Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXI. La colonie de Villemarie offre dans la
sainteté de ses mœurs une image de l’Église primitive.
Après avoir ainsi rendu à DIEU , comme au souverain Maître du monde , les devoirs de la religion, on construisit une palissade de pieux, pour se mettre à couvert des insultes des sauvages ; et comme M. Olier l'avait espéré de la bonté divine, on vit cette colonie naissante offrir une image de la primitive Eglise, par la piété, la charité et le zèle désintéressé qui régnaient parmi tous les colons.
« Il semble que la résolution de se donner entièrement à DIEU, écrivait l'année suivante le père Vimont, naît avec la pensée de s'établir dans la Nouvelle-France. C'est ce qui «parait plus que jamais en la personne de MM. de la compagnie de Montréal, et de tous ceux qui demeurent par deçà en leur habitation. La France en voit une partie, nous voyons ici l'autre (2). Ces fervents colons, au nombre d'environ cinquante-cinq, quoique de condition, d'âge et de naturel différents entre eux, et presque tous de divers pays, ne sont qu'un en volonté, visant tous au même but: la gloire de DIEU et le salut des sauvages; et je puis dire que leur vertu a servi à la conversion de plusieurs, qui ont déjà été gagnés à DIEU.
« Croiriez-vous bien que plusieurs des ouvriers qui travaillent à Montréal, ne se sont proposé d'autre motif, dès leur départ de France, que celui de la gloire de DIEU , et de faire leur salut dans un lieu éloigné des occasions du péché? La seule pensée qu'ils contribuent, autant qu'ils peuvent, au salut des âmes, les fait travailler de si bon courage, qu'il ne leur arrive jamais de se plaindre des incommodités qu'on souffre en un pays désert. Aussi ont-ils été conduits par un gentilhomme de mérite, que DIEU semble avoir très-particulièrement inspiré et appelé pour le servir en ce lieu, tant il a d'affection pour l'établissement de la colonie et pour le salut des sauvages.
« Il me suffit de dire que c'est M. de Chomedey de Maisonneuve; sa modestie ne me permet pas d'en dire davantage (l). Une des choses les plus remarquables, c’est l'union et la bonne intelligence de tous ceux qui demeurent en cette habitation. Chacun s'y est si bien acquitté de son devoir envers DIEU et envers les hommes, qu'on n'a trouvé aucun sujet de se plaindre. Le commandement a été doux et efficace, l'obéissance aisée, la dévotion aimée de tous universellement. On y a fréquenté les sacrements avec profit, écouté la parole de DIEU avec assiduité, et continué les prières ordinaires avec édification.
« Ainsi, il semble que le zèle, la dévotion et la charité de tous ces Messieurs qui se sont associés en France à ce pieux et noble dessein, se sont répandus et communiqués à tous ceux qui ont demeuré par deçà en leur habitation. Ceux-ci ont été touchés très-particulièrement de DIEU, et ont reçu beaucoup de faveurs et de grâces du Ciel, puisque la vie qu'ils ont menée a été une image de la primitive Église. Tous y ont vécu avec joie, souffrant les incommodités d'une nouvelle demeure, où pas un n'a été malade, ce qui ne s'est encore jamais remarqué en aucune nouvelle habitation dans ce pays (1). »
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(1) Relation de la Nouvelle-France, de 1642 et 1643, chap. V , p. 5.
(1) Relation chap. XI , p. 196-197.
(1)Ibid. p. 198.
A suivre : XXII. Zèle du frère Claude …
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXII. Zèle du frère Claude pour la sanctification de la colonie de Villemarie.
Parmi ceux qui contribuèrent le plus en France à attirer cette abondance de grâces sur les colons de Villemarie, il faut mettre au premier rang frère Claude Leglai, regardé avec raison comme l'un des hommes les plus extraordinaires de ce siècle (2). DIEU lui avait révélé le dessein de Montréal (3) aussi bien qu'à M. de La Dauversière et à M. Olier; et ce dernier nous apprend que le frère Claude se préparait même à passer en Canada.
« C'est un homme, dit-il, dont l'intérieur est celui d'Élie, comme ses actions, ses sentiments et ses dispositions le font voir. Semblable à ces flammes qui, par des mouvements incertains et rapides, se poussent, s'agitent et s'élèvent toujours vers le ciel, il est dans des impatiences continuelles de sortir de ce monde, pour aller à DIEU, comme serait l'état des âmes bienheureuses, si elles venaient habiter des corps mortels. C'est un feu brûlant et ardent, qui ne peut se contenir en terre; et étant tout hors de lui-même, il disait dernièrement, ravi en extase, et partent de cette nouvelle Église, qu'il faut aller ériger: Allons, allons à notre maître, allons où DIEU nous veut (1). »
« Le mercredi 16 juillet 1642, il vint, par une conduite particulière de DIEU , dans une église où j'étais allé dire la sainte messe, celle des Carmélites, où le très-saint Sacrement était exposé, à cause de leur fête du Mont-Carmel. Or, pendant ma messe, notre bon DIEU imprima dans le cœur de ce grand saint une si vive affection pour moi, qu'il n'en pouvait plus, et qu'il ne fit autre chose que de demander cela même que NOTRE -SEIGNEUR a témoigné autrefois vouloir me donner, à savoir : Que je fusse tout consommé en lui, et que mon vieil homme fût tout anéanti. De plus, il demandait à DIEU que je fusse le général de ses capitaines, lesquels après pourraient former grand nombre de soldats. Ces prières qu'il fit étaient purement par mouvement du SAINT-ESPRIT, à cause qu'il ne savait rien de ma vocation, et je ne sache point que personne lui en ait jamais parlé (1). »
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(2) Vie de M. Olier , t. I, p. 378-379-380; t. II, 449.
(3) Mémoires autographes de M. Olier, t. II, p. 275.
(1) ibid. t. II, p. 212.
(1) ibid. t. II, p. 327.
A suivre : XXIII. Marie Rousseau, M. Le Gauffre, et autres, destinés à prier pour la colonie de Villemarie.
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Louis- Admin
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Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXIII. Marie Rousseau, M. Le Gauffre, et autres,
destinés à prier pour la colonie de Villemarie.
M. Olier ajoute que, dans cette circonstance, d'autres très saintes âmes, qui éprouvaient le même désir d'aller prendre part à la fondation de Villemarie, se trouvèrent réunies aussi dans ce lieu, entre autres M. Le Gauffre, le frère Jean de la Croix, M. Catorze, qui vivait en solitaire inconnu, Mme Remy, femme d'une grande piété, Marie Rousseau de Gournay , qui eut tant de part à l'établissement de la compagnie de Saint-Sulpice. Cette dernière était alors le conseil et la lumière des plus grands serviteurs de DIEU qui fussent à Paris.
« Je ne connais point d'âme sainte, dit M. Olier, qui ne s'estime heureuse de la voir, et d'apprendre de sa bouche la voie qu'elle doit suivre pour approcher de DIEU. Je ne vois personne qui ne désire de la consulter, et de recevoir son approbation, dans la conduite des entreprises les plus considérables et les plus importantes à la gloire de DIEU, telle que celle du Canada, où l'on va bâtir une ville chrétienne, qui est une œuvre d'une merveilleuse importance (1). Mlle Mance, dont DIEU s'est servi pour aller fonder cette Église, n'y a point été sans recevoir approbation et direction de cette sainte âme (2). Ainsi elle donne avis à M. de La Dauversière, qui conduit les affaires de Montréal, et qui s'estime bien heureux, quoique grand serviteur de DIEU, et très-éclairé en son emploi, de conférer avec elle, et d'en tirer les avis importants pour les affaires les plus considérables de ce pays (3). »
Mais DIEU ne destinait pas Marie Rousseau à passer elle-même dans la Nouvelle-France. Son ministère personnel se bornait à l’ancienne, aussi bien que celui du frère Claude et des autres saints personnages que nous avons nommés, quoique tous dussent attirer par la ferveur de leurs prières d'abondantes grâces sur les âmes que DIEU avait choisies pour l'exécution de ses volontés en Canada.
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(1) ibid. t. II, p. 48.
(2) ibid. t. II, p. 51.
(3) ibid. t. VI, p. 102-103.
A suivre: XXIV. Désirs de M. Olier d’aller travailler en personne à Villemarie.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXIV. Désirs de M. Olier d’aller travailler en personne à Villemarie.
M. Olier ne devait pas non plus y aller exercer son zèle en personne, mais seulement par les disciples qu'il formerait. Sur une vue que DIEU lui donna de sa vocation, le jour de la Purification de l'année 1636, et qu'il ne comprenait pas encore assez distinctement (1), il serait parti pour le Canada, si le père de Condren , son directeur, ne l'en eût empêché (2).
En 1642, avant que les colons se fussent établis à Montréal, et lorsqu'il voyait se réunir auprès de lui, à Vaugirard, les premiers membres de sa compagnie naissante, il écrivait:
« Étant instruit des biens qui se font en Canada, pays habité par des peuples gentils, et me trouvant lié de société comme miraculeuse à celui à qui NOTRE-SEIGNEUR a inspiré le mouvement et commis le dessein de l'entreprise de Villemarie, ville qui va se bâtir dans l'île de Montréal, je me suis senti toujours porté d'aller finir mes jours en ces quartiers, avec un zèle continuel d'y mourir pour mon Maître. Qu'il m'en fasse la grâce, s'il lui plait ! Je continuerai tous les jours de ma vie à l'en solliciter (3). »
C'était la même ardeur parmi les membres de la compagnie d'ecclésiastiques que formait M. Olier.
« Je vois déjà, écrivait-il, ce zèle répandu dans le cœur de ceux qui vivent parmi nous: ils ne parlent que de faire des folies pour DIEU , que de se faire pendre pour son service, et d'aller souffrir le martyre en Canada (4). »
Il paraît que M. Olier serait parti lui-même pour ce pays vers l'été de 1642 (5), si DIEU ne lui eût fait connaître alors plus clairement ses desseins sur lui.
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(1) ibid. t. II, p. 48.
(2) Vie de M. Olier, par le père Giry, partie Ire, chap. VI, année dominicaine partie ire de septembre, p. 416.— Remarques historiques sur la paroisse de Saint-Sulpice, t. III, p. 462.
(3) Mémoires autographes, t. I, p. 97.
(4) Ibid. t. II, p.165.
(5) Ibid. t. II, p.133.
A suivre : XXV. Dans l’œuvre de Villemarie M. Olier doit…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXV. Dans l’œuvre de Villemarie M. Olier
doit agir efficacement, mais d’une manière cachée.
L'année suivante, au mois de mars, il comprit qu'il était appelé à attirer la grâce de DIEU sur cette colonie, par ses prières et par des voies qui n'auraient rien d'extérieur ni d'apparent. La compagnie de Montréal s'étant réunie dans l'église de Notre-Dame de Paris, pour renouveler à DIEU l'offrande de cette île, qu'elle lui avait faite l'année précédente, ainsi qu'on l'a dit déjà, M. Olier rapporte que, comme il se disposait à célébrer de nouveau à l'autel de la sainte Vierge, NOTRE-SEIGNEUR et sa très-sainte mère lui firent connaître que sa vocation était de ne pas paraître extérieurement dans l'œuvre de Villemarie, et qu'il devait déférer à M. Le Gauffre l'honneur de célébrer, dans cette circonstance, à cet autel.
« NOTRE-SEIGNEUR me dit, ajoute-t-il, qu'étant pour le représenter dans cette œuvre, il fallait que je fusse comme le cœur de la compagnie. Le cœur dans le corps humain agit par ses membres, qui paraissent beaucoup; cependant sa vie demeure cachée, quoique par lui tous ses membres vivent, et n'aient rien que par dépendance de lui. Sa bonté me disait donc: Il faut que tu sois comme le cœur de mes œuvres, que tu donnes la vie et le mouvement à tout, sans qu'on s'en aperçoive, et que tu fasses mon œuvre à couvert.
NOTRE-SEIGNEUR , qui veut avoir sa demeure en mon âme, c'est lui qui est le cœur de tout ce corps et de ces membres qui se remuent si fort pour la gloire de DIEU , et s'associent maintenant avec tant de zèle. Je dois donc être caché, rien de ce que je fais ne doit paraître. Au contraire, je dois être mal voulu, mésestimé, méprisé, bafoué (1). »
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(1) Mémoires autographes de M. Olier, t. III, p. 553-569.
A suivre : XXVI. M. Olier voit…
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Louis- Admin
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Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXVI. M. Olier voit les dispositions intérieures
des personnes de la colonie de Villemarie.
Telle fut la part que NOTRE-SEIGNEUR voulut donner à M. Olier dans l'œuvre de Montréal, et, conformément a une vocation si extraordinaire, il daignait l'éclairer sur les dispositions des âmes qui devaient contribuer avec lui à ce dessein.
« Je me souviens, écrit-il, d'avoir vu parfois jusqu'en Canada les opérations de DIEU dans les âmes des personnes du Montréal, entre autres de Mlle Mance, que je voyais pleine de la lumière de DIEU, dont elle était environnée comme un soleil. DIEU peut nous montrer l'intérieur, non-seulement de quelques âmes, mais de toutes, s'il veut; ne lui étant pas plus difficile de faire voir ses opérations sur cent, que sur deux ou trois.
Ainsi il fit voir à l'âme du bienheureux Rodriguez, de la Compagnie de Jésus, son opération dans l'âme de tous les saints qui avaient vécu, et par là il vit et sut, en un moment, toute leur vie. C'est ainsi que DIEU en use quelquefois à l'égard des supérieurs des ordres et des directeurs : il leur découvre ses opérations dans les âmes qu'ils ont à conduire, lorsque cette grâce est nécessaire à leur état et à leur vocation (1). »
Ces réflexions de M. Olier autorisent à penser qu'il a connu devant DIEU l'intérieur de la sœur Bourgeois, destinée à être dans la nouvelle chrétienté de Montréal une image vivante de la très-sainte Vierge, comme il avait connu par révélation les dispositions intérieures de M. de La Dauversière, destiné à y répandre l'esprit de saint Joseph. Nous ne doutons pas qu'il n'ait prié pour cette sainte fille, comme pour lui-même, devant avoir avec elle des rapports si étroits et si intimes de vocation. « Je voyais, dit-il, que je devais demander part à l'esprit de JESUS , Marie et Joseph, pour les trois personnes que DIEU le Père a choisies pour les représenter. »
L'identité frappante des lumières de la sœur Bourgeois avec celles de M. Olier, quoiqu'ils n'aient eu ensemble aucune liaison extérieure, montre que cette sainte fille a participé à l'esprit de ce grand serviteur de DIEU. On retrouve, en effet, dans les écrits de la sœur Bourgeois, les mêmes vues, les mêmes maximes, les mêmes lumières, en un mot le même esprit; et avec une conformité si parfaite, qu'on serait tenté de croire qu'elle a puisé dans les écrits de M. Olier, s'ils n'étaient demeurés secrets jusqu'à ce jour.
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(1) Mémoires autographes, t. IV, p. 222-223.
A suivre : XXVII. Les trois communautés ont accompli les desseins de DIEU sans le connaître.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXVII. Les trois communautés ont accompli les desseins de DIEU sans le connaître.
En terminant cette introduction, nous ferons remarquer que le dessein si extraordinaire que nous venons d'indiquer, s'est accompli malgré les plus vives oppositions qui semblaient devoir en empêcher l'exécution, et le ruiner de fond en comble. La communauté de M. Olier, celle à laquelle la sœur Bourgeoys donna naissance, et celle de M. de La Dauversière, établies pour faire honorer chacune séparément JESUS, Marie et Joseph, ont même concouru à l'exécution du dessein de DIEU, sans qu'il y ait eu entre elles aucun accord préalable. Du moins, nous ne voyons pas que, ni la sœur Bourgeoys, ni les hospitalières de Saint-Joseph, ni même les premiers prêtres de Saint-Sulpice, qui allèrent s'établir à Villemarie, en aient eu aucune connaissance distincte.
Nous raconterons même qu'au commencement quelques-uns de ces ecclésiastiques contrarièrent, sans le savoir, les vues de DIEU, en voulant établir, à la place des hospitalières de M. de La Dauversière, une autre communauté étrangère à ce dessein. M. Olier l'a toujours tenu secret; et c'est aujourd'hui seulement que, pour la première fois , on donne au public cette partie de ses écrits, où il l'a dévoilé par obéissance à son directeur.
« Ce qui est admirable, écrivait-il lui-même, c'est qu'âme qui vive n'en a connaissance, personne n'en sait rien autour de moi (1). »
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(1) Mémoires autographes de M. Olier.
A suivre : XXVIII. Le dessein de DIEU est justifié par la vie de la sœur Bourgeoys.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XXVIII. Le dessein de DIEU est justifié par la vie de la sœur Bourgeoys.
Enfin , quelque extraordinaire que puisse paraître sur la nouvelle chrétienté de Villemarie , nous ajouterons que la vie admirable de la sœur Bourgeoys en fournira elle seule une preuve démonstrative. Car, après l'avoir lue, chacun devra reconnaître qu'une vocation aussi miraculeuse dans son origine, dans ses moyens et dans ses résultats, que l'a été celle de cette sainte fille, est une justification tellement manifeste de ce dessein, dont elle est d'ailleurs le complément, qu'elle ne peut être expliquée que par ce dessein même.
Un autre effet que doit produire la lecture de cette vie, est de montrer, dans la part que la sœur Bourgeoys a eue à la formation de l'Église naissante de Villemarie, une image et comme un léger crayon du zèle puissant et efficace que la très-sainte Vierge a exercé dans l'établissement de l'Église universelle.
« DIEU, par sa bonté, me fait connaître, dit M. Olier, qu'il veut que ce mystère se passe de la sorte maintenant, pour apprendre, par ce qu'il a d'extérieur et de sensible, la conduite qu'il a tenue sur son Église; ce qui a été entièrement négligé par les hommes; et un jour on admirera le dessein dont je parle (1). »
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(1) Ibid.
A SUIVRE : NOTICE DES PRINCIPAUX MANUSCRITS CITES DE LA VIE DE SŒUR BOURGEOYS .
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : les Archives.NOTICE
DES PRINCIPAUX MANUSCRITS CITES DANS LA VIE DE LA SŒUR BOURGEOYS.
Il existe deux Vies de la sœur Bourgeoys : l'une composée par M. Ransonet, prêtre, imprimée à Avignon en 1728 (1); l'autre écrite en 1780 (2) par M. Mongolfier, supérieur du séminaire de Villemarie, et publiée dans cette ville en 1818 (3). La première, qui ne forme qu'un petit volume in-18, n'est guère qu'une ébauche de la vie de la sœur Bourgeoys; la seconde contient plus de faits; mais ayant été composée sur des mémoires incomplets et inexacts, elle est remplie de beaucoup de lacunes, d'erreurs et d'anachronismes, quoiqu'on lise dans le titre, qu'elle a été tirée de Mémoires certains et la plupart originaux. L'auteur, qui n'écrivait que pour l'édification particulière des sœurs de la Congrégation, crut pouvoir se permettre, en citant les écrits autographes de leur fondatrice, de suppléer aux nombreuses lacunes qu'ils présentent; et, en les commentant ainsi, il ne remarqua pas que souvent il les défigurait considérablement. Il est arrivé de là que, dans l'impression de son manuscrit, publié en 1818 tel qu'il l'avait écrit, on a donné comme étant de la sœur Bourgeoys, ces sortes d'amplifications, quoique plus d'une fois elles soient contraires à la chronologie, et même à la vérité de l'histoire contemporaine.
L'imperfection de cet ouvrage, et d'ailleurs la confusion qui règne dans la disposition de sa matière, portèrent les sœurs de la Congrégation, en 1830, à désirer que nous composassions une nouvelle Vie de leur fondatrice. Nous entreprîmes alors ce travail ; mais bientôt nous fûmes contraint de l'interrompre, par défaut des matériaux nécessaires, que nous ne pouvions nous procurer en France ; et cette interruption dura près de vingt ans. Enfin, dans un séjour que nous avons fait à Villemarie en 1849 et 1850, les sœurs de la Congrégation nous ayant réitéré leur désir, nous avons recueilli sur les lieux les matériaux qui nous manquaient ; et pour les rendre plus complets, nous avons fait, après notre retour en France, de nouvelles recherches dans divers dépôts d'archives, soit à Paris, soit ailleurs.
Comme l'histoire de l'Église du Canada, à laquelle cette Vie doit servir, n'a point encore été écrite, et qu'il est nécessaire d'en établir et d'en constater historiquement les faits, nous avons eu soin, en composant cet ouvrage, d'indiquer toujours nos sources, afin que le lecteur puisse y recourir au besoin. Nous donnerons même ici une courte notice des principaux manuscrits que nous y avons cités.
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(1) La Vie de la sœur Marguerite Bourgeoys, etc. , imprimée à Avignon, se vend à Liège, chez Barnabé, 1729.
(2) Archives de la Congrégation, manuscrit autographe de M. de Montgolfier, titre.
(3) La Vie de la vénérable Marguerite Bourgeoys, dite du Saint-Sacrement, etc. à Villemarie, chez Wm Gray, 1818.
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
ARCHIVES DE LA CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME DE VILLEMARIE.
Quoique aujourd'hui ces archives soient peu considérables, par suite de l'incendie qui, en 1768, réduisit en cendres la maison de la Congrégation , elles renferment encore plusieurs pièces importantes qui nous ont été d'un grand secours.
1° Les écrits autographes de la sœur Bourgeoys. Nous désignons sous ce titre un certain nombre de feuilles, la plupart détachées, que cette sainte fondatrice écrivit toutes de sa main, vers la fin de sa vie, comme nous le raconterons au second volume de cet ouvrage (1).
Éprouvant alors des peines très-vives, fondées sur la crainte où elle était d'avoir laissé pénétrer, par sa prétendue négligence, le relâchement dans la Congrégation, elle composa ces écrits afin d'exposer à ses directeurs toute la perfection qu'elle jugeait nécessaire à cet institut; et, dans ce dessein, elle rapporta les grâces dont DIEU l'avait prévenue, et les lumières qu'il lui avait données pour l'établir. Cette circonstance explique pourquoi elle y parle si souvent d'elle-même, et comment elle est devenue l'historien de sa propre vie; ce qui doit donner aux écrits dont nous parlons le plus haut degré d'intérêt et de certitude.
Comme elle les a composés sans suite et sans liaison, et qu'elle revient plusieurs fois sur les mêmes récits, nous devions avoir plutôt égard, dans l'usage que nous avons fait de ces écrits, à la nature des événements, qu'à l'ordre qu'elle a gardé en les racontant. Aussi nous sommes-nous permis toutes les transpositions que la chronologie et l'identité des récits rendaient nécessaires. Si nous y avons ajouté de temps en temps quelques mots, par manière d'éclaircissement, nous avons eu soin de les distinguer de ses propres expressions par des parenthèses.
2° Les archives de la Congrégation nous ont fourni, outre les écrits autographes de la sœur Bourgeoys, plusieurs mandements originaux des évêques de Québec, relatifs à cet institut.
3° Diverses lettres écrites à la sœur Bourgeoys elle-même, ou à d'autres supérieures de la Congrégation.
4° Des actes de fondations.
5° Enfin différents Mémoires concernant la même communauté.
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, t. II. P. 51 et suiv.
A suivre…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE SAINT-SULPICE DE PARIS.
Les principaux manuscrits de ces archives que nous citons, sont :
l° La correspondance de M. Tronson, supérieur du séminaire de Paris, avec les ecclésiastiques de Villemarie, formant deux volumes in-folio, qui renferment un grand nombre de lettres adressées, soit à la sœur Bourgeoys, soit à d'autres sœurs de la Congrégation, ou aux ecclésiastiques successivement chargés de la conduite spirituelle de cette communauté.
2° Les lettres de M. Leschassier, successeur de M. Tronson, qui font suite aux précédentes.
3° Quelques lettres originales de la sœur Bourgeoys à M. Tronson.
4° Un manuscrit in-4°, composé par M. de Belmont, supérieur du séminaire de Villemarie, intitulé : Éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté à Montréal en Canada. Il contient la vie de Mlle Jeanne Le Ber, les maximes spirituelles de la sœur Bourgeoys, et une notice sur une vertueuse Iroquoise, sœur de la Congrégation, morte à la montagne de Montréal. Ce manuscrit fut adressé, vers l'année 1722, par M. de Belmont, à M. Le Peletier, abbé de Saint-Aubin, dans la suite supérieur du séminaire de Saint-Sulpice. L'auteur le revit auparavant, et y fit de sa main quelques additions et quelques corrections de style.
5° La Vie de la sœur Marie Barbier, composée sur des mémoires de M. Glandelet, par M. Montgolfier, supérieur du séminaire de Villemarie, et écrite de la main de ce dernier.
6° Enfin la Vie de Mlle Le Ber, par M. Montgolfier. Cette Vie, écrite après l'incendie de 1768, pour remplacer celle que M. de Belmont avait composée , et qui fut sans doute consumée par les flammes, est défectueuse en plusieurs points, principalement dans les dates. On peut les y rétablir d'après l'ancienne Vie de MlleLe Ber, conservée au séminaire de Saint-Sulpice à Paris.
A suivre…
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Louis- Admin
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE VILLEMARIE.
Nous citons diverses pièces autographes que l'on trouve dans ces archives, comme lettres, actes de concessions et autres, contrats de fondations, mémoires; sans parler encore des registres publics et de ceux des délibérations de la paroisse de Villemarie.ARCHIVES DE L'HÔTEL-DIEU SAINT-JOSEPH.
Elles nous ont fourni, entre autres pièces importantes, les Annales de cette maison, composées par la sœur Marie Morin. Elle les commença en 1697, deux ans après l'incendie de l'Hôtel-Dieu, et les continua, à diverses reprises, jusqu'en 1725. Ces annales, dont nous avons sous les yeux le manuscrit original, contiennent des détails intéressants. Elles laissent cependant à désirer pour les dates, les noms propres, quelquefois même pour l'exactitude des faits, principalement en ce qui concerne les commencements de Villemarie, que la sœur Morin n'avait appris que par ouï-dire.
Nous avons eu recours aussi aux archives des religieuses hospitalières de la Flèche, où l'on conserve une copie des annales de la sœur Morin, et d'autres manuscrits relatifs à Villemarie.ARCHIVES DE LA MARINE A PARIS.
On trouve dans ces archives un très grand nombre de documents sur l'institut de la sœur Bourgeoys. Ils sont consignés, soit dans les registres des dépêches de la cour, et dans les lettres des gouverneurs généraux et des intendants de Canada au roi ou au ministre; soit dans des mémoires, des lettres ou d'autres pièces que nous indiquons. Nous avons aussi puisé dans la partie de ces archives qui concerne l'île Royale, et qui renferme plusieurs pièces relatives à l'établissement que la Congrégation avait formé dans cette colonie.ARCHIVES DIVERSES.
Nous avons puisé aussi divers matériaux aux archives du ministère des affaires étrangères à Paris, à celles du Royaume, à celles de l'archevêché de Rouen, et enfin aux archives de l'archevêché de Québec. Nous n'avons pu visiter cependant nous-même ces dernières; et nous devons à l'obligeance de M. Langevin, secrétaire de l'archevêché de Québec, et à celle de M. Casault, supérieur du séminaire de la même ville, les pièces que nous citons comme extraites de ces archives.BIBLI0THÈQUES DE PARIS.
Entre autres manuscrits appartenant aux bibliothèques publiques de cette ville, nous citons l'Histoire du Canada, par M. de Belmont, qui est aujourd'hui à la Bibliothèque royale (supplément français 1265); et surtout l'Histoire du Montréal, conservée parmi les manuscrits de la Bibliothèque Mazarine. (H. 2706, in-folio. ) Cette dernière histoire, qui comprend les trente premières années de la colonie de Villemarie, a été composée, vers l'année 1673, par M. Dollier de Casson (1), qui fut ensuite supérieur du séminaire de cette ville. Elle est adressée aux infirmes du séminaire de Saint-Sulpice de Paris, que l'auteur invite à aller prendre part à la mission du Canada. Ce manuscrit a été corrigé et écrit en partie de la main de M. Dollier.
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(1) Histoire du Montréal, de 1669 à 1670.
A suivre : Déclaration de l’Auteur.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
ARCHIVES DU SÉMINAIRE DE VILLEMARIE.
DÉCLARATION DE L’AUTEUR.
Si nous donnons à la sœur Bourgeoys, ou à d'autres personnages dont il est parlé dans cette Vie, le titre de saint, nous déclarons que c'est uniquement pour nous conformer à l'usage reçu parmi les fidèles, qui donnent quelquefois cette qualification aux personnes d'une piété universellement reconnue ; et qu'en cela nous n'avons pas eu dessein de prévenir le jugement du souverain Pontife, à qui nous soumettrons toujours (comme nous l'espérons de la miséricorde de DIEU) nos sentiments , nos écrits et notre personne.
A suivre : PREMIÈRE PARTIE
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
PREMIÈRE PARTIE
LA PROVIDENCE PRÉPARE LA SOEUR BOURGEOYS
A ÉTABLIR L'INSTITUT DE LA CONGRÉGATION
DE NOTRE- DAME, A VILLEMARIE.
CHAPITRE PREMIER
LA SŒUR BOURGEOYS EST APPELÉE À IMITER
LE ZÈLE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE POUR LA SANCTIFICATION DES ÂMES.
I. Naissance de Marguerite Bourgeoys.
Heureuses dispositions qu’elle montre dès le premier âge.
Marguerite Bourgeoys naquit à Trêves en Champagne le 17 avril 1620 (1), et le même jour, qui était celui du Vendredi saint (2), elle reçut le sacrement de baptême dans l'église Saint-Jean de cette ville. Quoique sa famille n'eût rien de remarquable, selon le monde, elle était pourtant considérée des gens de bien pour sa probité et sa vertu.
Son père, nommé. Abraham Bourgeoys, honnête marchand, et sa mère, Guillemette Garnier (3), l'un et l'autre médiocrement pourvus des biens de la fortune, s’efforçaient surtout de laisser pour héritage, aux cinq enfants que DIEU leur donna, la piété sincère dont ils faisaient eux-mêmes profession (1) ; et ils ne tardèrent pas à voir paraître dans la jeune Marguerite les premiers fruits d’une sollicitude si chrétienne.
Dès son enfance, elle se distingua de ses petites compagnes par sa facilité à lire et à écrire, par son amour pour le travail, son adresse pour les ouvrages qu’on lui donnait à faire, mais spécialement par les dispositions singulières qu’elle annonçait pour la piété et la vertu. Aussi, la sagesse qui paraissait déjà, lui concilièrent de bonne heure l’estime de ses compagnes, et lui donnèrent même, comme naturellement, un certain ascendant sur elles que cependant elle ne rechercha jamais.
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(1) Registres de l'état civil de la ville de Troyes, paroisse Saint-Jean, 17 avril 1620.
(2) Ecrits autographes de la soeur Bourgeoys.—L'Art de vérifier les dates, 1620.
(3) Registres de Troyes, ibid.
(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 35. — Vie de la même, par M. Ransonet, p. 14.
A suivre : II. Indices qu’elle donne de sa vocation dès l’âge de dix ans.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
II. Indices qu’elle donne de sa vocation dès l’âge de dix ans.
Les personnes appelées de DIEU à quelque dessein particulier donnent ordinairement, dès l’âge le plus tendre, des indices de leur vocation, qui sont comme des fruits précoces de l’esprit qui déjà les anime et les dirige (2). Ce fut ce qu’on eut lieu de remarquer dans la jeune Marguerite Bourgeoys. Elle était à peine âgée de dix ans, qu’on la voyait réunir autour d’elle ses petites compagnes, les animer à la vertu et leur proposer les projets que déjà elle formait pour l'avenir. C'était d'assembler de(s) jeunes filles pour vivre en commun, dans un lieu écarté, éloignées du commerce du monde, et saintement appliquées au travail et aux exercices de la piété. La proposition d'un tel dessein dans une fille de dix ans, pouvait bien passer pour quelqu'un de ces jeux innocents, si ordinaires à cet âge; mais la suite montra que ce projet et ces discours étaient comme les premières étincelles du zèle ardent qu'elle devait faille éclater plus tard pour la sanctification des jeunes personnes. Du moins, c'est le jugement que dans la suite elle porta, elle-même de ces instincts de sa vocation, dont le souvenir lui demeura toujours très-présent.
« Dès ma petite jeunesse, écrivait-elle à l'âge de 78 ans, DIEU m'avait donné une inclination particulière pour assembler des petites filles de mon âge, dans le dessein de demeurer ensemble et de travailler en quelque lieu écarté pour gagner notre vie. Car je n'avais point connu encore de communauté de filles [qui eût pu faire naître en moi cette idée], mais seulement quelques filles qui vivaient ensemble. Nous accommodions cela comme pouvaient le faire des « enfants (1). »
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(2) Traité des saints Ordres par M. Olier, Ire partie, chap. 10.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : III. Après la mort de sa mère…
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III. Après la mort de sa mère,
elle s’applique à l'éducation d'un frère et d'une sœur,
et aux soins du ménage.
La jeune Marguerite, qui semblait préluder ainsi à l'exercice du zèle par ses entretiens avec cette petite troupe d'âmes innocentes, se vit bientôt, par la mort de sa mère, qui arriva peu après, obligée de l'exercer réellement dans sa propre maison. Son père, voyant dans Marguerite une gravité et une prudence de beaucoup supérieures à son âge, accompagnées d'une grande piété, lui confia l'éducation de ses deux plus jeunes enfants et la chargea encore des détails et de la conduite du ménage (1).
Nous ne savons rien des vertus qu'elle pratiqua dans l'emploi laborieux qu'elle eut alors à remplir. Mais si sa modestie lui a fait taire tout ce qui aurait pu tourner à sa louange, son humilité sincère l'a souvent portée à s'accuser, avec douleur, des fautes de vanité et de légèreté qu'elle croyait avoir commises à cette époque de sa vie. Fidèle aux pratiques ordinaires de la piété, elle ne souffrait pas qu'il y eût rien d'affecté ou d'immodeste dans sa parure; toutefois en y gardant les règles de la décence, elle ne se faisait pas scrupule de mettre quelque rechercher dans ses ajustements, pour ne pas paraître inférieure aux filles de sa condition et de son âge (2).
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(1) Vie de la même, par M. Ransonet, p. 15. — Vie de la même, 1818, p. 36
(2)Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 37. — Vie de la même par M. Ransonet, 1818, p. 36
A suivre : IV. Établissement de la congrégation externe à Troyes.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IV. Établissement de la congrégation externe à Troyes.
Les religieuses de la congrégation de Notre-Dame, de l'institution du Père Fourrier, particulièrement vouées à la sanctification des jeunes filles, et établies à Troyes en 1628, sous l'épiscopat de M. René de Breslay (1), avaient donné commencement à leur congrégation externe. C'était une pieuse association de jeunes personnes qui, sans contracter aucun engagement de conscience, s'assemblaient les jours de fêtes et de dimanches pour vaquer à certaines pratiques de religion, et s'employaient quelquefois à exercer diverses fonctions de charité et de zèle. La congrégation externe ne fut pas plutôt établie à Troyes, que plusieurs jeunes personnes, en petit nombre d'abord, y entrèrent comme à l'envie, et soutenues les unes les autres par leurs exemples édifiants et leur ferveur mutuelle (2), elles s'efforcèrent de se conformer dans leur extérieur aux règles de la plus austère simplicité. Une vie si exemplaire semblait être la censure de toutes les jeunes filles qui n'avaient pas le courage de l'imiter; aussi ne manqua-t-on pas de taxer les congréganistes de singularité, et bientôt on leur donna dans la ville de Troyes la qualification odieuse de bigotes (3).
Ces vertueuses filles estimaient et aimaient la jeune Marguerite, et désiraient vivement de l'attirer à elles, persuadées que son exemple déterminerait un grand nombre de jeunes personnes à entrer à leur tour dans la congrégation. Elles l'invitèrent donc, elles la pressèrent avec instance, et firent tout ce quelles purent pour la gagner. Mais Marguerite n'osait se résoudre à faire cette démarche. Elle n'aurait pas voulu conserver dans la congrégation les parures auxquelles on renonçait en y entrant. Toutefois la crainte de passer aussi pour bigote la retint pendant plusieurs années (1), et elle persévéra dans ces sentiments jusqu'à l'âge de vingt ans et demi, où enfin la très-sainte Vierge, à qui cette âme de choix avait été spécialement confiée, daigna faire un merveilleux changement en elle à l'occasion que nous allons dire.
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(1) Gallia Christiana, t. XII, col. 521.
(2) La conduit de la Providence dans l’établissement de la Congrégation. Toul , in-4º, p. 186.
(3) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653 ; manuscrit de la bibliothèque Mazarine.
(1) Histoire du Montréal, ibid.
A suivre : V. Faveur extraordinaire qu’elle reçoit…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : VI. Effets sensibles que cette faveur produit dans Mlle Bourgeoys.V. Faveur extraordinaire qu’elle reçoit
à la vue d’une statue de la très-sainte Vierge.
Le premier dimanche d'octobre 1640, où les Dominicains célébraient la fête de Notre-Dame du Rosaire, elle eut la dévotion d'assister à la procession solennelle qui se faisait ce jour-là, soit que déjà elle eut été reçue dans cette confrérie, soit qu'elle fût portée à se mettre dans les rangs par un mouvement secret de la grâce qui voulait dans cette occasion parler à son cœur. C'était le 7 octobre (2), deux mois, jour pour jour, depuis que les associés de Montréal s'étaient engagés à établir une communauté de filles destinées à élever les enfants dans la colonie (3).
Après donc que la jeune Marguerite se fut mise dans les rangs, la procession vint à passer, selon l'usage, devant le portail de l'abbaye des religieuses de Notre-Dame-aux-Nonnains, dont le monastère était contigu au couvent des religieux de Saint-Dominique. Sur ce portail, connu dans les anciennes chroniques sous le nom de Beau-Portail (1), se trouvait une statue de pierre qui représentait la-Mère de DIEU (2). Marguerite l'avait déjà considérée sans doute: mais ce jour-là, arrivée devant le portail, et levant les yeux pour regarder la statue: dans ce moment elle lui paraît être d'une beauté ravissante et toute céleste. En même temps son esprit est éclairé tout à coup d'une lumière intérieure qui lui découvre le néant de toutes les choses du monde, et son cœur est pénétré pour DIEU de l'amour le plus pur. «Enfin je me trouvai alors si touchée et si changée, écrit-elle elle-même, que je ne me reconnaissais pas (3). »
Jamais peut-être, ces paroles du Cantique, que l'âme fidèle, dans l'ivresse du saint amour, adresse à Marie : Vous avez blessé mon cœur, ô ma sœur, vous avez blessé mon cœur par un seul regard de vos yeux (4), ne furent plus littéralement ni plus parfaitement accomplies que dans cette circonstance. Car ce rayon de grâce que la très-sainte Vierge laissa tomber sur la jeune Marguerite fut comme un trait pénétrant qui porta dans son cœur l'amour le plus ardent envers Marie, et le remplit pour elle des sentiments les plus vifs de tendresse, de confiance et d'abandon.
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(2) L'Art de vérifier les dates, année 1640.
(3) Actes de Gourdon, notaire à Vienne, 7 août 1640.
(1) Sceau de l’Abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes, par M. l’abbé Coffinet ; Paris, 1852, in-8º , p. 24 et 25.
(2) Album pittoresque et monumental du département de l’Aube — Vue de l’église abbatiale de Notre-Dame et paroissial de Saint-Jacques, 1852, par M. Ch. Fichot.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(4) Cantique des Cantiques, chap. IV, V. 9.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VI. Effets sensibles que cette faveur produit dans Mlle Bourgeoys.
Cette grâce si abondante lui ayant été donnée principalement en vue d'attirer à DIEU un grand nombre d'âmes, rejaillit aussitôt d'une manière sensible dans toute sa personne. Elle parut surtout dans l'expression de son visage, qui sembla dès ce moment être une image touchante de la modestie de Marie, de son humilité et de sa douceur. Toutes les personnes qui connaissaient Marguerite ne purent s'empêcher d'être frappées d'un changement si subit et si extraordinaire.
« Après la touche que j'avais eue à la vue de cette sainte image, écrit-elle, retournant à la maison si touchée et si changée, cela paraissait à tous: chacun sachant bien que jusque alors j'avais été fort légère et la bienvenue avec les autres filles. Mais dès ce moment je quittai tous mes petits amusements, et me retirai d'avec le monde pour me donner au service de DIEU (1). »
Ne connaissant rien de plus condamnable dans elle, qu'une trop grande recherche dans les habits et le désir de paraître pour s'attirer l'estime, elle ne voulut plus porter, et ne porta plus en effet clans la suite, que des vêtements très-simples de couleur brune ou noire, sans soie ni autres ornements superflus (1), et se voua dès lors avec une ferveur toujours plus grande aux humiliations dont nous verrons qu'elle fut insatiable tout le reste de sa vie.
Enfin, immédiatement après la faveur dont nous venons de parler, sa première démarche fut d'aller se jeter aux pieds de M. Dégorais, grand pénitencier de la cathédrale de Troyes, et de lui faire une confession (2) extraordinaire, en détestant dans l'amertume de son cœur et en s'efforçant d'expier, par ses larmes et sa componction vive et véhémente, les fautes de légèreté et de vanité, dont elle ne cessa de gémir et de s'accuser depuis.
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 38. — Vie de la même, par M. Ransonet, p. 16-17.
(2) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : VII. Mlle Bourgeoys est reçue dans la congrégation externe.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
VII. Mlle Bourgeoys est reçue dans la congrégation externe.
Pour donner un nouvel aliment à sa ferveur, elle eut alors le désir de se joindre aux pieuses congréganistes externes. Cependant avant de demander entrée dans leur société, cette fille sage et prudente examina d'abord la conduite et l'esprit qui les animaient; et ayant bientôt remarqué en elles une vertu aussi solide qu'elle était exemplaire, elle demanda d'être reçue elle-même dans leur congrégation (3). Elles l'accueillirent avec une satisfaction proportionnée aux vœux qu'elles avaient faits pour la posséder parmi elles, et à la joie que leur avait fait éprouver son généreux changement. Mais elles ne tardèrent pas à s'apercevoir que dans la réception d'une telle compagne, tout l'avantage était de leur coté.
Dès son début, la sœur Marguerite, car c'est ainsi qu'on la désigna depuis dans la congrégation (1), fut un modèle de perfection digne d'être proposé à toutes les autres congréganistes, et qui excita parmi elles une sainte émulation de ferveur. Elle était partout où il y avait quelque action de dévouement à pratiquer, toujours prête à entreprendre toutes sortes de bonnes œuvres; et elle s'y appliquait avec une ardeur d'autant plus entraînante pour ses compagnes, que ce saint zèle prenait sa source dans son union intérieure avec la Mère de DIEU , qui semblait résider dans elle, pour les attirer toutes à l'odeur de ses vertus dans les voies de la perfection.
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(3) [Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson ,de 1652 à 1653.
(1) Ibid.
A suivre : VIII. Son union aux dispositions intérieures de la très-sainte Vierge…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
A suivre : IX. La sœur Marguerite Bourgeoys se met sous la conduite de M. Jendret.VIII. Son union aux dispositions intérieures de la très-sainte Vierge.
Elle est élue préfète de la congrégation.
Depuis le moment où elle se sentit si vivement touchée à la vue de l'image de Marie, son attrait dominant, ou plutôt l'occupation habituelle de son esprit et de son cœur, était en effet de s'unir aux dispositions très-saintes et très-parfaites dont cette divine Mère avait animé ses actions lorsqu'elle était sur la terre. Pratique sanctifiante, à laquelle elle fut constamment fidèle tout le reste de ses jours, et qu'elle laissa aux vierges chrétiennes dont elle devint dans la suite l'institutrice et la mère, comme la base et le fondement de toute la perfection de leur société (1).
Aussi l'édification qu'elle répandit dans la congrégation externe lui gagna si parfaitement les cœurs de toutes ses compagnes, et lui concilia à un si haut degré leur confiance et leur vénération, qu'aux premières élections qui eurent lieu depuis son entrée, elle fut choisie pour occuper la charge principale, celle de préfète.
Enfin, ce qui montre le grand éclat que sa vertu toujours soutenue jetait parmi ces saintes filles, elle fut continuée toujours dans cette même charge jusqu'à son départ pour le Canada, c'est-à-dire l'espace d'environ douze ans, ce qui avait été jusque alors sans exemple (2).
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818, p. 41.
(2) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson , ibid.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
IX. La sœur Marguerite Bourgeoys se met sous la conduite de M. Jendret.
Celle des congréganistes externes qui l'avait occupée avant elle, et qui était une fille de vertu et de bon sens, frappée comme les autres de la ferveur de la sœur Marguerite, jugea qu'une âme qui semblait plutôt voler que marcher dans les voies de la perfection, avait besoin d'un guide sûr et expérimenté. Elle l'engagea donc à se mettre sous la direction d'un ecclésiastique très-éclairé dans les voies de DIEU, M. Jendret (3), qui était alors directeur des carmélites du Faubourg (*). Ce saint prêtre, à qui elle se fit connaître entièrement, voyant en elle une vertu généreuse et à toute épreuve, un amour extraordinaire pour les pratiques les plus austères de la pénitence, ne douta pas que la très-sainte Vierge, l'instrument d'un changement si admirable, n'eut sur elle des desseins particuliers. Il jugea que sa pénitente n'était pas destinée à vivre dans le monde, et que probablement DIEU l'appelait à entretenir le feu sacré de la ferveur dans quelque communauté spécialement vouée à Marie. Comme il portait un vif intérêt à l'institut des carmélites, dont la réforme jetait alors un grand éclat dans toute la France, il désira de procurer à la maison du Faubourg un trésor si précieux ; et après avoir éprouvé quelque temps sa pénitente, il se détermina à lui proposer enfin d'entrer dans cette communauté (1).
(*) Ces religieuses avaient à Troyes deux maisons de leur institut, l'une établie en 1620, appelée de l'Incarnation ; l'autre en 1630, dite du Faubourg (1).
(1) Gallia Christiana , t. XII, col. 521.
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(3) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Ecrits autographes de la sœur Bourgeoys.
A suivre : X. La sœur Marguerite Bourgeoys se présente chez les carmélites…
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
X. La sœur Marguerite Bourgeoys se présente chez les carmélites,
puis chez les clarisses, qui refusent de la recevoir.
La fin de cet institut, destiné à honorer la très-sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame du Mont-Carmel, et la vie très-austère dont on y fait profession, avaient trop de conformité avec les attraits qu'éprouvait alors la sœur Marguerite, pour qu'elle pût se refuser à une proposition semblable, qui lui était faite d'ailleurs par celui à qui elle avait confié le soin de sa sanctification. Elle y acquiesça donc avec joie, et ressentit même un grand désir de se consacrer pour toujours, dans cet ordre, au culte de Marie. Son père, à qui elle ne tarda pas à faire part de son dessein, ne put s'empêcher d'être sensible à la privation d'une fille qu'il aimait très-tendrement, et dans laquelle il s'était plu à considérer jusque alors l'appui et la consolation de sa vieillesse.
Néanmoins comme l'affection qu'il lui portait était une affection chrétienne, et que d'ailleurs il ne pouvait rien refuser à sa fille, dont il admirait et vénérait lui-même la vertu, il ne mit point d'obstacle à son dessein, et promit de faire tous ses efforts pour fournir à la communauté la dot qu'on avait coutume d'exiger (1).
M. Jendret proposa donc sa pénitente aux carmélites. Mais le Carmel n'était pas l'ordre où DIEU voulait qu'elle le servît. Il l'avait choisie pour être elle-même la fondatrice et la mère d'un institut de vierges, destiné à honorer sa très-sainte Mère d'une manière nouvelle, et a la faire aussi honorer dans la ville qui devait être bâtie à sa gloire dans la Nouvelle-France, et porter pour cela le nom de Villemarie. C'est pourquoi, comme il agit à son gré sur les cœurs et sur les volontés pour arriver à ses fins, il disposa de telle sorte les esprits des religieuses carmélites, qu'elles refusèrent de la recevoir (1). Nous ignorons quels furent les motifs de ce refus : peut-être le changement subit qu'on avait remarqué dans la jeune postulante, et dont on ignorait la cause véritable, fit-il soupçonner quelque légèreté dans le désir qu'elle témoignait d'embrasser un institut si austère, et douter si cette grande ferveur serait de durée (2).
Quoi qu'il en soit, se voyant refusée par les carmélites, et ne connaissant pas encore les desseins de DIEU sur elle, son zèle ardent pour la perfection et son grand amour pour la pénitence, lui firent penser alors que peut- être l'ordre austère des clarisses était celui auquel elle était appelée. M. Jendret, qui ignorait aussi de son côté les vues de DIEU sur elle, approuva apparemment ce désir, et l'autorisa à se présenter chez ces religieuses. Mais cette demande n'eut d'autre effet que de faire trouver à Marguerite une nouvelle occasion de mérite, dans l'humiliation qu'elle sembla lui attirer encore ici, par le refus qu'on fit de la recevoir (3).
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(l) Histoire du Montréal, par M. Dollier de Casson, de 1652 à 1653.
(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(2) Vie de la sœur Bourgeoys, 1818 , p. 39.
(3) lbid, p. 42. Vie par M. Ransonet, p. 19-20.
A suivre: XI. La sœur Bourgeoys se lie au service de Dieu…
Dernière édition par Louis le Lun 20 Aoû 2012, 3:30 pm, édité 1 fois
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XI. La sœur Bourgeoys se lie au service de Dieu
dans le monde par le vœu de et de pauvreté.
Croyant alors que DIEU voulait qu'elle pratiquât au milieu du monde la vie parfaite à laquelle elle se sentait si fortement attirée, elle eut le désir de s'attacher irrévocablement au service de DIEU par les vœux perpétuels de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. M. Jendret cependant, quoiqu'il ne doutât pas de la solidité de sa vertu, ne jugea pas à propos de lui permettre d'exécuter aussitôt ce dessein. Pour éprouver son humilité, il lui répondit qu'elle ne devait pas penser à contracter de pareils engagements dans le monde, avant d'avoir atteint l'âge de trente ans (1). Elle n'en avait alors que vingt-deux. Comme le désir de la sœur Marguerite lui était inspiré de DIEU et qu'il était calme et paisible, elle se soumit aussitôt et aveuglément à la réponse de son directeur. Une déférence si prompte et si humble devait être pour celui-ci un trait de lumière bien propre à le déterminer sur le parti qu'il avait à prendre. Touché en effet de l'humilité de sa pénitente, autant qu'il était surpris des merveilleuses opérations de DIEU en elle, il lui permit peu après de prononcer d'abord le vœu de chasteté perpétuelle, ce qu'elle fit avec toute la ferveur possible (2), le jour de saint Thomas, apôtre, 21 décembre 1643 (3), dans la vingt-troisième année de son âge. Depuis ce jour et jusqu'à la fin de sa vie, elle regarda l’engagement qu'il lui fut donné de contracter alors, comme une des grâces les plus signalées qu'elle eût reçues de DIEU, et comme l'époque de sa consécration parfaite à son service.
Vers la fin de sa vie, rendant compte de la conduite de DIEU sur elle, elle écrivait en rappelant cette circonstance :
« Je me suis donnée à DIEU en 1640 ; et quelques années après, dans le premier dessein que sa bonté m'avait donné pour son service, j'ai fait mon vœu de chasteté par l'avis de mon confesseur, avec intention de faire les deux autres quand j'en aurais la permission. Peu après, j'ai fait aussi le vœu de pauvreté; et j'ai prononcé ces deux vœux avec tout le zèle et toute la perfection qui m'étaient possibles, et avec résolution de les garder toute ma vie (1).»
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(1) Vie de la sœur Bourgeoys, par M. Ransonet, p. 18 -19. — Vie de 1818, p. 42.
(2) Vie de 1818,p.42-43.
(3) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Écrits autographes etc.
A suivre : XII. M. Jendret juge que la sœur Bourgeoys est appelée à honorer la vie de la très-sainte Vierge dans un nouvel institut.
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Re: Vie de la Soeur Bourgeoys. (Table) COMPLET.
XII. M. Jendret juge que la sœur Bourgeoys est appelée
à honorer la vie de la très-sainte Vierge dans un nouvel institut.
Cette circonstance fut en effet l'occasion dont la bonté divine sembla se servir pour faire entrevoir déjà le dessein qu'elle avait sur la sœur Marguerite, selon l'expression dont elle-même se sert ici. Car M. Jendret, frappé du peu de succès des démarches qu'elle avait faites pour entrer en religion, et connaissant par une heureuse expérience le zèle et le talent incomparables que DIEU lui avait donnés pour l'instruction et le salut, des jeunes filles et dont il voyait tous les jours les plus consolants résultats; assuré d'ailleurs de la solidité et de la générosité de sa vertu, disposée à tout entreprendre pour la gloire de Dieu : il jugea qu'il seconderait les vues de la divine Providence sur elle, s'il pouvait la fixer à cet emploi, en lui associant quelques jeunes personnes de vertu, qu'on pourrait trouver aisément dans la congrégation externe dont elle était préfète. Enfin, l'attrait qu'elle avait toujours ressenti depuis qu'elle s'était donnée au service de DIEU, pour honorer la vie et les vertus de la très-sainte Vierge, et pour s'unir à ses dispositions intérieures dans ses actions, fit croire à ce saint prêtre qu'elle était en effet destinée à l'honorer d'une manière propre et spéciale.
Il conçut donc le projet d'un nouvel institut conforme à cet attrait, et fit part de son projet à Marguerite.
«Ce bon père, rapporte-t-elle elle-même, me parla un jour du dessein de faire une communauté pour honorer l'état de la sainte Vierge dans sa vie voyagère. Des trois états de filles que NOTRE-SEIGNEUR a laissés après sa résurrection pour suivre et servir l'Église, me dit-il, je ne trouve que celui de sainte Madeleine et celui de sainte Marthe qui soient remplis (1). L'état de sainte Madeleine est rempli par les carmélites et les autres recluses; celui de sainte Marthe, par les religieuses cloîtrées qui servent le prochain ; mais celui de la vie voyagère de la sainte Vierge ne l'est pas, et c'est celui qu'il faut honorer. Il ajouta que, (sans clôture), sans voile, ni guimpe, on serait vraiment religieuse; ce qui m'était bien agréable; car j'avais pitié des filles qui, faute de bien, ne pouvaient s'établir au service de DIEU (1). »
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(1) Écrits autographes de la sœur Bourgeoys.
(1) Lettre de la sœur Bourgeoys à M. Tronson, 1695.
A suivre : XIII. M. Jendret compose des règles pour le nouvel institut dont il fait un essai.
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