Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
MLLE LE BER FORME LE PROJET DE SE RETIRER A LA CONGRÉGATION,
POUR Y VIVRE DANS UNE RÉCLUSION ENTIÈRE ET PARFAITE.
(suite)
Les Sœurs de la Congrégation, qui, de leur côté, considéraient cette sainte fille, comme un prodige de grâce, furent ravies de pouvoir contribuer, par la réalisation d'un si pieux dessein, à la gloire de DIEU, à l'édification de la Colonie, et au parfait bonheur de cette sainte âme. Outre ces motifs, déjà plus que suffisants pour les faire consentir : les Sœurs qui en entreprenant la construction d'une Eglise, avaient plus consulté leur grand amour pour le Très-Saint Sacrement, que les règles de la prudence humaine, manquaient en grande partie des fonds nécessaires pour l'exécuter : ayant récemment élevé à grands frais les bâtiments que leur communauté occupait alors. Elles acceptèrent donc ses propositions avec reconnaissance, et lui donnèrent de grand cœur, toute liberté de modifier, à son gré, le plan qu'elles avaient adopté déjà : et d'y ajouter, pour son usage, le petit corps de logis qu'elle avait en vue, en lui donnant telle disposition, qu'elle jugerait être plus convenable à son dessein.
Mlle Le Ber, au comble de ses vœux, désira que l'Église de la Congrégation, put ressembler pour sa disposition générale, à la Sainte Maison de Nazareth, qu'on voit aujourd'hui, au milieu de la Cathédrale de Lorette, en Italie, et dans laquelle, s'est opéré le mystère adorable de l'Incarnation. Le carré long, que présente cette maison si vénérée, est divisé, vers l'une de ses extrémités, par une cloison légère, qui laisse un petit espace, appelé la Sainte Camine, très religieusement visité par les pèlerins. On entre dans la Sainte Camine par deux portes l'une à droite, l'autre à gauche, au milieu desquelles, et immédiatement contre la cloison, est placé l'autel, dans la partie la plus spacieuse de la chapelle. Elle voulut donc que la nouvelle Église offrit une disposition, à peu près, semblable ; c'est-à-dire : que derrière l'autel, on réservât pour lui servir de cellule, un espace de dix ou douze pieds de profondeur, sur toute la largeur du bâtiment ; et voici la distribution qu'elle fit de cet espace.
Elle désira, que…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
A suivre : chapitre II. EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER. CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.MLLE LE BER FORME LE PROJET DE SE RETIRER A LA CONGRÉGATION,
POUR Y VIVRE DANS UNE RÉCLUSION ENTIÈRE ET PARFAITE.
(suite)
Elle désira, que dans sa hauteur, jusqu'à la toiture de l'Eglise, il fut divisé en trois étages. Les deux plus élevés, étaient destinés pour son propre usage ; et le premier, situé au rez-de-chaussée devait servir de sacristie. C'était là, cependant, qu'elle se proposait de descendre, pour recevoir la sainte communion, et pour se confesser. Dans ce dessein, elle désira qu'à l'un des panneaux de la porte, qui s'ouvrait sur le sanctuaire, du côté de l'Evangile, il y eût une espèce de grille mobile, derrière laquelle elle put se présenter; afin que la porte étant fermée, elle reçut la sainte communion sans se montrer au public, ni sans sortir de sa clôture, et qu'aussi son directeur ne fut pas obligé d'y entrer, pour l'entendre en confession, et put se placer à côté de cette grille dans le sanctuaire même. Outre cette porte, elle voulut qu'il en existât une seconde, du côté du jardin des Sœurs, pour que, sans traverser l'Eglise, on put lui porter par là, tous les jours, ses aliments.
Du rez-de-chaussée, on devait monter, par un petit escalier, à l'étage, situé au-dessus, destiné à lui servir de cellule; et là elle voulut qu'on pratiquât une petite ouverture pour lui faire passer ses aliments. Mais l'avantage qu'elle ambitionnait surtout, c'était qu'étant renfermée dans cette cellule, elle ne fut séparée du Très-Saint Sacrement, que par la cloison, qui devait diviser son appartement d'avec l'Eglise. En effet, d'après la hauteur qu'elle fit donner au plancher du sanctuaire et à celui de sa cellule, il résulta que le Très-Saint Sacrement, devait se trouver, à-peu-près au même niveau, que le chevet de sa couchette, et qu'ainsi, elle ne serait plus séparée de lui, désormais, que par l'épaisseur de la cloison. Cette pensée la remplissait de bonheur et d'une sainte et céleste allégresse, ou plutôt elle faisait fondre son cœur, en sentiments d'amour et de reconnaissance les plus tendres et les plus doux.
Enfin, le dernier étage, destiné à lui servir de laboratoire, devait recevoir les petits métiers, et les autres instruments nécessaires aux divers ouvrages auxquels elle s'appliquait.
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE II.
EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER.
CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.
Quoique Mlle Le Ber se fut vouée à la solitude, depuis près de quinze ans, et qu'elle l'eut toujours si religieusement gardée à la grande édification des fidèles : sa réclusion néanmoins, pouvait être considérée, plutôt comme une dévotion particulière, secrètement approuvée par ses directeurs, que comme un genre de vie publiquement autorisé, par les Supérieurs Ecclésiastiques, tel qu'était celui des anciens reclus : son premier vœu de réclusion pour cinq ans, et ensuite, son vœu perpétuel n'ayant été accompagnés d'aucune cérémonie publique. C'est pourquoi, M. Dollier de Casson, Supérieur du Séminaire de Ville-Marie, et Vicaire Général de l'Evêque diocésain, qui était alors en France, jugea qu'il serait tout-à-fait conforme à l'esprit de l'ancienne discipline, et très avantageux à la religion, de donner à son entrée dans sa nouvelle cellule, toute la solennité possible, en pareille rencontre. Il examina donc lui même Mlle Le Ber ; comme cela avait lieu autrefois, afin de s'assurer des dispositions de ceux qui se vouaient ainsi à la clôture perpétuelle. Mais l'examen de cette sainte Recluse, ne devait être au fond qu'une simple formalité : elle avait donné assez de preuves de son amour pour la solitude depuis quinze ans, et de sa fidélité à ses promesses, pour qu'on n'eut aucune espèce de doute, sur sa vocation divine à ce genre de vie, ni sur sa persévérance à le suivre, jusqu'à son dernier soupir.
Comme représentant l'Evêque diocésain, M. Dollier approuva donc authentiquement, la vocation et le dessein de Mlle Le Ber, et fixa au 5 du mois d'Août, fête de Notre-Dame des Neiges, la cérémonie solennelle de sa réclusion. Enfin, il prit connaissance des conventions réciproques, que les Sœurs de la Congrégation et elle, firent mutuellement avant sa réclusion, et les approuva.
Cet acte, que l'on voit encore, en original, au greffe de Ville-Marie, dans les écritures de Basset, notaire, est un monument trop précieux de la vie de Mlle Le Ber, pour n'en pas rapporter ici les dispositions principales….
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER. CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.
(suite)
Cet acte, que l'on voit encore, en original, au greffe de Ville-Marie, dans les écritures de Basset, notaire, est un monument trop précieux de la vie de Mlle Le Ber, pour n'en pas rapporter ici les dispositions principales.Cet acte fut signé par les principales officières de la Congrégation, dont la Sœur Barbier était alors Supérieure, et par M. Dollier de Casson." Demoiselle Jeanne Le Ber, désirant vivre en retraite, tant qu'il plaira à DIEU de lui en donner la persévérance, s'est pour cet effet, adressées aux filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame, établies à Ville-Marie ; celles-ci ayant accepté sa proposition : elle a fourni la plus grande partie de la dépense, faite pour la construction d'une chapelle, dans l'enclos de leur communauté ; et d'un petit appartement derrière cette chapelle, pour lui servir de retraite et de demeure, et où elle est dans le dessein d'entrer présentement.
" Désirant de régler, avec les Sœurs, ce qui concerne sa subsistance, elles sont convenues, sous le bon plaisir, toutefois, de Messire Dollier de Casson, Supérieur du Séminaire de cette ville, et Grand Vicaire, que les Sœurs lui fourniront la subsistance, avec le bois nécessaire pour son chauffage, et pour ses autres besoins, tant en santé qu'en maladie ; et cela, tant et pour si longtemps qu'elle le souhaitera ; ce qui lui sera fourni et porté dans la chambre où elle se retire, sans qu'on puisse l'obliger, sous quelque prétexte que ce puisse être, de sortir de sa retraite.
" Les Sœurs s'obligent aussi de nourrir et de loger dans leur communauté Anne Barroy, sa cousine, tant et si longtemps qu'elle y voudra demeurer, et que la Demoiselle Le Ber le souhaitera. Elle prendra soin de fournir le vêtement à Anne Barroy, qui doit la servir ; et en cas d'absence de la part de celle-ci, les Sœurs rendront à la Demoiselle Le Ber les mêmes services.
" En considération de ce qui vient d'être convenu, la Demoiselle Le Ber donne aux Sœurs de la Congrégation les sommes qu'elle a fournies pour une partie de la construction de la chapelle ; et aussi ce qu'elle pourrait mettre, pour la décorer, et pour la fournir de vases sacrés et d'ornements. En outre, elle leur cède dès aujourd'hui, la jouissance annuelle de 500 livres, monnaie de France, sur laquelle elle se réserve de faire venir chaque année, pour 75 livres de laine, ou de soie, ou d'autres choses dont elle aura besoin pour ses ouvrages manuels.
" Et en considération du don qu'elle fait aux Sœurs des sommes par elle fournies pour la construction de la chapelle, elles promettent de prier DIEU pour le repos de son âme, et de celles des personnes de sa famille."
Enfin, le 5 du mois d'Août, après les Vêpres de la fête de Notre-Dame des Neiges, qui tomba, cette année, 1695 un vendredi: …
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER. CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.Enfin, le 5 du mois d'Août, après les Vêpres de la fête de Notre-Dame des Neiges, qui tomba, cette année, 1695 un vendredi: les fidèles qui avaient assisté à l'office, partirent processionnellement de l'Église paroissiale, à la suite de tout le clergé, et se rendirent à la maison de M. Le Ber; afin de conduire à sa nouvelle cellule cette innocente Vierge, destinée à être pour tout le pays une victime d'expiation, et une hostie de louanges au Seigneur. On la trouva en prière, toute occupée du bonheur, de consommer son sacrifice, par une réclusion entière et irrévocable. Etant sortie, elle parut aux yeux du public, dans une modestie ravissante, vêtue d'une robe de laine, d'une coiffure et d'un voile, à peu près semblables pour la forme, au costume des Sœurs de la Congrégation, mais différents pour la couleur. Sa robe était gris-blanc ; et sur la robe, elle portait une ceinture noire. Par la couleur de la robe, elle voulait imiter la très-Sainte Vierge, jusque dans ses habits : du moins, elle savait, que cette divine mère avait apparue autrefois à la Sœur Bourgeoys vêtue d'une robe de cette même couleur et d'une étoffe comme de serge, ainsi qu'on le dit dans la vie de cette sainte Fondatrice ; et par la ceinture noire, qui indiquait la pénitence, elle avait dessein de se rappeler à elle-même, que bien différente de cette pure Vierge, toute Immaculée dans sa Conception: elle avait été conçue dans le péché, et devait même après son baptême, en sa qualité de chrétienne, exercer sur elle-même les droits de la justice divine, par une vie constamment pénitente et mortifiée.
(suite)
Elle quitta ainsi la maison paternelle…
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER. CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.
(suite)
Elle quitta ainsi la maison paternelle, et se mit à la suite du clergé, accompagnée de son vertueux père, et d'un grand nombre de ses parents et d'amis invités à cette cérémonie, la plus attendrissante qu'on eût jamais vue à Ville-Marie. La procession se dirigeait vers l'Eglise de la Congrégation, en chantant des psaumes et des hymnes analogues à la circonstance. Toute la ville était accourue à ce spectacle si nouveau et si touchant; plusieurs, ne pouvaient s'empêcher de répandre des larmes, en voyant cette innocente Vierge, la plus riche du Canada, qui eût pu prétendre à une illustre alliance, faire ainsi un si généreux mépris, des honneurs, des plaisirs et des faux biens de la terre; et aller se renfermer pour toujours dans le lieu qui devait lui servir de tombeau.
L'austère simplicité de ses vêtements, l'innocence et la douceur qui brillait dans ses traits, la modeste assurance de sa démarche, la présence et les larmes de son vertueux père, qui semblait conduire lui-même la victime à l'autel : toutes ces circonstances concouraient à produire, sur tous les cœurs, les impressions les plus profondes. C'était la victoire la plus éclatante que l'esprit chrétien, eut remportée jusqu'alors, dans ce pays, sur l'esprit du siècle. On voyait avec étonnement dans la personne de cette modeste Vierge, la mortification et l'innocence triompher de la séduction des plaisirs; la pauvreté volontaire triompher de l'illusion des richesses ; l'amour de la vie cachée, triompher de la passion des honneurs; l'amour de DIEU, victorieux de la tendresse naturelle pour les parents : en un mot, dans elle, c'était la victoire complète de la foi sur la raison, et de la grâce sur la nature. Et pour qu'il ne manquât rien à ce triomphe, on y voyait encore la tendresse paternelle, assujettie et soumise à la foi, par la force de l'amour divin.
C'était un spectacle digne de l'admiration des anges et des hommes, de voir M. Le Ber…
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Louis- Admin
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A suivre : chapitre III. VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.EXAMEN DE LA VOCATION DE Mlle LE BER.
CÉRÉMONIE DE SA RÉCLUSION SOLENNELLE.
(suite)
C'était un spectacle digne de l'admiration des anges et des hommes, de voir M. Le Ber, qui aurait offert cinquante mille écus de dot à sa fille, si elle eût voulu s'établir dans le monde, faire paraître dans cette occasion, malgré les assauts violents que l'amour paternel livrait à son cœur, la générosité de sa foi, en se privant ainsi volontairement, de celle qui semblait devoir être le soutien et la consolation de sa vieillesse. Mais, ce qui relève plus encore l'héroïsme de sa vertu, et montre bien le prix de son immense sacrifice: c'est que ce bon père avait le cœur rempli de si vifs sentiments d'affection et de tendresse pour cette fille unique, que lorsqu'on fut arrivé, enfin, à l'Eglise de la Congrégation, les émotions de son amour paternel devinrent si pressantes et si excessives, qu'il fut contraint de se retirer, sans oser assister à la cérémonie, qu'il craignit, sans doute de troubler, en tombant en défaillance.
Après que M. Le Ber fut donc sorti, M. Dollier qui présidait, bénit la petite chambre de la Recluse ; et, ensuite, en présence de tout le clergé, des Sœurs de la Congrégation, et de ceux des assistants que l'Eglise put recevoir : il fit à Mlle Le Ber une courte exhortation, qu'elle écouta à deux genoux. Il l'exhorta à persévérer dans sa cellule, comme sainte Madeleine était demeurée dans sa grotte ; après quoi, pendant qu'on chantait les litanies de la Très-Sainte Vierge, il la conduisit à ce petit appartement, où elle s'enferma elle-même.
Enfin, le lendemain, 6 Août, fête de la Transfiguration, M. Dollier offrit pour la première fois le Saint Sacrifice dans la nouvelle Eglise ; et ce jour là, M. Le Ber vint de lui-même, rempli d'un nouveau courage, comme pour réparer sa fuite de la veille, et ratifier généreusement le sacrifice qu'il avait déjà offert au Seigneur.
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Louis- Admin
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE III.
VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.
Dans l'acte de la réclusion de la Sœur Le Ber, M. Dollier de Casson, parle ainsi de la générosité de son vertueux père:
" Le 6 Août, je bénis la Chapelle ; et incontinent, on célébra la grand' messe : ce qu'on accompagna de toute la symphonie, dont le Canada pouvait être capable ; il y eut grand monde: entre autres personnes, M. Le Ber. Le jour précédent il avait bien amené sa très chère et unique fille à la Congrégation; mais, par excès de tendresse, n'ayant pu assister à la cérémonie de l'entrée : il vint à celle du lendemain, pour témoigner que, malgré les excès de son amour paternel, c'était de bon cœur qu'il consacrait à DIEU, pour sa gloire, et pour le bien de ce pays, cette unique consolation du reste de ses jours, s'immolant avec sa très chère fille au Tout-puissant, pour le même sujet. En sorte que DIEU a deux victimes recluses dans ce lieu ; car s'il a le corps et l'esprit de la fille, on ne peut pas douter, qu'il n'y ait aussi le cœur de ce très bon père, qui reste sans secours dans le monde, âgé de 64 ans."
On ne peut s'empêcher d'admirer ici, combien fut magnanime et au-dessus de tout éloge la vertu de M. Le Ber. Quel père dut jamais avoir pour sa fille une affection, plus vive, plus tendre ? Il n'avait que cette fille unique, il était veuf et sans consolation. En le considérant, marcher avec elle vers le lien du sacrifice, on eut cru voir Abraham, conduisant son fils, Isaac, au bûcher. Il est vrai qu'accablé, sans être pourtant vaincu, par ses violents assauts, que lui livrait la tendresse paternelle : la nature sembla, un instant, défaillir en lui; et M. Le Ber, qui avait montré tant de courage et d'intrépidité dans les hazards de la guerre ; lui qui avait exposé mille fois sa propre vie, pour le salut de ses concitoyens : n'eut pas la force, d'abord, de se trouver présent, au sacrifice de cette fille unique, qu'il aimait plus que soi-même. Mais DIEU le voulut sans doute, ainsi, pour faire paraître la grandeur de son amour pour elle, et le mérite de son sacrifice, que nous aurions pu ignorer, sans cela.
Abraham, dont nous venons de parler, n'immola son fils, que dans son propre cœur, par la disposition de sa volonté ; et le ramena avec lui plein de vie. Et cependant, parce qu'il avait triomphé, dans cette rencontre, de ses affections les plus vives, qui semblaient s'être réunies plus fortes et plus vigoureuses que jamais, pour faire un dernier effort et abattre son courage : DIEU charmé de la fidélité et de la disposition du cœur d'Abraham, le préconise à l'instant, en présence de tous ses Saints Anges : l'assurant, qu'en récompense de son obéissance, toutes les nations de la terre seraient bénies dans sa postérité ; et que même le Messie naîtrait de sa race. Ainsi, cette fidélité à l'ordre de DIEU, qui semblait devoir anéantir à jamais le nom d'Abraham, en éteignant sa famille, fut au contraire l'occasion qui rendit célèbres l’un et l'autre dans tout l'univers.
On dirait que DIEU ait voulu donner à M. Le Ber…
Dernière édition par Louis le Sam 03 Nov 2012, 5:51 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.On dirait que DIEU ait voulu donner à M. Le Ber quelque consolation de même genre, en récompense de sa générosité. Le sacrifice qu'il lui fit de sa fille unique, en la dévouant à la virginité et à la réclusion perpétuelle, au lieu d'avoir enseveli, avec elle, le nom de Le Ber, comme dans un tombeau, les a rendus, au contraire, l'un et l'autre célèbres. C'est ce qui faisait dire, dans la suite, à M. de Belmont :
(suite)
" La famille Le Ber tient un rang des plus considérables en Canada; mais on peut assurer, que Mlle Le Ber, lui a rendu avec usure l'honneur qu'elle en tire."
Le nom de Le Ber, en effet, serait aujourd'hui, effacé de la mémoire des hommes, comme tant d'autres noms tombés en oubli : Il vivra d'âge en âge ; non pas toutefois comme tant de noms, qui ne méritent que l'indifférence de la postérité : mais comme un nom vénéré, auquel se rattachera toujours l'idée de la vertu la plus sublime. Dans la sœur Le Ber, il rappellera constamment l'un des plus aimables, des plus touchants et des plus parfaits modèles, proposé aux jeunes personnes, dans toutes les conditions, et dans tous les âges ; un prodige de vertu, la plus rare merveille du Canada, comme la plus incontestable; et dans Monsieur Le Ber, son père, il rappellera une règle admirable, pour tous les parents, qui s'honorent du titre de chrétiens. Car, si dans Mlle Le Ber, DIEU voulut donner à toutes les jeunes personnes de la Colonie un modèle de la fidélité avec laquelle chacune doit remplir les devoirs de son état, ou suivre sa vocation particulière; on ne peut douter, que, dans la vertu héroïque de son digne père, il n'ait donné aussi à tous les parents, un modèle accompli, de la fidélité avec laquelle ils doivent concourir, de leur part, à l'œuvre de la sanctification de leurs enfants, et à celle de leur vocation à un état de vie.
Combien qui se sont rendus malheureusement infidèles à ce devoir sacré, l'un des plus graves et des plus importants, qu'ils eussent à remplir sur la terre, et dont l'accomplissement, était étroitement lié avec leur salut éternel ! Se laissant conduire et dominer par leur tendresse naturelle, au lieu de la diriger par la lumière de la foi, et de la subordonner à l'amour de DIEU : ils se sont faits à eux-mêmes des illusions étranges. Ils se sont imaginés n'avoir pour motif de leur conduite que l'amour pour leurs enfants en les empêchant d'obéir à la voix de DIEU : tandis, qu'au fond, ils n'agissaient que pour l'amour d'eux-mêmes. Voici un exemple trop célèbre de cet amour tyrannique de soi-même, caché sous le voile spécieux de l'amour pour les enfants. Nous le rapporterons ici pour faire ressortir, par ce contraste, l'amour pur et désintéressé de M. Le Ber, pour sa très chère et unique fille.
Durant la persécution de l'empereur Sévère, une noble Dame de Carthage…
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.
(suite)
Durant la persécution de l'empereur Sévère, une noble Dame de Carthage, Vivia Perpétua, âgée de 22 ans, et engagée dans l'état du mariage, fut saisie et conduite en prison:
" Dans notre interrogatoire," rapporte-t-elle elle-même, "mon père parut avec mon enfant, encore à la mamelle, et me tira de ma place, me conjurant d'avoir pitié de mon enfant. Le juge, voyant qu'il s'efforçait encore de me tirer de là, ordonna de le chasser ; et il reçut un coup de baguette. Je le sentis, comme si j'eusse été frappée moi-même : tant je fus affligée de voir mon père maltraité, en sa vieillesse. Il vint aussi à la prison, tout accablé de tristesse et me dit: ' Ma fille, ayez pitié de mes cheveux blancs, ayez pitié de votre père : si je vous ai moi-même élevée, jusqu'à cet âge: si je vous ai préférée à vos frères, ne me rendez pas l'opprobre des hommes. Regardez votre mère et votre tante: regardez votre fils, qui ne pourra vivre après vous. '
" Mon père me parlait ainsi par tendresse, me baisant les mains, et se jetant à mes pieds, pleurant, et ne me nommant plus sa fille, mais sa Dame. Comme le jour de l'exécution approchait, il vint me trouver de nouveau, et se mit à s'arracher la barbe, à se jeter à terre, à se coucher sur le ventre, à maudire ses années, et à dire des choses capables d'émouvoir toutes les créatures."
Voilà, ce que la tendresse pour soi-même, exerçait de tyrannie sur le cœur de ce malheureux père. Dans sa fille, c'était lui-même qu'il aimait. S'il l'avait préférée à ses autres enfants, dans le partage de ses biens et de ses affections : c'est qu'en elle il s'aimait plus que dans tous les autres ; et s'il s'opposait avec tant d'emportement à son martyre: ce n'était que pour l'amour de soi, et pour se conserver à lui-même, pendant quelques années de plus, cet objet de ses affections. Ainsi, quoique sa fille désirât ardemment une mort si glorieuse ; et que de concert avec tous ses autres parents, elle l'envisageât comme le souverain bonheur pour elle : il s'y opposait lui seul avec colère et furie, pour le seul amour de soi :
"Je le plaignais," ajoute Sainte Perpétue, " j'avais pitié de sa malheureuse vieillesse, voyant que de tout notre famille, il serait le seul, qui ne se réjouirait point de mon martyre. "
C'est qu'outre qu'il n'aimait que soi dans sa fille, il craignait d'être lui-même l'opprobre des payens, si elle demeurait fidèle à JESUS-CHRIST...
Dernière édition par Louis le Dim 04 Nov 2012, 1:42 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.
(suite)
C'est qu'outre qu'il n'aimait que soi dans sa fille, il craignait d'être lui-même l'opprobre des payens, si elle demeurait fidèle à JESUS-CHRIST. Pour éloigner donc de lui cet opprobre prétendu, il faisait tout ce qui était en son pouvoir afin de la faire apostasier. Il n'était arrêté ni par la considération du chagrin mortel qu'il causait à sa fille, ni même par le tort injuste et cruel qu'il lui fesait: lui ravissant par l'apostasie, l'innocence et la paix du cœur : la rendant, pour les faibles, une pierre de scandale : pour les confesseurs de la foi, un objet d'horreur: un sujet de larmes, pour l'Eglise: de triomphe pour l'enfer: et pour DIEU, une ingrate, une parjure, une rebelle, une ennemie. Aussi, ne montra-t-il que trop, le fond de son égoïsme, qui ne lui inspirait que dureté pour sa fille, lorsque dans l'une de ces rencontres, il en vint jusqu'à la frapper inhumainement.
Entendant que malgré ses instances, elle lui répondait qu'elle était chrétienne : irrité de ce mot, "mon père," dit-elle, "se jeta sur moi pour m'arracher les yeux ; mais il ne fit que me maltraiter, et s'en alla vaincu."
La conduite de ce père aveuglé par l'amour de soi, qui use ainsi de toute son autorité paternelle, pour séparer sa fille de la charité de JESUS-CHRIST : cette conduite, ne peut que faire horreur à des âmes chrétiennes.
Mais au sein même du christianisme, on a vu plus d'une fois, renouveler des excès semblables ; des parents, sous prétexte d'éprouver la vocation de leurs enfants, employer les moyens les plus dangereux, les plus séduisants, pour essayer de détacher leurs cœurs de DIEU, et de les livrer à l'amour des folles joies du siècle. Le père de Sainte Perpétue, ne put rien contre l'inébranlable fermeté de sa fille: les efforts impuissants de son amour changé en fureur, ne donnèrent, au contraire, à ce glorieux martyre, que plus d'éclat et de célébrité ; au lieu que les moyens plus perfides, employés pour inspirer aux enfants l'amour du monde, n'ont, hélas ! que de trop tristes, et de trop efficaces résultats.
La cause de ces maux, c'est cet amour antichrétien pour les enfants, dont on vient de voir les tristes effets dans le père de Sainte Perpétue. Si l'on trouve des parents, qui opposent des obstacles aux justes désirs de leurs enfants, de vivre en vrais chrétiens, de s'éloigner des occasions dangereuses pour leur innocence : si d'autres mettent quelquefois tant de retardements, font naître tant de difficultés à l'entrée en religion de quelqu'un de leurs enfants ; tandis que lorsqu'il s'agit de les établir avantageusement selon le monde, ils sont si empressés, si précipités, malgré la jeunesse des enfants et leur inexpérience: c'est que le cœur de ces parents est au monde et non à DIEU : c'est que dans leurs enfants, ils s'aiment secrètement eux-mêmes ; et que ne pouvant plus jouir des folles joies et des dissipations du jeune âge, ils veulent les goûter de nouveau dans la personne de leurs enfants. Voilà pourquoi, lorsqu'il s'agit de la vie religieuse, ils ne témoignent ni la même joie ni le même empressement, et que s'aimant plus eux-mêmes qu'ils n'aiment leurs enfants : ils en viennent quelquefois jusqu'à les engager contre leur inclination, dans le monde, au risque de les rendre malheureux dans cette vie et d'exposer leur salut éternel.
Bien différent de ceux dont nous parlons, M. Le Ber témoigna au contraire qu'il aimait vraiment sa fille, en sacrifiant pour elle sa propre satisfaction…
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
VERTU MAGNANIME DE M. LE BER EN OFFRANT A DIEU SA FILLE UNIQUE.
(suite)
Bien différent de ceux dont nous parlons M. Le Ber témoigna au contraire qu'il aimait vraiment sa fille, en sacrifiant pour elle sa propre satisfaction ; et de la part d'un homme si considéré dans la Colonie, un exemple si pur et si désintéressé, devait produire, et produisit en effet, dans les cœurs des pères de famille, les plus profondes et les plus salutaires impressions. Car c'est, surtout depuis cette époque, que l'on vit les communautés de Ville-Marie, trouver enfin dans le pays, les membres qui leur étaient nécessaires, et s'étendre même plus qu'elles ne l'avaient fait jusqu’alors.
Mais ce que M. Le Ber opéra si heureusement sur les cœurs des pères, sa digne fille le produisit de son côté, avec une efficacité égale sur les cœurs des enfants. Ce fait était même si public et si notoire, que M. de Belmont, en prononçant dans l'Eglise paroissiale, l'éloge funèbre, ou plutôt le panégyrique de cette sainte Recluse en 1714, ne craignit pas de le rappeler à ses auditeurs, et spécialement aux Sœurs de la Congrégation, qui se trouvaient présentes :
"La vénérable Sœur Le Ber, dit-il, a par ses exemples, attiré tant de grâces célestes sur les âmes, touché si efficacement tant de Vierges, ici présentes, qui lui sont redevables de leur vocation."
A suivre : Chapitre IV . M. PIERRE LE BER, TOUCHÉ DES SAINTS EXEMPLES DE SA SŒUR, EMBRASSE LA VIE PARFAITE.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE IV.
M. PIERRE LE BER,
TOUCHÉ DES SAINTS EXEMPLES DE SA SŒUR,
EMBRASSE LA VIE PARFAITE.
Parmi les impressions de grâce, que produisit sur les cœurs la bonne odeur des vertus de la Sœur Le Ber, nous ne devons pas oublier de signaler ici la vie édifiante de M. Pierre Le Ber, l'un de ses frères. Touché des exemples de son incomparable sœur, il résolut d'embrasser, à son tour, les pratiques de la vie parfaite ; et se joignit à M. François Charon de la Barre, pour donner naissance à l'Institut des Frères Hospitaliers de Ville-Marie, dont il fut, non moins que M. Le Ber du Chesne, son frère, l'un des bienfaiteurs les plus insignes.
Lorsqu'il eut appris que sa sœur faisait élever à ses frais, la plus grande partie de l'Eglise de la Congrégation, il voulut s'associer à elle dans cette bonne œuvre ; et donna toute la pierre de taille, qui devait entrer dans cette construction. M. Pierre Le Ber avait une tendre et filiale dévotion envers la Très-Sainte Vierge, et aussi envers la glorieuse Sainte Anne, qu'il honorait très particulièrement, et qu'il avait grandement à cœur de faire honorer.
Voyant que la Sœur Bourgeoys, avait fait élever la chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours, à une petite distance de la ville, pour qu'elle put servir de lieu de pèlerinages aux fidèles, et de station aux processions de la paroisse : il conçut le projet d'en construire une semblable, en l'honneur de Sainte Anne, du côté opposé. M. Dollier de Casson approuva un dessein si religieux et si utile, et accorda pour l'exécuter un arpent de terre, situé à la Pointe Saint Charles. M. Pierre Le Ber y fit élever aussitôt la nouvelle chapelle, où l'on célébra la première messe le 17 novembre 1698. C'est l'origine du nom de Sainte Anne, donné depuis à ce quartier, non moins que de la dévotion des citoyens envers cette glorieuse Aïeule du Sauveur. Il est du moins certain, que les pèlerinages à cette chapelle, et les offices qu'on y célébrait quelquefois, contribuèrent à accréditer de plus en plus la dévotion envers Sainte Anne, et à la rendre en quelque sorte générale et populaire.
M. Pierre Le Ber signala encore sa piété en décorant ce Sanctuaire de divers tableaux, qu'il peignit lui-même ; et aussi en faisant une fondation, par laquelle il chargea le Séminaire de Saint-Sulpice, d'entretenir à l'avenir cette chapelle. Mais, après la conquête du Canada, par les Anglais, comme la chapelle de Sainte Anne, alors isolée de la ville, était exposée aux injures des libertins et des impies, qui en avaient souvent enfoncé la porte et les fenêtres : le Séminaire la fit démolir, pour empêcher ces profanations ; avec l'intention pourtant de la rétablir, quand les circonstances seraient devenues plus favorables. C'était ce qui faisait dire peu après à M. Montgolfier…
A suivre.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
M. PIERRE LE BER,
TOUCHÉ DES SAINTS EXEMPLES DE SA SŒUR,
EMBRASSE LA VIE PARFAITE.
(suite)
... C'était ce qui faisait dire peu après à M. Montgolfier, dans la vie de Mlle Le Ber: Dans des temps plus heureux, la piété pourrait bien faire revivre cette ancienne dévotion. Ce dessein a été exécuté heureusement, depuis quelques années : le Séminaire ayant fait construire dans le même quartier, une Eglise destinée à renouveler et à entretenir dans les cœurs la dévotion envers Sainte Anne, dont elle porte le nom ; et Monseigneur l'Evêque de Montréal ayant rétabli solennellement cet ancien pèlerinage. Ce Prélat pour exciter la piété des fidèles, par son exemple, s'est rendu lui-même en dévotion à l'Eglise Sainte Anne tous les jours de l'Octave ; et sur son invitation toutes les communautés de la ville, les jeunes personnes et les femmes mariées, ont fait aussi le même pèlerinage, auquel un grand nombre d'autres fidèles de tous les états, se sont empressés de prendre part, avec un élan et une ferveur dignes des premiers temps de la Colonie.
Enfin, M. Pierre Le Ber non moins dévoué à l'Institut naissant de la Congrégation, que ne l'était sa sœur, laissa une somme de 10,000 livres, dont le revenu devait être employé à l'entretien de cette communauté. Il mit pour condition, que parmi les Sœurs, il y en aurait toujours une qui porterait le nom de Sainte Marie ; et une autre, celui de Sainte Anne, tant ces noms augustes étaient chers à son cœur. Ce fervent chrétien, mourut à la Pointe Saint Charles, le 1er Octobre, 1707 en grande odeur de vertu ; et son corps fut inhumé dans l'Eglise des Frères Hospitaliers, aujourd'hui de l'Hôpital-général, où il repose encore. Mais en exécution de ses dernières volontés, on plaça son cœur dans la chapelle des Sœurs de la Congrégation, où Mlle Le Ber vivait recluse: comme si en se rapprochant ainsi de sa sainte sœur, il eut voulu après la mort, s'unir encore de cœur à elle, pour participer à la ferveur et aux mérites de ses oraisons.
A suivre : Chapitre V. DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS SAINT-SACREMENT. ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE V.
DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.
La vie de la Sœur Le Ber, depuis son entrée à la Congrégation, jusqu'à sa mort, ne fut, à proprement parler, qu'un hommage continuel, offert à JESUS, résidant dans le Sacrement de son amour. Cette innocente Vierge était comme une lampe qui brûlait sans cesse devant lui, ou plutôt, un parfum de suave et céleste odeur, qui se consumait en sa divine présence. Le lendemain du jour même où elle s'était renfermée dans sa cellule, après la grand’messe, célébrée dans la nouvelle Eglise, on y exposa le Très-Saint Sacrement, et on y donna pour la première fois les Quarante Heures. La Sœur Bourgeoys, et toutes les sœurs de la Congrégation, qui avaient demandé la faveur de posséder Notre-Seigneur, avec tant d'instance, étaient au comble du bonheur, et ne pouvaient renfermer dans leurs cœurs, les excès de leur sainte jubilation.
Mais, parmi elles personne n'avait de si justes et de si pressants motifs, de se laisser aller aux doux transports d'une céleste ivresse, que la Sœur Le Ber, qui par son entrée à la Congrégation, semblait y avoir attiré, auprès d'elle, ce divin époux des vierges, et être même devenue par sa retraite profonde derrière le Saint Tabernacle, l'objet de ses privautés les plus tendres, et de ses plus rares faveurs. C'est tout dire, qu'elle avait le bonheur inexprimable, d'être toujours auprès de lui, de n'être séparé de sa Personne adorable, que par une cloison légère ; et même, pendant le temps du court sommeil qu'elle prenait la nuit, d'avoir le privilège spécial, de reposer sa tête appuyée contre cette cloison, à côté même, et à quelques pouces seulement du Saint Tabernacle.
Aussi, durant près de vingt ans, qu'elle passa dans cette cellule chérie, sa vie fut comme un colloque non interrompu, avec le bien-aimé de son cœur. Quoiqu'elle l'honorât par un grand nombre d'exercices de piété, comme nous le dirons bientôt, et qu'elle employât au moins trois heures à l'oraison mentale, et quelque fois cinq heures ; ses occupations, durant le temps de la journée, ses travaux, tout le détail de sa vie, n'étaient qu'un entretien continuel avec JESUS, reposant au Saint Tabernacle. Si ses actions matérielles différaient entr’elles, pour l'extérieur, les sentiments intérieurs d'union à JESUS, avec lesquels elle les faisait, étaient toujours les mêmes, comme ces rivières qui changent bien de noms, en parcourant divers pays, mais qui partout portent les mêmes eaux. C'était une oraison sans fin, une continuelle tendance de son cœur vers JESUS, une union non interrompue avec sa Personne adorable. Cette disposition de son cœur, toujours amoureusement présent à JESUS au Très-Saint Sacrement, paraissait…
Dernière édition par Louis le Mer 07 Nov 2012, 10:25 am, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.
(suite)
Cette disposition de son cœur, toujours amoureusement présent à JESUS au Très-Saint Sacrement, paraissait assez dans la position de son corps. Car non seulement elle se tournait vers le Saint Tabernacle, dans ses actions de religion, par exemple, durant la Sainte Messe, que tous les jours elle entendait, en partie, les bras en croix ; mais même dans les actions les plus ordinaires, et les plus communes, telles que celles des repas, qu'elle prenait toujours à genoux, tournée du côté où reposait le Très-Saint Sacrement ; comme l'aimant, qui malgré les secousses qu'il peut éprouver, s'agite, se pousse et se dirige perpétuellement vers le Nord. Aussi avec qu'elle ardeur ne volait-elle pas à la Sainte Table, pour s'unir réellement à celui, qu'elle adorait sans cesse par la foi ? Elle avait ce bonheur quatre fois chaque semaine, et c'étaient autant de jours de délices célestes, et de saints transports, pour un cœur aussi épris de l'amour de JESUS, que l'était le sien.
Enfin, comme si le temps de la journée n'eût pas suffi à son amour continuel, et toujours haletant pour JESUS : elle interrompait son sommeil, et se levait invariablement à minuit, pour s'entretenir de nouveau avec cet Époux céleste. Dans le silence et la solitude de la nuit, elle pouvait, en toute liberté et sans crainte d'être vue de personne, descendre à l'Eglise, alors que les portes extérieures en étaient fermées. Quittant donc ainsi sa cellule, pendant que la Communauté prenait son sommeil, elle allait se prosterner au pied de l'autel, et là elle demeurait en adoration une heure entière toutes les nuits, et même deux heures, la veille des fêtes ; sans que les froids les plus rudes, aient jamais pu ralentir sa ferveur. L'une de ses plus chères pratiques, dans cette oraison de la nuit: c'était comme on l'a dit déjà, de rendre ses devoirs d'adoration à JESUS, en s’unissant à ceux que lui offrent perpétuellement les Saints Anges, dans ce Sacrement adorable. Elle s'unissait encore à ces Esprits célestes, dans les louanges qu'ils rendent sans fin â la Très-Sainte Trinité, récitant de cœur avec eux le cantique : Saint, Saint, Saint, le Seigneur le Dieu des armées célestes; le ciel et la terre sont remplis de sa gloire ; comme aussi la doxologie : Gloire soit au Père, et au Fils, et au Saint Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Mais surtout…
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DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.
(suite)
… Mais surtout elle s'offrait elle-même à Dieu, comme Hostie de pénitence, pour tous les pécheurs, en s'unissant à JESUS, l'agneau immolé pour les péchés du monde, notre seule Hostie de propitiation, auprès de son Père. Pour se donner ainsi à JESUS, et n'être avec lui qu'une seule victime, elle s'unissait avec Marie, qui a participé si excellemment à sa pénitence et à ses douleurs sur le Calvaire; et qui dans le ciel, ne cesse de s'offrir et d'intercéder pour tous les pécheurs.
JESUS au Très-Saint Sacrement, l'objet de tous les sentiments de cette sainte Recluse, était encore le motif et la fin de ses occupations les plus ordinaires, dans les intervalles qui partageaient ses exercices de piété. Car, elle travaillait alors pour JESUS, à moins qu'elle ne fut appliquée à quelque ouvrage, pour les pauvres.
Se rappelant, que dans la maison de Nazareth, dont sa cellule lui offrait l'image, Marie s'était occupée à préparer de ses mains, les linges et les vêtements qui devaient servir à l'Enfant JESUS : elle s'unissait avec bonheur aux dispositions de cette divine Mère, en pensant que les corporaux, les purificatoires, les nappes qu'elle faisait, étaient destinés pour le corps adorable de son Fils, et que les ornements et les devants d'autels, qu'elle brodait pour cela avec tant d'assiduité et d'application, devaient également contribuer à son honneur et à la pompe de son culte.
En entrant dans la maison de la Congrégation, elle avait fait espérer de contribuer de sa part, à la décoration et aux ornements de la nouvelle Eglise. Elle s'acquitta de sa promesse avec autant d'empressement que de générosité. Car presque tous les ornements qui servirent à l'autel pendant sa vie, furent son propre ouvrage ; et de plus, elle eût soin de procurer par ses pieuses largesses, ceux qu'elle ne pouvait faire de ses mains. Ainsi, elle donna un très beau Tabernacle, un Ciboire, un Calice et un Soleil de Vermeil, des Burettes avec leur plateau, une Lampe, un Encensoir avec sa Navette. Tous ces objets qu'on conserve encore à la Congrégation sont en argent, et très délicatement travaillés.
Mais ces objets extérieurs, offerts à JESUS, n'étaient rien, pour contenter son ardent amour….
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DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.Mais ces objets extérieurs, offerts à JESUS, n'étaient rien, pour contenter son ardent amour. Peu satisfaite même des hommages intérieurs, qu'elle ne cessait de lui rendre, elle désira pour les augmenter encore, et les rendre perpétuels, de s'associer la ferveur de la sœur Bourgeoys, et celle de ses saintes compagnes; et, dans ce dessein, elle leur proposa d'établir, dans leur Eglise, l'Adoration du Très-Saint Sacrement, pour toutes les heures du jour. Elles agréèrent avec bonheur sa proposition, et commencèrent à la réaliser, peu de temps après qu'elle fut entrée dans sa cellule, en sorte qu'en tout temps, excepté certains jours, ou l'Adoration devait avoir lieu à l'Eglise paroissiale, il y eût continuellement, depuis la prière du matin, jusqu’à celle du soir, une sœur en adoration devant le Très-Saint Sacrement, au nom de toute la communauté.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.
(suite)
Elle fit plus, voulant assurer à JESUS-CHRIST, un tribut d'hommages, qui lui était rendu par des âmes si pures et si ferventes ; elle désira que les sœurs de la Congrégation s'engageassent à le lui offrir à perpétuité, en acceptant une Fondation particulière, pour le soutien de laquelle, elle offrit une somme de trois mille livres. Les Sœurs l'acceptèrent avec joie et reconnaissance, et M. Dollier de Casson approuva une Fondation, si utile et si religieuse. Enfin, pour qu'il ne manquât rien aux honneurs qu'elle désirait de faire rendre à Notre-Seigneur dans cette Eglise, elle y fonda une Messe quotidienne qui devait y être célébrée par un prêtre du Séminaire, à l'heure la plus commode pour les Sœurs, et assigna pour cette Fondation une somme de huit mille livres.
L'amour si ardent de la Sœur Le Ber pour le Très-Saint Sacrement, qui seul l'avait attirée et la retenait dans sa cellule, fut aussi le seul motif de toutes les dures privations, et des austérités volontaires, qu'elle y pratiqua constamment.
En 1698, M. de Saint Valier, Evêque de Québec, étant revenu de France, et ayant fait sa visite à la Congrégation, fut bien aise d'y voir cette sainte Recluse, dont il avait entendu parlé avec estime et vénération. Il se fit donc conduire à sa cellule ; et après qu'il se fut informé de sa manière de vivre, il ne put s'empêcher d'en être singulièrement frappé, et d'admirer lui-même tout ce que produisaient de force, de générosité et de constance, dans cette âme céleste, sa foi vive et ardente, et les flammes de sa charité, envers JESUS-CHRIST au Très-Saint Sacrement.
Sur ces entrefaites, deux Anglais…
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DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.
(suite)
Sur ces entrefaites, deux Anglais de considération, qui se trouvaient à Ville-Marie, et qui connaissaient la famille Le Ber, témoignèrent au Prélat le désir de la voir dans sa solitude, pour s'assurer par eux-mêmes, si tout ce qu'ils en avaient entendu dire, était conforme à la vérité. Il ne douta pas, que la vue de cette sainte Recluse, ne fit sur leurs cœurs une salutaire impression; et voulut bien, les conduire lui-même à sa cellule.
Ils furent extraordinairement frappés de voir la plus riche fille du Canada, dans un réduit si étroit et si pauvre ; et endurer tant de privations à la fois. Car, bien que, par obéissance, elle eut conservé la propriété de ses biens, la Sœur Le Ber pratiquait aussi exactement la pauvreté réelle dans sa cellule, que pouvaient le faire de fervents religieux, dans les communautés les plus réformées et les plus austères. Ils furent surtout étrangement surpris, de là trouver vêtue d'une robe de grosse serge, gris-blanc, toute usée, avec un tablier de même étoffe ; et chaussée de souliers de paille de blé-d'Inde, que, par esprit de pauvreté, elle faisait elle-même de ses mains.
La vue de sa couchette ne leur causa pas un moindre étonnement: elle consistait, en une simple paillasse, qu'elle ne remuait jamais, afin d'être couchée plus durement, un oreiller de paille, et une couverture, sans drap, ni matelas. Sa nourriture se ressentait de la pauvreté de tout le reste. Il est vrai que la délicatesse de son tempérament, ne lui permettait pas de s'interdire, tout à fait, l'usage de la viande, mais, à cette exception près, ses repas étaient tout ce qu'on pouvait imaginer de plus frugal et de plus simple. Elle ne mangeait à son dîner que du bouilli, et le soir de la soupe seulement ; et encore, tous les samedis de l'année, et la veille d'un grand nombre de fêtes, jeûnait-elle au pain et à l'eau.
Ces deux étrangers ne revenaient pas de leur surprise ; et l'un d'eux qui était Ministre protestant, ne put s'empêcher de lui demander, à la fin, pourquoi donc elle se condamnait à une vie si dure, tandis qu'elle pourrait vivre dans le monde, avec tant de commodités et de douceurs?
" C'est une pierre d'aimant qui m'a attirée dans cette cellule, lui répondit-elle, et qui m'y tient ainsi séparée de toutes les jouissances et des aises de la vie."
L'autre voulant savoir qu'elle pouvait donc être cette pierre d'aimant : Mlle Le Ber…
Dernière édition par Louis le Ven 09 Nov 2012, 3:56 pm, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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A suivre : Chapitre VI. AUSTÉRITÉS DE LA SOEUR LE BER DANS SA CELLULE. RÈGLEMENT DE VIE QU'ELLE SUIT.DÉVOTION DE LA SŒUR LE BER ENVERS LE TRÈS-SAINT SACREMENT.
ELLE REÇOIT LA VISITE DE DEUX ANGLAIS.
(suite)
…Mlle Le Ber qui se trouvait alors avec ces étrangers, au rez-de-chaussée de son appartement, ouvrit la petite fenêtre, par où elle recevait la Sainte Eucharistie; et se prosternant, humblement du côté du tabernacle: "Voilà," dit-elle, en portant ses regards vers l'autel, " voilà ma pierre d'aimant. C'est la personne adorable de Notre-Seigneur, véritablement et réellement présent dans la Sainte Eucharistie, qui m'engage à renoncer à toutes choses, pour avoir le bonheur de vivre auprès de lui: sa personne a pour moi un attrait irrésistible."
Et là-dessus elle se mit à lui parler de cet auguste Mystère, avec une foi si vive, un zèle si ardent, et des paroles si embrasées, par la ferveur de son amour pour DIEU, que le Ministre en demeura tout étonné. La Sœur Le Ber, qui avait une grande facilité à s'exprimer, et beaucoup de vivacité et de feu, semblait, en effet, avoir un langage inspiré de DIEU, lorsqu'elle parlait sur des matières de religion, à cause de la conviction des vérités évangéliques, dont son esprit et son cœur étaient tout pénétrés ; mais surtout, lorsqu’elle parlait sur la Sainte Eucharistie : tant était vive sa foi à ce Mystère incompréhensible de l'amour de DIEU pour nous.
Les impressions qu'elle laissa dans les cœurs de ces étrangers ne pouvaient être que très vives et très profondes. Celui des deux qui était Ministre protestant, étant ensuite retourné dans son pays racontait souvent les circonstances de cette visite ; et ne parlait jamais de la Sœur Le Ber, que comme d'une sorte de prodige, n'ayant rien vu, disait-il, de si extraordinaire dans tout le Canada.
M. Montgolfier, Supérieur du Séminaire de Ville-Marie, qui écrivait, environ cinquante ans après la mort de la Sœur Le Ber, ajoute au récit précédent de M. de Belmont, que ce Ministre, disait-on, avait eu le bonheur dans la suite, de renoncer à l'hérésie et d'embrasser la vrai foi. La vie de la Sœur Le Ber, dans sa solitude, était en effet une sorte de miracle continuel, inimitable à l'hérésie; et qui aurait dû suffire pour convaincre tout esprit droit, de la vérité de la foi catholique, qui seule pouvait lui communiquer cette constance et cette force vraiment surhumaines, comme on a pu le voir déjà, et comme on le verra de plus en plus encore, dans le chapitre qui suit.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE VI.
AUSTÉRITÉS DE LA SOEUR LE BER DANS SA CELLULE.
RÈGLEMENT DE VIE QU'ELLE SUIT.
La pauvreté très étroite que la Sœur Le Ber observait, dans son vêtement, dans sa chaussure, dans tout son ameublement; la nourriture si commune et si grossière qu'elle prenait, et à laquelle elle n'ajoutait jamais aucun adoucissement, ni rien d'extraordinaire, même les jours des plus grandes solennités ; tous ces genres de privations, étaient déjà une sorte de pénitence très rude et très accablante, pour une personne d'un tempérament frêle et délicat, tel qu'était le sien. Néanmoins, son amour pour JESUS-CHRIST au Très-Saint Sacrement, qui lui inspirait ce genre de vie, savait encore y ajouter. Ainsi, comme si sa chétive et grossière nourriture, eut été trop exquise, elle s'en privait fréquemment par des jeûnes rigoureux au pain et à l'eau ; et les jours où elle s'accordait sa nourriture ordinaire, elle la prenait en quantité si petite, qu'on s'étonnait, avec raison, qu'elle put suffire pour la faire subsister. La mère Juchereau, rapporte de plus, qu'avant de s'en nourrir, la Sœur Le Ber attendait que ses aliments fussent gâtés et moisis.
Quoique son linge fut extrêmement grossier, souvent elle s'en passait entièrement: et se contentait de ses habits qui n'étaient faits que de la serge la plus commune et la plus rude, ayant même soin de les raccommoder et de les rapiécer une multitude de fois, avant de cesser de s'en servir. Nous avons déjà rapporté, qu'elle portait toujours sur sa chair une haire de crins, ou une ceinture de même matière, et qu'elle n'était jamais sans l'un ou l'autre de ces instruments. A toutes ces mortifications, elle joignait encore celle du froid, durant la plus grande partie de l'année : car bien qu'il y eût dans sa cellule un poêle, meuble absolument indispensable en Canada, il était rare qu'elle le chauffât suffisamment, pour ne pas endurer les incommodités de la saison. Enfin, l'été, elle souffrait les excès de la chaleur, quelquefois étouffante dans sa cellule; sans se présenter jamais à la fenêtre, lorsqu'elle aurait pu, à certaines heures du jour, y trouver un peu de fraîcheur. Voilà, ce que lui inspirait son grand amour pour JESUS-CHRIST, résidant près d'elle dans le Saint Tabernacle; ou plutôt une partie de ce que son grand amour pour lui, lui inspirait.
Le règlement de vie, qui lui fixait la distribution de son temps, et auquel nous verrons qu'elle était rigoureusement et religieusement fidèle, lui fournissait, en effet, la matière d'une nouvelle et très dure mortification. Durant les vingt années de son séjour à la Congrégation, elle se leva tous les jours à quatre heures, depuis Pâques jusqu'à la Toussaint; et à quatre heures et demie le reste de l'année. Elle faisait ensuite sa première oraison, qui durait une heure, puis récitait les Petites Heures de l'Office de la Très-Sainte Vierge, et entendait enfin la Sainte Messe, pendant une partie de laquelle, elle avait les bras en croix, ainsi qu'on l'a déjà rapporté.
De neuf heures à neuf heures et demie, elle faisait une lecture spirituelle, et de dix à onze heures une seconde heure d'oraison ; après quoi, elle lisait un chapitre du Nouveau Testament, suivi de l'examen particulier; Elle dînait à onze heures et demie ; à une heure, elle récitait vêpres et complies du Petit Office ; puis, faisait une seconde demi-heure de lecture spirituelle; et à quatre heures, sa troisième heure d'oraison.
Elle soupait à six heures ; récitait le chapelet, et d'autres prières vocales, à sept heures ; et se couchait enfin à huit heures et demie. Outre les trois heures qu'elle employait à l'oraison, les jours ordinaires: elle en consacrait deux autres à ce saint exercice, les Dimanches et les Fêtes, l'une pendant là grand' messe, l'autre durant les vêpres.
Enfin, comme on l'a déjà remarqué, elle se levait toutes les nuits, pour faire une autre heure d'oraison, après laquelle elle répétait Matines et Laudes du Petit Office ; et la veille des Fêtes, cette Oraison de la nuit durait deux heures, sans préjudice des cinq autres heures, qu'elle employait à ce saint exercice le lendemain.
Voilà, quelle était la distribution de son temps…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
AUSTÉRITÉS DE LA SOEUR LE BER DANS SA CELLULE.
RÈGLEMENT DE VIE QU'ELLE SUIT.
(suite)
Voilà, quelle était la distribution de son temps : il était partagé entre le travail, la lecture et les exercices de piété; et voici, maintenant, quelques particularités sur la manière dont elle vaquait à ces occupations diverses.
Le grand soin que la Sœur Le Ber est toujours d'éviter l'oisiveté ; lui faisait employer entièrement au travail des mains, tout le temps que son règlement ne désignait pas pour quelqu'autre usage, sans prendre jamais aucune récréation. La fin qu'elle se proposait, en travaillant ainsi, c'était, ou de vêtir JESUS-CHRIST vivant dans la personne des pauvres, ou de l'honorer au Très-Saint Sacrement, soit en faisant des ornements pour les ministres qui le consacrent, soit en décorant les tabernacles, où il veut bien résider.
Elle s'appliquait quelquefois à filer et à tricoter pour les pauvres, aussi bien que pour elle-même; mais toujours elle leur réservait ce qu'il y avait de meilleur, dans le produit de son travail, et ne retenait que le pire pour son propre usage. Ses bas n'étaient faits, qu'avec la laine la plus grossière, ou d'une sorte de filasse poignante, que les plus misérables auraient eux-mêmes dédaignés. Son amour pour les pauvres, à qui elle faisait souvent d'assez grandes largesses, la rendait ainsi très parcimonieuse pour elle-même : jusque là qu'elle cousait toujours quelque morceau de vieux cuir, sous ses souliers de feuille de blé-d'Inde, non-seulement, pour faire moins de bruit en marchant dans sa cellule, (et cela par respect pour le Très-Saint Sacrement, qui reposait à côté) ; mais aussi, comme elle le disait elle-même, pour faire durer ses souliers plus longtemps, et être par là plus en état d'assister les pauvres.
Son travail le plus ordinaire avait pour objet…
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Son travail le plus ordinaire avait pour objet, des linges ou des ornements destinés aux saints autels. Elle excellait surtout pour la broderie, et l'on admirait avec raison, tous les ouvrages de ce genre qui sortaient de ses mains. La laine, la soie, l'or, l'argent y étaient employés avec une habileté égale. Par l'usage intelligent de ces matières, par l'heureux mélange qu'elle faisait des couleurs, et le bon goût qui la dirigeait dans tous ses ouvrages : elle savait donner à ses broderies, un éclat et une richesse, qui les plaçaient au premier rang, et les faisaient considérer, alors, comme autant de modèles. Quoiqu'elle n'eût jamais appris le dessin, et que dans sa cellule, elle fut réduite à se faire à elle-même ses propres modèles : on était étonné de la parfaite régularité, du goût exquis, et de la grâce qui distinguaient toutes ses compositions. Il serait impossible d'évaluer le nombre de ses ouvrages; car elle n'avait pas moins d'activité, dans cette sorte de travail, que de facilité et d'adresse.
En 1721, M. de Belmont écrivait : " Outre presque tous les ornements, qui sont présentement à la Congrégation : elle a fourni à toutes les paroisses du Nord et du Sud du gouvernement de Montréal, des chasubles, des devants-d'autel, des bouquets et d'autres ornements."
On voit encore, aujourd'hui, à l'Église paroissiale de Ville-Marie, un ornement complet, à fond glacé d'argent, composé du devant-d'autel, de la chasuble, des dalmatiques et de la chappe, dont toutes les broderies sont de la main de la Sœur Le Ber. C'est une preuve, encore subsistante de son habileté, et, tout à la fois, un monument de sa religion, bien digne d'être conservé précieusement dans le trésor de cette Eglise.
Elle sanctifiait son travail, en occupant alors son esprit et son cœur, de la méditation des sujets de piété, qui avaient été la matière de ses lectures. Ses livres de prédilection, étaient le Psautier et le Nouveau Testament, et avec beaucoup de raison : le Psautier qui est une exposition des sentiments intérieurs de JESUS-CHRIST, dont pour cela l'âme fidèle, ou l'Église sur la terre, fait sa nourriture de chaque jour, pour s'animer de sentiments semblables à ceux de son divin époux ; le Nouveau Testament, qui dans le récit des actions et des paroles de JESUS, offre à l'âme fidèle, le modèle de la vie parfaite, et lui rappelle les espérances qu'elle attend. La Sœur Le Ber s'était rendu ces deux livres si familiers, par ses fréquentes lectures, qu'elle les savait presque par cœur ; et en pénétrait très bien le sens.
A ces lectures…
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RÈGLEMENT DE VIE QU'ELLE SUIT.
(suite)
A ces lectures, elle ajoutait diverses pratiques de dévotion, et un grand nombre de prières vocales. Outre les prières chrétiennes du matin et du soir, le Petit Office et le chapelet ; elle récitait encore l'Office de la Croix et les Litanies des Saints, tous les jours: et l'Office des morts trois fois la, semaine.
Par l'Office des morts, elle avait en vue d'attirer sur la Colonie la protection des âmes de tant de fervents colons, horriblement massacrés par les Iroquois. L'extrémité ou plusieurs fois Ville-Marie s'était vue réduite : les cruautés exercées en tant d'occasions, contre un grand nombre de ses citoyens, massacrés ou réduits en esclavage : la crainte continuelle, où l'on était alors, de tomber au pouvoir des ennemis communs du pays, les Anglais, les Hollandais et les Iroquois; tous ces motifs avaient engagé en 1691, les citoyens et à leur tête M. Le Ber père, à réclamer, auprès de DIEU, les prières des saintes âmes du purgatoire, et spécialement celles des âmes des concitoyens morts pour la défense de la foi et du pays. A cette intention, ils avaient promis par un vœu solennel de faire célébrer en faveur de ces âmes, un service, chaque semaine, pendant un an, et de bâtir une chapelle attenante à l'Eglise paroissiale, où l'on pourrait célébrer à l'avenir des messes pour les défunts. Il était bien naturel, que la Sœur Le Ber, en sa qualité de victime auprès de DIEU, pour sa patrie, s'unit à la dévotion commune, et la continuât encore, après l'année du vœu expirée; pour ce motif donc, outre toutes ses autres prières, elle récitait trois fois par semaine l'Office des morts.
Tant de prières, tant d'exercices de piété joints à une vie si pauvre, si dure, continuée toujours la même, pendant tant d'années, sont sans contredit, la preuve incontestable d'une vertu héroïque dans la Sœur Le Ber, et d'un amour sans borne envers JESUS-CHRIST résidant dans la Sainte Eucharistie. Mais ce qui relève l'éclat de sa vertu, et montre comme à découvert tout ce qu'elle lui inspirait, de force, de magnanimité et de constance ; c'est qu'elle se portait à ce genre de vie, sans éprouver aucune consolation sensible. Car dans les efforts continuels qu'elle était obligée de faire contre elle-même, pour persévérer ainsi, sans se relâcher jamais de sa ferveur : elle n'était soutenue par aucun appui humain, ni encouragée par aucune de ces douceurs, qu'on rencontre ordinairement dans la pratique de la vie parfaite, comme nous allons le raconter dans le chapitre suivant.
A suivre : Chapitre VII. MALGRÉ LES ÉPREUVES INTÉRIEURES QU'ELLE SOUFFRE PENDANT PLUS DE VINGT ANS, LA SŒUR LE BER
DEMEURE FIDÈLE A TOUS SES EXERCICES, OBÉISSANTE A SON DIRECTEUR, ET NE CHERCHE QU'EN DIEU SEUL SA CONSOLATION.
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Re: Vie de Mlle Le Ber (Table) COMPLET
LIVRE TROISIEME
ENTRÉE DE LA SŒUR LE BER A LA CONGRÉGATION.
SA DÉVOTION ENVERS JÉSUS-CHRIST AU TRÈS-SAINT SACREMENT.
SES PRATIQUES POUR LUI TÉMOIGNER SON AMOUR.
CHAPITRE VII.
MALGRÉ LES ÉPREUVES INTÉRIEURES QU'ELLE SOUFFRE PENDANT PLUS DE VINGT ANS,
LA SŒUR LE BER DEMEURE FIDÈLE A TOUS SES EXERCICES, OBÉISSANTE A SON DIRECTEUR,
ET NE CHERCHE QU'EN DIEU SEUL SA CONSOLATION.
On a vu que la Sœur Le Ber consacrait quatre heures à l'oraison, les jours ordinaires; cinq heures d'autres jours; d'autres, enfin, sept heures. A en juger par le temps qu'elle y employait, on pourrait croire que ses longues oraisons, étaient pour elle un exercice très agréable, où elle n'éprouvait que délices, et ne goûtait que charmes et que suavité ; c'était tout le contraire. Il est vrai que, les années qu'elle passa en solitude dans la maison paternelle, DIEU pour l'attacher, de plus en plus, à son service, lui fit trouver alors dans l'exercice de l'oraison, une source abondante de paix et de douceurs. Mais avant qu'elle fut entrée à la Congrégation, et pendant plus de vingt ans, avant sa mort, il la fit passer et la conduisit toujours depuis, par une voie d'épreuves très rude et très pénible, qui ne peut guère être comprise, que par ceux qui l'ont eux-mêmes expérimentée.
C'est la conduite qu'il tient sur les grandes âmes, lorsqu'il les élève à une haute perfection. Les lumières et les douceurs dont il se sert pour attirer suavement à lui celles qui commencent à le servir, ne les rendent pas vertueuses, quoiqu'elles les excitent à aimer la vertu. Ces lumières et ces douceurs leur inspirent bien le goût de la vertu ; mais sans leur donner la vertu elle-même qui doit être le fruit de la peine et du travail. Ce sont comme ces friandises, que les mères donnent à leurs enfants, pour les déterminer à remplir leurs devoirs. Tant qu'on est obligé d'employer ces douceurs, pour obtenir des enfants ce qu'on désire d'eux: c'est une preuve que l'amour du devoir est encore bien faible dans leurs cœurs ; si toutefois, il y a pris racine. Ainsi, tant qu'une âme est conduite dans la voie suave des lumières et des douceurs sensibles, qui ne touchent en elle que la partie inférieure: elle est semblable aux enfants dont nous parlons : elle est encore dans un état de faiblesse et d'enfance.
DIEU voulant donc traiter la Sœur Le Ber, en âme forte, et l'exercer aux vraies et solides vertus, fondées essentiellement sur l'abnégation intérieure: il lui retira toutes les vives lumières, qui avaient éclairé et charmé jusqu'alors son esprit, et la priva en même temps, de toutes les douceurs sensibles, qui auparavant attiraient fortement son cœur, et lui donnaient comme des ailes pour voler vers lui. Ce n'est pas à dire, pourtant, que par cette soustraction, DIEU délaisse l'âme qu'il veut perfectionner. Il ne cesse pas alors de verser toujours sa pure charité et ses autres dons dans la partie supérieure, où il réside : la soustraction dont nous parlons n'ayant pour objet que ce qu'il y a de sensible dans les dons de DIEU, et n'affectant pour cela, que la partie inférieure de l'âme.
Après donc que DIEU eût retiré à la Sœur Le Ber ses dons sensibles…
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