Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.

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Message  Louis Dim 12 Aoû 2012, 6:55 am

III. Après la mort de sa mère,
elle s’applique à l'éducation d'un frère et d'une sœur,
et aux soins du ménage.


La jeune Marguerite, qui semblait préluder ainsi à l'exercice du zèle par ses entretiens avec cette petite troupe d'âmes innocentes, se vit bientôt, par la mort de sa mère, qui arriva peu après, obligée de l'exercer réellement dans sa propre maison. Son père, voyant dans Marguerite une gravité et une prudence de beaucoup supérieures à son âge, accompagnées d'une grande piété, lui confia l'éducation de ses deux plus jeunes enfants et la chargea encore des détails et de la conduite du ménage (1).

Nous ne savons rien des vertus qu'elle pratiqua dans l'emploi laborieux qu'elle eut alors à remplir. Mais si sa modestie lui a fait taire tout ce qui aurait pu tourner à sa louange, son humilité sincère l'a souvent portée à s'accuser, avec douleur, des fautes de vanité et de légèreté qu'elle croyait avoir commises à cette époque de sa vie. Fidèle aux pratiques ordinaires de la piété, elle ne souffrait pas qu'il y eût rien d'affecté ou d'immodeste dans sa parure; toutefois en y gardant les règles de la décence, elle ne se faisait pas scrupule de mettre quelque rechercher dans ses ajustements, pour ne pas paraître inférieure aux filles de sa condition et de son âge (2).

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(1) Vie de la même, par M. Ransonet, p. 15. — Vie de la même, 1818, p. 36
(2)Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 37. — Vie de la même par M. Ransonet, 1818, p. 36


A suivre : IV. Établissement de la congrégation externe à Troyes.

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Message  Louis Lun 13 Aoû 2012, 8:37 am

IV. Établissement de la congrégation externe à Troyes.


Les religieuses de la congrégation de Notre-Dame, de l'institution du Père Fourrier, particulièrement vouées à la sanctification des jeunes filles, et établies à Troyes en 1628, sous l'épiscopat de M. René de Breslay (1), avaient donné commencement à leur congrégation externe. C'était une pieuse association de jeunes personnes qui, sans contracter aucun engagement de conscience, s'assemblaient les jours de fêtes et de dimanches pour vaquer à certaines pratiques de religion, et s'employaient quelquefois à exercer diverses fonctions de charité et de zèle. La congrégation externe ne fut pas plutôt établie à Troyes, que plusieurs jeunes personnes, en petit nombre d'abord, y entrèrent comme à l'envie, et soutenues les unes les autres par leurs exemples édifiants et leur ferveur mutuelle (2), elles s'efforcèrent de se conformer dans leur extérieur aux règles de la plus austère simplicité. Une vie si exemplaire semblait être la censure de toutes les jeunes filles qui n'avaient pas le courage de l'imiter; aussi ne manqua-t-on pas de taxer les congréganistes de singularité, et bientôt on leur donna dans la ville de Troyes la qualification odieuse de bigotes (3).

Ces vertueuses filles estimaient et aimaient la jeune Marguerite, et désiraient vivement de l'attirer à elles, persuadées que son exemple déterminerait un grand nombre de jeunes personnes à entrer à leur tour dans la congrégation. Elles l'invitèrent donc, elles la pressèrent avec instance, et firent tout ce quelles purent pour la gagner. Mais Marguerite n'osait se résoudre à faire cette démarche. Elle n'aurait pas voulu conserver dans la congrégation les parures auxquelles on renonçait en y entrant. Toutefois la crainte de passer aussi pour bigote la retint pendant plusieurs années (1), et elle persévéra dans ces sentiments jusqu'à l'âge de vingt ans et demi, où enfin la très-sainte Vierge, à qui cette âme de choix avait été spécialement confiée, daigna faire un merveilleux changement en elle à l'occasion que nous allons dire.

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(1) Gallia Christiana, t. XII, col. 521.
(2) La conduit de la Providence dans l’établissement de la Congrégation. Toul , in-4º, p. 186.
(3) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653 ; manuscrit de la bibliothèque Mazarine.
(1) Histoire du Montréal, ibid.

A suivre : V. Faveur extraordinaire qu’elle reçoit…

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Message  Louis Mar 14 Aoû 2012, 6:49 am

V. Faveur extraordinaire qu’elle reçoit
à la vue d’une statue de la très-sainte Vierge.


Le premier dimanche d'octobre 1640, où les Dominicains célébraient la fête de Notre-Dame du Rosaire, elle eut la dévotion d'assister à la procession solennelle qui se faisait ce jour-là, soit que déjà elle eut été reçue dans cette confrérie, soit qu'elle fût portée à se mettre dans les rangs par un mouvement secret de la grâce qui voulait dans cette occasion parler à son cœur. C'était le 7 octobre (2), deux mois, jour pour jour, depuis que les associés de Montréal s'étaient engagés à établir une communauté de filles destinées à élever les enfants dans la colonie (3).

Après donc que la jeune Marguerite se fut mise dans les rangs, la procession vint à passer, selon l'usage, devant le portail de l'abbaye des religieuses de Notre-Dame-aux-Nonnains, dont le monastère était contigu au couvent des religieux de Saint-Dominique. Sur ce portail, connu dans les anciennes chroniques sous le nom de Beau-Portail (1), se trouvait une statue de pierre qui représentait la-Mère de DIEU (2). Marguerite l'avait déjà considérée sans doute: mais ce jour-là, arrivée devant le portail, et levant les yeux pour regarder la statue: dans ce moment elle lui paraît être d'une beauté ravissante et toute céleste. En même temps son esprit est éclairé tout à coup d'une lumière intérieure qui lui découvre le néant de toutes les choses du monde, et son cœur est pénétré pour DIEU de l'amour le plus pur. «Enfin je me trouvai alors si touchée et si changée, écrit-elle elle-même, que je ne me reconnaissais pas (3). »

Jamais peut-être, ces paroles du Cantique, que l'âme fidèle, dans l'ivresse du saint amour, adresse à Marie : Vous avez blessé mon cœur, ô ma sœur, vous avez blessé mon cœur par un seul regard de vos yeux (4), ne furent plus littéralement ni plus parfaitement accomplies que dans cette circonstance. Car ce rayon de grâce que la très-sainte Vierge laissa tomber sur la jeune Marguerite fut comme un trait pénétrant qui porta dans son cœur l'amour le plus ardent envers Marie, et le remplit pour elle des sentiments les plus vifs de tendresse, de confiance et d'abandon.

________________________________________________________

(2) L'Art de vérifier les dates, année 1640.
(3) Actes de Gourdon, notaire à Vienne, 7 août 1640.
(1) Sceau de l’Abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes, par M. l’abbé Coffinet ; Paris, 1852, in-8º , p. 24 et 25.
(2) Album pittoresque et monumental du département de l’Aube — Vue de l’église abbatiale de Notre-Dame et paroissial de Saint-Jacques, 1852, par M. Ch. Fichot.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(4) Cantique des Cantiques, chap. IV, V. 9.
A suivre : VI. Effets sensibles que cette faveur produit dans Mlle Bourgeoys.

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Message  Louis Mer 15 Aoû 2012, 6:17 am

VI. Effets sensibles que cette faveur produit dans Mlle Bourgeoys.


Cette grâce si abondante lui ayant été donnée principalement en vue d'attirer à DIEU un grand nombre d'âmes, rejaillit aussitôt d'une manière sensible dans toute sa personne. Elle parut surtout dans l'expression de son visage, qui sembla dès ce moment être une image touchante de la modestie de Marie, de son humilité et de sa douceur. Toutes les personnes qui connaissaient Marguerite ne purent s'empêcher d'être frappées d'un changement si subit et si extraordinaire.

« Après la touche que j'avais eue à la vue de cette sainte image, écrit-elle, retournant à la maison si touchée et si changée, cela paraissait à tous: chacun sachant bien que jusque alors j'avais été fort légère et la bienvenue avec les autres filles. Mais dès ce moment je quittai tous mes petits amusements, et me retirai d'avec le monde pour me donner au service de DIEU (1). »

Ne connaissant rien de plus condamnable dans elle, qu'une trop grande recherche dans les habits et le désir de paraître pour s'attirer l'estime, elle ne voulut plus porter, et ne porta plus en effet clans la suite, que des vêtements très-simples de couleur brune ou noire, sans soie ni autres ornements superflus (1), et se voua dès lors avec une ferveur toujours plus grande aux humiliations dont nous verrons qu'elle fut insatiable tout le reste de sa vie.

Enfin, immédiatement après la faveur dont nous venons de parler, sa première démarche fut d'aller se jeter aux pieds de M. Dégorais, grand pénitencier de la cathédrale de Troyes, et de lui faire une confession (2) extraordinaire, en détestant dans l'amertume de son cœur et en s'efforçant d'expier, par ses larmes et sa componction vive et véhémente, les fautes de légèreté et de vanité, dont elle ne cessa de gémir et de s'accuser depuis.

______________________________________________________
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 38. — Vie de la même, par M. Ransonet, p. 16-17.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : VII. Mlle Bourgeoys est reçue dans la congrégation externe.

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Message  Louis Jeu 16 Aoû 2012, 6:27 am

VII. Mlle Bourgeoys est reçue dans la congrégation externe.


Pour donner un nouvel aliment à sa ferveur, elle eut alors le désir de se joindre aux pieuses congréganistes externes. Cependant avant de demander entrée dans leur société, cette fille sage et prudente examina d'abord la conduite et l'esprit qui les animaient; et ayant bientôt remarqué en elles une vertu aussi solide qu'elle était exemplaire, elle demanda d'être reçue elle-même dans leur congrégation (3). Elles l'accueillirent avec une satisfaction proportionnée aux vœux qu'elles avaient faits pour la posséder parmi elles, et à la joie que leur avait fait éprouver son généreux changement. Mais elles ne tardèrent pas à s'apercevoir que dans la réception d'une telle compagne, tout l'avantage était de leur coté.

Dès son début, la sœur Marguerite, car c'est ainsi qu'on la désigna depuis dans la congrégation (1), fut un modèle de perfection digne d'être proposé à toutes les autres congréganistes, et qui excita parmi elles une sainte émulation de ferveur. Elle était partout où il y avait quelque action de dévouement à pratiquer, toujours prête à entreprendre toutes sortes de bonnes œuvres; et elle s'y appliquait avec une ardeur d'autant plus entraînante pour ses compagnes, que ce saint zèle prenait sa source dans son union intérieure avec la Mère de DIEU , qui semblait résider dans elle, pour les attirer toutes à l'odeur de ses vertus dans les voies de la perfection.

______________________________________________
(3) [Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson ,de 1652 à 1653.
(1) Ibid.

A suivre : VIII. Son union aux dispositions intérieures de la très-sainte Vierge…


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Message  Louis Ven 17 Aoû 2012, 9:06 am

VIII. Son union aux dispositions intérieures de la très-sainte Vierge.
Elle est élue préfète de la congrégation.


Depuis le moment où elle se sentit si vivement touchée à la vue de l'image de Marie, son attrait dominant, ou plutôt l'occupation habituelle de son esprit et de son cœur, était en effet de s'unir aux dispositions très-saintes et très-parfaites dont cette divine Mère avait animé ses actions lorsqu'elle était sur la terre. Pratique sanctifiante, à laquelle elle fut constamment fidèle tout le reste de ses jours, et qu'elle laissa aux vierges chrétiennes dont elle devint dans la suite l'institutrice et la mère, comme la base et le fondement de toute la perfection de leur société (1).

Aussi l'édification qu'elle répandit dans la congrégation externe lui gagna si parfaitement les cœurs de toutes ses compagnes, et lui concilia à un si haut degré leur confiance et leur vénération, qu'aux premières élections qui eurent lieu depuis son entrée, elle fut choisie pour occuper la charge principale, celle de préfète.

Enfin, ce qui montre le grand éclat que sa vertu toujours soutenue jetait parmi ces saintes filles, elle fut continuée toujours dans cette même charge jusqu'à son départ pour le Canada, c'est-à-dire l'espace d'environ douze ans, ce qui avait été jusque alors sans exemple (2).

___________________________________________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 41.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson , ibid.
A suivre : IX. La sœur Marguerite Bourgeoys se met sous la conduite de M. Jendret.

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Message  Louis Sam 18 Aoû 2012, 6:34 am

IX. La sœur Marguerite Bourgeoys se met sous la conduite de M. Jendret.


Celle des congréganistes externes qui l'avait occupée avant elle, et qui était une fille de vertu et de bon sens, frappée comme les autres de la ferveur de la sœur Marguerite, jugea qu'une âme qui semblait plutôt voler que marcher dans les voies de la perfection, avait besoin d'un guide sûr et expérimenté. Elle l'engagea donc à se mettre sous la direction d'un ecclésiastique très-éclairé dans les voies de DIEU, M. Jendret (3), qui était alors directeur des carmélites du Faubourg (*). Ce saint prêtre, à qui elle se fit connaître entièrement, voyant en elle une vertu généreuse et à toute épreuve, un amour extraordinaire pour les pratiques les plus austères de la pénitence, ne douta pas que la très-sainte Vierge, l'instrument d'un changement si admirable, n'eut sur elle des desseins particuliers. Il jugea que sa pénitente n'était pas destinée à vivre dans le monde, et que probablement DIEU l'appelait à entretenir le feu sacré de la ferveur dans quelque communauté spécialement vouée à Marie. Comme il portait un vif intérêt à l'institut des carmélites, dont la réforme jetait alors un grand éclat dans toute la France, il désira de procurer à la maison du Faubourg un trésor si précieux ; et après avoir éprouvé quelque temps sa pénitente, il se détermina à lui proposer enfin d'entrer dans cette communauté (1).

(*) Ces religieuses avaient à Troyes deux maisons de leur institut, l'une établie en 1620, appelée de l'Incarnation ; l'autre en 1630, dite du Faubourg (1).

(1) Gallia Christiana , t. XII, col. 521.
___________________________________________________

(3) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.

A suivre : X. La sœur Marguerite Bourgeoys se présente chez les carmélites…


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Message  Louis Dim 19 Aoû 2012, 6:44 am

X. La sœur Marguerite Bourgeoys se présente chez les carmélites,
puis chez les clarisses, qui refusent de la recevoir.


La fin de cet institut, destiné à honorer la très-sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame du Mont-Carmel, et la vie très-austère dont on y fait profession, avaient trop de conformité avec les attraits qu'éprouvait alors la sœur Marguerite, pour qu'elle pût se refuser à une proposition semblable, qui lui était faite d'ailleurs par celui à qui elle avait confié le soin de sa sanctification. Elle y acquiesça donc avec joie, et ressentit même un grand désir de se consacrer pour toujours, dans cet ordre, au culte de Marie. Son père, à qui elle ne tarda pas à faire part de son dessein, ne put s'empêcher d'être sensible à la privation d'une fille qu'il aimait très-tendrement, et dans laquelle il s'était plu à considérer jusque alors l'appui et la consolation de sa vieillesse.

Néanmoins comme l'affection qu'il lui portait était une affection chrétienne, et que d'ailleurs il ne pouvait rien refuser à sa fille, dont il admirait et vénérait lui-même la vertu, il ne mit point d'obstacle à son dessein, et promit de faire tous ses efforts pour fournir à la communauté la dot qu'on avait coutume d'exiger (1).

M. Jendret proposa donc sa pénitente aux carmélites. Mais le Carmel n'était pas l'ordre où DIEU voulait qu'elle le servît. Il l'avait choisie pour être elle-même la fondatrice et la mère d'un institut de vierges, destiné à honorer sa très-sainte Mère d'une manière nouvelle, et a la faire aussi honorer dans la ville qui devait être bâtie à sa gloire dans la Nouvelle-France, et porter pour cela le nom de Villemarie. C'est pourquoi, comme il agit à son gré sur les cœurs et sur les volontés pour arriver à ses fins, il disposa de telle sorte les esprits des religieuses carmélites, qu'elles refusèrent de la recevoir (1). Nous ignorons quels furent les motifs de ce refus : peut-être le changement subit qu'on avait remarqué dans la jeune postulante, et dont on ignorait la cause véritable, fit-il soupçonner quelque légèreté dans le désir qu'elle témoignait d'embrasser un institut si austère, et douter si cette grande ferveur serait de durée (2).

Quoi qu'il en soit, se voyant refusée par les carmélites, et ne connaissant pas encore les desseins de DIEU sur elle, son zèle ardent pour la perfection et son grand amour pour la pénitence, lui firent penser alors que peut- être l'ordre austère des clarisses était celui auquel elle était appelée. M. Jendret, qui ignorait aussi de son côté les vues de DIEU sur elle, approuva apparemment ce désir, et l'autorisa à se présenter chez ces religieuses. Mais cette demande n'eut d'autre effet que de faire trouver à Marguerite une nouvelle occasion de mérite, dans l'humiliation qu'elle sembla lui attirer encore ici, par le refus qu'on fit de la recevoir (3).

____________________________________________________

(l) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818 , p. 39.
(3) lbid, p. 42. Vie par M. Ransonet, p. 19-20.

A suivre: XI. La sœur Bourgeoys se lie au service de Dieu…


Dernière édition par Louis le Lun 20 Aoû 2012, 3:30 pm, édité 1 fois

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Message  Louis Lun 20 Aoû 2012, 6:36 am

XI. La sœur Bourgeoys se lie au service de Dieu
dans le monde par le vœu de et de pauvreté.


Croyant alors que DIEU voulait qu'elle pratiquât au milieu du monde la vie parfaite à laquelle elle se sentait si fortement attirée, elle eut le désir de s'attacher irrévocablement au service de DIEU par les vœux perpétuels de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. M. Jendret cependant, quoiqu'il ne doutât pas de la solidité de sa vertu, ne jugea pas à propos de lui permettre d'exécuter aussitôt ce dessein. Pour éprouver son humilité, il lui répondit qu'elle ne devait pas penser à contracter de pareils engagements dans le monde, avant d'avoir atteint l'âge de trente ans (1). Elle n'en avait alors que vingt-deux. Comme le désir de la sœur Marguerite lui était inspiré de DIEU et qu'il était calme et paisible, elle se soumit aussitôt et aveuglément à la réponse de son directeur. Une déférence si prompte et si humble devait être pour celui-ci un trait de lumière bien propre à le déterminer sur le parti qu'il avait à prendre. Touché en effet de l'humilité de sa pénitente, autant qu'il était surpris des merveilleuses opérations de DIEU en elle, il lui permit peu après de prononcer d'abord le vœu de chasteté perpétuelle, ce qu'elle fit avec toute la ferveur possible (2), le jour de saint Thomas, apôtre, 21 décembre 1643 (3), dans la vingt-troisième année de son âge. Depuis ce jour et jusqu'à la fin de sa vie, elle regarda l’engagement qu'il lui fut donné de contracter alors, comme une des grâces les plus signalées qu'elle eût reçues de DIEU, et comme l'époque de sa consécration parfaite à son service.

Vers la fin de sa vie, rendant compte de la conduite de DIEU sur elle, elle écrivait en rappelant cette circonstance :

« Je me suis donnée à DIEU en 1640 ; et quelques années après, dans le premier dessein que sa bonté m'avait donné pour son service, j'ai fait mon vœu de chasteté par l'avis de mon confesseur, avec intention de faire les deux autres quand j'en aurais la permission. Peu après, j'ai fait aussi le vœu de pauvreté; et j'ai prononcé ces deux vœux avec tout le zèle et toute la perfection qui m'étaient possibles, et avec résolution de les garder toute ma vie (1).»

___________________________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 18 -19. — Vie de 1818, p. 42.
(2) Vie de 1818,p.42-43.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Écrits autographes etc.

A suivre : XII. M. Jendret juge que la sœur Bourgeoys est appelée à honorer la vie de la très-sainte Vierge dans un nouvel institut.

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Message  Louis Mar 21 Aoû 2012, 5:45 am

XII. M. Jendret juge que la sœur Bourgeoys est appelée
à honorer la vie de la très-sainte Vierge dans un nouvel institut.


Cette circonstance fut en effet l'occasion dont la bonté divine sembla se servir pour faire entrevoir déjà le dessein qu'elle avait sur la sœur Marguerite, selon l'expression dont elle-même se sert ici. Car M. Jendret, frappé du peu de succès des démarches qu'elle avait faites pour entrer en religion, et connaissant par une heureuse expérience le zèle et le talent incomparables que DIEU lui avait donnés pour l'instruction et le salut, des jeunes filles et dont il voyait tous les jours les plus consolants résultats; assuré d'ailleurs de la solidité et de la générosité de sa vertu, disposée à tout entreprendre pour la gloire de Dieu : il jugea qu'il seconderait les vues de la divine Providence sur elle, s'il pouvait la fixer à cet emploi, en lui associant quelques jeunes personnes de vertu, qu'on pourrait trouver aisément dans la congrégation externe dont elle était préfète. Enfin, l'attrait qu'elle avait toujours ressenti depuis qu'elle s'était donnée au service de DIEU, pour honorer la vie et les vertus de la très-sainte Vierge, et pour s'unir à ses dispositions intérieures dans ses actions, fit croire à ce saint prêtre qu'elle était en effet destinée à l'honorer d'une manière propre et spéciale.

Il conçut donc le projet d'un nouvel institut conforme à cet attrait, et fit part de son projet à Marguerite.

«Ce bon père, rapporte-t-elle elle-même, me parla un jour du dessein de faire une communauté pour honorer l'état de la sainte Vierge dans sa vie voyagère. Des trois états de filles que NOTRE-SEIGNEUR a laissés après sa résurrection pour suivre et servir l'Église, me dit-il, je ne trouve que celui de sainte Madeleine et celui de sainte Marthe qui soient remplis (1). L'état de sainte Madeleine est rempli par les carmélites et les autres recluses; celui de sainte Marthe, par les religieuses cloîtrées qui servent le prochain ; mais celui de la vie voyagère de la sainte Vierge ne l'est pas, et c'est celui qu'il faut honorer. Il ajouta que, (sans clôture), sans voile, ni guimpe, on serait vraiment religieuse; ce qui m'était bien agréable; car j'avais pitié des filles qui, faute de bien, ne pouvaient s'établir au service de DIEU (1). »

_______________________________________________________________

(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson, 1695.

A suivre : XIII. M. Jendret compose des règles pour le nouvel institut dont il fait un essai.

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Message  Louis Mer 22 Aoû 2012, 6:38 am

XIII. M. Jendret compose des règles pour le nouvel institut dont il fait un essai.


Pour s'assurer cependant de la volonté divine touchant ce dessein, M. Jendret le communiqua à M. le théologal de la cathédrale de Troyes, qui ne balança pas à l'approuver; et l'un et l'autre s'étant joints ensemble, ils composèrent pour ce nouvel institut des règles d'une grande perfection. Mais, trop défiants de leurs propres vues pour oser ne s'en rapporter qu'à eux-mêmes, ils désirèrent de soumettre ces règles à des personnes éclairées, et les firent présenter à plusieurs docteurs de Sorbonne par M. le théologal de Notre-Dame de Paris. Ces docteurs les ayant approuvées (2), comme très-propres à procurer la gloire de DIEU et la sanctification des âmes, M. Jendret résolut de les mettre enfin à exécution, d'abord par manière d'essai. Les religieuses de la congrégation de Notre-Dame applaudirent à ce dessein, dans l'espérance qu'il contribuerait à assurer la sanctification et la persévérance de leurs élèves dans le monde ; et une pieuse veuve, Mme de Chuly, sœur de Mme de Chomedey, celle des religieuses de la congrégation qui était chargée de la direction des congréganistes externes, offrit, pour commencer cet essai, un appartement dans sa maison à Troyes (1).

Tout étant ainsi disposé, M. Jendret communiqua son dessein au père de Marguerite, et ce vertueux père, toujours prêt à seconder les pieuses intentions de sa fille, se confiant d'ailleurs pleinement à la sagesse et à la prudence de M. Jendret, consentit à tout, dans l'espérance de contribuer de sa part, par ce sacrifice, à procurer la gloire de Dieu. « Mon père, écrit la sœur, me donna au bon M. Jendret, pour disposer de moi hors de notre maison (2) ».

Enfin deux autres vertueuses filles furent associées à Marguerite, et toutes trois commencèrent l'essai de ce nouveau genre de vie (3). Elles s'appliquèrent donc à l'instruction et à la sanctification des jeunes filles, se proposant pour modèle la charité que la très-sainte Vierge avait montrée pour le salut des âmes, en aidant les Apôtres par la ferveur de ses prières, la perfection de ses exemples et la sainteté de ses conversations, dans le temps qu'elle passa sur la terre après l'Ascension du Sauveur.

_______________________________________________________

(2) Ibid. Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet,p. 22.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.

A suivre : XIV. Trait de courage de la sœur Bourgeoys…

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Message  Louis Jeu 23 Aoû 2012, 6:24 am

XIV. Trait de courage de la sœur Bourgeoys.
L'essai du nouvel Institut ne réussit pas.


La sœur Marguerite, surtout, fit paraître dans l'exercice de ce ministère de charité, une sagesse et une adresse vraiment étonnantes, et déploya un zèle magnanime pour protéger la vertu des filles pieuses qui lui semblaient être plus exposées. La supérieure de la congrégation de Troyes rapportait dans une de ses lettres un trait de courage bien remarquable. Un jour, de jeunes libertins entraînaient de force une honnête fille. La sœur Marguerite, informée de cette action audacieuse, prend à l'instant un crucifix en main, et court après les ravisseurs, qu'elle atteint bientôt. Sans craindre les menaces qu'ils lui faisaient de décharger sur elle un pistolet prêt à être tiré : « Malheureux ! leur dit-elle en leur montrant le crucifix ; c'est JESUS-CHRIST que vous attaquez dans ses membres. Sachez que tôt ou tard il se vengera de votre sacrilège témérité. » Effrayés de ces menaces, ils se retirent confus, et laissent en liberté la jeune personne, qui court à l'instant se précipiter avec transport dans les bras de sa libératrice. Cette fille fut, dit-on, Mlle Crolo, qui s'attacha dès cet instant à la sœur Marguerite, et la suivit quelques années plus tard, en Canada (1), comme nous le raconterons dans le livre suivant.

Mais la suite montra bientôt que le dessein conçu par M. Jendret n'avait été qu'un simple moyen ménagé par la Providence pour faire discerner dans la suite sa volonté sur la sœur Marguerite, et donner plus de confiance aux personnes qui seraient chargées de prononcer sur sa vocation si extraordinaire pour le Canada. L'essai dont nous parlons ne fut pas en effet de longue durée, malgré les heureux commencements qu'il avait eus. Car l'une des deux compagnes de la sœur étant venue à mourir, et l'autre ayant pris parti ailleurs (1), M. Jendret se vit contraint l'abandonner son projet et de conseiller à la sœur Marguerite de reprendre ses premières occupations de simple congréganiste, en attendant qu'il plut à DIEU de leur manifester plus clairement ses desseins.

______________________________________________

(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 23-24. — Vie de la même, 1818, p.44.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.Lettre de la sœur à M. Tronson.

A suivre : XV. La sœur Bourgeoys perd son père…

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Message  Louis Ven 24 Aoû 2012, 6:55 am

XV. La sœur Bourgeoys perd son père, et se retire
auprès de Mmede Chuly. DIEU la console.


Dans le même temps, DIEU imposa à cette âme généreuse un nouveau sacrifice qui coûta beaucoup à sa sensibilité, mais qui dut attirer de nouvelles grâces sur elle par les dispositions saintes dont elle l'accompagna : ce fut la perte qu'elle fit alors de son père (2).

Après l'avoir assisté dans sa maladie et l'avoir disposé à la mort, avec tous les soins et la tendresse qu'on peut imaginer de la part d'une telle fille, elle eut encore le courage et la charité de l'ensevelir elle-même de ses propres mains. Comme si cette action de piété filiale eût augmenté en elle son ardente charité pour le prochain, elle commença, dès ce jour, à joindre aux autres bonnes œuvres dont elle avait fait profession jusque alors, la pratique chrétienne d'ensevelir les morts, et l'exerça le reste de sa vie dans toutes les occasions qui se présentèrent, sans qu'elle se refusât jamais à cette œuvre de miséricorde (1).

Enfin, ayant rendu à son père tous les devoirs de la piété filiale, elle revint chez Mme de Chuly occuper de nouveau l'appartement qu'elle avait quitté, et elle y demeura jusqu'à son départ pour la Nouvelle-France, qui eut lieu peu après, comme nous le raconterons au chapitre suivant (2).

Après qu'elle eut perdu son père, et que, par la rupture de la petite société formée par M. Jendret, elle se voyait dans l'incertitude de sa vocation, DIEU sembla vouloir la dédommager abondamment de toutes ces diverses épreuves. Il se plut alors à l'inonder pendant plusieurs mois des plus ineffables consolations. Chaque fois qu'elle s'approchait de la sainte table, le feu sacré qui embrasait son âme rejaillissant sur ses sens extérieurs, elle avait peine à modérer les impressions sensibles de cette sainte ardeur (3), comme nous le lisons de plusieurs grandes servantes de DIEU, entre autres de la mère Agnès de Jésus, obligée alors d'entr'ouvrir sa robe et même de mettre sur sa poitrine des serviettes mouillées pour se donner quelque soulagement (1)

___________________________________________________________

(2) Ecrits autographes de la soeur Bourgeoys.
(1)Vie de la sœur Bourgeoys, 1818 , p. 43.
(2) Ecrits autographes de la soeur Bourgeoys.
(3) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 26. — Vie de la même 1818,p. 45.
(1) Vie de la mère Agnès de Jésus, par M. de Lantages.

A suivre : XVI. NOTRE-SEIGNEUR se montre à la sœur Bourgeoys…

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Message  Louis Sam 25 Aoû 2012, 8:11 am

XVI. NOTRE-SEIGNEUR se montre à la sœur Bourgeoys sous la forme d'un petit enfant.


Mais une faveur plus extraordinaire encore, et qui enivra la sœur Marguerite des plus ravissantes consolations, ce fut une apparition sensible de NOTRE-SEIGNEUR dans la sainte Eucharistie, sous la forme d'un enfant, comme de l'âge de trois ans et d'une beauté incomparable, grâce dont la mère Agnès avait aussi été honorée. L'année 1650, le jour même de l'Assomption de Marie, car il semblait que DIEU, pour l'attacher de plus en plus à sa divine mère, se plût à choisir les jours de ses fêtes pour la combler de ses plus précieuses faveurs; le jour donc de l'Assomption, fête principale de la congrégation externe, le très-saint sacrement étant exposé selon l'usage, elle fut désignée pour rester en adoration en sa présence pendant la procession qu'on faisait ce jour-là.

Après avoir demeuré quelque temps humblement prosternée devant NOTRE-SEIGNEUR , plus encore de cœur et d'esprit que de corps, elle se sentit portée à lever les yeux vers la sainte hostie et dans ce moment elle aperçut la merveille dont nous parlons. Il n'est pas donné au langage humain d'exprimer les opérations de DIEU dans les âmes, lorsqu'il daigne les favoriser ainsi de visions célestes. Tout ce que nous pouvons dire de celle que reçut la sœur Marguerite dans cette occasion, c'est que la vue de la beauté ravissante de l'enfant JESUS, en lui faisant éprouver les impressions les plus douces et les plus ineffables du saint amour, lui inspira en même temps un tel dégoût pour les beautés trompeuses et corruptibles de la terre, que, quoique déjà elle fût remplie pour elles d'un souverain mépris, dès ce moment elle ne vit plus dans leurs attraits que des pièges de Satan, et des amorces empoisonnées du péché (1).

Enfin, comme ferait un ange du ciel s'il venait sur la terre habiter dans un corps mortel, elle n'usa plus désormais qu'avec contrainte et dégoût des choses les plus nécessaires à la vie; et c'était précisément la disposition où DIEU voulait, par une si insigne faveur, faire entrer cette grande âme, pour la rendre capable d'exécuter les desseins qu'il allait lui manifester en l'appelant au Canada.

________________________________________________

(1)Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 26. — Vie de la même, 1818, p.45.

A suivre : Chapitre II. Dieu fait connaître à la sœur Bourgeoys…

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Message  Louis Dim 26 Aoû 2012, 7:04 am

CHAPITRE II

DIEU FAIT CONNAITRE À LA SOEUR BOURGEOYS

QU'ELLE EST APPELEE

A EXERCER SON ZÈLE A VILLEMARIE.


I. En 1641, les religieuses de la congrégation de Troyes
supplient M. de Maisonneuve d'emmener quelques-unes d'elles à Villemarie.
On a vu dans l'Introduction qu'en 1641, lorsque la compagnie de Montréal résolut de fonder Villemarie, elle offrit la conduite de cette entreprise à M. Paul de Chomedey de Maisonneuve, qui l'accepta avec joie, dans la vue de sacrifier sa vie à la gloire de la Mère de DIEU. Ce gentilhomme, qui appartenait à l'une des meilleures familles de Champagne, se rendit à Troyes avant l'embarquement, pour prendre congé de ses parents, et surtout pour recommander à leurs prières le succès d'une entreprise si périlleuse. Il avait dans cette ville une sœur, religieuse de la congrégation, Mme de Chomedey dont nous avons parlé, connue en religion sous le nom de sœur Louise de Sainte-Marie (1).

Cette religieuse, qui éprouvait, comme autrefois sainte Thérèse, un ardent désir d'aller porter la foi aux gentils et de mériter parmi eux la gloire du martyre, avait à peine eu connaissance du dessein de Montréal, qu'elle s'était sentie touchée d'une compassion particulière pour les sauvages de la Nouvelle-France.

Mais apprenant de la bouche de son propre frère sa nomination à la charge de gouverneur de cette nouvelle colonie, qui était destinée à faire honorer la Mère de DIEU , et où l'on devait établir une communauté de filles, vouées à l'instruction et à la sanctification du prochain , elle crut que la Providence avait ménagé un si heureux événement pour lui donner à elle-même l'occasion d'aller exercer son zèle à Villemarie. Elle n'eut donc rien de plus pressé que de le conjurer d'emmener avec lui trois ou quatre religieuses de la congrégation ; et toutes les autres religieuses de cette communauté, entrant dans le même zèle, lui firent à leur tour la même demande (1).

________________________________________________________________

(1) La conduite de la Providence dans l’établissement de la congrégation. Toul, 1732, in-4º, t. II, p. 186.

(1) Ibid. p. 198.

A suivre : II. M. de Maisonneuve avait refusé leurs services…


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Message  Louis Lun 27 Aoû 2012, 6:22 am

II. M. de Maisonneuve avait refusé leurs services,
en leur faisant cependant des promesses pour l'avenir.


Quelque désir qu'éprouvât M. de Maisonneuve de favoriser leur pieux dessein, il fut contraint de leur représenter que sa simple commission de gouverneur ne lui permettait pas de leur donner cette satisfaction : un établissement de cette nature ne pouvant être accepté que par la compagnie de Montréal, de laquelle il tenait lui-même ses pouvoirs. Que d'ailleurs, dans l'état où serait le pays pendant plusieurs années, une maison de leur ordre ne pourrait être d'aucun avantage, la colonie devant être établie auparavant, et le pays peuplé.

Néanmoins elles ne laissèrent pas de le presser encore, surtout sa sœur, qui employa pour le fléchir les plus vives instances ; mais tout fut inutile. Cependant, pour adoucir la peine que leur causait son refus, il finit par leur donner des promesses pour l'avenir, et accepta de leur part, comme un gage de leur parole mutuelle, une image de la très-sainte Vierge, autour de laquelle sa sœur écrivit en lettres d'or les paroles suivantes, qui étaient sans doute de sa façon :


Sainte Mère de DIEU, pure Vierge au cœur loyal,
Gardez-nous une place en votre Montréal (1).


Depuis cette année 1641, M. de Maisonneuve ayant été obligé de repasser plusieurs fois en France pour les affaires de la colonie, ces religieuses, qu'il ne manquait pas de visiter dans ces occasions, s'empressaient, en le revoyant, de lui réitérer leurs instances et de lui rappeler à lui-même ses promesses, mais toujours avec aussi peu de succès. La situation de Villemarie, qui était alors une vraie boucherie, par les guerres cruelles et continuelles qu'on y avait à soutenir contre les Iroquois, ne permettait pas en effet de donner suite à ce dessein, quoique les religieuses de Troyes nourrissent toujours dans leur cœur les mêmes espérances. Elles ne se doutaient pas alors que cette fondation si désirée était réservée à la sœur Marguerite, ni que toutes leurs instances auprès de M. de Maisonneuve, et tous leurs projets à cet égard, étaient un simple moyen ménagé par la divine Providence pour donner occasion à l'exécution de ses desseins sur cette fille de grâce. Voici comment DIEU daigna enfin les manifester.
__________________________________________________

(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys. — Lettre de la sœur à M. Tronson.Vie de la sœur. 1818, p. 46-47.

A suivre : III. Les religieuses de la congrégation proposent à la sœur
Bourgeoys….

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Message  Louis Mar 28 Aoû 2012, 6:24 am

III. Les religieuses de la congrégation proposent à la sœur Bourgeoys
de se joindre à elles lorsqu'elles iraient à Villemarie.


Après la faveur que la sœur Marguerite avait reçue le jour du saint Rosaire de l'année 1640, étant ensuite entrée dans la congrégation externe, comme nous l'avons rapporté, elle avait appris par ses compagnes qu'on venait de faire en Canada un nouvel établissement qui serait consacré à la Mère de DIEU, et où les religieuses de la congrégation espéraient d'aller exercer leur zèle (1).

Peu après, pendant que, par le conseil de son directeur, elle faisait pour son entrée en religion les démarches dont nous avons parlé, l'une des congréganistes externes, qui avait un grand désir de passer en Canada, vint la trouver, et lui dit d'un air très-assuré , et avec des paroles pleines de force, qu'elle ne devait pas embrasser la vie religieuse , mais qu'il fallait qu'elles allassent l'une et l'autre s'employer au service de DIEU dans la colonie de Villemarie. Là-dessus, elle lui allègue tous les motifs qu'elle juge être les plus propres à la toucher, et qui sans doute lui étaient inspirés de DIEU. Elle lui fait les instances les plus vives et les plus pressantes, et agit enfin si efficacement sur son esprit et sur son cœur, qu'elle l'oblige d'aller trouver la supérieure de leur congrégation, et de lui faire connaître à fond ses dispositions et toutes ses pensées (1).

C'était la sœur Louise de Sainte-Marie, la propre sœur de M. de Maisonneuve. Elle dirigeait la congrégation externe avec tant de bénédiction, que l'ayant trouvée composée de trente filles seulement lorsqu'elle en prit la conduite, elle y en laissa plus de quatre cents, qui n'aspiraient la plupart qu'à la vertu solide et à la plus liante piété (2).

Comme elle connaissait mieux que personne le caractère et la générosité de la sœur Marguerite, elle fut ravie de l'ouverture qu'elle lui fit alors, et ne doutant pas qu'elle ne fût appelée de DIEU à travailler dans une telle mission, qui demanderait des âmes d'un grand courage et d'une vertu à toute épreuve, elle jugea qu'elle pourrait avec beaucoup d'avantages se joindre aux religieuses de la congrégation, lorsqu'elles partiraient pour Villemarie.

La communauté, entrant à son tour dans les vues de la sœur Louise de Sainte-Marie, fit enfin cette proposition à la sœur Marguerite, qui l'accepta de grand cœur. « Ces bonnes religieuses, dit-elle, me demandèrent si je voulais être de la partie quand elles iraient à Montréal ; je leur promis qu'oui (1), et que je serais de la bande (2). »

____________________________________________________________

(1) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.
(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653.
(2) La conduite de la Providence dans l’établissement, etc. , p. 186-198.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeois.
(2) Lettre de la sœur à M. Tronson.

A suivre : IV. M. de Maisonneuve repasse en France et…

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Message  Louis Mer 29 Aoû 2012, 6:09 am

IV. M. de Maisonneuve repasse en France
et se rend à Troyes pour visiter sa famille en 1653.


Cependant les attaques continuelles des Iroquois, qui harcelaient la petite colonie de Villemarie, depuis surtout qu'ils avaient détruit ou dispersé près de trente mille Hurons, obligèrent M. de Maisonneuve à repasser en France (3). Il représenta à M. Olier et aux autres membres de la compagnie la nécessité de lever une nouvelle recrue d'hommes forts et courageux, en état de conserver la colonie, alors obligée de rester renfermée dans l'intérieur du fort (4) ; car elle ne comptait plus que dix-sept hommes capables de se défendre contre ces barbares (5). Il ajouta même que s'il ne pouvait emmener avec lui au moins cent soldats, son avis était qu'on abandonnât entièrement le dessein de Villemarie, qui ne pourrait subsister plus longtemps sans ce secours.

Tous les associés, persuadés que DIEU voulait se servir d'eux pour conserver une œuvre qu'ils n'avaient entreprise que par ses ordres, entrèrent dans les vues de M. de Maisonneuve pour la maintenir (6) ; et quoiqu'ils fussent alors réduits au petit nombre de neuf ou dix, ils réunirent un fonds de 75,000 livres qu'ils employèrent à lever une recrue de cent huit hommes d'élite, forts et vigoureux, et presque tous habiles à travailler de divers métiers (1). Cette recrue était prête à passer en Canada au printemps de l'année 1653, lorsque, avant de s'embarquer avec elle, M. de Maisonneuve se rendit à Troyes pour visiter sa famille et ses amis.

____________________________________________________

(3) Ecrits autographes de la sœur Bourgeois.
(4) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1649 à 1650.
(5) Ecrits autographes de la sœur Bourgeois.
(6) Histoire du Montréal de 1652 à 1653.
(1) Annales de l’Hôtel-Dieu Saint-Joseph, par la sœur Morin.


A suivre : v. Songe remarquable de la sœur Bourgeoys qui la dispose…

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Message  Louis Jeu 30 Aoû 2012, 6:35 am

V. Songe remarquable de la sœur Bourgeoys
qui la dispose à connaître sa vocation pour Villemarie.


Quelques jours avant qu'il arrivât dans cette ville, la sœur Marguerite eut un songe qui la frappa beaucoup, et qui était un moyen dont la Providence voulait se servir pour faire connaître ses desseins sur elle. DIEU, qui peut manifester sa volonté d'une infinité de manières, s'est servi quelquefois pour cela du langage mystérieux des songes, comme le prouvent les vies de plusieurs saints personnages, et même les histoires de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Chacun connaît le songe de saint Paul, qui fut l'occasion de son voyage et de sa prédication dans la Macédoine, lorsque, voyant dans son sommeil un homme qui apparemment était vêtu à la manière de cette province, il l'entendit qui lui faisait cette prière : « Passez en Macédoine, et venez nous secourir. » Ce qui lui donna à comprendre, ajoute l'écrivain sacré, que DIEU l'appelait en effet à prêcher l'Évangile dans cette province (1).

On voit aussi dans la vie de saint François Xavier que DIEU se servit d'un semblable moyen pour lui faire connaître sa vocation à évangéliser les Indes (2).

La sœur Marguerite, appelée à travailler pour la gloire de DIEU à Villemarie, sans le savoir encore, crut donc voir pendant son sommeil un homme grave et vénérable, dont l'habit simple et de couleur brune, qui paraissait être moitié ecclésiastique et moitié laïque, ressemblait assez à celui que prenaient alors les prêtres lorsqu'ils allaient à la campagne (3). Les traits du visage de cet homme, qui lui était entièrement inconnu, demeurèrent cependant vivement empreints dans son imagination, et elle sentit intérieurement qu'elle aurait par la suite avec lui des rapports très-particuliers, que DIEU ferait naître pour sa gloire. Ce songe l'ayant beaucoup frappée, elle le rapporta le lendemain à quelques personnes de confiance, sans connaître encore ce qu'il signifiait (4), comme il arrive quelquefois dans les songes divins, selon la remarque de Benoît XIV (5).

Mais deux ou trois jours après elle en reçut enfin l'explication.

_______________________________________________________
(1) Actes des Apôtres chap. XVI, V. 9 et10.
(2) Vitæ S. Xaveriià Tursellino, lib. I, cap. 8.
(3) Vie de la soeur, par Ransonet, p. 29.
(4) Vie de la soeur, 1818, p. 49.
(5) De servorum beatificatione, etc., lib. III, cap. L I, II. 6, etc.

A suivre : VI. Les religieuses de la congrégation pressent de nouveau M. de Maisonneuve, et lui parlent de la sœur Bourgeoys.

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Message  Louis Ven 31 Aoû 2012, 8:29 am

VI. Les religieuses de la congrégation pressent de nouveau
M. de Maisonneuve, et lui parlent de la sœur Bourgeoys.


M. de Maisonneuve, étant arrivé à Troyes, se rendit au parloir de la congrégation pour y voir sa sœur et saluer les autres religieuses. Elles lui rappelèrent de nouveau ses promesses et le pressèrent d'emmener quelques-unes d'elles avec lui. Mais il n'y avait à Villemarie ni logement convenable pour recevoir des religieuses cloîtrées, ni même alors d'occupations relatives à la fin de l'institut, la colonie ne faisant que de naître, et ayant d'ailleurs été beaucoup retardée par les guerres continuelles des Iroquois.

Néanmoins, la sœur Louise de Sainte-Marie insista auprès de son frère, et ce fut sans doute pour le rendre plus facile à emmener des religieuses cloîtrées, qu'elle s'empressa de lui parler de la sœur Marguerite, préfète de sa congrégation externe. Elle lui raconta sa vie extraordinaire, lui fit connaître tout ce que depuis longtemps elle nourrissait de projets dans son esprit pour le salut des jeunes filles (1 ) ; enfin elle n'omit rien pour lui représenter les avantages inappréciables qu'on pourrait retirer d'une fille de ce caractère dans un pareil établissement.

En entendant ce récit, M, de Maisonneuve conçut aussitôt le désir de la connaître, et pria sa sœur de la faire appeler. Là-dessus on envoie chercher la sœur Marguerite, comme pour venir prendre part à une conversation qui ne pouvait manquer de lui être agréable, et qui en effet devait, sans qu'on s'en doutât encore, l'intéresser plus que personne de la compagnie.

________________________________________________________

(1) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ibid.
A suivre : VII. La sœur Bourgeoys raconte le songe…

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Message  Louis Sam 01 Sep 2012, 6:35 am

VII. La sœur Bourgeoys raconte le songe qu'elle a eu.
M. de Maisonneuve lui offre de la conduire à Villemarie.


A peine est-elle entrée dans le parloir, que, jetant les yeux sur M. de Maisonneuve, elle demeure frappée d'un profond étonnement, en reconnaissant dans cet étranger celui qu'elle a vu en songe; et, dans le saisissement soudain qu'elle éprouve, elle ne peut s'empêcher de s'écrier tout haut : « Voici mon prêtre, voici celui que j'ai vu dans mon sommeil (1). » Car c'était pour la première fois qu'elle voyait M. de Maisonneuve, comme elle-même nous l'apprend (2), quoique alors elle fût logée chez Mme de Chuly, sœur de ce gentilhomme (3). Après une exclamation si singulière et si peu attendue, il était naturel qu'on lui demandât de faire à la compagnie le récit de ce songe. Elle le raconta sur-le-champ ; et ce fut d'abord pour toutes les religieuses un agréable sujet de récréation. Mais bientôt la chose devint plus sérieuse.

M. de Maisonneuve n'avait pas plutôt vu et entendu parler la sœur Marguerite, que, pénétré d'estime et de confiance pour elle, il avait désiré de l'emmener à Montréal, et de faire tout ce qui serait en son pouvoir pour procurer à la colonie naissante un si riche trésor de grâces et de vertus (4). Il lui demanda donc si elle serait disposée à passer à Villemarie, pour y faire les écoles et y instruire chrétiennement les enfants.

Elle qui, de son côté, s'était sentie remplie de respect et d'estime pour M. de Maisonneuve dès qu'elle l'avait vu, répondit sans hésiter (1) que, si ses supérieurs ecclésiastiques l'approuvaient, elle était prête à partir, et qu'elle irait avec bonheur se consacrer au service des enfants et à la gloire de Dieu dans cette nouvelle colonie.

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(1) Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 29-30. — Vie de la même, 1818, p.50.
(2) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(3) Annales de l'Hôtel-Dieu, par la sœur Morin.
(4) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, ibid.
(1) Vie de la sœur , 1818, p.50.
A suivre : VIII. M. de Maisonneuve refuse les services de la congrégation…

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Message  Louis Dim 02 Sep 2012, 6:24 am

VIII. M. de Maisonneuve refuse les services de la
congrégation ainsi que ceux de la sœur Crolo.


Les religieuses de la congrégation, surprises de ce dénouement, ne manquèrent pas alors de réitérer pour elles-mêmes leurs instances ; mais ce fut sans aucun succès. M. de Maisonneuve les assura qu'il ne pouvait pas conduire des religieuses à Villemarie. La compagnie de Montréal voulait en effet n'y admettre pour les écoles que des filles séculières et non cloîtrées, qui pussent se transporter partout où le bien du prochain réclamerait leurs services.

Dès lors ces religieuses craignirent d'être déçues pour toujours de leurs premières espérances, et commencèrent à penser que la sœur Marguerite, qu'elles avaient ainsi mise en avant pour déterminer et hâter leur départ , pourrait bien, comme un autre Jacob, leur ravir la bénédiction qu'elles avaient cru d'abord leur être réservée à elles-mêmes. C'est pourquoi, touchées d'une sainte jalousie, elles lui dirent qu'elle devait leur être fidèle : lui donnant ainsi à entendre qu'ayant été invitée par les religieuses de la congrégation à les suivre en Canada, elle ne devait y aller que dans leur compagnie. A quoi elle répondit agréablement : qu'elle avait bien promis d'être de la partie si elles allaient dans ce pays, mais qu'elle n'avait pas promis, si elles tardaient trop, de ne pas y aller sans elles (1).

Cependant une des compagnes de la sœur Marguerite dans la congrégation externe, Mlle Crolo, la même apparemment qui l'avait si vivement sollicitée de s'ouvrir à la sœur Louise de Sainte-Marie, eut le désir de l'accompagner, et pria M. de Maisonneuve de lui permettre d'aller la seconder, à Villemarie, dans l'exercice de son zèle. La sœur Marguerite, qui l'avait sans doute informée de tout, désirait aussi de son côté que cette chère sœur pût se joindre à elle. Mais M. de Maisonneuve, jugeant que, dans l'état présent de la colonie, une seule maîtresse suffirait aisément pendant plusieurs années à l'instruction des jeunes filles, refusa d'accepter les services de Mlle Crolo (2).

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(1) Vie de la sœur , 1818, p.50.
(2) Ibid., p. 50-51.— Vie par M. Ransonet. p.31.— Ecrits autographes de la sœur.Lettre à M. Tronson.
A suivre : IX. M. Jendret, consulté par M. de Maisonneuve, juge que DIEU appelle la sœur à travailler en Canada.

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Message  Louis Lun 03 Sep 2012, 6:27 am

IX. M. Jendret, consulté par M. de Maisonneuve,
juge que DIEU appelle la sœur à travailler en Canada.


Comme il était sur le point de quitter la ville de Troyes, afin de donner ses ordres pour l'embarquement, il voulut, avant de partir, avoir une entrevue avec M. Jendret, pour savoir son sentiment définitif sur le voyage de la sœur Marguerite.

M. Jendret, convaincu depuis longtemps que DIEU avait sur elle quelque dessein particulier, était singulièrement frappé du songe qu'elle avait eu récemment, et de la circonstance si étonnante de son entrevue avec M. de Maisonneuve ; il jugea donc que ce songe était un moyen ménagé par la Providence pour donner des preuves manifestes de sa volonté.

Il connaissait en effet la haute vertu et les belles qualités de ce gentilhomme, qui, à la prudence, à la capacité et à la valeur d'un gouverneur de place accompli, joignait le zèle et la ferveur d'un missionnaire et d'un apôtre ; et il ne douta pas que ce ne fût réellement lui-même que DIEU avait montré à la sœur dans son sommeil, sous un habit moitié ecclésiastique et moitié laïque, comme l'attestait d'ailleurs l'identité des traits de visage qu'elle avait reconnus avec étonnement dans M. de Maisonneuve.

Il répondit donc à ce dernier que, quant à lui, il donnerait volontiers les mains au départ de la sœur Marguerite, étant convaincu par la connaissance qu'il avait de toute sa vie, que le dessein de ce voyage venait de DIEU (1).

Là-dessus, M. de Maisonneuve prend congé de ses amis et de ses parents, et part pour Paris, afin de donner à sa recrue les ordres nécessaires et de pourvoir à tous les préparatifs du voyage.

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(1) Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 30-31-32. — Vie de la sœur, 1818, p.51.

A SUIVRE : x. M. Jendret répond à la sœur de partir sans crainte…

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Message  Louis Mar 04 Sep 2012, 6:16 am

X. M. Jendret répond à la sœur de partir sans crainte.
M. Profit et le grand vicaire de Troyes lui font la même réponse.


Le refus que M. de Maisonneuve venait de faire de Mlle Crolo effraya la sœur Marguerite. Elle pensa que la prudence chrétienne et même la décence ne lui permettaient pas d'aller seule avec ce gentilhomme et avec une recrue de soldats, dans un pays où elle ne connaissait personne. Elle exposa donc ses craintes à M. Jendret. Quoique celui-ci eût déjà pris son parti sur la réponse qu'il devait lui faire, il lui dit qu'il y penserait encore devant DIEU pendant trois jours, et, au bout de ce terme, il lui déclara qu'elle devait partir sans crainte pour le Canada. Il ajouta que peut-être DIEU voulait effectuer par ce moyen, à Montréal, la formation de la communauté qu'ils avaient essayé d'établir à Troyes, pour honorer la vie de la très-sainte Vierge sur la terre, et qui n'avait pas réussi (1).

« Je répondis à cela, dit la sœur, que j'étais seule pour partir, et que toute seule je ne serais pas une communauté. A quoi il répliqua que mon bon ange, le sien et moi, serions trois. Je crois que ce bon père avait déjà connaissance de l'image envoyée par les religieuses de la congrégation, et dont alors je ne savais encore rien moi-même. Je lui demandai comment il se ferait que j'allasse seule en Canada; qu'on m'avait refusé une compagne, et que je serais sans autre conduite que celle d'un gentilhomme que je n'avais jamais vu (avant notre rencontre à Troyes). Il me dit de me mettre entre les mains de M. de Maisonneuve, comme entre celles d'un des premiers chevaliers de la Reine des anges, et d'aller avec confiance à Villemarie (1).

Cependant je n'avais pas consulté M. Profit, à qui j'allais me confesser quand je ne pouvais m'adresser à M. Jendret au Faubourg, à cause de son éloignement. Après m'avoir donc répondu de la sorte, il m'envoya à M. Profit, qui me demanda aussi trois jours pour y penser. Au bout de ce temps, M. Profit me dit d'aller en Canada. Ensuite on m'envoye au grand vicaire de Troyes, qui me fait la même réponse que les autres, chacun ayant pris trois jours pour y penser. Notre évêque (M. François Malier de Houssay) était absent, sans quoi j'aurais eu encore son avis (2). »

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(1) Lettre de la sœur à M. Tronson.Ecrits autographes de la sœur.
(1) Écrits autographes de la sœur. Annales de l’Hôtel-Dieu, par la sœur Morin. Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec (par la mère Juchereau), in-12, p. 128.
(2) Écrits autographes de la soeur Bourgeoys.

A suivre : XI. La très-sainte Vierge apparaît à la sœur Bourgeoys et lui ordonne de partir.

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Message  Louis Mer 05 Sep 2012, 6:16 am

XI. La très-sainte Vierge apparaît à la sœur Bourgeoys et lui ordonne de partir.


Toutes ces réponses étaient sans doute un puissant motif pour déterminer la sœur Marguerite à s'abandonner à la Providence. Mais le dessein d'un tel voyage dans une fille de trente-trois ans, la perspective où elle était alors de se trouver seule dans la traversée, au milieu d'une troupe de soldats, la pensée de n'avoir à Villemarie aucune compagne qui partageât avec elle l'éducation des enfants, et d'y être exposée chaque jour au danger d'être prise et brûlée par les Iroquois ; toutes ces considérations étaient bien propres à lui inspirer quelque sentiment de crainte ; et la prudence semblait l'autoriser à désirer que DIEU lui donnât quelque marque plus incontestable de sa volonté. Il ne la priva point de ce signe manifeste, quoiqu'elle ne le demandât pas; ou plutôt il voulut que la très-sainte Vierge, à la gloire de laquelle elle était résolue de sacrifier sa vie en allant lui former de fidèles servantes en Canada, l'assurât, de sa propre bouche, que ce dessein était vraiment son ouvrage, et qu'elle serait elle-même sa gardienne et sa sauvegarde au milieu de tant de périls.

Comme la sœur était dans sa chambre, occupée alors de tout autre chose que de son voyage, « un matin, étant bien éveillée, dit-elle, je vois devant moi une grande dame, vêtue d'une robe comme de serge blanche, qui me dit : Va, je ne t'abandonnerai point: et je connus que c'était la sainte Vierge, quoique je ne visse point son visage ; ce qui me rassura pour ce voyage et me donna beaucoup de courage; et même je ne trouvai plus rien de difficile, quoique pourtant je craignisse les illusions (1). » Après cette faveur, la sœur Marguerite se trouva donc toute résolue à partir.

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(1) Lettre de la sœur à M. Tronson.Ecrits autographes de la sœur. Bourgeoys.Vie de la sœur, par M. Ransonet, p. 33. — Vie de la sœur, 1818, p.51.
A suivre : XII. La sœur Bourgeoys ne veut porter en Canada…

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