contents de notre condition, quelle qu’elle soit, basse ou élevée. nous devons voir aussi dans ce mot la défense de désirer la gloire du prochain, car la gloire fait partie de la maison.

Les mots qui suivent: le bœuf, l’âne, indiquent qu’il nous est défendu de convoiter non seulement les choses considérables, comme la maison, la noblesse, la gloire, parce qu’elles appartiennent à autrui ; mais même les petites, et n’importe lesquelles, animées ou inanimées.

Vient ensuite le mot serviteur. Il faut l’entendre aussi bien des captifs que des serviteurs de toutes sortes et autrefois des esclaves ; nous n’avons pas le droit de les convoiter, pas plus que ce qui appartient à un autre. Quant aux hommes libres qui servent volontairement, soit par intérêt, soit par affection ou par dévouement, on ne doit rien employer, ni paroles, ni craintes, ni promesses, ni argent pour les corrompre et les engager à quitter ceux à qui ils se sont spontanément attachés. Et même s’ils viennent à les quitter avant le temps qu’ils avaient promis de rester à leur service, il faut les avertir que ce précepte leur fait une obligation formelle de rentrer chez leurs maîtres.

Que si, dans ce même précepte, il est fait mention du prochain, — c’est pour rendre plus évident le mauvais penchant des hommes qui ont l’habitude de jeter leurs désirs sur les terres, les maisons ou toute autre chose qui les touche. Et en effet le voisinage, qui est d’ordinaire un des éléments de l’amitié, devient souvent une source de haines par le dérèglement de la cupidité.

Toutefois, ce n’est pas violer ce Commandement que de désirer d’acheter des objets que nos voisins ont à vendre, ou de les acheter à leur juste pria. Non seulement nous ne faisons point tort au prochain en agissant de la sorte, mais nous lui rendons un grand service, puisque l’argent qu’il reçoit lui sera plus avantageux et plus commode que ce qu’il met en vente.

____________________________________________________________

(1) Exod., 1, 21.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:29 am

§ V. — IL EST DÉFENDU DE DÉSIRER
LA FEMME DE SON PROCHAIN.

Après la Loi qui nous défend de désirer en général le bien d’autrui, vient celle qui nous interdit de convoiter sa femme. Cette Loi n’atteint pas seulement la passion coupable qui fait désirer la femme d’un autre en vue de l’adultère, mais encore le simple désir de l’épouser. Car lorsqu’il était permis de répudier sa femme, il pouvait arriver facilement que celle qui était répudiée par l’un, fût épousée par l’autre. Et c’est pourquoi Notre-Seigneur a voulu porter cette défense, pour que les maris ne fussent point tentés de laisser leurs femmes, ni les femmes de se montrer difficiles et fâcheuses afin de mettre leurs maris dans la nécessité de leur donner le billet de répudiation.

Mais aujourd’hui ce péché est beaucoup plus grave, puisqu’il est défendu d’épouser une femme même répudiée, tant que son mari n’est pas mort. Celui qui aura le malheur de désirer la femme de son prochain, tombera facilement dans l’un de ces deux crimes, ou de souhaiter la mort du mari, ou de désirer l’adultère.

Il en faut dire autant des femmes qui sont fiancées. La Loi de Dieu interdit de les convoiter, puisque chercher à rompre ces sortes de promesses c’est fouler aux pieds le plus sacré des engagements.

Cependant si quelqu’un désirait avoir pour épouse une femme mariée, mais qu’il croirait libre, et qu’il fût résolu à ne pas la demander en mariage, dans le cas où il saurait qu’elle est déjà l’épouse d’un autre, cet homme, avec des intentions telles, ne violerait certainement point le précepte que nous expliquons. Ce fut le cas, comme nous le voyons dans l’Ecriture, de Pharaon et d’Abimelech, qui désiraient prendre Sara pour femme, parce qu’ils ne la croyaient pas mariée, la regardant comme la sœur, et non comme l’épouse d’Abraham.

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