DIVERSES QUESTIONS À SIMPLICIEN. (Par Saint Augustin)

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Message  ROBERT. Mer 6 Mar - 20:51


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DIVERSES QUESTIONS À SIMPLICIEN (1)

LIVRE PREMIER. DEUX QUESTIONS SUR L'ÉPÎTRE AUX ROMAINS.

Par Saint Augustin.





PRÉFACE.


J'ai reçu avec le plus grand plaisir et la plus intime satisfaction les questions que vous avez bien voulu m'adresser, Simplicien, mon père; et si je ne m'efforçais d'y répondre, je ferais acte non seulement de résistance blâmable, mais d'ingratitude. Déjà nous avions discuté d'une manière quelconque, et même traité par écrit, les difficultés que vous proposez sur l'apôtre saint Paul. Cependant peu satisfait des recherches et des explications précédentes, j'ai étudié avec plus de soin et d'attention les paroles de l'Apôtre et l'ensemble de ses pensées. Car vous ne les soumettriez point à notre examen, si l'intelligence en était facile et à la portée de tous.



PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ? — 1. La première question dont vous m'avez demandé l'éclaircissement, s'étend de ces mots: "Que dirons nous donc ? La Loi est-elle péché ? Point du tout,"(2) jusqu'à ceux-ci: "La Loi est donc un bien pour moi si je le veux," et ce qui suit, y compris, je pense, ce passage: "Malheureux homme que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort ? La grâce de Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur." Ici l'Apôtre me semble avoir personnifié en lui-même l'homme soumis à l'ancienne Loi, et en avoir adopté le langage pour son propre compte. Et comme il avait dit plus haut : "Nous sommes affranchis de la Loi de mort dans laquelle nous étions retenus, afin que nous servions dans la nouveauté de l'esprit, et non dans la vétusté de la lettre;" et que ces paroles pouvaient passer pour un reproche à l'adresse de la Loi, il se hâte d'ajouter: "Que dirons-nous donc ? La Loi est-elle péché? Loin de là. Mais je n'ai connu le péché que par la Loi. Car je ne connaîtrais pas la concupiscence, si la Loi n'eût dit: Tu ne convoiteras pas."



1. Simplicien, évêque de Milan, avait succédé à saint Ambroise.
Voyez le lettre que lui adressa saint Augustin, tom. II, épit. XXXVII, p. 22.

2. Romains VII, 1-26.



Oeuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français,sous la direction de M. Raulx,
Tome 5ème, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. p. 490-508



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Message  ROBERT. Jeu 7 Mar - 20:12


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PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ?


2. On pourrait objecter ici: Bien que la Loi ne soit pas péché, mais y donne seulement occasion, elle n'en est pas moins blâmée par ces paroles de l'Apôtre. Il faut donc comprendre que la Loi n'a été donnée ni pour produire ni pour détruire le péché, mais seulement pour le faire connaître, pour convaincre de sa culpabilité l'âme qui se croyait presque assurée de son innocence; en sorte que le péché ne pouvant être vaincu que par la grâce, elle devint inquiète de sa faute et se tournât du côté de la grâce. Aussi l'Apôtre ne dit pas: "Je n'ai commis le péché que par la Loi, mais: "Je n'ai connu le péché que par la Loi." Il ne dit pas non plus: Je n'aurais pas convoité, si la Loi n'eût dit: Tu ne convoiteras pas, mais: "Je ne connaîtrais pas la concupiscence, si la Loi n'eût dit: Tu ne convoiteras pas." D'où il résulte que la Loi n'a pas produit, mais simplement fait connaître la concupiscence.



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Message  ROBERT. Ven 8 Mar - 16:23


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PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ?


3. Or, puisqu'on n'avait pas encore la grâce pour résister à la concupiscence, il fallait donc qu'elle augmentât. En effet quand le crime de la résistance formelle s'y ajoute, quand elle agit contre la Loi, elle a plus de force que si elle n'était défendue par aucune loi. C'est pourquoi l'Apôtre ajoute: "Or, prenant occasion du commandement, le péché a produit en moi toute concupiscence." La concupiscence existait déjà avant la Loi, mais non toute entière, parce qu'il n'y avait pas encore résistance formelle. Aussi saint Paul dit-il ailleurs: "Car où il n'y a pas de loi, il n'y a pas de prévarication (1)."


1. Romains IV, 15.




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Message  ROBERT. Sam 9 Mar - 18:03


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PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ?



4. Quant à ce qui suit: "Car sans la Loi le péché est mort," c'est comme s'il disait: Le péché est caché, c'est-à-dire il est censé mort. C'est ce qu'il exprimera clairement un peu plus bas. "Et moi, continue-t-il, je vivais autrefois sans Loi;" c'est-à-dire la mort, fruit du péché, ne m'épouvantait pas, parce que le péché ne paraissait pas, puisqu'il n'y avait pas de loi. "Mais quand est venu le commandement, le péché a revécu," c'est-à-dire c'est fait voir. "Et moi je suis mort," c'est-à-dire j'ai compris que j'étais mort; je sais au moins que la prévarication me tient sous la menace d'une mort certaine. Évidemment ces paroles: "Quand est venu le commandement, le péché a revécu[/i]," indiquent assez que le péché a vécu autrefois, c’est-à-dire, ce me semble, s'est montré dans la prévarication du premier homme, puisqu'il avait reçu lui-même un commandement (1). Car l'Apôtre dit ailleurs: "Mais la femme séduite tomba dans la prévarication (2);" et encore: "Par une prévarication semblable à celle d'Adam, qui est la figure de celui qui devait venir (3)."



Car pour revivre il faut avoir vécu. Mais le péché était mort, c'est-à-dire caché, parce que les hommes, nés mortels, vivaient sans Loi et suivaient les convoitises de la chair sans s'en doute: car il n'y avait pas de défense. Donc: "Et moi je vivais autrefois sans loi," nous dit l'Apôtre. Par là il montre clairement qu'il ne parle pas en son propre nom, mais en général et au nom du vieil homme. "Mais quand est venu le commandement, le péché a revécu. Et moi je suis mort; il s'est trouvé que ce commandement, . qui devait me donner la vie, a causé ma mort." En effet, si on obéit au commandement, c'est certainement la vie. Mais il s'est trouvé qu'il a causé la mort, parce que pécher contre le commandement ce n'est pas seulement pécher, (on péchait déjà auparavant) mais c'est pécher avec plus de malice et de perversité, puisqu'on commet le mal sciemment et par désobéissance formelle.



1. Genèse II, 17.
2. I Timothée II, 14.
3. Romains V, 14.



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Message  ROBERT. Dim 10 Mar - 16:22


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5. "Car, continue l'Apôtre, le péché prenant occasion du commandement, m'a séduit et par lui m'a tué." Le péché abusant de la Loi, pendant que la défense augmentait la convoitise, est devenu plus agréable et nous a séduits. Car c'est une douceur trompeuse, qui est suivie de supplices plus nombreux, plus grands et plus amers. Comme l'homme qui n'a pas encore reçu la grâce spirituelle, a plus d'attrait pour une action défendue, le péché séduit par une fausse douceur; et la prévarication s'y ajoutant, il tue.


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PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ?




6. "Ainsi la Loi est sainte et le commander saint, juste et bon." En effet la Loi ordonne et défend ce qu'il faut. "Ce qui est bon est donc devenu pour moi la mort ? Loin de là." Le mal est dans celui qui abuse, et non dans le commandement lui-même qui est bon. Car la Loi est bonne, si on en use légitimement (1). Or celui-là en abuse qui ne se soumet pas à Dieu dans une pieuse humilité, pour pouvoir accomplir la Loi au moyen de la grâce. Ainsi celui qui n'use pas légitimement de la loi ne la reçoit que pour voir, par sa prévarication, paraître son péché qui se tenait caché avant la défense. Et cela outre mesure; parce que ce n'est plus simplement un péché, mais une désobéissance au commandement. L'Apôtre continue donc et ajoute: "Mais le péché, pour paraître péché a, par une chose bonne, opéré pour moi la mort; de sorte que le commandement a rendu coupable outre mesure le pécheur ou le péché."


Il explique par là le sens de ce qu'il a dit plus haut Car "sans la Loi le péché est mort;" non qu'il n'existât pas, mais il ne paraissait pas; et dans quel sens il a dit aussi: "Le péché a revécu," ce qui ne signifie pas que le péché n'ait existé qu'après la loi, mais qu'alors seulement il a paru comme désobéissance à la loi; puisque dans ce même endroit l'Apôtre dit: "Mais le péché, pour paraître péché, a, par une chose bonne, opéré pour moi la mort." Il ne dit pas: Pour être péché, mais: "Pour paraître péché.



1. I Timothée, 8.




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Message  ROBERT. Lun 11 Mar - 16:17


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PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ?




7. Ensuite, il en donne la raison: "Car nous savons que la Loi est spirituelle, et moi je suis charnel. " Il fait assez voir ici que la Loi ne peut être accomplie que par les hommes spirituels, lesquels ne deviennent tels que par la grâce. En effet plus l'homme se rapproche de la Loi spirituelle, c'est-à-dire plus ses affections s'élèvent dans l'ordre spirituel, mieux il accomplit la Loi; parce qu'il y trouve un plus grand plaisir, vu qu'il n'est plus accablé sous son poids, mais fortifié de sa lumière; car le commandement du Seigneur est lumineux et éclaire les yeux, sa loi est pure et convertit les âmes (2): la grâce remettant les péchés et versant l'esprit de charité qui n'ôte pas seulement à la vertu ce qu'elle a de pénible, mais la rend agréable. Évidemment après avoir dit: "Et moi je suis charnel," il a dû expliquer jusqu'à quel point. Car on appelle aussi charnels, en un certain sens, ceux qui sont déjà sous l'empire de la grâce, déjà rachetés du sang du Seigneur et nés à la vie de la foi. C'est à ceux-là que l'Apôtre dit: "Aussi, mes frères; je n'ai pu moi-même vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Jésus-Christ; je vous ai abreuvés de fait. Mais je ne vous ai point donné à manger (1)."



Il me faut voir par là qu'ils sont nés à la vie de la grâce, eux qui sont de petits enfants de Jésus-Christ et qu'il faut abreuver de lait, et cependant il les appelle encore charnels. Quant à celui qui n'est point encore sous l'empire de la grâce, mais sous celui de la Loi; il est charnel en ce sens qu'il n'est point affranchi du péché, mais vendu comme esclave au péché vu qu'il recherche, comme prix d'une fatale volupté, la douceur même qui le séduit et qu’il a violé la loi, avec d'autant plus de plaisir que la défense est plus formelle. Or il ne peut accepter cette douceur comme récompense convenable à son état sans être forcé de subir le joug de la passion en esclave acheté. Il sent en effet qu'il est l'esclave de la passion qui le maîtrise; lui à qui une défense est faite, qui connaît parfaitement cette défense et pourtant la transgresse.



2. Psaume XVIII, 8-9.
1. I Corinthiens III,1-2.



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Message  ROBERT. Mar 12 Mar - 20:10


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8. "Aussi ce que je fais, je ne le comprends pas:" Ces expressions: "Je ne le comprends pas," ne veulent pas dire: J'ignore que je pèche; autrement l'Apôtre se contredirait, puisqu'il a dit: "Le péché, pour paraître péché, a, par une chose bonne, opéré en moi la mort;" et plus haut: "Je n'ai connu le péché que par la loi." Comment le péché paraîtrait-il, comment le connaîtrait-il, s'il l'ignorait ? Mais il parle dans le même sens que le Seigneur, lorsqu'il dira un jour aux méchants: "Je ne vous connais pas (2):" Car rien n'échappe à Dieu, puisque il a les yeux ouverts sur ceux qui font le mal, afin d'effacer leur souvenir ici-bas (3). Quelquefois, pour nous-mêmes, ignorer signifie ne pas approuver. Ainsi quand l'Apôtre dit: "Ce que je fais, je ne le comprends pas" cela veut dire je ne l'approuve pas. C'est ce que la suite démontre quand il ajoute: "Car ce que je veux, je ne le fais pas; mais ce que je hais, je le fais." Je hais a ici le sens de j'ignore, comme de ceux à qui le Seigneur dira: "Je ne vous connais pas," il est écrit: "Vous haïssez, Seigneur, tous ceux qui commettent l'iniquité. (4)."


2. Matthieu XXV,12.
3. Psaume XXXIII, 17.
4. Psaume V, 7.




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Message  ROBERT. Mer 13 Mar - 21:29


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9. "Or si je fais ce que je ne veux pas, j'acquiesce à la loi comme étant bonne." En effet il ne veut pas ce que la loi ne veut pas, car la loi défend ce qu'il fait. Il acquiesce donc à la loi, non en tant qu'il fait ce qu'elle défend, mais en ce qu'il ne veut pas ce qu'il fait. Il est vaincu parce qu'il n'est pas encore délivré par la grâce, quoiqu'il sache déjà par la loi qu'il fait le mal et qu'il ne veuille pas le faire. Quant à ce qui suit: "Maintenant donc, ce n'est plus moi qui fais cela, mais le péché qui habite en moi," cela ne veut pas dire qu'il ne consent pas à faire le mal, quoiqu'il soit d'accord avec la loi pour le condamner. Car il parle encore au nom de l'homme établi sous l'empire de la loi (1) et non sous celui de la grâce; de l'homme par conséquent entraîné à mal faire par la concupiscence qui le domine et qui le séduit par la fausse douceur du péché défendu, bien qu'il le désapprouve, éclairé qu'il est par la loi. "Ce n'est pas moi qui le fais, signifie: je le fais parce que je suis vaincu. C’est en effet la passion qui agit; on lui cède parce qu’elle est la maîtresse. Or pour ne pas céder, pour fortifier l’âme contre la passion, il faut la grâce, dont l’Apôtre va parler.



1. Rétractations l. I, ch. I.



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10. "Car je sais, dit-il, que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair". En tant qu'il le sait, il est d’accord avec la loi; mais en tant qu’il agit, il cède au péché. Or d’où sait-il ce qu’il avance, à savoir que ce qui habite dans sa chair n’est pas le bien, mais le péché ? D’où le sait-il, sinon par la transmission de la mortalité de la mortalité et les continuels assauts de la volupté ? L’un est la punition du péché originel, l’autre la punition des rechutes fréquentes dans le péché. Nous l’apportons l’un en venant au monde, nous y ajoutons l’autre pendant notre vie. Ces deux choses, la nature et l’habitude, réunies, rendent la passion très puissante, très difficile à vaincre; c'est ce que l’Apôtre appelle ici péché, et qu'il déclaré habiter dans sa chair, c'est-à-dire exercer une entière domination, une sorte d'empire.



C'est dans ce sens qu'on lit dans le Psalmiste: "J'aime mieux être le dernier dans la maison du Seigneur que d'habiter dans les tentes des pécheurs (2)" comme si celui qui est méprisé, en quelque lieu qu'il soit, n'était pas considéré comme habitant; ce qui rattache au mot d’habitation l'idée d'une domination quelconque. Mais si la grâce produit en nous l'effet que l'Apôtre exprime ailleurs en ces termes: "Que le péché ne règne point dans notre corps mortel, jusqu'à nous faire obéir à ses convoitises (3)," on ne pourra plus dire proprement que le péché habite en nous.



2. Psaume LXXXIII, 11.
3. Romains VI, 12.




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11. "En effet le vouloir réside en moi, mais accomplir le bien, je ne l'y trouve pas." Ces paroles, pour ceux qui ne les comprennent pas bien, semblent presque détruire le libre arbitre. Mais comment cela serait-il, puisque l'Apôtre dit: "Le vouloir réside en moi ?" Certainement le vouloir est en notre pouvoir, puisqu'il réside en nous; mais si nous ne pouvons pas accomplir le bien, la faute en est au péché originel. Ce n'est point là la nature primitive de l'homme, mais la peine du péché; d'où résulte la mortalité elle-même, la fragilité devenue comme une seconde nature, et dont nous sommes délivrés par la grâce du Créateur, quand nous nous soumettons à lui par la foi.


Mais toutes ces expressions ne s'appliquent qu'à l'homme établi sous la loi, et non encore sous la grâce. En effet celui qui n'est point encore sous la grâce, ne fait pas le bien qu'il veut, mais il fait le mal qu'il ne veut pas, parce qu'il est dominé par la concupiscence fortifiée par le lien de la mortalité, et aussi par l'entraînement de l'habitude. Or s'il fait ce qu'il ne veut pas, ce n'est point lui qui le fait, mais le péché qui habite en lui, suivant ce qui a été dit et expliqué plus haut.




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12. Je trouve donc, quand joyeux de faire le bien, "une loi, qui s'y oppose, parce que le mal réside en moi;" c'est-à-dire je trouve que la loi est un bien pour moi quand je veux faire ce qu'elle commande, mais le mal réside en moi à cause de la facilité à le commettre. C'est cette facilité que l'Apôtre entend, quand il dit plus haut: "Le vouloir réside en moi." En effet quoi de plus facile, pour l'homme établi sous la loi, que de vouloir le bien et de faire le mal ? Il veut le bien sans difficulté, quoiqu'il ait moins de facilité à le faire qu'à le vouloir; et il fait facilement le mal qu'il hait, bien qu'il ne le veuille pas; il est comme un homme violemment poussé qui arrive sans difficulté an fond du précipice, quoiqu'il ne le veuille pas, quoiqu'il le redoute extrêmement. Je dis cela à cause du mot de l'Apôtre: "Réside."



Donc l'homme établi sous la loi et non encore affranchi par la grâce, rend témoignage à la loi qu'elle est bonne: il le lui rend complètement par là même qu'il se reproche d'agir contre elle, et il trouve qu'elle est un bien pour lui, puisqu'il veut faire ce qu’elle lui commande, mais il ne le peut à cause de l'empire de la concupiscence; il se voit ainsi coupable de prévarication, et forcé d'implorer la grâce du Libérateur.





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13. "Je me complais, en effet, dans la loi de Dieu, selon l'homme intérieur, dans la loi qui dit: tu ne convoiteras pas. Mais je vois dans mes membres une autre loi qui combat la loi de ton esprit, et me captive sous la loi du péché, laquelle est dans mes membres." Il appelle loi de ses membres le poids même de mortalité sous lequel nous gémissons (1), car le corps, qui se corrompt, appesantit l'âme (2). D'où il résulte souvent que ce qui n'est pas permis charme irrésistiblement.


Ce fardeau accablant, écrasant, il l'appelle loi, parle que c'est une juste punition, un arrêt divin rendu et infligé par Celui qui avait prévenu l'homme en lui disant: "Du jour où vous mangerez de ce fruit, vous mourrez de mort (3)." Cette loi combat la loi de l'esprit qui dit: "Tu ne convoiteras pas," et dans laquelle l'homme se complaît selon l'homme intérieur; et avant qu'il soit sous l'empire de la grâce, elle combat tellement qu'elle le captive sous la loi du péché, c'est-à-dire sous son propre joug. Car en disant: "Laquelle est dans mes membres," l'Apôtre fait assez voir que c'est la même que celle dont il a dit plus haut: "Je vois dans mes membres une autre loi."



1. II Corinthiens V, 4.
2. Sagesse IX, 15.
3. Genèse II, 17.




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Message  ROBERT. Mar 19 Mar - 0:07


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LIVRE PREMIER. DEUX QUESTIONS SUR L'ÉPÎTRE AUX ROMAINS.

Par Saint Augustin.



PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ?




14. Or le but de tout ceci est de démontrer que l'homme ainsi captif ne doit point présumer de ses forces. C'était le moyen de confondre l'orgueil des Juifs qui se glorifiaient des œuvres de la Loi, alors même qu'ils étaient entraînés par la concupiscence à commettre toute sorte de mal, bien que la loi dont ils étaient si fiers leur dit: "Tu ne convoiteras pas."



Donc l'homme vaincu, condamné, prisonnier, prévaricateur plutôt que vainqueur, après même avoir reçu la loi, doit dire, doit s'écrier avec humilité: "Malheureux homme que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort ? La grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur." En effet tout ce qui reste au libre arbitre en cette vie mortelle, ce n'est pas d'accomplir la justice quand l'homme le veut, mais de recourir avec de pieuses supplications à Celui qui peut lui donner de l'accomplir.




Oeuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx,
Tome 5ème, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. p. 490-508

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Message  ROBERT. Mar 19 Mar - 19:09


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LIVRE PREMIER. DEUX QUESTIONS SUR L'ÉPÎTRE AUX ROMAINS.


Par Saint Augustin.




PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ?



15. S'imaginerait-on, d'après le texte que nous venons d’exposer que l'Apôtre juge la loi mauvaise ? Il a dit en effet: "La loi est survenue pour faire abonder le péché (4); le ministère de mort a été gravé en lettres sur des pierres(5); la force du péché, c'est la loi (6); vous êtes morts à la loi par le corps du Christ, "pour être à un autre, à Celui qui est ressuscité d'entre les morts (1)"; "les passions du péché, qui étaient occasionnées par la loi, agissaient dans nos membres, jusqu'à leur faire produire des fruits pour la mort; mais maintenant nous sommes affranchis de la loi de mort dans laquelle nous étions retenus, pour que nous servions dans la nouveauté de l'esprit, et non dans la vétusté de la lettre (2).



Il a dit cela, et d'autres choses du même genre; mais il faut se souvenir que ces expressions signifient simplement que la loi augmente la concupiscence par la défense, et qu'elle lie le coupable par la prévarication, en donnant des ordres que les hommes ne peuvent remplir à cause de leur infirmité, à moins qu'ils ne recourent humblement à la grâce de Dieu. Voilà pourquoi on dit que ceux qu'elle domine sont sous elle; et elle domine ceux qu'elle punit, c'est-à-dire tous les prévaricateurs. Or ceux qui ont reçu la loi prévariquent contre elle, à moins que la grâce ne les mette à même d'exécuter ce qu'elle commande. C'est ainsi qu'elle ne domine point ceux qui sont sous la grâce, parce qu'ils l'accomplirent par amour, eux qui étaient condamnés quand ils étaient sous le joug de la crainte.




4. Romains V, 20.
5. II Corinthiens III, 7.
6. I Corinthiens XV, 56.
1. Romains VII, 4.
2. Romains VII, 5-6.





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Message  ROBERT. Mer 20 Mar - 19:50


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PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ?




16. Si on est porté par ces textes de l'Apôtre à croire qu'il blâme la loi, que dira-t-on de ces paroles: "Je me complais dans la loi de Dieu selon l'homme intérieur ?" Évidemment c'est là un éloge de la loi. Mais à cela on répond qu'il parle ici d'une autre loi, c'est-à-dire de la loi du Christ, et non de celle quia été donnée aux Juifs. Nous demanderons alors de quelle loi l'Apôtre a dit: "La loi est survenue pour faire abonder le péché ?" On dit sans hésiter que c'est de la loi juive. Vois alors si c'est aussi de celle-là qu’il est dit: "Or, prenant occasion du commandement, le péché a produit en moi toute concupiscence." Ces expressions: "A produit en moi toute concupiscence," signifient-elles autre chose que celles-ci: "Afin de faire abonder le péché ?"




Voyez encore si ce n'est pas le sens de ces mots: "De sorte que le commandement a rendu coupable outre mesure le pécheur ou le péché." En effet: "Pour rendre coupable le péché outre mesure" revient à: "Pour que le péché abondât." Si donc nous démontrons que le commandement est bon, le commandement dont le péché a pris occasion pour opérer toute concupiscence, au point de dépasser la mesure; nous prouverons par là même que la loi est bonne, elle qui est survenue pour que le péché abondât, c'est-à-dire pour que le péché opérât toute concupiscence et dépassât toute mesure.




Qu'on écoute donc le même Apôtre: "Que dirons-nous donc ? La loi est elle péché ? Loin de là." Mais, nous dit-on, cela s'applique à la loi du Christ, c'est-à-dire à la loi de grâce. Qu'on nous dise alors comment on entend ce qui suit: "Mais je n'ai connu le péché que parla loi. Car je ne connaîtrais pas la concupiscence, si la loi n'eût dit: Tu ne convoiteras pas. Or, prenant occasion du commandement, le péché a opéré en moi toute concupiscence." Le contexte montre assez de quelle loi il parle quand il dit: "La loi est-elle péché ? Loin de là." Évidemment il s'agit de celle dont le commandement a fourni au péché l'occasion d'opérer toute concupiscence, par conséquent de celle qui est survenue pour que le péché abondât et qu'on prétend mauvaise.




Mais quoi de plus clair que les paroles ajoutées par l'Apôtre: "Ainsi la loi est sainte, et le commandement saint, juste et bon ?" On nous dit encore qu'il s'agit de l'Evangile, et non de la loi juive: tant est grande, tant est aveugle la perversité manichéenne ! Ils ne font pas attention au passage si exprès, si évident, qui vient à la suite: "Ce qui est bon est donc devenu pour moi la mort ? Loin de là; mais le péché, pour paraître péché, a, par une chose bonne, opéré pour moi la mort, de sorte que le commandement a rendu coupable outre mesure le pécheur ou le péché;" c'est-à-dire le commandement saint, juste et bon, qui est pourtant survenu pour que le péché abondât, c'est-à-dire dépassât toute mesure.





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PREMIÈRE QUESTION. — Que pense saint Paul de la Loi ancienne ?



17. Pourquoi donc, si la loi est bonne, l'appelle-t-on "ministère de mort ?" Parce que le péché, "pour paraître péché, a, par une chose bonne, opéré pour moi la mort." Ne vous en étonnez point, puisqu'on a dit de la prédication même de l'Evangile: "Nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ à l'égard de ceux qui se sauvent et à l'égard de ceux qui se perdent; aux uns odeur de vie pour la vie, mais aux autres odeur de mort pour la mort (1)." La loi a été appelée ministère de mort à l'égard des Juifs, pour qui elle a été écrite sur la pierre, emblème de la dureté de leur cœur; mais non pour ceux qui l'accomplissent par amour. "Car l'amour est la plénitude de la loi." En effet la loi, écrite sur la pierre, dit: "Tu ne commettras point l'adultère; Tu ne seras point homicide; Tu ne déroberas pas; Tu ne convoiteras pas," toutes choses qui s'accomplissent par amour, au témoignage de l'Apôtre, qui nous dit: "Celui qui aime la prochain a accompli la loi. En effet, Tu ne commettras point l'adultère; Tu ne tueras pas; Tu ne déroberas pas; Tu ne convoiteras pas, et s'il est quelque autre commandement, tout se résume dans jette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (1)," parce que cette parole même est écrite dans la loi.




Si la loi est bonne, pourquoi est-elle "la force du péché ?" Parce que le péché a, par une chose bonne, opéré la mort, de sorte qu'il a dépassé la mesure, c'est-à-dire qu'il s'est fortifié par la prévarication.




Si la loi est bonne, "pourquoi sommes-nous morts par le corps du Christ ?" Parce que, délivrés de l'affection que la loi punit et condamne, nous sommes morts à la loi qui condamne. En effet c'est surtout quand elle menace, épouvante ou frappe, qu'on lui donne le nom de loi. Ainsi le même précepte est la loi pour ceux qui craignent, et la grâce pour ceux qui l'accomplissent avec amour. De là ce mot de l'Evangile La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ [/i](2)." En effet la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ pour faire accomplir la loi même, qui avait été donnée par Moïse pour inspirer la crainte. Donc: "Vous êtes morts à loi," veut dire: Vous êtes morts au supplice de la loi, "par le corps du Christ," en vue duquel ont été pardonnés les péchés qui rendaient passible d'une juste punition.




Si la loi est bonne, pourquoi "les passions du péché qui sont occasionnées par la loi, agissaient-elles dans nos membres, jusqu'à leur faire produire des fruits de mort ?" Parce que l'Apôtre entend ici par ces passions du péché dont il a été souvent parlé, l'augmentation de la concupiscence occasionnée par la défense, et la punition imposée à la prévarication c’est-à-dire parce que le péché "a, par une chose bonne, opéré la mort, de sorte que le commandement a rendu coupable outre mesure le pécheur ou le péché."




Si la loi est bonne, pourquoi "sommes-nous affranchis de la loi de mort dans laquelle nous étions retenus, afin que nous servions dans la nouveauté de l'esprit, et non dans la vétusté de la lettre ?" Parce que la loi est seulement la lettre pour ceux qui ne l'accomplissent pas avec cet esprit de charité, qui est le but du nouveau Testament. Ainsi ceux qui sont morts au péché sont affranchis de la lettre dans laquelle sont retenus les coupables qui n'accomplissent pas ce qui est écrit. En effet qu'est-ce que la loi, sinon une simple lettre pour ceux qui savent la lire et ne peuvent l'accomplir? Car ceux pour qui elle a été écrite la connaissent; mais comme ils ne la connaissent qu'en tant qu'elle est écrite, et non pour l'aimer et l'accomplir, elle n'est bien pour eux que la lettre: lettre qui n'est d'aucun secours à ceux qui la lisent, mais qui rend témoignage contre ceux qui pèchent. Donc ceux qui sont renouvelés par l'Esprit sont affranchis de sa condamnation; ils ne s'attachent plus à la lettre pour y trouver le châtiment, mais à l'intelligence par amour de la justice. De là le mot: "La lettre tue, mais l'esprit vivifie (1)." En effet la loi seulement, mais non comprise ou non accomplie, tue certainement; et c'est alors qu'on l'appelle lettre. "Mais l'esprit vivifie, parce que la plénitude de la loi c'est la charité, qui a été répandue dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné (2)."



1. II Corinthiens II, 15-16.
1. Romains XIII, 8-10.
2. Jean I, 17.
1. II Corinthiens III, 6.
2. Romains V, 5.





FIN DE LA PREMIÈRE QUESTION…

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DEUXIÈME QUESTION II. — Doctrine de saint Paul sur la justification.


1. Il est temps, je pense, de passer à l'autre question que vous nous avez proposée, c'est-à-dire d'expliquer tout le texte, à partir de ce verset: "Et non seulement elle, mais aussi Rebecca qui eut deux fils à la fois d'Isaac, notre père. Car avant qu'ils fussent nés, ou qu'ils eussent fait ni bien ni mal ;" jusqu'à celui-ci: "Si le Seigneur des armées ne nous avait réservé un rejeton, nous serions devenus comme Sodome et semblables à Gomorrhe." Ce passage est assurément plus obscur que l'autre. Mais, comme je vous connais, vous n'avez pu exiger de moi ce travail, sans demander à Dieu pour moi la grâce de pouvoir le faire. Enhardi par cette pensée, j'entre de suite en matière.



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DEUXIÈME QUESTION II. — Doctrine de saint Paul sur la justification.




2. Tout d'abord je ne perdrai point de vue le but que se propose l'Apôtre dans toute son Épître, et je le prendrai pour guide. Or ce but est d'empêcher qu'on ne se glorifie du mérite de ses oeuvres, comme les Juifs qui osaient se vanter d'avoir observé la loi qu'on leur avait donnée, prétendaient avoir reçu la grâce évangélique comme une récompense due à leur mérite, à leur fidélité à cette loi et par conséquent, ne voulaient pas que la même grâce fût accordée aux Gentils, qu'ils en réputaient indignes, à moins qu'il ne fissent profession de Judaïsme, Cette question, élevée précédemment, a sa solution dans les Actes des Apôtres (1). Les Juifs ne comprenaient donc pas que ce bienfait étant la grâce évangélique, n'est point la récompense des œuvres, "autrement la grâce ne serait plus grâce (2)." En beaucoup d'endroits saint Paul l'atteste, mettant toujours la grâce de la foi au-dessus des œuvres, non pour détruire celles-ci, mais pour montrer qu'au lieu de précéder la grâce, les bonnes œuvres la suivent; et que personne ne doit s'imaginer avoir reçu la grâce pour avoir fait le bien, mais comprendre qu'il ne peut faire le bien sans avoir reçu la grâce par la foi.




Or l'homme commence à recevoir la grâce quand, attiré à la foi par une voix du dedans ou du dehors, il commence à croire en Dieu. Mais il importe de distinguer dans quels moments, par la réception de quels sacrements la grâce descend plus pleine, plus manifeste. Les catéchumènes ne sont pas sans l'avoir; ou il faudrait dire que Corneille ne croyait pas à Dieu, lui qui, par ses prières et ses aumônes, se rendait digne d'être visité par un ange (3). Or il n'eût point agi ainsi, si d'abord il n'avait cru; et il n'eût point cru, s'il n'avait été appelé ou par quelques visions mystérieuses de l'âme et de l'esprit, ou par quelques manifestations extérieures et sensibles.




Chez quelques-uns la grâce de la foi est à un degré insuffisant pour obtenir le royaume des cieux, comme chez les catéchumènes, par exemple, ou chez Corneille lui-même, avant qu'il ne fut incorporé à l'Eglise par la réception des sacrements; chez d'autres elle est si grande, qu'ils font partie du corps du Christ et deviennent le temple de Dieu. "Car le temple de Dieu est saint, dit l'Apôtre, et vous êtes ce temple (4)." Et le Seigneur lui-même: "Si quelqu'un ne renaît de l'eau et de l'Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume des cieux (5)." Il y a donc des commencements de foi, analogues à la conception; mais pour parvenir à la vie éternelle, il ne suffit pas d'être conçu, il faut naître. Rien cependant de tout cela n'a lieu sans la grâce de la miséricorde divine, parce que les bonnes œuvres, s'il y en a, accompagnent la grâce, comme nous l'avons dit, mais ne la précèdent point.



1. Actes, chapitre XV.
2. Romains XI, 6 .
3. Actes X, 1-4.
4. Corinthiens III, 17.
5. Jean III, 5.





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DEUXIÈME QUESTION II. — Doctrine de saint Paul sur la justification.



3. C'est ce que l'Apôtre veut persuader. Il dit ailleurs: "C'est la grâce de Dieu qui nous a sauvés par la foi, et cela ne vient pas de nous, car c'est un don de Dieu; ni des œuvres , afin que nul ne se glorifie (1);" il applique ici ce principe à des enfants quine sont pas encore nés. Personne en effet ne peut dire que Jacob, avant sa naissance, ait mérité par ses œuvres que Dieu dit de lui: "L'aîné servira sous le plus jeune." Donc "non seulement elle," dit l'Apôtre, (car Isaac a été promis, quand Dieu dit: "En ce temps je viendrai, et Sara aura un fils;" et ce fils n'avait certainement pas mérité par ses œuvres que sa naissance fût promise, qu'en Isaac fût appelée race d'Abraham, c'est-à-dire que ceux-là partageassent le bonheur des saints dans le Christ, qui comprendraient qu'ils sont enfants de la promesse, ne s'enorgueilliraient point de leurs mérites, mais attribueraient à la grâce de la vocation l'avantage d'être cohéritiers du Christ, puisque, n'étant pas encore nés, ils n'avaient certainement rien mérité quand on promettait leur naissance;) "mais aussi Rebecca qui eut deux fils à la fois d'Isaac, notre père," Il a grand soin de dire: "à la fois," car ils avaient été conçus ensemble, et c'est pour qu'on n'attribue rien aux mérites des parents et que personne ne s'avise de dire: Le fils est né tel, parce que le père ou la mère étaient affectés de telle ou telle manière, au moment de la conception. En effet le moment de la conception a été le même pour les deux. Voilà pourquoi l'Apôtre dit: "A la fois," coupant court ainsi à toutes les observations des astrologues, ou plutôt de ces prétendus tireurs d'horoscopes, qui prédisent les mœurs et les destinées des hommes d'après les circonstances de leur naissance.





En effet ils ne sauraient en aucune façon expliquer une si grande différence de sort entre ces deux jumeaux, conçus dans le même instant, sous la même constellation, dans le même état du ciel, tellement qu'il est impossible de faire la moindre observation pour l'un qui ne puisse s'appliquer à l'autre. Ils peuvent aisément comprendre par là, s'ils le veulent, que les réponses qu'ils vendent à leurs crédules auditeurs, ne sont fondées sur aucun art, mais sur des hasards et des conjectures. Pour revenir à notre sujet: l'Apôtre ne cite ces exemples que pour confondre et humilier l'orgueil des hommes ingrats envers la grâce divine, qui osent se glorifier de leur propres mérites. "Car avant qu'ils fussent nés ou qu'ils eussent fait aucun bien ou aucun mal, non à cause de leurs œuvres, mais par la volonté de Celui qui appelle, il lui fut dit: L'aîné servira sous le plus jeune."




La grâce appartient donc à celui qui appelle; et ensuite les bonnes œuvres sont à celui qui reçoit la grâce, non comme la source de cette grâce, mais comme son produit. En effet ce n'est pas pour être chaud que le feu échauffe, mais il échauffe parce qu'il est chaud; la roue ne court pas pour être ronde, mais parce qu'elle est ronde; ainsi personne ne fait le bien pour recevoir la grâce, mais le fait parce qu'il l'a reçue. Comment en effet celui qui n'a pas été justifié, pourrait-il vivre dans la justice ? Comment celui qui n'a pas été sanctifié, pourrait-il vivre saintement ? Comment celui qui n'a pas été vivifié, pourrait-il vivre ? Or c'est la grâce qui justifie, pour que celui qui est justifié puisse vivre dans la justice. La grâce tient donc on premier lien, et les bonnes œuvres ensuite, ainsi que l'Apôtre le dit ailleurs: "Or à celui qui travaille, le salaire n'est point imputé comme une grâce; mais comme une dette (1);" comme l'est l'immortalité après les bonnes œuvres, si toutefois elle est réclamée comme dette. C'est d'elle que le même Apôtre parle ainsi: "J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi; il me reste la couronne de justice, que le Seigneur, juste juge, me rendra un jour (2)." Peut-être en effet ce mot: "me rendra" suppose-t-il une dette. Mais quand: "Montant au ciel il a rendu la captivité captive," il n'a pas rendu, mais "donné aux hommes. (3)" Comment, en effet l'Apôtre oserait-il réclamer le paiement d'une dette, s'il n'avait d'abord reçu la grâce gratuite qui, en le justifiant, l'a mis à même de combattre le bon combat ? Car il avait été blasphémateur, persécuteur, outrageux; puis il obtint miséricorde, comme il l'atteste lui-même (4), en croyant en celui qui justifie, non l'homme pieux, mais l'impie (5), dans le but de le rendre pieux en le justifiant.




1. Ephésiens II, 8-9.
1. Romains IV, 4.
2. I Timothée IV, 7-8.
3. Ephésiens IV, 5.
4. Timothée I, 13.
5. Romains IV, 5.





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4. "Non à cause de leurs œuvres, mais par la volonté de Celui qui appelle, il lui fut dit: L'aîné servira sous le plus jeune." Ce que l'Apôtre a dit plus haut: "Car avant qu'ils fussent nés, ou qu'ils eussent fait ni bien ni mal," était une préparation à ceci: "Non à cause de leurs oeuvres, mais par la volonté de Celui qui appelle": ce qui fait qu'on est tenté de demander pourquoi il a dit: "Afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection ?" Comment en effet une élection est-elle juste, comment même y a-t-il une élection quelconque, là où il n'existe aucune différence ? Car si Jacob a été élu avant de naître, sans avoir mérité, sans avoir rien fait, il n'a pu l'être puisqu'il n'y avait aucune différence pour déterminer le choix. De même si Ésaü a été réprouvé sans l'avoir mérité, puisqu'il n'était pas né et n'avait encore rien fait quand on disait de lui: "L'aîné servira sous le plus jeune," comment peut-on dire qu'il l'ait été justement ?




Quelle distinction ferons-nous donc, comment entendrons-nous raisonnablement ces paroles: "J'ai aimé Jacob et j'ai haï Ésaü ?" Elles se lisent, il est vrai, dans un prophète qui a écrit longtemps après la naissance et la mort de Jacob et d'Ésaü; cependant il semble que ce n'est qu'un souvenir de l'arrêt: "Et l'aîné a servira sous le plus jeune;" arrêt porté avant qu'ils fussent nés et qu'ils eussent agi. D'où provient donc l'élection ? On comment a-t-elle pu être, puisqu'il n'y a aucune différence de mérites entre deux hommes qui ne sont pas nés et qui n'ont encore rien fait ? Serait-ce la différence des natures ? Mais cela serait difficile à comprendre puisqu'il n'y a eu qu'un père, qu'une mère, qu'une conception, qu'un Créateur. Serait-ce que, comme le même Créateur a tiré de la même terre, différents genres d'animaux et de reproducteurs; il aurait aussi créé, du même couple, dans deux jumeaux conçus ensemble, des enfants d'une nature assez différente pour que l'un attirât son amour et l'autre sa haine ? Il n'y avait donc pas de choix, avant que celui qui devait être choisi, existât. Si en effet Jacob a été créé, afin de plaire; comment a-t-il plu avant Ésaü, pour devenir bon ? Il n'a donc pas été choisi pour devenir bon, mais ayant été créé bon, il a pu être choisi.




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5. "Selon son élection" signifierait-il que Dieu, qui prévoit tout, aurait vu d'avance la foi de Jacob avant qu'il fût né ? Alors, bien que personne ne puisse être justifié par ses œuvres, puisqu'il faut être justifié pour faire le bien, cependant comme c'est par la foi que Dieu justifie les nations (1), et que personne ne croit que par un acte de sa libre volonté, Dieu prévoyant cette foi libre et volontaire, aurait choisi, dans sa prescience, un homme qui n'était pas encore né, afin de le justifier. Mais si l'élection se fait par prescience et que Dieu ait su d'avance la foi de Jacob, comment prouverez-vous qu'il ne l'a pas élu à raison de ses œuvres ? Si, parce qu'ils n'étaient pas encore nés, ils n'avaient fait ni bien ni mal, ils ne croyaient non plus ni l'un ni l'autre.



— Mais la prescience prévoyait que l'un croirait ? — Elle pouvait aussi prévoir qu'il agirait; et si l'on dit que Dieu l'a élu en prévision de sa foi future, un autre pourra prétendre que Dieu l'a plutôt élu à raison de ses oeuvres futures qu'il ne prévoyait pas moins. Comment donc l'Apôtre fait-il voir que ce n'est pas à cause des œuvres qu'il a été dit: "L'aîné servira sous le plus jeune ?" Si c'est parce que les enfants n'étaient pas encore nés, il n'a donc pas pu parler de la foi plutôt que des œuvres, puisque la foi comme les œuvres manque à qui n'est pas né. Il n'a donc pas voulu faire entendre que le plus jeune ait été élu et l’aîné asservi, en raison de la prescience. Car c'est pour montrer que l'élection ne provenait point des œuvres qu'il a dit: "Avant qu'ils fussent nés ou qu'ils eussent fait ni bien ni mal." Autrement on aurait pu lui objecter: Mais Dieu savait ce que chacun d'eux devait faire.



— On demande donc quelle est l'origine de ce choix ? s'il n'est le fruit ni des œuvres, qui n'existaient point, ni des hommes qui n'étaient pas encore nés; s'il n'est point le résultat de la foi, qui n'existait pas davantage: d'où vient-il donc ?




1. Galates III, 8.





Oeuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx,
Tome 5ème, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. p. 490-508

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Message  ROBERT. Mer 27 Mar - 15:33


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LIVRE PREMIER. DEUX QUESTIONS SUR L'ÉPÎTRE AUX ROMAINS.


Par Saint Augustin.




DEUXIÈME QUESTION II. — Doctrine de saint Paul sur la justification.




6. Faut-il dire qu'il n'y a pas eu de choix, puisqu'il n'y avait entre eux, dans le sein maternel, aucune différence sous le rapport de la foi, des œuvres, ni de mérites quelconques ? Mais l'Apôtre dit: "Afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection." Et c'est précisément parce qu'il a employé ce mot que nous nous faisons la question. Peut-être pourrait-on lire autrement: l'Apôtre n'avait pas voulu faire entendre que s'il fût dit: "Non à cause de leurs œuvres, mais par la volonté de Celui qui appelle, l’aîné servira sous le plus jeune" c'est "afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection;" mais en citant ces enfants qui n'étaient pas nés, qui n'avaient rien fait, il aurait plutôt voulu écarter l'idée d'une élection quelconque, et ces mots: Car avant qu'ils fussent nés ou qu'ils eussent fait ni bien ni mal, afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection," signifieraient: avant qu'ils eussent fait ni bien ni mal, pour déterminer par là l'élection de celui qui aurait fait le bien; et comme il n'y aurait pas eu de choix fondé sur les œuvres, et propre à affermir le décret de Dieu, ce n'est donc "point à cause de leurs oeuvres, mais par la volonté de Celui qui appelle," c'est-à-dire de celui qui justifie l'impie par sa grâce, en l'appelant à la foi, "qu'il lui fut dit: L'aîné servira sous le plus jeune."




Le décret de Dieu ne demeure donc point ferme d'après l'élection, mais l'élection d'après le décret; c'est-à-dire ce n'est pas parce que Dieu trouve dans les hommes des bonnes œuvres pour fixer son choix, que le décret de la justification subsiste; mais c'est parce que le décret subsiste pour justifier ceux qui ont la foi, que Dieu rencontre des œuvres dignes de l’élection pour le royaume des cieux. En effet, s'il n'y avait pas d'élection, il n'y aurait pas d'élus, et l'Apôtre ne pourrait dire: "Qui accusera les élus de Dieu (1) ?" Cependant l'élection ne précède point la justification; mais la justification, l'élection. Car personne n'est élu s'il n'est déjà à distance de celui qu'on rejette. Aussi ne vois-je pas qu'on ait pu dire, autrement qu'en admettant la prescience: "Dieu nous a élus avant la fondation du monde "(2)." Et ici, quand l'Apôtre dit: "Non à cause de leurs oeuvres, mais par la volonté de Celui qui appelle, il lui fut dit: L'aîné servira sous le plus jeune; "il n'entend point parler de l’élection fondée sur des mérites qui ne se produisent qu'après la sanctification de la grâce, mais de la libéralité du don de Dieu; et cela afin que personne ne se glorifie de ses oeuvres. "En effet c'est la grâce de Dieu qui nous sauve, et cela ne vient pas de nous, mais de Dieu, car c'est un don de Dieu; ni des œuvres, afin que personne ne se glorifie (3)."




1. Romains VIII, 33.
2. Ephésiens I, 4.
3. Ephésiens II, 8





Oeuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx,
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Message  ROBERT. Jeu 28 Mar - 15:49


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LIVRE PREMIER. DEUX QUESTIONS SUR L'ÉPÎTRE AUX ROMAINS.


Par Saint Augustin.




DEUXIÈME QUESTION II. — Doctrine de saint Paul sur la justification.



7. Mais on demande si la foi, du moins, mérite la justification de l'homme; ou si la miséricorde de Dieu précède les mérites de la foi, en sorte que la foi même soit comptée parmi les bienfaits de la grâce ? Or, après avoir dit: "Non à cause de leurs œuvres," l'Apôtre n'ajoute pas: à cause de la foi "il lui fut dit: L'aîné servira sous le plus jeune;" mais par la "volonté de Celui qui appelle." Car personne ne croit, s'il n'est appelé. Or Dieu appelle dans sa miséricorde, et non en considération de la foi ou du mérite; parce que les mérites suivent la vocation, plutôt qu'ils ne la précèdent. Car "comment croiront-ils à celui qu'ils n'ont pas entendu ? Et comment entendront-ils si personne ne les prêche (4) ?" Si donc la miséricorde de Dieu ne prévient en appelant, personne ne peut croire de manière à obtenir le commencement de sa justification, et à recevoir la faculté de faire le bien. Donc la grâce précède tout mérite. "Aussi le Christ est-il mort pour les impies (1)." C'est donc par la volonté de Celui qui appelle, et non par les mérites de ses œuvres, que le plus jeune a eu l'avantage de voir son aîné servir sous lui; comme aussi ce qui est écrit: "J'ai aimé Jacob" doit s'expliquer par la volonté de Dieu qui appelle et non par les bonnes œuvres de Jacob.


4. Romains X, 14.

1. Romains V, 6.





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Message  ROBERT. Ven 29 Mar - 14:10


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Par Saint Augustin.




DEUXIÈME QUESTION II. — Doctrine de saint Paul sur la justification.




8. Que dire maintenant d'Ésaü ? Puisqu'il n'était pas encore né, qu'il n'avait fait ni bien ni mal, quand on disait: "L'aîné servira sous le plus jeune,"par quel crime a-t-il mérité de servir sous plus jeune que lui, et qu'il fût écrit: "J'ai haï Ésaü ?" Serait-ce que, comme Jacob a été aimé sans avoir rien fait de bien, Ésaü est devenu odieux sans avoir rien fait de mal ? Si en effet Dieu l'a prédestiné à servir le plus jeune, en prévision de ses mauvaises actions, il aura aussi prédestiné Jacob à dominer son aîné, en prévision de ses futures bonnes œuvres, et alors le mot de l'Apôtre: "Non à cause de leurs œuvres" cesse d'être vrai. Mais s'il est vrai que ce n'est pas à cause de leurs œuvres, et l'Apôtre le prouve, puisqu'il parle d'hommes qui ne sont pas encore nés et n'ont encore rien fait, ni à cause de la foi, puisque la foi n'existait chez aucun d'eux: pour quelle raison Ésaü est-il haï avant de naître ?




Que Dieu ait fait des choses pour les aimer, cela ne souffre aucune difficulté. Mais dire qu'il a fait des choses pour les haïr, c'est une absurdité, au témoignage même de l'Ecriture qui nous dit: "Vous n'avez rien créé par un sentiment de haine, et vous ne haïssez rien de ce que vous avez fait (2)." Qu'avait fait le soleil pour mériter d'être soleil ? En quoi la lune avait-elle démérité pour lui être si inférieure ? Et qu'avait-elle fait à son tour pour être plus brillante que les autres astres ? Mais tout cela a été créé bon dans son espèce. Et Dieu ne dirait pas: J'ai aimé le soleil et j'ai haï la lune; ou: J'ai aimé la lune et j'ai haï les étoiles, comme il a dit: "J'ai aimé Jacob et j'ai haï Ésaü." Il a aimé toutes ces choses, en proportion de leur excellence; puisque, après avoir créé d'un mot, il a vu que tout était bon (3); mais haïr Ésaü, à moins que pour injustice, ce serait injustice de sa part. Si nous accordons cela, il faudra aussi admettre que Jacob n'a été aimé tout d'abord qu'en vue de sa justice. Or s'il en est ainsi, le mot de l'Apôtre: "Non à cause de leurs œuvres," devient faux. Serait-ce qu'il a été aimé à cause de la justice de la foi ? Mais alors que ferez-vous de ces paroles: "Avant qu'ils fussent nés," puisque la justice de la foi ne saurait exister dans un homme qui n'est pas né ?




2. Sagesse XI, 25.
3. Genèse, chapitre I.




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