Commandements de Dieu : explication du Saint Concile de Trente

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:10 am

§ V. — CE QUI EST COMMANDÉ
PAR CE PRÉCEPTE.

Cette deuxième partie du précepte ne défend pas ; elle commande. Et ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ exige de nous, c’est que nous vivions en paix avec tout le monde. Voici d’ailleurs comme Il explique ce commandement: (1) « Si lorsque vous présentez votre offrande à l’Autel, vous vous souvenez que votre frère a quelque chose sur le cœur contre vous, laissez là votre offrande devant l’Autel et allez d’abord vous réconcilier avec votre frère, puis vous viendrez faire votre offrande. » Le Pasteur aura soin d’expliquer ces paroles de manière à faire comprendre que notre Charité doit s’étendre à tous les hommes sans exception. Et il multipliera ses exhortations pour porter les Fidèles à cette grande vertu de l’amour du prochain si visiblement contenue dans ce précepte. En effet, la haine y étant clairement défendue, puisque « celui qui hait son frère est homicide, » il s’ensuit nécessairement que l’amour et la charité envers le prochain y sont commandés. Ce n’est pas tout, car en même temps que ce précepte nous fait un devoir de la Charité universelle, il nous ordonne également toutes les obligations et toutes les œuvres qui en sont une suite naturelle. Ainsi, « la Charité est patiente », dit Saint Paul(2) , donc la patience nous est commandée, cette patience dans laquelle Notre-Seigneur nous assure que nous posséderons nos âmes. (3) Il en est de même de la bienfaisance, qui est l’amie et la compagne de la Charité, car la Charité est bienfaisante (4). Or la bienfaisance et la bonté vont très loin. Ce sont elles principalement qui font que nous soulageons les pauvres en ce qui leur est nécessaire, que nous donnons à manger à ceux qui ont faim, à boire à ceux qui ont soif, des vêtements à ceux qui sont nus, en un mot que nos libéralités sont d’autant plus grandes que nous constatons des besoins plus étendus. Tous ces actes de bonté et de bienfaisance, déjà très beaux et très méritoires par eux-mêmes, le deviennent bien davantage encore, lorsque nous les exerçons envers des ennemis. Car notre Sauveur nous dit: (1) « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. » Et Saint Paul ajoute: (2) « Si votre ennemi a faim, donnez-lui d manger ; s’il a soif, donnez-lui à boire ; en agissant ainsi vous amasserez des charbons de feu sur sa tête. Ne vous laissez point vaincre par le mal, mais cherchez à vaincre le mal par le bien. »

Si nous considérons enfin la loi de la Charité, toujours par rapport à la bienveillance, nous n’aurons pas de peine à comprendre qu’elle nous oblige à pratiquer en toutes choses la douceur, la retenue, la réserve et toutes les autres vertus de ce genre.

Mais le devoir qui l’emporte, et de beaucoup, sur tous les autres, le devoir de Charité par excellence, celui auquel nous devons nous exercer le plus, c’est de remettre et de pardonner d’un bon cœur les injures qu’on nous a faites. Pour nous amener à la pratique de cette vertu, la Sainte Ecriture, comme nous l’avons dit plus haut, multiplie les recommandations et les exhortations. Non seulement elle appelle heureux ceux qui pardonnent en toute sincérité, mais elle leur promet de la part de Dieu la rémission de leurs péchés ; tandis que cette rémission est refusée à ceux qui négligent ou refusent de remplir ce devoir.

Mais comme le désir de la vengeance est pour ainsi dire inné dans le cœur de l’homme…

___________________________________________________________

(1) Matth., 5, 24. — (2) Cor., 13, 4. — (3) Luc., 21, 19. — (4) 1 Cor., 13, 4. — (1) Matth., 5, 44. — (2) Rom., 12, 20.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:11 am

§ V. — CE QUI EST COMMANDÉ
PAR CE PRÉCEPTE.
(suite)

Mais comme le désir de la vengeance est pour ainsi dire inné dans le cœur de l’homme, le Pasteur mettra tous ses soins, non seulement à rappeler aux Fidèles qu’ils doivent oublier et pardonner les injures, mais encore à faire en sorte de le leur persuader. Et comme les Saints Pères ont beaucoup parlé de cette matière, il ne manquera pas de les consulter, pour vaincre l’opiniâtreté de ceux qui veulent s’obstiner et s’endurcir dans la résolution de se venger. Il devra tenir toujours prêts les arguments si concluants que leur piété leur a suggérés, et qu’ils ont si bien appropriés à la question.

Il pourra se servir utilement des trois considérations suivantes :

D’abord il importe grandement de bien persuader à celui qui se croit offensé que l’auteur principal de l’injure ou du dommage qu’il a reçu, n’est pas celui sur lequel il désire se venger. C’est ainsi que l’avait compris Job, cet homme admirable qui, accablé des traitements les plus cruels par les Sabéens, les Chaldéens et le démon, ne tient d’eux aucun compte, mais se contente, en homme droit et vraiment pieux, de prononcer ces paroles, si dignes de sa vertu et de sa Foi (1) : « Le Seigneur m’avait tout donné, le Seigneur m’a tout ôté. »

De telles paroles et un tel exemple de patience sont bien propres à convaincre les Chrétiens que tout ce que nous souffrons en cette vie vient de Dieu, Père et Auteur de toute justice et de toute miséricorde. Et sa bonté pour nous est si grande qu’Il ne nous punit point comme des ennemis, mais qu’Il nous corrige et nous châtie comme ses enfants.

Et de fait, si nous voulons y réfléchir, nous devons reconnaître que les hommes, dans les maux que nous souffrons, ne sont que les ministres et les exécuteurs de la justice divine. On peut en venir à concevoir contre quelqu’un une haine criminelle, et même lui souhaiter le plus grand mal, mais on ne peut lui nuire qu’avec la permission de Dieu. Voilà pourquoi Joseph supporta patiemment les traitements impies de ses frères, et David les injures de Séméi. Il est encore un raisonnement qui s’applique très bien à notre sujet, c’est celui de Saint Jean Chrysostome, et qu’il a développé avec tant de bonheur et d’habileté.


« Personne, dit-il, n’éprouve de mal que celui qu’il se fait à lui-même. Car ceux qui croient avoir été traités d’une manière injurieuse n’auront pas de peine à comprendre, s’ils y pensent en toute sincérité, qu’ils n’ont reçu des autres aucune injure, aucun dommage pour leur âme, encore qu’on leur ait fait quelques maux qui sont purement extérieurs. Au contraire, ils se font à eux-mêmes le plus grand mal, quand ils souillent leur âme par la haine, la cupidité et la jalousie. »


En second lieu, il y a deux grands avantages pour ceux qui en vue de plaire à Dieu pardonnent volontiers les Injures qu’on leur a faites. Le premier, c’est le pardon de nos fautes que Dieu nous a promis, si nous pardonnons celles des autres envers nous: d’où il est aisé de conclure combien cet acte de Charité lui est agréable. Le second, c’est que nous nous élevons à un nouveau degré de dignité et de perfection, car en pardonnant nous devenons en quelque sorte semblables à Dieu, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et qui fait pleuvoir sur les pécheurs comme sur les justes.

Enfin il faut…

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(1) Job., 1, 21.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:12 am

§ V. — CE QUI EST COMMANDÉ
PAR CE PRÉCEPTE.

(suite)

Enfin il faut avoir soin de bien montrer les inconvénients qui nous attendent, si nous ne voulons point pardonner les injures que nous avons reçues. Le Pasteur représentera donc à ceux qui ne peuvent se déterminer à pardonner à leurs ennemis, que la haine n’est pas seulement un péché grave, mais encore un péché qui tire de sa durée même une gravité sans cesse croissante. Car celui qui a le malheur de nourrir cette passion dans son âme, a soif en quelque sorte du sang de son ennemi. Il passera, en vue de sa vengeance, ses jours et ses nuits à rouler dans son esprit quelque projet mauvais, toujours occupé de, pensées de meurtre et de choses détestables. C’est pourquoi il devient impossible, ou du moins très difficile de l’amener à pardonner, en tout ou en partie, les injures qu’il a reçues. Aussi on a comparé très justement la haine à une plaie dans laquelle le trait reste enfoncé.

Il est encore beaucoup d’autres inconvénients et de péchés dont la haine devient pour ainsi dire le lien et le centre. C’est ce qui a fait dire à Saint Jean: (1) « Celui qui hait son frère est dans les ténèbres, et il marche dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres l’ont aveuglé. » Par conséquent, il est condamné à des chutes fréquentes ; car comment approuver les paroles ou les actes de quelqu’un qu’on déteste ? De là des jugements téméraires et injustes, des colères, des jalousies, des médisances et autres péchés semblables, qui n’épargnent pas même — cela ne se voit que trop souvent — ceux qui sont unis par les liens du sang ou de l’amitié. C’est ainsi qu’un seul péché en engendre beaucoup d’autres.

Et certes, ce n’est pas sans motif que ce péché de la haine est appelé péché diabolique, puisque (2) « le diable est homicide dès le commencement » Voilà pourquoi notre Seigneur Jésus-Christ, voyant que les Pharisiens voulaient Le faire mourir, leur disait: (1) « Le démon est votre père, et vous êtes de lui. »

Outre ce que nous venons de dire et toutes les raisons que nous avons apportées pour faire détester ce crime, nos Saints Livres nous proposent encore contre lui plusieurs remèdes d’une grande efficacité.

Le premier, et le meilleur de tous, est l’exemple de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que nous devons faire en sorte d’imiter. Lui qui ne pouvait pas même être soupçonné du moindre péché, Lui, (l’innocence même), après avoir été indignement battu de verges, couronné d’épines et cloué à une croix, laisse tomber de ses lèvres cette prière si pleine de Charité: (2) « mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font, » bien que (3) son sang répandu parlât déjà, au témoignage de l’Apôtre, plus éloquemment que celui d’Abel.

L’Ecclésiastique nous propose un autre remède. C’est la pensée de la mort et du jugement. (4) « Souvenez-vous de vos fins dernières, dit-il, et jamais vous ne pécherez. » En d’autres termes, pensez souvent, ou mieux ayez sans cesse dans la pensée que vous devez mourir bientôt. Et comme alors il sera très désirable et même très nécessaire pour vous d’obtenir la très grande miséricorde de Dieu, vous devez dès maintenant et toujours vous remettre sous les yeux cette miséricorde dont vous avez tant besoin. C’est le moyen d’éteindre dans votre âme ce feu infernal de la haine et de la vengeance. Rien n’est plus propre en effet à vous faire obtenir la divine miséricorde que l’oubli des injures et l’amour de ceux qui vous ont offensé, vous ou les vôtres, soit en paroles, soit en actions.

_____________________________________________________________

(1) 1 Joan., 2, 11. — (2) Joan., 8, 44. — (1) Joan., 8, 44. — (2) Luc., 23, 34. — (3) Hebr., 12, 24. — (4) Eccl., 7, 40.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:12 am

Chapitre trente-quatrième — Du sixième Commandement.

VOUS NE SEREZ PAS ADULTÈRES.


Le lien qui unit le mari et la femme est très étroit. Partant, rien ne peut leur être plus agréable que de se sentir aimés l’un de l’autre d’un amour tendre et loyal. Au contraire, rien ne saurait leur être plus pénible que de voir cet amour, qu’ils se doivent et qui est si légitime, s’en aller honteusement vers d’autres. Il était donc juste et absolument dans l’ordre qu’après la Loi qui protège la vie de l’homme contre le meurtre. Dieu plaçât immédiatement celle qui défend l’adultère, afin que personne n’osât violer ou détruire cette union si sainte et si honorable du Mariage, ce foyer si ardent de Charité et d’amour.

Mais en traitant cette matière, le Pasteur ne devra manquer ni de circonspection ni de prudence. Il traitera ce sujet avec la réserve la plus mesurée. N’est-il pas à craindre en effet qu’en voulant expliquer longuement et en détail les différentes manières de transgresser ce précepte, il ne vienne à dire des choses qui pourraient troubler les âmes délicates au lieu de les éclairer ?

Or, ce Commandement est très étendu et fort complexe. Et pourtant le Pasteur ne doit rien passer sous silence. Chaque chose doit venir à sa place.

Il se divise en 2 parties, l’une qui défend formellement l’adultère, l’autre qui nous commande implicitement la chasteté de l’âme et du corps.

Commençons d’abord par ce qui est défendu.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:13 am

§ I. — DE L'ADULTÈRE.

L’adultère est la violation du droit le plus sacré qui unit par serment inviolable les Epoux l’un à l’autre. L’Epoux qui manquerait de fidélité à son Epouse commettrait une faute très grave ; quiconque libre pécherait avec une personne non libre, se rendrait gravement coupable aux yeux de Dieu.

Selon Saint Ambroise et Saint Augustin, ce Commandement porté contre l’adultère s’étend à tout ce qui est déshonnête et impur. Et nos Saints Livres, ceux de l’Ancien, comme ceux du Nouveau Testament, ne nous permettent pas d’être d’un avis différent. Ainsi, outre l’adultère, d’autres genres de libertinage sont encore punis dans Moise. La Genèse nous rapporte un jugement de Juda contre sa belle-fille (1), et le Deutéronome défend positivement qu’aucune des filles d’Israël ne se livre au mal (2) . Tobie faisait cette exhortation à son fils (3): « Gardez-vous, ô mon fils, de toute impudicité » ; et l’Ecclésiastique nous dit (4) : « Rougissez de jeter les yeux sur une femme de mauvaise vie. »

Dans l’Evangile, Notre-Seigneur Jésus-Christ nous assure (5) « que du cœur sortent les adultères et les intentions mauvaises qui rendent l’homme coupable. » Quant à Saint Paul, c’est dans une foule de passages, et dans les termes les plus sévères, qu’il flétrit ce péché. Ici il dit (6) : « La volonté de Dieu est que vous soyez saints et que vous évitiez l’impudicité ; là (7) Fuyez ce vice ; ailleurs ( 8 ) Evitez les impudiques ; puis (9) Qu’on n’entende pas même parler parmi vous de ce péché, ni d’impureté de quelque sorte, ni d’avarice ; puis encore (1) : ni les impudiques, ni les adultères, ni les efféminés, ni les abominables ne seront héritiers du Royaume de Dieu. »

La principale raison pour laquelle l’adultère est expressément défendu dans ce Commandement, c’est que, outre la turpitude qui lui est commune avec toutes les autres espèces d’impuretés, il est en même temps un acte d’injustice flagrante non seulement contre le prochain, mais même contre la société civile. Il est certain d’ailleurs que celui qui ne sait pas s’abstenir des autres péchés d’impureté sera bien vite entraîné jusqu’à l’adultère.

Il est donc facile de comprendre qu’en défendant l’adultère, Dieu a défendu en même temps toute sorte d’impureté, capable de souiller le corps. De plus le libertinage intérieur du cœur est également défendu, car cette Loi est essentiellement spirituelle. Nous en avons la preuve dans ces paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ (2): « Vous savez qu’il a été dit aux Anciens: vous ne serez point adultères ; mais Moi Je vous dis que quiconque regarde une femme avec une intention mauvaise, a déjà commis t’adultère dans son cœur. »

Voilà ce qu’il nous a semblé que le Pasteur pouvait dire en public sur cette matière, en y ajoutant toutefois ce que le Saint Concile de Trente (3) a décrété contre les adultères, et contre ceux qui s’exposent à vivre dans l’habitude du mal et des fréquentations mauvaises. Il laissera de côté toutes les autres variétés de péchés contre ce Commandement, pour n’en parler qu’en particulier, et encore, selon que les circonstances et la situation des personnes lui en feront un devoir:

Il reste à expliquer maintenant la partie du précepte qui commande.

________________________________________________________________

(1) Genes., 38, 24. — (2) Deut., 23, 17. — (3) Tob., 4, 13. — (4) Eccl., 41, 25. — (5) Matth., 15, 19. — (6) 1 Thess., 4, 3. — (7) 1 Cor., 6, 18. — ( 8 ) 1 Cor., 5, 9. — (9) Eph., 5, 3. — (1) 1 Cor., 6, 9. — (2) Matth., 5, 27, 28. — (3) Sess., 24, c. 28.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:13 am

§ II. — CE QUI EST ORONNÉ PAR LE SIXIÈME COMMANDEMENT.

Il faut donc apprendre aux Fidèles et les exhorter très vivement à pratiquer avec tout le soin possible la vertu de pureté (1), « à se purifier de tout ce qui souille la chair et l’esprit, poursuivant l’œuvre de leur sanctification dans la crainte de Dieu. » Il faut surtout leur faire remarquer que, si la vertu de chasteté brille d’un éclat particulier dans ceux qui gardent religieusement l’excellente et divine vertu de virginité, elle peut aussi être pratiquée par ceux qui vivent dans le célibat, et même par les personnes mariées qui savent se conserver pures et innocentes de tous les excès défendus.

Les saints Pères nous indiquent un grand nombre de remèdes pour nous apprendre à réprimer et à dompter nos passions. Le Pasteur ne manquera pas de les faire connaître aux Fidèles, en les expliquant avec tout le soin possible.

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(1) 2 Cor., 7, 1.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:13 am

§ III . — REMÈDES CONTRE LES MAUVAISES PENSÉES.

Ces remèdes sont de deux sortes: les uns sont du domaine de la pensée, les autres appartiennent à l’action.

Les remèdes qui procèdent de la pensée consistent principalement en ce que nous comprenions très bien tout ce qu’il y a de honteux et de pernicieux dans le péché d’impureté. Cette connaissance une fois acquise, il nous sera plus facile de le détester. Or ce qui nous fait sentir combien ce crime est funeste, c’est que ceux qui ont le malheur de le commettre, sont par le fait repoussés et exclus du Royaume de Dieu. Voilà bien le dernier de tous les maux.

Sans doute, ce malheur est commun à tous les péchés mortels, mais le péché dont nous parlons a cela de particulier que ceux qui s’en rendent coupables, pèchent contre leur propre corps. C’est l’enseignement de l’Apôtre. Il dit expressément (1): « Fuyez l’impudicité ; tous les autres péchés se commettent hors de nous ; mais celui qui s’abandonne à l’impudicité pèche contre lui-même, » c’est-à-dire qu’il se fait injure en profanant sa sainteté. Voilà pourquoi Saint Paul dit encore aux Thessaloniciens (2) : « La volonté de Dieu c’est que vous deveniez des Saints, et que vous évitiez l’impudicité, et que chacun de vous sache posséder son corps dans la sainteté et l’honnêteté, ne suivant point les entraînements de la passion, comme font les nations qui ignorent Dieu. » Ensuite, ce qui est plus criminel encore, c’est que le Chrétien qui pèche honteusement avec une femme de mauvaise vie, profane ses membres qui sont les membres de Notre-Seigneur Jésus-Christ. « Ne savez-vous pas, dit l’Apôtre (3), que vos corps sont les membres de Jésus-Christ ? Peut-on transformer des membres de Jésus-Christ en instruments de péché ? A Dieu ne plaise ! Ne savez-vous pas que celui qui pèche avec une femme de mauvaise vie se réduit au plus honteux esclavage ? » D’ailleurs, au témoignage du même Apôtre (4), le Chrétien est le Temple du Saint-Esprit, et violer ce temple, n’est-ce pas en chasser cet esprit de Dieu.

En ce qui concerne l’adultère, il ne faut pas oublier qu’il renferme en lui-même une injustice très grande. Car, suivant la doctrine de Saint Paul, ceux que le mariage unit sont tellement soumis au pouvoir l’un de l’autre (1), qu’ils ne sont plus seuls maîtres d’eux-mêmes. Ils sont au contraire enchaînés entre eux et asservis l’un à l’autre, au point que le mari doit se conformer à la volonté de la femme, et la femme à celle du mari. Et par conséquent, celui des deux qui viole un droit légitime en devenant infidèle à son serment, commet une injustice très criminelle. Et comme la crainte de l’infamie est un motif très puissant pour porter les hommes à l’accomplissement de ce qui est ordonné, et pour les détourner de ce qui est défendu, le Pasteur aura grand soin de montrer aux Fidèles que l’adultère imprime sur le front de celui qui le commet un stigmate d’ignominie. Nos Livres saints nous disent expressément: (2) « Celui qui est adultère perdra son âme par la folie de son cœur. Il amassera sur sa tête l’opprobre et la honte, et son infamie ne s’effacera jamais. »

Enfin la sévérité des châtiments réservés aux adultères nous démontre…

__________________________________________________________

(1) 1 Cor., 6, 18. — (2) 1 Thess., 4, 3. — (3) 1 Cor., 6, 15. — (4) 1 Cor., 6, 19. — (1) 1 Cor., 7, 4. — (2) Prov., 6, 32.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:14 am

§ III . — REMÈDES CONTRE LES MAUVAISES PENSÉES.

(suite)

Enfin la sévérité des châtiments réservés aux adultères nous démontre suffisamment la grandeur de leur crime. On sait que la Loi de Moïse les condamnait à être lapidés. Bien plus, ne lisons-nous pas que pour le crime d’un seul, non seulement Dieu a frappé le coupable, mais une ville tout entière, celle des Sichimites ? La Sainte Ecriture nous fournit encore plusieurs autres exemples des châtiments exercés par Dieu contre ceux qui violent ce Commandement. Le Pasteur fera bien de les rassembler et de les raconter aux Fidèles, pour les détourner de plus en plus de ces excès abominables. Ainsi furent détruits les habitants de Sodome et des villes voisines, les israélites qui avaient péché avec les filles de Moab dans le désert, et les Benjamites.

Et même ceux qui échappent à la mort, n’échappent ni aux douleurs, ni aux tourments cruels dont ils sont souvent la victime. Ils sont punis du plus terrible des châtiments, l’aveuglement de l’esprit. Dès lors ils ne tiennent plus compte de rien. Dieu, réputation, dignité, enfants, eux-mêmes, tout est oublié. Ils deviennent ainsi tellement pervers et incapables, qu’on, ne peut leur confier rien d’important, et qu’ils ne sont plus guère propres à aucune fonction sérieuse. L’exemple de David et de Salomon nous le prouve bien. Le premier, après son adultère, se trouva tout à coup si différent de lui-même, que de très doux qu’il était, il devint cruel et barbare, et qu’il fit exposer à une mort certaine un de ses plus zélés serviteurs, le fidèle Urie. Le second, livré tout entier à ses honteuses passions, en vint à cet excès d’abandonner sa religion et d’adorer les faux dieux. tant il est vrai que ce péché, comme dit le Prophète Osée (1), « emporte le cœur de l’homme , » et le plus souvent même, « le rend aveugle ».

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(1) Os., 4, 11.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:14 am

§ IV. — AUTRES REMÈDES CONTRE L'IMPURETÉ.

Venons maintenant aux remèdes qui sont du domaine de l’action.

Le premier est de fuir l’oisiveté. C’est en s’énervant dans ce vice, comme dit Ezéchiel (2), que les Sodomites se précipitèrent dans les désordres si honteux de leurs horribles débauches,

Le second est d’éviter l’intempérance avec le plus grand soin. « Je les ai rassasiés, dit le Prophète, et ils ont commis l’adultère. » En effet, c’est une cause d’impureté que de prendre des aliments avec excès. C’est ce que notre Seigneur veut nous faire entendre, quand Il nous dit: (1) « prenez garde de laisser vos cœurs s’appesantir dans l’intempérance et l’ivresse. » Saint Paul nous dit aussi: (2) « Ne vous enivrez point par le vin, d’où naît la luxure. »

Mais ce qui allume le plus ordinairement la passion impure dans les cœurs, ce sont les regards. C’est pourquoi Notre-Seigneur nous dit: (3) « Si votre œil vous scandalise, arrachez-le, et jetez-le loin de vous. » Les Prophètes avaient parlé dans le même sens. « J’ai fait un pacte avec mes yeux, dit Job (4), pour éviter toute pensée dangereuse. » Et d’ailleurs, nous avons des exemples presque innombrables des désordres qui ont eu leur source dans la curiosité mauvaise des regards. Il n’y a qu’à se rappeler le péché de David, celui du roi de Sichem, et enfin celui des vieillards qui se firent les calomniateurs de Suzanne.

Les parures trop élégantes, si bien faites, malheureusement, pour attirer les regards, sont encore une des sources les plus ordinaires de l’impureté. De là cet avertissement que nous donne l’Ecclésiaste: (5) « détournez vos yeux d’une femme parée ». Et comme les femmes sont d’ordinaire trop attachées aux ornements du corps, il est nécessaire que le Pasteur les avertisse de temps en temps d’éviter ce défaut, et même de leur faire entendre sur ce point le langage sévère de l’Apôtre Saint Pierre: (1) « Que les femmes ne se parent point au dehors par l’art de leur chevelure, par les ornements d’or, ni par la beauté des vêtements. » Et Saint Paul, de son côté, leur défend (2) « les cheveux frisés, les ornements d’or, les pierres précieuses, les vêtements somptueux. » Souvent en effet ces ornements extérieurs ont fait perdre le véritable ornement de l’âme et du corps.

Mais si la trop grande recherche dans la parure porte habituellement au péché de l’impureté…

_____________________________________________________________

(2) Ezech., 16, 49. — (1) Luc, 21, 34. — (2) Eph. 5, 18. — (3) Matth., 5, 29. — (4) Job., 31, 1. — (5) Eccl., 9, 8. — (1) 1 Petr., 3, 3. — (2) 1 Tim., 2, 9.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:15 am

§ IV. — AUTRES REMÈDES CONTRE L'IMPURETÉ.

(suite)

Mais si la trop grande recherche dans la parure porte habituellement au péché de l’impureté, les discours et entretiens déshonnêtes n’y conduisent pas moins. Les propos obscènes sont comme une flamme ardente qui allume dans le cœur des jeunes gens le feu de l’impureté. « Les entretiens mauvais corrompent les bonnes mœurs, » dit l’Apôtre (3). Il en est de même des chants trop tendres, et trop efféminés, des danses, des livres licencieux ou peu chastes, ainsi que des tableaux qui représentent quelque chose de honteux. Toutes ces choses doivent être évitées avec le plus grand soin, car elles sont capables d’éveiller des sentiments dangereux dans le cœur de la jeunesse et de l’exposer au péril. Sur ce point le Pasteur doit surtout recommander aux Fidèles d’observer religieusement ce que le saint Concile de Trente a réglé avec tant de sagesse et de piété.

Si l’on met tous ses soins à éviter tout ce que nous venons de rappeler, on ne laisse presque pas de place à la passion impure. Mais il ne faut pas oublier que les moyens les plus puissants pour la comprimer et la réduire sont la Confession fréquente et la fréquente Communion, avec des prières assidues et ferventes, l’aumône et le jeûne. La chasteté est un don de Dieu (1) ; qu’Il ne refuse jamais à ceux qui le demandent comme il faut. « Il ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces. »

Enfin il faut exercer le corps non seulement par des jeûnes, et spécialement par ceux que l’Eglise prescrit, mais aussi par des veilles, par de pieux pèlerinages, et par d’autres mortifications. C’est le moyen de dompter nos appétits mauvais, et de produire des actes très méritoires de la vertu de tempérance. « Ceux qui combattent dans l’arène, dit Saint Paul (2), [en parlant de la mortification], s’abstiennent de toutes choses, et cependant ce n’est que pour obtenir une couronne corruptible, au lieu que la nôtre est incorruptible. » Peu après il ajoute: « Je châtie mon corps et je le réduis en servitude, de crainte qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois réprouvé moi-même. » Ailleurs il dit encore: (3) « ne cherchez pas à contenter votre chair dans ses désirs ».

______________________________________________________________

(3) 1 Cor., 15, 33. — (1) 1 Cor., 7, 7 et 10, 13. — (2) 1 Cor., 9, 25. — (3) Rom., 13, 14.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:16 am

Chapitre trente-cinquième — Du septième Commandement.


VOUS NE DÉROBEREZ POINT.


C’est une pratique fort ancienne dans l’Eglise que de chercher à pénétrer les Fidèles de la nature et de l’importance de ce Commandement. Nous en avons pour preuve ce reproche adressé par l’Apôtre à des hommes qui détournaient les autres des vices dont ils étaient eux-mêmes tout couverts. (4) « Vous instruisez les autres, et vous ne vous instruisez pas vous-mêmes. Vous prêchez qu’il ne faut pas voler, et vous volez vous-mêmes. » Grâce à cet enseignement, non seulement on parvenait à corriger les hommes de ce péché alors très fréquent, mais même on réussissait à apaiser les querelles, les procès et tous les autres maux que le vol amène ordinairement avec lui. Mais puisque malheureusement l’époque où nous vivons nous donne le spectacle des mêmes fautes avec les mêmes inconvénients et les mêmes malheurs qui en sont la suite, les Pasteurs se feront un devoir, à l’exemple des Saints Pères et des Maîtres de la discipline chrétienne, d’insister fortement sur ce point, et d’expliquer en détail, et avec tout le zèle possible, la nature et la portée de ce Commandement. Leur première occupation et leurs premiers soins seront de bien faire ressortir l’amour immense de Dieu pour nous. Il ne s’est pas contenté, en effet, ce Dieu infiniment bon, de mettre en sûreté notre vie, notre corps, notre honneur et notre réputation par ces deux préceptes: Vous ne tuerez point ; vous ne serez point adultère. Mais Il a voulu aussi par cet autre commandement, Vous ne déroberez point, entourer d’une sorte de garde, protéger et défendre tous nos biens extérieurs. Car quelle idée attacher à ces paroles, sinon celle que nous avons indiquée plus haut, en traitant des Commandements qui précèdent, à savoir, que Dieu défend de prendre ou d’endommager les biens d’autrui dont Il se déclare le Protecteur ? Or, plus le bienfait de la Loi divine est étendu, plus aussi nous devons être reconnaissants envers Dieu, qui en est l’Auteur. Et comme la meilleure manière d’avoir cette reconnaissance et de la Lui prouver, c’est non seulement de recevoir avec joie ses préceptes, mais encore de les pratiquer fidèlement, il faudra exciter (et enflammer) les Fidèles à observer exactement celui dont nous parlons.

Le septième Commandement — comme les précédents — se divise en deux parties: la première qui défend le vol, et qui est explicitement formulée ; la seconde qui est implicitement contenue et renfermée dans la première, et qui nous ordonne d’être bienfaisants et généreux envers nos semblables. Parlons d’abord de la première, Vous ne déroberez point.

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(4) Rom., 2, 21.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:16 am

§ I. — QU'EST-CE QUE LE VOL ?

Il y a lieu de faire remarquer tout d’abord que voler ne signifie pas seulement prendre quelque chose à quelqu’un, secrètement et malgré lui, mais encore retenir une chose contre la volonté de celui à qui elle appartient. Car il est impossible de s’arrêter même à la pensée que Dieu qui défend le vol, puisse approuver la rapine, qui est un vol commis avec violence et outrage. Et Saint Paul n’a-t-il pas dit, en propres termes: (1) « Les ravisseurs du bien d’autrui ne posséderont point le Royaume de Dieu. » C’est pourquoi il ajoute que nous devons éviter avec soin de les fréquenter et de les imiter. Cependant, quoique la rapine soit un péché plus grave que le simple vol — puisque non seulement elle enlève, mais enlève avec violence et insulte — ce n’est pas sans une raison profonde que Dieu, dans ce Commandement, s’est servi du mot vol qui est un terme plus adouci, et en même temps plus général et plus étendu que celui de rapine ; la rapine en effet ne peut être commise et consommée que par des êtres plus forts et plus audacieux que leur victime. Au surplus, tout le inonde comprendra que là où les fautes légères sont défendues, les fautes graves de même espèce le sont aussi, et nécessairement.

La possession et l’usage injustes du bien d’autrui prennent des noms différents, selon la diversité des choses qui sont soustraites à leurs propriétaires, malgré eux et à leur insu. Ainsi enlever quelque chose à un particulier, cela s’appelle un vol. Enlever le bien public, c’est un péculat. Réduire en servitude une personne libre ou s’approprier l’esclave d’un autre, c’est un plagiat. Dérober une chose sacrée, c’est un sacrilège. C’est le péché le plus énorme et le plus détestable qu’on puisse commettre contre ce Commandement: et pourtant, hélas ! il est très commun de nos jours. Des biens que la sagesse et la piété avaient voulu absolument consacrer au service divin, aux Ministres de l’Eglise et au soulagement des pauvres ne sont-ils pas détournés trop souvent pour satisfaire les passions et les plaisirs coupables de ceux qui les ont ravis ?

Mais ce précepte ne défend pas seulement le vol proprement dit, c’est-à-dire l’action extérieure du vol, il en défend aussi le désir et la volonté. C’est qu’en effet, il y a une loi spirituelle qui atteint le cœur, source de nos pensées et de nos résolutions. « Car c’est du cœur, dit Notre-Seigneur dans Saint Matthieu (1), que viennent les mauvaises pensées, les homicides, les impudicités, les vols et les faux témoignages. »

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(1) Cor., 6, 10. — (1) Matth., 15, 19.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:17 am

§ II. — LE VOL EST UN GRAND PÉCHÉ.

Les lumières naturelles et la raison seule suffisent pour nous faire comprendre la gravité de ce péché. En effet, le vol est entièrement contraire à la justice, qui attribue à chacun ce qui lui appartient. La distribution et le partage des biens, établis dès l’origine par le droit des gens, confirmés d’ailleurs par les Lois divines et humaines, doivent être tellement inviolables, que chacun puisse posséder paisiblement ce qui lui appartient de droit ; sans quoi la société est impossible.. Aussi, comme le dit l’Apôtre (1), « Ni les voleurs, ni les avares, ni tes ivrognes, ni les médisants, ni les ravisseurs du bien d’autrui ne posséderont le Royaume de Dieu. »

L’énormité de ce péché et l’horreur qu’il doit inspirer se révèlent encore par les suites funestes qu’il trame après lui. Il est la source d’une foule de jugements indiscrets et téméraires sur un grand nombre de personnes ; il produit des haines, des inimitiés, et quelquefois même des condamnations terribles de personnes innocentes.

D’ailleurs Dieu ne fait-il pas une obligation rigoureuse de réparer le dommage qu’on a causé à son semblable en lui dérobant son bien ? « Point de rémission du péché, dit Saint Augustin (2) , sans la restitution de l’objet enlevé. » Mais cette restitution, pour les personnes habituées à s’enrichir aux dépens du prochain, ne présente-t-elle pas les plus grandes difficultés ? chacun peut en juger par soi-même et par la conduite ordinaire des autres. Dans tous les cas, voici ce qu’en pense le Prophète Habacuc (3): « Malheur à celui qui amasse des biens qui ne lui appartiennent pas, et qui ne cesse de s’entourer d’une boue épaisse !» Cette boue épaisse, c’est la possession du bien d’autrui. Il est bien difficile d’en sortir et de s’en débarrasser.

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(1) 1 Cor., 6, 10. — (2) S. Aug. Epist., 54. — (3) Hab., 2, 6.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:17 am

§ III. — DIFFÉRENTES ESPÈCES DE VOL.

Il y a tant d’espèces différentes de vols, qu’il serait très difficile de les énumérer toutes. II suffira d’expliquer avec soin le vol et la rapine, qui sont les deux espèces auxquelles se rapporte tout ce que nous allons dire sur ce sujet. Le Pasteur fera donc tous ses efforts et ne négligera rien pour inspirer aux Fidèles une vive horreur de ce crime et pour les en détourner. Parlons d’abord de la première espèce.

On se rend coupable de vol, quand on achète des choses volées, ou que l’on garde celles qui ont été trouvées, saisies, ou enlevées de quelque manière que ce soit. « Trouver et ne pas rendre, dit Saint Augustin (1), c’est prendre ! » Toutefois, si l’on ne peut en aucune façon découvrir celui à qui appartient l’objet trouvé, il faut en faire profiter les pauvres. Celui qui ne veut pas restituer dans ce cas montre bien qu’il serait prêt à dérober tout ce qui lui tomberait sous la main, s’il pouvait l’emporter.

On commet le même crime lorsque, en vendant, ou en achetant, on a recours à la fraude et à des paroles mensongères. Ces fraudes et ces mensonges sont toujours punis de Dieu. Mais les plus coupables et les plus iniques en ce genre de vol sont ceux qui vendent comme bonnes et parfaites, des marchandises falsifiées et corrompues, ou qui trompent les acheteurs sur le poids, la mesure, le nombre et la règle. On lit dans le Deutéronome (2): « Vous n’aurez point dans votre sac deux poids différents ; » et dans le Lévitique (3): « Ne faites point tort par vos jugements, par vos poids et vos mesures. Que vos balances, vos poids, vos setiers et vos boisseaux soient justes ! » on lit aussi dans un autre endroit (4) : « Le double poids est une abomination aux yeux de Dieu ; la balance frauduleuse n’est pas bonne. »

Il y a encore vol évident, lorsque des ouvriers et des artisans n’ont pas travaillé d’une manière suffisante et comme ils le devaient, et que néanmoins ils exigent leur salaire en entier. Il faut dire la même chose des serviteurs et des gardiens infidèles. Et même ces sortes de voleurs sont beaucoup plus condamnables que les autres, car les clés défendent au moins contre les voleurs ordinaires, tandis qu’il n’y a rien de caché, ni de fermé pour le voleur domestique.

Sont aussi probablement coupables de vol, ceux qui par des discours pleins de dissimulation et d’artifice, ou par une feinte pauvreté, parviennent à extorquer de l’argent ; et même leur faute est d’autant plus grave qu’ils joignent le mensonge au vol.

Enfin il faut mettre aussi au nombre des voleurs ceux qui, étant payés pour remplir quelque fonction particulière ou publique, n’y donnent que peu ou point de temps, négligent leur charge, mais n’oublient point d’en toucher les profits et les émoluments.

Il existe une multitude d’autres manières de voler. Toutes viennent de l’avarice si ingénieuse à découvrir les moyens d’avoir de l’argent. II serait trop long, et même presque impossible, comme nous l’avons dit, d’en faire l’énumération.

_____________________________________________________________________

(1) S. Aug. Lib., 50. Hom., 9. — (2) Deut., 25, 13. — (3) Lev., 19, 35. — (4) Prov., 20, 23.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:17 am

§ IV. — DE LA RAPINE.

La rapine est la seconde espèce de vol. Mais avant de l’expliquer aux Fidèles, il importe grandement que le Pasteur leur rappelle ces paroles de l’Apôtre (1): « Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans le piège du démon. » Qu’il ne laisse jamais non plus oublier ce précepte (1). « Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le leur aussi ; » ni cet autre (2) : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas que l’on vous fit à vous-même. »

La rapine s’étend très loin. Ainsi, ceux qui ne paient point leur salaire aux ouvriers, sont de véritables ravisseurs. Saint Jacques les invite à la pénitence en ces termes: (3) « Allons, riches, pleurez maintenant, poussez des cris et des hurlements à cause des malheurs qui doivent fondre sur vous. » Et il leur en donne la raison en disant: « Voilà que le salaire que vous dérobez aux ouvriers qui ont moissonné vos champs crie contre vous, et que ces cris sont montés jusqu’aux oreilles du Dieu des armées. » Ce genre de rapine est absolument réprouvé dans le Lévitique, dans le Deutéronome, dans Malachie et dans Tobie.

Sont également coupables de rapine: ceux qui ne paient point à l’Eglise et aux princes les impôts, les tributs, les dîmes et tout ce qui leur est dû, ou bien qui le détournent à leur profit: les usuriers, ces ravisseurs si durs et si cruels qui pillent le pauvre peuple, et l’écrasent de leurs intérêts exorbitants. — L’usure est tout ce qui se perçoit au delà de ce qui a été prêté, soit argent, soit autre chose qui puisse s’acheter et s’estimer à prix d’argent. — II est écrit dans le Prophète Ezéchiel (4) : « Ne recevez ni usure ni rien au delà de votre prêt. » Et Notre-Seigneur nous dit dans Saint Luc (5) : « Prêtez sans rien espérer de là. » Ce crime fut toujours très grave et très odieux, même chez les païens. De là cette maxime: Qu’est-ce que prêter à usure ? Qu’est-ce que tuer un homme ? pour marquer qu’à leurs yeux, il n’y avait pas de différence. En effet, prêter à usure, n’est-ce pas, en quelque sorte, vendre deux fois la même chose, ou bien vendre ce qui n’est pas ?

Sont coupables aussi de rapine ces juges à l’âme vénale, qui vendent la justice, qui se laissent corrompre par l’argent et les présents, et font perdre les meilleures causes aux petits et aux pauvres.

Il en est de même de ceux qui trompent leurs créanciers, qui nient leurs dettes, ou qui, ayant obtenu du temps pour payer, achètent des marchandises sur leur parole, ou sur la parole d’un autre, et qui finalement ne paient point. Leur faute est d’autant plus grave, que les marchands prennent occasion de leur infidélité et de leurs tromperies pour vendre tout beaucoup plus cher au détriment de tous. C’est bien à eux que semble s’appliquer cette plainte de David (1) « Le pécheur empruntera, et il ne paiera point. »

Que dirons-nous de ces riches qui poursuivent des débiteurs insolvables, leur réclament avec la dernière rigueur ce qu’ils ont prêté, et ne craignent pas de retenir pour gage, contre la défense de Dieu, même les choses qui sont nécessaires à ces malheureux ? « Si vous prenez en gage, dit le Seigneur (2) , le vêtement de votre prochain, vous le lui rendrez avant le coucher du soleil, car c’est le seul qu’il possède pour se couvrir et sur quoi dormir. S’il crie vers Moi, Je l’exaucerai parce que Je suis miséricordieux. » Nous n’avons donc pas tort d’appeler rapacité, et par conséquent rapine, la dureté de créanciers si cruels.

Les saints Pères mettent aussi au nombre des ravisseurs, ou hommes de rapine, ceux qui dans une disette accaparent le blé, et sont cause que la vie devient chère et très dure. Il en est de même pour toutes les autres choses nécessaires à la nourriture et à la subsistance. C’est sur eux que tombe la malédiction de Salomon (1) : « Quiconque cache le blé, sera maudit du peuple. » Les Pasteurs ne craindront point de les avertir du mal énorme qu’ils font, de les reprendre sans ménagement, et de mettre sous leurs yeux tous les châtiments réservés à de pareils crimes.

Voilà ce que le 7 eCommandement nous défend. Venons maintenant à ce qu’il nous ordonne.

_________________________________________________

(1)1 Tim., 6, 9. — (1) Matth., 7, 12. — (2) Tob., 4, 16. — (3) Jac., 5, 1. — (4) Ezech., 18, 8. — (5) Luc., 6, 35. — (1) Ps., 36, 21. — (2) Exod., 22, 26. — (1) Prov., 11, 26.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:18 am

§ V. — DE LA RESTITUTION.

La première chose que ce Commandement nous ordonne, c’est la restitution. [Rappelons-nous le mot de Saint Augustin]: « Point de rémission du péché, sans la restitution de l’objet volé. » Et comme l’obligation de restituer n’atteint pas seulement celui qui a perpétré le vol [de ses propres mains], mais encore tous ceux qui y ont participé de quelque manière que ce soit, il est nécessaire que les Pasteurs enseignent clairement comment on peut tremper dans le vol et la rapine, afin qu’on sache bien quelles sont les personnes qui ne peuvent se soustraire à cette loi de la satisfaction et de la restitution.

Nous nous trouvons ici en face de plusieurs catégories.

La première comprend ceux qui commandent expressément de voler. Ceux-là non seulement sont les complices et les auteurs du vol, mais à vrai dire, ils sont plus coupables que tous les autres.

La seconde renferme ceux qui se bornent à être les conseillers et les instigateurs du vol, parce qu’ils n’ont pas assez d’autorité pour le commander ; ils sont aussi coupables que les premiers, et doivent être placés sur la même ligne, quoique leur action ne soit pas la même.

La troisième se compose de ceux qui sont d’intelligence avec les voleurs.

La quatrième, de ceux qui participent au vol et qui en retirent quelque profit, si toutefois il est permis d’appeler profit ce qui leur vaudra un éternel supplice, à moins qu’ils ne viennent à résipiscence. C’est de cette espèce de voleurs que David vent parler quand il dit (1) : « Lorsque vous voyiez un voleur, vous couriez avec lui. »

La cinquième compte ceux qui, pouvant parfaitement empêcher le vol, le souffrent et le permettent, bien loin de s’y opposer et de le rendre impossible.

La sixième, ceux qui, sachant très bien qu’un vol a été commis, et où il a été commis, non seulement n’en disent rien, mais même vont jusqu’à feindre de n’en rien savoir.

La septième et dernière, tous ceux qui se font les aides des voleurs, leurs gardiens, leurs protecteurs, qui au besoin leur fournissent asile et domicile. — tous ceux qui participent au vol de l’une ou l’autre de ces manières, sont tenus de satisfaire à ceux qui ont été volés, et il ne faut pas négliger de les exhorter fortement à l’accomplissement de cet indispensable devoir.

Il est difficile d’exempter entièrement du péché de vol ceux qui le louent et l’approuvent. Et il faut dire la même chose des enfants de famille et des femmes qui ne craignent pas de dérober de l’argent à leurs parents et à leurs maris.

______________________________________

(1) Ps., 49, 19.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:18 am

§ VI. — DES ŒUVRES DE MISÉRICORDE.

Le 7e Commandement nous impose encore une autre obligation. Il veut que nous ayons compassion des pauvres et des malheureux, et que nous sachions employer nos ressources et nos moyens pour les soulager dans leurs besoins et leur détresse. Or, ce sujet étant un de ceux qui demandent à être traités très fréquemment, d’une manière très étendue, les Pasteurs puiseront leurs développements dans les ouvrages de très saints Auteurs, comme Saint Cyprien, Saint Jean Chrysostome, Saint Grégoire de Naziance et d’autres encore qui ont écrit de si belles pages sur l’aumône. Ainsi ils n’auront aucune peine à s’acquitter de leur devoir. Ils chercheront à enflammer les Fidèles du désir et de l’ardeur de secourir ceux qui ne vivent que de la charité d’autrui. Mais surtout ils voudront leur montrer clairement combien il est pour eux nécessaire de faire l’aumône — c’est-à-dire de venir généreusement en aide aux malheureux, et par leur argent et par leurs soins — en leur rappelant cette vérité, impossible à nier, que Dieu, au jour suprême du jugement, repoussera honteusement et enverra au feu éternel de l’Enfer ceux qui auront omis et négligé le devoir de l’aumône, tandis qu’au contraire il comblera de louanges et introduira dans le ciel ceux qui auront fait du bien aux indigents. C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même qui a prononcé cette double sentence: (1) « Venez, les bénis de mon Père, possédez le Royaume qui vous a été préparé » et « Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel ! »

En outre les Prêtres auront soin de citer aux Fidèles d’autres textes de la Sainte Ecriture, bien faits pour les convaincre. (1) « Donnez, et l’on vous donnera ! »

Ils insisteront sur cette autre promesse de Dieu, la plus riche et la plus magnifique qui se puisse imaginer: (2) « Personne ne quittera pour Moi (ce qu’il possède), qu’il n’en reçoive cent fois autant dans cette vie, et le salut éternel dans l’autre. »

Il ne manquera pas d’ajouter ces autres paroles du Sauveur: (3) « Employez les richesses d’iniquité à vous acquérir des amis, afin que lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels. »

Puis, en développant les différentes parties de ce devoir sacré, ils s’appliqueront à bien faire comprendre que ceux qui ne sont pas en situation de donner aux pauvres, doivent au moins leur prêter de bonne grâce, selon ce Commandement du Seigneur: (4) « Prêtez, sans rien espérer de votre prêt. » Et David a exprimé en ces termes le mérite d’une telle conduite: (5) « Heureux celui qui a compassion des pauvres et qui leur prête ! »

_________________________________________________________

(1) Matth., 25, 34-41. — (1) Luc, 6, 38. — (2) Marc., 10, 19. — (3) Luc., 16, 9. — (4) Luc., 6, 36. — (5) Ps., 111, 5.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:19 am

§ VII. — DE IL FAUT SE METTRE EN ÉTAT
DE FAIRE L'AUMÔNE.

Si l’on n’a pas les moyens de venir en aide à ceux qui attendent leur vie de la compassion des autres, la piété chrétienne veut qu’on se mette en état de soulager leur détresse, en s’occupant pour eux, en travaillant de ses mains, s’il le faut. Ce sera en même temps un excellent moyen de fuir l’oisiveté. C’est à quoi l’Apôtre Saint Paul exhorte tous les Fidèles par son propre exemple, quand il écrit aux Thessaloniciens: (1) « Vous savez bien que vous êtes obligés de nous imiter. » Et dans une autre Epître il dit encore aux mêmes: (2) « Appliquez-vous à vivre en repos, faites ce qui est de votre devoir, et travaillez de vos propres mains, ainsi que nous vous l’avons commandé. » Et aux Ephésiens: (3) « Que celui qui dérobait, ne dérobe plus désormais, mais plutôt qu’il s’occupe en travaillant des mains à quelque ouvrage utile, afin qu’il ait de quoi soulager celui qui est dans le besoin. »

Enfin il faut vivre avec frugalité, et faire en sorte d’épargner le bien d’autrui, afin de n’être pas à charge, ni insupportable aux autres. Cette vertu, qui est la tempérance, brille d’une manière admirable dans la personne de tous les Apôtres, mais elle éclate surtout dans Saint Paul, qui a le droit d’écrire en ces termes aux Thessaloniciens: (4) « Vous vous souvenez, mes Frères, des peines et des fatigues que nous avons essuyées en travaillant jour et nuit, pour n’être à charge à aucun de vous pendant que nous vous annoncions l’Evangile de Dieu », et qui répète dans un autre endroit: « Nous avons été accablé de travail le jour et la nuit pour n’être à charge à personne. »

___________________________________

(1) 2 Thess., 3, 7. — (2) 1 Thess., 4, 11. — (3) Eph., 4, 28. — (4) 1 Thess., 2, 9.

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§ VIII. — CHÂTIMENTS DU VOL: RÉCOMPENSES
DES ŒUVRES DE MISÉRICORDE.

Mais afin d’inspirer aux Fidèles une horreur plus vive encore pour toute espèce de vols, les Pasteurs auront soin de leur montrer dans les Prophètes et les autres Auteurs sacrés, combien ces actions criminelles sont en exécration devant Dieu, et quelles menaces effrayantes Il a voulu faire à ceux qui les commettent: (1) « Ecoutez ceci, s’écrie le Prophète Amos, vous qui dévorez le pauvre et qui faites languir tous les indigents ; vous qui dites: quand sera passée la néoménie, afin que nous puissions vendre nos récoltes ? quand finira le Sabbat, afin que nous puissions ouvrir nos greniers ? Vous qui diminuez l’Epha, qui augmentez le poids du sicle et qui vous servez de balances trompeuses. »

Les mêmes menaces se trouvent dans Jérémie, dans les Proverbes et dans l’Ecclésiastique. Et on ne peut douter que la plupart des maux dont souffre notre siècle ne remontent à ces causes.

Au surplus, afin d’accoutumer les Chrétiens à exercer envers les pauvres et les malheureux tous les offices de libéralité et de bienfaisance qui se rapportent à cette seconde partie du septième Commandement, les Pasteurs ne manqueront pas de faire briller à leurs yeux les splendides récompenses que Dieu réserve en cette vie et en l’autre à ceux qui se seront montrés bons et charitables envers les pauvres.

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(1) Amos, 8, 4, 5.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:20 am

§ IX. — EXCUSES DES VOLEURS.

Il ne manque pas de gens qui cherchent à excuser même leurs vols. Aussi bien, faut-il leur déclarer positivement que leur péché sera sans excuse devant Dieu. II y a plus loin de diminuer leur faute, ils l’aggravent singulièrement en voulant la justifier. Il ne faut donc pas tolérer le luxe et les plaisirs de certains nobles, qui pensent atténuer leur crime en soutenant que s’ils s’emparent du bien d’autrui, ce n’est ni par cupidité, ni par avarice, mais seulement pour conserver la grandeur de leur famille et de leurs ancêtres, dont la considération et la dignité périraient, s’ils ne pouvaient plus les maintenir avec le bien des autres. Il faut détruire cette erreur pernicieuse, en leur faisant voir qu’il n’y a qu’un moyen légitime de conserver et d’augmenter leurs biens, la puissance et la gloire de leurs ancêtres, c’est d’obéir à la volonté de Dieu et d’observer ses Commandements. Que le mépris de ces Commandements peut causer la ruine des familles les plus riches et les mieux établies, précipiter les rois de leur trône, et du faîte des honneurs, et obliger Dieu, en quelque sorte, à élever à leur place des hommes de basse extraction. Et pour qui ils n’avaient que de la haine et du mépris. C’est ainsi que ces orgueilleux enflamment contre eux la colère de Dieu, et d’une manière terrible. Ecoutons plutôt ces paroles que le Prophète Isaïe met dans la bouche de Dieu même: (1) « Tes princes sont infidèles ; ils sont d’intelligence avec les voleurs ; ils aiment les présents ; ils recherchent les récompenses ; c’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur, le Dieu des armées, le Dieu fort d’Israël malheur à eux ; le temps viendra où Je me réjouirai de la perte de mes ennemis, et où Je me vengerai d’eux ; au lieu que Je te prendrai sous ma protection, et Je te purifierai de toutes tes souillures. »

D’autres, [pour essayer de se justifier] ne parlent pas de la splendeur et de la gloire de leur maison ; ils ne prennent le bien d’autrui, disent-ils, que pour mener une vie plus facile et plus élégante. Il faut les réfuter aussi et leur montrer combien leurs paroles et leurs actions sont impies, puisqu’ils ne craignent pas de mettre les avantages et les douceurs de la vie au-dessus de la volonté et de la gloire de Dieu, que nous offensons étrangement en négligeant ses préceptes. D’ailleurs, quels avantages peut-il y avoir dans le vol qui a des conséquences si funestes ? « Le voleur, dit l’Ecclésiastique (1), sera couvert de confusion et dévoré par les remords. » Mais en supposant même qu’il n’y ait rien de semblable à craindre, est-ce que le vol ne déshonore point le nom adorable de Dieu ? n’est-il pas contraire à sa très sainte volonté ? ne méprise-t-il pas ses préceptes les plus salutaires ? et par le fait, ne devient-il pas la source de toutes les erreurs, de tous les crimes, de toutes les impiétés ?

Faut-il ajouter que l’on entend quelquefois des voleurs soutenir qu’ils ne sont aucunement coupables, parce que s’ils prennent quelque chose, c’est à des gens riches et dans l’abondance, tellement riches, qu’ils n’en éprouvent aucun dommage, si même ils s’en aperçoivent. Cette excuse n’en est pas une. Elle est aussi misérable que criminelle.

Un autre va jusqu’à s’imaginer qu’il est parfaitement excusé, parce que…

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(1) Is., 1, 23, et seq. — (1) Eccl., 5, 17.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:20 am

§ IX. — EXCUSES DES VOLEURS.

(suite)

Un autre va jusqu’à s’imaginer qu’il est parfaitement excusé, parce que, dit-il, il a contracté une si grande habitude de prendre le bien d’autrui qu’il ne peut plus s’en empêcher. Mais si ce malheureux n’écoute pas le conseil de l’Apôtre qui lui dit: (2) « Que celui qui dérobait, ne dérobe plus, » il faudra bien qu’il s’habitue, qu’il le veuille ou non, à endurer les éternels supplices.

Plusieurs, pour excuser leurs larcins, se rejettent sur l’occasion. C’est en effet un proverbe banal, à force d’être répété, que « l’occasion fait le larron ». Mais il faut absolument les détromper, en leur rappelant que nous sommes obligés de résister à nos penchants déréglés. Car en vérité s’il fallait mettre sur-le-champ à exécution tout ce que la passion inspire, où s’arrêterait-on dans le crime, le désordre et l’infamie ? c’est donc une excuse tellement honteuse, qu’elle est plutôt l’aveu d’une extrême faiblesse de volonté, et d’une injustice criante.

D’autre part, prétendre qu’on ne pèche point, parce qu’on ne se trouve pas dans l’occasion, n’est-ce pas avouer, pour ainsi dire, que l’on pécherait sans cesse, si l’occasion ne cessait de se présenter ?

Il en est aussi qui soutiennent qu’ils sont en droit de voler pour se venger des torts dont ils ont été victimes. Il faut leur répondre, premièrement qu’il n’est permis à personne de se venger, ensuite que nul n’est juge dans sa propre cause, et que par conséquent il est encore bien moins permis de punir quelqu’un pour des injustices que d’autres auront commises contre vous.

Enfin on en rencontre qui croient que leur vol est assez justifié et non répréhensible, parce qu’ils le commettent pour payer des dettes accablantes dont ils ne pourraient se libérer autrement. A de tels hommes il faut montrer que de toutes les dettes, la plus lourde, la plus accablante pour le genre humain est celle dont nous parlons à Dieu chaque jour dans l’Oraison dominicale: Remettez-nous nos dettes ; (1) que par suite, c’est une insigne folie d’augmenter sa dette envers Dieu, c’est-à-dire ses péchés, pour s’acquitter envers les hommes ; qu’il vaut infiniment mieux être jeté dans un cachot que d’être un jour livré aux feux éternels de l’enfer ; qu’il est bien plus terrible d’être condamné au tribunal de Dieu qu’au tribunal des hommes ; et enfin qu’ils doivent recourir avec confiance à la bonté de ce même Dieu, toujours prêt à les assister et à leur accorder tout ce qui leur est nécessaire.

Il ne manque pas d’autres prétextes dont on se sert pour essayer de justifier le vol. Des Pasteurs zélés, habiles et appliqués, les réfuteront sans peine, de manière à former et à posséder un peuple (1) « fidèle à pratiquer les bonnes œuvres. »

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(2) Eph., 4, 28. — (1) Matth., 6, 12. — (1) Tit., 2, 14.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:22 am

Chapitre trente-sixième — Du huitième Commandement.


VOUS NE PORTEREZ POINT DE FAUX
TÉMOIGNAGE CONTRE VOTRE PROCHAIN.


Voici une raison capable de nous faire comprendre qu’il est non seulement utile, mais nécessaire d’expliquer très souvent ce précepte, et de rappeler à tous les devoirs qu’il impose. Nous voulons parler de la déclaration si autorisée de l’Apôtre Saint Jacques, lequel ne craint pas d’affirmer que « celui qui ne pèche point en paroles est un homme parfait » (1) et un peu plus loin ajoute: « La langue n’est qu’une petite partie du corps, et cependant quels effets ne produit-elle pas ! Il ne faut qu’une étincelle pour embraser une grande forêt », et le reste qui est dans le même sens. — Ces paroles nous apprennent deux choses: la première, que le péché de la langue est extrêmement répandu. C’est ce que nous confirme de son côté le Prophète David. « Tout homme est menteur », dit-il (2), comme si ce péché était le seul qui pût s’étendre à tous les hommes. La seconde, c’est qu’il est la source de maux innombrables. Car souvent le coup de langue du médisant cause la perte de la fortune, de la réputation, de la vie, du salut même, soit pour celui qui est atteint par la médisance, parce qu’il supporte mal l’injure qu’on lui fait, et qu’il manque de courage pour ne s’en point venger, soit pour celui qui est l’auteur de l’offense, parce que, victime d’une mauvaise honte et de la crainte exagérée du qu’en dira-t-on, il ne peut se déterminer à donner satisfaction à celui qu’il a blessé. C’est pourquoi il ne faut pas manquer d’exhorter les Fidèles à rendre à Dieu les plus vives actions de grâces de ce qu’il a défendu expressément le faux témoignage, en nous donnant un précepte très salutaire, qui ne nous interdit pas seulement d’injurier les autres, mais qui nous protège encore, si on l’observe, contre les injures que les autres seraient tentés de nous faire.

Afin de garder, en expliquant ce précepte, le même ordre et la même marche que dans ceux qui précèdent, nous avons à remarquer qu’il renferme deux prescriptions distinctes: l’une négative, qui nous défend de porter faux témoignage, l’autre positive, qui nous ordonne d’écarter résolument de notre conduite toute dissimulation et tout mensonge, et de mesurer nos paroles et nos actes sur la simple vérité. Double devoir que l’Apôtre Saint Paul rappelait aux Ephésiens, quand il leur disait: (1) « Ne séparons pas la vérité de la charité, afin de croître en Jésus-Christ dans toutes choses. »

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(1) Jac., 3, 2. — (2) Ps., 115, 11. — (1) Eph., 4, 15.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:23 am

§ I. — DU FAUX TÉMOIGNAGE.

On entend ordinairement par faux témoignage tout ce qui est affirmé et soutenu de quelqu’un, contre la vérité, en bonne ou en mauvaise part, devant la justice ou non. Cependant le faux témoignage qui nous est spécialement défendu par ce précepte, c’est celui qui se fait en justice, avec serment, contre la vérité. Car si le témoin jure par le nom même de Dieu, c’est parce qu’un témoignage qui s’appuie sur ce nom sacré n’en acquiert que plus de poids et d’autorité. Mais d’autre part comme ce témoignage est très dangereux dans ses conséquences, Dieu le défend d’autant plus fortement. C’est qu’en effet le juge lui-même n’a pas le droit de récuser des témoins qui affirment avec serment, s’ils ne tombent pas sous les exceptions prévues par la Loi, ou bien s’ils ne sont pas reconnus pour gens de mauvaise foi et sans aucune probité. Et la raison en est que la Loi divine nous ordonne expressément de tenir « pour constant et véritable le témoignage de deux ou trois personnes » (1). — Mais afin que les Fidèles comprennent parfaitement la nature et l’étendue de ce précepte, il importe avant toutes choses de bien leur apprendre ce qu’il faut entendre par le prochain, contre qui il est défendu de porter faux témoignage.

Or, le prochain, selon l’enseignement de Notre-Seigneur Jésus-Christ, c’est tout homme quia besoin de nous, qu’il nous soit proche ou éloigné, concitoyen ou étranger, ami ou ennemi.

C’est un crime en effet de penser qu’on puisse faire un faux témoignage contre des ennemis, lorsque Dieu et notre Seigneur nous font un précepte de les aimer.

Mais il y a plus ; comme chacun de nous, dans un certain sens, est à soi-même son prochain, personne n’a le droit de porter contre soi-même un faux témoignage. Ceux qui ont le malheur de commettre un pareil crime, en se diffamant et en se couvrant de honte, se nuisent à eux-mêmes d’abord, et en même temps ils font tort à l’Eglise, comme ceux qui se suicident nuisent à la société. C’est l’enseignement formel de Saint Augustin (1) « Les personnes peu éclairées, dit-il, pourraient penser qu’il n’est pas défendu de se porter comme faux témoin contre soi-même, parce que dans la formule du Commandement il est dit seulement: « contre le prochain » ; mais que celui qui a fait contre lui-même une déposition fausse n’aille pas se croire innocent, puisque la règle de l’amour du prochain, c’est de l’aimer comme soi-même. »

Et parce qu’il nous est défendu de faire tort au prochain par le faux témoignage, il faut bien nous garder d’en conclure que le parjure nous est permis pour rendre quelque service ou procurer quelque avantage à ceux qui nous sont unis par les liens du sang ou de la Religion. Il ne faut être utile à personne par le mensonge, encore moins par le parjure. C’est pourquoi Saint Augustin, dans une lettre à Crescence sur le mensonge (2) , ne craint pas de dire, en s’appuyant sur l’autorité de l’Apôtre Saint Paul, que le mensonge doit être mis au nombre des faux témoignages, quand même il décernerait à quelqu’un de fausses louanges. Il rapporte d’abord les paroles de l’Apôtre: nous serons nous-mêmes convaincus d’avoir été de faux témoins, parce que nous avons porté témoignage contre Dieu même, en disant qu’Il a ressuscité Jésus-Christ, qu’Il n’a cependant pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent pas, puis il ajoute : l’Apôtre regarde comme faux témoignage de dire une chose fausse de Jésus-Christ, quoiqu’elle soit à sa Gloire (3).

N’arrive-t-il pas très souvent d’ailleurs que…

__________________________________________________

(1) Deut., 19, 15. — Matth., 18, 16. — (1) Epist., 52 ad Maced. — (2) Cap., 12, 13, 14. — (3) 1 Cor., 15, 15.

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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:23 am

§ I. — DU FAUX TÉMOIGNAGE.

(suite)

N’arrive-t-il pas très souvent d’ailleurs que celui qui favorise quelqu’un par son faux témoignage, porte par là même préjudice à un autre ? ne met-il pas le juge dans une sorte d’erreur invincible ? Aussi qu’arrive-t-il ? le juge trompé par de faux serments est forcé de prononcer contre le droit en faveur de l’injustice.

Quelquefois même celui qui a gagné sa cause en justice, grâce au faux témoignage d’un complice, et cela impunément, celui-là, disons-nous, est tout fier de sa victoire, dès lors il prend l’habitude de corrompre des témoins, dans l’espoir qu’avec leur aide, il réussira dans toutes ses entreprises.
Le faux témoignage est également très funeste au témoin lui-même. Aux yeux de celui qu’il a criminellement servi par son serment, il n’est plus qu’un parjure et un vil imposteur ; mais par contre, en voyant que son mensonge a réussi, il se trouve encouragé au mal et prend de jour en jour des habitudes plus grandes de hardiesse et d’impiété.

Mais si la fausseté, le mensonge et le parjure sont nettement défendus aux témoins, ils le sont tout autant aux accusateurs, aux accusés, aux protecteurs, aux parents, aux procureurs, aux avocats, en un mot à tous ceux qui ont part aux jugements.

Enfin Dieu défend, non seulement devant les juges, mais même partout ailleurs, un témoignage quelconque capable de porter préjudice ou de causer quelque dommage au prochain. Il est écrit en effet dans le Lévitique, à l’endroit même où ces défenses sont faites à plusieurs reprises: (1) « Vous ne déroberez point, vous ne mentirez point ; et personne ne trompera son prochain. » Des paroles si claires ne permettent pas de douter que Dieu, par ce précepte, ne réprouve et ne condamne absolument tout mensonge, quel qu’il soit. David dans ses Psaumes nous l’atteste aussi, et très clairement (1): « Vous perdrez, dit-il, tous ceux qui profèrent le mensonge. »

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(1) Lev., 19, 11. — (1) Ps., 5, 7.


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Message  Louis Mer 12 Aoû 2015, 9:24 am

§ II. — DE LA MÉDISANCE
ET DE LA CALOMNIE

Le huitième Commandement de Dieu ne nous défend pas seulement le faux témoignage, il nous interdit de plus le vice et l’habitude détestables de la médisance, cette véritable peste, qui donne naissance à une multitude incroyable d’inconvénients très fâcheux et de maux de toute espèce. Cette habitude criminelle de déchirer et d’outrager secrètement son prochain est vigoureusement condamnée en beaucoup d’endroits de nos Saints Livres. David nous dit: (2)« Je ne recevais pas le médisant à ma table. » Et l’Apôtre Saint Jacques ajoute de son côté: (3) « Mes Frères, ne parlez point mal les uns des autres. »

Mais l’Ecriture Sainte ne se borne pas à condamner la médisance, elle nous fournit des exemples qui mettent en pleine lumière toute l’énormité de ce crime. Ainsi Aman, par ses infâmes calomnies, enflamme tellement la colère d’Assuérus contre les Juifs, que ce prince ordonne de les faire tous périr. L’Histoire sainte est remplie de traits semblables. Les Pasteurs ne manqueront pas de les rappeler aux Fidèles, afin de les détourner de cet horrible péché.

Pour comprendre et pénétrer toute la malice de la médisance, il faut savoir qu’on blesse la réputation du prochain, non seulement en employant contre lui la calomnie, mais encore en augmentant et en exagérant ses fautes réelles. Et même si quelqu’un a commis un péché très secret dont la révélation doit nécessairement être préjudiciable à son honneur et le couvrir de honte, celui qui fait connaître ce péché, dans un lieu, dans un temps et à des personnes qui ne sont pas obligées de le savoir, doit passer à juste titre pour un calomniateur et un médisant.

Mais de toutes les calomnies, la plus coupable, à coup sûr, est celle qui s’en prend à la Doctrine catholique, et à ceux qui la prêchent. Et quiconque accorde des éloges aux propagateurs de l’erreur et des mauvais principes commet la même faute. Il faut en dire autant de ceux qui, en entendant la détraction et la médisance, non seulement ne blâment point les calomniateurs, mais les écoutent avec plaisir. C’est ce qui a fait dire à Saint Bernard et à Saint Jérôme, qu’il n’est pas facile de distinguer lequel est le plus coupable de celui qui médit, ou de celui qui écoute la médisance ; « car, disent-ils, (1) il n’y aurait point de médisant s’il n’y avait personne pour écouter la médisance ».

On désobéit également à ce précepte, si par ses artifices on met la désunion et le désaccord entre les hommes ; si l’on se plaît à semer des dissensions, à miner et à détruire, par des rapports mensongers, les liaisons et les sociétés les mieux établies, à pousser les meilleurs amis à des inimitiés irréconciliables, et même à les armer les uns contre les autres. Détestable peste que Dieu condamne et défend quand il dit: (2) « Vous ne serez ni délateur, ni détracteur au milieu de mon peuple. » C’était le crime d’un bon nombre de conseillers de Saül qui s’efforçaient de le détacher de David, et l’animaient contre lui.

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(2) Psal., 100, 5.— (3) Jac., 4, 11. — (1) S. Hier. Epist. ad Nepot. — Div. Bern. lib., 2 de Consid. Ad Eug. — (2) Lev., 19, 16.

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