Vie de la Vénérable Mère d'Youville (COMPLET)
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Re: Vie de la Vénérable Mère d'Youville (COMPLET)
CHAPITRE XI.
CESSION DU CANADA A L'ANGLETERRE. — Mme D'YOUVILLE COMPLÈTE LES RESSOURCES DE SA MAISON EN ACHETANT LA SEIGNEURIE DE CHÂTEAUGUAY. — GRAND INCENDIE DE L’HÔPITAL GÉNÉRAL. — ELLE LE REBÂTIT. — ELLE FAIT DES TRAVAUX CONSIDÉRABLES A CHÂTEAUGUAY.
Nous arrivons à une époque bien mémorable et bien critique pour le Canada. On était en 1759, et le lieutenant général des armées du roi, M. de Montcalm, annonçait le désastre qu'il prévoyait par les lignes suivantes, adressées au ministre de la Guerre:
"A moins d'un bonheur inattendu, le Canada sera pris cette campagne, et sûrement la campagne prochaine. Les Canadiens se découragent. Nulle confiance en M. de Vaudreuil, qui n'est pas en état de faire un projet de guerre et n'a nulle activité. Nos principes de guerre, vu notre infériorité, devraient être de "remparer" notre défensive pour conserver au moins le corps de la colonie et en retarder la perte. Mais on veut garder tous les postes: comment abandonner des positions qui servent de prétexte à faire des fortunes particulières? Les dépenses pour le compte de Sa Majesté iront cette année à trente-six millions. J'ai parlé souvent avec respect sur ces dépenses à M. de Vaudreuil et à M. Bigot. Chacun en rejette la faute sur son collègue. Les Canadiens, qui n'ont pas part à ces profits illicites, haïssent le gouvernement," etc. (1)
Ces représentations de M. de Montcalm restèrent sans écho. La désunion se mit bientôt entre lui et M. de Vaudreuil. D'autres appels à la mère-patrie n'eurent pas plus d'effet : le pays était abandonné à ses propres ressources, car depuis plusieurs années on murmurait en France contre les dépenses faites pour le Canada…
Après la publication de la déclaration de guerre par l'Angleterre, le 17 mai, et celle de la France, le 16 juin, la mère-patrie se décida enfin à envoyer des vivres, de l'argent et des troupes au secours du Canada. Les troupes s'élevaient à douze mille hommes, sous le commandement général du marquis de Montcalm.
Ces secours cependant étaient insuffisants pour résister à l'Angleterre…
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(1)Archives du ministère de la Guerre, vol. 3540, Canada pièce 40. — M. Faillon, p. 153 et 154.
pp. 121-122-123
A suivre…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de la Vénérable Mère d'Youville (COMPLET)
CESSION DU CANADA A L'ANGLETERRE. — Mme D'YOUVILLE COMPLÈTE LES RESSOURCES DE SA MAISON EN ACHETANT LA SEIGNEURIE DE CHÂTEAUGUAY. — GRAND INCENDIE DE L’HÔPITAL GÉNÉRAL. — ELLE LE REBÂTIT. — ELLE FAIT DES TRAVAUX CONSIDÉRABLES A CHÂTEAUGUAY.
(suite)
Ces secours cependant étaient insuffisants pour résister à l'Angleterre, qui donnait tout l'argent nécessaire pour continuer la guerre avec vigueur et qui avait alors sur pied une armée d'au moins 40000 hommes.
Dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759, les Anglais débarquèrent dans l'anse du Foulon et, après avoir escaladé la falaise (1) et surpris un poste commandé par le capitaine de Vergor, s'établirent sur les plaines d'Abraham. A six heures du matin l'armée anglaise, forte de plus de 8000 hommes, sous le commandement du général Wolfe, était rangée en bataille.
Montcalm apprit à Beauport, où il était retranché, le débarquement des troupes anglaises sous les murs de Québec. Avec à peine 4500 hommes, dont la plupart étaient des miliciens canadiens, il se porta à la rencontre de l'armée anglaise….
Le combat se termina par la défaite des troupes françaises et la mort du général de Montcalm; l'armée anglaise y perdit également son commandant, le général Wolfe.
Un grand nombre de Québecquois se réfugièrent à Ville-Marie, après la capitulation, ce qui augmenta encore la disette. On payait jusqu'à six francs la douzaine d'œufs ou la livre de beurre, et jusqu'à quatre-vingts francs la livre de mouton. (1)
Au mois d'août 1760, trois armées ennemies marchèrent sur Ville-Marie pour soumettre cette ville, dernier boulevard de la colonie française au Canada.
Une de ces armées ayant débarqué, le 6 septembre, dans l'île de Montréal, la ville fut cernée le lendemain par les trois armées, fortes de trente-deux mille hommes. Ville-Marie, qui n'avait à opposer qu'à peine trois mille hommes, ne pouvait soutenir cette attaque; cependant l'ennemi ouvrit le feu de trois côtés à la fois.
On a vu que Mme d'Youville avait …
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(1) M, l'abbé Casgrain assure que, le 31 mai 1891, il a gravi la falaise au même endroit que les troupes anglaises, en moins de cinq minutes, avec ses jambes de soixante ans.
Montcalm et Lévis, vol. 2, p. 231.
(1) M. Faillon, p. 155 et 156.
pp. 123-124- 125
A suivre…
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Re: Vie de la Vénérable Mère d'Youville (COMPLET)
CESSION DU CANADA A L'ANGLETERRE. — Mme D'YOUVILLE COMPLÈTE LES RESSOURCES DE SA MAISON EN ACHETANT LA SEIGNEURIE DE CHÂTEAUGUAY. — GRAND INCENDIE DE L’HÔPITAL GÉNÉRAL. — ELLE LE REBÂTIT. — ELLE FAIT DES TRAVAUX CONSIDÉRABLES A CHÂTEAUGUAY.
(suite)
…Ville-Marie, qui n'avait à opposer qu'à peine trois mille hommes, ne pouvait soutenir cette attaque; cependant l'ennemi ouvrit le feu de trois côtés à la fois.
On a vu que Mme d'Youville avait fait entourer sa propriété d'un mur, et comme l'Hôpital Général était situé hors des remparts, le général anglais prit ce mur pour un retranchement et ordonna de le bombarder. A peine ce commandement était-il donné que l'on vit accourir un jeune officier venant supplier son chef d'épargner le couvent: "Vous ne savez pas," lui dit-il, "qui habite cette maison, général, ce sont des femmes au cœur sensible et généreux qui maintes fois ont sauvé la vie aux nôtres, qui les ont soignés, pansés et guéris, et celui qui vous implore et demande grâce pour elles en ce moment aurait été victime de la barbarie des sauvages, si la supérieure de cette maison ne lui avait pas sauvé la vie." (1)
L'ordre fut suspendu et six des officiers anglais furent envoyés jusqu'à l'Hôpital pour s'assurer de la véracité de ce récit. Apprenant l'arrivée de ces militaires chez elle et le but de leur visite, Mme d'Youville, avec sa politesse ordinaire, s'empressa de les recevoir, de leur faire visiter les salles des pauvres et surtout celle des prisonniers anglais. Elle leur fit servir des rafraîchissements et les officiers, ravis de cet accueil, emportèrent de la fondatrice et de sa communauté le plus respectueux et le plus agréable souvenir. C'est ainsi que les saints gagnent les âmes à Dieu et forcent même leurs ennemis à s'incliner devant les grandes choses que la religion leur inspire pour le bien de l'humanité.
L'Hôpital fut sauvé; mais la ville ne put résister et, le 8 septembre 1760, M. de Vaudreuil capitulait. La colonie était perdue pour la France et passait sous la domination anglaise.
(…)
Nous allons voir comment, au milieu de tous ses besoins et de toutes ses entreprises, les œuvres fondées par Mme d'Youville furent secourues et soutenues….
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(1) On croit que c'était le jeune Anglais qui s'était réfugié à l'Hôpital, poursuivi par un sauvage, et à qui Mme d'Youville avait sauvé la vie en le cachant sous une tente qu'elle était en train de faire. Ante, p. 107.
pp. 125-126 et 128.
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Nous allons voir comment, au milieu de tous ses besoins et de toutes ses entreprises, les œuvres fondées par Mme d'Youville furent secourues et soutenues.
Les recettes de l'Hôpital provenaient, comme nous l'avons dit, du fruit de son travail et de celui de ses compagnes et des différentes ressources créées par son esprit d'ordre et d'économie.
Avant la cession du pays à l'Angleterre, Mme d'Youville comptait naturellement sur les sommes que lui assurait le gouvernement français pour les différents ouvrages qu'il lui commandait et pour la pension des prisonniers de guerre. Les frais encourus pour l'entretien de ces prisonniers étaient considérables, une année même la dépense s'éleva à la somme de dix-huit mille francs. Cependant on était loin de remplir les engagements dont on était convenu avec elle; la valeur des produits avait grandement augmenté à cause de la guerre et l'intendant Bigot, qui devait lui payer la ration de chaque soldat, en réduisit le prix à la valeur de la viande seulement. "Aussi," écrivait-elle, "l'Hôpital a perdu le pain, les pois, les menus vivres, les rafraîchissements et les frais de domestiques." (1)
"Bien plus," dit M. Faillon," depuis 1757 jusqu'en 1760 où la guerre fut terminée, M. Bigot la payant toujours en papiers qui ne devaient être convertis en numéraire qu'après bien des années et avec une perte énorme, pendant tout ce temps Mme d'Youville se vit obligée, afin de ne pas laisser périr les prisonniers, de faire des emprunts pour acheter à grand prix les vivres et autres choses indispensables à leur entretien et même de supporter longtemps l'intérêt de ces emprunts. Ils durent être considérables, puisqu'à la cessation de la guerre le gouvernement français lui devait plus de cent mille francs, dont la plus grande partie avait été employée à l'entretien de ces prisonniers." (2)
Menacé des horreurs de la famine, le Canada était forcé de mettre ses colons à la ration, et Bigot écrivait, le 22 mai 1759: …
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(1) Lettre à l'abbé de l'Isle-Dieu, 18 septembre 1765.
(2 ) Vie de Madame d'Youville, p. 144.
pp. 128-129-130
A suivre…
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Menacé des horreurs de la famine, le Canada était forcé de mettre ses colons à la ration, et Bigot écrivait, le 22 mai 1759: "Le peuple de Québec est réduit à une demi-livre de pain par tête, et le riche à un quarteron." (1)¸
 Ville-Marie, le pain commençait à manquer aussi et Mme d'Youville se condamna, avec ses compagnes, à ne manger que du maïs au déjeuner; le pain vint même à leur manquer complètement.
Cet état d'épuisement et de détresse de la colonie à l'époque de la cession à l'Angleterre n'était pas, toutefois, à ce moment, le seul sujet des préoccupations de Mme d'Youville. La foi ardente de cette sainte femme lui faisait envisager avec terreur l'établissement d'un régime absolument antipathique à sa croyance. Aux horreurs de la guerre et de la famine et à la douleur causée par le changement de domination venait encore s'ajouter la crainte de voir disparaître la religion de sa chère patrie. "Priez Dieu," écrivait-elle à l'abbé de l'Isle-Dieu, "qu'il me donne la force de bien porter toutes les croix et d'en faire un saint usage. En voilà bien à la fois : perdre son roi, sa patrie, son bien, et, ce qui est pis encore, être dans la crainte de voir s'éteindre notre sainte religion." (2)
"Nous nous étions toujours flattés que la France "ne nous abandonnerait pas," écrivait-elle encore; mais nous nous sommes trompés dans notre attente. Dieu l'a permis ainsi, son saint nom soit béni !"
Nous avons souvent fait remarquer de quelle force de caractère était douée Mme d'Youville. Aussi, malgré les inquiétudes et les craintes que lui inspirait l'avenir, elle restait ferme dans l'accomplissement de sa tâche, quels que fussent les obstacles nouveaux qui se dressassent devant elle.
Toujours prévoyante pour le succès de son œuvre, elle comprit bien vite que le changement de régime politique allait produire temporairement une baisse considérable dans la valeur des propriétés et qu'il serait sage d'en profiter pour assurer des ressources à son Hôpital.
"Il va se vendre beaucoup de biens-fonds, et à grand marché, selon toutes les apparences," écrivait-elle à M. Montgolfier, qui se trouvait alors en Europe. "On nous en a déjà proposé; mais j'ai répondu que nous ne pouvions rien arrêter que vous ne soyez de retour." (1)
Beaucoup de colons, en effet…
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(1) M. Faillon, p. 150.
(2) Lettre du 18 septembre 1765.
(1) Lettre du 2 janvier 1764.
pp. 130-131
A suivre…
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Louis- Admin
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Beaucoup de colons, en effet, après le traité de paix entre la France et l'Angleterre, se hâtaient de vendre leurs terres afin de retourner en France. Parmi ceux-ci se trouvait M. Joachim Robutel de Lanoue, propriétaire de la seigneurie de Châteauguay, qui avait cédé ses droits sur cette propriété à sa sœur, Mlle Anne de Lanoue.
La famille de Lanoue avait acquis cette seigneurie en 1706 de M. Lemoine de Longueuil, dont un des fils porta le nom de Châteauguay. En 1764, Mlle de Lanoue la vendit à Mme d'Youville pour la somme de treize mille cent vingt-deux francs et une rente viagère de neuf cents livres par année. Mme d'Youville, en sage administratrice, profitait de cette occasion pour faire l'emploi d'une somme assez considérable qui lui avait été apportée par la Mère Despins à son entrée dans la communauté, et elle assurait ainsi à son Institut un superbe domaine qui devait être une abondante source de revenus.
En effet, cette magnifique propriété, située à sept lieues seulement de Montréal, sur le lac Saint-Louis, mesurait deux lieues de longueur sur trois de profondeur et comprenait aussi les îles de la Paix, au nombre de huit, toutes les îles adjacentes et, de plus, la maison seigneuriale bâtie sur l'île Saint-Bernard, un moulin à vent, des écuries, des granges et autres dépendances.
Cette acquisition si avantageuse semblait assurer pour longtemps l'œuvre de Mme d'Youville, lorsque soudain Dieu la soumit à la plus poignante de toutes les épreuves de sa vie.
Nous avons vu que déjà en 1745 le feu, détruisant sa maison provisoire, avait menacé l'avenir de son Institut. En 1765, quelques mois après l'achat de la seigneurie de Châteauguay, un terrible incendie venait, pour la seconde fois, réduire en cendres son Hôpital et son mobilier.
Le feu avait, en deux heures, dévoré au delà de cent maisons et dévasté la ville. Il s'était d'abord déclaré loin de chez les Sœurs Grises; mais bientôt un vent violent, transportant des étincelles sur le toit en bois de l'église de l'Hôpital, y alluma l'incendie, et il fallut songer à sauver les vieillards et les infirmes. Plusieurs furent transportés dans l'ancienne brasserie des frères, et ceux qui ne purent s'y loger furent envoyés à l'Hôtel-Dieu, où ils furent reçus avec la plus grande charité par les Hospitalières, toujours prêtes à ouvrir leurs portes à celles de leurs communautés sœurs qui se trouvaient dans le besoin ou l'embarras. (1)
Mme d'Youville écrivait à M. Cousturier, quelque temps après ce désastre:..
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(1) Sans sortir de notre cadre, ne nous sera-t-il pas permis de constater ici que la tradition de cette parfaite hospitalité est restée vivace dans la famille religieuse de Marie de la Ferre? Après le terrible incendie qui détruisit le magnifique couvent des religieuses de la Congrégation, il y a à peine quelques années, les religieuses de l'Hôtel-Dieu et les filles de Mme d'Youville ne furent pas les dernières à offrir un asile et les témoignages de la plus vive sympathie à ces religieuses éprouvées. Les Hospitalières en logèrent même un certain nombre chez elles pendant plusieurs semaines.
pp. 131-132- 133
A suivre…
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Louis- Admin
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Mme d'Youville écrivait à M. Cousturier, quelque temps après ce désastre: "Cet incendie nous réduit à une grande pauvreté. Dieu a ses desseins; je les adore et me soumet à sa volonté. C'est ce que nous avons tâché de faire de notre mieux." (2) En effet, ces épreuves successives, loin de la décourager, ne faisaient qu'accroître sa résignation à la volonté divine.
Après le premier incendie qui lui avait enlevé le peu qu'elle possédait, nous avons vu qu'elle en avait pris occasion pour se sanctifier davantage en se détachant plus parfaitement. Elle avait dit à ses sœurs : " Nous avions un peu trop nos aises, peut-être même un peu trop d'attache aux choses du monde ; désormais nous vivrons plus en commun et plus pauvrement." Et le surlendemain de l'incendie, le 2 février 1745, elles mettaient en commun tous leurs biens, par un acte devenu la base de leur société.
Après le second incendie, qui frappa si cruellement Mme d'Youville, elle rendit gloire à Dieu, en répétant l'acte sublime de soumission qui a servi depuis Job à toutes les âmes résignées : "Le Seigneur nous avait tout donné, le Seigneur nous a tout ôté; il n'est arrivé que ce qu'il a plu au Seigneur; que son nom soit béni !"
Mais ce n'était pas encore assez pour sa foi vive et magnanime, dit M. Faillon (1) : elle bénit Dieu de cet événement et, voulant faire passer dans le cœur de ses filles les sentiments dont le sien était rempli, elle leur dit, d'un ton ferme et assuré, en présence de ces bâtiments encore fumants: "Mes enfants, nous allons réciter le Te Deum à genoux, pour remercier Dieu de la croix qu'il vient de nous envoyer."
Cri héroïque, cri sublime, qui n'a pas besoin d'être commenté et qui reste tellement au-dessus de la nature qu'une des compagnes de Mme d'Youville, en l'entendant, ne put réprimer un mouvement d'impatiente surprise et de mécontentement, et répliqua : "Oui, je vais vous en dire, des Te Deum!" A peine ce murmure s'était-il échappé de ses lèvres qu'elle le regrettait, et tombant à genoux avec les autres, auprès de la fondatrice, il n'y eut plus de voix discordante dans l'acceptation du sacrifice.
Dieu récompensa sur-le-champ cet héroïque renoncement de Mme d'Youville…
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(2) Lettre du 19 septembre 1765.
(1) Page 210.
pp. 133-134-135
A suivre…
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Dieu récompensa sur-le-champ cet héroïque renoncement de Mme d'Youville, et de ses lèvres, qui venaient à peine d'en formuler l'expression, jaillirent, sous l'inspiration divine, ces paroles : " Soyez tranquilles, mes enfants, la maison ne brûlera plus." Nous aurons occasion de faire remarquer plus tard comment jusqu'ici cette promesse s'est vérifiée.
Cependant Dieu voulut témoigner d'une manière sensible combien la grande confiance de la fondatrice dans sa divine bonté lui était agréable. Il fit pour elle ce qu'il avait déjà si souvent fait dans de pareilles circonstances, affirmant aux yeux de tous sa prédilection paternelle pour le nouvel Institut de charité. Après l'incendie, une barrique de vin presque vide fut retrouvée sous les décombres et transportée à l'Hôtel-Dieu pour servir à l'usage des sœurs. Quelle ne fut pas leur surprise de trouver ce vin, qui était d'une qualité inférieure, grandement amélioré, et chose plus surprenante et regardée depuis comme miraculeuse, ce peu de vin, qui aurait dû ne durer que quelques jours, suffit à leur consommation journalière pendant près de trois mois et jusqu'à leur retour dans la maison! La sœur dépensière, après avoir puisé pendant plusieurs semaines dans cette barrique aux trois quarts vide, vint avertir Mme d'Youville que le vin touchait à sa fin et lui demander si elle allait en acheter d'autre. Celle-ci répondit : "Tirez toujours, et ne vous lassez pas de tirer." La confiance de l'une et l'obéissance de l'autre furent bien récompensées.
Cependant cet incendie avait mis Mme d'Youville dans une position fort difficile.
D'un côté, il lui fallait réparer le désastre, voir au paiement de ses obligations antérieures, s'acquitter des nouvelles charges qu'elle avait assumées pour l'achat de Châteauguay et pourvoir en même temps à l'entretien de ses pauvres et de sa maison.
D'un autre côté, bien qu'elle eût réussi à se créer des ressources pour les besoins ordinaires de son Hôpital, elle était cependant, même avant l'incendie, obligée de chercher et de trouver sans cesse de nouveaux moyens d'augmenter ses recettes, afin d'acquitter ses obligations antérieures et de continuer ses entreprises nouvelles.
Et ce qui aggravait sa situation en un pareil moment, c'est que non seulement elle n'avait plus...
pp. 135-136
A suivre…
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(suite)
Et ce qui aggravait sa situation en un pareil moment, c'est que non seulement elle n'avait plus le fruit du travail qu'elle faisait autrefois pour le gouvernement français, mais elle était encore menacée de voir se tarir les sources de charité privée où elle avait eu l'habitude de puiser dans ses moments de plus grands embarras.
En effet, après la conquête, les familles les plus influentes et les plus riches de la colonie avaient repassé la mer, et Mme d'Youville se trouvait privée d'un secours qui jusque-là ne lui avait jamais manqué.
Elle crut alors devoir s'adresser au gouvernement français pour obtenir le paiement de la somme considérable qu'il lui devait. Mais ce fut en vain, sa demande resta sans réponse.
Tandis qu'elle voyait ainsi s'évanouir l'espoir d'être payée par l'ancienne mère-patrie, le secours lui vint d'ailleurs. Le grand incendie qui avait causé tant de ruines à Ville-Marie avait créé une profonde impression en Angleterre et fait naître des sympathies. Le gouvernement anglais voulait aussi venir en aide à ses nouveaux colons et, dans la distribution d'une souscription considérable faite à Londres, il se trouva heureusement que la part de Mme d'Youville s'élevait à dix-neuf mille francs. Elle écrivait à ce propos :
" Vous savez ce que le roi de France nous a fait perdre; ici, on ne fait rien; plus d'ouvrage comme autrefois ; nous avons essuyé un incendie qui nous a noyées dans les dettes et duquel nous ne nous serions jamais relevées sans les charités que nous avons reçues des quêtes faites à Londres et qui nous ont un peu allégées. La Providence est admirable; elle a des ressorts incompréhensibles pour le soulagement des membres de Jésus-Christ; elle pourvoit à tout; elle est ma confiance." (1)
Certes, il fallait la foi et la confiance de cette sainte femme pour ne pas perdre courage en un pareil moment !...
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(1) Lettre à M. Héry, 24 septembre 1770. M. Faillon, p. 226.
pp. 137-138
A suivre…
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Certes, il fallait la foi et la confiance de cette sainte femme pour ne pas perdre courage en un pareil moment ! L'incendie l'avait ruinée et il lui fallait rebâtir son Hôpital au moment même où elle venait de faire l'acquisition d'une propriété qui demandait des travaux considérables, si elle voulait en retirer le revenu qu'elle en attendait. D'un côté, des charges écrasantes; de l'autre, des ressources diminuées et réduites.
Mme d'Youville ne devait pas faiblir devant cette nouvelle tâche. Elle se remit à l'œuvre sans hésiter et bientôt l'Hôpital se relevait de ses ruines. On pouvait, certes, dire d'elle ce que l'Evangile dit de la femme forte: "Elle ne s'est point découragée dans ses travaux, mais elle a ceint ses reins de force et affermi son bras." Elle écrivait, quelques semaines après l'incendie, à M. de l'Isle-Dieu: "Nous avons commencé et tâché de continuer à nous rétablir, espérant que la Providence nous soutiendra."
Grâce à la somme fournie par la souscription anglaise, les travaux de reconstruction de l'Hôpital Général, poussés avec ardeur par cette infatigable chrétienne, progressèrent si rapidement que, dès le mois de septembre 1765, elle pouvait loger une partie de ses pauvres et les dames pensionnaires; à Noël, les femmes pauvres, à leur tour, pouvaient y entrer, et deux ans après, le 30 du mois d'août, le reste de la bâtisse était terminé et l'église était bénite. La fondatrice avait dépensé plus de vingt-quatre mille francs pour les réparations et constructions commencées alors et plus de vingt-trois mille francs pour le linge, les lits et le mobilier. Ayant quitté à la fin de l'année 1765 l'Hôtel-Dieu, où on l'avait abritée avec cent quinze personnes de sa maison, et se voyant réunie à tous ses pauvres et à ses compagnes, Mme d'Youville écrivait, au mois d'août de l'année suivante:
"Après bien des peines et des soins, nous sommes rentrés, au mois de décembre, dans un coin de notre maison : la communauté, les pauvres hommes, les femmes, les enfants trouvés et toutes nos dames pensionnaires, ce dont est composé cet Hôpital. Nous avons été très bien aidées des Messieurs de Saint-Sulpice." (1)
Mais l'aide lui venait aussi quelquefois miraculeusement…
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(1) Lettre à M. Savary. M. Faillon, p. 224.
pp. 138-139
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Re: Vie de la Vénérable Mère d'Youville (COMPLET)
CESSION DU CANADA A L'ANGLETERRE. — Mme D'YOUVILLE COMPLÈTE LES RESSOURCES DE SA MAISON EN ACHETANT LA SEIGNEURIE DE CHÂTEAUGUAY. — GRAND INCENDIE DE L’HÔPITAL GÉNÉRAL. — ELLE LE REBÂTIT. — ELLE FAIT DES TRAVAUX CONSIDÉRABLES A CHÂTEAUGUAY.
(suite)
Mais l'aide lui venait aussi quelquefois miraculeusement. Nous avons déjà cité un trait providentiel à l'égard de Mme d'Youville ; ses biographes en racontent un autre, non moins touchant et non moins extraordinaire.
C'était en 1766; elle était alors de retour dans sa maison. Un jour, ayant dans sa poche une pièce de monnaie, une piastre, qu'elle ne voulait pas garder, elle dit à deux de ses sœurs, qui se trouvaient dans sa chambre: "J'ai ici une piastre dont je veux me débarrasser; je n'aime pas porter ainsi de l'argent sur moi."
En même temps, elle mettait la main dans sa poche pour en sortir cet argent, lorsqu’à sa grande stupéfaction elle en retira une poignée de piastres et les jeta sur une table, puis, sans s'en rendre compte, mettant l'autre main dans sa seconde poche, elle la retirait aussi remplie de pièces d'argent. Ses deux compagnes étaient restées muettes de stupeur et d'admiration, pendant que la sainte fondatrice, saisie elle-même d'un sentiment de crainte et de reconnaissance à la vue d'un témoignage si éclatant et si extraordinaire de la bonté divine, s'écriait en joignant les mains: "Ah! mon Dieu, je suis une misérable!"
Souvent ces protections miraculeuses se sont renouvelées pendant la vie de Mme d'Youville et, après sa mort, en faveur de ses filles. Tantôt c'est encore de l'argent que la fondatrice trouvait dans un moment où elle n'avait que quelques sous sur elle et où il lui fallait payer une des nourrices des enfants trouvés, qui venait réclamer son salaire. D'autres fois, ce sont des barils de farine que les sœurs trouvaient dans la maison, que personne n'avait vu entrer et qui ne pouvaient avoir été mis dans l'Hôpital que par la main toute-puissante et invisible de Celui qui nourrissait les foules avec quelques morceaux de pain et quelques poissons.
Comme nous l'avons vu, Mme d'Youville avait poussé avec énergie les travaux de reconstruction de son Hôpital, et dès 1767 sa nouvelle installation était complète. Elle avait pourvu, semblait-il, à tous les besoins, car déjà avant l'incendie elle se plaignait de l'exiguïté de son établissement. Mais son désir de faire du bien et de soulager les malheureux était insatiable et croissait tous les jours.
L'augmentation rapide de la population de la ville lui donnait de nouvelles occasions d'exercer sa charité, et à peine deux années s'étaient-elles écoulées qu'elle aurait déjà voulu agrandir sa maison. Elle écrivait à Mgr Briand, évêque de Québec, le 22 septembre 1769 : …
pp. 139-140-141
A suivre…
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Vie de la Vénérable Mère d'Youville (COMPLET)
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(suite)
L'augmentation rapide de la population de la ville lui donnait de nouvelles occasions d'exercer sa charité, et à peine deux années s'étaient-elles écoulées qu'elle aurait déjà voulu agrandir sa maison. Elle écrivait à Mgr Briand, évêque de Québec, le 22 septembre 1769 :
"Il y aurait beaucoup de bien à faire si nous avions de quoi. Il se présente tous les jours des pauvres qui ont un vrai besoin ; mais nous n'avons plus de logement, et j'ai le cœur bien gros de les renvoyer. J'ai beaucoup à me louer de la part qu'on nous a faite sur les charités de Londres, puisque nous en avons eu en trois fois près de vingt mille livres. Mais il faut tant d'argent pour de telles bâtisses ! Si je savais où il y en a autant et que je le pusse prendre sans voler, j'aurais bientôt fait un bâtiment qui en logerait près de deux cents. Je n'ai rien. Le bon Dieu se contente de ma bonne volonté."
Elle écrivait à un autre: " Je ne puis me persuader que le roi de France ne dédommage pas du tort fait aux communautés de ce pays, en particulier la nôtre, à laquelle il n'a jamais fait aucune rente depuis qu'elle a pris naissance, il y a vingt-neuf ans." (1)
Cette justice, qu'elle attendait du roi de France, ne devait cependant arriver que plus de soixante ans plus tard, longtemps après la mort de la fondatrice et alors que Mère Lemaire était devenue supérieure. Nous verrons plus loin, en parlant de cette quatrième supérieure de la communauté, à la suite de quelles laborieuses et persistantes négociations le gouvernement français se décida à accorder l'indemnité réclamée.
Tout en faisant les grandes dépenses que la reconstruction de l'Hôpital Général l'obligeait de faire, Mme d'Youville ne pouvait pas négliger la nouvelle propriété qu'elle avait acquise l'année précédente…
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(1) Lettre à M. Savary, 17 août 1766.
pp. 141-142
A suivre…
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(suite)
Tout en faisant les grandes dépenses que la reconstruction de l'Hôpital Général l'obligeait de faire, Mme d'Youville ne pouvait pas négliger la nouvelle propriété qu'elle avait acquise l'année précédente; l'intérêt bien entendu de sa communauté ne le lui imposait-il pas, d'ailleurs? Sans se laisser arrêter par ces nombreuses difficultés, elle voulut, sans tarder et malgré les constructions commencées à Montréal, faire exécuter à Châteauguay tous les travaux nécessaires pour mettre ce domaine en plein rapport. Cette femme si énergique n'hésita pas à faire construire à Châteauguay un autre moulin, à une lieue de celui qui existait déjà, sur la petite rivière du Loup. Et comme si elle avait entrevu l'avenir, elle indiquait elle-même aux ouvriers l'endroit le plus favorable à la construction de ce moulin, qui devait devenir une source de prospérité pour sa communauté.
Après le moulin s'élevèrent bientôt sur l'île une grange en pierre, une boulangerie, une belle et vaste écurie, et pour couronner tous ces travaux, Mme d'Youville fit bâtir sur ses terres de la Pointe Saint-Charles une maison en pierre à deux étages, destinée à servir de maison de campagne aux pauvres et aux enfants, qui pouvaient aller s'y reposer et s'y rafraîchir pendant la belle saison.
Cette seigneurie de Châteauguay, acquise par la fondatrice à un prix si minime, lui causa toutefois bien des inquiétudes et des fatigues. A peine l'avait-elle achetée qu'il lui fallut faire de nombreux voyages, afin de surveiller les différentes améliorations entreprises par sa prévoyance.
"Elle y faisait," dit M. Sattin, "de fréquents voyages, sans que les vents, les pluies, les neiges, la rigueur excessive du froid ou la difficulté des chemins souvent impraticables aient jamais pu l'arrêter, non plus que l'incommodité des voitures dont on se servait communément dans le pays, car elle faisait tous ses voyages en charrette."
A l'exemple de leur vénérée mère, les filles de Mme d'Youville firent, à Châteauguay comme à Ville-Marie, des choses héroïques…
pp. 142-143
A suivre…
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A l'exemple de leur vénérée mère, les filles de Mme d'Youville firent, à Châteauguay comme à Ville-Marie, des choses héroïques et, lorsqu'il s'agit de commencer à défricher l'endroit désigné pour le nouveau moulin, la sœur Thaumur La Source, qui surveillait les travaux, voulut abattre elle-même le premier arbre de la forêt, appelant plusieurs fois à son secours la force et l'espérance du chrétien par cette invocation: "0 crux, ave!"
Que de fois les filles de la digne et sainte fondatrice ont dû la bénir de leur avoir acquis cette île aux coteaux verdoyants, véritable oasis qui leur permet d'aller refaire leurs forces épuisées au sein de ces bois et de ces champs baignés par les ondes du grand fleuve, dans le calme d'une solitude à la fois religieuse et champêtre!
La communauté et les pauvres ont encore bénéficié de la richesse et des produits d'une ferme bien cultivée, tandis que les moulins devenaient une véritable providence pour les dépenses de la maison.
Le manoir de Châteauguay devait avoir un autre but et rendre d'autres services aux filles de la Vénérable Mère d'Youville.
Le caveau, construit dans la crypte de l'église de l'Hôpital Général actuel et destiné à la sépulture des sœurs défuntes, vient d'être fermé à la communauté; quelques tombes seulement ont été réservées pour les supérieures futures et les plus anciennes religieuses.
C'est à Châteauguay, ce lieu choisi et aimé par la mère des pauvres, que ses filles viendront désormais dormir leur dernier sommeil, en attendant le grand et glorieux réveil de l'éternité !
Vous y reposerez en paix, générations futures de vierges et de femmes vertueuses, héritières du dévouement de la plus charitable des mères, bercées par le murmure des flots et la prière des vôtres, après les rudes labeurs de votre apostolat, tandis que vos âmes jouiront de la récompense parfaite et éternelle promise au verre d'eau donné au nom du Seigneur !
pp. 143-144-145.
A suivre : chapitre XII . MORT DE Mme- D'YOUVILLE. — REGRETS DE SES FILLES. — SES FUNÉRAILLES. — FAIT MERVEILLEUX ARRIVÉ A SA MORT…
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Re: Vie de la Vénérable Mère d'Youville (COMPLET)
CHAPITRE XII.
MORT DE Mme- D'YOUVILLE. — REGRETS DE SES FILLES. — SES FUNÉRAILLES. — FAIT MERVEILLEUX ARRIVÉ A SA MORT…
Mme d'Youville avait maintenant la confiance d'avoir assuré le fonctionnement régulier des différentes œuvres de son Institut, car elle les avait appuyées sur l'autorité de ses supérieurs ecclésiastiques, et par le soin qu'elle avait donné à la formation de ses filles, qui devaient perpétuer sa fondation, elle pouvait espérer que celles qui lui succéderaient ne failliraient pas à leur mission. Sa tâche semblait donc terminée. Elle était âgée de soixante-dix ans; elle s'était dépensée au soulagement des malheureux et dans les luttes, les embarras et les inquiétudes dont sa carrière avait été remplie: il n'était pas étonnant de voir ses forces l'abandonner.
Une première attaque de paralysie la frappa le 9 décembre 1771, et la priva de tout mouvement du côté gauche. Tous les secours de l'art lui furent prodigués, mais restèrent impuissants. M. Montgolfier, voulant tenter un dernier effort pour la guérir, obtint de l'évêque la faveur de faire venir auprès d'elle la sœur Martel, pharmacienne de l'Hôtel-Dieu, qui jouissait d'une grande réputation à raison des succès étonnants qu'elle obtenait dans son traitement des malades. Les soins que cette religieuse donna à Mme d'Youville réussirent à maîtriser la maladie pendant quelques jours, et la chère malade put se lever et marcher dans sa chambre. Comme la paralysie n'avait nullement affecté son moral, la fondatrice en profita pour se confesser et recevoir la sainte communion avec la plus grande ferveur.
Ses filles, en proie à la plus vive inquiétude, adressèrent d'ardentes supplications au ciel pour la conservation d'une vie si précieuse. " Si Dieu voulait nous la laisser dans cet état," se disaient-elles les unes aux autres, "nous nous trouverions heureuses de la conserver ainsi; nous la soignerions de notre mieux, afin de l'avoir encore au milieu de nous."
Mais l'heure du sacrifice et de la récompense était arrivée: le Père Eternel, que Mme d'Youville avait tant invoqué pendant sa vie, la réclamait pour la couronner et la glorifier.
Malgré tous les soins, malgré toutes les prières, Mme d'Youville fut atteinte d'une seconde attaque, le 13 décembre, et cette fois la crise devait être fatale…
pp. 146-147
A suivre…
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MORT DE Mme- D'YOUVILLE. — REGRETS DE SES FILLES. — SES FUNÉRAILLES. — FAIT MERVEILLEUX ARRIVÉ A SA MORT...
(suite)
Malgré tous les soins, malgré toutes les prières, Mme d'Youville fut atteinte d'une seconde attaque, le 13 décembre, et cette fois la crise devait être fatale.
La sœur chargée de soigner la malade venait de lui apporter son dîner; Mme d'Youville, qui s'oubliait toujours pour les autres, insista pour l'envoyer rejoindre ses compagnes. Ne voulant pas désobéir à la supérieure, la sœur la quitta, quoique à regret; mais à peine était-elle rendue au réfectoire que, ne pouvant plus maîtriser son inquiétude, elle revint auprès de Mme d'Youville, qu'elle trouva assise dans son fauteuil, sans parole, sans mouvement et les traits profondément altérés. Elle se hâta de prévenir la communauté; ses filles, que l'angoisse étreignait au cœur, accoururent auprès d'elle. On appela le médecin; la sœur Martel franchit de nouveau la grille de son cloître, et l'habile Hospitalière réussit à tirer Mme d'Youville de sa léthargie; elle recouvra peu à peu la parole et s'empressa de profiter de ce mieux pour faire des actes constants de résignation et pour disposer ses filles à faire comme elle. Elle reçut de nouveau les sacrements de l'Eglise avec une grande piété et, s'adressant à ses sœurs réunies autour de son lit, elle leur laissa, dans un dernier adieu, ce testament spirituel resté à jamais gravé dans leurs cœurs:
"Mes chères sœurs, restez constamment fidèles à l'état que vous avez embrassé; marchez toujours dans les voies de la régularité, de l'obéissance et de la mortification; mais surtout faites en sorte que l'union la plus parfaite règne parmi vous."
Ces paroles, résumé de tous les avis spirituels donnés par Mme d'Youville à ses filles, furent accueillies par des sanglots.
Le 14 décembre, la malade fit son testament…
pp. 147-148
A suivre…
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MORT DE Mme- D'YOUVILLE. — REGRETS DE SES FILLES. — SES FUNÉRAILLES. — FAIT MERVEILLEUX ARRIVÉ A SA MORT. …
(suite)
Le 14 décembre, la malade fit son testament, dans lequel elle demanda à sa communauté et aux pauvres de sa maison de prier pour le repos de son âme, et se recommanda à Dieu le Père, le suppliant, par les mérites infinis de Notre-Seigneur, de lui pardonner ses péchés et de l'admettre au ciel. Elle s'adressa à la Très-Sainte-Vierge et aux saints pour obtenir cette grâce.
Elle légua tous ses biens aux pauvres, et cependant elle restait mère, tout en étant religieuse, et n'oublia pas ses deux fils. Elle demanda à ses filles de les garder jusqu'à leur mort, si toutefois ils voulaient venir mourir à l'Hôpital. (1)
Les sœurs, voyant la gravité de l'état de leur mère, demandaient à tous ceux qui venaient à l'hospice de vouloir bien s'unir à elles pour obtenir du ciel, par leurs prières, la guérison de celle qu'elles vénéraient si profondément.
Onze jours s'étaient écoulés depuis la dernière attaque qui avait frappé Mme d'Youville. Elle s'était confessée et elle devait recevoir la sainte communion le lendemain matin. Une de ses nièces, Mme Bénac, qui était très assidue auprès d'elle, entrant dans sa chambre, lui annonça qu'elle passerait cette nuit avec elle. "Oh! cette nuit, je n'y serai plus," dit Mme d'Youville avec assurance. Ces paroles étonnèrent d'autant plus les personnes présentes qu'elle semblait mieux en ce moment et que ses sœurs avaient recommencé à espérer sa guérison.
Malheureusement les paroles de Mme d'Youville ne devaient pas tarder à se vérifier et, comme elle l'avait annoncé, elle ne devait pas passer la nuit. "Vers huit heures du soir, le 23 décembre, elle fut frappée d'apoplexie foudroyante et expira en quelques instants. Ses sœurs, réunies pour la prière du soir, accoururent éplorées à l'annonce de cette terrible nouvelle, et " ce n'est plus," dit M. Faillon, "dans la maison qu'un cri universel, ce ne sont plus que gémissements, que pleurs, que sanglots."
" Non, je ne pourrai jamais exprimer," écrivait la Mère Despins…
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(1) Cette demande fut plus tard exaucée pour l'un d'eux. M. François d'Youville se retira chez les Sœurs Grises et reçut d'elles les soins les plus attentifs. Il mourut en 1778, après de longues et vives souffrances, âgé de cinquante-trois ans, et fut inhumé dans l'église de l'Hôpital, auprès de sa mère.
pp. 149-150
A suivre…
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MORT DE Mme- D'YOUVILLE. — REGRETS DE SES FILLES. — SES FUNÉRAILLES. — FAIT MERVEILLEUX ARRIVÉ A SA MORT...
(suite)
" Non, je ne pourrai jamais exprimer," écrivait la Mère Despins, "quelle fut dans ce moment fatal notre étrange surprise de nous voir arracher par la mort celle que nous chérissions le plus en ce monde. On n'entendait de tous côtés que les cris et les lamentations d'une troupe d'enfants qui perdaient leur mère, et une si tendre et si charitable mère ne peut être assez regrettée. Qu'elle est grande, cette perte! Jamais il n'y aura plus de Madame d'Youville pour nous... Ah! je ne puis exprimer l'affliction, les cris et les lamentations de notre pauvre maison... Tous se disaient les uns aux autres, le cœur pénétré de la plus vive douleur: Nous n'avons donc plus de mère?... c'en est donc fait, notre mère est morte. Si nous la pleurons et la regrettons, c'est pour nous, car je crois qu'elle est au ciel, où elle est allée recevoir le fruit de ses travaux."
Aussitôt que Mme d'Youville eut rendu le dernier soupir, ses traits, altérés par la souffrance et la maladie, reprirent un air de vie; son teint même s'anima, et chacun s'empressait de venir contempler et admirer l'expression de paix et de bonheur empreinte sur cette figure vénérée.
La famille avait fait bien souvent des instances auprès d'elle pour qu'elle consentît à faire peindre son portrait; mais elle avait toujours refusé en disant: "Si on veut absolument avoir mon portrait, on ne l'aura jamais qu'après ma mort." On décida donc d'essayer de reproduire les traits de la fondatrice, afin de les conserver pour sa communauté et pour les siens, et un de ses neveux se rendit dans ce but auprès de sa couche funèbre avec un peintre. Mais, à la grande surprise des personnes présentes, le visage de Mme d'Youville changea tout à coup et, malgré la célérité de l'artiste, il ne put réussir qu'à saisir une ressemblance imparfaite de la défunte.
Heureusement que le cœur n'oublie pas: aidé par les filles et les compagnes de la fondatrice, qui gardaient à jamais gravé dans leur mémoire le souvenir de leur mère bien-aimée, le peintre a pu laisser à la postérité un portrait suffisamment vrai pour satisfaire la famille de Mme d'Youville et ses compagnes.
Ce portrait, conservé avec amour et vénération dans la communauté, fait le bonheur de sa famille religieuse, et chaque génération de Sœurs Grises, passant devant cette image calme et souriante de leur fondatrice, est heureuse de contempler à son tour les traits de celle qui les a enfantées à la vie religieuse et dont le souvenir et les saints exemples les aident et les soutiennent dans l'âpre chemin qu'elles ont à parcourir.
Au moment où Mme d'Youville rendait le dernier soupir, il se produisit un fait extraordinaire…
pp. 150-151-152.
A suivre…
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MORT DE Mme D'YOUVILLE. — REGRETS DE SES FILLES. — SES FUNÉRAILLES. — FAIT MERVEILLEUX ARRIVÉ A SA MORT...
(suite)
Au moment où Mme d'Youville rendait le dernier soupir, il se produisit un fait extraordinaire, qui a toujours été regardé comme vraiment miraculeux par ceux qui en ont été les témoins.
Une lumière brillante, ayant la forme d'une croix, parut et resta suspendue pendant quelque temps au-dessus de l'Hôpital Général. Cette croix fut aperçue par plusieurs personnes, et quelques-unes, qui se trouvaient dans la rue Saint-Laurent, purent voir ce phénomène et l'attester ensuite.
M. Jean Delisle, savant très estimé pour ses vastes connaissances dans les sciences naturelles et surtout dans la physique, et que ses contemporains désignent comme " homme de lettres distingué, joignant à toutes les vertus sociales des connaissances profondes et étendues", fut l'instrument choisi par la Providence pour attester ce fait.
Et nul ne pouvait rendre de cette étrange apparition un témoignage plus autorisé, puisque sa science, éloignant tout soupçon de crédulité, donnait la garantie d'une appréciation calme, raisonnée et sincère.
Etonné à la vue de cette lumière, M. Delisle n'osa en croire ses yeux; il appela un de ses amis, et tous deux purent se convaincre qu'une croix lumineuse brillait au-dessus de l'Hôpital Général. Ignorant la mort de la fondatrice, le savant s'écria : " Ah ! quelle croix vont donc avoir les pauvres Sœurs Grises? Que va-t-il donc leur arriver?"
Les sœurs qui ont survécu à la mort de la Vénérable Mère d'Youville se rappelaient la visite faite chez elles par M. Delisle, le lendemain de la mort de leur mère, pendant laquelle il leur avait raconté ce qu'il avait vu et combien il avait été persuadé que cette croix était un fait miraculeux et tout à fait en dehors des explications scientifiques.
Dieu a maintes fois glorifié ses amis et ses saints par des faveurs extraordinaires du même genre…
pp. 152-153
A suivre…
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MORT DE Mme D'YOUVILLE. — REGRETS DE SES FILLES. — SES FUNÉRAILLES. — FAIT MERVEILLEUX ARRIVÉ A SA MORT….
(suite)
Dieu a maintes fois glorifié ses amis et ses saints par des faveurs extraordinaires du même genre. Souverain maître de la vie, de la mort et de toute la création, ne peut-il, quand bon lui semble, suspendre les lois qu'il a établies et manifester le mérite de ses serviteurs par des circonstances surnaturelles, des faits exceptionnels?
Saint Vincent de Paul ne vit-il pas, à la mort de sainte Jeanne de Chantal, un globe de feu monter au ciel et aller se fondre dans un globe plus gros et plus lumineux?
Une religieuse carmélite, sœur Catherine-Baptiste, vit, à la mort de sainte Thérèse, une étoile très brillante et d'une grandeur exceptionnelle apparaître au firmament.
Combien d'autres faits extraordinaires ne pourrions-nous pas citer, pour appuyer notre croyance dans l'apparition de la croix aperçue à Ville-Marie le soir de la mort de Mme d'Youville et qui semble un témoignage visible de la prédestination de la servante de Dieu?
Au point de vue de la foi, l'explication se présente d'elle-même; à l'heure où il rappelle à Lui cette sainte femme qui pendant toute sa vie a mis son espérance dans cette croix qui sauva le monde, répétant sans cesse dans ses épreuves et ses tribulations: " 0 crux, ave, spes unica !" c'est aussi par le signe rédempteur que Dieu voulut faire connaître la grandeur de cette humble vie et la force qui avait caractérisé cette grande amante de la croix.
La croix! Mme d'Youville l'a embrassée avec joie et amour, et la croix l'a suivie depuis son berceau jusqu'à la tombe, compagne inséparable de sa vie et de ses œuvres. Est-il étonnant qu'à son dernier soupir cette croix se soit levée sur son Institut pour rappeler à Ville-Marie, où s'étaient exercés son zèle et ses vertus, la glorieuse destinée réservée par Dieu à ceux qui l'aiment et le servent en esprit et en vérité?
Mme d'Youville était morte le 23 décembre: ses restes mortels avaient été exposés dans la salle de la communauté, où ses filles n'avaient cessé de venir pleurer et prier. Le 25 décembre, jour de Noël, elle fut portée dans l'église, et inhumée le 26, jour de la fête de saint Etienne.
"Sa haute réputation de mérites et de vertus," dit M. Sattin, "avait attiré un nombreux concours à ses funérailles. Les personnes les mieux placées de la ville assistèrent à ses obsèques, ainsi que plusieurs prêtres des environs."
Le service fut chanté par M. Montgolfier, supérieur du Séminaire, et le cercueil fut descendu par les pauvres dans un des caveaux de l'église de l'Hôpital Général....
pp. 153-154
à suivre : Table des matières.
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Re: Vie de la Vénérable Mère d'Youville (COMPLET)
CHAPITRE PREMIER.
LA FAMILLE DE Mme D'YOUVILLE. — SA NAISSANCE. — SON BAPTÊME. — LA MORT DE SON PÈRE.
CHAPITRE II.
DÉPART DE Mlle DUFROST POUR LE PENSIONNAT DES URSULINES. — SON SÉJOUR AU COUVENT. — SA PREMIÈRE COMMUNION.
CHAPITRE III.
RETOUR DE Mlle DE LA JEMMERAIS AU MANOIR PATERNEL. — ÉPREUVE CAUSÉE PAR LE SECOND MARIAGE DE SA MÈRE. — SES FIANÇAILLES AVEC M. D'YOUVILLE.
CHAPITRE V.
MARIAGE DE Mlle DUFROST — ELLE QUITTE VARENNES. — SON SÉJOUR CHEZ SA BELLE-MÈRE. — ELLE DEVIENT VEUVE.
CHAPITRE VI.
Mme D'YOUVILLE SE DÉVOUE DE PLUS EN PLUS AUX BONNES ŒUVRES. — ELLE VISITE LES PAUVRES ET LES PRISONNIERS. — ELLE S'ASSOCIE TROIS COMPAGNES ET JETTE LES FONDEMENTS DE SON INSTITUT.
CHAPITRE VII.
Mme D'YOUVILLE REMPLACE LES FRERES HOSPITALIERS.— ELLE RELEVE L'HOPITAL GENERAL PRET A DISPARAITRE. — DES LETTRES-PATENTES DU ROI LA CONFIRMENT DANS LA DIRECTION DE CETTE MAISON. — ELLE LA REORGANISE. — ELLE Y ABRITE TOUTES LES MISERES.
CHAPITRE VIII.
Mme D'YOUVILLE REÇOIT LES RÈGLES POUR LE GOUVERNEMENT DE SA COMMUNAUTÉ — ELLE L'ASSEOIT SUR DES BASES SOLIDES. — SON APPROBATION ET SON DÉVELOPPEMENT.
CHAPITRE IX.
Mme D'YOUVILLE REÇOIT LES PRISONNIERS DE GUERRE. — ELLE FAIT FAIRE UN GRAND MUR POUR ENTOURER SA PROPRIÉTÉ. — ELLE ATTIRE CHEZ ELLE UN PLUS GRAND NOMBRE DE DAMES PENSIONNAIRES ET, PAR TOUTES SORTES DE TRAVAUX, ASSURE LA VIE ET LE BIEN-ÊTRE À SES PAUVRES.
CHAPITRE X.
Mme D'YOUVILLE EXERCE SA CHARITE EN DEHORS DE SON HÔPITAL.— ELLE VISITE LES PAUVRES A DOMICILE.— ELLE ADOPTE LES ENFANTS TROUVÉS.
CHAPITRE XI.
CESSION DU CANADA A L'ANGLETERRE. — Mme D'YOUVILLE COMPLÈTE LES RESSOURCES DE SA MAISON EN ACHETANT LA SEIGNEURIE DE CHÂTEAUGUAY. — GRAND INCENDIE DE L’HÔPITAL GÉNÉRAL. — ELLE LE REBÂTIT. — ELLE FAIT DES TRAVAUX CONSIDÉRABLES A CHÂTEAUGUAY.
CHAPITRE XII.
MORT DE Mme- D'YOUVILLE. — REGRETS DE SES FILLES. — SES FUNÉRAILLES. — FAIT MERVEILLEUX ARRIVÉ A SA MORT…
FIN.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
- Nombre de messages : 17607
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de la Vénérable Mère d'Youville (COMPLET)
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Merci Louis pour cet excellent dossier sur la Vénérable
Mère Marie-Marguerite-de-la-Jemmerais d'Youville.
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Merci Louis pour cet excellent dossier sur la Vénérable
Mère Marie-Marguerite-de-la-Jemmerais d'Youville.
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ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
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