RODIN

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Message  Roger Boivin Lun 02 Sep 2013, 3:03 pm



RODIN

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Auguste Rodin est mort, mais son œuvre stupéfiante demeure. Nul artiste n'a été plus passionnément discuté : honni par les uns, idolâtré par les autres, il connut les honneurs et sa réputation franchit les mers, traversa les continents. Connaîtra-t-il la gloire ? Je crois que non, car selon le mot d'Ernest Hello : « la renommée vient d'en-bas, la gloire vient d'en haut » et le génie de Rodin, fait de force brutale et farouche, ne sut jamais s'élever au dessus de la matière. Il s'en fait un dieu et le sert aveuglément. Nulle pensée éthérée ne préside à ses œuvres mais toute vérité qu'il peut toucher du doigt, lui semble digne d'être modelée. Telle cette œuvre d'horreur la vieille Heaulnière qui, sous le couvert de la vérité, outrage la vieillesse, en nous représentant ses tares dans un réalisme hideux. C'est vraiment la glaise qui parle.

Mais quel est donc cet homme qui a exercé une influence si répercutante sur son temps ? Que personnifie donc ce génie ?

La force.

La formidable personnalité de Rodin s'est imposée à nous et nous avons cru notre âme soulevée par un grand souffle, quand elle n'était agitée que par notre irrésistible instinct d'admiration pour la force.

Son œuvre a des biceps.

Rodin s'est emparé de nous à la manière d'un dompteur : il a donné le coup de fouet à notre esprit et l'a poussé en dehors des sentiers battus, loin des jardins à la française. Et là, il lui a dit : Regarde, ne sais-tu pas voir la beauté dans le squelette des arbres, dans la fermentation de la nature inculte ? Un bourgeon n'est-il pas beau du rêve de force qu'il contient ? La pensée ne se dégage-t-elle pas de ce bloc de matière ? La matière est toute puissante, aime-la pour elle-même. Aime-la avec ton instinct d'homme charnel. Le seul dieu possible dans l'art est le Faune. Le dieu au caractère bestial.

Cette thèse se soutient-elle ?

Certes, l'artiste ne doit pas oublier qu'il est fait de terre et de boue, mais il faut qu'il se souvienne aussi qu'il a été animé par le souffle de l'Esprit.

Rodin qui sent bouillonner en lui son génie barbare, ébauche, ébauche seulement des œuvres puissantes et magnifiques, mais on dirait que toute son inspiration lui est soufflée par une force rageuse ; il y a de la bête dans son Penseur, de la volupté dans son modelé, de la fureur dans ses étreintes.

Toute la fougue et le sensualisme de Rodin se trahissent dans Le Faune et la Nymphe, comme la couleur de son âme se révèle par deux de ses chefs-d’œuvre, L'âge d'airain et La Pensée.

Dans L'âge d'airain, l'homme dans toute la force de sa jeunesse et de sa beauté fait un effort pour s'élever au-dessus de lui-même ; ses pieds se soulèvent de terre, son corps se tend, ses bras implorent, mais ce geste est plein de lassitude, le mal vaincra, c'est l'âge d'airain.

Le même sentiment est exprimé dans La Pensée.

Rappelez-vous cette tête de femme qui sort d'un bloc de marbre informe. La tête est fine, le front est large et beau, hélas ! il est trop irrésistiblement attiré vers la terre pour pouvoir s'en dégager.

Pauvre Rodin, pauvre cher colosse, prisonnier de la matière !

Ce que l'on ne saurait jamais assez louer dans Rodin c'est sa science parfaite du mouvement. Toutes ses statues, que ce soit L'âge d'airain, le Saint-Jean-Baptiste, L'homme qui marche, les Bourgeois de Calais ou L'appel suprême, tous ces personnages parlent, marchent, agissent ou implorent avec une grande vérité, et nous donnent l'illusion de la vie par la progression de leurs gestes.

Pour ses magnifiques ébauches, pour sa science de l'anatomie, du modelé et du mouvement ; pour les nobles bustes de Puvis de Chavannes et de Dalou, ne refusons pas à Rodin l'admiration qu'il mérite. Car toute parole d'admiration est une parole de vie et celui qui la sent en lui-même et qui la refuse à qui elle est due, pêche contre la justice.

Mais pour tout admirer dans Rodin, il faudrait être matérialiste et croire que la sculpture consiste uniquement à représenter la chair palpitante. Nous devons avoir une plus haute conception de l'art. L'artiste qui comprend la noblesse de sa mission ne possède pas seulement la beauté de la ligne, mais aussi la philosophie de son art, c'est-à-dire la sagesse qui ne passe pas.


ÉTUDES - par Margueritte Taschereau - 1920 - p. 81 :

http://www.archive.org/stream/etudesmont00tascuoft#page/80/mode/2up

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Message  Roger Boivin Lun 02 Sep 2013, 3:42 pm





RODIN  Hb_11_10

vieille Heaulnière



RODIN  Le_fau10

Le Faune



RODIN  L_age_10

L'âge d'airain



RODIN  Rodin-10

le Penseur



RODIN  Dalou10

buste de Dalou



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Message  ROBERT. Lun 02 Sep 2013, 4:26 pm

.
Cé lette en effett ! affraid
.
Au lieu d’élever son âme vers le Ciel pour remercier Dieu

des talents qu’Il lui a donnés, Rodin a préféré la coucher dans la boue.

.
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Message  Roger Boivin Lun 02 Sep 2013, 4:36 pm

En effet Robert !

Pour alimenter d'avantage le dossier sur Rodin, voici, aux pages 5 et 6 de la publication sur Te Deum de l'excellent livre ANARCHIE DANS L'ART, au chapitre sur L'ART MODERNE, ce qu'on y dit de ce fameux sculpteur :

https://messe.forumactif.org/t2402p60-anarchie-dans-l-art#48301
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Message  Roger Boivin Lun 02 Nov 2015, 5:54 pm



Extrait du jounal du peintre québécois, et catholique pratiquant, Rodolphe Duguay (1891-1973) :


PARIS 16 JANVIER 1921. « Cet a.p.m. [après-midi] allé au Musée Rodin avec Poirier. Pauvre Rodin d'avoir fait des choses si scandaleuse, car certains de ses dessins et sculptures sont vraiment des choses que le public ne devrait pas voir, mais je ne conteste pas son talent, c'est un sculpteur ! Mon Dieu, Marie, préservez-moi de faire des choses impures, faites que je me souvienne qu'un jour je dois mourir.

PARIS 19 JUIN 1921. « Après dîner allé voir l'exposition de Fragonard au pavillon de Marsan. Il est cochon, ce peintre, comme plusieurs d'ailleurs. Mon Dieu, faites que j'emploie mes talents à faire des choses plus nobles ! Rodin et Fragonard, deux cochons, le mot n'est pas trop fort, mais ce sont des artistes, des maîtres malheureusement. »


Journal -- 1907-1927 de Rodolphe Duguay -- Lecture critique par Jean-Claude Boudreault -- 2002 -- pages 16-17 :

http://beq.ebooksgratuits.com/opuscules/duguay_1.pdf


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Message  ROBERT. Lun 02 Nov 2015, 6:57 pm

ROBERT. a écrit:.
 Au lieu d’élever son âme vers le Ciel pour remercier Dieu

des talents qu’Il lui a donnés, Rodin a préféré la coucher dans la boue.

M. Rodolphe Duguay partage mon commentaire. Les cochons se vautrent dans la boue.
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Message  ROBERT. Lun 02 Nov 2015, 7:10 pm

Roger Boivin a écrit:

Extrait du jounal du peintre québécois, et catholique pratiquant, Rodolphe Duguay (1891-1973) :


PARIS 16 JANVIER 1921. « Cet a.p.m. [après-midi] allé au Musée Rodin avec Poirier. Pauvre Rodin d'avoir fait des choses si scandaleuse, car certains de ses dessins et sculptures sont vraiment des choses que le public ne devrait pas voir, mais je ne conteste pas son talent, c'est un sculpteur ! Mon Dieu, Marie, préservez-moi de faire des choses impures, faites que je me souvienne qu'un jour je dois mourir.

PARIS 19 JUIN 1921. « Après dîner allé voir l'exposition de Fragonard au pavillon de Marsan. Il est cochon, ce peintre, comme plusieurs d'ailleurs. Mon Dieu, faites que j'emploie mes talents à faire des choses plus nobles ! Rodin et Fragonard, deux cochons, le mot n'est pas trop fort, mais ce sont des artistes, des maîtres malheureusement. »
Journal -- 1907-1927 de Rodolphe Duguay -- Lecture critique par Jean-Claude Boudreault -- 2002 --  pages 16-17 :

http://beq.ebooksgratuits.com/opuscules/duguay_1.pdf



Un petit bémol personnel, cependant: M. Duguay ne devait pas reconnaître Rodin comme un "maître".

Rodin se servait mal des talents que Dieu lui avait donné, si toutefois l'on peut dire que ses "œuvres" sont du talent.

.


Dernière édition par ROBERT. le Lun 02 Nov 2015, 7:32 pm, édité 1 fois (Raison : correction en gras)
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