L'ORIGINALITÉ N'EST QU'UN MOYEN D'OBTENIR LA BEAUTÉ, ET NON UNE FIN EN SOI-MÊME.

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Message  Roger Boivin Sam 02 Nov 2013, 2:07 pm

( 1° élément, LA CONCEPTION qui se subdivive en trois autres éléments : a - L'originalité ; b - la noblesse ; c - la force. ) :

(a - L'Originalité ) :

La conception est de suprême importance. Il s'agit ici, bien entendu, de l'art expressif. Supposons le cas d'artistes choisissant la Cène comme sujet. Quelle conception s'en feront-ils et surtout quelle en devra être la valeur expressive ? Chacun des artistes qui traitera le sujet devra se poser le problème. Il y a l'originalité à considérer. La Nature a mis au cœur de l'homme le désir de durer, la soif du bonheur. Tout cela suppose le changement, la nouveauté. Et c'est ce besoin de changement qui est à la base de tout progrès humain. On voit souvent les hommes oublier ce qu'il y a de plus parfait, surtout lorsqu'ils sont appelés à en vivre constamment, ou qu'ils n'ont pas l'occasion de le comparer avec d'autres choses, d'un ordre inférieur. Il n'y a pas lieu de s'étonner de constater chez l'homme la recherche du changement. Rechercher le nouveau, c'est, en fin de compte, rechercher l'originalité. Cet élément a son importance dans la création de l'œuvre d'art. L'œuvre la plus belle sera, à tout prendre, celle qui accusera la plus grande originalité. Tout le monde est d'accord là-dessus. N'oublions jamais toutefois que la beauté a une importance autrement capitale que l'originalité, puisque celle-ci n'est qu'un moyen d'obtenir la beauté. C'est ce que les ultra-modernes ne peuvent comprendre et refusent d'admettre. Ils sont prêts à tout sacrifier, même la beauté, pour satisfaire leurs fins individualistes. Rien d'étonnant de constater chez eux les pires outrances. L'âme a soif bien plus de beauté que d'originalité. Si celle-ci s'ajoute à la beauté, c'est tant mieux, mais il faut rechercher la beauté avant toute chose, comme d'ailleurs le bon et le vrai. C'est une trinité sainte qui donne un sens entier à la vie. L'artiste, ou l'époque, qui oublie cette loi fondamentale est en pleine décadence . Soyons originaux, soit, mais jamais au détriment de la beauté. Sachons aussi établir la juste différence entre la beauté et la laideur, entre l'originalité et l'étrangeté. L'originalité est, en somme, assez facile à obtenir. La difficulté consiste à faire beau et original en même temps. Seuls les grands artistes combinent les deux qualités. L'artiste peut faire une belle œuvre d'art sans atteindre à la grande originalité.


https://messe.forumactif.org/t2402p45-anarchie-dans-l-art#47648

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Message  Roger Boivin Jeu 07 Nov 2013, 12:16 pm


122. -  Originalité de la conception. - « Une idée personnelle n'est pas une idée neuve ; il n'y a pas beaucoup d'aperçus originaux ; c'est une idée que l'on a découverte après beaucoup d'autres, par l'effort de son initiative individuelle. L'originalité consiste non à penser des choses nouvelles, mais à penser par soi-même des choses que des milliers de générations avaient pensées avant vous. Sachez-le : il n'y aura de bon dans votre composition que ce que vous aurez pensé vous-même et ce que vous aurez pensé vous-même aura toujours un petit cachet d'originalité  » . ( Francisque Sarcey, Théorie de la Conférence, dans les Annales politiques et littéraires, 1899, p. 329.)

MANUEL DE LITTÉRATURE - R. P. Jules Verest S. J. - 1909 :

https://archive.org/stream/manueldelittr00vere#page/136/mode/2up

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Message  Roger Boivin Mar 03 Déc 2013, 10:50 pm


« ..la véritable originalité réside non dans les particularités d'une forme extérieure toujours périssable, mais dans le fond même de la pensée créatrice de beauté. »

https://messe.forumactif.org/t2402p75-anarchie-dans-l-art#48674


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Message  Roger Boivin Dim 23 Fév 2014, 3:16 pm


Pour avoir une idée encore plus claire du sujet, pensons un peu à l'architecture gothique : il y a le gothique allemand, français, anglais, espagnol, mais c'est toujours le style gothique. Il y a également différentes colonnes corinthiennes. Finalement, quelqu'un apporta un élément nouveau, et ce fut la création d'un nouveau style : le composite. Le moyen le plus sûr d'obtenir la vérité est de faire nouveau, c'est-à-dire d'être original, et c'est l'originalité qui amène un nouveau style. Mais il y a toujours le danger de rechercher l'originalité aux dépens des autres éléments essentiels. Il n'est pas permis de négliger la proportion, la grâce, la noblesse, le sublime, l'élégance, etc.

Les artistes modernes, du moins ceux qui côtoient l'anarchie, recherchent l'originalité au détriment du reste. On peut dire que le chaos actuel dans le domaine de l'Art est le résultat le plus direct de l'originalité excessive. les « ultra-modernes » ont la prétention de faire de l'art dit vivant en délaissant la nature pour vouer un culte à l'artificiel. C'est précisément cette artificialité qui a donné naissance à tant d'écoles nouvelles qui se sont succédé en si peu de temps au cours de ce demi-siècle. ce n'est plus l'évolution, c'est la révolution, qui amène les pires excès.

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Message  Roger Boivin Jeu 04 Aoû 2016, 2:27 pm


SUR L'ORIGINALITÉ



Ne vous laissez pas entamer par les réflexions niaises de ceux qui disent : pourquoi ces règles, ces systèmes ; tout cela est inutile, même nuisible, car cela tue l'originalité.

Il n'y a pas deux manières de peindre, il n'y en a qu'une, qui a toujours été employée par ceux qui ont compris l'art de peindre.

Savoir peindre et bien employer ses couleurs n'a aucun rapport avec ce qui constitue l'originalité.

L'originalité consiste dans la juste expression de ses impressions.

Prenons pour exemple les plus personnels, les plus originaux : Raphaël, Rubens, Rembrandt, Watteau. Ces quatre grands noms suffiront pour me faire comprendre.


RAPHAËL.


Raphaël est l'expression de la beauté dans ce qu'elle a de plus suave ; il a su rendre et embellir encore ce qui nous captive toujours : la jeunesse. Tout dans ses admirables tableaux semble être au printemps de la vie : hommes, femmes, fleurs ; tout est jeune : l'élégance, la souplesse, la pureté, la simplicité des lignes ; ces belles chairs fermes et rebondies sur des formes sveltes, le geste contenu, ce je ne sais quoi de la fleur qui s'ouvre et qui n'est pas encore épanouie ; les gazons émaillés de marguerites, les arbustes élancés et ornés de feuilles légères qui se brodent sur un ciel pur et matinal ; tout naît, tout respire, mais n'a pas encore vécu. Tout est immaculé chez ce peintre vraiment divin ; c'est la vie moins son usage, c'est toutes ces choses que je voudrois vous faire sentir, qui donnent aux œuvres de Raphaël un aspect angélique.

Vous le voyez, il fait plus que copier ; il choisit d'abord, il développe ensuite, puis il écarte de son cadre tout ce qui n'est pas du domaine de la beauté, mais de la beauté jeune : c'est ce qui fait son style, son originalité.


RUBENS.


Rubens aime la grandeur, la richesse surtout. La nature pour lui est un éblouissant bouquet de fleurs. Ami du rouge, la couleur la plus riche domine dans ses tableaux.

Tempérament sanguin et fort, sa peinture donne l'idée d'un colosse de santé. Il a un grand génie, mais c'est évidemment celui de la matière. Il brasse de la chair, il inonde ses toiles de toutes les richesses du sol : fleurs, fruits, or, hermine, pourpre, ce n'est pas encore assez : de la lumière, de la lumière partout, de la lumière encore.

Dans ce magnifique cadre, ce génie représentera toutes les passions, tous les sentiments : jeunesse, amour, guerre, souffrances, plaisirs, torture, triomphe ; tout cela jeté à pleines mains, un peu pêle-mêle ; mais toujours admirable d'énergie et recouvert indistinctement d'un manteau de pourpre. Voilà Rubens.


REMBRANDT.


Voici un génie bien différent de celui de Raphaël, mais qui n'est pas moins grand ; il a le don bien rare de ne jamais fatiguer. Observateur profond, comme tout penseur il est triste, sombre ; il se plaît à rendre l'homme fatigué, flétri par l'usage de la vie. Si Raphaël nous représente l'omme sortant des mains du Créateur, Rembrandt, au contraire, nous le montre à l'état de débris, de haillon humain. Amant de ce qui a vécu, de ce qui a souffert, les déviations du visage, les rides, les yeux attendris par les larmes, rien ne lui échappe ; puis l'ombre profonde, mystérieuse, vient envelopper toutes ces douleurs. Rubens peut égayer un supplice, l'enrichir du moins ; Rembrandt attriste toute joie, toute gaieté ; il est profondément misanthrope, tout se plie aux sentiments qui le dominent : sobre comme ceux qui souffrent, il semble peindre avec des larmes et de l'ombre

Pas une couleur, pas une fleur. Un simple rayon pour éclairer ce visage. Mais quelle tête, quels yeux ! C'est la vie même, cela épouvante et bouleverse les idées que l'on peut avoir sur l'art ; car ici il n'y a pas développement, interprétation, rien de tout cela, c'est simplement vrai.

Ce génie merveilleux se borne à sacrifier ce qui entoure la tête ou l'objet qu'il veut représenter. Quel mystère ! Dans ses fonds quelle profondeur ! Je ne puis expliquer, j'admire.


WATTEAU.

C'est le peintre de la galanterie, des amours légers. Tout est aimable en lui ; ses tableaux n'ont pas d'angles, ses arbres sont mous et flottants comme des panaches soyeux, ses colorations, tendres et fugitives. Comme les sentiments qu'il représente, rien n'est sérieux et tout est charmant, tout est caresses ; un simple ruban sur l'herbe, fait par ce peintre, chante l'amour.
Maintenant, je yeux bien vous faire sentir que le procédé, la manière de peindre, ne sont pour rien dans ce qui constitue l'originalité.

Watteau peint comme Rubens : même franchise, mêmes moyens légers, et, cependant, on ne confondra jamais un Rubens avec un Watteau. Van-Dick a tout à fait les procédés de son maître, mais son élégance contenue, ses côtés grandement féminins en font un peintre éminemment original. Rembrandt a, beaucoup plus qu'on ne le pense généralement, les procédés de Rubens.


Résumons-nous.


Ce ne sont pas les procédés qui donnent l'originalité, mais bien l'àme.

L'artiste qui sent vivement, soumet ce qu'il reproduit et son exécution même, à l'expression de l'amour qui le domine, et, par ce fait, donne à sa forme ce qu'on appelle le style, et à sa pensée ce que l'on nomme l'originalité.


+ + +



MÉTHODES ET ENTRETIENS D'ATELIER - par Thomas Couture - 1867 :

https://archive.org/stream/mthodeetentret00cout#page/298/mode/2up


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Message  Roger Boivin Mer 12 Juil 2023, 7:15 pm


..

IV.  Malgré l'infinie variété des œuvres littéraires, deux traits caractérisent indistinctement toutes celles dont la valeur est réelle : l'originalité et l'ordre.

L'originalité est le principe même de la force et de la beauté. Il faut que le discours, le livre, le chant, soient l'efflorescence spontanée de l'âme, et non pas le produit d'une culture forcée ; tout ce qui sent l'imitation, la convention, l'artificiel, le procédé, ne saurait avoir de charme durable.

Mais l'originalité ne peut se passer de l'ordre : sans ce guide, elle devient l'extravagance et ne crée que des monstruosités.

L'ordre exige d'abord que l'esprit soit mis en possession de la Vérité et que, dans l'ouvrage, tout converge vers ce but ; il veut de plus que, lorsque le sujet le demande, une part largement suffisante soit accordée à l'imagination et à la sensibilité, mais seulement dans la mesure dans laquelle ces facultés se font les servantes et les collaboratrices de l'esprit.

Ainsi se manifeste la nature de la plus noble de nos prérogatives, la liberté, qui a pour sauvegarde la loi.

L'esprit humain est libre, c'est-à-dire qu'en fait il choisit sa route et se dirige lui-même. Mais malheur à lui, s'il se persuade que ce choix est indifférent et qu'il peut marcher au hasard du caprice ! Parmi les divers chemins qui s'ouvrent devant lui, un seul le conduira à la Vérité. Or, cette Vérité, il la lui faut, car il est fait pour la posséder ; il a faim et soif d'elle ; s'il ne parvient à s'en nourrir, il mourra d'inanition et endurera le plus terrible des tourments.

Cependant, les sens, la fascination des apparences trompeuses, le sophisme du préjugé et de l'opinion régnante, d'autres ennemis encore cherchent à l'égarer hors du bon chemin, hors de la loi. Cette loi, il doit donc avant tout la découvrir ; il doit ensuite la suivre sans défaillance.

V.  Quelle est cette loi  ?

Nous venons de le dire : c'est la droite raison, lumière directrice allumée en nous par le Créateur.

Ainsi nous nous trouvons ramenés au principe évident, qu'on méconnaît, hélas ! après vingt siècles de christianisme, et que proclamaient les plus nobles penseurs de l'antiquité : .. [ Dieu ].

MANUEL DE LITTÉRATURE - R. P. Jules Verest S. J. - 1908 :

https://archive.org/details/manueldelittr00vere/page/664/mode/2up?ref=ol&view=theater


Dans le même livre : L'ordre : https://archive.org/details/manueldelittr00vere/page/140/mode/2up?view=theater
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